“Toute coll. spéciale faite avec ordre et méthode est utile – instructive –. On ne devrait pas laisser se disperser les ensembles ainsi accumulés par des hommes qui ont forcément acquis sur un sujet donné, par leur persévérante recherche, des données plus complètes que celles que possèdent leurs contemporains”.
(Adrien de Mortillet. Note libre, Nachlaß Mortillet, K M3 Div.)
Préambule
Les collections ont des parcours mouvementés. Elles sont manipulées, étudiées, fractionnées, recomposées, amputées, évaluées, étudiées, marchandisées, exposées, reléguées. Elles disparaissent comme elles réapparaissent. Ce sont des histoires fragmentées qui jalonnent la vie des collectionneurs ou des savants qui les inscrivent dans leur propre temps biographique.
Dans le propos qui suit, nous avons choisi de parler “d’histoires de collections”, car cela nous semble adapté à la compréhension du parcours des collections de Mortillet. À partir du moment où l’unité d’une collection est rompue, déplacée ou qu’elle participe à la réunion d’autres séries, il se produit un temps de composition se rapportant nécessairement à l’histoire de l’homme qui réorganise et met scène le nouvel ensemble en tant que série de comparaison, collection de musée, exposition temporaire ou satisfaction personnelle.
Nous parlerons donc d’histoires de collections afin de rendre compte d’une succession d’événements qui s’inscrit sur le temps long de plusieurs générations de collectionneurs, de chercheurs et d’institutions d’accueil. Les ensembles choisis d’artefacts nous permettent d’appréhender l’objet “collection” pour parler de ces mouvements liés à l’histoire scientifique et personnelle des chercheurs et collectionneurs qui assemblent, fractionnent et harmonisent les séries. Une collection évolue naturellement de manière complexe. C’est dans le cadre de ces évolutions que sont présentées ici les ventes des collections Mortillet.
Introduction
Depuis le début de l’humanité, réunir des objets et organiser des ensembles a appartenu à un imaginaire collectif. La mise en scène d’artefacts répond à une esthétique, un ordre, une vision du monde appelée à poser aussi la base du laboratoire scientifique. Les collections préhistoriques et ethnographiques sont des instruments privilégiés et d’objectivation pour une compréhension des comportements sociaux des groupes humains du passé.
Aux XIXe et XXe siècles pour tout préhistorien, anthropologue, ethnologue, naturaliste ou géologue, réunir une ou des collections était étroitement lié à l’activité intellectuelle ; il s’agissait d’avoir à domicile leurs séries de comparaison au même titre que leurs bibliothèques. Rassembler les objets relatifs à ses travaux participait de l’organisation de la science du XIXe siècle et du début du XXe siècle. La démarche scientifique, avec son raisonnement dit “par induction” se fondait sur l’observation des faits, principe hérité des Lumières. Posséder une collection, au-delà des dividendes narcissiques que cela rapportait, permettait peu ou prou d’extraire, par l’étude et l’organisation de ces séries, des valeurs scientifiques supposées libérées de l’idéologie. Posséder des témoins liés à son domaine de recherche était une manière de s’approprier l’objet de son étude. S’appliquer à former une collection demandait de construire un réseau et de participer à des systèmes d’échanges tant sur le plan matériel que sur la diffusion d’idées et d’approches théoriques. Gabriel et Adrien de Mortillet composèrent plusieurs collections au cours de leur vie. Les échanges épistolaires du Nachlaß Mortillet1 montrent l’ampleur du réseau auquel appartenaient les Mortillet. Les renseignements actualisés provenant des quatre coins de France et de l’étranger ont favorisé les débats scientifiques, et participé à l’émulation de la recherche ainsi qu’aux stratégies de mise en scène du pouvoir au sein de la discipline. Le système d’échange varié a permis la formation de séries de comparaison pour l’étude des périodes pré- et protohistorique et a nourri l’activité éditoriale comme en témoigne notamment l’ouvrage le Musée Préhistorique2, reflet d’une collection virtuelle à des fins didactiques.
Adrien de Mortillet3 possédait deux importantes collections à la fin de sa vie. L’une composée d’artefacts pré- et protohistoriques couvrant les périodes du Paléolithique à l’âge du Fer et l’autre rassemblant une kyrielle d’amulettes, de médailles et objets magico-religieux du monde entier et de toutes périodes. Il souhaita vendre ces deux collections mais ne put de son vivant finaliser que celle concernant la collection préhistorique de référence. Le choix a été fait dans cet article de présenter plus particulièrement les étapes des ventes et le parcours de ces deux dernières collections.
Louis Laurent Gabriel de Mortillet (1821-1898) et son fils François Adrien de Mortillet (1853-1931) (fig. 1) ont au cours de leur vie possédé différentes collections qui ont participé en premier lieu à leurs recherches et nourri le rapport privilégié du collectionneur à l’objet possédé4. Wajcman écrit :
“Pour les collectionneurs eux-mêmes, c’est sur l’objet que se fondent les classifications[…]5.”
François Adrien de Mortillet (1853-1931), Nachlaß Mortillet K M3 (à droite).
Une collection est un ensemble d’objets divers liés les uns aux autres dans une organisation précise qui fait sens pour le propriétaire et pour les personnes qui les observent et les étudient. Derrière, le savant qui réunit une collection à des fins de recherches et de classification, il y a un homme le “collectionneur” qui s’organise, et médite à partir de l’ensemble qu’il réunit. Il doit gérer le manque, rechercher, attendre de trouver et d’acquérir l’objet absent.
Il peut aussi chercher à provoquer son apparition par un fac-similé, un double, voire un faux. Les séries comme les objets singuliers ont une vie sociale qui peut les mettre en valeur ou les oublier. Comme le rapporte Chazan :
Archaeological objects have complex social histories. The life of the object can be separated into two phases. In the first phase the object is valued for functionality, whether symbolic, practical, or – as is more often the case – a mixture of both. In its second phase, after recovery by archaeologists, the object is still valued for functionality but its function is no longer symbolic or practical. The function of the object in its second phase is dependent on its authenticity and its ability to serve as evidence or a witness of the past. For archaeologists the authenticity of an object is closed linked to secure knowledge of the context in which it was discovered […]6.
À son origine, un objet a une valeur pratique et peut aussi remplir une fonction symbolique. Au cours du temps, cet objet devient un témoin d’un passé s’il peut être compris dans le contexte de sa découverte. L’archéologue le recueille et l’étudie, de sorte que l’objet s’inscrit dans un parcours social.
La vente, le faux, l’achat, l’échange,
le moulage et le double
L’archéologie préhistorique à la fin du XIXe siècle et au début du XXe est caractérisée par un engagement et un discernement qui nourrit l’analyse critique du vocabulaire et la production de modèles théoriques. L’activité scientifique d’alors avait pour objectif de chercher à comprendre les données archéologiques en les évaluant et les ordonnant ; l’objectif étant de vérifier ou non certaines hypothèses en cours, d’asseoir les raisonnements scientifiques, et construire un savoir spécifique.
Aborder les mouvements d’objets et la création de collections dans le temps conduit à aborder les dynamiques qui accompagnent ces parcours. Gabriel de Mortillet, dans ses expériences passées de responsable de collections d’invertébrés7 et de classement d’objets en Savoie, avait impulsé l’échange et la vente afin de stimuler les acquisitions et la recherche. Lors de la création de la revue Les Matériaux pour l’histoire positive et philosophique de l’homme, il instaura naturellement un bureau d’échange et de vente de publications (fig. 2), d’objets et de moulages :
“Étendre les opérations du Bureau d’échange et de vente à tous les objets, […] Ces divers objets, imitations et originaux, auront leur prix marqué soit pour la vente, soit pour régler les échanges […].8”
c. Extrait d’une discussion : Octave Vauvillé, Bull. de la société d’anthropologie de Paris, 1895.
Cette démarche avait pour objectif de permettre aux préhistoriens, archéologues, anthropologues et ethnographes de mettre en vente, d’acheter ou d’échanger des objets ou reproductions afin d’enrichir, de spécialiser ou de modifier les orientations thématiques de leurs collections tout en assurant leurs conservations. Gabriel de Mortillet participait donc à la construction de la Préhistoire en créant un réseau grâce à un journal spécialisé où étaient annoncés les ventes et échanges d’originaux ou moulages et imitations. Cette initiative permettait ainsi aux personnes intéressées d’acquérir facilement ou d’écouler des objets en évitant des fraudes et des falsifications.
