“Genèse et développement des formes de la villa romaine
dans le nord-est de la Gaule”, Jahrbuch des römisch-germanischen
Zentralmuseums, Mayence, 2014 [2018], p. 103-136.
La question de la genèse et du développement de la villa romaine dans les provinces occidentales de l’Empire a été maintes fois traitée, notamment pour la Gaule et les Germanies1. Dans un article publié en 1998, K. H. Lenz avait amorcé le débat à la suite des travaux alors très récents du colloque AGER II de 1993, publié en 1996 sous la direction de D. Bayard et J.-L. Collart2. Cette rencontre, rompant avec une longue tradition érudite qui faisait de la villa une innovation typiquement romaine et le modèle archétypal de la mise en valeur des campagnes dans les provinces de l’Empire, avait au contraire révélé la continuité d’occupation du sol et la rémanence, au moins jusque vers le milieu du Ier siècle de notre ère, de formes traditionnelles d’exploitations rurales héritées de l’époque protohistorique3. Bien plus, il avait souligné, à la suite des travaux de R. Agache, l’origine laténienne de certains types architecturaux considérés comme caractéristiques des formes de la villa dans le nord de la Gaule. Entendons par là les grandes exploitations à plan axial séparant demeure et partie agricole proprement dite, dont l’abondance est manifeste, notamment en Picardie4. Ces conclusions reposaient largement sur le développement considérable des grands travaux d’archéologie préventive réalisés dans le nord de la France et sur la découverte d’établissements précoces d’époque augustéenne. Certains, comme celui de Conchil-le-Temple, révélaient une organisation spatiale qui pouvait être considérée comme étant à l’origine de la villa romaine, tout en adoptant des modes de construction traditionnels5. Il en allait de même d’un autre site emblématique, comme celui de Verneuil-en-Halatte, par exemple. Dans ce même article, K.H. Lenz, disposant des nombreux plans d’établissements ruraux récemment fouillés dans les Braunkohlenrevier, y distinguait deux groupes qu’il caractérisait comme “Streuhofanlagen” (“à bâtiments dispersés dans la cour”) et “Axialhofanlagen” (à plan axial). Il soulignait leur origine indigène, bien distincte des modèles italiens et méditerranéens, et critiquait par ailleurs le vieux concept des Viereckschanzen d’Allemagne du sud, dans lesquelles il reconnaissait fort justement, pour l’essentiel, des établissements ruraux et non des enclos religieux. Il appuyait une fois de plus sa démonstration sur l’exemple de fouilles françaises récentes, notamment celle de Villeneuve-les-Sablons, en Picardie.
Cette étude proposait ainsi, sans le dire de manière provocante, un infléchissement notable de la réflexion sur l’occupation du sol dans la littérature de langue allemande, en reconnaissant que la “villa” à la romaine, avec son architecture monumentale, ses portiques, ses pavillons d’angle (“Eckrisaliten”6) ses bains, ses décors peints ou mosaïqués ne constituait sans doute qu’une partie de l’habitat rural des campagnes gallo-romaines, peut-être pas toujours la plus essentielle. Elle mettait ainsi l’accent moins sur l’habitat du maître que sur l’ensemble productif, suivant en cela une tendance assez nouvelle ouverte par le colloque tenu en 1994 à Passau, sous la direction de H. Bender et H. Wolff7.
Le temps a passé et les connaissances archéologiques se sont accrues de manière considérable, tandis qu’un certain nombre de publications nouvelles viennent inviter à réfléchir de manière différente sur cette question embrouillée. L’une d’entre elles, due à la plume de M. Rind, vient de proposer par exemple une étude très large des villas romaines d’Occident pour tâcher d’en dégager les grandes tendances du développement économique des campagnes8. Classant les établissements province par province – mais en séparant assez fâcheusement, à mon sens, la Germanie de la Gaule – l’ouvrage propose une impressionnante liste de cartes et de plans, dans un patchwork chronologique qui laisse perplexe le lecteur le plus averti. À cette approche très large, je préférerai celle, plus fine, développée un peu antérieurement par D. Habermehl, qui constituera le point de départ de ma réflexion9.
L’approche de D. Habermehl se distingue de bien d’autres études plus traditionnelles par sa méthodologie. En premier lieu, elle se fonde sur un corpus volontairement limité de sites qui fournissent un minimum d’informations fiables sur le phasage chronologique des établissements. En second lieu elle commence non pas après la phase de la conquête mais dès La Tène D1, essayant ainsi de déterminer les continuités et les ruptures qui peuvent exister entre la période de l’indépendance et celle de l’époque romaine et, par voie de conséquence, le moment auquel ce changement se produit. En troisième lieu, elle étudie ce corpus non en fonction des régions administratives de l’Empire, selon une tendance tenace des spécialistes de l’époque romaine, mais en fonction d’ensembles territoriaux déterminés du point de vue géomorphologique. Entendons ici a- les zones sableuses et argileuses des Pays-Bas ainsi que le Brabant, les Flandres ; b- celles où dominent les limons de plateau, plus au sud, à la fois en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique ; c- celles du nord de la France, la Picardie pour l’essentiel10. Le corpus est donc volontairement limité à 270 sites, couvrant une région vaste mais qui s’arrête au sud à l’Ardenne belge et à la Picardie.
L’intérêt de cette étude réside principalement dans l’analyse, globalement pertinente à mes yeux, du développement chronologique des formes que prennent les exploitations rurales dans ces différentes régions, ce que les archéologues appellent désormais leurs “trajectoires”. Après avoir déterminé sa propre typologie – qui n’est pas celle de l’habitat, stricto sensu, mais celle du complexe agricole (fig. 1) – l’auteur présente, à travers un nombre de cas, certes limité, l’évolution de ces formes dans le temps (fig. 2). Il s’agit donc d’une typologie que l’on pourrait qualifier de dynamique et qui se différencie des tentatives traditionnelles sur deux points : elle n’est pas limitée à la demeure proprement dite mais s’étend au complexe productif ; elle n’est pas figée dans l’état de développement architectural final, souvent le plus luxueux, qui a fait les délices de générations d’archéologues plus intéressés par les demeures aristocratiques que par le mode de fonctionnement économique des exploitations rurales, même les plus grandes. C’est seulement dans un second temps que D. Habermehl s’intéresse à l’évolution de l’habitat proprement dit avant d’étudier l’organisation de la production. De son étude ressortent deux faits saillants qui, s’ils ne sont pas complétement neufs, sont bien soulignés dans l’ouvrage : la persistance fort longue, jusqu’au milieu du Ier siècle de notre ère au moins, voire parfois jusqu’au deuxième, des formes d’exploitations agricoles héritées de l’âge du Fer ; l’apparition tardive du phénomène des villae à la romaine, dont les premiers exemples n’apparaissent guère caractéristiques de ce que l’on considère généralement comme la marque de la Romanité, avec des architectures en dur et un décor luxueux. Outre l’intérêt que présente cette remarque pour l’étude des campagnes du nord de la Gaule et l’histoire de son développement économique et social, on doit souligner l’erreur de perspective, très généralement répandue, qui consiste à évaluer l’importance du système productif à l’aune de typologies architecturales qui accordent plus de place au luxe de la demeure aristocratique, considérée dans son développement ultime, généralement celui du IIIe siècle, qu’à l’évolution des activités agro-sylvo-pastorales. L’image que les Antiquisants ont des campagnes romaines, dans les provinces septentrionales de l’Empire, tout au moins, a, de ce fait, été longtemps biaisée. J’aimerais désormais revenir sur ces différents points, en me posant plusieurs questions, à une échelle géographique sensiblement élargie par rapport à celle de D. Habermehl :
- quelles sont, à l’époque romaine, les formes d’établissements ruraux héritées de l’âge du Fer ?
