Prolégomènes : de quoi parle-t-on ?
Cette courte étude est l’aboutissement particulier d’un projet lancé il y a quarante trois ans sur les problèmes de la guerre en Gaule à l’époque de La Tène, qui a tiré profit de toutes les recherches historiques et archéologiques de ces quatre décennies et dont on lira les enseignements dans une thèse de doctorat d’État soutenue en 2008, un livre tiré de celle-ci et deux articles1. En 1971, le sujet avait été déjà sommairement étudié par le chercheur anglo-saxon A. L. F. Rivet. Cet auteur avait dressé un inventaire des oppida confrontés à un ennemi – gaulois, germain ou romain – à partir d’une relecture du corpus césarien relatif à la guerre des Gaules, sans pour autant en tirer tous les enseignements que la méthode historique et celle de raisonnement tactique auraient dû normalement lui permettre2. L’an dernier, Yann Le Bohec a consacré une étude philologique et historique aux “peuples et fédérations en Gaule” dans laquelle il consacre quelques lignes au rôle militaire des oppida3. En 2010, Bibracte – Centre archéologique européen du Mont-Beuvray – a publié une table-ronde consacrée à l’architecture et à la datation des remparts gaulois. Ce recueil de contributions confirme l’apport de découvertes effectuées depuis les années 1970 – c’est le cas des tours en bois, des palissades et chemins de ronde couverts, des traces de destruction et de la chronologie4 – et fait évoluer quelques notions dont celle de “rempart”. Tout en reconnaissant l’incomparable utilité de ces études, notre ambition est autre et vise à appliquer aux récits du De Bello Gallico concernant les oppida pris au sens césarien du mot et ceinturés de remparts5 la méthode de raisonnement tactique, les concepts et la terminologie militaires modernes en les adaptant6. Nous pensons qu’en adoptant cette méthode nouvelle, en critiquant les sources à notre disposition – sans criticisme – et en recourant à des comparaisons7, le génie militaire des élites gauloises et leurs réalisations immortalisés par le récit césarien apparaîtront au grand jour, de même que sera réaffirmée la permanence de certains principes de la guerre et paramètres de la manœuvre8. En montrant quel rôle l’oppidum jouait dans les années 58-51 dans la politique de défense des peuples gaulois qui en avaient fait le choix, à la différence de ceux qui ne l’avaient pas fait9, nous rappellerons quelques évidences oubliées et nous réfuterons un certain nombre d’idées reçues qui circulent dans la littérature scientifique contemporaine, espérant que cette mise au point réorientera les recherches dans des directions qui le méritent.
S’il y a quatre décennies nous avions quelques doutes quant à la possibilité d’appliquer les principes de la logique militaire moderne à des événements vieux de près de vingt et un siècles, ils ont disparu au fil des ans. Même en prenant en compte les changements qualitatifs et quantitatifs apportés par la modernisation des armées depuis le XIXe s., les lois fondamentales qui s’appliquent aux conflits modernes, la stratégie, la tactique et le combat, s’appliquent de la même façon aux guerres de l’Antiquité10. Les facteurs géographiques ont été un élément essentiel et permanent dans les considérations des chefs de guerre au cours des âges11. La position stratégique de certains grands peuples de Gaule, installés à des carrefours ou à proximité de zones de passage, a imposé depuis au moins le VIe-Ve s. a.C. à ceux de leurs habitants qui combattaient pour leur indépendance d’entretenir un système militaire efficace et de s’en servir en temps de guerre pour rester libres et autonomes. Dès l’instant où le zèle des peuples celtiques a tendu à diminuer au fur et à mesure que se réduisaient les bénéfices de l’expansion territoriale, ils ont succombé à l’attrait de consolider leurs acquis et de les exploiter en protégeant leurs richesses des appétits des voisins12. César ne s’y est pas trompé puisqu’il a porté tout son effort de guerre sur ces différents points en menant une stratégie générale en coup de faux isolant progressivement le centre de la périphérie avant de donner le coup final. Les exploits militaires des civitates, le plus souvent accomplis sans probabilités de réussite à long terme, prennent tout leur intérêt quand on les relate en termes modernes. La recherche actuelle offre un apport inestimable à l’historien car elle apporte des preuves significatives sans cesse renouvelées. Cela doit nous amener à reconsidérer les conclusions qu’un certain nombre d’érudits ont tirées des sources, celles-ci ne devant être considérées que comme conjoncturelles et ne constituant pas, et de loin, un acquis irréfutable. Des considérations sociopolitiques conscientes ou inconscientes ont influé sur l’attitude de certains intellectuels, allant jusqu’à mettre en doute ou à minimiser le rôle militaire de l’oppidum. Beaucoup sont allés jusqu’à tirer des conclusions historiques généralistes et définitives de preuves extraites de sites dont aucun n’a été complètement fouillé et ceci, souvent avant même que l’étude des vestiges et des artefacts n’ait été conduite à son terme et publiée. Il faut le regretter, en particulier dans les nombreux cas où des chercheurs ont pris des libertés en escamotant des textes ou des découvertes, en passant sous silence ou en démontant des preuves factuelles jugées indésirables, aussi bien qu’en négligeant des réalités géopolitiques. Toutefois, quel que puisse être à l’avenir le verdict d’une recherche rationnelle sur le cadre, les acteurs et les événements historiques à travers lesquels nous devons observer les épisodes militaires de la guerre des Gaules, il ne mettra pas en cause leur intrinsèque véracité ni leur authenticité.