Toutefois, dès 1866 Gabriel de Mortillet alertait ses lecteurs9 sur la circulation de faux dans le sud-ouest de la France (fig. 2). Fabriquer des pièces archéologiques ou se les procurer a toujours été un moyen d’obtenir l’unité d’une collection, comme d’en augmenter la valeur marchande. En témoignent de nombreux exemples de “péripéties” qui se sont glissées au cours des découvertes10. La réalisation de faux pouvait également nourrir le narcissisme ou le cynisme de certaines personnes indélicates ou en mal de reconnaissance.
À titre d’exemple, l’affaire des faux de Breonio (Italie), très vite percée à jour par Gabriel de Mortillet, créa un point de tension avec ses collèges Luigi Pigorini11 et Pompeo Castelfranco12, partisans alors de l’authenticité des pièces13. Le site révélait des vestiges de toutes époques et témoignait d’habitats et de pratiques sépulcrales. Cette universalité du site fut pour Gabriel de Mortillet un fort indice d’une mise en scène malhonnête où le vrai et le faux se mêlaient avec art pour confondre la science. Dans un article, Mortillet écrivit :
“Cette localité extra privilégiée renferme des formes étranges, des types qu’on n’avait encore jamais vus. Il faut grandement se méfier de tous ces types nouveaux et insolites. Les industries primitives sont très uniformes, c’est un de leurs caractères essentiels ; au contraire les faux brillent généralement par leurs allures bizarres, imprévues, toutes nouvelles […]14”.
Gabriel de Mortillet démontra de manière méthodique et argumentée par comparaison, l’ampleur de la mystification subie15. Adrien de Mortillet qui se rendit sur site confirma les conclusions de son père16.
La constitution d’une collection ouvre la possibilité que les objets qui la composent ou son intégralité constituent une marchandise. Mais ce n’était pas l’objectif premier des Mortillet qui, à partir d’un ensemble d’objets, souhaitaient avant tout comprendre la diversité des comportements des groupes humains. Les outils de comparaison des sciences de la biologie ont été étendus à l’époque aux artefacts humains. Cependant, la spéculation sur les objets préhistoriques fut une pratique classique pour permettre la constitution et l’évolution de collections de référence pour les scientifiques. À titre d’exemple, nous citerons ici quelques extraits de correspondances. Alain Reverdit17 écrivit à Gabriel de Mortillet en mars 1881 :
“Mes collections étant considérables, je puis sans me démunir disposer d’un assez grand nombre de pièces provenant de mes fouilles et recherches dans le canton de Montignac (Dordogne). Vous pourriez peut-être me désigner des Musées ou des collectionneurs particuliers qui voudraient bien, par voie d’achat, devenir acquéreur de séries plus ou moins importantes de silex de cette contrée où se trouve comprise la station du Moustier […]”
(Nachlaß Mortillet, K Dpt. Dordogne 4).
L’amateur et pourvoyeur de silex François Delmas, boulanger à Cours-de-Pile près de Bergerac, était un marchand connu des savants à la fin du XIXe siècle. Cette personne avait réuni, par ses prospections, un ensemble de plusieurs milliers de pièces. En juillet 1884 François Daleau18 rapporta à Adrien de Mortillet un aperçu de ses impressions sur la série de Delmas :
“Nous avons visité le capharnaüm du Sr Delmas, chez qui nous sommes restés près de trois heures pour dresser l’inventaire riche. Cet honorable boulanger a de belles choses mais je crois qu’il se figure surtout avoir une fortune […] PS : J’ai déjà fait cinq autres excursions dans le Bergeracois – où je paie aux indigènes les ébauches de haches robenhausiennes – haches polies – les instruments chelléens et moustériens. Échantillons payables de 0,25 à 0,50 pièce – Belles et très belles pièces de 0,50 à un franc. N’allez pas gâter le prix […]”
(Nachlaß Mortillet, Dpt. Dordogne 2).
Dans une lettre du 9 novembre 1884, Delmas écrivit :
“J’ai vendu à Mr de Mortillet le 13 août 1884 500 pièces diverses […]“
(Nachlaß Mortillet, Dpt. Dordogne 3).
Dans un article de la Société d’anthropologie de Paris suivi d’une discussion (fig. 2), Octave Vauvillé19 mettait en garde contre l’achat de collections dans lesquelles pouvaient se glisser des faux. Il faisait remarquer alors que le commerce de séries était parfois suivi d’abus de confiance par l’introduction de contrefaçons dans une collection20.
Ces transactions faisaient partie de l’animation et de l’émulation de réseaux de savants et d’amateurs d’objets. Avec le temps, les objets et les séries ont des évaluations variables qui peuvent parfois atteindre des sommes importantes comme en témoigne la vente en lots de la collection François Bigot aux enchères Drouot (Paris) pour plus de 830 000,00 euros en septembre 2021. Parmi la série d’objets, il a pu être proposé trois lots provenant de collections des Mortillet21. La collection Bigot rassemblait des objets ayant appartenu à des sélections de grands archéologues ayant vécu de la fin du XIXe siècle aux années 1960. Ces lots témoignent du devenir de séries et d’objets qui, au gré de leurs propriétaires ou par concours de circonstances, recomposent de nouvelles collections.
Certaines collections font également appel aux techniques de moulages, un moyen de compléter des séries, de pouvoir faire circuler un objet à des fins d’étude et d’enseignement, de rassembler une suite pour une muséographie efficace d’un point de vue pédagogique. Dans la dynamique de constitution de séries, le double est un moyen d’échange ou un élément rémunérateur qui crée des dynamiques de réflexion et permet de tisser des réseaux entre chercheurs. La vente d’un double permet une aide pécuniaire pouvant être investie pour se procurer une pièce manquante.
Les collections de Gabriel de Mortillet
Dans un premier temps, nous citerons rapidement les collections réunies par Gabriel de Mortillet puis nous présenterons les événements qui ont accompagné la mise en vente des deux collections d’Adrien de Mortillet à la fin de sa vie.
Gabriel de Mortillet initia son parcours de savant en classant les collections d’histoire naturelle du Musée de Genève. Il s’était, de prime abord, intéressé à la paléontologie puis à la géologie, discipline liée à son métier d’ingénieur, ce qui le poussa naturellement à réunir une collection composée de minéraux fossiles représentatifs de divers types de terrains de la Savoie22. L’ensemble était constitué de 1500 échantillons dont une partie avait été présentée à l’Exposition universelle de 1855 avant qu’il ne la cède au Musée d’Annecy où il avait obtenu par concours la place de conservateur du musée. Il y avait déjà créé à cette époque un Bureau d’échange d’histoire naturelle permettant des réciprocités entre naturalistes. En 1860, il quittera ce poste pour s’installer, avec sa famille, à Vérone. Un brouillon de démission figure dans les archives :
“Monsieur le Syndic. Je vous prie de voul Veuillez, je vous prie, présenter au conseil municipal ma démission de conservateur du Musée d’histoire naturelle. Une position beaucoup plus avantageuse sous le rapport des appointements m’est offerte en Italie. C’est le motif qui me fait quitter Annecy. Mais en m’éloignant je n’oublie [mot avec rature : illisible] le bon accueil que j’ai reçu ici, et j’espère pouvoir encore contribuer à augmenter les collections qui pendant trois ans ont été confiées à mes soins. Comme vous avez pu le voir par le Rapport que j’ai eu l’honneur d’adresser au Conseil, elles sont maintenant à peu près toutes en ordre. Il reste pourtant à mettre la dernière main au classement d’une des plus importante celle de géologie. Je reviendrai dans quelques mois terminer ce travail. Veuillez Agréez…” [fin du brouillon]
(Nachlaß Mortillet, K M3).
Dès 1863, en s’établissant à la Tronche (Isère), Gabriel de Mortillet caressa le projet d’éditer un ouvrage intitulé Histoire de l’homme avant les temps historiques23. Pour mener à bien son projet, il devait rassembler divers éléments afin de réaliser son ouvrage. Il fit tirer une plaquette éditée à Grenoble. Il attendait des géologues des informations sur les périodes quaternaire et actuelle, et des archéologues des documents concernant les époques de la Pierre taillée et polie, du Bronze et du Fer. Sa plaquette lançait également un appel pour réunir une collection de référence venant appuyer son texte :
“Je réunis une collection d’objets anté-historiques et de l’époque quaternaire. J’accepterai avec plaisir comme don ou échange, tous ceux qu’on voudra m’envoyer : originaux, fac-similés, moulages ou dessins. Je désire surtout les ossements humains, principalement des crânes, et j’en demande au moins communication momentanée aux personnes qui en possèdent parfaitement authentiques. Gabriel de Mortillet“
(Nachlaß Mortillet, D 111).
