“La querelle d’Alésia, hier et aujourd’hui”, in : M. Reddé,
S. von Schnurbein (éd.), Alésia et la bataille du Teutoburg.
La manière dont s’est développée, autour de la localisation d’Alésia, une querelle qui resurgit de façon périodique constitue, en soi, un curieux objet d’analyse. Ce n’est assurément pas, aujourd’hui, un débat pertinent pour un archéologue et je ne connais guère de spécialiste de l’armée romaine qui veuille s’y intéresser1. Ceci explique probablement le malaise qu’on ressent immanquablement face à cette question passionnelle, purement franco-française, qui, depuis ses origines, touche à l’identité nationale et à l’imaginaire collectif. C’est en revanche un objet d’étude pour l’historien, voire le sociologue, et c’est dans une telle perspective que j’entends l’aborder.
Dans cette affaire, la chronologie de la querelle doit d’abord être rappelée. Contrairement à ce que l’on croit volontiers, ce ne sont pas les fouilles du second Empire qui ont suscité ce débat. Jusqu’en 1855, en effet, la localisation d’Alésia était unanimement fixée à Alise-Sainte-Reine, près de Montbard, en vertu d’une tradition qui remonte à la fin du IXe siècle, lorsqu’Héri (ou Herric), moine de Saint-Germain d’Auxerre, mit en vers la vie du saint, évoquant à ce propos le souvenir d’Alésia, que l’auteur situait à côté de Flavigny-sur-Ozerain, où les reliques de sainte Reine avaient été transférées peu de temps auparavant, en 865. Il importe peu, pour mon propos, de savoir quel crédit on doit accorder à ce témoignage, qui, en soi, ne constitue pas une preuve, comme l’ont fait observer à juste titre tous les adversaires d’Alise, car la “tradition” peut avoir existé préalablement à cette translation ou avoir été “inventée” pour l’occasion. Le fait est que, jusqu’au milieu du XIXe siècle, le doute n’existait pratiquement pas dans les esprits2.
L’acte de naissance de la querelle d’Alésia peut donc être établi au 10 novembre 1855, soit cinq ans et demi avant le début des fouilles de Napoléon III. Ce jour-là, en effet, la Société d’Émulation du Doubs entendit la communication de l’architecte de la ville de Besançon, A. Delacroix, qui présentait une thèse révolutionnaire : selon lui, la bataille qui avait vu le triomphe de César ne devait pas être localisée en Bourgogne, mais en Franche-Comté, à Alaise. Nous verrons ultérieurement les arguments de Delacroix.
Immédiatement, la France érudite s’enflamma, alimentée par les journaux d’une part, des dizaines de mémoires et de libelles d’autre part. Mon intention n’est pas d’en dresser une liste longue et fastidieuse : on peut, pour s’informer commodément, consulter les archives du musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, où toute cette littérature est conservée jusqu’à la fin des années 1860. Un second fond, moins important, mais plus au fait des développements récents de cette ténébreuse affaire, a été constitué par la Société des sciences de Semur et abrité à l’Université de Dijon ; il est actuellement possession du conseil général de la Côte-d’Or.
C’est peu de dire que cette querelle passionna la France entière, à un moment où l’Empereur lui-même n’avait pas encore dit un mot de la question, ni même donné l’ordre de commencer des fouilles à Alise. Il n’existait donc pas alors de “vérité officielle”. Le ton des propos était vif, très libre, et on trouvait de part et d’autre des champions de poids. Du côté des partisans d’Alaise, d’éminents savants de l’époque, comme J. Quicherat, professeur à l’École des Chartes ou Ernest Desjardins ; de l’autre, des personnalités non moindres comme A. Bertrand ou F. de Saulcy, et un grand seigneur érudit, S.A.R. monseigneur le duc d’Aumale, fils de Louis-Philippe, dans lequel on ne reconnaîtra certainement pas un courtisan du nouveau régime. À côté de ces premières lames, des seconds couteaux, parmi lesquels on compte Delacroix pour le Jura, et Rossignol, archiviste de la Côte-d’Or, pour la Bourgogne, dont on se gaussait volontiers. D’ailleurs, il n’avait pas fait l’École des Chartes, c’est tout dire… On entreprit des fouilles à Alaise, d’emblée assez peu convaincantes. Chacun y alla de sa visite sur le terrain, le texte de César en main. Partout on discutait. Les mois passant, on finit même par se lasser, aucun argument ne paraissant décisif. D’aucuns crurent alors souhaitable de proposer des solutions alternatives : ainsi un certain V. Revillout publia-t-il en 1856 un mémoire intitulé “Alaise, Alise. Ni l’une ni l’autre ne peut être Alésia. Étude critique d’histoire et de topographie”. La porte était désormais ouverte à toutes les fantaisies, et on allait bientôt voir fleurir d’autres Alésia.
