Chercher à comprendre l’œuvre et la postérité de Gabriel de Mortillet revient, pour une large part, à questionner le contexte d’émulation propre à l’émergence des études préhistoriques. Par-delà la figure charismatique du maître, les actes de ce colloque nous invitent en effet à déporter notre regard, à faire un pas de côté pour mieux saisir les conditions historiques du développement de la discipline. Car, derrière Mortillet – ou plutôt à ses côtés –, ce sont certaines des personnalités majeures de la génération 1860 qui s’esquissent ; celles précisément qui ont fondé l’anthropologie préhistorique au sens où on l’entendait durant le second tiers du XIXe siècle. La plupart d’entre elles nous sont connues ; d’autres, confusément perçues car tenues à distance, nous échappent pour une large part. Parmi ces figures, celle de Guillaume-Joseph Bailleau (1830-1909) se distingue par l’originalité et l’ampleur de son parcours. Longtemps restée confidentielle, elle est aujourd’hui mise en lumière par un solide dossier des sources, constitué pour l’essentiel d’archives inédites. Il met en exergue une personnalité de premier plan, dont la pratique archéologique, entre terrain et collection, lui permit très tôt d’envisager, sous un jour singulier, les enjeux épistémologiques de la Préhistoire naissante.
Une personnalité centrale
de la première Préhistoire
En cela, le docteur Bailleau compte pleinement parmi les principaux acteurs de la première Préhistoire, celle intimement liée à l’Exposition universelle de 1867 et à la création du musée de Saint-Germain-en-Laye. Le constat est d’autant plus vrai qu’une part significative de ses collections y est aujourd’hui encore conservée, fruit d’échanges presque ininterrompus entre l’institution et le médecin au cours du second XIXe siècle ; au détour de son abondante production, il apparaît surtout que Bailleau a contribué de manière décisive à la construction intellectuelle de l’archéologie préhistorique, à l’écart, certes, des courants de pensée dominants mais en cherchant inlassablement à rassembler les matériaux nécessaires à la structuration d’un nouveau champ théorique.
De ce point de vue, les découvertes de Châtelperron traversent toute l’histoire de la Préhistoire, jusqu’aux recherches récentes de Henri Delporte. C’est à Bailleau que l’on doit d’avoir porté la lumière sur ce gisement, “station classique” devenue éponyme, en aiguillant l’intérêt des savants jusqu’à forcer, en dernière instance, sa reconnaissance. Car le médecin est tout à la fois homme de terrain et homme de réseau. Comme l’écrivait avec pertinence Delporte lors des commémorations du centenaire des fouilles de la Grotte des Fées, “Bailleau a eu un double mérite : d’abord celui de se plonger profondément, peut-être d’ailleurs du fait de sa profession, dans l’étude d’une région bien délimitée, [la parcourant et la visitant] de façon intensive et essayant d’en tirer tout ce qui, sur le plan préhistorique, pouvait objectivement être observé ; [celui ensuite de maintenir] le contact avec les préhistoriens de son temps1”. Nous pensons à Lartet et Mortillet bien sûr, mais aussi, à une ou deux générations de distance, à Déchelette ou Breuil. C’est en cela que réside l’originalité de sa contribution : savant délibérément voué à la connaissance palethnographique d’un fragment de territoire circonscrit au centre de la France, il a participé directement à la construction d’une préhistoire française qui se pensait confusément, à cette époque, comme une Préhistoire mondiale.
Ce que nous savons de lui, ou plutôt ce que nous sommes en mesure de restituer de son parcours, repose sur un dossier des sources solidement charpenté – et qui n’est sans doute pas clos. Dépouillé à la faveur de cette étude, il rassemble ce qu’ont pu rapporter de lui ses contemporains et successeurs, parfois sous un prisme déformant ; il se compose surtout d’une vaste correspondance avec les personnalités prépondérantes de la première Préhistoire : Édouard Lartet, dont les archives sont désormais conservées à la Bibliothèque de l’Arsenal de Toulouse2, mais aussi Gabriel de Mortillet dont une partie de la documentation est rassemblée au musée d’Archéologie nationale3 et à l’Institut de Paléontologie humaine4. En marge du premier cercle de l’archéologie préhistorique, ses échanges avec l’égyptologue François Chabas autour des découvertes de Volgu (Saône-et-Loire, 1874), aujourd’hui compilés dans trois manuscrits de l’Institut de France, éclaire en miroir le parcours de personnalités versées par le hasard des événements dans la science préhistorique5.
Au sein de ce corpus, les lettres rédigées par Bailleau livrent des comptes rendus circonstanciés de ses recherches, abordent des questionnements théoriques plus larges et évoquent, cela va de soi, le devenir des collections constituées. Ce qui fait toutefois la spécificité de ce dossier, c’est la présence d’un journal manuscrit, aujourd’hui conservé dans les archives privées de la famille, mais dont des copies ont anciennement été déposées aux Archives départementales de l’Allier et au Service régional de l’archéologie d’Auvergne-Rhône-Alpes. Intitulé Notices et pérégrininations. Souvenirs archéologiques, le document fut parfois familièrement qualifié, à la suite de Bailleau, de Bric-à-brac. Il couvre une longue séquence qui s’étire de 1866 à 1907, soit l’essentiel de son activité archéologique. Dans ce manuscrit, le médecin rend compte, presque au jour le jour, de ses découvertes et acquisitions de mobiliers, mais aussi de la construction progressive d’une réflexion à large spectre sur l’origine et l’évolution de l’Homme. Élaborée dans une visée palethnographique, au sens premier du terme, elle se tient volontairement à distance des préoccupations typo-chronologique de ses correspondants. En cela, elle se démarque nettement de tout un courant de pensée qui va devenir dominant à partir de 1870. Sur ce point comme d’autres, Bailleau refusa toujours d’emboîter le pas de ses contemporains les plus en vue, dont Mortillet et ses suivants. Il ne fut pas le seul. Dans ces conditions, tenter de retracer l’histoire de la première Préhistoire suppose d’explorer un noyau extraordinairement dense – d’où surgit une discipline nouvelle, dans un contexte de profonde effervescence intellectuelle – et de plonger dans un problème qui superpose l’histoire d’une production scientifique à celle de sa progressive institutionnalisation. Il faut pour cela réinterroger la vitalité des débats enfouis, faire resurgir la puissance des questionnements, la violence des discussions, l’addition des perplexités qui ont traversé toute la seconde moitié du XIXe siècle ; en somme, reprendre de l’intérieur le fil des arguments et des revendications autour desquels se sont noués les positions nouvelles et les compromis.
Portrait du médecin en archéologue
Une des manières les plus efficaces de questionner cette histoire réside dans l’approche de ses marges floues, de ses lisières ambigües, des espaces d’incertitude où se joue le théâtre des équivoques fondatrices. En la matière, le docteur Bailleau entre très tôt en scène, comme par effraction. Pour comprendre sa position singulière sur la place préhistorienne, il convient de revenir rapidement sur son parcours. Né à Pierrefitte-sur-Loire (Allier) en 1830, G.-J. Bailleau reçoit sa première formation au lycée de Moulins (jusqu’en 1848) avant de poursuivre des études de lettres à Clermont-Ferrand (1848-1850). À vingt ans, il intègre la faculté de médecine de Paris où il soutient, en 1856, un doctorat consacré aux effluves marécageux et à l’infection paludéenne6,ce sans mention particulière. S’ils ne participent pas à son jury d’examen, l’anatomiste Alfred Velpeau (1795-1867) et surtout le chirurgien Paul Broca (1824-1880) enseignent régulièrement devant sa promotion7. Par la suite et de manière surprenante, Bailleau ne maintint toutefois pas le lien avec ses anciens professeurs ; bien plus, il ne rallia jamais la Société d’anthropologie de Paris fondée en 1859 par Broca et qui comptait dans ses rangs de nombreux représentants des professions médicales. Nous reviendrons par la suite sur ce point, mais il convient dès à présent de noter que 1856 semble marquer une rupture entre le “pauvre médecin de campagne8” et le monde parisien qui a pourtant largement contribué à sa formation. De retour en Bourbonnais, il ne cessa pourtant jamais d’exercer sa profession dans la région, parallèlement à une intense activité archéologique. Voilà ce qu’il écrit en exergue de son Journal :
“J’ai aujourd’hui 36 ans, cela ne fait rien à la chose, mais en écrivant cette date que le hasard a amenée sous ma plume, je commence par constater que voici 10 ans déjà que j’exerce la médecine à Pierrefitte. Et pendant les loisirs que m’a laissés la clientèle je me suis occupé un peu de rechercher les traces des premiers hommes dans nos contrées9.”
Archéologue autodidacte, pour ce que nous en savons, il ne semble avoir bénéficié d’aucun appui local. “Jusqu’à mon arrivée dans ce pays, je n’ai guère connaissance que d’une seule personne qui se soit occupée de recherches archéologiques à Pierrefitte, Monsieur Lemoine, ancien notaire, qui du reste ne s’est guère occupé que de l’époque gallo-romaine9”. Membre correspondant de la Société d’émulation de l’Allier dès 1857, il entre pourtant très tôt en relation avec Alfred Bertrand (1826-1912) ou Louis Esmonnot (1807-1887), sans que ces rencontres s’avèrent déterminantes, du point de vue de la Préhistoire à tout le moins. Ses échanges avec Albert Poirrier (1804-1868), ingénieur en chef des mines de Bert et inventeur du gisement de Châtelperron, bien que réguliers, furent par ailleurs trop distendus pour que la transmission s’opère autrement qu’à la marge avec le paléontologue, de vingt ans son aîné10. C’est donc de sa seule initiative que Bailleau prospecte la partie orientale du Bourbonnais, soit directement, soit par l’intermédiaire de ses patients qui connaissent sa passion pour les antiquités. Parallèlement à ses explorations, il entre de surcroît en relation avec certaines personnalités qualifiées, parmi lesquelles figure le paléontologue Édouard Lartet.
À la suite de leur rencontre lors du Congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques de Paris (1867), les deux hommes vont entretenir une vaste correspondance dont l’objectif essentiel est de transmettre à Bailleau les compétences pratiques et les connaissances théoriques nécessaires à son édification. Dans son courrier du 27 juillet 1867, le médecin remercie ainsi Lartet “de toutes les ficelles du métier [qu’il lui a] apprises pour extraire les ossements fossiles11”. Au fil des correspondances, les conseils sont nombreux. Quelques années plus tard, Bailleau confie à la mort du savant : “Je perds en lui non seulement un ami mais, ce qui valait mieux encore, un homme de bon conseil et un protecteur pour tout esprit de recherche. À qui s’adresser maintenant quand j’aurai besoin de renseignements ou de conseils12 ?”. C’est dans cette relation privilégiée qu’il faut chercher si ce n’est l’origine, tout du moins la confirmation de la vocation de Bailleau pour la science préhistorique. Par la suite, le médecin n’aura de cesse de se référer à son maître – qu’il appelle affectueusement “papa13” – pour appuyer les relations qu’il fera de ses découvertes et, surtout, les interprétations prudentes qu’il pourra en donner.