- les différences régionales observées et mises en évidence par D. Habermehl peuvent-elles être étendues à d’autres secteurs du quart nord-est de la Gaule ?
- existe-t-il des spécificités régionales dans l’architecture de l’habitat rural ?
Des établissements ruraux de La Tène finale à ceux de l’époque romaine
Les fermes de l’âge du Fer, on le sait, sont la plupart du temps – pas toujours – englobées dans un enclos qui a tendance, vers la fin de l’Indépendance, à adopter des formes plus sub-rectangulaires que courbes, puis à se régulariser encore au début de l’époque romaine. Il ne s’agit là que d’une inflexion générale qui ne doit pas masquer le fait que la réalité est souvent nettement plus complexe, C. Haselgrove l’a opportunément rappelé11. Un plan comme celui de Verberie “La plaine d’Herneuse II” montre assez clairement l’organisation générale d’un établissement riche de La Tène moyenne, avec sa demeure principale implantée sur l’un des grands côtés, d’autres demeures potentielles et des installations diverses de nature agricole (fig. 3). Ce type d’implantation “dispersée”, que D. Habermehl, selon sa terminologie, qualifierait de “large coumpound settlement”, est-il fondamentalement différent de celui qu’on retrouve, dans le courant du second siècle de notre ère, à Hamois-Le Hody, en Belgique, à Kerkrade-Holzkuil, aux Pays-Bas (fig. 2), ou dans de nombreuses petites villas des zones de lignite, dans l’hinterland de Cologne (fig. 4) ? On observerait des exemples similaires en Bassée, à Marolles-sur-Seine (2,2 ha) ou à Cannes-Écluses, pour se limiter à cette courte liste qu’on pourrait allonger sans difficulté12. Or il s’agit bien là de véritables villas. Dans certains cas, notamment à Ronchères, dans l’Oise, les bâtiments de l’époque romaine sur solins succèdent au même emplacement et presque selon le même plan aux bâtiments sur poteaux de l’époque protohistorique (fig. 5)13. On ne cite là que quelques exemples, opportunément choisis il est vrai, mais on pourrait sans difficulté les multiplier.
L’analyse fonctionnelle des structures s’avère, en apparence, plus complexe pour les sites de l’âge du Fer que pour ceux de l’époque gallo-romaine, la taille seule d’un édifice sur poteaux n’étant pas nécessairement un critère discriminant pour qualifier la demeure principale. Ici point de mosaïques ni de peintures, de marbre ni de balnéaire pour identifier celle-ci. C’est la nature du mobilier associé à l’habitat, sa richesse, son abondance, le plus souvent par analyse des rejets effectués dans les fossés proches qui autorise, dans les meilleurs cas, une identification fonctionnelle des structures mises au jour14. Mais, fondamentalement, l’approche se fonde, comme pour l’époque romaine, sur la discrimination économique et sociale des artefacts qui accompagnent l’habitat principal et les espaces à fonction économique. C’est donc assez légitimement la dimension des établissements et la richesse du matériel qui justifie la hiérarchie des exploitations proposée par les archéologues, plus que leur organisation topographique stricto sensu. Ainsi F. Malrain a-t-il pu développer dans sa thèse un modèle illustré par un schéma simple qui montre bien que c’est la taille de l’enclos domestique, le nombre et la différenciation des structures productives comme des unités d’habitat qui fondent la hiérarchie des “fermes” de l’âge du Fer en Gaule du Nord (fig. 6)15. Ce modèle ne serait en revanche pas directement transposable pour les zones plus septentrionales des Flandres, des Pays-Bas ou de l’Allemagne du Nord où l’habitat, jusqu’au début de l’époque romaine, est organisé de manière différente et selon une hiérarchie sociale moins marquée, avec des fermes-étables qui témoignent d’un mode de fonctionnement économique spécifique16.
Si ce type d’exploitation rurale à bâtiments dispersés, le plus souvent enclos, est de loin le plus fréquent, il n’en est pas pour autant le seul puisque l’archéologie préventive a mis au jour, ces dernières années, une série de “proto-villas” organisées selon un plan axial, avec une partie d’habitat nettement séparée des secteurs productifs. On a déjà cité le cas de Conchil-le-Temple, et c’est sur divers exemples de cette nature que le colloque AGER II d’Amiens, déjà cité, avait, en quelque sorte, instauré une rupture avec la tradition historiographique. Mais ces exemples précoces, construits “à la gauloise” et non “à la romaine”, ne remontaient jusqu’à présent guère au-delà de l’époque augustéenne. La fouille récente du grand complexe de Batilly-en-Gâtinais montre bien que le modèle existait déjà à la période de l’Indépendance, avec des dimensions considérables (fig. 7)17. Non seulement sa taille permet de l’assimiler aux très grandes villas gallo-romaines de même type, mais la multiplication, dans le même secteur, d’exploitations de même nature montre qu’il ne s’agit pas là d’un cas exceptionnel. En revanche, nous ignorons, pour l’heure, l’extension géographique de cette forme d’établissement rural, non seulement à la fin de l’âge du Fer mais aussi au début de l’époque romaine, où leur nombre reste, somme toute, assez limité. On ne doit donc pas en conclure que les “Grandes villae à pavillons multiples alignés”, comme on les appelle désormais, ont suivi un développement linéaire depuis l’époque de l’Indépendance18. Aucune ne traduit d’ailleurs, en l’état actuel des connaissances, une véritable continuité d’occupation entre la fin de l’époque protohistorique et l’Empire.
Bien au contraire, leur extension progressive est sensible avec le temps, comme le montrent différents exemples fouillés. Si des exploitations comme celle de Verneuil-en-Halatte ou Champion remontent, pour la première, à l’époque augusto-tibérienne, pour la seconde à la deuxième moitié du Ier siècle de notre ère (fig. 2)19, bien d’autres exemples sont des créations d’époque romaine à partir d’établissements caractérisés par des constructions dispersées au sein d’un enclos. C’est ce qu’illustre parfaitement la réorganisation spatiale de villae comme celles de Roye, de Behen ou de Martainneville dans la Somme (fig. 8-10). Il apparaît assez clairement, dans ces trois cas exemplatifs, que la constitution d’un vaste domaine rural longtemps considéré comme typique de ces régions est en réalité le fruit d’une longue évolution qui ne trouve son aboutissement qu’au tournant des IIe/IIIe siècles20. Différents exemples pourraient être cités dans d’autres régions : ainsi la villa de Bieberist, en Suisse, fait-elle suite, vers la fin du Ier siècle de notre ère, à un enclos apparemment beaucoup plus modeste dont les constructions internes, il est vrai, ne sont guère perceptibles21. Cette chronologie même montre en même temps que l’apparition de ce type de domaine constitue un phénomène qui n’est pas limité à un moment spécifique de l’époque romaine22. On peut aussi constater, en revanche, que certaines des “protovillas” de ce type, comme celle de Conchil-le-Temple “Fond de la Commanderie” ont une existence éphémère et disparaissent vers la fin du Ier siècle de notre ère sans avoir jamais connu les “marqueurs” habituels de la Romanité et sans avoir jamais été l’objet d’une reconstruction en pierre. Ce type de plan, souvent associé à une forme de prospérité due au développement économique de l’époque romaine, n’est donc pas, par lui-même, un gage d’expansion continue.