Certains en appelèrent à l’Empereur pour trancher le débat. On lit ainsi dans le Moniteur du Calvados (30 juin 1857) :
“La question nous paraît assez haute pour que le gouvernement lui-même y prête une sérieuse attention. Pour notre part, nous aimerions à le voir s’en préoccuper vivement. Ne s’agit-il pas, en effet, d’éclaircir un point d’histoire, de géographie et de stratégie d’une immense importance ? Nous applaudirions donc au choix d’une commission qui compterait parmi ses membres des généraux, les plus versés dans leur art. Cette commission visiterait les deux Alésia, examinerait sur place les raisons qui militent en faveur de chacune d’elles et prononcerait un jugement où la vérité trouverait un hommage et les parties adverses la fin de leur débat”.
L’Académie des inscriptions et belles-lettres, en sa séance du 7 août 1857, commença, elle aussi, à se préoccuper de la question, en récompensant le mémoire de Rossignol contre Alaise. La controverse venait ainsi “à la barre de l’Institut”.
Rappelons au passage que la Commission de la topographie des Gaules ne fut instituée qu’en 1858. De fouilles, il n’était pas encore question : quand on faisait de l’archéologie, c’était en confrontant le texte de César et le terrain. C’est donc une idée très moderne et très neuve que cette décision impériale, prise vers 1858, de financer des fouilles à Alise, sur la cassette personnelle du monarque. Tous n’étaient d’ailleurs pas convaincus du bien-fondé d’une telle décision, y compris dans l’entourage du souverain. Ainsi le commandant de Coynart écrivait-il, le 24 novembre 1858, au président de la Commission des Antiquités de la Côte-d’Or : “Je partage votre avis au sujet des fouilles projetées dans la plaine des Laumes ; je les crois inutiles, alors même qu’elles produiraient des résultats remarquables, et, comme vous le savez, elles seraient longues et dispendieuses”3. C’est donc le 21 avril 1861 seulement que le premier coup de pioche fut donné au pied du Mont-Auxois.
Pendant ce temps-là, la querelle continuait, entre Alaise et Alise, d’une part, entre Alise et de nouveaux sites proposés à l’attention publique : en 1862 paraissait à Nantua une “Étude sur l’Alésia de César, Alise-Izernore (Ain)”, sous la plume d’un certain Monsieur Gravot. En 1866 sera proposée Novalaise, sur les bords du Rhône, en Savoie4. Mais les fouilles d’Alise commençant à produire des résultats, la querelle s’apaisait progressivement, même si des résistances subsistaient chez les plus sceptiques, notamment J. Quicherat. Plus que tout, c’est la défaite de 1870 qui devait mettre une sourdine à ces controverses, sans toutefois jamais les faire taire complétement : non seulement la question paraissait au plus grand nombre désormais tranchée par l’archéologie, mais Alise-Alésia devenait progressivement un “lieu de mémoire” de la France vaincue, tout entière tendue vers la revanche, et ces polémiques savantes n’étaient plus de mise. Avant la Première Guerre mondiale, on venait en pèlerinage au pied de la statue de Vercingétorix, on y prononçait des discours patriotiques, on lisait des vers à la gloire du héros, on jouait des drames. Parmi les visiteurs, on rencontre ministres, prélats (Mgr. A. Baudrillard), grands universitaires comme R. Cagnat, personnalités comme M. Sangnier, actrices … Sans doute la décision d’entreprendre des fouilles sur la ville gallo-romaine, en 1905, fut-elle l’occasion d’une nouvelle bouffée contestataire : Armand Bérard, en 1907, ressuscitait ainsi la thèse d’Izernore ; une madame Veuve Richenet-Bayard avait découvert Alésia en Auvergne, à Authezat ; Alaise reprenait des couleurs, en 1909, sous la plume de René Bouton, et surtout après-guerre, avec la publication de Georges Colomb, père du célèbre “Sapeur Camember”5. Ce n’était hélas pas un canular, mais un combat d’arrière-garde. Site national célébré dans les manuels scolaires, Alise-Alésia gardait son statut officiel, jalousement et vigoureusement défendu par ses thuriféraires chaque fois que renaissait un semblant de contestation. Le Bulletin de la Société des sciences de Semur et la revue Pro Alesia, créée pour rendre compte des nouvelles fouilles, donnent d’inestimables informations sur les polémiques de cette époque, leur réfutation, les manifestations de piété nationale autour de ce lieu de mémoire.
En 1949, la célébration du bimillénaire de la bataille allait donner lieu à quelques polémiques et faire resurgir pour un temps bref le vieux débat6, mais des fouilles effectuées à Alaise en 1952-1953 y révélèrent essentiellement un habitat médiéval7, ce qui semble avoir définitivement mis fin à ce volet de la querelle.