Schématiquement, il existait en Gaule pendant la cinquième décennie du Ier s. a.C. deux conceptions différentes de la défense, aux effets radicalement opposés : d’une part la défense du peuple, d’autre part la défense du territoire13. Ces deux options non synonymes découlaient des conceptions stratégiques en vigueur et nécessitaient de disposer d’armées d’importance variable à qui l’on confiait des missions totalement différentes. Dans le premier cas, il fallait abandonner le terrain à l’ennemi et regrouper la population non-combattante avec ses biens à des endroits naturels peu accessibles (forêts, marais, hauteurs) où elle était en sécurité, protégée par son armée en attendant que le danger passe. C’est ce que firent à plusieurs reprises les Belges, les peuples de l’Océan, les Germains cisrhénans et probablement les Bituriges, à l’exception des habitants d’Avaricum ; souvent l’issue était recherchée dans une bataille frontale dont la durée n’excédait pas une journée. Dans le second cas, il fallait tenir le terrain à l’aide d’une armée très mobile manœuvrant à partir de points d’appui – camps et forteresses ; habitats, îles, cols et ponts faciles à fortifier- en soumettant l’adversaire à un combat mobile d’usure épuisant qui pouvait durer des jours à des mois14. C’est l’option que recouvre le terme tactique de “terre brûlée”. Ces deux situations présentaient des avantages et des inconvénients bien connus des militaires, la guerre des Gaules en fournit plusieurs exemples sur lesquels nous ne nous étendons pas, invitant le lecteur à se reporter à nos deux études de 2009. Si nous consultons les cartes de répartition des oppida à l’intérieur des cités gauloises – elles en possédaient plusieurs dont un était la capitale – nous constatons que des secteurs sont vides et sans défense. La réponse à ces énigmes résulte de choix politiques dont le sens nous échappe, faute de textes. En revanche, en appliquant la pensée militaire moderne avec toutes les réserves nécessaires, on ne peut que songer à la doctrine de la “zone de destruction” et du “choix de son champ de bataille”. On peut penser que l’absence de fortifications dans une zone donnée visait à attirer l’ennemi dans un piège mortel où il aurait été facile de le tailler en pièces. Malheureusement l’état de la recherche actuelle ne nous permet pas de donner une explication événementielle.
Rappel de quelques évidences… oubliées
Si l’on veut bien se donner la peine de lire, il ressort clairement du texte césarien, où vingt-six civitates possédaient des oppida, que ces oppida étaient des lieux de mobilisation avec leurs arsenaux et leurs entrepôts placés sous la protection d’une garnison ; en outre, la toponymie renforce cette impression en nous apprenant que quelques-unes de ces localités avaient acquis une réputation en exerçant des fonctions guerrières spécialisées. En effet, tout paraît indiquer que les oppida servaient de lieu de concentration aux armées après que l’ordre de mobilisation avait été lancé. C’était des centres de commandement d’où partaient les ordres15. Par exemple, en 58, à la veille d’entreprendre sa campagne contre Arioviste, César a présenté Vesontio, capitale des Séquanes, d’une façon qui ne laisse pas d’équivoque: “[…] il [l’oppidum] possédait en grande abondance tout ce qui est nécessaire pour faire la guerre”16. Cela se savait et Arioviste convoitait probablement cette ville pour ces raisons. César devait l’en empêcher à tout prix et il devait pour cela lui barrer la route avant qu’il ne soit trop tard. En 56, à l’approche de l’offensive césarienne, les Vénètes qui sentaient venir l’ennemi entreposèrent dans leurs oppida des provisions, surtout du blé, en vue du conflit qui s’annonçait (Gal., 3.9.8). Plus tard, en 53, le Sénon Acco qui appelait au soulèvement contre César rassemblait ses troupes dans les places fortes de sa cité : “À la nouvelle de son approche [César], Acco, qui avait été l’instigateur du complot, ordonne à la multitude de se rassembler dans les places fortes”17. Enfin, en 52, Vercingétorix ne conçut pas sa campagne d’Alésia par hasard ; tirant les enseignements de la chute d’Avaricum et s’inspirant de sa campagne victorieuse de Gergovie, il avait fait de cet oppidum le pivot de sa manœuvre après l’avoir mis en état de défense18. Les oppida qui étaient tout à la fois des centres politiques, administratifs, économiques, financiers et religieux, ont donc fonctionné en temps de guerre comme des “centres mobilisateurs” avant la lettre, nous n’avons pas de raison d’en douter ; c’était des lieux où l’on se procurait tout ce qui était nécessaire pour entreprendre une campagne militaire19.
