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Zaccaria Mari, “L’Antinoeion di Villa Adriana: risultati della prima campagna di scavo”, RPAR, 75, 2002-2003, 145-185.

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L’article est un rapport détaillé sur les fouilles du secteur ouest de la Villa Adriana, au sud des Cento Camerelle, près du Grand Vestibule. Repéré à la fin du XXe siècle, un édifice à exèdre a, d’abord, été interprété comme un nymphée, mais la découverte d’un bloc décoré du relief d’un chapiteau hathorique invite à reconsidérer cette attribution. La première campagne de fouilles a mis au jour un temenos avec deux édifices rectangulaires, dressés chacun sur un podium de travertin devant l’exèdre. Les deux édifices, sans doute identiques, se faisaient probablement face ; un rapprochement est esquissé avec l’Iseum Campense figuré sur un bronze (et non un denier) de Vespasien émis en 71 ; d’après les restes de murs d’un des temples, ils auraient pu être prostyles tétrastyles1. Mais les trouvailles les plus intéressantes concernent du matériel égyptien et égyptisant. Deux blocs sont décorés, l’un d’un chapiteau hathorique en léger relief, l’autre du relief d’un trône avec sema-tawi et signes hiéroglyphiques. D’autres fragments proviennent des remblais de fouilles faites aux XVIe et XVIIe siècles : fragments en marbre blanc d’une statue de Ramsès II, décors avec hiéroglyphes ou reliefs égyptiens, statue colossale avec élément de fixation, fragments en marbre noir de statues humaines, décor avec proue de navire ornée d’un œil.

Puis, l’auteur entreprend une recherche historiographique sur les statues antiques découvertes sur le site ou à proximité du site de la Villa aux XVIIe et XVIIIe siècles, en interrogeant les écrits et les dessins de l’époque. Il distingue trois lieux de fouilles : la propriété Michilli (Antinoüs-Osiris en marbre blanc de Paros du musée Grégorien Egyptien, Harpocrate du Capitole), celle des Jésuites et le dépôt du village de Pantanello. Les deux premiers sites jouxtent l’Antinoeion actuel, le dernier pourrait s’articuler assez bien avec l’ensemble, mais nous noterons qu’il s’agit d’un dépôt, et pas forcément du lieu d’origine. Le domaine des Jésuites a connu deux séries de découverte d’objets “égyptiens” : au XVIIe siècle, selon le témoignage de P. S. Bartoli, un ensemble de dix statues, connues essentiellement par des dessins, a été acquis par l’ambassadeur d’Espagne, le marquis del Carpio, et envoyé à Madrid ; au XVIIIe siècle, ce sont un deuxième groupe de statues en bigio morato et des reliefs, selon F. Piranesi, connus par des dessins mais aussi par des collections de musée : six statues en pierre grise jaspée bien identifiées par J.-C. Grenier (deux prêtresses, un porteur d’offrande, Ptah, Nefertoum, un double buste d’Osiris-Apis). Quant aux deux télamons d’Antinoüs du musée Pio Clementino, ils étaient conservés à l’archevêché de Tivoli. Le rattachement de tout ce matériel exotique à l’exèdre à abside, au nom d’une relative unité des matériaux et du style, ébranle les hypothèses de Grenier concernant le “Serapeum” du “Canope” de la Villa2 ; d’ailleurs, l’application du terme Canope à certaines statues ne viendrait pas d’une tradition locale, mais d’une salle du Capitole portant ce nom. De nouvelles questions semblent se poser : doit-on rattacher tout le matériel égyptien au nouveau site ou peut-on considérer l’existence de deux pôles égyptiens ? Y a-t-il un atelier romain unique pour les sculptures à l’égyptienne ?

Enfin, Z. M. s’interroge sur la nature de l’édifice. Tombe ou cénotaphe ? Lieu de mémoire d’un grand amour ? Lieu de pratique cultuelle consacré au jeune homme, devenu Antinoüs-Osiris (Antinoeion) en relation avec les divinités isiaques occupant les temples jumeaux ?



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  1. Pour l’analyse des éléments d’architecture classique, on lira dans le même recueil, l’article de Sergio Sgalambro, “Gli elementi architettonici dell’edificio ad esedra di Villa Adriana: identificazione e ipotesi ricostruittive”, 425-447.
  2. J.-C. Grenier, “La décoration statuaire du ‘Serapeum’ du ‘Canope’ de la Villa Adriana. Essai de reconstitution et d’interprétation”, MEFRA, CI.2, 1989, 925-1019 ; Idem, “Il ‘Serapeo’ e il ‘Canopo’: un ‘Egitto’ monumentale e un ‘Mediterraneo’”, dans Adriano. Architettura e progetto, Milan, 2000, 73-75.
Budischovsky, Marie-Christine (2008) : “Zaccaria Mari, ‘L’Antinoeion di Villa Adriana: risultati della prima campagna di scavo’, <i>RPAR</i>, 75, 2002-2003, 145-185”, Ausonius éditions BIS I, [En ligne] https://una-editions.fr/mari-2002-2003/ [consulté le 15 août 2021].

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