Pour résumer cette première partie de mon propos, le début de l’époque romaine n’introduit pas, semble-t-il, dans ces régions du nord-est de la Gaule, de modification radicale dans l’organisation spatiale des deux grands types d’exploitations rurales qu’on observe à l’époque de l’Indépendance, qu’elles soient à plan axial ou à bâtiments dispersés. Dans la plupart des cas, on retrouve d’ailleurs un enclos qui marque la limite de l’espace domestique, que ce soit un fossé, une haie, un talus, un mur ou une combinaison de ces éléments. La différenciation économique et sociale réside, au début de l’Empire comme à la fin de l’âge du Fer, dans la taille de l’exploitation, qui traduit la richesse de son propriétaire, la nature des activités de production, souvent difficiles à déterminer, il est vrai, et non pas dans la distribution planimétrique des installations. Celle-ci s’oppose en revanche de manière significative à celle des villaequ’on trouve en Italie ou dans le Midi, mais on sait cela depuis longtemps. Reste évidemment à déterminer quel est le moment où l’accentuation de la hiérarchisation économique et sociale et l’accumulation de richesses se traduisent dans les formes et le luxe de l’habitat proprement dit et s’il s’agit d’un phénomène ubiquiste et uniforme.
Existe-t-il une géographie différenciée des formes de la villa romaine dans le nord-est de la Gaule ?
La carte de répartition géographique des “Grandes villae à pavillons multiples alignés” donne une première indication sur l’un des types d’établissements ruraux considérés généralement comme représentatifs des élites (fig. 11). Même si cette carte ne prétend pas à l’exhaustivité, elle est suffisamment documentée pour autoriser un commentaire. En première analyse, il s’agit d’un artefact de la recherche puisque les deux zones les mieux renseignées, la Picardie et la Bourgogne, sont aussi celles où les couvertures aériennes ont été les plus abondantes. Mais les vides, dans la Gaule de l’Ouest et la partie méridionale du pays n’en sont pas moins significatifs. De même ne rencontre-t-on guère ce type d’exploitation dans la zone de “non villa landscape” définie par N. Roymans, sur les terres pauvres des Flandres et du nord des Pays-Bas, ce qui va de soi23. Mais on doit observer qu’on n’en connaît pas non plus sur les riches terres loessiques du territoire des Ubiens, alors qu’on en connaît des exemples, plus à l’Ouest, chez les Tongres, dans des contextes pédologiques qui ne sont pas radicalement différents. Pour autant qu’on le sache, elles sont absentes de la vallée du Neckar, pourtant fertile24, et des terres plus pauvres de l’Allemagne du sud-ouest, dans le bassin du Rhin supérieur25, mais elles sont bien présentes en revanche sur le plateau Suisse26. Plus à l’est, le long du Danube, elles semblent pour l’heure inconnues, même autour d’un grand centre militaire comme celui de Regensburg27. On en connaît en revanche un nombre significatif dans le massif de l’Eifel, à priori peu propice à l’agriculture, où, bien certainement, elles n’ont pas toutes une fonction purement agro-pastorale. Leur prospérité pourrait davantage être liée à l’exploitation des ressources minérales très abondantes de ces contrées28. La région de Trèves, célèbre pour la richesse de ses villas, n’est pas celle qui en compte le plus, loin de là, hormis peut-être Welschbillig “Knaulöft”, Fliessem-Otrang “Weilerbusch”29 ou encore Echternach, au Luxembourg30. Celle de Reims n’en possède pas, celle de Metz n’en est en revanche pas dépourvue31. En résumé, cette forme d’exploitation rurale n’est en rien superposable à celle de la richesse agricole des terroirs ni à la présence d’une aristocratie spécifique ou d’une civitas.
L’autre grand type précédemment défini, “à installations dispersées”, le plus souvent au sein d’une cour (“Streuhofanlagen”) est le plus courant et se rencontre partout, ce qui ne veut évidemment pas dire que tous ses représentants sont identiques et ne traduisent pas des niveaux de développement très hétérogènes.
On remarquera, pour commencer, que les plus grands de ces établissements, comme celui de Köln-Müngersdorf (fig. 12) offrent une cour de dimensions respectables (environ 3,9 ha), ce qui en fait les rivaux des très grandes villae picardes “à pavillons multiples alignés” comme celle de Warfusée / Les Saules (environ 3,9 ha), et les place très au-dessus de Behen (environ 1,3 ha) ou de Martainneville (0,5 ha). Ces dernières sont aussi largement dépassées par des établissements à bâtiments dispersés comme Neerharen-Rekem, en Belgique (2,6 ha) ou Wasserbillig, au Luxembourg (1,8 ha) (fig. 13)32. C’est pourquoi il paraît bien hasardeux de fonder la hiérarchie des établissements ruraux sur la seule disposition topographique des bâtiments et il n’est pas justifié de dire que les “Grandes villae à pavillons multiples alignés” constituent dans tous les cas le sommet de la hiérarchie des établissements ruraux. La taille induit évidemment une échelle complexe dans l’importance économique des différentes exploitations mais ce n’est pas le seul critère. Varron, dans un débat resté célèbre (Res Rusticae, 3.2) rappelle fort opportunément que c’est le rapport (fructus), et non le luxe ou la taille des bâtiments, qui fonde l’économie domaniale et que ce rapport est fonction de la nature des productions et des forces du marché. Des cultures fruitières sur un domaine de taille moyenne, l’élevage d’oiseaux par exemple, peuvent être beaucoup plus rentables que la céréaliculture. Malheureusement, on connaît trop peu souvent la spécialisation agricole d’un domaine (si cette notion de spécialisation peut avoir un sens dans l’Antiquité) et c’est presque toujours par défaut qu’on suppose la prééminence de la céréaliculture, ce qui ne va pourtant pas de soi. En outre, on se doit de rappeler que toute villa n’est pas nécessairement occupée par un grand propriétaire foncier. Elle peut être louée à ferme, cultivée en faire-valoir direct avec l’aide d’un vilicus, mais sans que le propriétaire réside et ait besoin d’une pars urbana luxueuse, ce qui relativise beaucoup notre appréciation des choses sur la base des seuls critères archéologiques, surtout s’ils sont estimés uniquement à partir de la demeure proprement dite33. L’une des questions les plus complexes qui se posent aux historiens du monde rural antique est donc d’essayer d’évaluer l’évolution de l’économie des campagnes à travers le temps, pas de classer typologiquement des unités de production, trop souvent appréhendées matériellement dans leur phase “évoluée”, au IIIe siècle de notre ère, et non dans leur processus de développement sur le temps long. Mais ceci ne peut se faire que sur des exemples fouillés avec suffisamment d’acribie et d’ampleur pour qu’il soit possible de raisonner. Ce n’est hélas que trop peu souvent le cas.
On peut, à cet égard, se demander, par exemple, pourquoi l’hinterland de Cologne, un territoire fertile, fournit essentiellement un chapelet de petits établissements peu différenciés, incontestablement des villae de petite taille qu’on qualifierait ailleurs de “fermes”, et pourquoi leur assiette initiale semble avoir assez peu évolué avec le temps. On n’assiste en effet presque jamais, dans cette région, à des transformations monumentales qui conduiraient ces petits domaines d’une cinquantaine d’hectares en moyenne, à l’architecture domestique modeste, souvent même dépourvue de thermes, vers une transformation en très grandes villae luxueuses, même au début du IIIe siècle de notre ère. Leur évolution reste presque toujours progressive et limitée, même si l’on constate l’apparition progressive d’installations de confort34, et, parfois, des agrandissements notables comme à Hambach 512. Mais cela ne semble pas se traduire par un agrandissement du domaine au profit d’exploitants dominants appartenant à l’aristocratie de la CCAA. L’assiette économique et sociale de ce territoire, sans aucun doute liée à sa structure coloniale, semble assez stable dans le temps, mais cet état de fait n’implique pas pour autant une moindre prospérité agricole, preuve, s’il en était besoin, que de petits établissements pouvaient être rentables et fournir la base nourricière d’une grande métropole comme Cologne. Un peu plus à l’ouest, en revanche, dans le Limburg néerlandais ou dans les régions loessiques de Belgique, on voit au contraire se développer rapidement de très grandes résidences aristocratiques, comme le montrent fort bien les planches comparatives dressées par D. Habermehl (fig. 14). La différence d’assiette économique et sociale entre ces différents secteurs géographiques pourtant assez proches les uns des autres paraît évidente et se traduit cette fois dans l’évolution des formes de l’habitat. Mais il s’agit là d’un phénomène qui n’apparaît guère avant la fin du Ier siècle au plus tôt, plus souvent le second.