C’est vers la fin des années 1960 qu’apparaît la thèse de Syam/Chaux des Crotenay, près de Champagnole dans le Jura. Elle est avancée par A. Berthier, savant réputé, correspondant de l’Institut et fouilleur du site de Tiddis en Algérie. La personnalité même de cet homme éminent, ses relations universitaires, les appuis politiques dont il jouit donnent immédiatement à sa proposition un retentissement que n’avaient pas rencontré les autres rivales d’Alise. Le Figaro du 16 novembre 1966 se fait l’écho de la “découverte”, après L’Est Républicain de la veille, et surtout avant un grand article de Jean-Marie Dunoyer dans Le Monde du 25 janvier 1967. Cette fois, c’est sérieux, mais les péripéties de cette guerre picrocholine, qui dure encore, ne sont pas ce qui m’intéresse ici : le récit en a été fait ailleurs, avec une grande minutie, par les intéressés eux-mêmes, et il suffit de s’y reporter8. Les mêmes causes produisant presque mécaniquement les mêmes effets, on a vu, ces dernières années, et particulièrement depuis le début des fouilles franco-allemandes autour du Mont-Auxois, en 1991, apparaître ou réapparaître d’autres Alésia, essentiellement mais pas exclusivement comtoises, moins médiatiques, mais auxquelles la nouvelle querelle Alise/Syam fournit en quelque sorte un terreau contestataire favorable. La presse régionale s’en fait régulièrement l’écho, comme aux plus beaux jours de la rivalité Alise/Alaise9. Parfois, même les grands médias parisiens s’en mêlent …
Quels sont donc les éléments de cette controverse ? Il est intéressant de constater, à la lecture des innombrables articles, libelles, mémoires, dissertations, livres qui ont jalonné depuis un siècle et demi cette polémique, que les arguments opposés à l’identification d’Alésia avec Alise ont assez peu évolué dans le temps. Certaines motivations fondamentales restent, elles aussi, constantes ; d’autres, au contraire, moins explicites, sont aujourd’hui sensiblement différentes de ce qu’elles étaient au XIXe siècle.
Pour comprendre l’origine de la querelle, il faut se replacer dans l’atmosphère intellectuelle du temps, qu’ont bien décrite, chacun à sa manière, C. Goudineau et C. Nicolet, ce qui m’évite de m’étendre longuement sur le sujet10. Au milieu du XIXe siècle, on est en pleine “celtomanie”. Les Gaulois, longtemps absents de la mémoire collective, sont désormais reconnus comme les véritables ancêtres populaires des Français, en lieu et place des Francs, réputés fondateurs d’une aristocratie et d’une royauté abattues par la Révolution. Ils viennent de trouver leurs lettres de noblesse avec des auteurs comme A. Thierry et H. Martin, qui affirment notre filiation avec les Gaulois et dessinent les traits “éternels” du caractère national. Vercingétorix apparaît alors sous les traits d’un héros romantique, patriote résolu, chef visionnaire, prophète de l’unité du pays. Dans le même temps, on entre dans une période de science positiviste, qui voit fleurir, un peu partout en France, des sociétés savantes, le plus souvent polyvalentes, ou “polymathiques” comme on disait alors, dont les membres débordent de curiosité pour tous les sujets. Cette effervescence intellectuelle a d’ailleurs conduit l’État à créer, en 1834, la première forme de ce qui allait devenir le “Comité des travaux historiques et scientifiques” pour favoriser leurs études avant, en 1861, d’organiser et d’encadrer leurs débats, à l’occasion de leur congrès annuel11. Partout on discute, on invente, on organise des concours, on propose des prix et des récompenses. Tel est le terreau intellectuel dans lequel pousse la querelle d’Alésia : d’un côté, une passion toute neuve pour les origines de la France, d’un autre côté une réelle soif de savoir et de progrès scientifique. Le phénomène d’émulation entre érudits et entre sociétés joue donc à plein.