Nous savons par ailleurs que les oppida étaient défendus par des garnisons et que les chefs de guerre les plus avisés évitaient soigneusement de laisser leur territoire sans garde quand ils se lançaient dans des aventures extérieures. Par exemple, les Bellovaques consacraient à la mission de “défense opérationnelle du territoire” 40 % de leurs forces et les 60 % restant étaient alloués aux “opérations extérieures” ; cet effectif et cette spécialisation étaient jugés nécessaires pour que le territoire ne soit pas attaqué par les voisins20. Chez les Cadurques, en 51, l’oppidum d’Uxellodunum était défendu par une garnison de 2000 hommes pendant que Drappes opérait hors des murs ; cet effectif était jugé suffisant pour éviter que la place ne tombe à la suite d’une attaque en force de Hirtius puis de César21. Disposant de réserves de vivres et d’armes, les oppida servirent aussi de refuge à des peuples opprimés par leurs voisins ou leurs encombrants “alliés” ; nous citerons à titre d’exemple les Éduens qui s’étaient “réfugiés dans leurs villes” – compulsi in oppida – pour fuir la folie d’Arioviste, et les Vénètes qui passaient d’un oppidum à un autre pour épuiser l’armée romaine en travaux de siège inutiles et en harassantes marches et contre-marches (Caes., Gal., 7.54.4 ; 3.12.3-4). En conclusion, ces quelques faits nous enseignent que les oppida ont constitué des pièces maîtresses dans le jeu de l’attaque et de la défense des places ; des expériences avaient été menées avant que César n’intervienne en Gaule, alimentant une tradition et donnant naissance à une coutume, sorte de “code de procédures” non écrit auquel on avait recours face à l’imminence d’un danger.
À côté de ces grandes places-fortes, les Gaulois possédaient des établissements plus modestes – nous dirons “secondaires” – installés sur des positions remarquables du terrain et dont le nom est à mettre en rapport avec une spécialité ou une activité particulière qui en faisait la réputation. Ces noms se sont probablement forgés à une époque ancienne, peut-être à La Tène A ou B, mais ils se sont perpétués jusqu’à nos jours dans la toponymie. Ainsi le mot *gabalos qui désigne un ancêtre du “javelot” s’est-il transmis à la localité de Gavaudun (Lot-et-Garonne), un *Gabalo-dunum qui signifierait la “forteresse-aux-javelots”. Pour sa part carpentum, “char” aurait donné Carpentras (Vaucluse) : l’“établissement-des-chars”. essedon/essedum qui désigne un autre type de char de guerre, serait passé quant à lui dans les noms de plusieurs localités éparpillées comme le précédent de la Bretagne insulaire centrale à la Gaule Cisalpine en passant par la Gaule Chevelue. Marca, “cheval de guerre”, a quant à lui fourni matière à des toponymes en Allemagne rhénane tels que Marcodurum, l’“établissement-aux-chevaux” – Aujourd’hui Düren – et de Marcomagus, le “marché-aux-chevaux” – Aujourd’hui Marmagen –. Le thème gaulois epo-redo, “conducteur-de-cheval”, “cavalier” a probablement inspiré aussi le nom de la localité alpine d’Eporedia, la “ville-des-gens-de-chevaux” – Ivrée, en Italie, capitale des Salasses Transpadans fondée en 100 a.C., étant observé que le contexte de ce toponyme a pu désigner aussi une station routière pacifiée sur un itinéraire commercial alpin et non pas une garnison de cavalerie, encore que les deux fonctions aient pu être réunies sur le même site. Le thème cing – est passé dans le toponyme Excingomagus / Scingomagus, le “marché-des-guerriers” cité par Strabon (4.1.3) – aujourd’hui Exilles sur le Piémont italien. Ces marchés spécialisés, où l’on pouvait effectuer la remonte de sa charrerie et de sa cavalerie, recruter des conducteurs de chars et des cavaliers, ont dû être suffisamment célèbres pour imprimer une marque durable dans la toponymie22. À titre de comparaison, on se rappellera qu’en 1939, à la veille du second conflit mondial, la concentration de l’armée française s’opéra sur le front de l’Est dans des villes de garnison ceinturées par des fortifications commencées au XVIe s. par Vauban et terminées au XIXe s. par Séré de Rivière ; c’est là que se trouvaient arsenaux, dépôts et autres entrepôts. Par exemple en Lorraine, la cavalerie et les chars se concentraient à Lunéville tandis que l’artillerie lourde se rassemblait à Metz et que les centres mobilisateurs égrenés dans les villes le long de la Moselle et de la Meurthe accueillaient les fantassins. Au centre du dispositif, la garnison de Nancy-Toul restait un point névralgique de première importance. Il ne viendrait à personne l’idée de contester que c’était des villes fortes depuis quatre siècles et plus.
Et de quelques idées reçues… et fausses
En quarante ans, la recherche a accompli des progrès considérables permettant de mieux cerner les caractéristiques des oppida celtiques, aux emplacements choisis en raison même de leur position géographique et dont les données naturelles ont été astucieusement valorisées par l’homme23. On a acquis la certitude que les concepteurs de ces oppida pratiquaient un art déjà consommé de la fortification combinant bois, fer, terre et pierre24. En revanche, il circule encore sur l’interprétation de ces murs celtiques des idées convenues et totalement fausses du point de vue des techniques du bâtiment, de l’architecture militaire – en particulier de l’aménagement du terrain – et de l’art de la guerre reprises inlassablement dans les publications sans que personne n’y trouve à redire25. Ainsi, on conteste la qualité défensive de ces remparts pour plusieurs raisons dont aucune n’est techniquement et historiquement fondée. Selon les adeptes de ces idées, quatre arguments sont avancés. Une première série concerne les dimensions des oppida. Ainsi les courtines seraient trop longues et mal tracées ce qui rendrait ces sites – dont certains sont il est vrai gigantesques – indéfendables ; le fait que quelques-uns ne contiennent pas d’habitat en fournirait une preuve. D’autre part, la largeur des portes privilégierait le prestige aux dépens de l’efficacité de la défense. Une deuxième série concerne les matériaux employés et se divise aussi en deux sous-ensembles. Ainsi, l’emploi de fiches en fer pour relier les poutres entre elles relèverait du symbolique et l’élévation des parements en pierre de taille – parfois posées de chant – ne résisterait pas au bélier. En somme, tout ce travail représenterait un investissement inversement proportionnel à son efficacité et serait très éloigné d’une conception défensive. Nous ne pouvons pas être d’accord avec cette analyse et pour asseoir notre démonstration, nous allons reprendre un à un ces arguments.