La plupart des études récentes mettent en effet en évidence ce phénomène chronologique. Ainsi, et malgré les difficultés liées à une documentation archéologique souvent ancienne, l’étude récente de S. Seiler sur la région de Trèves dresse-t-elle le même constat, à la suite de D. Krausse35. Mais, une fois de plus, c’est la Picardie qui fournit le plus grand nombre d’exemples publiés, en raison de l’impact très fort de l’archéologie préventive dans cette région. Ainsi le diagramme chronologique de la fig. 15, extraite de la publication de synthèse récemment parue sur ces travaux, montre-t-elle à la fois les phénomènes de continuité d’occupation depuis la période de l’âge du Fer, les ruptures, les créations nouvelles, qui apparaissent assez souvent dans cette région après le milieu du Ier siècle de notre ère, les formes architecturales caractéristiques de l’époque romaine (bâtiments en dur, couvertures en tuiles, éléments de décor) n’apparaissant que progressivement et assez tardivement36. Encore ne doit-on jamais conclure qu’un solin de pierre – bien souvent le seul élément conservé – induit une élévation en pierre, celle-ci pouvant être édifiée en pans de bois.
Dans bien d’autres régions, malheureusement, l’évolution chronologique des établissements est assez difficile à cerner, faute de fouilles récentes, et les structures les plus anciennes, immédiatement postérieures à la conquête, restent mal connues. C’est le cas, par exemple, des établissements ruraux de la vallée du Neckar, occupée au début de l’époque flavienne, et dont nous ne connaissons pratiquement pas les phases précoces ; cela vaut aussi pour le sud du Württemberg, mais il y a au fond assez peu de raisons que la situation soit très différente et qu’on ait construit directement des formes de villas en dur très développées37.
Des spécificités régionales dans l’architecture de l’habitat rural ?
La multiplicité infinie des plans des parties réservées à l’habitat dans les villae d’époque romaine a excité l’imagination des chercheurs qui se sont lancés, souvent à corps perdu, dans des essais variés de classification typologique. Il me paraît inutile d’en dresser ici une liste pour dénoncer les avantages et les inconvénients de chaque système. Là encore il me semble plus intéressant d’examiner la genèse des formes architecturales.
La plus simple est sans doute le type de bâtiment allongé, hérité des maisons sur poteaux de l’âge du Fer38 ; on en rencontre un peu partout, y compris en pleine époque romaine, comme par exemple à Pulheim-Brauweiler, dans le courant du second siècle de notre ère39, où nous n’avons évidemment pas à faire à une “villa”, au sens classique du terme. Il est intéressant de comprendre l’évolution de cette architecture à travers quelques exemples, déjà illustrés par la fig. 14, empruntée à D. Habermehl40, mais aussi par le cas très caractéristique de Martainneville, en Picardie. À cet endroit, le premier bâtiment en dur, qui succède sans doute à un bâtiment de même nature en bois (période 4) n’apparaît guère avant le IIe siècle (fig. 16). Il s’agit alors d’un bâtiment allongé de 12,35 m x 6 m qui, peu à peu, se subdivise et s’agrandit avec un portique (état 2b) au début du IIIe siècle seulement. Un cas similaire peut être observé à Behen “Les Grands Riots” : au corps de bâtiment principal allongé mais très simple du début du second siècle fait suite une série d’agrandissements et d’aménagements (fig. 16) : un portique de part et d’autre, des pavillons d’angle en façade, selon un plan souvent considéré en Allemagne comme spécifique des villas gallo-romaines (“Portikusvilla mit Eckrisaliten”). Cette évolution, qui n’est vraiment achevée qu’au début du IIIe siècle dans ces deux cas, est d’autant plus significative qu’elle intéresse dans les deux cas une “villa à pavillons multiples alignés” qui ne prend corps que très progressivement (fig. 10 et 11). On devine cette évolution chronologique et cette variation sur la forme à travers une planche déjà ancienne de R. Agache qui avait classé ce type de résidence linéaire (All. “Reihentyp” ; Angl. “Row type”) en allant du plus simple au plus compliqué (fig. 17)41. Mais on doit noter qu’elle n’est pas propre aux grandes villas de Picardie à pavillons multiples alignés. On la rencontre aussi bien dans de nombreux autres cas de villas “à bâtiments dispersés dans la cour”, comme à Kerkrade-Holzkuil42. La forme du bâtiment d’habitation doit donc être clairement déconnectée de celle de l’exploitation proprement dite mais aussi de sa taille.
Les dimensions et la forme de ce bâtiment d’habitation induisent toutefois une série de variations dans les plans qu’on a souvent du mal à suivre, faute de documentation archéologique précise, d’autant que les typologies publiées prennent souvent les bâtiments dans leur état final. Ainsi J.T. Smith commence-t-il sa typologie par l’étude des “Hall houses”, fondée sur le prototype de la célèbre villa de Mayen, en distinguant cette forme des “Row Houses”, plus allongées et moins profondes, comme celles dont nous venons de parler (Behen et Martainneville)43. Les planches qu’il propose pour ces “Hall houses” (fig. 18) montrent des formes beaucoup plus carrées, présentes aussi bien en Allemagne qu’en Angleterre. L’ouvrage ne mentionne pas les exemples de Wallonie, pourtant fort nombreux, comme on peut le voir à travers le catalogue qu’en a récemment donné R. Brulet44. En France, elles sont en revanche peu représentées en Picardie ou en Île-de-France, mais on en trouve d’assez nombreux cas en Lorraine45. Un bel exemple vient d’en être révélé avec la publication de la fouille de Grigy (fig. 19)46 : la première demeure, attribuée à la fin de la période laténienne ou au début de l’époque romaine), était constituée d’une simple halle de 11,5 m x 4,5 m avec poteaux porteurs médians et poteaux corniers, probablement avec une séparation interne (bâtiment R). Lui succède, au début du IIe siècle, une construction sur fondations de pierre composée d’une halle principale au centre, d’un portique de façade et, ultérieurement, de pavillons d’angle avec un accroissement progressif des espaces d’habitation (bâtiment A). Bien qu’axé par rapport à la cour, cette petite villa n’appartient pas au type des “Grandes villae à pavillons multiples alignés”, ces derniers étant absents47.