Le premier ressort de la querelle d’Alésia réside fondamentalement dans cette quête enthousiaste et sincère de la vérité : à partir du moment où l’identification du site est contestée, pourquoi ne pas examiner de près les différents arguments ? On débat donc, le plus souvent de manière sérieuse, posée, méthodique, courtoise, surtout au début. Avant de devenir aigre-doux et stérile, le débat intellectuel a été assurément d’excellent niveau, en particulier entre ces hommes de bonne compagnie qu’étaient Quicherat, Desjardins, Saulcy ou le duc d’Aumale. On examine les textes à la loupe, sans se dissimuler leur difficulté. Le débat est en effet essentiellement d’ordre philologique : on discute des textes et de la conformité du terrain avec les indications qu’ils donnent. Pourtant, le point de départ du mémoire de Delacroix n’était pas principalement philologique. L’érudit franc-comtois avançait l’existence autour d’Alaise de nombreux tumuli qui livraient des armes. Argument essentiel car, comme le dira plus tard Desjardins lui-même, à Alise on ne voit rien. Delacroix évoquait aussi une toponymie troublante, avec des lieux-dits comme “le champ de bataille”, “Champ de la victoire”, “Champ de guerre”, “Champ des enseignes” … , sans parler du fait qu’Alaise s’appelait au Moyen Âge “Alésia” et qu’on était chez les “Hommes du Doubs, Mandubii”. Enfin, pensait-il, le paysage ressemblait bien à la description du proconsul. Mais les grands savants, Desjardins et Quicherat en particulier, avaient eu tôt fait de relever les approximations philologiques de Delacroix, tout autant que celles de ses adversaires. Cet argumentaire pourrait être retrouvé de nos jours, à peine dépoussiéré, chez nombre des tenants des diverses localisations comtoises, et je ne doute pas un instant que la passion sincère de la vérité qui animait hier les différents “challengers” ne soit restée intacte aujourd’hui.
Le sérieux et l’importance de ce débat tiennent assurément au fait qu’il s’agit d’un épisode historique fondateur de la France. “Nos lecteurs”, écrit Desjardins, “n’ignorent pas qu’Alésia fut témoin du premier grand fait héroïque de notre histoire nationale… L’enjeu de cette terrible partie était d’un côté la liberté de nos pères, de l’autre la fortune de César, c’est-à-dire la destinée de Rome et celle du monde”12. À aucun moment, à cette époque, les Romains ne sont considérés comme des ennemis : dans ce monde de notables érudits, férus de culture classique, il ne pouvait en être autrement.
Assez vite, toutefois, le patriotisme local se mêle à ce propos.
“Il ne serait pas en effet d’une médiocre importance pour nos annales que l’un des plus pittoresques plateaux de nos montagnes recelât les ruines de cette place d’Alaise qui fut le dernier et le plus terrible boulevard de l’indépendance gauloise. Nous ne verrions pas sans orgueil briller parmi les fastes de notre province le siège mémorable qui anéantit la fortune de Vercingétorix. Peuplée de tels souvenirs, nos vallées de la Loue et du Lison, comparables aux plus beaux sites de la Suisse, n’auraient rien à envier aux classiques campagnes de l’Italie”
écrit, le 9 mars 1856, la Feuille d’affiches judiciaires et commerciales. Nouvelles littéraires et scientifiques de la Franche-Comté. Naturellement, les Bourguignons répliquent sur le même ton, ce qui envenime la querelle ; Quicherat écrira en 1857 un mémoire au titre revanchard : “L’Alésia de César rendue à la Franche Comté. Réfutation de tous les mémoires pour Alise”. Coynart réplique en 1857 dans le Spectateur militaire avec “L’Alésia de César laissée à sa place”. On trouve aujourd’hui, à Syam, une pancarte de la même encre, tandis qu’on avance, aujourd’hui comme hier, les intérêts touristiques des Bourguignons. Le chauvinisme local a encore de beaux jours devant lui.
C’est tardivement, en revanche, que l’on voit apparaître dans l’argumentaire antialisien l’idée qu’une thèse “officielle”, assortie d’un complot impérial pour masquer la vérité, a été imposée d’en haut. Je n’en ai pas trouvé grand trace dans la littérature du XIXe siècle, même après la chute du régime discrédité par la défaite de Sedan, ce qui eût pourtant été facile. Certes, dès 1863, dans la Revue française, Léon Fallue avait discuté la typologie des armes découvertes autour d’Alise ; l’argument, repris en 1865, tendait à plaider en faveur d’une chronologie beaucoup plus basse que celle de 52 avant J.-C.13. Mais l’hypothèse d’une forgerie, même si elle a dû être émise d’emblée par certains des partisans d’Alaise, n’était pas vraiment de mode à cette époque. Le capitaine Paul Bial, très critique sur les fouilles d’Alise, insiste plutôt, dans ses écrits, sur l’interprétation, à ses yeux erronée, des trouvailles effectuées au pied du Mont-Auxois14. Peut-être, il est vrai, avait-on peur d’un régime de plus en plus autoritaire, mais l’impression d’ensemble est plutôt celle d’une grande liberté de propos et de critique. En revanche, la presse comtoise du début des années 1950 ne se fit pas faute d’accuser l’Empereur et ses hommes d’avoir tout inventé15. Depuis lors l’accusation est restée.
Qu’en est-il aujourd’hui de l’argumentaire antialisien ? Pour une large part, il est composé des mêmes ingrédients qu’hier, bien que les sites alternatifs proposés soient forts divers. La critique envers le Mont-Auxois repose toujours essentiellement sur une analyse philologique qui cherche à authentifier le terrain à partir de sa similitude avec le texte césarien, considéré comme la pierre de touche. Mais, si cette analyse était recevable au XIXe siècle, avant les recherches napoléoniennes, il est infiniment plus difficile d’évacuer aujourd’hui les découvertes d’Alise-Sainte-Reine et on doit se demander pourquoi la réflexion archéologique, fondée sur un examen précis, technique, des données des fouilles effectuées récemment autour du Mont-Auxois, notamment par des spécialistes étrangers, indifférents aux enjeux identitaires français, tient si peu de place dans la critique actuelle du dossier alisien.
