Clelia Martínez Maza étudie l’adhésion d’un groupe de cinq femmes (Fabia Aconia Paulina, Caecinia Lolliana et ses filles Rufina et Sabina, enfin Serapias), de rang clarissime à l’exception de la dernière, une honestior, aux cultes à mystères, dans la Rome de la seconde moitié du IVe siècle p.C. Fabia Paulina, épouse de Prétextat et initiée aux mystères par son mari (CIL VI 1779 ; cf. RICIS 501/0180), fut consacrée à Cérès, Korè et Iacchos à Éleusis, à Liber, Cérès et Korè à Lerne, à Hécate à Égine. Hiérophante d’Hécate, elle fut aussi tauroboliée. Caecinia Lolliana, épouse de Caius Caeionius Rufius Volusianus Lampadius était encore prêtresse d’Isis en 390 p.C. (RICIS 501/0212), tandis que sa fille aînée recevait le taurobole dès 370 p.C. et que la cadette était initiée aux mystères d’Hécate et de la Mater Magna1. Serapias enfin, fut consacrée à la Mère des dieux et à Proserpine, à Cybèle et à Attis Menotyranus, tauroboliée et crioboliée en 379 p.C.
Ces documents, et quelques autres qui concernent des hommes de haut rang, constituent un témoignage particulièrement important de la réaction païenne dans l’élite sénatoriale sous Valentinien, Gratien et Théodose, au moment où le christianisme est en voie de triompher, avec une inclination particulière pour les mystères grecs, le culte isiaque et celui de Cybèle. Ces initiations, ces actes de dévotion ne sont plus de simples choix religieux individuels, ils concernent la plupart des membres de ces gentes de haut rang, et fonctionnent comme une affirmation de leur identité familiale et de leur loyauté vis-à-vis de la res publica, face au pouvoir impérial chrétien. Pour l’auteur, ces charges religieuses font désormais presque partie du cursus honorum des grandes familles païennes.