Outre ses échanges avec Lartet, la formation de Bailleau s’opère par la recension d’ouvrages savants. S’il ne fait pas mention des Antiquités celtiques et antédiluviennes (1847-1864) de Boucher de Perthes14, il a lu les publications d’Édouard Desor sur les sites palafittiques de Suisse (1865)15. Les manuels lui font toutefois défaut et c’est au hasard de ses lectures qu’il puise ses premières références : ainsi du livre controversé de Samuel-Henry Berthoud, L’Homme depuis cinq mille ans (1865), qu’il cite dans son journal avant de réviser sa position quelques années plus tard, en dénonçant dans la marge “des blagues” sans fondement16. Pour autant, “les livres traitant de cette matière sont trop rares et souvent trop chers pour les petites bourses17”. C’est donc dans les périodiques spécialisés, comme la Revue archéologique fondée en 1844 que Bailleau cherche des comparaisons à ses trouvailles. Il y découvre, en 1864, l’article fondateur de Lartet et Christy18 qui lui permet de proposer un premier cadre de classement aux industries qu’il a collectées19. À défaut de compulser les Reliquiae Aquitanicae (1865-1875), le médecin se plonge avec ardeur dans d’autres lectures. Le 15 octobre 1866, il écrit à Mortillet que “sans avoir l’honneur de [le] connaître personnellement, [il a] déjà lu plusieurs de ses articles17”, notamment dans la deuxième livraison des Matériaux pour l’histoire positive et philosophique de l’Homme. Mais l’abonnement aux revues est une charge, et ce d’autant plus que le médecin n’y trouve pas toujours son compte : “J’ai été abonné à la Revue archéologique, mais j’ai cessé, ayant trouvé que l’ouvrage était plus fait pour un savant que pour un médecin de campagne. Le prix, du reste, était trop élevé pour le peu que j’y pouvais prendre20”.
Bailleau profite toutefois de l’opportunité inattendue de ses échanges avec Mortillet pour commander le premier numéro des Matériaux, paru en 1864 et qui lui a visiblement échappé. L’ayant reçu, il en explore à la hâte le contenu et résume :
“En en coupant les feuillets, je l’ai rapidement parcourue et j’ai vu que j’avais beaucoup à apprendre, mais je ne croyais pas qu’on put, entre gens sérieux et instruits pourtant, soutenir des théories semblables à celles de certains savants qui nient les silex taillés des temps préhistoriques. C’est agir de mauvaise foi et avec une opinion préconçue. Il y en a malheureusement dans tous les pays et ils abondent aussi dans le Bourbonnais. L’étude de l’Âge de pierre marchera quand même et plus qu’aucune autre elle pourra dire paulatim crescam21.”
À l’instar des études sur l’âge de Pierre, Bailleau “grandit petit à petit”. Par la suite et alors que ses ambitions se précisent, notamment sur le terrain de Châtelperron (Allier), il n’a de cesse de solliciter ses mentors pour parfaire ses connaissances. À la mort de Lartet, il en appelle notamment à Mortillet à qui il réclame à plusieurs reprises22 un tirage de son ouvrage L’Homme primitif, publication projetée et reportée sine die, avant de prendre corps dans la somme monumentale Le Préhistorique : origine et antiquité de l’Homme (1883).
Irruption de Bailleau sur la scène préhistorienne
Si la formation archéologique du docteur Bailleau est charpentée par ses lectures en solitaire, l’essentiel de son apprentissage réside dans une pratique quasi-quotidienne du terrain. Dès 1856, comme il l’indique dans son journal, le médecin part sur “les traces des premiers hommes9” dans les contrées du val de Besbre et du val de Loire qu’il connaît si bien.
Pour autant, sa quête des origines de l’humanité semble plus neuve, comme il l’indique plus loin, évoquant les silex taillés : “quoiqu’il n’y ait encore que quelques mois que nous cherchions, nous en avons déjà rencontré aux Brosses chez M. Landois (2e époque), à Châtelperron, chez M. Collas, mais dans une grotte (la Grotte aux Fées où il y a une riche station)23”. Très tôt, son intérêt se porte en effet sur les industries lithiques. “Je crois être le premier qui ait recherché dans nos parages les silex taillés des premiers habitants de la Gaule antique. Et le hasard en est-il toute cause car, dès mon arrivée, je ne croyais pas qu’on en trouverait20”. À l’est de l’Allier cependant, le champ couvert par les antiquités antédiluviennes ne forme pas terra incognita, comme l’affirme imprudemment Bailleau, et plusieurs travaux sont déjà venus défricher ce terrain vierge : en 1839-1840, la découverte fortuite du gisement de Châtelperron, à la faveur de la construction d’une voie ferrée, permet à Albert Poirrier, ingénieur de la Compagnie des mines de Bert-Montcombroux (Allier), de découvrir, “à une certaine profondeur dans le sol, qui n’a jamais été remué, au milieu même des ossements des animaux enfouis, une preuve de l’industrie humaine, portant la même date que celle de la mort de ces animaux, tous disparus de nos contrées”, comme il l’écrit dès 185924. Au début de la décennie 1860, les explorations d’Alexandre Feningre (1820-1899), conducteur des ponts et chaussées affecté au contrôle de la navigation sur la Loire à Pierrefitte, mettent, elles aussi, en évidence la présence d’une station préhistorique au lieudit “La Beauvanne”, sur la commune de Saligny-sur-Roudon (Allier)25.
De la même manière, le médecin n’est pas le premier à faire la promotion de ses découvertes au-delà du Bourbonnais. Avant lui, Poirrier et Feningre avaient pris l’attache de Lartet pour l’informer de leurs découvertes26, solliciter ses avis et l’inviter à participer à une excursion paléontologique en val de Besbre, projet qui se concrétise au printemps 186527.
L’irruption de Bailleau sur la scène préhistorienne ne s’opère quant à elle que l’année suivante. Pour mettre en valeur ses découvertes – et financer en retour ses travaux –, il fait une offre de service à la Commission de Topographie des Gaules28. Il profite pour cela d’un appel lancé dans les Matériaux à tous les archéologues qui s’occupent de la “haute antiquité” de l’Homme pour qu’ils collaborent à une première classification des haches de bronze29. Il prend alors l’attache du président de la Commission, Félicien de Saulcy, mais s’écarte très rapidement de la commande initiale pour évoquer plus spécifiquement ses trouvailles en bords de Loire :
“Je lis dans un numéro des Matériaux pour servir à l’histoire de l’homme de M. de Mortillet que la Commission de topographie des Gaules, dont vous êtes le Président, fait appel à tous ceux qui s’occupent d’archéologie pour avoir des renseignements sur les outils et les haches de l’époque quaternaire. Je vous demande pardon de venir moi aussi, sans doute, vous déranger pour vous donner quelques renseignements de peu d’importance sur les objets de cette époque qu’on trouve dans le Bourbonnais et sur les bords de la Loire28.”
Presqu’en parallèle, Bailleau confie quelques objets – dont plusieurs haches polies de Diou (Allier)30 – à Claude Rossignol (1805-1886), premier conservateur du musée de Saint-Germain-en-Laye, lors d’une visite de ce dernier, en 1864 ou 186531. Une méprise semble toutefois s’installer très tôt : “Ces objets ont été offerts à M. Rossignol, mais pour le musée et non pour lui. Je désirais y faire figurer notre département de l’Allier, qui n’y était pas représenté17”. Or, en l’absence de retour du conservateur, Bailleau s’inquiète du devenir de sa collection, ce qui ne manque pas – comme de coutume – de provoquer son courroux. Il en fait part en octobre 1866 à Mortillet, alors correspondant de la Commission de Topographie des Gaules. Ce dernier vient de prendre contact avec lui, à la demande de Saulcy, pour établir le catalogue de ses séries de l’âge de Pierre.
Quelques mois plus tard, c’est de nouveau à l’initiative de Mortillet qu’un tournant majeur s’opère dans la trajectoire scientifique du médecin.
“Lorsque l’exposition universelle s’ouvrit à Paris en [18]67, je fus sollicité d’exposer quelques silex. Ce que je fis. J’en ai eu une soixantaine de pièces exposées dont plusieurs ont été fort appréciées. […] Il y en eut autant à peu près de refusés et parmi ceux-ci bon nombre de précieux aussi – mais l’histoire du travail à l’exposition fut trop rapidement organisée. L’exposition était collective avec Feningre. Ce fut le tort que j’eus parce que ce dernier n’y possédait qu’un seul silex, celui de la Beauvanne, et quelques objets de la Grotte des Fées32.”
Ce dernier site va concentrer toute l’attention de Bailleau : il le prospecte ponctuellement en 1866, avant de s’en faire chasser par le propriétaire, en compagnie de Feningre. À la suite d’une première publication, il sollicite le concours de Lartet qui connaît assez le gisement pour l’avoir exploré lui-même en compagnie de Henry Christy. Le 27 juillet 1867, Bailleau écrit pour le convaincre :
“Je m’empresse de vous adresser les exemplaires demandés de mon affreuse brochure. J’ai honte que vous soyez condamné à présenter un si pauvre travail, ma seule excuse est d’avoir été livré à mes propres forces et de n’être encore qu’un prime apprenti chercheur de pierres. En persistant, comme vous le dites dans ma demande, c’est vous dire que j’ai envie de me relever d’un pareil travail en publiant une recherche plus en règle, celle de la Grotte des Fées. […] Si en haut lieu33, une lettre personnelle pour M. Collas de Châtelperron ne pouvait être obtenue, je préfèrerais une simple lettre de commission. Je ne tiens qu’à une seule chose, c’est de faire voir à M. Collas de Châtelperron, et à le persuader, ce qui est plus difficile, que je ne suis pas le premier venu, si je puis employer cette expression. Que ce n’est pas un simple intérêt personnel qui me fait faire cette demande. Je n’ai que le désir de m’instruire en faisant ces recherches et je travaille pour tous et pour apporter mon faible contingent à un édifice qui a besoin du bon vouloir de tous. Vous pouvez du reste être convaincu que dans tous les cas je ne ferais usage de cette lettre, qu’avec toute la circonspection et délicatesse possible, sans jamais m’écarter de la plus exquise politesse11.”
En septembre 1867, il obtient finalement la lettre de recommandation attendue, ainsi que l’appui sans faille d’Alexandre Bertrand, rencontré quelques semaines plus tôt lors du 2e Congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques de Paris.
“Au mois d’août de la même année a eu lieu à Paris le congrès paléoethnologique et antéhistorique tenu par tous les savants de l’univers qui ont voulu s’y rendre. J’y ai passé de bonnes journées et y ai beaucoup appris. Son compte-rendu s’imprime en ce moment ; je ne l’ai pas encore reçu.