Remarquons, pour commencer, que les travaux du Second Empire, quoique solides dans leur démarche16, ont été mal publiés, et ne l’ont été que fort tard. Napoléon III, plus soucieux d’affirmer que de prouver, n’a pas voulu ou pas cru devoir donner les éléments techniques des fouilles qu’il avait commanditées, à part un petit nombre d’exemples. Il disposait pourtant des plans, coupes et inventaires de ses hommes, mais il n’était pas encore d’usage, à cette époque, de s’encombrer d’un tel appareil documentaire, publié avec plus d’un siècle de retard, en 1989, par les soins de Joël Le Gall. Cette lacune, dans un contexte de controverse passionnée, a nui, et continue de nuire, à la thèse alisienne. Faute de données précises sur les contextes de découverte du matériel, on soupçonne parfois celui-ci d’avoir été sélectionné, voire purement et simplement falsifié. C’est oublier, volontairement ou non, que l’on aurait été absolument incapable, au milieu du XIXe siècle, de rassembler une collection d’armes parfaitement datées de la Tène D2, car on confondait encore, à cette époque, la panoplie de l’âge du Bronze et celle de la fin de l’âge du Fer, comme le prouve la confusion effectuée sur la cachette de l’Épineuse17. Il n’est évidemment pas exclu que des manipulations aient pu avoir lieu, que des erreurs aient été commises dans les inventaires anciens du musée des Antiquités nationales, comme c’est au demeurant le cas dans tous les musées. Ceci ne peut, de toute façon, porter que sur un petit nombre de pièces et ne remet pas en cause l’ensemble des collections car la forgerie complète et parfaite aurait supposé une connaissance du matériel semblable à la nôtre, ce qui était loin d’être le cas en 1860-1870. La publication récente et complète des objets découverts à Alise devrait au moins mettre un terme à ces accusations sans fondement, pour peu, naturellement, qu’on veuille les examiner d’un strict point de vue scientifique, au vu des nombreux parallèles qu’on trouve à la même époque sur d’autres sites datés et non contestés.
La seconde remarque est que le soupçon d’une thèse officielle en faveur d’Alise est aujourd’hui plus fort qu’autrefois, et c’est bien là un paradoxe étonnant. Mais, dans un contexte devenu passionnel, l’idée qu’ “on nous cache quelque chose” fait inévitablement recette dans un pays fortement marqué par la centralisation étatique et le bonapartisme. Le soupçon, qu’il soit fondé ou non, nourrit inévitablement la polémique. L’argument est d’autant plus fort qu’il s’appuie sur la revendication, très actuelle, de la liberté individuelle du chercheur, même autoproclamé : pourquoi empêcher tel ou tel de fouiller puisque de toute façon, pense-t-on, “ça ne peut faire de mal à personne” ? Pourquoi donc la puissance publique ne finance-t-elle pas des recherches désintéressées ?
En France, l’archéologie métropolitaine a pendant très longtemps été organisée autour d’un réseau dense d’amateurs et d’associations savantes locales, de niveaux très hétérogènes. Elle était en revanche peu structurée autour de grands laboratoires de recherches ou d’une administration patrimoniale ayant une large capacité d’intervention sur le terrain. La professionnalisation récente de l’archéologie, inévitable et nécessaire, a eu pour conséquence une recomposition du milieu des sociétés savantes, qui ne trouvent plus, aujourd’hui, leur place sur le terrain, et ne sont plus guère financées. Cette situation crée d’inévitables conflits d’intérêts avec les professionnels, et l’on met volontiers en regard les sommes réputées fantastiques investies dans les récentes fouilles franco-allemandes autour du Mont-Auxois, commandées par le Ministère de la Culture, avec le refus au site de Syam d’une autorisation de fouille accompagnée de moyens adéquats. Ceci alimente nécessairement la thèse d’un complot. À la vérité “officielle” on oppose donc une recherche pauvre, mais faite d’intuition, de bon sens, de bonne volonté et d’enthousiasme. Au mandarin universitaire, réputé sûr de lui, on préfère l’image sympathique de l’amateur persécuté, car tout homme cultivé qui sait le latin et est doué d’un sens aigu de l’observation peut faire des fouilles archéologiques. Du moins le croit-on volontiers. C’est là une vision naïve et obsolète de la recherche, qui conduit à de terribles mécomptes, et explique, notamment, la grande déficience technique des sondages pratiqués à Syam/Chaux-des-Crotenay, qu’illustre involontairement, mais cruellement, la publication consacrée à ce site par ses inventeurs18.
