Le thème iconographique de Sarapis avec l’aigle est multiforme : l’oiseau peut accompagner le dieu trônant, se tenir près du dieu debout, être posé sur le sommet de son calathos ou être surmonté de son buste. De loin la plus fréquente, cette dernière composition, qui apparaît à la fin du Ier ou au début du IIe siècle, se limite essentiellement, mais pas uniquement, aux arts mineurs, objets de petite taille assez peu sensibles à la cassure : lampes de terre cuite, statuettes en bronze, monnaies, bijoux et pierres gravées.
La plupart des auteurs y voient une allusion à l’identification de Sarapis avec Zeus. Mais il semble à R. V. que ce thème s’intègre dans le cadre d’un symbolisme plus vaste et primitivement oriental qui aurait trouvé un foyer particulièrement réceptif dans l’Alexandrie des Antonins. Symbole des espaces célestes, signe de la puissance ouranienne, évoquant avec ses ailes éployées la courbure de la voûte étoilée, l’aigle peut parfois prendre une valeur solaire, notamment en Syrie romaine. Lorsqu’il apparaît sous un buste divin, il est l’oiseau psychopompe capable de voler d’un monde à l’autre et d’emporter le dieu dans les sphères éthérées, parfois matérialisées par des symboles astraux (croissant lunaire, soleil ou étoile), alors que le monde d’ici-bas est évoqué par la présence d’une ligne de sol. L’aigle exprime une notion afférente au dieu lui-même et symbolise ses qualités célestes et cosmiques. Il fait de Sarapis le dieu suprême de l’univers, le cosmocrator. Il peut devenir aussi le messager, voire le substitut de la divinité. Parfois, le thème s’enrichit de la présence d’enseignes légionnaires qui lui donnent une valeur militaire, faisant de Sarapis celui qui protège les soldats et leur apporte la victoire. Une riche iconographie illustre fort à propos cette étude.