Dans le pays Trévire, le récent catalogue de S. Seiler (pourtant limité au territoire allemand) rappelle le grand nombre de demeures dont la partie centrale est constituée d’une halle48 : Bettenfeld “In der Kammer”, Bollendorf “In der Kroppicht”, Eisenach “Affels”, Hetzerath “Hambuch”, Konz “Lummelwiese, Leiwert “Auf Hostert”, Lösnich “Hinterwald”, Mandern “Gaierslay”, Mehring “Kirchheck”, Neumagen-Drohn “Papiermühle”, Oberrüttfeld “Auf der Burg”, Schwierzheim “Ortslage” etc. Le même phénomène s’observe dans l’ouest de l’Eifel, à Leudersdorf “Bannweiler” dont le plan phasé marque bien le développement progressif vers une villa complexe, bien qu’il s’agisse d’une fouille ancienne (fig. 20)49. Dans son étude sur les environs de Heilbronn (vallée du Neckar), C.M. Hüssen a mis en évidence la prééminence d’architectures semblables, bien qu’il s’agisse de fouilles anciennes (fig. 21)50. Dans le sud-ouest de l’Allemagne, plusieurs villae révèlent des plans comparables : ainsi celle de Lauffenburg (fig. 22)51, ou encore celle de Bondorf52. C’est, bien sûr, un type très répandu entre le Rhin inférieur et la Meuse, sur les terres de loess, comme en témoignent les planches d’U. Heimberg53. On en rencontre ainsi un bon exemple dans l’établissement de Frimmersdorf 131, où l’élément de base – une simple halle – reçoit dans un second temps un portique de façade et un unique pavillon d’angle (fig. 23)54.
La question de la fonction réelle de cette halle a donné lieu, depuis le début du XXe siècle, à d’intenses débats dans le monde académique allemand, beaucoup considérant alors qu’il s’agissait de cours intérieures. La fouille de Mayen par F. Oelmann avait tranché en faveur de la halle55. La réponse reste toutefois posée dans un certain nombre de cas, quand les dimensions de cet espace rendent impossible toute couverture. C’est le cas, par exemple, à Büsslingen, dans le Baden-Württemberg, où la restitution laisse plutôt penser à une cour (fig. 24)56. De telles architectures, qui correspondent à un type différent du précédent, sont courantes plus à l’est, en Bavière57.
J’ai peu parlé, jusqu’à présent, des très grandes villas luxueuses, dont fort peu, en France ont été fouillées, alors qu’il y en a eu bien davantage en Allemagne, notamment en pays Trévire, mais généralement de manière superficielle, si bien que leur évolution architecturale échappe le plus souvent. C’est pourtant cette question qui a pendant longtemps focalisé l’attention des Antiquisants, qui la considéraient comme l’une des formes les plus évoluées du “Roman way of life”. Comme le souligne à juste titre F. Reutti dans un intéressant recueil d’articles consacré à l’historiographie de la question58, les thèses autrefois développées par K. M. Swoboda dans sa dissertation de 1919, republiée encore en 1969, continuent de sous-tendre une réflexion essentiellement fondée sur l’aspect “palatial” des architectures les plus développées59. Cette approche d’archéologie “classique” n’est pas forcément absurde et dénuée de tout intérêt, quoique qu’elle soit fort critiquée aujourd’hui, pourvu qu’elle soit replacée dans un contexte historique clair et n’occulte pas la réalité plus triviale, mais infiniment plus répandue, de l’exploitation rurale. Ces grandes demeures s’apparentent en effet à une architecture palatiale issue du domaine urbain, même quand elles résultent d’un développement autochtone. À ce propos, P. Gros cite à juste titre un passage de Vitruve (6.5.3) qui les assimile explicitement aux domus des très grands magistrats qui doivent exercer une fonction de représentation et ont donc besoin d’espaces ostentatoires adéquats pourvus d’un luxe particulier60 :
“Et les règles touchant ces questions ne seront pas seulement pertinentes en ville, mais aussi à la campagne, avec cette réserve qu’il est usuel, en ville, que l’atrium vienne aussitôt après la porte, alors qu’à la campagne, dans les maisons de style urbain, c’est le péristyle qui se présente d’abord, puis l’atrium entouré de portiques dallés donnant sur des palestres et des promenades”.
D’une manière générale, et sauf exception notable, on ne les rencontre guère dans les provinces du nord-ouest avant le IIIe siècle au moins, voire pendant l’Antiquité tardive. Ainsi en est-il du “Kaiserpalast” de Konz, daté de la fin du IVe siècle/début du Ve. L’édifice est probablement installé sur les restes d’une villa romaine antérieure, dont on sait peu de choses61. Ce type de résidence luxueuse n’est pas rare autour de Trèves et on constate dans un certain nombre de cas d’importantes reconstructions et restructurations dans le courant du IVe siècle62.
Cette question de chronologie est essentielle pour comprendre l’extension, parfois exubérante, de très riches demeures que l’on ne peut plus qualifier de rurales mais deviennent de véritables “châteaux”. Il en va ainsi de la villa de Limé, à Pont-d’Ancy, dans l’Aisne (fig. 25)63, dans une mesure moindre de celle de Noyon, dans l’Oise64, ou celle d’Haccourt, en Belgique, sans doute abandonnée dans le dernier tiers du IIIe siècle65. Ainsi s’explique aussi, probablement, l’apparition de villae à péristyle qui, comme celles qu’on vient de citer, touchent d’autres régions, comme la Bourgogne, alors qu’on n’en rencontre pas d’exemples précoces en Gaule du Nord : celle de Rouvres-en-plaine, d’Isômes, de Nicey, de Corgoloin, de Comblanchien par exemple66, dans lesquelles le bâti finit par constituer une véritable cour intérieure autour d’un espace d’agrément qui n’a plus qu’un lointain rapport avec l’espace “urbain” des premières “Grandes villae à pavillons multiples alignés” : les influences méditerranéennes l’emportent alors très nettement sur les origines autochtones de ces demeures campagnardes qui n’ont plus grand chose à envier à leurs modèles méridionaux.
De ces quelques réflexions sommaires dont j’ai bien conscience qu’elles ne sont pas toutes neuves et originales, émergent quelques conclusions qui renforcent plutôt qu’elles ne contredisent les considérations formulées par K.H. Lenz, qui avaient constitué mon point de départ. Il paraît essentiel, pour commencer, de considérer les établissements ruraux gallo-romains dans leur évolution chronologique longue, sans les dissocier de leurs antécédents protohistoriques dont elles sont les héritières directes, dans nombre de cas. Il convient d’insister sur le fait que l’émergence des premières villae adoptant des formes et des modes de construction romains ne se produit guère avant au plus tôt le milieu du Ier siècle de notre ère, à quelques exceptions près67, voire plus tardivement. L’évolution des recherches récentes d’archéologie préventive, en France notamment, vient montrer le caractère fécond des prémisses du colloque AGER II de 1996 et en renforcer sensiblement les conclusions68.
Une seconde observation réside dans le fait que les formes d’établissements ruraux doivent être soigneusement distinguées de celles de l’habitat proprement dit. De l’infinie variation des possibles se distinguent toutefois quelques grandes tendances : la diffusion plus limitée qu’on ne l’a dit des “Grandes villae à pavillons multiples alignés” qui n’apparaissent pas dans toutes les régions et ne constituent pas, loin de là, l’exemple le plus courant. Il serait intéressant, au passage, de s’interroger sur une possible spécificité de leurs productions, mais ceci ne peut se faire que par un croisement complexe d’informations issues de données archéobotaniques et zoologiques, au minimum. Je ne suis pas sûr, pour ma part, qu’elles constituent uniquement le marqueur d’une classe sociale supérieure de grands entrepreneurs agricoles ou d’une vieille aristocratie foncière, malgré leurs antécédents protohistoriques, plusieurs exemples le montrent clairement.