L’espace et le périmètre défensif d’abord
En architecture militaire, la longueur et le tracé des courtines n’ont jamais constitué un problème à partir du moment où l’on avait conçu un plan d’ensemble prévoyant des troupes pour les garnir. Les Gaulois auraient-ils fait exception et si oui, pourquoi ? À cela personne ne peut répondre faute de sources. Pourtant, on ne conteste pas que les murailles de Chine, les “Longs murs” d’Athènes et le limes romain ont constitué des défenses efficaces pendant des siècles. Nous ne sommes pas documentés au point de savoir précisément dans quel contexte les fortifications des oppida ont été conçues et réalisées. De même nous sommes dans l’ignorance des raisons qui ont fait que des chantiers de fortifications ont été abandonnés avant leur terme26. Il faut aussi nous garder de porter des jugements ou de formuler des hypothèses de portée générale à partir des seules constatations visuelles du terrain. Il est très possible qu’il existait à l’intérieur des grands oppida des structures défensives dans lesquelles stationnaient en temps de guerre des forces d’intervention capables de mener des opérations de contre-attaque ou de résistance si l’oppidum était envahi. Ainsi, à Bibracte, deux petites enceintes de quelques hectares sont nettement discernables à l’intérieur de l’oppidum, sur les sommets de La Terrasse et du Porrey. Des sondages des années 1980 et d’autres en cours (O.H. Urban, université de Vienne)27 montrent qu’elles sont bien datables de la fin de l’âge du Fer. Elles sont situées à moins de 300 m de la porte Saint-Martin. L’examen de la topographie du site (facilitée par les relevés LIDAR) montre l’existence de plusieurs autres espaces dégagés de même étendue, mais apparemment dépourvus d’enceinte, à quelque distance en arrière de la Porte du Rebout et des Grandes Portes. Leur proximité des courtines et l’une de l’autre correspond à la distance qu’un fantassin en armes peut parcourir au pas de course sans marquer d’arrêt. Il est donc possible d’interpréter ces espaces dépourvus de constructions comme des points d’appui où pouvaient être stationnées des troupes destinées à intervenir sur les points particuliers du terrain en cas d’attaque, privant un adversaire de sa liberté de manoeuvre. Nous rappelons que deux raisons au moins ont pu pousser une civitas ou un pagus à dresser des fortifications permanentes : la première est le désir de préserver un statu quo après avoir conquis un espace territorial et la sécurité économique, la seconde est le besoin de renforcer ses défenses pour préserver ses acquis face à une ou à plusieurs menaces d’agression – en général en période de faiblesse relative. Pour résumer, la possession de “remparts” procurait à une cité plusieurs options stratégiques défensives ; en particulier, cela lui permettait d’organiser l’évacuation seulement des campagnes et non plus celle des villages et des villes elles-mêmes, et cela la mettait à l’abri des conséquences d’une guerre agraire. Mais tout le monde pouvait ne pas être d’accord avec cette tactique de “retrait forcé” et si on n’avait plus à redouter les provocations et les destructions ennemies, on ne pouvait pas toujours faire l’économie d’un siège28. Il est possible donc que le mouvement d’édification des oppida débuté dans la première moitié du IIe s. a.C. et prolongé jusque tard dans le suivant ait correspondu à une stabilisation des peuples gaulois et à un début de fixation de leurs frontières face à leurs voisins après la période agitée des IVe et IIIe s. a.C. où ils s’étaient montrés particulièrement turbulents. Par ailleurs, pour un militaire, il va sans dire que l’art de la défensive va de pair avec celui du siège et que la défense est proportionnée à l’attaque, or nous ne sommes absolument pas documentés sur le matériel et la technique de siège qui existaient à l’origine de la construction des premiers oppida. Le corpus césarien permet cependant de reconstituer certaines composantes de la tactique employée dans l’attaque et la défense des oppida et des camps29. Si une simple fortification ne vaut que par sa seule puissance statique, il en va autrement dès lors qu’elle est défendue par des soldats bien armés, mobiles et décidés et nous sommes documentés pour en apporter une confirmation grâce aux exemples de Bibrax en 57, Octodurus en 56, Avaricum en 52 et Uxellodunum en 5130.