C’est pendant sa tenue que je suis allé faire connaissance avec le musée de Saint-Germain et […] son nouveau directeur M. Bertrand ainsi qu’avec ce cher et digne M. Lartet, président du congrès de Paris et ancien président de la Société de Géologie de France34.”
De cette rencontre, la relation entre les deux hommes sort marquée du sceau indéfectible de la confiance. Par la suite, le paléontologue ne manque jamais d’appuyer le médecin dans chacune de ses démarches. “Le pauvre papa Lartet, ce savant véritable et si avenant, […] était redouté de beaucoup de ses collègues, et si j’ai toujours été bien accueilli, cela provient peut-être de ce que j’ai été présenté par lui13”. Lors de l’exploration de la “Grotte des Fées”, Lartet conseille à distance Bailleau, l’invitant régulièrement à lui rendre compte du progrès de ses travaux.
Nous avons retracé ailleurs l’histoire de ces fouilles et il n’est nul besoin d’y revenir en détail35. Cette restitution se fonde sur l’analyse critique de la correspondance de Bailleau à Lartet, entre octobre 1867 et juillet 1870. Les travaux de terrain se concentrent, pour l’essentiel, entre octobre 1867 et décembre 1868 et les détails avancés par ces lettres permettent de suivre assez précisément les progrès des recherches36. C’est ainsi par l’exploration du locus dit de la 3e caverne, en mai 1870, que s’achèvent les fouilles de Bailleau à Châtelperron. Dès le mois de juillet de la même année, l’accès au site – dont il avait déjà été chassé en 1866 – lui est de nouveau interdit :
“J’ai bien peur que La Grotte des Fées ne me soit encore fermée une fois. Les élections départementales ont passé dessus. Je suis arrivé conseiller d’arrondissement et un de mes oncles conseiller général en opposition avec M. Collas fils, le propriétaire. J’ai gardé la neutralité tant que j’ai pu, mais enfin mes métayers ouvriers et moi avons voté pour mon oncle. Mais ce fait, dont M. Collas avait du reste été prévenu par moi, a été exploité par quelques envieux et jaloux, et je ne serai plus dans de bons termes avec ces messieurs. Ma foi tant pis37.”
Une brusque mise à distance
Ces événements personnels, corrélés à ceux de la guerre franco-prussienne de 1870 et de la Commune de Paris, donnent un coup d’arrêt brutal aux recherches préhistoriques de Bailleau. Comme il l’écrit à Mortillet le 20 avril 1871, “en ces jours de bouleversement social, l’esprit est peu à l’étude et aux cailloux38”. À ces troubles s’ajoute le décès de Lartet qui fut un de ses maîtres : “J’ai perdu pendant ces 18 mois deux personnes que j’aimais et estimais beaucoup à des titres différents”, rappelle-t-il dans son journal. “Mon pauvre ami Ernest Perrault de Rully (Saône-et-Loire) a été emporté en quelques jours par une fièvre typhoïde. Et M. Edouard Lartet est mort quelques mois plus tôt à Seissan dans le Gers d’une attaque d’apoplexie, le 28 janvier 187112”.
De fait, ses contacts avec le cercle des préhistoriens parisiens se font plus lâches après 1871, et ses collectes de terrain plus irrégulières. S’il apporte fréquemment son expertise à la caractérisation de découvertes fortuites d’industries, il ne participe plus aux grands débats de son temps, visant à la structuration intellectuelle de l’anthropologie préhistorique. De même, il se tient désormais à l’écart des grands événements scientifiques et culturels. Écoutons-le, une nouvelle fois, à travers son journal : “J’ai reçu plusieurs demandes d’envoi de ma collection pour l’exposition universelle de Paris [celle de 1878]. J’avais d’abord consenti à l’y envoyer, mais toute réflexion faite, j’ai refusé. Les garanties de succès ne me plaisent pas et je ne sais trop si ma collection reviendra tout entière. Les conditions d’admission ne me plaisent pas non plus. Bref, je refuse39”.
Passés les événements politiques et militaires de 1870-1871 – qui ont totalement mobilisé Bailleau comme praticien militaire et directeur de l’hôpital auxiliaire de l’abbaye de Sept-Fons, à Dompierre-sur-Besbre40 –, ses interventions sur le terrain se font plus rares et la séquence traduit une rupture dans sa pratique archéologique. Les grandes fouilles qui avaient marqué le premier temps de ses recherches ne sont plus d’actualité. Le médecin – qui s’était plaint à de plusieurs reprises des servitudes de l’archéologue amateur, et notamment du manque chronique de temps41 et d’argent42 – n’intervient désormais qu’au cas par cas et, pour ainsi dire, à la demande, lorsque des découvertes de hasard ou de fortune lui sont signalées. La position centrale qu’il occupe dans la société de province en fait un parfait relais de l’actualité archéologique, en direction de Paris et, surtout, de Saint-Germain-en-Laye. Présent sur le terrain sitôt l’alerte donnée, Bailleau inventorie et caractérise les assemblages avant d’intervenir dans les tractations d’achat pour le compte du musée des Antiquités nationales. C’est le cas notamment en 1874, à la suite de la découverte de la “cache” solutréenne de Volgu (Rigny-sur-Arroux, Saône-et-Loire), où il tente – en vain – de servir d’intermédiaire entre Mortillet, Chabas et un “chiffonnier-brocanteur” de Digoin, Louis Veillerot (1848-1937), qui a provoqué la dispersion de certaines pièces43. En participant à enrichir les collections de l’institution et en alertant sur le devenir des séries privées, Bailleau s’impose ainsi comme une figure incontournable de l’archéologie française, tout en prenant irrémédiablement ses distances avec la Préhistoire de terrain.
Enjeux et usages d’une collection
En parallèle de ces échanges qui le rendent visible sur la scène nationale et incontournable au niveau local, le docteur Bailleau consacre une large partie de son temps, entre 1870 et 1907, à la constitution d’une collection remarquable qui participe pleinement de la sociabilité savante qu’il revendique. Cet ensemble – qui fut dispersé en 1936 par ses descendants – se veut avant tout une collection archéologique, à rebours des assemblages formés par ses prédécesseurs, comme Poirrier, qui insistait en priorité sur la composante paléontologique. “Je ne collectionne pas l’époque tertiaire”, indique-t-il en 1869 à Lartet, “me bornant à l’histoire du travail humain et aux branches qui s’y rapportent, ce qui est déjà trop44”. L’échantillon qu’il compose, au fil de quarante années d’activité, se veut d’emblée représentatif de la Préhistoire et embrasse l’essentiel de ses expressions : s’il indique avoir effectué “quelques trouvailles, je n’ose dire découvertes, consistant en ossements, en silex taillés de la première époque de l’âge de pierre, puis en haches en silex et serpentines polies de la 2e époque du même âge28”, il précise que ces dernières, “plus ou moins complètes” permettent d’imaginer “une occupation de [la] vallée de la Loire aussi complète qu’aujourd’hui par l’homme des temps préhistoriques”. En cela, sa collection revêt une évidente portée didactique : en tentant de réunir des pièces illustrant toutes les époques, elle reconstitue de la sorte l’ensemble du mouvement évolutif, tel qu’il peut être perçu régionalement, et fournit une série de référence et de comparaison45.
Nous ne savons rien ou presque du cadre de classement retenu par Bailleau pour présenter sa collection dans sa maison de Pierrefitte-sur-Loire. En 1874, il écrit au pharmacien Antoine Lacroix, de Mâcon, qui pratique lui aussi l’archéologie à ses heures perdues : “J’ai acheté ces temps-ci quatre belles vitrines de grande dimension et les voilà déjà pleines de mes silex. Toute modestie à part, je suis même surpris d’avoir tant de bons et beaux silex, et quand je considère ma collection étalée, elle ne ressemble plus du tout [à celle] que vous [avez] vue46”. Pour autant, le médecin ne semble pas avoir adopté la classification industrielle de Mortillet, celle qui précisément, au tournant des années 1870, va donner aux savants une méthode de classement doublée d’une évidente ambition chronologique. Le catalogue qu’il dresse en 1866 du fruit de ses collectes se borne de ce point de vue à faire la distinction entre première et deuxième époque de la pierre47 ; par la suite, Bailleau ne raffina jamais cette nomenclature, n’adoptant ni la notion d’époque formulée par Lartet, ni la terminologie forgée par Mortillet à partir de 1869 et présentée sous sa forme définitive en 1872.
L’importante collection constituée par Bailleau a été largement dispersée par ses descendants dans les décennies qui ont suivi son décès, à telle enseigne qu’il est difficile aujourd’hui d’en restituer la cohérence initiale. Dans un courrier à Alexandre Bertrand, le médecin précise qu’en date du 30 septembre 1888, la composante métallique comprend “600 numéros de l’époque préhistorique du bronze à l’époque romaine, après intégration de la collection des bronzes d’Esmonnot48” acquise par la suite par le musée des Antiquités nationales. Les séries lithiques constituées sont d’une toute autre ampleur et comprennent en réalité plusieurs milliers d’objets49. Leur renommée s’étend d’ailleurs au-delà du cercle régional des archéologues et leur intérêt est encore reconnu par les préhistoriens longtemps après leur collecte. Ainsi, Henri Breuil rend-il visite au docteur Bailleau en mars 1906 pour étudier les assemblages de Châtelperron. Dans son Journal, le médecin précise que le professeur à l’université de Fribourg “a pris beaucoup de dessins de [sa] collection50”, ce qui va évidemment contribuer à la large diffusion de ses découvertes, à quelques décennies de distance51.
Nous l’avons vu : si les ramassages qui ont conduit à la formation d’un ensemble de référence ont débuté dès 1856, son premier classement a été élaboré au cours de l’été 1866. La formalisation du catalogue s’opère à la faveur de la préparation de l’Exposition universelle qui se tient à Paris du 1er avril au 31 octobre 1867 : plusieurs objets provenant des localités de l’Allier et de Saône-et-Loire explorées par Bailleau et Feningre sont alors présentées dans la première salle des galeries rétrospectives de l’Histoire du travail, celle justement consacrée à la Gaule avant l’emploi des métaux, dont le contenu est arrêté par une commission présidée par Lartet52.
Le rôle princeps de l’Exposition de 1867 dans la structuration de la première archéologie préhistorique a été évoqué à de multiples reprises et il n’est nul besoin d’y revenir ici53. L’événement constitue l’un des creusets de la discipline, et ce d’autant plus que l’inauguration du musée des Antiquités nationales intervient dans le même temps, ce qui va pérenniser la dynamique engagée par l’exposition d’œuvres des temps antéhistoriques dans la Galerie de l’histoire du travail. Plusieurs outils en pierre et ossements d’animaux fossiles trouvés par Bailleau – dont une défense de mammouth de Châtelperron – rejoignent les vitrines de la nouvelle institution dont la présentation s’étoffe à mesure que s’accroissent ses collections. Le 11 novembre 1869, Bailleau écrit à Mortillet :
“Je compte partir la semaine prochaine pour Paris ; c’est vous dire que j’irais certainement vous faire une visite à Saint-Germain et parcourir les nouvelles salles de votre immense musée. Je ne me les rappelle plus que vaguement puisque je ne les ai pas vues depuis le congrès de [18]67. Grâce à votre promenade des Matériaux, je m’y suis assez bien reconnu, mais il me semble que de nouvelles salles ont été ouvertes et j’ai donc hâte de me retrouver au milieu du sujet favori de mes études54.”