C’est plutôt dans les formes de l’habitat de la partie résidentielle qu’on peut, éventuellement, constater des spécificités locales, mais la recherche, sur ce point, mériterait d’être approfondie. Or elle s’avère complexe, faute d’abord d’inventaires régionaux précis, faute aussi d’études archéologiques modernes suffisamment nombreuses pour détailler l’évolution chronologique des structures et leurs transformations dans le temps. D’une certaine manière, l’exercice qui consiste à réétudier les fouilles anciennes sans documentation nouvelle s’avère trop souvent stérile. Cette observation condamne, ou du moins relativise fortement la tentation du classement typologique, si fréquente chez les archéologues antiquisants, lorsqu’on ne comprend pas l’évolution dans le temps des structures qu’on décrit et qu’on raisonne sur des formes qui sont l’ultime étape d’une série de transformations architecturales. Si l’époque romaine a apporté des changements incontestables dans l’organisation des campagnes, c’est, à mon sens, dans l’évolution des formes de production et surtout dans celles des circuits économiques, plus, en tout cas, que dans celles de l’habitat rural dont l’apparence fausse assez souvent notre vision des choses, quand nous ne pouvons l’appréhender dans son évolution chronologique. L’incontestable transformation progressive de l’habitat rural vers une architecture luxueuse “à la romaine”, dans le courant du second siècle et au début du troisième ne doit pas non plus occulter la persistance d’un habitat plus modeste, qui n’est pas nécessairement incompatible avec une productivité agro-pastorale réelle.
Ces questions ont été plus largement reprises et traitées par A. Nüsslein, N. Bernigaud et M. Reddé, “Les établissements ruraux du Haut-Empire”, in : M. Reddé (dir.), Gallia Rustica 2. Les campagnes du nord-est de la Gaule, de la fin de l’âge du fer à l’Antiquité tardive, Ausonius Mémoires 50, Bordeaux, 2018, p. 133-233, [en ligne] https://ressources.una-editions.fr/s/EtkRnDRHt4sTep4 [consulté le 02/09/22].
Pour une synthèse plus approfondie sur les établissements ruraux de l’âge du Fer, voir S. Fichtl, “Les établissements ruraux de La Tène Finale”, in : Reddé 2018 (note *), p. 85-131.
Voir sur ce point R. Giljohann, A. Hunold, S. Wenzel, “Rural Life and Industry between the Eifel and the Rhine”, in : M. Reddé (dir.), Gallia Rustica 1. Les campagnes du nord-est de la Gaule, de la fin de l’âge du Fer à l’Antiquité tardive, Ausonius Mémoires 49, Bordeaux, 2017, p.125-152, [en ligne] https://ressources.una-editions.fr/s/jkrj2SffcNDZzaL [consulté le 02/09/22].
Notes
- La bibliographie est considérable et je n’ai pas de prétention, dans cette brève étude, à l’exhaustivité. Je me contenterai de citer les travaux que je juge pertinents pour mon propos. On trouvera deux bonnes introductions générales en langue allemande dans F. Reutti, art. “Villa”, in : RGA, 32, Berlin, 2006, p. 375-387 et H. Bender, “Bauliche Gestalt und Struktur römischer Landgüter in den nord-westlichen Provinzen des Imperium Romanum”, in : P. Herz, G. Waldherr (éd.), Landwirtschaft im Imperium Romanum, Pharos XIV, Skt. Katharinen 200, p. 1-40 ; en langue française, le seul ouvrage d’ensemble reste celui de A. Ferdière, Les campagnes en Gaule romaine, Paris, 1988 ; en langue anglaise, l’ouvrage de J.T. Smith, Roman Villas. A Study in social Structure, Londres-New York, 1997) s’est essentiellement intéressé à l’habitat rural, non à l’ensemble des structures productives. On lui préférera de beaucoup aujourd’hui la réflexion de D. Habermehl, Settling in a Changing World, Amsterdam Archaeological Studies 19, Amsterdam, 2013.
- K.H. Lenz, “Villae rusticae: Zur Entstehung dieser Siedlungsform in den Nordwestprovinzen des römischen Reiches”, Kölner Jahrb., 31, 1998, p. 49-70.
- D. Bayard, J. Collart (éd.), De la ferme indigène à la villa romaine. La romanisation des campagnes de la Gaule, Actes du deuxième colloque de l’Association AGER tenu à Amiens (Somme) du 23 au 25 septembre 1993, RAP Numéro spécial 11, Amiens, 1996.
- R. Agache, B. Bréart, Atlas d’archéologie aérienne de Picardie. Le Bassin de la Somme et ses abords à l’époque protohistorique et romaine, Amiens, 1974 ; R. Agache, “La campagne à l’époque romaine dans les grandes plaines du nord de la France d’après les photographies aériennes”, in : ANRW, II, 4, 1975, p. 658-713 ; R. Agache, La Somme préromaine et romaine d’après les prospections aériennes à basse altitude, Amiens, 1978.
- Le site a fait l’objet d’une monographie complète (F. Lemaire, P. Rossignol, P. Lemaire et coll., À l’origine de la villa romaine : l’exemple du site exceptionnel du “Fond de la Commanderie” à Conchil-le-Temple (Pas-de-Calais). Établissements ruraux antiques-Espaces funéraires et atelier saunier-Habitat du haut Moyen Âge, Nord-Ouest Archéologie 15, Berck-sur-Mer, 2012). On sait aujourd’hui qu’il a été précédé chronologiquement par des établissements analogues datés de LTD2a, notamment celui de Batilly-en-Gâtinais. Voir sur ce point S. Fichtl, “La villa gallo-romaine, un modèle gaulois ? Réflexions sur un plan canonique”, in : S. Grunwald, J. Katharina Koch, D. Mölders et al. (dir.), ARTeFACT. Festschrift für Sabine Rickhoff zum 65. Geburtstag, Universitätsforschungen zur prähistorischen Archäologie 17, Bonn, 2009, p. 439-448 ; S. Fichtl, “Die gallische Villa von Batilly-en-Gâtinais (Loiret) und die Frage nach dem Ursprung der grossen villae ‘à pavillons multiples alignés’”, Alemanisches Jahrbuch, 2012, p. 127-142.
- L’expression de “Portikusvilla mit Eckrisaliten” remonte à la science allemande du début du XXe siècle et elle a été particulièrement développée par K.M. Swoboda, Römische und Romanische Paläste. Eine architekturgeschichtliche Untersuchung, Wien, 1919, dont l’ouvrage a été republié deux fois. La troisième édition, en 1969, comprend des adjonctions notables pour tenir compte des nouvelles découvertes (chapitre IX), mais sans modification du texte d’origine. L’impact de ce travail, non remplacé pendant un demi-siècle, a été considérable. L’auteur, s’appuyant sur l’étude antérieure des peintures pompéiennes et des mosaïques de Thabarca par M. Rostowzew, “Pompeianische Landschaften und römische Villen”, Jahrb. Kais. DAI, 19, 1904, p. 103-126, considérait que ce type d’architecture, très fréquent dans les provinces gauloises, était d’origine italienne. Il en donnait pour preuve son analyse de la description de la villa de Pline le Jeune en Toscane (Ep., 5.6), non sans s’étonner, d’ailleurs, qu’aucune villa de ce type à galerie de façade et pavillons d’angle n’ait été découverte en Italie… Ces travaux, appuyés essentiellement sur des textes et des représentations iconographiques, ont privilégié durablement l’importance de la façade et de l’architecture d’agrément et de représentation dans la structuration des domaines ruraux des provinces occidentales.
- H. Bender, H. Wolff, Ländliche Besiedlung und Landwirtschaft in den Rhein-Donau-Provinzen des römischen Reiches. Passauer Universitätsschriften zur Archäologie 2, Passau, 1994.
- M. Rind, Die römische Villa als Indikator provinzialer Wirtschafts-und Gesellschaftsstrukturen, Oxford, 2015. Ce n’est pas le lieu de faire ici un compte rendu détaillé de cet ouvrage, que je proposerai ailleurs.