L’histoire de toutes les campagnes militaires menées sur tous les continents et dans toutes les civilisations nous enseigne en effet qu’il faut en fait très peu de moyens pour défendre une position31. Une grêle de traits, de balles de fronde et de pierres s’abattant en tir plongeant sur un ennemi s’avançant au pied d’un rempart opérait un effet dissuasif sur une armée, même composée de milliers d’hommes32. S’attaquer à un mur gaulois n’était donc pas une mince affaire, l’épisode d’Avaricum nous le rappelle opportunément33 ; l’attaque de vive force effectuée “dans la foulée” était très rare ; pour prendre une place, il fallait qu’un ennemi fasse effort sur un point faible – ou jugé comme tel – du rempart, et le défenseur libre ailleurs de ses mouvements concentrait sa défense sur ce point précis de l’attaque, comme le firent les Bituriges à Avaricum ou César à Alésia34. Quant aux portes des oppida, elles offraient une infinie variété architecturale et fonder une hypothèse sur la largeur – près de vingt mètres – de la seule porte du Rebout à Bibracte est hasardeux. La plupart des portes des oppida ont moins de dix mètres de large, sont plutôt comprises entre quatre et huit mètres, et les poternes ont moins de trois mètres. Les enseignements tirés des fouilles révèlent que les courtines, les portes et les poternes étaient surmontées de superstructures en bois – tours, palissades et chemins de ronde couverts – qui en assuraient la protection et la défense35. Nous ne savons pas de quoi était composée la porte du Rebout ; pour être complet il convient d’ailleurs de préciser que cette porte était précédée d’un ouvrage défensif avancé de un hectare de superficie – châtelet ou avant porte ? – qui en contrôlait l’accès. À titre d’exemple, les fortins réalisés par l’armée américaine pendant la conquête de l’Ouest avaient une large entrée, disproportionnée à leur taille : l’explication donnée généralement est que cela permettait à une unité de cavalerie sortie du fort de se replier rapidement sans dommage. Eu égard à l’importance de la cavalerie éduenne, on ne peut pas écarter que cet aspect ait été déterminant pour construire la porte du Rebout. Quoi qu’il en soit, il semble que l’oppidum de Bibracte n’ait jamais été attaqué. Soyons sûrs que s’il l’avait été, les Éduens auraient su trouver la parade, ne serait-ce qu’en obstruant cette entrée. À l’inverse, l’étroitesse d’une porte pouvait sérieusement gêner la manœuvre, qu’on se rappelle l’épisode d’Alésia où la cavalerie de Vercingétorix se replia en désordre par une des portes étroite du camp dressé sous les murs de l’oppidum ; les cavaliers “germains” lancés à leur poursuite firent un carnage36. En conclusion, l’argument du gigantisme, des courtines et des portes ne tient militairement pas, et en l’absence de preuves, la prudence doit prévaloir.
Les matériaux et les techniques de construction ensuite
Les clous présentaient l’avantage de la durée, de la solidité et de la souplesse, par rapport aux chevilles de bois raides, cassantes et qui pourrissaient très vite en terre. Ils servaient à assembler des poutres qui formaient une armature remplie de terre compactée et de pierres, un peu à l’exemple de l’armature d’une maçonnerie moderne en béton armé. Les pierres de parement constituaient un garnissage, une protection contre les intempéries, un obstacle à l’escalade à mains nues et un élément esthétique. Et que des pierres de parement aient été disposées de chant n’est pas une anomalie. À titre d’exemple, dans l’île de Noirmoutier, la protection à la mer se faisait, avant les enrochements, avec des merlons argileux recouverts d’un parement de pierres plates ajustées – on y revient d’ailleurs, car c’est moins onéreux. D’après les ingénieurs de l’Équipement, la raison d’être de ce parement est qu’il évite à la végétation de prendre et d’affaiblir la structure interne du merlon. N’en fut-il pas de même pour le mur gaulois ? Sans compter qu’un mur où a pris de la végétation devient facile à escalader. En revanche on a toujours éludé une vraie question : celle de savoir si le mode de construction des Gaulois permettait une réadaptation facile de leurs fortifications à des conditions nouvelles. Nous n’en sommes pas persuadés et ce pour deux raisons : d’une part, les contraintes des lieux sont réelles et les matériaux de construction supportent mal le rajout ; d’autre part, on peut complexifier plus facilement une construction en pierre qu’en terre avec chaînage de bois… ou en brique crue. Sinon, ils auraient créé à la jonction des deux constructions une zone de faiblesse qui aurait rendue caduque la remise à jour. Cela ne réduit en rien la valeur du matériau. Quelques sources antiques montrent la supériorité de la brique crue sur la pierre face au bélier et à l’artillerie à torsion mais cela nous écarte du sujet car les Gaulois de La Tène D utilisaient ni la première ni la quatrième. C’est pour cette raison que quand plusieurs remparts ont été construits dans le temps, nous constatons à la faveur des fouilles que le nouveau noie toujours le précèdent en affectant un mouvement général allant de l’intérieur vers l’extérieur, et ainsi de suite.