À la faveur de cette visite, Bailleau retrouve une part significative des matériaux qu’il a déposés à Saint-Germain et qui mettent en valeur ses recherches au long du parcours d’exposition. À partir du printemps 1868, les transferts s’opèrent à un rythme de plus en plus soutenu, sans pour autant couvrir la totalité du champ de ses travaux : avec emphase, le médecin, désormais inscrit sur la liste officielle des correspondants de l’institution, signale qu’il aurait “de quoi faire une salle entière à votre musée avec les poteries de Beauvoir15”. Sélectionnant avec soin les éléments les plus emblématiques à verser aux collections publiques, il fournit des contributions régulières à Saint-Germain entre 1867 et 1888, suivant le progrès de ses recherches et le hasard des découvertes. Placée en regard de son intense activité archéologique, la politique d’enrichissement des fonds du musée lui permet de s’afficher régulièrement au sein de l’institution, tout en s’assurant de la protection de ses principaux ordonnateurs. “Saint-Germain […], au début duquel j’ai assisté, m’a d’autant mieux accueilli que j’y suis souvent arrivé avec les mains pleines des cadeaux que j’y apportais13”. En cela, la stratégie de donation du docteur Bailleau illustre pleinement l’habitus des préhistoriens de la première génération qui lie intimement pratique de la collection, prestige et sociabilité savante.
Il serait illusoire et fastidieux de chercher à illustrer ici les multiples formes que prirent, chez Bailleau, les échanges réguliers avec les figures pionnières de l’archéologie préhistorique. Sur ce point, le dossier constitué est pléthorique et il conviendra, à l’avenir, de dresser un panorama précis de la manière dont la pratique de la collection a structuré, pendant plus d’un demi-siècle, le réseau savant que le médecin s’est patiemment attaché à construire. Si elle a connu de multiples évolutions, au gré des circonstances, sa démarche prend corps précocement, avant le “moment 1867”. Dès le mois de septembre 1866, Bailleau informe Saulcy de la publicité qu’il a déjà faite de sa collection : “Vous verrez quelques échantillons (je ne dirai pas les meilleurs) des objets que je possède au musée de Saint-Germain où j’en ai en effet offert quelques-uns à M. Rossignol [ainsi que] chez M. Lartet, où sont déposés tous les ossements et quelques silex de la caverne [de Châtelperron] que j’aurais voulu explorer plus complètement en compagnie d’un de mes amis28”.
Ces transferts se poursuivent jusqu’à l’achèvement de l’exploration de la 3e caverne, en mai 1870. À l’endroit de Lartet, les courriers sont tout emprunts de déférence et semblent motivés par la recherche d’expertises fiables, notamment dans le domaine paléontologique :
“Je désire de tout mon cœur que cet envoi puisse vous faire plaisir. Disposez-en comme bon vous semblera. Prenez ce qui est bon et rejetez le mauvais ; puisse-t-il ne pas être en trop grande quantité. Je n’ai pu, grâce à la maladie, m’occuper d’aller rendre visite aux fossiles de Peublanc. Quand les beaux jours reviendront et la santé avec, […] j’irai y passer une journée et vous remplirai une bonne caisse de la brèche entière. Vous saurez en tirer un bien meilleur parti que moi.
Si l’envoi de Châtelperron vous est utile et qu’une nouvelle caisse puisse vous faire plaisir, je la tiens à votre disposition sans aucune cérémonie. […] Mes hypothèses ne sont peut-être pas très justes. Je vous prie donc de n’en prendre que ce que j’ai vu, votre science saura bien mieux que la mienne en tirer des déductions plus exactes55.”
Par-delà les communications, Bailleau assortit ses courriers de promesses visant à soutenir dans la durée l’attention et l’intérêt de ses correspondants : “Quand je retournerai à la Grotte des Fées je serais peut-être plus heureux en découverte. En tout cas soyez persuadé que tous les crânes que j’y trouverai vous seront réservés56”. Le registre de ses serments ne fut toutefois pas tenu à jour, ce qui entraîna parfois des litiges ou des contentieux durables. Parmi ces conflits, l’un d’entre eux semble l’avoir mis quelque peu en difficulté, fragilisant paradoxalement cette sociabilité savante qu’il souhaitait par là-même conforter. “Je reçois une lettre de M. de Mortillet dans laquelle il me dit qu’il va se battre en duel avec vous pour le partage des silex annoncés par moi. Il paraît que j’ai commis une grosse bévue en donnant au musée et à vous les mêmes objets. Mais que voulez-vous, je suis comme les lièvres, je perds la mémoire en courant. Je vous écris donc ces quelques lignes pour vous prier de m’excuser, et pour arranger la chose57”. En la matière, le choix du destinataire est toujours stratégique et il convient d’éviter de froisser toute susceptibilité. Pour Lartet, la destination naturelle de ces matériaux semble être son cabinet et, au-delà, le Muséum d’Histoire naturelle de Paris où les pièces sont étudiées comme des documents scientifiques, à rebours du musée de Saint-Germain où l’attrait pour la paléontologie et les sciences naturelles est moins marqué. De fait, seuls quelques objets préhistoriques rejoignent directement le musée des Antiquités nationales entre 1867 et 1870, Bailleau préférant adresser en priorité à Lartet les pièces qu’il souhaite déduire de sa collection afin que le spécialiste procède à une identification et un tri plus éclairés58. Ce faisant, Bailleau bénéficie directement et rapidement des progrès d’une recherche59 dont le musée des Antiquités nationales, préoccupé par l’enrichissement de ses fonds, ne livre qu’avec parcimonie les acquis.
Dans certaines situations, un dessein plus strictement patrimonial guide toutefois la démarche de l’archéologue. Dans les tractations qu’il engage pour le compte du musée de Saint-Germain, il se fait fort en effet de réunir les collections, mais aussi l’ensemble des sources documentaires nécessaires au renseignement des vestiges. La démarche est ici novatrice, car elle rend compte non seulement de la valeur intrinsèque des objets, mais aussi – et peut-être surtout – du contexte archéologique dans lequel ils s’insèrent et qui fait d’eux des documents archéologiques. Évoquant la découverte d’une tombe d’officier romain à Chassenard (Allier), il indique :
“J’ai reçu de ces messieurs deux photographies bien réussies mais faites par un homme complètement étranger à l’archéologie et représentant tous les objets trouvés. Le fils du fermier en a encore une (il en a été tiré 24 seulement). Si je puis la lui soutirer encore, je vais le faire et vous l’adresserai si elle peut vous faire plaisir pour le musée. Dans le cas contraire, je pourrai vous adresser les miennes pour que vous puissiez les reproduire par la même voie et me les retourner. De ces deux photographies l’une est destinée au musée de Moulins et je garde l’autre60.”
Au passage, ces préventions trahissent une méfiance certaine vis-à-vis des autorités du musée de Saint-Germain dont il loue publiquement la démarche patrimoniale mais dénonce en coulisse l’obsession centralisatrice. “Si par hasard vous aviez trop de silex de Tilly pour vous et vos amis”, écrit-il à Lartet, “faites-en l’aumône de quelques-uns à Saint-Germain. Ce sont des voraces qu’on ne peut rassasier. Mais ne faites pas comme la dernière fois, prenez les plus beaux […] pour vous61”. Ces écarts de traitement constituent un trait majeur de la sociabilité savante du docteur Bailleau qui s’inscrit avant tout dans un réseau de fidélité scientifique, comme nous allons le voir62.
Un réseau de sociabilité et de fidélité savantes
Par-delà les enjeux de connaissance – qui contribuent à donner au fonds documentaire du médecin sa renommée scientifique –, la pratique de la collection recouvre en effet un objectif plus prosaïque : celui d’instaurer et de maintenir des relations de bonne collaboration avec les membres de la communauté archéologique. Cette entente repose sur une logique de dons/contre-dons et d’enrichissement réciproque qui prend corps dans des échanges réguliers de matériaux : “dans ma collection, quelques silex que m’a envoyés le Docteur Léveillé venant du Grand-Pressigny, quatre haches que m’a apportées d’Amiens mon ami Perrault de Rully et enfin une assez grande quantité de silex et quelques bois de rennes ouvragés que m’a donnés M. Lartet ; ils viennent du Périgord63”. Nul doute qu’en retour, Bailleau a largement contribué à l’accroissement des séries archéologiques de ses principaux correspondants. Pour ce faire, la sélection des matériaux susceptibles d’être cédés repose sur une stratégie mûrie de longue date et dont le médecin ne se cache pas totalement :
“Je viens de préparer une petite caisse à votre adresse que vous recevrez franco, contenant 25 types environ de Tilly. Vous trouverez sur les papiers qui les recouvrent leur définition […] Les instruments que je vous adresse sont choisis parmi les bons que je possède ; il y en a quelques-uns qui valent un peu mieux mais ce sont les pièces reines que j’ai choisies parmi des milliers et que je réserve naturellement pour ma collection64.”
En matière de sociabilité savante, le gain mutuel qu’impliquent les échanges d’objets est donc parfaitement mesuré et justifié par les qualités de l’interlocuteur. Pour recevoir des matériaux de premier ordre, il faut en être jugé digne par son interlocuteur. Sous cet aspect, la pratique de la collection éclaire la position des protagonistes et son évolution au fil du temps, en miroir du réseau d’intérêts et de solidarités qu’elle tisse et renforce à chaque étape. De son propre point de vue, le docteur Bailleau – qui se considère, en 1867 encore, comme un “prime apprenti chercheur de pierre11” – ne bénéficie que d’un faible capital social et intellectuel dans la communauté savante : en dépit des soutiens réguliers dont il bénéficie très tôt, notamment pour la fouille de Châtelperron, il ne se considère en définitive que comme un savant de second ordre. “Il est vrai que je suis un très pauvre sire en archéologie et que la jalousie des princes de la science ne peut descendre jusqu’à moi car, malheureusement, ce mobile guide souvent les grands savants de Paris et que les provinciaux ne sont pour eux que des barbares65”. La modestie, de mise en la circonstance, est quelque peu forcée, mais elle renvoie à un positionnement particulier du médecin parmi les acteurs de la première archéologie préhistorique sur lequel nous reviendrons. À partir de 1870 en effet et en dépit des ambitions affichées dans sa première publication (1867), Bailleau ne cherche plus à abonder la réflexion collective sur les enjeux théoriques et la pratique de l’archéologie préhistorique ; bien plus, il s’en écarte.