Cette description est-elle outrée ? Je ne le crois pas et, pour s’en convaincre, il suffit de lire l’avant-propos du livre récent de Danielle Porte, L’imposture Alésia19, qui plaide pour Syam/Chaux-des-Crotenay. Je le cite intégralement :
Une Alésia ?
Non, deux. L’officielle et l’autre. Celle de la Bourgogne, celle du Jura. Celle de l’archéologie, celle du texte de César, bien placé pour savoir où il avait consacré la défaite de la Gaule, contre Vercingétorix, en 52 avant J.-C.
Napoléon III découvrit l’une, qui ne convainquit personne, sauf les fonctionnaires intéressés à la découverte impériale. C’est l’Alésia d’Alise-Sainte-Reine, en Bourgogne. André Berthier, historien et archéologue, après l’étude minutieuse du texte de César, proposa l’autre. C’est l’Alésia de Chaux-des-Crotenay, dans le Jura.
Officielle, l’Alésia de Napoléon bénéficia de tous les privilèges qu’autorise cette étiquette.
Elle en bénéficie toujours, puisque des fouilles officielles ont été menées, pendant six ans, afin de conforter les dires napoléoniens.
Officieuse, l’Alésia d’André Berthier se contenta de quelques parcimonieux sondages, de quelques publications, mais la rigueur de la démarche, la cohérence du faisceau de présomptions tirées du texte de César, ont convaincu ceux qui attachent plus d’importance à la plume des Anciens qu’à la pioche de la science moderne.
Les résultats des fouilles officielles ont été exposés dans l’ouvrage récent de Michel Reddé, leur directeur : Alésia. L’archéologie face à l’imaginaire. Le livre lui-même, ainsi que la campagne de presse qui l’accompagna, descendaient, bien sûr, en flammes les recherches des Jurassiens sur un site que les instances officielles ont toujours refusé de reconnaître.
Ce livre sera donc le droit de réponse que peuvent exercer le bon sens et l’honnêteté face à l’archéologie sous influence.
Derrière ces passions se cachait déjà, au XIXe siècle, la conviction que l’enjeu était important, compte tenu de la stature historique de celui que le duc d’Aumale appelait “le premier des Français”. L’héroïsation de Vercingétorix et la transformation d’Alise en haut lieu de la mémoire nationale ont donc largement contribué à figer la querelle de la localisation jusqu’à la Seconde Guerre mondiale au moins. Comment donc se fait-il qu’à l’heure de la déconstruction, ou au moins de la transformation des mythes identitaires français, les enjeux paraissent toujours aussi forts ?
Dans l’arsenal antialisien existe, depuis l’origine, l’idée que le Mont-Auxois ne pouvait abriter l’armée de Vercingétorix, et que, de toute façon, le site n’était pas le bastion formidable et grandiose qui convenait à cette bataille historique qui devait modifier le destin de la Gaule et la fortune de Rome20. L’argument (outré, naturellement) est toujours actuel. Concluant le livre qu’ils avaient consacré à Syam/Chaux-des-Crotenay, A. Berthier et A. Wartelle insistaient, suivant en cela ce bon stratège qu’était Napoléon 1er, sur la faute militaire que constituait un enfermement de Vercingétorix avec une troupe considérable dans une place aussi étroite qu’Alise. Mais peut-on attendre d’un tel chef, d’un si grand organisateur, d’un esprit si brillant, de notre premier héros national, en somme, une telle énormité ? Non, naturellement, et c’est bien la preuve qu’Alise ne peut être Alésia21. Il faut donc chercher ailleurs un site plus formidable : “Arverne, écrivent les auteurs, il connaît la montagne, avec les forteresses naturelles et les défilés qu’elle offre dans son relief”. Peu importe, dans ce raisonnement, que la superficie du Mont-Auxois, avec ses 97 ha, soit l’une des plus grandes des oppida de l’Europe tempérée.
