Durant la période 89-85 a.C., voire immédiatement après, Rhodes émit un certain nombre de grands bronzes qui apparaissent comme le résultat d’une frappe d’urgence destinée à faire face à la crise provoquée par le siège imposé à la ville par Mithridate VI en 88 a.C.
Parmi les symboles utilisés comme marques monétaires, plusieurs sont à mettre en rapport avec Isis : un basileion apparaît sur trois émissions (p. 56-57), associé à un caducée ailé ou à un foudre, une situle sur une quatrième (p. 58). La situation est la même pour les monnaies d’argent, les plinthophores, comme le montrent les basileia apposés sur des pièces du temps des monétaires Euphanès, Maès, Thrasymédès et Zénôn. Selon R. A., ceci pourrait renvoyer à un épisode très précis du siège, au cours duquel Isis se serait manifestée.
En effet, Appien rapporte que, lors des combats, la lourde machine de siège apportée par le roi du Pont et placée le long des remparts, non loin d’un temple d’Isis, se serait effondrée sous l’effet de son propre poids.
Mais, selon la rumeur, Isis serait intervenue en personne pour la ruiner par le feu et aurait ainsi provoqué la levée du siège par Mithridate (Mith. 24-27). La présence soutenue de symboles isiaques sur les exemplaires rhodiens de cette époque pourrait donc avoir servi à rappeler cet événement et à célébrer ainsi la gloire de la divinité.