Les fouilles entreprises par l’Institut Français d’Archéologie Orientale du Caire, depuis 1976, permettent de mieux comprendre la structure de l’important complexe religieux, civil et militaire de Kysis (Douch), dans l’oasis de Kharga. Le temple, enfermé dans son enceinte et accolé à la forteresse de briques, fut construit sous Domitien, puis décoré sous Trajan et Hadrien au siècle suivant. Son plan présente plusieurs particularités. Le sanctuaire se compose de deux pièces en enfilade au plafond voûté, flanquées de deux chapelles, précédées d’une hypostyle à quatre colonnes et d’un vestibule originellement couvert d’un plafond en bois. Deux cours fermées par des portes monumentales précédaient cet ensemble. De grands magasins accompagnaient le sanctuaire. À un moment de leur histoire, ils furent transformés en casernes pour abriter une petite garnison qui avait pour mission d’assurer la sécurité de l’oasis.
Le temple lui-même était consacré à Osiris-Houy (i. e. Sarapis, comme le montre la dédicace grecque sur le linteau du premier pylône, en date du 26 avril 116 p.C.1) et à Isis. Ces divinités sont représentées à l’extérieur du mur arrière du temple (celui-ci constituait le mur de fond d’une chapelle adossée qui avait reçu un plaquage d’or). Cette paroi était percée d’un étroit soupirail permettant de communiquer avec l’intérieur. Il est vraisemblable que ce petit édifice ait servi à des pratiques oraculaires et à des rites d’incubation. Les cours furent réutilisées et il y eut plusieurs phases successives d’occupation durant le Bas-Empire et l’époque chrétienne jusqu’au Ve siècle. Les trouvailles diverses qu’on y fit, dont de nombreux ostraca et un trésor monétaire, permettent de suivre la vie et l’histoire du site pendant plusieurs siècles. En 1989, M. R. et son équipe firent la découverte, non loin du temple, d’un trésor dissimulé dans un vase, parmi lequel on distingue une couronne en or, ornée d’un Sarapis trônant, que coiffait son grand-prêtre lors des liturgies solennelles2.
La forteresse, qui comportait également des installations civiles, fut le point méridional le plus avancé du limes romain en Afrique pour défendre les pistes conduisant du Soudan en Égypte. Les stratigraphies ont montré que l’occupation des lieux date probablement du début de l’époque ptolémaïque. Au nord du temple, un secteur de la vaste nécropole a été exploré à partir de 1991 sous la direction de Françoise Dunand.