Par la suite, Édouard Lartet proposa à Alexandre Bertrand, conservateur du Musée des antiquités nationales (MAN) d’engager Gabriel de Mortillet pour classer les collections, notamment celle de Jacques Boucher-de-Perthes (1788-1868) et celle d’Édouard Lartet (1801-187 et d’Henri Christy (1810-1865)24. Courant 1866, il commence le classement des objets préhistoriques du MAN et obtient le poste d’attaché de conservation en 1868 (cf. Jouys Barbelin dans cet ouvrage). Il vendit sa propre collection du Paléolithique à l’âge du Bronze, en majeure partie des pièces françaises, mais aussi italiennes, suisses, belges et provenant d’autres pays. Il fera passer une annonce dans les Matériaux pour l’histoire primitive et philosophique de l’homme en 186825. Il y mentionne, que malgré la peine qu’il éprouve à s’en séparer, son emploi l’oblige à renoncer à conserver ses objets car la politique de l’État considérait la propriété des collections archéologiques comme incompatibles avec un emploi au Musée national pour des raisons d’éthique. La collection fut achetée en 1868 par le Peabody Museum of Archeology and Ethnology, de l’Université d’Harvard. Cette vente n’eut lieu que grâce à l’existence d’un réseau de personnes capables de faire le lien entre cette institution et Gabriel de Mortillet, réseau largement issu de la communauté liée à Louis Agassiz26. Cette collection intéressait le musée Peabody en raison d’un contexte culturel façonné par l’anatomie comparée et d’un intérêt pour l’histoire naturelle des races27.
Les collections d’Adrien de Mortillet
Adrien de Mortillet rassembla deux grandes collections. L’une consacrée aux périodes préhistoriques et protohistoriques28, l’autre consacrée au rapport magico-religieux des peuples et des civilisations du monde aux cours des temps.
La collection d’amulettes et d’objets magico-religieux
Ce type de collection à caractère religieux et magique était connu chez certains savants archéologues et ethnologues qui s’intéressaient aux pratiques fondées sur les croyances ancrées dans la culture populaire et faisant appel à un savoir-faire codifié à des fins de protection, de guérison, de divination ou de conseil. De nombreux savants en préhistoire, ethnologie, anthropologie, médecine et traditions populaires étudiaient le rapport au religieux sous toutes ses formes afin de mieux comprendre l’évolution des sociétés et leurs mœurs face à l’appréhension de l’inconnu29. Certains réunissaient des séries d’objets de différente nature, d’autres étudiaient par les textes, et en immersion dans les populations de traditions orales, les modèles liés aux manifestations mystérieuses, aux croyances, aux mythes et aux légendes. Ils associaient religion et superstition en expliquant ces phénomènes par la peur qu’ont les hommes de l’inconnu et pour certains au besoin de s’évanouir en idée de Dieu ;seule l’évolution de la science permettra de dépasser ces croyances et les reléguera comme hors œuvre métaphysique face à la progression de l’organisation sociale et les conduites privées30. Religions et croyances diverses prospèrent tant qu’elles demeurent en phase avec les peuples qui les inventent et dépérissent dès qu’elles deviennent inefficaces ou qu’advient le progrès intellectuel31. Les Mortillet avaient toujours porté un intérêt particulier aux questions de religion et de superstition. Gabriel de Mortillet effectua un travail de recherche sur les amulettes gauloises et gallo-romaines qui se concrétisa par un article paru en 1876. Dans cette publication, il écrivit :
“La religiosité, simple effet de cœur et surtout d’imagination, est une pure affaire de sentiment. La superstition, elle, est le résultat de recherches très-mal [orthographe de l’auteur] dirigées, très-mal comprises, très-mal interprétées, mais dénotant pourtant un certain esprit observateur ; c’est le fruit de beaucoup d’imagination unie à un peu d’observation. C’est pour cela que la superstition peut et doit être considérée comme le point de départ du mouvement progressif de l’humanité. C’est pour cela aussi, qu’en attendant la science, nous sommes forcés d’accepter la superstition comme caractéristique de l’homme […]32”.
Quant à Adrien de Mortillet, ses recherches sur le sujet englobaient, toutes périodes et contextes géographiques confondus, diverses formes d’amulettes, de fétiches, de grigris, de porte-bonheur. Extraits de presse, plaquettes, notes de carnets de voyage, liste par thèmes rassemblés, montrent son intérêt particulier pour les comportements liés à la religion, aux pratiques magiques et aux rituels superstitieux (fig. 3). Dans un souci d’étude du phénomène il écrivait dans ses notes de travail :
“L’Histoire des religions et l’étude des superstitions nous montrent le rôle considérable qu’ont joué depuis la plus haute antiquité les objets de toutes formes et de matières si variées diverses que nous rangeons sous comprenons sous le nom général d’amulettes. S’il était possible de faire une statistique des gens qui portent des amulettes de toutes sortes, talismans, porte-bonheurs depuis les scapulaires, les croix, les médailles, jusqu’aux petits cochons porte-veine que l’on portait ces temps dont nos bijoutiers ont vendu écoulé une quantité [arrêt de la note]”
(Nachlaß Mortillet, D 50).
Cette collection est le reflet de l’imaginaire et de l’élaboration de pensées métaphysiques des peuples face à l’imprévu, l’inconnu, l’insupportable et l’indicible. Pour se protéger du mal, des mauvaises actions, des phénomènes maléfiques, des sorts jetés, l’homme s’est placé de tout temps sous la protection de talismans, d’amulettes qui composent souvent un corpus hétéroclite. L’homme ayant souvent le besoin irrépressible de s’appuyer sur des récits pour habiter l’univers, c’est ce rapport au monde qui intéressait particulièrement Adrien de Mortillet dont les recherches tentaient d’appréhender les comportements culturels multiformes en matière de croyance et de superstition.
Au cours de ses missions scientifiques à l’étranger (Autriche, Amérique du Sud, Afrique du Nord, Italie, Russie), il récolta une quantité impressionnante d’échantillons et étudia les phénomènes liés au port d’amulettes. À titre d’exemple, un carnet de voyage tenu lors de la mission Créqui-Monfort en Amérique du Sud33 répertorie la collecte de cent vingt objets revêtant un caractère sacré ou ayant des pouvoirs particuliers34. En témoignent également des notes de voyage en Italie concernant les jeteurs de sorts jetattore (fig. 3) (Nachlaß Mortillet, D 111). Par son immense réseau de connaissances, il obtenait également des spécimens de toutes provenances comme en témoigne la correspondance du Nachlaß Mortillet. Le constat du capitaine Peter Johnston-Saint35 lors de sa visite à Paris chez Adrien de Mortillet mentionne :
This collection of amulets and coins has been gathered together by M. Mortillet from all parts of world, and embraces all periods from primitive times to the present day
(archives du Pitt Rivers Museum).
Il qualifia l’ensemble d’exceptionnel dans son rapport au Musée Wellcome (archives du Pitt Rivers Museum ‑ Université d’Oxford). La collection était accompagnée d’un catalogue ; chaque objet était fixé sur un support et possédait un numéro et un nom. 15 000 médailles et 6 000 objets du type amulette furent dénombrés :
the greater portion of which are religious coins and medals, but a considerable number – hundreds of them– have a direct medical significance in as much as they are tokens and amulets to guard the owner against diseases such as cholera, plague, small-pox, and other diseases and epidemics, and commemorate pilgrimages for cures […] Practically the whole of amulets and porte-bonheurs are mounted on card about 12” by 8”. Each object has a small tally attached there to bearing a number, and there is a catalogue in the form of a book consisting of 268 pages in which these numbers appear in their sequence with the description of the object following. I would mention here that the whole of this collection, both the amulet and the coins, are in excellent order, for practically every object has been numbered and described
(Johnston-Saint, archives Pitt Rivers Museum).
Peter Johnston-Saint a aussi établi une liste représentative de 300 objets types des séries d’amulettes et de médailles religieuses. Les objets présentés sur supports adaptés proviennent des cinq continents. Ils ont été réalisés à différentes périodes, depuis la préhistoire jusqu’au début du XXe siècle et se réfèrent à plusieurs religions ou croyances. Ce sont des objets que l’on peut porter sur soi, mais il existe aussi des ex-voto, des modèles de tatouage, des gravures, des icônes, des poteries votives, des rubans, des estampes, des roses des sables ou des bouteilles de Liesse qui sont plutôt des objets protecteurs ou rituels. Des photographies en ont été réalisées entre 1918 et 193036 (fig. 4).