- Habermehl 2013 (note 1).
- On pourrait objecter à l’auteur que, du point de vue géomorphologique, le nord de la France est plus hétérogène qu’il ne semble l’indiquer, et que la Picardie n’est pas représentative de tout cet ensemble qu’il appelle, un peu fâcheusement, “north-western France”, mais là n’est pas l’essentiel.
- Voir notamment C. Haselgrove, “Roman impact on rural settlement and society in southern Picardy” in : N. Roymans, From the Sword to the Plough. Three Studies on the earliest romanisation of northern Gaul. Amsterdam Archaeological Studies 1, Amsterdam, 1996, p. 127-187, sc. 153 ; C. Haselgrove, “The age of enclosure: Later Iron Age Settlement and Society in Northern France”, in : C. Haselgrove, T. Moore (éd.), The Later Iron Age in Britain and Beyond, Oxford, 2007, p. 492-522.
- N. Bernigaud, P. Ouzoulias, S. Lepetz, J. Wiethold, V. Zech-Matterne, J.-M. Séguier, M. Reddé, “Exploitations agricoles et pratiques agro-pastorales dans les campagnes du nord-est de la Gaule (IIe s. av. J.-C.-Ve s. ap. J.-C.) : l’apport des données de l’archéologie préventive d’Île-de-France et de Lorraine”, in : M. Reddé (éd.), Méthodes d’analyse des différents paysages ruraux dans le Nord-Est de la Gaule romaine. Études comparées (hiérarchisation des exploitations ; potentialités agronomiques des sols; systèmes de production ; systèmes sociaux), Paris, 2016, p. 75-76 (https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01253470).
- On cite cet exemple caractéristique bien que l’établissement ne soit probablement pas exclusivement voué à l’agriculture, mais aussi à des activités métallurgiques (F. Malrain, L. Blondiau, C. Chaidron, G. Auxiette, V. Legros, E. Pinard, “Les enclos laténiens sont-ils toujours des fermes ?”, RAP, 3-4, 2007, p. 17-55).
- Voir un bon exemple dans F. Malrain, E. Pinard (éd.), Les sites laténiens de la moyenne vallée de l’Oise du Ve au Ier s. avant notre ère. Contribution à l’histoire de la société gauloise, RAP Numéro spécial 23, 2006.
- F. Malrain, Fonctionnement et hiérarchies des fermes dans la société gauloise du IIIe siècle à la période romaine : l’apport des sites de la moyenne vallée de l’Oise, Université de Paris I, 2000. La thèse est malheureusement restée inédite.
- La littérature sur cette question est abondante et bien connue. Pour une approche commode et récente en langue anglaise et de nombreux plans en couleur, voir par exemple N. Roymans, T. Derks, H.A. Hiddings, The Roman Villa of Hoogeloon and the Archaeology of the Periphery, Amsterdam Archaeological Studies 22, Amsterdam, 2015, p. 61-73.
- S. Fichtl, “À propos des résidences aristocratiques de la fin de l’âge du Fer : l’exemple de quelques sites du Loiret”, in : S. Krausz, A. Colin, K. Gruel, I. Ralston, T. Dechezleprêtre, L’âge du Fer en Europe. Mélanges offerts à Olivier Buchsenschutz, Bordeaux, 2013, p. 329-343, [en ligne] https://una-editions.fr/l-age-du-fer-en-europe [consulté le 22/08/22].
- A. Ferdière, C. Gandini, P. Nouvel, J.-L. Collart, “Les grandes villae ‘à pavillons multiples alignés’ dans les provinces des Gaules et des Germanies : répartition, origine et fonction”, RAE, 59-2, 2010, p. 357-446.
- Sur Verneuil-en-Halatte, voir J.-L. Collart, “La naissance de la villa en Picardie : la ferme gallo-romaine précoce”, in : Bayard, Collart 1996 (note 3), p. 124-132.
- Les plans sont extraits de J.-L. Collart, “De la ferme gauloise à la villa : Roye”, in : G. Gautier (dir.), Roger Agache, détective du ciel. Découverte de l’archéologie aérienne, Musée archéologique de l’Oise, 2013, p. 94-97 (Roye) ; D. Bayard, P. Lemaire, “Éléments de synthèse”, in : D. Bayard, N. Buchez, P. Depaepe (dir.), “Quinze années d’archéologie préventive sur les grands tracés linéaires en Picardie, Seconde partie”, RAP, 2014, 3-4, p. 127-128 (Behen et Martainneville).
- C. Schucany, Die römische Villa von Biberist-Spitalhof / SO. (Grabungen 1982, 1983, 1986-1989). Untersuchungen im Wirtschaftsteil und Überlegungen zum Umland, Remshalden, 2006, abb. 9/1 vs Abb. 10/31.
- Ferdière et al. 2010 (note 18) en donnent de multiples exemples.
- La notion apparaît déjà dans N. Roymans 1996 (note 11) mais a été développée à plusieurs reprises, notamment dans N. Roymans, T. Derks, Villa landscapes in the Roman North. Economy, Culture and Lifestyles, Amsterdam Archaeological Studies 17, Amsterdam, 2011.
- C.M. Hüssen, Die römische Besiedlung im Umland von Heilbronn, Forschungen und Berichte zur Vor-u. Frühgeschichte in Baden-Württemberg 78, Stuttgart, 2000.
- J. Trumm, Die römerzeitliche Besiedlung am östlichen Hochrhein, Materialhefte zur Archäologie in Baden-Württemberg 63, Stuttgart, 2002. On en observe en revanche en Bade et en Alsace, au climat plus doux et aux sols plus fertiles, comme le montrent les exemples de Heitersheim ou de Habsheim (voir les plans dans Ferdière et al. 2010 (note 18), p. 412 et 428.
- Schucany 2006 (note 21) ; C. Ebnöther, Der römische Gutshof von Dietikon, Monographien der Kantonsarchäologie Zürich 25, Zurich, 1995 ; J. Rychener, Der römische Gutshof in Neftenbach, Monographien der Kantonsarchäologie Zürich 31, Zurich-Egg, 1999. Il ne s’agit là que de quelques exemples célèbres et récemment fouillés.
- T. Fischer, Das Umland des römischen Regensburg, Munich, 1990.
- Voir notamment les actes de l’important colloque tenu à Mayence en 2011 (M. Grünewald, S. Wenzel (éd.), Römische Landnutzung in der Eiffel. Neue Ausgrabungen und Forschungen. Tagung in Mayen, vom 3. bis zum 6. November 2011, RGZM Tagungen 16, Mayence, 2012). Pour une bonne carte des ressources économiques de ce secteur, voir B. Beyer-Rotthoff, M. Luik, mit einem Beitrag von L. Loscheider, Geschichtlicher Atlas der Rheinlande, Beiheft III/ 3-4. Wirtschaft in römischer Zeit, Bonn, 2007. La carte, malheureusement, ne représente pas les installations agricoles, ce qui limite l’interprétation qu’on peut en faire. Il en va de même de l’ouvrage de P. Rothenhöfer, Die Wirtschaftsstrukturen in südlichen Niedergermanien. Untersuchungen zur Entwicklung eines Wirtschaftsraumes an der Peripherie des Imperium Romanum, Kölner Studien zur Archäologie der römischen Provinzen 7, Rahden, 2005.
- S. Seiler, Die Entwicklung der römischen Villenwirtschaft im Trierer Land. Agrarökonomische und infrastrukturelle Untersuchungen eines römischen Wirtschaftsgebiets, Philippika 81, Wiesbaden, 2015.
- J. Metzler, J. Zimmer, L. Bakker, Ausgrabungen in Echternach, Luxembourg, 1981.