Dans cette réaffirmation de la stature historique de Vercingétorix et de son génie, on peut voir naturellement une volonté de restauration des mythes identitaires français, à un moment où ils chancellent. Les thèses de J. Carcopino, qui faisait de Vercingétorix un incapable, et surtout de Jacques Harmand, qui, ne comprenant pas, lui non plus, la stratégie de l’Arverne, voyait dans le chef gaulois un agent secret à la solde de César22, ont sans doute joué un rôle non négligeable dans cette réaction nationaliste. On observe cette volonté de réfuter la thèse de Jacques Harmand – outrée et absurde, car elle ne repose sur aucune source – dans un article drolatique, au titre révélateur, écrit par A. Brenet : “Lettre ouverte à Vercingétorix sur les falsifications de son histoire”23 ainsi que dans la postface consacrée par Yves Florenne au livre de Berthier et Wartelle :
On a montré que le seul choix d’Alise-Sainte-Reine pour Alésia, qui est celui de beaucoup de gens, mais non pas de Vercingétorix, est un démenti à la réalité, pourtant incontestable, de ce génie du stratège. Je ne dis pas qu’on l’a fait exprès. Mais je croirais volontiers qu’il y a là une des raisons, consciente ou non, du cramponnement à Alise. La tradition française la plus favorable n’est-elle pas que Vercingétorix, résistant héroïque, sympathique barbare, jeune héros sacrifié, ne pouvait en aucun cas tenir le coup devant César ? Alors que c’est le contraire qui est vrai. Alésia – là où elle est – de même que toute la campagne de Gaule attestent le génie militaire de Vercingétorix, supérieur, jusque dans la défaite, à celui de César. Pour ne rien dire de la valeur humaine des deux adversaires : elles n’ont pas de commune mesure. César a une excuse : il était romain24.
Cette réécriture nationaliste du portrait de Vercingétorix, directement inspirée d’une lecture de Camille Jullian, date de 1990. Jullian, lui, écrivait à une tout autre époque, et dans un tout autre contexte historique.
De telles positions, il est vrai, sont aujourd’hui devenues marginales, comme l’a bien montré Krzysztof Pomian au terme d’une très belle étude sur les Francs et les Gaulois25, car si l’identité française s’exprimait autrefois en termes de filiation et d’hérédité avec “nos ancêtres les Gaulois”, qui avaient modelé notre sol et façonné pour toujours nos comportements, elle s’analyse aujourd’hui plus volontiers en termes d’héritages culturels multiples et nécessairement beaucoup plus complexes, façonnés peu à peu et en perpétuelle mutation. Mais, en contrepoint de ce mouvement général subsiste une tendance traditionaliste forte, avec d’autres valeurs et d’autres mythes26 sous lesquels se cachent d’autres enjeux, qui ne sont pas tous épistémologiques. Vercingétorix, en effet, n’a pas cessé d’alimenter l’imaginaire collectif français, malgré l’affadissement apparent et la dérision dont témoigne le succès d’Astérix. Mais comment peut-on encore admirer de nos jours un héros vaincu ? Parce qu’en lui, écrit André Simon, “la force du guerrier ou l’ambition du politique ne l’emportent pas sur la grandeur d’âme”. Ce faisant, il s’est montré plus grand que son vainqueur, comme l’écrivait déjà Jullian.
“La France a connu de grandes défaites – 1814, 1815, 1870 – et, malgré les revers, entendait maintenir l’honneur. En établissant une continuité entre la Gaule et la France, on proclamait aussi que la défaite d’antan avait été surmontée et donc que les défaites présentes le seraient aussi. Nous avons connu Alésia[…]. Alésia, catastrophe originelle, archétype de la défaite, n’ouvre pas sur la fin, mais sur une heureuse métamorphose27”.
Je crois très juste cette analyse d’André Simon qui explique la charge idéologique, consciente ou non, que revêt encore aujourd’hui le premier héros national français et qui justifie, pour une large part, les passions que suscite encore le mythe, même affaibli. Nous sommes évidemment loin de la question archéologique de la localisation du siège, qui ne se poserait pas, dans un contexte “normal”, c’est-à-dire s’il s’agissait d’un autre site, dépourvu d’enjeu identitaire. Mais, en devenant un symbole national, même affaibli, Alésia reste un objet passionnel, au lieu de devenir un objectif scientifique ordinaire. Si j’ai raison, cette querelle dérisoire a encore de beaux jours devant elle …
Notes
- C’est la raison pour laquelle la publication scientifique des fouilles menées de 1991 à 1997 n’en traite pas : M. Reddé, S. von Schnurbein (dir.), Alésia. Fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du Mont-Auxois (1991-1997), Paris, 2001, MAIBL 22. J’ai en revanche abordé la question dans M. Reddé, Alésia. L’archéologie face à l’imaginaire, Paris, 2003.
- On signalera toutefois quelques très rares exceptions, notamment celle d’une localisation à Alès dans le Languedoc par Jean-Pierre des Ours de Mandajors, Nouvelles Découvertes sur l’ancienne Gaule, Paris, 1696, p. 2 et 107, mais personne n’avait vraiment cru à cette hypothèse farfelue.
- Cité par J. Le Gall, Fouilles d’Alise-Sainte-Reine (1861-1865), MAIBL 9, Paris, 1989, p. 7.
- T. Fivel, L’Alésia de César, près de Novalaise, sur les bords du Rhône, en Savoie, Chambéry, 1866.