Pour autant, nous aurions tort de considérer que le réseau étendu du docteur Bailleau repose sur des affinités de circonstance et une nécessité immédiate, celle de mettre en relation les acteurs locaux et nationaux. Ce serait occulter les relations de fidélité toutes personnelles qu’il a su nouer avec des personnalités centrales comme Lartet et Mortillet et nier la part que ces derniers ont joué dans sa construction intellectuelle. En réalité, la sociabilité savante du médecin repose avant tout sur la confiance individuelle et la considération portée à son travail par ceux qu’il appelle les “grands savants de Paris” et qui concourent, à différents niveaux, à étendre son réseau. Ainsi, c’est par l’entremise de Mortillet que Bailleau rentre en contact avec d’autres archéologues œuvrant régulièrement ou ponctuellement dans le centre de la France, comme Chabas ; c’est surtout par l’intermédiaire de personnalités établies qu’il va obtenir le privilège de pouvoir étudier et fouiller à sa convenance, ce qui lui confère un statut particulier dans le microcosme des archéologues bourbonnais :
“Je suis cependant obligé de proclamer une vérité en ce qui me concerne, c’est que, au musée de Cluny, à la Bibliothèque nationale, ce surtout à Saint-Germain, j’y ai été accueilli toujours avec la plus exquise politesse par les directeurs, et que malgré les heures de la fermeture, j’ai été conduit par les directeurs dans les salles et que les objets que je voulais étudier m’ont été sortis des vitrines. J’ajouterai qu’à Saint-Germain surtout, j’y suis accueilli comme étant de la maison, que M. Bertrand m’a fait rouvrir une grotte, celle de Châtelperron, dont le propriétaire m’avait évincé parce qu’il ne voulait pas y laisser faire de fouilles. Il a même fait agir pour cela le ministre de l’Instruction publique13.”
De toute évidence, le réseau de sociabilité savante du docteur Bailleau repose donc sur un double édifice : le musée de Saint-Germain, d’une part, qui lui apporte la légitimité de correspondant d’une institution nationale et fait de lui, à l’échelle nationale, un archéologue accompli et reconnu comme tel ; celui des sociétés de proximité ensuite – Société d’émulation de l’Allier et Société éduenne en tête – qui l’engage dans une pratique suivie et quasi quotidienne du terrain. Comme l’indique P. Pélissier, la sous-représentation de l’archéologie préhistorique dans les structures locales a toutefois conduit Bailleau à se tourner très tôt vers d’autres réseaux, parisiens ou internationaux, au sein desquels s’élaborent prioritairement le discours savant66. La relation durable que Bailleau établit avec Mortillet prend place précisément à la charnière de ces deux projets, à la convergence de ces intérêts : se faisant l’écho, sur la scène nationale, des découvertes réalisées en Bourbonnais ou en Saône-et-Loire, le médecin relaie localement les débats et informations nouvelles qui lui parviennent de Paris : “je suis au courant de tout”, écrit-il à Chabas, “je reçois les Matériaux67”.
Bailleau et Mortillet :
une relation d’intérêts communs (1866-1884)
De fait, la relation entre Bailleau et Mortillet repose plus sur un faisceau d’intérêts communs que sur une véritable connivence intellectuelle, ce qui n’empêche pas, nous le verrons, la construction et le renforcement d’affinités personnelles au fil du temps. Leur relation prend corps à l’automne 1866, lorsque Félicien de Saulcy transmet le compte rendu des découvertes de Bailleau aux membres de la Commission de topographie des Gaules, et notamment à G. de Mortillet, correspondant pour l’Époque des Cavernes. Durant les mois qui vont suivre, leur correspondance va articuler subtilement négociations pour l’achat de collections au bénéfice du musée de Saint-Germain, requêtes en expertise et échanges d’informations et de ressources documentaires :
“J’ai à vous accuser réception de deux choses. La première que j’appellerai ‘la question essentielle’ est le mandat de 210 fr. pour le paiement du torque d’or. La seconde est celle du volume du Congrès paléoethnologique (1er fascicule). Je vous en adresse mes biens sincères remerciements.
Maintenant que je suis en règle avec la politesse près de vous, j’arrive encore à une question essentielle. Les nouvelles archéologiques. Le caillou donne toujours peu ou prou. Mais, comme curiosité, je vous annonce la découverte dans les terres labourées, d’une hache en fer de forme comme ci-contre mais à tranchant proportionnellement plus grand. De quelle époque est-elle ?
Si vous ne l’avez pas vue, elle est chez M. Lartet. Je lui ai adressée pour en avoir quelques renseignements. Il y en a une semblable figurée dans l’ouvrage de M. Desor trouvée dans les habitations lacustres de la Suisse15.”
Nous aurions tort cependant de considérer les liens de Bailleau à Mortillet suivant le profil classique du maître et du disciple. En réalité, leur relation est moins asymétrique que l’analyse des sources épistolaires ne pourrait le laisser supposer de prime abord. Les réactions de Mortillet, retranscrites indirectement dans sa correspondance passive, éclairent au contraire des échanges très équilibrés et, surtout, une reconnaissance non feinte des travaux du médecin par le monde préhistorien. Évoquant la réception par Mortillet de la première publication des fouilles de Châtelperron, dans les colonnes du Bulletin de la Société d’émulation de l’Allier, Bailleau écrit : “Je vous remercie du jugement par trop favorable que vous avez porté sur ma pauvre brochure. Elle est faite comme tout ce que je peux faire, au galop68”. En retour, l’assistant du musée des Antiquités nationales lui propose de restituer in extenso dans les Matériaux le rapport de ses travaux, sous la forme d’un compte rendu de lecture détaillé, assorti d’un addendum sur lequel nous reviendrons69. Par la suite, Bailleau adressa régulièrement des notes sur ses travaux en cours ainsi que son dernier article, publié dans les actes de la 37e session du Congrès scientifique de France qui s’est tenue à Moulins en 187070.
À travers ces envois, Bailleau cherche à recueillir le sentiment de Mortillet sur la validité de ses recherches, exprimant par là son admiration pour l’abondante production du maître de Saint-Germain-en-Laye et lui reconnaissant toute légitimité en matière d’archéologie préhistorique. Parmi les nombreuses expertises qu’il sollicite, celles formulées auprès du préhistorien71 ont valeur de sentence, de démonstration ou d’oracle. “Depuis que j’ai mis la main sur mon susdit objet, je ne puis admettre la désignation de mon collègue de Mâcon. Mais je n’en suis pas plus avancé pour cela. J’ai recours à votre obligeance pour résoudre le problème, persuadé d’avance que le sphinx ne doit pas avoir de secrets pour vous72”. Au-delà, les prises de position parfois risquées de Mortillet expriment, aux yeux de Bailleau, une forme de courage scientifique qui lui permet d’exercer son ascendant sur les pionniers de la discipline. Il écrit ainsi à Chabas : “Arcelin, Mortillet, on n’attaque que les gens de valeur et, vous savez, à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire67”.
De la riche correspondance qu’ils entretiennent, pour l’essentiel jusque dans les années 1880, le docteur Bailleau et G. de Mortillet vont nouer une relation si ce n’est intime, tout du moins plus personnelle qui engage avec eux leurs familles respectives et se concrétise dans un échange régulier d’amabilités – et de portraits photographiques73. Elle se renforce notamment à la faveur des visites régulières du médecin au musée de Saint-Germain-en-Laye :
“Je suis dans la grand ville depuis hier soir et je vous annonce mon arrivée à Saint-Germain pour samedi par le train de 9h½. Je serais donc à 10h½ près de vous. Père de famille et raffolant des enfants, j’accepte donc votre déjeuner mais à condition qu’il n’y aura pas de cérémonie.
C’est une dette que je veux contracter envers vous, afin de pouvoir vous la payer un jour dans nos contrées avec les intérêts. Nous pourrons donc à loisir causer cailloux74.”
Le projet de faire venir Mortillet en Bourbonnais absorbe une large part de leur correspondance, au début des années 1870. “Venez donc faire une tournée dans nos pays. Nous vous montrerons nos richesses75”. Pour concrétiser sa démarche – interprétée comme une marque de prévenance, à laquelle Mortillet répond par une promesse sans engagement –, le médecin va jusqu’à proposer un itinéraire détaillé au préhistorien, horaires de train à l’appui. Offrant son hospitalité pour quelques jours, il s’accommode des disponibilités de chacun pour permettre la rencontre entre Mortillet, Louis Esmonnot et Alfred Bertrand, jouant ici pleinement son rôle d’intermédiaire entre acteurs locaux et nationaux de l’archéologie76. Rien ne dit que cette excursion a pu être réellement organisée au cours des mois ou des années qui vont suivre ; tout porte à croire au contraire que le projet est resté sans suite, du fait notamment de l’indisponibilité de Mortillet et de sa faible propension à se rendre sur le terrain pour constater les découvertes. Au cours de la décennie 1870 et, de manière plus évidente encore, à partir de 1880, le théoricien parisien est gagné par d’autres préoccupations, d’ordre politique. Si ces dernières jalonnent son parcours depuis ses premières actions militantes à Chambéry et son exil en Suisse en 1849, il recueille plusieurs mandats à partir de 1882, comme maire de Saint-Germain-en-Laye (1882-1888) puis comme député de Seine-et-Oise (1885-1888).
Les échanges policés entre le républicain Mortillet et le médecin bourbonnais, aux positions cléricales affirmées et aux opinions parfois très conservatrices, ne permettent pas de mesurer l’écart qui les sépare en matière de politique. Au fil de son Journal77 et de ses correspondances38, on perçoit pourtant toute la méfiance du docteur Bailleau envers la IIIe République installée après la défaite de 1870. Si ses prises de position demeurent prudentes dans ses échanges avec Mortillet, républicain anticlérical et socialiste radical, ses écrits personnels ne laissent que peu de doute sur son positionnement politique. Légitimiste et catholique intransigeant – son fils Paul sera d’ailleurs président de la jeunesse royaliste de l’Allier78 –, le médecin ne fait que peu état publiquement de ses convictions et ces dernières ne débordent presque jamais ses écrits archéologiques. La crise de 1870 l’entraîne toutefois dans de longues digressions qui en disent long sur son état de sidération et son aversion pour la Commune. Désemparé devant l’impossibilité de poursuivre ses recherches sur le terrain et inquiet des récentes évolutions politiques, il écrit ainsi à Mortillet, le 7 mars 1871 :
“Deux mots justement pour avoir de vos nouvelles et vous demander comment vous, votre famille et votre pauvre musée avez passé les cinq à six mois qui viennent de s’écouler. Les pauvres silex ont eu le temps de se reposer. Mais j’ai hâte maintenant que la paix va me donner quelques loisirs de reprendre mes pérégrinations. En attendant que les générations futures recherchent les baïonnettes et chassepots ou autres, et les éclats d’obus, je vais collectionner encore quelques pointes de silex et augmenter les séries de pointes de flèches en silex trouvées sur nos plateaux. Nos laboureurs deviennent d’une force fabuleuse dans la recherche de silex microscopiques79.”