Si donc les chercheurs ont bien compris comment un rempart était édifié, ils n’ont pas toujours compris comment cela fonctionnait et donc le “pourquoi” de cette architecture plutôt qu’une autre. Nombreux sont ceux qui jugent l’efficacité de ces remparts à l’aune des moyens de l’exercitus césarien en oubliant qu’ils ont été construits plusieurs générations avant, dans un contexte de méthodes et d’outils d’attaque qui n’avaient rien à voir avec la situation des années cinquante a.C. On ne peut parler que de choses comparables et pour prendre un exemple historique, c’est exactement comme si l’on disait de nos jours que le système des forts français Séré de Rivière n’avait aucune valeur défensive en appuyant son raisonnement sur les effets que les attaques allemandes de 1914 à 1916 avaient eu sur ces fortifications qu’elles firent voler en éclats. Réalisé dans les années 1880, ce système qui préfigura la ligne Maginot – elle-même fille des expériences de 1918 – avait été conçu à partir de l’étude de l’effet de l’artillerie de la guerre franco-allemande de 1870 sur les fortifications de Vauban ! Les murs gaulois ne s’exposaient à l’origine qu’au risque de l’échelade, du bélier et de la sape, trois menaces en conséquence desquelles ils avaient été conçus. Les Gaulois n’avaient à redouter à cette époque ni les tours d’assaut manœuvrées sur des rampes de terre et de bois, ni l’artillerie à torsion. Nous ne savons pas à quoi ressemblait le bélier de siège celtique ni comment on le manœuvrait. Il y avait de bonnes chances qu’une fois le parement en pierres de taille percé, soit il se prenne dans les matériaux de remplissage du rempart et se coince entre les poutres, soit en fasse une masse encore plus compacte en redoublant ses coups. Avec des courtines atteignant pour certaines huit mètres de large et au minimum trois mètres soixante de haut – y compris sur des petits oppida –, il eut fallu passer des heures et des heures pour ouvrir une brèche sous les coups mortels des défenseurs. À Avaricum, César n’est jamais parvenu à s’approcher de la porte et il a rendu un hommage appuyé à ses héroïques défenseurs37. Quant à la sape où les Gaulois étaient passés maîtres comme à Bibrax en 57, Sos en 56, Avaricum en 52 et Uxellodunum en 5138, le treillage de poutres était précisément destiné à donner de la souplesse à la courtine pour l’empêcher de s’effondrer complètement. Cette technique de construction garantissait que l’effet brisant d’une batterie de béliers ne s’étendrait pas au-delà du segment de mur qui était frappé – cela supposait que le fossé avait été préalablement comblé. Et quand bien même le rempart viendrait à céder et à s’affaisser, l’association des matériaux en amortirait l’effet à la différence d’une muraille en pierres de taille ou maçonnée qui cèderait brutalement. À titre d’exemple, en 1976 nous avons reconstruit expérimentalement et à l’identique un tronçon du murus laténien de l’oppidum de la Pierre d’Appel à Étival-Clairefontaine (Vosges). Ce mur à parements verticaux – deuxième rempart, étape 3 ; La Tène D2a – atteint encore trois mètres soixante à quatre mètres de haut et son sommet entre parements offre un plat de huit mètres de large39. En 2010 il tient encore parfaitement debout, les chablis de la tempête de décembre 1999 ont à peine entamé les parements, preuve s’il en est que la construction était extrêmement solide. Les choses ont bien évidemment changé à partir de 58, quand les Gaulois ont vu les Romains monter à l’assaut de leurs murs avec des tours mobiles poussées sur des rampes et avançant leurs mantelets protégés par les tirs de neutralisation de leur artillerie. Depuis les travaux de Sir Mortimer Wheeler, on s’accordait à penser que c’est à la suite de ces attaques d’un nouveau type que les Gaulois avaient construit des talus massifs – ou remparts de type “Fécamp” – recouvrant les vieux muri gallici désormais obsolètes. Nous accordant sur ce point avec Stephan Fichtl, cela est encore loin d’être démontré, et de toutes façons nous considérons que cela ne change rien aux autres considérations stratégiques et tactiques qui ont prévalu à l’édification de ces remparts40. En conclusion, l’argument des matériaux est démenti par les techniques de construction du bâtiment, l’art de la poliorcétique et ses contre-mesures.
Y-a-t-il un mot de la fin ?
Nous avons eu l’occasion de démontrer à plusieurs reprises que les Gaulois contemporains de César avaient élaboré une manière d’attaquer et de se défendre éprouvée par les générations, adaptée à leurs besoins, en conformité avec leurs savoirs faire et moyens techniques41. Nous souhaitons rappeler ici quelques évidences simples. En premier lieu les Gaulois avaient construit à partir du début du IIe s. des fortifications pour se défendre contre d’autres Gaulois, elles servirent à la fin de ce siècle contre les Cimbro-teutoniques, puis dans le deuxième quart du Ier s. a.C. contre les “Germains” d’Arioviste, enfin dans les décennies suivantes contre les entreprises de Rome. À titre d’exemple, le même phénomène avait affecté la Grèce après 480/479 a.C. et l’invasion perse, puis au IVe s. a.C. après la guerre du Péloponnèse où l’on vit fleurir des fortifications dans toutes les cités-états et se transformer profondément les techniques de siège42. Au stade où en sont la plupart des fouilles archéologiques dans l’ancienne Gaule, nous sommes très peu documentés sur ce qu’il advint entre la fondation des premiers oppida au IIe s. a.C. et leur abandon au milieu ou à la fin du siècle suivant. On sait seulement d’après le célèbre discours de Critognatos prononcé en 52 a.C. dans Alésia assiégée, qu’ils permirent de résister à l’invasion cimbro-teutonique de la fin du IIe s., mais il est impossible de généraliser les propos du chef gaulois