Le processus de vente de cette collection débutera en 1929 et Adrien de Mortillet vit en Armand Donald Lacaille37 la personne la plus pertinente pour la mener à bien et en assurer sa destination. Il écrivit alors (fig. 5) :
“Je suis très reconnaissant de l’obligeance que vous avez de bien vouloir vous occuper du placement de ma collection d’amulettes, dont je désire actuellement me défaire, mais que je ne voudrais pas voir dispersée.
Cette coll. dont vous n’avez pu voir qu’une faible partie, a été commencée il y a plus de 50 ans, à une époque où personne ne s’intéressait aux objets de ce genre, il était encore possible de faire de bonnes récoltes.
Continuée jusqu’à nos jours, elle comprend environ 6 000 objets en grande partie destinés à être portés comme amulettes, remèdes, préservatifs ou porte-bonheurs appartenant aux époques les plus diverses et venant de tous les pays. Il serait aujourd’hui à peu près impossible de réunir une série semblable. Il n’existe dans les Musées publics que quelques échantillons isolés. Elle renferme des pièces uniques et nombre d’objets rares. Tous les objets portent un n°. Je vous confie le catalogue dont je vous prie d’avoir grand soin. J’y joins un inventaire sommaire de la collection annexe de médailles religieuses, comprenant près de 20 000 numéros. Je serais particulièrement heureux que cette collection puisse être acquise par le fort intéressant musée spécial dont vous m’avez parlé. Elles seraient bien à leur place. En tout cas, J’attendrai une réponse de vous avant de les offrir à New York, qui m’avait déjà demandé à en faire l’acquisition lors de l’exposition de 1900. Veuillez agréer, M. et cher collègue, avec tous mes remerciements pour la peine que vous voulez bien vous donner, l’expression de mes très cordiaux sentiments. A. de M.” (lettre du 8 novembre 1929)
(Nachlaß Mortillet, K M3).
Un rapport préliminaire fut effectué le 13 novembre 1929 afin d’évaluer la collection ; un inventaire sommaire original en français de ce document est présent dans les archives de Wellcome Library. Puis en 1930, un deuxième rapport fut réalisé pour le Pitts River Museum par Peter Jonston-Saint qui témoigna à la fois de l’ampleur de la collection mais également du dénuement dans lequel vivait alors Adrien de Mortillet :
This remarkable collection belongs to Monsieur Mortillet, an old gentleman who has the reputation of being one of leading anthropologist in France. I understand that Mr Lacaille had already seen this collection when he was on his holiday, and had made a brief report regarding it.
I spend the greater part of two days in looking through this collection which Monsieur Mortillet keeps in this apartment, which consists of two rooms, where he lives almost the life of a hermit. The collection occupies the greater portion of these two rooms, the furniture of apartment consisting of only a bed, trestle-table and two chairs […]
(Jonston-Saint, 1930 – archives Pitt Rivers Museum).
Le 6 avril 1931, Armand Donald Lacaillle se rendit à son tour à Paris et prit, pendant un mois, une série de photos d’objets de la collection, médailles et amulettes. Il établit également une liste des tirés à part et des traités de folklore et de médecine religieuse de la collection des Mortillet. Il prit également connaissance de la collection de 20 000 médailles (sur cartes) distincte du catalogue d’amulettes ainsi que de 800 duplicatas emballés séparément38.
Le triptyque “Religion-Superstition-Magie” n’était pas envisagé du même point de vue par d’autres intellectuels comme par exemple, Louis Capitan qui établissait une nette différence entre religion et magie :
“Alors que la Religion s’adresse à des forces supérieures dont elle reconnaît la toute-puissance, et s’incline à l’avance devant ses volontés, la seconde a la prétention de les contraindre par des pratiques diverses qui constituent le fond de la Magie […]39”.
Pour des libres penseurs comme Adrien de Mortillet il était irréfutable qu’aucune religion ne peut être “nettoyée” de sa part superstitieuse, de sa part de magie, d’un centre irréductible d’irrationalité. Il est par ailleurs discuté que dès l’aube des temps une arrière-pensée magique ait pu se manifester40 et c’est l’universalité du phénomène de superstition qui a passionné Adrien de Mortillet des années 1880 jusqu’à la fin de sa vie.
Il ne vit cependant pas l’issue des transactions pour la vente et le placement de sa collection à Oxford. Dès 1927, l’éditeur Charles Schleicher41, membre de la Société préhistorique Française, ami d’Adrien de Mortillet, avait pris divers contacts afin d’aider à la vente (lettre de Schleicher à Adrien de Mortillet 30 juin 1927, Nachlaß Mortillet K S1-Sch). Le prix demandé était de 2 000 livres sterling, environ 117 597 euros en 2021. Les négociations concernant l’acquisition de la collection par le Pitt Rivers Museum eurent lieu au cours de l’année 1931, année du décès d‘Adrien de Mortillet. Cette vente a finalement été menée à terme par Léon Coutier42 en 1932, autre homme de confiance de Mortillet (lettre de Coutier du 21 novembre 1932 – archives Pitt Rivers Museum).
La collection préhistorique à Taipei (Taïwan)
Quelques mois avant sa mort, Adrien de Mortillet se sépara de sa collection d’objets pré- et protohistoriques initiée avec son père. Il la céda au gouvernement chinois et fut déposée à l’origine à l’université de Nankin. Cette série incluait des pièces à l’origine rassemblées par Gabriel de Mortillet et augmentée de celles réunies par son fils, ainsi que certaines ayant appartenu, entre autres archéologues, à Émile Collin43. Cette collection fut constituée pour venir combler un manque créé par la vente de la première série d’objets44 de Gabriel de Mortillet au Peabody Museum of Archeology and Ethnology. Elle participa à accompagner les recherches diverses en préhistoire et à mettre en forme les ouvrages didactiques et de référence que furent, notamment, le Musée préhistorique45, Le Préhistorique – Antiquité de l’homme46 et la Classification Palethnologique47.Adrien de Mortillet trouva comme acquéreur l’Academia Sinica (ou l’Institut national de recherches de Shanghai)48.
Au début du XXe siècle, le nom de Gabriel de Mortillet était connu en Chine pour ses travaux se rapportant à la géologie, l’anthropologie et la préhistoire. J. S. Lee, directeur de l’Institut national de recherches, fervent admirateur de l’œuvre scientifique de Gabriel de Mortillet et des recherches archéologiques, était en relation avec la France. Il comprit l’intérêt d’une telle collection pour l’essor de la recherche en Chine.
Cette collection se composait d’une importante série d’objets lithiques (bifaces, pointes de flèches, etc.) et métalliques (haches en bronze, etc.), toutes numérotées. Les périodes concernées s’étendaient du Paléolithique ancien à l’âge du Fer, avec certaines pièces originaires d’Amérique du Nord et du Sud, mais une large majorité issue des sites préhistoriques français les plus célèbres (Chelles, Saint-Acheul, le Moustier, la Madeleine, Solutré, le Grand-Pressigny, etc.) (fig. 6). Adrien de Mortillet détailla sa collection dans des cahiers contenant des indications précises.
pré- et prohistorique, Chine (Nachlaß Mortillet K M3).
Au cours d’échanges avec l’institut de Shanghai courant 2021, nous avons eu confirmation que cette institution possédait bien trois cahiers de la main d’Adrien de Mortillet ayant accompagné la vente49. Selon un classement méthodique, ces derniers récapitulent les nombreuses pièces de la collection avec les lieux de provenance, les périodes ainsi que les anciennes appartenances à d’autres collections qui ont pour partie complété la série (e.g. : coll. Émile Collin). Un pré-catalogue manuscrit se trouve dans les archives Mortillet50. Le brouillon d’une lettre non daté d’Adrien de Mortillet à un collègue nous donne une idée de la composition et de l’ampleur de sa collection :
“M. et Cher Collègue,
Lorsque j’ai eu le plaisir de vous voir à Paris, il y a déjà quelques mois, je vous ai parlé de l’intention du projet que j’avais de me défaire de ma collection préhistorique. Vous m’avez alors demandé de vous prévenir lorsque le au moment sera venu de où je me déciderai à mettre ce projet à exécution. C’est pourquoi je vous Avant C’est ce que j’ai l’honneur de faire par la présente lettre.
La collection en question comprend le produit de 50 années de fouilles, de récoltes, de dons et d’achats. Elle renferme plus de 5000 à 6000 pièces présentant toutes un réel intérêt, soit par leur comme formes, soit par les comme matières dont elles sont faites, soit par leur comme provenances [sic] ; ces dernières sont extrêmement variées. Toutes les époques de l’âge de la pierre, depuis le Tertiaire jusqu’au Néolithique, y sont représentées par d’excellents des échantillons choisis. Il y a en outre dans [sic] quelques séries de l’âge du bronze et de l’âge du fer. Elles contiennent en outre des
Les diverses époques de la pierre sont
Elle renferme notamment des séries plus ou moins nombreuses de toutes les stations typiques ayant donné leur nom aux époques différentes grandes époques de la pierre : Chelles, St. Acheul, Le Moustier. Le gisement, aujourd’hui épuisé, de Chelles est en particulier représenté par une des plus belles séries qui existent.