Quelques semaines plus tard, il poursuit sur un ton plus dramatique encore :
“Que vous dirais-je de neuf ? […] On vit d’une vie stupide, attendant avec anxiété le matin du lendemain, pour dévorer les malheureux journaux (quand ils nous arrivent). On espère toujours y trouver la fin de nos maux et toujours le dénouement en est reculé. Que nous adviendra-t-il de tout cela ? Pauvre France ! Es-tu avilie aux yeux du monde entier ? Pourras-tu jamais te relever de l’abîme où les Prussiens et tes propres enfants t’ont plongée38 !”
À la fin de l’année 1871, il prend toutefois ses distances vis-à-vis des vicissitudes des temps et adopte une posture résolument philosophe devant l’adversité :
“Il y a longtemps que je ne vous ai donné de mes nouvelles. Cela tient à ce que dans les temps agités que nous traversons, la politique absorbe tous les loisirs. Nous avons cependant grand tort de tant nous tourmenter, l’avenir ne nous appartient pas, quelque envie que nous ayons de déchirer le voile qui le cache à nos yeux. Je suis convaincu que nous ne faisons qu’y perdre notre temps. Je fais donc comme le rat philosophe du bon de la Fontaine, je rentre dans mon fromage, laissant couler l’eau à la rivière et la politique à ceux qui ont envie de pêcher en eaux troubles80.”
Nous avons rappelé plus haut à quel point l’épisode de 1870 avait infléchi la trajectoire scientifique de Bailleau. Par la suite, le médecin ne s’investit que ponctuellement sur le terrain, achevant son œuvre personnelle par la publication du second rapport des fouilles de Châtelperron. Cet état de fait tient à un positionnement nouveau, non plus comme acteur mais comme correspondant régulier des institutions nationales ; en cela, il résulte bien sûr de ses maigres disponibilités, trop contraintes désormais pour garantir des recherches suivies. En dernière instance, un autre motif peut également être invoqué : d’ordre théorique cette fois, il exprime la distance instaurée par Bailleau vis-à-vis des idées transformistes et des préoccupations chronologiques qui les fondent.
Le système et son refus
Parvenus à cette étape, c’est donc la conception des origines lointaines de l’Homme chez Bailleau qu’il nous faut questionner, en essayant de contraindre ses appropriations, mais aussi son caractère de nouveauté. À cet égard, la pensée du médecin se structure autour de trois idées-forces : une conception anhistorique de la Préhistoire antédiluvienne, à l’opposé des thèses évolutionnistes promues par Mortillet et ses suivants ; une appréhension des modes de vie et de l’habitat préhistoriques, fondée sur le comparatisme ethnographique ; une approche diffusionniste des phénomènes sociaux, procédant par analogie de proche en proche. Dans sa première publication de 1866 sur l’Âge de Pierre en Bourbonnais, il résume ainsi son projet : “C’est en remuant le sol foulé par eux, c’est en exhumant des cavernes qu’ils avaient habitées, leurs armes et leurs ustensiles qu’on est parvenu, non à recomposer leur histoire, mais à faire revivre, preuves en main, leur industrie, leurs mœurs, leurs habitudes, peut-être même leur religion81”. En cela, il promeut une palethnologie “totale” qui doit être entendue comme une étude globale des sociétés humaines dans leur milieu naturel.
Dans ce contexte, les comportements de subsistance et les représentations sociales de la Préhistoire doivent avant tout être envisagés hors du temps qui s’écoule. Reprenant à son compte les premières convictions fixistes d’É. Lartet82, Bailleau n’envisage l’ancienneté de l’homme que par le biais de l’association stratigraphique – et encore, sous un prisme “globalisant”, le problème de l’ancienneté des fossiles rencontrés étant bien souvent envisagé de manière binaire, dans une dichotomie entre l’ancien et l’actuel : en dernier ressort, le verdict paléontologique prime donc sur le raffinement de ses critères et, plus encore, sur la variété des faciès industriels. En 1872 encore, Bailleau exprime toute sa réserve devant une évolution des productions humaines qui reste difficilement perceptible : “Il est difficile d’assigner un âge aux silex taillés, on ne peut que se livrer, d’après leurs formes et leurs types, à des hypothèses plus ou moins justes en les comparant à ceux d’autres localités dont l’époque peut être indiquée par la présence simultanée d’animaux contemporains83”. De fait, le médecin ne se prononça jamais sur la signification chronologique des documents recueillis à Châtelperron. Interrogé sur ce point en 1869 par Mortillet, il écrit avec prudence le 20 juin : “Je considère la Grotte des Fées comme l’une des plus anciennement habitées par l’homme, bien qu’elle l’ait été jusqu’à l’époque du Renne, mais jamais pendant l’âge de la pierre polie84”. Au fil du temps, sa position ne semble guère évoluer et force est de constater qu’elle ne fut jamais définitivement arrêtée. Par la suite, les préhistoriens s’approprièrent donc, chacun à sa manière et selon ses propres convictions, le temps suspendu de la Grotte des Fées, le gisement étant tour à tour rapproché de la Période d’Aurignac85, entendue par Mortillet comme une “période intermédiaire entre le Solutréen et le Magdalénien86”, avant de former le premier terme du Paléolithique supérieur87.
Ces différents usages du gisement de Châtelperron ont largement contribué à faire de lui une “station classique” de la première préhistoire, pour reprendre ici la formule du Dictionnaire archéologique de la Gaule de 187588. Paradoxalement, c’est donc l’indécision de Bailleau – ou, pour être plus précis, son refus de tout système chronologique, et notamment de celui élaboré par Mortillet – qui a contribué à mettre le gisement des Fées au cœur des débats, jusqu’aux ultimes développements de la “Bataille aurignacienne” au début du XXe siècle. Ses échanges avec Chabas autour des découvertes de Volgu et, plus largement, de la Préhistoire du val de Loire, traduisent encore tout son embarras sur le sujet, notamment lorsqu’il s’agit d’apprécier sous un prisme calendaire toute la “profondeur” des temps préhistoriques. Dissertant sur les industries lithiques régionales, il conclut : “quant à l’époque de départ, nous ne pouvons fixer le nombre des années. Nous devons nous contenter de dire époque de Solutré, peut-être plus près de nous encore64”. La question est ainsi expédiée, sans autre forme de procès, comme si le problème était pour lui inutile ou insoluble.
La démarche palethnologique du docteur Bailleau :
intuitions, paradoxes et impensés
Par contraste, Bailleau consacre dans ce même courrier de longs développements à l’origine des matières premières des grandes feuilles de laurier de Volgu. En cela, sa démarche apparaît peu représentative de la construction du discours palethnologique, telle qu’elle pouvait se concevoir durant la décennie 1860 et, plus largement encore, durant la seconde moitié du XIXe siècle. Bien plus, ses intuitions et interrogations lui confèrent un tour tout à fait original, au principe sans doute de sa marginalisation du réseau préhistorien. Délaissant le champ chronologique, Bailleau porte toute son attention à la reconstitution des modes de vie et de l’habitat préhistorique. Fait assez nouveau, il inscrit cette démarche, non à l’échelle du site, mais du territoire, donnant sens en cela à son approche régionale. Ses réflexions portent notamment sur les réseaux d’acquisition et d’échange des ressources siliceuses :
“Une remarque curieuse à faire au milieu de ces débris d’un autre âge, est de savoir d’où provenaient ces silex dont nos ancêtres faisaient usage. Certains éclats sont totalement étrangers au pays ; d’autres ont été choisis avec discernement et recueillis, soit sur les bords de la Loire, soit sur les flancs des coteaux où l’on rencontre des bancs entiers de ces cailloux apportés par le diluvium de la Bresse. D’autres, enfin, sont des silex ou jaspes en roche, arrachés aux carrières de Tilly, commune de Saligny89”.
De ce point de vue, ses recherches convergent vers une restitution globale de l’espace vécu par l’homme préhistorique. Il s’intéresse également aux méthodes de taille et de retouche du silex ; à l’extrémité de ce qu’on appellera par la suite “chaîne opératoire”, la définition de la fonction des outillages est par ailleurs au cœur de sa démarche. Par le comparatisme ethnographique – dont il faut chercher les ressorts dans sa lecture des travaux de Lartet et Christy90 –, il aborde la valeur utilitaire, mais aussi symbolique de ces objets : il formule à cet égard une réflexion originale sur la trajectoire sociale des grandes lames de haches polies néolithiques :
“On trouve souvent de très petites haches et d’autres immenses, mais beaucoup plus rares. On s’est demandé pourquoi cette grande différence dans la dimension. La réponse est assez difficile à faire ; cependant en raisonnant par analogie, voici ce que l’on peut répondre et ce que m’a appris M. Bechet aujourd’hui à Varennes-sur-Allier. Il a voyagé beaucoup sur mer et surtout en Océanie, aux îles Wallis, Nuku-Hiva et la Nouvelle-Calédonie.
C’est à lui que nous devons la hache en jade et qui vient d’un insulaire de la Nouvelle-Calédonie. La substance (le jade), m’a-t-il dit, est excessivement rare : on n’en trouve pas dans l’île. Aussi les insulaires tiennent-ils par-dessus tout à ces outils. Ils s’en servent, ajoutait-il, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus les tenir et encore à cette dimension les font-ils servir à d’autres usages. Ils les percent d’un trou et s’en font des pendants d’oreilles. Ils ne veulent s’en dessaisir pour aucun prix, et préfèrent de beaucoup vendre leurs femmes plutôt que leurs haches. Il faut les enlever par surprise et s’ils s’en aperçoivent, ils les défendent au prix de leur vie. Je crois que, de point en point, on pourrait appliquer ce raisonnement aux peuplades de nos contrées91.”
Plus que d’une confrontation raisonnée, cette lecture résulte, chez Bailleau, d’une confusion entre l’avant et l’ailleurs. Dans son article de 1867 – le seul à effleurer la problématique chronologique –, il écrit :
“Si nous jetons les yeux sur les différents objets qui composent les ustensiles des hommes de l’âge de pierre, nous y verrons de suite deux grandes distinctions à établir : les uns sont taillés par éclat, les autres sont éclatés puis polis, ou simplement polis. Acceptons cette division et nous aurons 1/ l’âge de la pierre taillée, 2/ l’âge de la pierre polie. C’est l’époque à laquelle on retrouve encore les naturels de Nouvelle-Calédonie92”.
Le procédé analogique employé ici – et qui confond temps et espace – constitue l’un des principaux leviers de sa réflexion. Il se retrouve dans l’approche diffusionniste des phénomènes culturels que le médecin restitue, avec plus ou moins de prudence, dans son Journal ou ses publications : “D’où venaient ces populations ? À quelle époque ont-elles occupé nos contrées ? La tradition et les monuments qu’elles ont laissés sur leur passage nous apprennent qu’elles venaient de la haute Asie et que, de proche en proche gagnant la Silésie et se dirigeant vers le nord, elles ont colonisé les côtes septentrionales de l’Europe […]. La tradition n’est pas seule à nous montrer les origines asiatiques des premiers peuples de la France et de l’Europe ; d’autres monuments plus précis nous prouvent aussi leur migration : je veux vous parler des dolmens qu’on rencontre échelonnés sur la route qu’ils ont suivie93”. Amalgamant deux traditions – l’une biblique tirée de l’épisode du Déluge dans la Genèse, l’autre issue des théories de l’abbé Jean-Sylvain Bailly94 sur la localisation de l’Atlantide sur l’immense plateau central du continent asiatique – Bailleau opère, à la suite d’Arthur de Bonstetten95, une synthèse des idées antédiluviennes qui rend compatibles la haute ancienneté de l’Homme et la dimension prioritairement fixiste de son histoire.