à tous les oppida de la Gaule assiégés par ces envahisseurs d’un nouveau genre et dont nous ne connaissons rien des traditions guerrières, si ce n’est qu’ils prenaient leur temps pour amener une place à se rendre en l’affamant43. Les épisodes de Bibrax en 57, Gorgobina en 52 et Lemonum en 51 nous enseignent que cette défense pouvait être très efficace, même contre des armées gauloises importantes comme celle des Belges coalisés et de Vercingétorix44. Si l’on se tourne maintenant vers les oppida attaqués par César nous constatons qu’ils ont, soit immédiatement capitulé pour se mettre sous la protection du droit de la guerre qui sauvait les vies et garantissait les biens, soit résisté courageusement et alors fait l’objet d’un siège avant de capituler. Seuls trois oppida firent exception à cette règle, il s’agit d’Avaricum, de Cenabum et de Gergovie en 52 ; le premier a été pris d’assaut après un siège difficile et meurtrier, le deuxième a été emporté pendant une attaque de nuit effectuée dans des conditions non documentées, le troisième est sorti victorieux de l’affrontement. Mais à côté de ces exemples, combien y en a-t-il dont le souvenir a sombré dans l’oubli ? Militairement, César n’a pas été vainqueur partout et bien sûr il ne l’a pas écrit quand cela lui était défavorable ou ne présentait aucun intérêt pour le lecteur. Le long récit du siège d’Avaricum peut servir de trame à bien d’autres sièges et, en particulier, il permet de mieux comprendre les opérations suivantes contre Gergovie et Alésia45. Si les armées gauloises échouèrent dans leurs stratégies frontales, elles réussirent bien mieux en recourant à la stratégie indirecte et à la guerre non conventionnelle46, où l’oppidum dut jouer une place centrale car cette stratégie ne peut jamais se passer de bases d’opérations fournies et solidement tenues situées à portée de l’ennemi47. Ces mesures expliquent probablement pourquoi César dut masser douze légions en Gaule pendant les années 52 et 51 pour tenter de venir à bout des résistances, et encore cet effort militaire énorme ne suffit-il pas pour éteindre le conflit après son départ48. Le système de défense gaulois avait ses lacunes on le sait, l’absence de réserves, de machines de siège – en particulier d’artillerie à torsion49, et une logistique insuffisante en constituant les trois principales50. Pour autant, ce n’est pas un argument suffisant pour conclure, contre l’évidence même, que les oppida possédaient des défenses purement ostentatoires, qu’ils n’étaient pas assez puissamment défendus, qu’ils étaient bien faciles à prendre, voire qu’ils étaient indéfendables ! Après l’échec d’Avaricum, Vercingétorix avait utilisé les oppida de Gergovie et d’Alésia comme pivots de sa manœuvre et dans le cas de Gergovie, cette stratégie réussit parfaitement occasionnant à César la perte de près de deux légions51. Enfin, l’architecture des remparts gaulois était tellement efficace que les Romains l’ont adoptée pour fortifier leurs premiers camps du limes rhénan52. Y-a-t-il un plus bel hommage que celui-ci du vainqueur au vaincu ?
En conclusion, à quoi servait une fortification finalement ? À rien, si du moins elle remplissait son office. C’est un paradoxe mais qui a valeur à toute époque : l’apparence de puissance d’une fortification – son caractère ostentatoire – dissuade de l’attaquer. Si l’ennemi commence le siège, elle a déjà manqué son but. Les règles de la guerre sont immuables, et dans ce domaine – affaire de spécialistes – on n’invente rien. Les quelques événements de la guerre des Gaules où des oppida servent de cadre à un épisode guerrier nous décrivent des techniques de siège, des assauts et leurs contre-mesures et confirment à une exception près – Avaricum – l’inefficacité de ces techniques. La défense l’emporte sur l’attaque et les villes prises ne le sont qu’après une capitulation – Avaricum et Cenabum exceptées. Dans toutes les guerres, ce sont les assaillants qui paient le prix fort ; le coût des fortifications est énorme mais aussi celui des sièges53. Il existe un rapport numérique entre attaquants et attaqués ; à l’époque moderne, celui-ci peut aller jusqu’à un à huit pour rendre le siège parfaitement étanche54, à niveau technique égal. L’Antiquité ne fait pas obstacle à la règle. Aussi, il ne fait pas de doute que les oppida et leurs remparts ont marqué pendant cent cinquante ans, dans un contexte de guerre permanent55, une étape importante dans la recherche et l’expression de la puissance. Seule l’apparition du canon à la fin du Moyen Age a vraiment modifié les données du problème56.
Abréviations et signes usuels
Conventions de la grammaire comparée (noms gaulois de lieux et de personnes):
*abcès : Forme restituée
*divo- : Thème sans désinence, ou préfixe, ou racine
*-ti- : Suffixe
*-s : Désinence
*-maros : Second élément de composé
Cingeto-rix : Composé
Bibliographie
- Brunaux, J.-L. et P. Méniel (1997) : La résidence aristocratique de Montmartin (Oise) du iiie au iie siècle av. J.-C., DAF 64, Paris.
- Brunaux, J.-L., P. Méniel et F. Poplin (1985) : Gournay I. Les fouilles sur le sanctuaire et l’oppidum (1975-1984), RAPic Suppl.
- Honneger, M., D. Ramseyer et G. Kaenel (2009) : Le site de La Tène : bilan des connaissances – état de la question, Neuchâtel.
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- Jullian, C. (1920) : Histoire de la Gaule, “La Gaule indépendante”, Tome II, Paris.
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- Nora, P., dir. (1997) : Les Lieux de mémoire, Quarto, tome 2, Paris,
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- Reinach, S. [1905 à 1923] (1996) : Cultes, mythes et religions, Paris.
- Ricard, J. et J.-L. Brunaux (2009) : “L’enclos circulaire de Ribemont-sur-Ancre, un dépôt ?”, in : Honneger et al. 2009, 167-175.