Bien que surtout composée d’objets recueillis en France, elle contient également des pièces provenant de presque tous les pays.
À signaler en fait de Néolithique : plus de 400 haches polies d’une très grande variété de roches.
Plus de 400 pointes de flèches, dont un grand nombre de toute beauté, parmi lesquelles figurent toutes les formes connues.
Il y a aussi des haches et des sommets de casse-têtes en pierre, en cuivre et en bronze de l’Amérique Centrale et de l’Amérique du Sud.
Si vous le désirez, je pourrais vous envoyer une liste plus sommaire des principalesaux suites lots.Tous les objets de la collection La collection sera accompagnée d’un catalogue détaillé de toutes les pièces qu’elle comprend, catalogue auquel se” [interruption du texte]
(Nachlaß Mortillet, K M3).
La mise en acte de cette vente s’étala de 1922 à 1931. Divers contacts furent pris avec des personnes et institutions susceptibles de se rendre acquéreurs. La chronologie des contacts pour la vente montre une implication des amis d’Adrien de Mortillet ainsi que sa pugnacité en matière de négociation.
Les démarches débutèrent par l’intermédiaire d’Étienne Loppé51 vers les États-Unis d’Amérique qui, selon lui, “seraient les plus argentés” [sic]. La mise en vente d’alors fut établie à 50 000,00 francs. Cette proposition fut adressée à Henry Wairfied Osborn52 à l’American Museum of National History (lettre du 17 octobre 1922 – archives American Museum of Natural History, New York). Mais cette institution refusa finalement en mars 1924 de devenir propriétaire de la série préhistorique. Charles Schleicher se proposa comme intercesseur en 1927 avec le musée de Wales en pays de Galles mais sans succès. Alonzo William Pond53 du Logan Museum of Anthropology – Beloit College annonça que M. Collie, conservateur en chef du musée du Wisconsin, se rendrait à Paris pour visiter les collections courant septembre 1927 (lettre du 27 août 1927, Nachlaß Mortillet, K M3) mais cette visite restera sans suite. En 1928, Charles Schleicher fit une offre à André Vayson de Pradenne54. Ce dernier était intéressé mais hésitant. Il proposa éventuellement un règlement en trois fois sur un an. Il précisa toutefois être un peu gêné financièrement et que la collection se composait de trop de pièces. Finalement, il se désengagea de la transaction (lettre de février 1928, Nachlaß Mortillet, K M3).
Le prix de vente fut alors augmenté à 100 000,00 francs dans la perspective essentielle d’une vente à l’étranger. C’est à partir de juillet 1928 que le projet s’engagea dans une voie prometteuse grâce à la rencontre de Charles Schleicher à Paris avec Tchen Ni Kia, ingénieur des Mines (lettre du 3 juillet 1928, Nachlaß Mortillet, K M3). Cette personne se trouvait à Paris dans une dynamique relationnelle et de formation des élites scientifiques que la Chine et l’Europe entretenaient au début du XXe siècle55. En tant que commissionnaire pour l’Empire du Milieu, il avait déjà acheté pour Nankin une partie de la collection préhistorique de Louis Giraux56. Le gouvernement chinois souhaitant acheter une collection d’ensemble à des fins de série de comparaison, le prix de 100 000,00 francs pour la collection Mortillet parut acceptable. Tchen Ni Kia traita l’affaire avec Li Yu King, membre du gouvernement chinois, francophile et en relation avec la Société d’anthropologie de Paris (lettre du 10 juillet 1928, Nachlaß Mortillet, K M3). De retour en Chine, Tchen Ni Kia poursuit les négociations avec les institutions chinoises intéressées et demanda la possibilité d’une baisse à 80 000,00 francs en raison de l’appauvrissement des caisses de l’État chinois à la suite de la longue période de guerre civile (lettre du 15 septembre 1928, Nachlaß Mortillet, K M3). Un compromis se fit à hauteur de 90 000,00 francs. Un premier versement fut honoré. Adrien de Mortillet écrivit à Tchen-Ni-Kia dans un style affable et précisa qu’il avait bien reçu le 18 septembre 1928, de la Shanghai Commercial and Savings Bank, par l’entremise de la succursale de Paris de la Guaranty Trust Compagny, un chèque de 50 000,00 francs sur la Banque de France laissant le deuxième paiement à 40 000,00 francs (brouillon de lettre d’A. de Mortillet du 10 octobre 1928 – Nachlaß Mortillet, K M3). Le fondé de pouvoir chinois fut satisfait du déroulement de l’affaire. Il insista sur sa demande préalable de classement et d’annotation des diverses pièces qui devait être faite très soigneusement de la main du propriétaire. Il précisa que la collection :
“[…] serait un guide précieux et un musée comparé de la science anthropologie [sic] occidentale et que depuis quelques années, nombreuses antiques [sic] ont été découvertes en Chine et on est en train de pousser à fond l’étude de ce genre en combinant les vieilles méthodes chinoises avec celles de l’Occident. Il est probable qu’une nouvelle lumière sera jetée sur l’origine des hommes et leurs civilisations […]”
(lettre de Tchen-Ni-Kia du 8 novembre 1928, Nachlaß Mortillet, K M3).
La vente étant engagée, Adrien de Mortillet avait donc choisi de laisser sa collection au prix de 90 000,00 francs. Un premier envoi composé d’une partie de la collection fut alors effectué. En 1929, Tchen Ni Kia écrivit de Shanghai inquiet de ne plus avoir de contact avec Adrien de Mortillet. L’Institut de Recherche s’étonnait de ne pas avoir reçu le deuxième envoi alors qu’il avait eu une confirmation par télégraphe de la réception des 40 000,00 francs restant dû à Adrien de Mortillet (lettre du 6 août 1929, Nachlaß Mortillet K M3). Celui-ci justifia alors ses six mois de silence par le fait qu’il avait passé le printemps à mettre en ordre sa bibliothèque retardant le classement de la deuxième partie de la collection (lettre du 14 septembre 1929, Nachlaß Mortillet K M3). Il pensait donc expédier le deuxième envoi avant la fin de l’année et demanda à l’Institut de “prendre patience”. Cette transaction se clôtura en novembre 1930 par la réception du reçu du paiement global au prix arrêté de 90 000,00 francs (environ 54 094 euros en 2021) (document du 21 octobre 1930, Nachlaß Mortillet, K M3) (fig. 7).
La collection pré- et protohistorique Mortillet est aujourd’hui un ensemble participant à la vie et à la muséographie de l’Institute of History and Philology – Academia Sinica à Taipei, comme en témoignent une note de consultation et le catalogue des soixante-dix ans de la fondation de l’Institution (fig. 8) ainsi qu’une exposition temporaire The Old Stone Age of Prehistoric Europe qui a eu lieu du 26 juin 2002 au 15 mai 2006 présentant certaines pièces de la collection Mortillet.
d. Exposition sinica – The Old Stone Age of Prehistoric Europe.
En tant que préhistorien et ethnologue, Adrien de Mortillet se rendit acquéreur de divers objets provenant de ses voyages et échanges avec des collègues. Son engagement à l’École d’anthropologie de Paris et les diverses missions à l’étranger favorisèrent la possession d’objets à caractère ethnographique. Il s’en sépara parfois comme en témoigne la vente d’un coffre à Émile Lyotard57 en 1912 (Nachlaß Mortillet, K M3). Il fit également des dons comme une petite série de silex au National Museum of Antiquities Scotland, Edinburgh, (lettre du 13 septembre 1929, Nachlaß Mortillet, K M3). Par ailleurs, des recherches faites dans les archives du Muséum d’histoire naturelle de La Rochelle, font comprendre que la partie ethnologique de la bibliothèque Mortillet avait été vendue par Léon Coutier à Étienne Loppé, conservateur du Muséum.
Conclusion
Si nous considérons que les séries d’objets organisées ont une “vie”, c’est une manière d’exprimer le parcours et l’évolution d’une collection permettant ainsi d’appréhender “l’objet collection” pour parler des mouvements qui les traversent et qui sont liés aux histoires des hommes qui les ont modelées. Les collections des Mortillet ont pu se constituer grâce à leurs recherches de terrain, les échanges issus de l’immense réseau de scientifiques et de passionnés qu’ils avaient développé et par l’achat pour partie de collections auprès de collègues et de marchands. Nous avons tenté ici de raconter les événements qui ont pesé sur les destinées de ces collections.