En accord avec le récit biblique que Bailleau ne remet jamais en question, même s’il concède une plus grande profondeur temporelle, les idées “migrationnistes” lui permettent d’envisager la Préhistoire dans une perspective historique qui s’accommode volontiers du postulat de l’unicité de l’Homme, posé comme invariant de ses démonstrations. Nous en voulons pour preuve l’argumentaire qu’il déploie auprès de Chabas pour justifier l’origine lointaine de certains matériaux et, par conséquent, les mouvements d’objets et d’idées qu’ils sous-tendent :
“On nous a apporté ces jours-ci, trouvée en Saône-et-Loire, près de la montagne de Dardon, une moitié de hache dont je vous adresse le croquis ci-contre qui nous intrigue beaucoup. Elle est en espèce de granit ou porphyre gris à points noirs mais sans mica. J’y vois à la forme une hache du Danemark, à n’en pas douter.
Cette hache nous ouvre un horizon tout nouveau. Les hommes de l’âge de Pierre auraient beaucoup voyagé. D’où auraient été plus civilisés [lacune] qu’on ne le prétend67”.
Nous le voyons donc : si, pour Bailleau, les sociétés ont pu se transformer au cours du temps, l’espèce humaine se détermine avant tout par sa permanence. Selon ce schéma, toute évolution globale – même technique – est inconcevable, signalant une rupture majeure avec l’école transformiste et ouvrant largement le champ à une forme d’actualisme anthropologique. Partant, Bailleau ne fit jamais siennes les idées évolutionnistes de Mortillet ; bien plus, il refusa obstinément de prendre place sur le terrain de la réflexion chronotypologique. Il faut y voir l’impensé majeur de ses recherches, fondées avant tout sur une restitution anhistorique des comportements du passé.
Au fil de ses écrits cependant, il ne réfute pas totalement le caractère universel de certains phénomènes, et c’est bien la question de l’évolution et, à travers elle, celle du progrès, qui le préoccupe. Pour autant, il ne franchit jamais le pas d’une “mise en séquence” de ces mouvements, dans une réflexion qui prend pleinement en charge le problème de l’évolution des formes, des idées et des techniques. Paradoxalement, ce sont ces lacunes qui justifient la place et l’héritage de Bailleau dans le champ disciplinaire de l’archéologie préhistorique. En passant sous silence le problème de la datation du gisement des Fées, Bailleau a permis à toute une historiographie de s’engouffrer, depuis la “Bataille aurignacienne” jusqu’à la remise en question du modèle périgordien96.
Du foisonnement de la première Préhistoire
Derrière la figure du docteur Bailleau, nous touchons finalement à la complexité de la première archéologie préhistorique : elle se révèle dans l’inventaire rapide – et non exhaustif – de ses relations avec les personnalités emblématiques de la discipline, mais aussi dans l’agencement de ses idées et les constructions théoriques auxquelles il se rattache.
Les choix qu’il opère et, en filigrane, les refus qu’il exprime renvoient à la diversité des démarches qui structurent des connaissances non encore abouties et parfois contradictoires. Sous cet aspect, ses échanges avec Mortillet traduisent tout à la fois son adhésion au vaste mouvement d’inventaire animé depuis le musée de Saint-Germain et ses réticences vis-à-vis du modèle transformiste dont l’assistant-conservateur est le principal promoteur – et qui va s’imposer au tournant des années 1870, provoquant un resserrement brutal du champ scientifique. De ce point de vue, Bailleau resta toujours fidèle aux premières idées de son “maître”, Lartet, dont il reprit la première classification chronologique et les principales considérations paléontologiques, soutenant l’idée d’une haute ancienneté de l’Homme compatible avec la doctrine de la création unique – et ses convictions personnelles.
La question de principe étant réglée, le médecin délaisse les problèmes naturalistes ou chrono-stratigraphiques pour se concentrer sur la restitution des modes de vie des hommes de la Préhistoire. À travers ces choix, il trahit certes une inclination particulière pour l’ethnographie, mais surtout les limites de sa propre expertise, n’étant ni géologue97, ni véritablement spécialiste des matériaux qu’il met au jour. N’exprimant qu’avec prudence toute identification, il renvoie vers Lartet ou Mortillet pour une détermination plus précise en matière de paléontologie ou de typologie lithique. Cette méconnaissance – et ce désintérêt relatif pour tout ce qui concerne la discrimination des marqueurs temporels – expliquent l’embarras dans lequel il se trouve lorsqu’il doit consolider sa collection. Ainsi lors de ses fouilles de Châtelperron : “je ramasse toutes les mâchoires. Tous les os que je ne connais pas et ceux que je connais sont mis de côté, à moins qu’ils ne soient en trop grande quantité de même espèce. Toutes les dents, de même. Mais je vais m’encombrer d’os. Ont-ils une certaine valeur pour les amateurs ? Dans ce cas je les garderais sinon je choisirai dans le tas. Si j’avais à mon secours la science de M. Lartet, il n’y aurait pas d’erreur possible98”.
Dans ces conditions, les caractères de modernité de la démarche de Bailleau résultent plus d’une expression de marge, s’affranchissant des conventions et des structures établies : développée à l’écart du mouvement de rupture épistémologique qui s’opère, dans les années 1860-1870, au sein d’une préhistoire de plus en plus orientée par la typologie lithique99, sa pratique est profondément révélatrice du foisonnement créateur qui caractérise la formation et le développement intellectuels de la discipline100. En refusant d’adopter les outils structurants que la Préhistoire se donne et d’accorder tout crédit aux principes évolutionnistes, le médecin va progressivement prendre ses distances avec le premier cercle de la recherche préhistorique, restreignant à mesure son activité à celle de correspondant des institutions nationales, relais essentiel mais extérieur entre les savants de Paris et ceux de Province. Ce faisant, il gagne en capital social ce qu’il perd en réputation scientifique62, dans une dialectique bimodale qui le rend indispensable à chacune des composantes du réseau.
Bibliographie
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Notes
- Delporte 1968a, 192.
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- Fonds Chabas, Ms. 2585, 2586 et 2588, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Institut de France, (Paris).
- Bailleau 1856.
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- Lettre de G.-J. Bailleau à E. Lartet, 21 mai 1868, 199068_1-181, bib. de l’Arsenal (Toulouse).
- G.-J. Bailleau, Journal (Notices et pérégrinations), 1866-1907 (1866), 1.
- Voisin de l’ingénieur, Bailleau apprend le décès de ce dernier par un courrier de Lartet à qui il dénonce au passage et “sans vouloir dire du mal de [son] prochain” les mœurs du couple Poirrier. Lettre de G.-J. Bailleau à E. Lartet, 21 mai 1868, 199068_1-181, bib. de l’Arsenal (Toulouse).
- Lettre de G.-J. Bailleau à E. Lartet, 27 juillet 1867, 199068_1-174, bib. de l’Arsenal (Toulouse).
- G.-J. Bailleau, Journal (Notices et pérégrinations), 1866-1907 (1871), 125.
- Lettre de G.-J. Bailleau à F. Chabas, 6 octobre 1874, MS2585, AIBL (Paris).
- Il mentionne toutefois ce dernier en communication publique en 1866. Boucher de Perthes 1860, 56, cité dans Bailleau 1867, 5-6.
- Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 3 septembre 1868, EC-CTG-10-02, IPH (Paris).
- G.-J. Bailleau, Journal (Notices et pérégrinations), 1866-1907 (n. d.), 4.
- Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 15 octobre 1866, EC-CTG-10-01, IPH (Paris).
- Lartet & Christy 1864.
- “Puisque je suis à demander, n’y aurait-il pas d’indélicatesse à vous demander un exemplaire de votre compte-rendu d’exploration des cavernes du Périgord ? Je l’ai bien lu mais en ce moment surtout, j’éprouve le besoin de relire vos belles découvertes afin de me donner du courage dans le travail que je viens d’entreprendre”. Lettre de G.-J. Bailleau à E. Lartet, 17 octobre 1867, 199068_1-177, bib. de l’Arsenal (Toulouse).
- Id.
- Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 17 octobre 1866, MAN (Saint-Germain-en-Laye).
- “Je termine en vous demandant quelques renseignements sur votre futur ouvrage. Il doit avoir été, comme beaucoup de ses frères, laissé de côté, j’en suis sûr. Quand le vent souffle à la guerre, l’esprit n’est plus à l’étude”. Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 7 mars 1871, MAN (Saint-Germain-en-Laye) ; “À quand l’homme primitif ????” Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 24 septembre 1872, MAN (Saint-Germain-en-Laye) ; “Votre nouvel ouvrage qui me sera des plus utiles. Veuillez m’informer du prix et s’il est d’un prix plus élevé que son frère mort-né, ce qui doit être, puisqu’il est plus complet. Je suis prêt à vous envoyer le complément de ma souscription.” Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 30 septembre 1873, MAN (Saint-Germain-en-Laye) ; “Et votre ouvrage ? L’Homme …” Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 17 mars 1876, EC-CTG-10-04, IPH (Paris).
- G.-J. Bailleau, Journal (Notices et pérégrinations), 1866-1907 (1866), 8.
- Poirrier 1859, 23 et 1866.
- G.-J. Bailleau, Journal (Notices et pérégrinations), 1866-1907 (1866), 5.
- Voir dossiers Poirrier et Feningre des archives Lartet, fonds Cartailhac, bib. de l’Arsenal (Toulouse), [en ligne] https://tolosana.univ-toulouse.fr/fr/corpus/archives-prehistoriens/lartet.
- Angevin 2023.
- Lettre de G.-J. Bailleau à F. de Saulcy, 13 septembre 1866, EC-CTG-10-01, IPH (Paris).
- Mortillet 1866.
- G.-J. Bailleau, Journal (Notices et pérégrinations), 1866-1907 (1871), 8.
- G.-J. Bailleau, Journal (Notices et pérégrinations), 1866-1907 (1866), 10.
- G.-J. Bailleau, Journal (Notices et pérégrinations), 1866-1907 (1867), 18.
- Bailleau va jusqu’à demander à Lartet de solliciter le ministre de l’Instruction publique. Lettre de G.-J. Bailleau à F. Chabas, 6 octobre 1874, MS2585, AIBL (Paris).
- G.-J. Bailleau, Journal (Notices et pérégrinations), 1866-1907 (1867), 19.
- Angevin & Lacoste 2019 ; Angevin et al. 2021.