- Roymans, N. (1990) : Tribal Societies in Northern Gaul, Cingula n°12, Amsterdam.
- Thierry, A. [1828] (1881) : Histoire des Gaulois depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’entière soumission de la Gaule à la domination romaine, Paris.
Notes
- Le lecteur accédera dans ce livre à toutes les références aux sources littéraires et archéologiques utilisées pour rédiger cet article. L’auteur remercie tout particulièrement ses collègues Jean-Nicolas Corvisier, Vincent Guichard, Jean-Paul Guillaumet, Yann Le Bohec, Paul Martin et Michel Reddé pour les précieuses remarques et pertinentes suggestions dont ils ont entouré la rédaction de ces lignes. Deyber 2008 ; 2009a, 21-27 ; 2009b ; 2011.
- Rivet 1971.
- Le Bohec 2009, 10-11, 20-22.
- Deyber 1984a ; 1984b ; Fichtl 2010.
- Tarpin 2009, 187 ; Le Bohec 2009, 20.
- Deyber 2009a, 33-34 ; 429-433.
- Deyber 2009a, 42-44.
- Deyber 2009a, 343, 429-434.
- Le Bohec 2009, 39-46.
- Deyber 2009a, 429-434.
- Deyber 2009a, 350-354.
- Le même constat a été fait par Keeley a propos des peuples préhistoriques et primitifs (Keeley 2009, 271).
- Deyber 2009a, 349-350 ; 421-423 ; 442.
- Deyber 2009a, 368-371, 433.
- Tarpin 2009, 185-186.
- Caes., Gal., 1.38 (trad. L.-A. Constans, 1955).
- Caes., Gal., 6.4 (traduction M. Rat, 1964).
- Deyber 2009a, 423.
- Deyber 2009a, 222-223.
- Des considérations de politique interne ont également pu influencer ce choix, l’éloignement de l’armée pouvant inciter certains partis à profiter de l’occasion pour renverser l’ordre établi. Pour dissuader toute tentative de révolution, il était nécessaire de disposer d’une force armée chargée comme à Sparte de missions de police intérieure (Hanson 2008, 48). Pendant la Guerre froide, l’armée soviétique exerça prioritairement cette fonction.
- Deyber 2009a, 238-239.
- Deyber 2008, 48-50 ; 2009a, 65.
- Deyber 2009a, 350-354.
- Deyber 2009a, 354-363 ; Fichtl 2010, 355-363.
- Deyber 2009a, 360.
- Deyber 2009a, 358.
- Communication personnelle de Vincent Guichard, 17 août 2011.
- Hanson 2008, 51-52, 61, 79 n. 84, 86 n. 92, 337 n. 301.
- Deyber 2009a, 372, 379.
- Deyber 2009a, 360, 379, 382.
- Deyber 2009a, 361, 363.
- Hanson 2008, 166.
- Deyber 2009a, 383.
- Deyber 2009a, 379, 382-384.
- Fichtl 2010, 359-360.
- Deyber 2009a, 362.
- Deyber 2009a, 312, 360, 383.
- Découverte inédite effectuée par Jean-Pierre Girault ; information aimablement communiquée par Jean-Paul Guillaumet que je remercie ici.
- Deyber 1984a, 179-181, 215.
- Fichtl 2010, 327-329.
- Deyber 2009a, 346, 371-384.
- Hanson 2008, 248, 254, 363, 381-383.
- En raison de l’arriérisme des techniques de siège de l’époque, c’est tout ce qu’ils pouvaient se permettre pour tenter d’amener les défenseurs d’une place à capituler. Deyber 2009a, 176.
- Deyber 2009a, 372.
- Il est au moins un cas où César a renoncé au siège d’un oppidum, c’est celui de Noviodunum capitale des Suessions en 57, à propos duquel il écrit: “…la largeur du fossé et la hauteur des murs firent échouer son assaut…” (Caes., Gal., 2.12). Deyber 2009a, 386, 421-423.
- Deyber 2009b.
- Deyber 2009a, 346-347, 430-431.
- Deyber 2009a, 422-423.
- Il convient toutefois de remarquer qu’en climat tempéré, ces machines sont peu efficaces dans la pluie et le froid ; les Gaulois qui en connaissaient l’existence pour les avoir vues dans les pays méditerranéens n’étaient pas sans le savoir, on oublie de le dire, et c’est peut-être pour cette raison de bon sens qu’ils ne les ont pas adoptées.
- Deyber 2009a, 346, 380, 392-394, 434.
- Curieusement, César pourtant grand chef de guerre ignorait qu’on n’attaque jamais en montagne “en montant”, mais toujours “en descendant”, ce que fit précisément Vercingétorix contre lui avec l’éclatant succès qu’on connaît. Deyber 2009a, 423, 425, 430 ; Martin 2009, 116-185.
- Reddé 1996, 98 ; Deyber 2009a, 436.
- Hanson 2008, 253-255.
- En Gaule, dans aucun des sièges relatés par César cette étanchéité n’a été totale. Toutefois, c’est aussi une ruse tactique bien connue des militaires, dans l’explication de laquelle nous ne pouvons pas entrer ici.
- Deyber 2009a, 418.
- L’apparition du feu nucléaire a modifié les rapports entre super-puissances mais n’a modifié en rien les petites guerres classiques qui secouent toutes les régions du monde.