Nous avons abordé succinctement les collections de Gabriel de Mortillet dont la pratique de classement et de réunion d’éléments en séries trouve sa source dans son implication muséographique en Savoie. Sa compétence lui permit d’entrer au Musée des antiquités nationales pour le classement des collections préhistoriques au début de sa carrière de préhistorien. Mais dans le même temps cet emploi l’a contraint à se dessaisir des ses collections.
Nous avons favorisé ici, le récit des ventes des collections d’Adrien de Mortillet, fruit de plus de cinquante ans de recherches et de collectes. Ce déroulé donne une idée de la vie de cet archéologue souvent méconnue pour certains de ses engagements et pour ses compétences, car il resta longtemps dans l’ombre portée de son père.
L’ensemble d’artefacts pré- et protohistoriques représentait une série de comparaisons pour ses travaux et sans nul doute une réunion d’objets liée au plaisir de posséder à demeure les témoins représentatifs du passé de l’homme.
La réunion d’objets magico-religieux fut, pour lui dès la fin du XIXe siècle, une démarche qu’il poursuivit toute sa vie. Son engagement intellectuel en tant que matérialiste l’amenait à voir, dans les déclinaisons des croyances allant des religions établies aux pratiques diverses magico-religieuses, les manifestations de constructions qui traversent les sociétés selon les époques et les cultures. Son rôle à la chaire de technologie ethnographique de l’École d’anthropologie de Paris, nécessitait que ses cours fassent état des questions de superstition et de religion dans le but de présenter l’évolution et de débattre sur l’organisation des sociétés sans engager son imagination au-delà des certitudes.
La vente des collections nous livre un état de la fin d’un homme qui consacra sa vie à chercher à comprendre le passé de l’Homme, ses savoir-faire variés et ses comportements sociaux. Félix Regnault58, dans l’hommage qu’il rédigea en l’honneur d’Adrien de Mortillet, signale qu’il menait une vie simple et même, par intervalle, dans la gêne59. Adrien de Mortillet semble n’avoir eu d’autre issue que se séparer de ces collections, non pas parce qu’il les considérait comme achevées au point de s’en défaire, mais parce que sa situation personnelle lui imposait la vente60. Adrien de Mortillet ne vivait donc pas sur un grand pied bien qu’il restât toujours au travail sur la fin de ses jours (fig. 5). Les témoignages rapportés plus tard par Armand Donald Lacaille à Derek Arthur Roe61 sur sa visite à Paris laissent entendre une fin de vie particulièrement difficile62. Un désordre important régnait dans la maison d’Adrien de Mortillet où des livres et dossiers étaient éparpillés dans les pièces. Les constats faits par les personnes qui ont visité Adrien de Mortillet à la fin de sa vie campent le singulier état social d’un des archéologues qui a œuvré pour l’émulation de la discipline. Les informations sur cette période restent à ce jour très ténues et ne permettent pas de tirer de conclusions. Ces circonstances montrent toutefois un abandon tant matériel que filial de l’œuvre d’une vie.
Après sa mort, la vente de sa bibliothèque et de ses papiers se fit à son domicile sous forme d’enchères. Léon Coutier, ami intime, de l’archéologue, récupéra une grande partie de sa bibliothèque et de ses papiers scientifiques. Il se chargea de finaliser la vente des amulettes. Au début des années 1950, il vendit les archives et une partie de la bibliothèque Mortillet à l’Université de la Sarre63.
Les ensembles d’objets pré- et protohistoriques réunis par les Mortillet ont, en partie, contribué à construire la recherche et à mettre en forme des ouvrages de référence. L’étude de ces séries a reposé sur une démarche scientifique systématique permettant d’établir des marqueurs culturels et chronologiques. La collection d’objets magico-religieux, essentiellement constituée par Adrien de Mortillet jusqu’à la fin de sa vie, se fit selon un classement par types et genres ; elle représente un fonds original illustrant les pratiques et croyances magico-religieuses dans le monde.
Il a pu être démontré aussi que l’échange et l’organisation de séries se sont déroulés dans un cadre raisonné marquant la nature sociale des mouvements et transactions. L’histoire des collections des Mortillet nous révèle également que l’acquisition et la circulation du matériel archéologique et ethnographique se sont développées dans le cadre d’une recherche continue sur l’histoire et les comportements socioculturels de l’Homme.
Annexe
Brouillon du pré-catalogue de la collection préhistorique
vendue par A. de Mortillet (Nachlaß Mortillet K M3)
[FEUILLET N° 1]
Comprenant le produit de fouilles et de récoltes faites pendant 48 ans (50 ans).
Plus de 5000 à 6000 pièces, présentant toutes l’intérêt par leur forme, leur matière ou leur provenance.
Toutes les pièces sont numérotées en peinture rouge, les numéros se rapportant à un catalogue contenant des indications très précises.
Une grande partie des plus belles (meilleures) pièces de la Collection É. Collin.
[FEUILLET N° 2 : manquant]
[FEUILLET N° 3] TERTIAIRE
– Silex éclatés au feu de Thenay (Loir-et-Cher) – Silex taillés et nucléus du Puy-Courny (Cantal).
QUATERNAIRE (Paléolithique) – Époque Acheuléenne = Plus de 15 exemplaires de St.-Acheul et au moins une dizaine d’autres gisements de la Somme.
– Très nombreux coups de poing de Seine-et-Oise, Eure, Eure-et-Loir, Charente, Charente-Inférieure, Aisne, Oise, Dordogne, Allier, Haute-Loire, Indre-et-Loire, Finistère, Côtes-du-Nord, etc.
– Italie, Espagne, Algérie, Inde. (en silex de toute nature, grès, quartz, quartzite, jaspe, etc.) (bonne série en quartzite du Bois du Rocher (C.- du- N.) (dimensions : du plus petit (de la Dordogne) jusqu’au plus grand). Éclats Levallois : env. de Paris, Somme, Aisne, Dordogne, etc.
– Époque Moustérienne = série du Moustier (Dordogne) comprenant plus de 50 pièces + moustérien de différentes provenances. Notamment une collection de très belles pièces (plusieurs centaines) du gisement de la Quina (Charente).
[FEUILLET N° 4]
– Époque Solutréenne = Plus de 50 pièces de Solutré (Saône-et-Loire) Série de Laugerie-Haute (Dordogne). Quelques belles pièces entières (pointes en feuille de laurier, pointes en feuille de saule et pointe à cran : de Solutré, de Laugerie-Haute, Gargas – 31 beaux (très) instruments en silex de Cro-Magnon (Dordogne).
[espace laissé vacant dans la liste]
– Époque Magdalénienne = Série de silex de la Madeleine (Dordogne) Magdaléniens de diverses autres stations.
[espace laissé vacant dans la liste]
– Époque Tardenoisienne = Échantillons de silex microlithiques à formes géométriques : Tardenois, Médonvielle [o ?](S et O), Mont Berru (Marne) Sordes (Landes) – Vaucluse – Crimée (Russie) – Algérie – Inde Anglaise.
[espace laissé vacant dans la liste]
[FEUILLET N° 5]
PÉRIODE NÉOLITHIQUE =
Nombreuses séries des palafittes de Suisse (Robenhausien), lac de Bienne et lac de Neuchâtel surtout comprenant : des haches polies, des ébauches de haches-marteaux, des instruments en silex (lames, flèches et scies) des percuteurs (en saussurite et autres roches), gaines de haches en corne de cerf, instruments en os, divers objets en corne de cerf (sommet de casse-têtes perforés, harpons, etc.), des pesons et fusaïoles.
– Industrie néolithique de la France (nombreux tranchets, retouchoirs, grattoirs, scies (série de scies à coches) = Néolithique étranger : Danemark, Italie (Ombrie), Sicile, Japon, Groënland, États-Unis, Panama, Bolivie, Chili, etc. = Sommets de casse-têtes en pierre de formes très variées (à trou ou à rainure) : Amérique Centrale et Amérique du Sud.
[espace laissé vacant dans la liste]
[FEUILLET N° 6]
– Plus de 400 haches en pierre polie. Très grande variété comme roches. Provenant entre autres de Bretagne, du Bassin de la Seine, d’Auvergne, du Vaucluse, du Bassin de la Loire, de la Dordogne, etc., etc.
– Sont également représentés : la Suisse, l’Italie, le Danemark, l’Algérie, la Bosnie, la Mauritanie française, l’Inde Anglaise, la Guadeloupe, le San Salvador, le Honduras, le Nicaragua, Le Panama, le Vénézuéla, l’Équateur, la Nouvelle-Calédonie, etc.