- A. Bérard, Alésia. Izernore, Lyon 1907 ; Madame veuve Richenet-Bayard, Découverte d’Alésia en Auvergne, Canton de Veyre-Monton, à Authezat,Clermont-Ferrand 1903 ; R. Bouton, La question d’Alésia et la question d’Alaise, Besançon 1909 ; G. Colomb, L’énigme d’Alésia, Paris 1922 ; Id., Pour Alésia. Contre Alisiia. Un mot de réponse de G. Colomb à M. Jules Toutain, Paris, 1926.
- On trouve alors beaucoup d’articles dans la presse régionale comtoise.
- M. Dayet, “Recherches archéologiques dans les environs d’Alaise (Doubs). Fouilles de 1953”, RAE, 1955, p. 184-188.
- Voir A. Brenet, Les escargots de la Muluccha ou la très véridique histoire de la découverte d’Alésia… et de ce qui s’ensuivit, Paris, 1996.
- Voir par exemple Le Pays Comtois de mars-avril 1998 et Historia, 627, de mars 1999, pour ne citer que deux exemples. On trouvera une liste, sans doute incomplète, de ces prétendants dans Reddé 2003 (note 1).
- C. Goudineau, Le dossier Vercingétorix, Paris, 2001 ; C. Nicolet, La fabrique d’une nation. La France entre Rome et les Germains, Paris, 2003.
- Sur l’histoire de ces sociétés savantes, on verra en particulier J. Chaline, Sociabilité et érudition. Les sociétés savantes en France. XIXe-XXe siècle, Paris, 1995.
- E. Desjardins, Alésia (septième campagne de Jules César). Résumé du débat. Réponse à l’article de la Revue des Deux-mondes du ler mai 1858. Conclusion, suivie d’un appendice renfermant des notes inédites écrites de la main de Napoléon Ier sur les Commentaires de Jules César, Paris, 1859, p. 2 (texte paru dans le Moniteur du 12 au 19 octobre 1858, revu et corrigé).
- L. Fallue, “De l’armement des Romains et des Celtes à l’époque de la guerre des Gaules d’après les commentaires de César. À propos des armes antiques postérieures de plusieurs siècles à la conquête romaine devant Alise Sainte-Reine”, Recueil de la société hâvraise d’études diverses, 1865 (1866).
- Capitaine P. Bial, La vérité sur Alise Sainte-Reine. Lettre à Monsieur Alphonse Delacroix, Paris, 1861 (cité par Le Gall 1989 (voir note 3).
- Voir par exemple Le Comtois du 24 octobre 1951.
- Voir les Actes du colloque Napoléon III et l’archéologie. Une politique archéologique nationale sous le second Empire, Bulletin de la Société historique de Compiègne 37, 2001.
- J.-P. Nicolardot, S. Verger, “Le dépôt des Granges-sous-Grignon (Commune de Grignon, Côte-d’Or)”, in : C. Mordant, M. Pernot, V. Rychner (dir.), L’atelier du bronzier en Europe du XXe au VIIIe siècle avant notre ère, Actes du colloque Bronze 96, Neuchâtel et Dijon, CTHS et CRTGR, Université de Bourgogne, t. 3, Paris 1998, p. 9- 32.
- A. Berthier, A. Wartelle, Alésia, Paris, 1990.
- D. Porte, L’imposture Alésia, Chatou-New York, 2004.
- Voir le mémoire présenté par Léon Fallue à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1862 (cf. CRAI, 1862, p. 72 et archives de l’Institut, 29 avril 1862).
- Berthier, Wartelle 1990 (note 18), p. 269-280.
- J. Carcopino, Alésia et les ruses de César, Paris, 1958 ; J. Harmand, “Qui était véritablement Vercingétorix ?”, Ogam, 7 (1955), p. 3-26; Id., Vercingétorix,Paris, 1984; Id., “La Gaule indépendante et la conquête”, in : C. Nicolet, Rome et la conquête de la Méditerranée occidentale, 264-27 avant J.-C., t. 2, Paris 1978, p. 724.
- A. Brenet, “Lettre ouverte à Vercingétorix sur les falsifications de son histoire”, Raison présente, 73, 1985, p. 91- 113.
- Berthier, Wartelle 1990 (voir note 18), p. 282.
- K. Pomian, “Francs et Gaulois”, in : P. Nora, Les lieux de mémoire, III. Les Francs. 1. Conflits et partages, Paris 1992, p. 41-105.
- Voir par exemple P. Lance, La défaite d’Alésia. Ses causes dans la société celtique, ses conséquences dans la société française, La septième aurore, Paris, 1978 ; Id., Alésia, un choc de civilisations, Charenton 2004 (Recueil d’articles augmentés, précédemment publiés, pour la plupart, dans L’Hespéride, renaissance celtique, 1972 et 1976, puis en volume en 1978). J. Markale, Vercingétorix, Paris, 1982.
- A. Simon, Vercingétorix et l’idéologie française, Paris, 1989, p. 142.