- Un plan schématique, annexé à la lettre du 17 octobre 1867, permet en outre d’en saisir la progression spatiale après 20 ans d’exploitation régulière du gisement. Confrontées aux publications postérieures de Bailleau, ces informations nous ont permis de dresser un plan assez précis des travaux des années 1867-1870, en insistant sur le locus princeps du Foyer, au nord, dans l’extension duquel Delporte entreprit de nouvelles recherches entre 1951 et 1962. Ce secteur a été extrêmement perturbé par les travaux d’aménagement et les explorations du XIXe siècle. L’opération que nous avons conduite en 2021 et 2022, notamment au Palier sud, nous a de ce point de vue permis de démontrer que l’ensemble des niveaux contenant du mobilier paléolithique à cet emplacement correspondait en réalité à un palimpseste de vestiges d’occupation contenus dans des dépôts issus d’une part de la construction de la voie ferrée et, d’autre part, des déblais des fouilles anciennes, comme l’avait déjà postulé en 2007 J. Zilhão et son équipe à la faveur d’une première révision critique.
- Lettre de G.-J. Bailleau à E. Lartet, 16 juillet 1870, 199068_1-193, bib. de l’Arsenal (Toulouse).
- Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 20 avril 1871, MAN (Saint-Germain-en-Laye).
- G.-J. Bailleau, Journal (Notices et pérégrinations), 1866-1907 (1878), 251. Ce refus intervient après un premier accord de principe, comme le confirme le journal du médecin, à l’entrée du 10 janvier 1877 : “M. de Mortillet m’ayant écrit ces jours-ci pour me demander si je voulais prendre part à l’Exposition universelle de 1878, je lui ai répondu que oui”. Bailleau, Id., p. 241.
- Méplain 1909.
- “Il est difficile de mener de front la médecine, l’agriculture, les constructions et l’archéologie, sans parler de l’horticulture. C’est vous dire que je voudrais que les jours eussent 48 heures. Je fais donc de tout un peu, c’est-à-dire rien de bien”. Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 11 août 1874, MAN (Saint-Germain-en-Laye) ; “Vous voyez donc que quoique campagnard, rural devrais-je dire, l’occupation ne me manque pas et que je n’ai pas le temps de m’ennuyer. Comme Horace, je voudrais pouvoir dire sunt mihi otia, et alors je pourrais fouiller, fouiller et aller où mes goûts m’appelleraient mais… ”. Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 17 mars 1876, EC-CTG-10-04, IPH (Paris).
- “La grande difficulté consiste à se procurer les fonds nécessaires pour opérer les déblaiements. Nos sociétés locales de l’Allier sont à sec et votre serviteur est à peu près dans le même cas. Depuis 18 mois, mes clients se font tirer l’oreille et je vous avoue que je n’ai guère envie d’entreprendre pareil travail avec mes minces revenus de ce moment. Ne connaîtriez-vous pas le moyen de me venir en aide ?”. Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 29 octobre 1871, EC-CTG-10-03, IPH (Paris) ; “Pourquoi n’ai-je donc pas le même budget que Bulliot au Beuvray ?”. Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 3 septembre 1868, EC-CTG-10-02, IPH (Paris).
- Voir sur ce point Thévenot 2019 et Angevin et al. 2023.
- Lettre de G.-J. Bailleau à E. Lartet, 19 février 1869, 199068_1-191, bib. Arsenal (Toulouse).
- Coye 2005, 704.
- Lettre de G.-J. Bailleau à A. Lacroix, 24 décembre 1874, fonds Dauvergne, AD de l’Allier (Yzeure).
- En 1859, le savant danois J. Worsaae propose une mise en séquence de l’âge de Pierre ordonnant, du plus ancien au plus récent, un Early Stone Age et un Late Stone Age, distinction reprise en France et dans toute l’Europe à travers la bipartition entre 1re et 2e époque de la pierre. Les termes Paléolithique et Néolithique n’apparaissent pour leur part qu’en 1865, sous la plume de Sir J. Lubbock.
- Lettre de G.-J. Bailleau à A. Bertrand, 30 septembre 1888, AN (Saint-Germain-en-Laye).
- Une évaluation réalisée par H. Delporte dans les années 1960 évoque plus de 1500 de pièces. Delporte 1968b.
- G.-J. Bailleau, Journal (Notices et pérégrinations), 1866-1907 (1906), 383.
- Breuil 1911 et 1913.
- Le secrétariat de cette commission fut confié à G. de Mortillet.
- Quiblier 2014.
- Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 11 novembre 1869, MAN (Saint-Germain-en-Laye).
- Lettre de G.-J. Bailleau à E. Lartet, 6 mars 1868, 199068_1-180, bib. de l’Arsenal (Toulouse).
- Lettre de G.-J. Bailleau à E. Lartet, 28 décembre 1868, 199068_1-190, bib. Arsenal (Toulouse).
- Lettre de G.-J. Bailleau à E. Lartet, 5 juin 1868, 199068_1-182, bib. de l’Arsenal (Toulouse).
- Lettre de G.-J. Bailleau à E. Lartet, octobre 1867, 199068_1-176, bib. de l’Arsenal (Toulouse). Voir n. 93.
- Cette édification repose également sur l’échange de publications. Ainsi, le 19 août 1874, Bailleau écrit à Chabas : “En visitant ces jours-ci le musée de Saint-Germain-en-Laye avec M. de Mortillet, son sous-directeur, j’ai retrouvé dans une vitrine les moulages des silex de Volgu. M. de Mortillet m’ayant dit que vous aviez publié sur eux un rapport à la société de Chalon, je vous serais très reconnaissant si vous pouviez me le procurer et me le faire parvenir.” Lettre de G.-J. Bailleau à F. Chabas, 19 août 1874, MS2585, AIBL (Paris). Quelques décennies plus tard, les mêmes ressorts sont convoqués dans les échanges réciproques d’informations/connaissances qui fondent la relation épistolaire entre Bailleau et Joseph Déchelette. Ayant réservé à l’archéologue roannais la primeur de ses travaux dans la nécropole mérovingienne de Charrin (Nièvre), il le sollicite en retour pour actualiser ses connaissances bibliographiques. À réception des ouvrages qui lui manquaient, il lui répond : “Merci mille fois de votre amabilité de m’avoir adressé les deux vol. que je cherchais. Je les ai reçus à bon port et vous en remercie, aussitôt que je les aurais lus je m’empresserai de vous les retourner. Et ce dans la quinzaine”. Lettre de G.-J. Bailleau à J. Déchelette, 29 octobre 1906, AJDL-BAILJ00301, musée Déchelette (Roanne).
- Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 14 avril 1875, MAN (Saint-Germain-en-Laye).
- Lettre de G.-J. Bailleau à E. Lartet, 31 juillet 1868, 199068_1-185, bib. de l’Arsenal (Toulouse).
- Pélissier 2022.
- G.-J. Bailleau, Journal (Notices et pérégrinations), 1866-1907 (1866), 28.
- Lettre de G.-J. Bailleau à F. Chabas, 22 août 1874, MS2585, AIBL (Paris).
- Lettre de G.-J. Bailleau à F. Chabas, 19 août 1874, MS2585_01, AIBL (Paris).
- Morinière 2023 ; Pélissier 2023.
- Lettre de G.-J. Bailleau à F. Chabas, 21 septembre 1875, MS2586, AIBL (Paris).
- Bailleau 1869. Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 25 juin 1869, MAN (Saint-Germain-en-Laye).
- Mortillet 1869.
- Bailleau 1872. “Je voulais aussi vous adresser avec cette lettre une brochure que j’ai publiée au congrès de Moulins en 1870 et qui n’a paru que ces jours-ci dans le compte-rendu. Mais n’ayant pas encore reçu les épreuves que j’ai fait tirer à part, je ne puis le faire, vous la recevrez dès qu’elle me sera livrée. J’y passe en revue les différents points de notre pays où j’ai rencontré des silex taillés, puis je reprends l’histoire de la Grotte des Fées de Châtelperron. Revue corrigée et surtout augmentée de mes dernières trouvailles”. Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 12 mai 1873, MAN (Saint-Germain-en-Laye).
- Voir par exemple, à la date du 10 janvier 1877 : “Je lui ai demandé en même temps quel devait être l’usage de cet objet.” G.-J. Bailleau, Journal (Notices et pérégrinations), 1866-1907, 241.
- Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, n. d., MAN (Saint-Germain-en-Laye).
- “Je vous remercie de votre bon souvenir et de votre photographie. Je vous renvoie ci-joint la binette de votre serviteur”. Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 20 avril 1871, MAN (Saint-Germain-en-Laye).
- Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 23 novembre 1869, MAN (Saint-Germain-en-Laye).
- Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 24 septembre 1872, MAN (Saint-Germain-en-Laye).
- Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 6 octobre 1872, MAN (Saint-Germain-en-Laye).
- “22 octobre 1871. Plus de 18 mois se sont écoulés sans que j’aie rien consigné sur ce registre. Que nous avons vécu depuis ce temps ! Et combien de choses se sont passées depuis la guerre – les prussiens –, la Sacrée République qu’elle aille bien au diable et le plus tôt possible”. G.-J. Bailleau, Journal (Notices et pérégrinations), 1866-1907, 121.
- Rougeron 1965 : 102 ; “L’Écho saumurois”, n° 221, 22 septembre 1899, 2.
- Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 7 mars 1871, MAN (Saint-Germain-en-Laye).
- Lettre de G.-J. Bailleau à G. de Mortillet, 29 octobre 1871, EC-CTG-10-03, IPH (Paris).
- Bailleau 1867, 4.
- Lartet 1861.
- Bailleau 1872, 100.
- Mortillet 1869, 388.
- Hamy 1870, 263.
- Mortillet 1883, 436.
- Breuil 1911, 75.
- Notice “Châtel-Perron”, Dictionnaire archéologique de la Gaule – Époque celtique, T. 1 A-G, Paris, Imprimerie nationale, 1875, 277.
- Bailleau 1872, 99.
- Lartet 1861. A l’instar du paléontologue, Bailleau utilise régulièrement l’expression “aborigènes de la Gaule” pour désigner les hommes préhistoriques.
- G.-J. Bailleau, Journal (Notices et pérégrinations), 1866-1907 (1866), 13.
- Bailleau 1867, 5.
- Bailleau 1867, 2.
- Bailly 1777.
- Bonstetten 1865.
- Breuil 1907 et 1913 ; Delporte 1951 et 1954, parmi d’autres.
- “Je suis très ignorant en fait de géologie et je vous envoie le croquis des couches du terrain afin de me renseigner près de vous, afin de savoir si ces couches sont tertiaires ou quaternaires”. Lettre de G.-J. Bailleau à E. Lartet, 16 juillet 1870, 199068_1-193, bib. de l’Arsenal (Toulouse).
- Lettre de G.-J. Bailleau à E. Lartet, octobre 1867, 199068_1-176, bib. de l’Arsenal (Toulouse).
- Hurel 2023.
- Coye 1997.