– Nombreuses ébauches de haches de toutes dimensions (dont une de 40 cm). Quelques-unes sont taillées avec une rare perfection
[espace laissé vacant dans la liste]
[FEUILLET N° 6 bis] ÂGE DU BRONZE
– Épées en bronze avec poignée de forme spéciale, longue de plus de 62 centimètres
– Haches plates en cuivre – 2 – Haches à bords droits –
3 bronzes – Haches à talons, bronze – 7 – Haches à ailerons, bronze – 4 – Haches à douille, bronze – 2 – Haches votives grandes, moyennes, petites – Pointes de lance – 1, à douille – Pointe de javelot à soie – 1 – Pointe flèche à douille – 1 – Faucille – 1.
[espace laissé vacant dans la liste]
1er ÂGE DU FER
France et Suisse – Tumulus du Jura : 2 plaques ceinture, bronze. Bracelets br. à côtes, bracelet en fil de bronze de différentes grosseurs, torque, plaque de suspension, fibules, brassard en lignite.
MARNIEN – Sépulture de Koban (Caucase) : haches à œil, poignard, plaque de ceinture, fibules.
[espace laissé vacant dans la liste]
– Bracelet gaulois.
[FEUILLET N° 6ter]
– Pointe de javelot en cuivre (Amérique du Sud) – Intéressante série de haches et sommets de casse-têtes en cuivre ou bronze de l’Amérique du Sud. Formes variées. Parmi elles, nombreuses haches en cuivre à soie trouée, de l’Équateur
[FEUILLET N° 7]
– série de l’Industrie de très nombreux gisements français et étrangers (paléolithiques et néolithiques) : abris, grottes, stations, camps, ateliers de taille, etc.
[espace laissé vacant dans la liste]
[FEUILLET N° 10 (numérotation reprend à 10)]
– Obsidienne = nucléus et lames : Mexique, plus de 60 pièces (dont 1 remarquable nucléus, long de 25 cm sur lequel ont été enlevées 16 lames).
Île de Milo, 70 pièces (nucléus, divers états de fabrication) Corse, 1 pièce Île Lipari, 1 pièce.
– Ateliers de taille du grès, environ de Paris.
– Puits d’extraction du silex : Spiennes (Belgique) – Champignoles (Oise) – Limbourg hollandais – Grands ateliers d’Indre-et-Loire : gros nucléus en silex jaune du grand Pressigny. Gros nucléus en silex gris et rosé de l’atelier encore inédit de la Chaume, à Abilly
– Alluvions et dragages de la Seine (Industrie) – Foyers et fonds de cabanes de Villejuifs (Seine).
– Environ 400 pointes de flèches de formes et de provenances très variées : Palafittes de la Suisse – Saône-et-Loire – Mauritanie – Sahara – Ombrie (Italie) – États-Unis – Bolivie, etc, etc.
Un grand nombre sont de toute beauté. Toutes les formes connues sont représentées.
[FEUILLET N° 11] OBJETS FIGURÉS DANS DIVERSES PUBLICATIONS :
• 1° – G. et A. de Mortillet = Musée Préhistorique, 2e éd. (1903) Figures 23 – 27 – 28 – 299 – 311 – 325 – 420 – 504.
• 2° – A. de Mortillet = La Classification palethnologique (1908) : Pl. 1 = II Puy-Cournien – f. 0 et 5 PL. 2 = III CHELLÉEN – f. 1 PL. 3 = V – MOUSTÉRIEN – f. 1 PL. 4 = VI – SOLUTRÉEN – f. 4 PL. 6 = VIII f. 4.7.8. Robenhausien PL. 11 = XIII f. Lugdunien – f. 1.
• 3° – G. et A. de Mortillet = La Préhistoire (1900) page 89, fig. 16 et 17 – p. 154, f. 27 – p. 174, f. 38 et 40 – p. 176, f. 41 – p. 181, f. 42 et 44 – p. 185, f. 46.
• 4° – J. Déchellette = Manuel d’Archéologie. T. 1 Archéologie Préhistorique (1908) : page 28, f. 6 – p. 507, f. 180.
• 5° La Société, l’École et le Laboratoire d’Anthropologie de Paris à l’Exposition universelle de 1889 p. 187, 76, 77 – p. 188, f. 78 – p. 190, f. 80 – p. 191, f. 83, 84, 85 – p. 193, f. 86 à 89 – p. 195, f. 90 à 94 – p. 215, f. 125 – p. 234, f. 161 à 163 – p. 235, f. 164 à 166.
• Plus de nombreux objets figurés dans divers recueils, parmi lesquels : L’Homme – La Revue de l’École d’Anthropologie – L’Homme Préhistorique – Les Congrès Préhistoriques de France – etc.
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- Serret L, (1986) : “Les collections du département de géologie et de paléontologie des invertébrés du Muséum d’histoire naturelle de Genève. Collections Cotteau, Bourguignat, Defrance, Duval, de Mortillet, Schloenbach“, Revue de paléobiologie, 5, 1, (juin 1986), 155-156.
- Testart, A. (2016) : Art et religion de Chauvet à Lascaux, Paris.
- Vaufrey, R. (1939) : “André Vayson de Pradenne”, L’Anthropologie, 49, 6, 771-772.
- Vauvillé, O. (1895) : “Quelques ateliers néolithiques de la Dordogne”, Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris, IV° Série, 6, 465-472.
- Vayson de Pradenne, A. [1932] (2018) : Les fraudes en archéologie préhistorique, avec quelques exemples de comparaison en archéologie générale et sciences naturelles, Grenoble.
- Wajcman, G. (2014) : Collection ; suivie de L’avarice, Caen.
Sources documentaires
- American Museum of Natural History, New York City.
- Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, Marseille.
- Coll. privée Savard, Paris.
- Institute of History and Philology, Academia Sinica, Taipei, Taiwan.
- Nachlaß Mortillet, Altertumswissenschaften -Vor- und Frühgeschichte ; Universität des Saarlandes, Saarbrucken-Dudweiler.
- Pitt Rivers Museum, Oxford.
- Coll. Welcome Library, Londres.
Personnes-ressources
- Dr Dominique Castex – Directrice de recherche CNRS, PACEA, UMR 5199 – Université de Bordeaux ;
- Lucas Roux Souheil – Technicien photographie, illustration – Bordeaux Métropole ;
- Émilie Girard – Directrice scientifique – Conservatrice en chef – Direction scientifique et des collections du Mucem, Marseille ;
- Raphaël Bories – Responsable du Pôle Religions et Croyances du Mucem, Marseille ;
- Prof. Dr Randall Keith White (1952-2022), Center for the Study of Human Origins – NYU, New York City ;
- Lin, Yu-yun Manager, Chinese Archaeology Collection Co-Director, Digital Archives of Historical & Cultural Relics Collected in IHP-Archaeological Data, Taipei – Taïwan ;
- Dr Frank Fecht technischer Mitarbeiter der FR Altertumswissenschaften – Lehrstuhl Vor- und Frühgeschichte – der Universität des Saarlandes, Saarbrücken ;
- Prof. Dr Sabine Hornung – Universität des Saarlandes Altertumswissenschaften – Vor- und Frühgeschichte, Saarbrücken.
Notes
- Le Nachlaß Mortillet est aujourd’hui conservé au département Altertumswissenschaften -Vor- und Frühgeschichte; Universität des Saarlandes – Saarbrucken-Dudweiler. Ce fonds a été acheté par l’université de la Sarre au début des années 1950 lors de la création de la nouvelle bibliothèque.
- Mortillet & Mortillet 1881.
- Deuxième enfant de Gabriel et Fanny de Mortillet, François Adrien de Mortillet naquit à Genève en 1853 et grandit dans un milieu inspiré par les sciences. Il trouva alors auprès de son père un investissement qui va marquer sa destinée. Dessinateur talentueux, il collabora étroitement aux projets de son père. Ces qualités d’illustrateur l’amenèrent à travailler pour des archéologues et préhistoriens comme Ernest Chantre et Émile Cartailhac.. Il apprit des raisonnements et des méthodes de son père. Il écrivit de nombreux articles, fut rédacteur de revues dans la discipline. Il remplit également des responsabilités dans diverses sociétés savantes et joua un rôle majeur parmi les fondateurs de la Société préhistorique de France en 1904. Il enseigna à l’École d’anthropologie de Paris à la chaire de technologie ethnographique. En 1929, au décès de Louis Capitan, il obtient la chaire d’anthropologie préhistorique jusqu’à sa mort en 1931 à Paris.