- Voir, en dernier lieu, la fouille de la villa de Liéhon à Larry (J.-D. Laffite, Recherche sur la pars rustica de la villa de Larry à Liéhon (France, Moselle), 2015 (https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01171535).
- Dimensions approximatives calculées d’après les plans publiés.
- Je renvoie ici à ce que j’ai écrit de manière plus développée dans M. Reddé, “Fermes et ‘villas’ romaines en Gaule Chevelue : la difficile confrontation des sources classiques et des données archéologiques”, Annales HSS ,72-1, 2017, p. 47-74 (= n°40).
- Faute de synthèse générale, sans doute difficile à produire en raison de la masse d’informations collectées, l’étude réalisée par U. Heimberg, “Römische Villen an Rhein und Maas”, Bonner Jahrb., 202-203, 2002-2003, p. 57-148 reste la plus commode à consulter. Sur les thermes, voir M. Dodt, Bäder römischer Villen im Braunkohlenrevier, in : J. Kunow (éd.), Braunkohlenarchäologie im Rheinland. Entwicklung von Kultur, Umwelt und Landschaft. Kolloquium der Stiftung zur Förderung der Archäologie im rheinischen Braunkohlenrevier in Brauweiler vom 5.-6. Oktober 2006, LVR – Amt für Bodendenkmalpflege im Rheinland, 2010, p. 99-103 et [en ligne] http://hss.ulb.uni-bonn.de/2003/0117 [consulté le 28/08/22].
- Seiler 2015 (note 29), p. 270-277 ; D. Krausse, Eisenzeitlicher Kulturwandel und Romanisierung im Mosel-Eifel-Raum. Die keltisch-römische Siedlung von Wallendorf und ihr archäologisches Umfeld, Römisch-Germanische Forschungen 63, Mayence, 2006.
- Bayard, Lemaire 2014 (note 20).
- Hüssen 2000 (note 24), p. 91 ; Trumm 2002 (note 25).
- À distinguer naturellement des halles de types Alphen-Ekeren, propres à l’aire septentrionale et originaires du monde germanique. Dans sa typologie générale, Reutti 2006 (note 1) s’était déjà posé la question de l’origine “gauloise” de ce type d’habitat.
- J. N. Andrikopoulou-Strack et al., “Der frührömische und kaiserzeitliche Siedlungsplatz in Pulheim-Brauweiler”, Bonner Jahrb., 200, 2000, p. 409-488, fig. 12.
- Habermehl 2013 (note 1), p. 55-73.
- Agache 1978 (note 4), p. 287.
- Habermehl 2013 (note 1), p. 60, fig. 3.22.
- Smith 1997 (note 1).
- R. Brulet, Les Romains en Wallonie, Bruxelles, 2008, p. 346, 365, 366, 422, 452, 458, 475, 478, 486, 488, 490, 523, 525, 560, 565, 566. Cette liste, non limitative, couvre les différentes régions du pays.
- V. Poinsignon, “Implantation et esquisse d’une typologie des villae gallo-romaines en Alsace et en Lorraine”, Cahiers Alsaciens Arch., 30, 1987, 107-130. Pour d’autres cas dans la vallée de la Moselle, voir Bernigaud et al. 2016 (note 12), p. 91-94.
- G. Brkojewitsch, S. Marquié, G. Daoulas, G. Remor de Oliveira, G. Jouanin, N. Garnier, M. Brunet, S. Sedlbauer, W. Tegel, N. Cantin, V. Thirion-Merle, “La villa gallo-romaine de Grigy à Metz (Ier s. apr. J.-C.-Ve s. apr. J.-C. Caractérisation fonctionnelle des structures et identification des activités artisanales”, Gallia, 71-2, 2014, p. 261-305.
- Un examen rapide des photographies aériennes de R. Goguey en montre différents exemples probables en Côte-d’Or, à côté de nombreux autres types. Voir R. Goguey, A. Cordier, Photographie aérienne et archéologie. Une aventure sur les traces de l’Humanité, Gollion, 2015, p. 135, par exemple. L’étude doit toutefois être poursuivie et affinée.
- Seiler 2015 (note 29), Katalog.
- P. Henrich, “Die römische Besiedlung in der westlichen Vulkaneiffel”, Trierer Zeitschrift, 30, Trèves, 2006, 163 et pl. 55.
- Hüssen 2000 (note 24), p. 86-90, fig. 45.
- R. Rothkegel, Der römische Gutshof von Laufenburg, Forsch. u. Ber. BW 43, Stuttgart, 1994, fig. 10.
- A. Gaubatz-Sattler, Die Villa rustica von Bondorf, Forsch. u. Ber. BW 51, Stuttgart, 1994, fig. 50.
- Heimberg 2002-2003 (note 34), fig. 35.
- B. Köhler, Villa rustica Frimmersdorf 49 und Villa rustica Frimmersdorf 131. Studien zur römischen Besiedlung im Braunkohlentagebaugebiet Garzweiler I, On-line Dissertation, Universität zu Köln, 2005, [en ligne] http://nbn-resolving.de/urn:nbn:de:hbz:38-16888 [consulté le 22/08/22].
- Bon rappel de cette question dans Smith 1997 (note 1), p. 23.
- K. Heiligmann-Batsch, Der römische Gutshof bei Büsslingen, Forsch. u. Ber. BW 65, Stuttgart, 1997, fig. 4 et 27.
- G. Moosbauer, Die ländliche Besiedlung im östlichen Raetien während der römischen Kaiserzeit: Stadt und Landkreise Deggendorf, Dingolfing-Landau, Passau, Rottal-Inn, Straubing und Straubing-Boggen, Passauer Universitätschriften zur Archäologie 4, Rahden, 1997.
- Reutti 2006 (note 1), p. 1-12.
- Swoboda 1919 (note 6) ; on peut aussi ajouter H. Mielsch, Die römische Villa. Architektur und Lebensform, Munich, 1987.
- P. Gros, L’architecture romaine du début du IIIe siècle av. J.-C. à la fin du Haut-Empire. 2. Maisons, palais, villas et tombeaux, Paris, 2001, p. 267.
- Seiler 2015 (note 29), p. 216.
- Toutes ces reconstructions ne sont pas, naturellement, limitées à des réoccupations purement utilitaires ou dues à des squatters s’installant dans un paysage de ruines. Voir P. Van Ossel, Établissements ruraux du Nord de l’Antiquité tardive dans le Nord de la Gaule, Gallia Suppl. 51, Paris, 1992 ; pour la zone trévire, Seiler 2015 (note 29), p. 99-101.
- Voir B. Pichon, L’Aisne, CAG 02, Paris, 2002.
- Sur la pars rustica de cette grande villa, issue d’une exploitation agricole proche de celle de Verneuil-en-Halatte mais considérablement restructurée au début du second siècle et devenue l’une des plus grandes de Picardie, avec une occupation durable jusque dans le dernier tiers du IIIe siècle (et des réoccupations ultérieures), voir désormais M. de Muylder, G. Aubazac, F. Broes, S. Dubois, B. Dubuis, C. Font, A. Morel, “Un grand domaine aristocratique de la cité des Viromanduens : la villa de la Mare aux Canards (Noyon, Oise)”, Gallia, 72-2, 2015, p. 281-299.
- Brulet 2008 (note 44), p. 425-429.
- Goguey, Cordier 2015 (note 47), p. 165-190.
- La villa de Richebourg constitue par exemple une de ces exceptions. Voir Y. Barat, “La villa gallo-romaine de Richebourg (Yvelines)”, RACF, 38, 1999, p. 117-167.
- Bayard, Collart 1996 (note 3).