- Nous n’évoquerons pas ici Paul Louis de Mortillet (1865-1941), passionné comme son frère par l’étude de l’homme et de son passé. Ce dernier possédait une importante collection de gravures, photographies et dessins de monuments mégalithiques de France et de l’Étranger qui fut vendue deux mois avant sa mort à La Société préhistorique française (SPF) (in : nécrologie signée C. S. Bull. SPF, 1941, t. 38, 143). Les recherches que nous avons effectuées à ce sujet ne nous ont pas permis de retrouver cet ensemble en tant que tel dans les archives de la SPF. Les outrages du temps, les mouvements des archives, les inventaires encore à réaliser nous ont caché, à ce jour, ce précieux héritage.
- Wajcman 2014.
- Chazan 2009, 74.
- Serret 1986.
- Mortillet 1864, 7.
- Mortillet 1866.
- Vayson de Pradennes 1932 ; Hurel & Coye 2016 ; Guilaine & Albert 2016 ; Cohen & Hublin 2017 ; Rouquerol & Lajoux 2021, etc.
- Luigi Pigorini, né à Fontanellato, près de Parme en janvier 1845, décéda en avril 1925 à Padoue. Il fut chargé d’enseignement à l’université de Rome et fut l’un des fondateurs du Bulletino di Palethnologia. Il dirigea le Musée préhistorique de Rome qui, par la suite, porta son nom. Il marqua la fondation de l’archéologie préhistorique italienne. Il était ami avec Gabriel de Mortillet, Alexandre Bertrand, Ernest Chantre, Émile Cartailhac, et bien d’autres savants.
- Pompeo Castelfranco, né à Paris le 18 novembre 1843. Il fut inspecteur royal des fouilles et monuments antiques à Milan. Il a organisé les collections du Musée archéologique, ouvert en 1900 au Castello Sforzesco. Les objets provenaient en grande partie de fouilles effectuées par lui-même. Ses collections ont été en partie acquises par le Musée des antiquités de Turin et par le Musée romain de la préhistoire ; ces séries ont par la suite été transférées au nouveau Musée archéologique de Milan. Rinaldi Tufi 1978.
- Cf. Tarantini dans cet ouvrage.
- Mortillet 1885a, 523-524.
- Mortillet 1885b ; 1886, 1889a.
- Mortillet 1901.
- Alain Reverdit découvrit “L’abri Reverdit” (anciennement abri des Roches) en 1878. Il travaillait alors pour l’Administration des tabacs. Par la suite, il fouilla notamment au Moustier et à Saint-Léon-sur-Vézére (Dordogne).
- François Daleau (1845-1927). Pionnier de l’archéologie préhistorique, archéologue girondin découvreur de Pair-non-Pair s’est attaché à installer une préhistoire fonctionnelle. Son sens de l’observation et de la prise en compte précise de la stratigraphie firent de ce savant aux procédés justes sur le terrain, un homme organisé dans ses recherches et de tout premier plan pour la discipline. Groenen 2021.
- Octave Vauvillé : archéologue correspondant de la Société des antiquaires de France.
- Octave Vauvillé signalait que “partout où l’on vend, il faut rester très circonspect”, Vauvillé 1895.
- Lot comprenant un grand biface et deux bifaces ovalaires – Pierre beige. Afrique du Nord, Paléolithique inférieur. Inscriptions indiquant S. Gaïkia, Reygasse, Collection Mortillet ; lot comprenant un biface et des grattoirs de type La Quina –Silex gris. France, La Quina, Charente, Moustérien – Ancienne collection Mortillet ; Lot comprenant un biface et des grattoirs de type La Quina – Silex gris. France, La Quina, Charente, Moustérien – Ancienne collection Mortillet.
- Beyls 1999.
- Ce projet ne vit pas le jour. Ce n’est que plus tard que paraîtront le Musée préhistorique et Le Préhistorique. Antiquité de l’Homme deMortillet & Mortillet 1881 ; Mortillet 1883.
- Gran-Aymerich 2001, 102-103 ; 175-176 ; 312-394.
- Mortillet 1868b.
- Jean Louis Rodolphe Agassiz (1807-1873) originaire de Suisse. Il enseigna à Neuchâtel. Il était spécialiste de l’anatomie comparée de paléontologie et membre de nombreuses Sociétés savantes. Il s’installa aux États-Unis dans les années 1840. Il entreprit de nombreuses expéditions dans le monde.
- Chazan 2009.
- La constitution de cette collection s’est faite du vivant de Gabriel de Mortillet dont on ne peut naturellement exclure la participation. Adrien de Mortillet s’impliqua dans son évolution jusqu’à sa vente à la fin de sa vie.
- E.g. : Sébillot 1880 ; Chantre 1885 ; Rivière 1913.
- Lefèvre 1889, 955.
- Ibid.
- Mortillet 1876.
- Roux 2022.
- Médaillons, colliers divers, rubans, coquilles, scapulaires, graines, statuettes, chapelles portatives, osselets, croix, cornes, pendeloques diverses, etc.
- Peter Johnston-Saint entreprit des missions dans divers pays, entre 1928 et 1934, pour le Wellcome Institute for the History of Medicine et le Pitt Rivers Museum afin de collecter des objets. C’est dans ce cadre qu’il visita Adrien de Mortillet à Paris.
- La collection de photographies est préservée au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, (MuCEM). Le catalogue enregistre 138 clichés datés entre 1918 et 1931. Les auteurs des photographies ne sont pas clairement identifiés. Armand Donald Lacaille en réalisa certaines en avril 1931.
- Armand Donald Lacaille (1884-1975), archéologue d’origine française, a travaillé au Wellcome Institute for the History of Medicine puis sur les collections d’outils en pierre du Pitt Rivers Museum à partir de 1941. Il s’intéressa particulièrement à la préhistoire de l’Écosse.
- Communication personnelle faite au professeur Randall Keith White (1952-2022) par Marina de Alarcon et Jeremy Coote du Pitt Rivers Museum.
- Capitan 1928.
- Bien que ce ne fût pas le point de vue d’Adrien de Mortillet, il peut être par exemple posé l’hypothèse que les peintures pariétales ont pu relever, pour partie, d’une prise de possession magique. Les représentations figurées peuvent être le témoignage d’une proto-religion, un mode de pensée qui s’exprime dans le totémisme. Clottes & Lewis-Williams 2007 ; Testart 2016.
- Charles-Ferdinand Schleicher (dit Saulnier Schleicher) (1871-1943). Il était membre fondateur de la Société préhistorique française, éditeur (Société Schleicher frères) et membre de plusieurs sociétés savantes. Gaudron 1943. Schleicher était un ami proche d’Adrien de Mortillet. Il apportait une part de collaboration importante aux projets et affaires d’Adrien de Mortillet (e.g. : direction avec Adrien de Mortillet de la Revue L’Homme Préhistorique (1903-1912) ; réédition du Musée Préhistorique, [1881] 1903 ; La Préhistoire, Origine et Antiquité de l’Homme, [1re et 2e éd. Le Préhistorique sous le seul nom de Gabriel de Mortillet :1882, 1885 chez C. Reinwald éd.] 1900 et 1910).
- Léon, Louis, Désiré Coutier est né le 3 février 1895 à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). Carrier, marbrier-sculpteur de métier, il avait une entreprise de monuments funéraires à Noisy-le-Sec. Passionné d’archéologie préhistorique, il fut président de la Société préhistorique française en 1946, et président puis membre d’honneur de la Société d’archéologie de Champagne. Il s’exerça à l’archéologie expérimentale et redécouvrit les gestes de la taille du silex. Il mena plusieurs expériences, notamment sur des techniques permettant de tailler le verre. Ce fut un ami intime d’Adrien de Mortillet. Il participa en sa compagnie à des sorties de la Société d’excursions scientifiques (SES). Il décéda le 14 mai 1980 à Châlons-sur-Marne.
- Émile Collin était archéologue, commerçant et membre de la Société d’anthropologie de Paris.
- Vente de sa collection car contraire à l’éthique lorsque Gabriel de Mortillet prit son poste au Musée des antiquités nationales.
- Mortillet & Mortillet 1881.
- Mortillet 1883.
- Mortillet 1908.
- Cette institution se trouve aujourd’hui à Taipei – Taïwan et porte la dénomination d’Institute of History and Philology. Academia Sinica. Le professeur Fu-Ssu-nien fonda en 1928 l’Institut d’histoire et de philologie, créa en 1933 le musée de l’Académia Sinica dans l’objectif d’une promotion de l’intérêt de la société pour le patrimoine culturel et une ouverture large aux citoyens. En 1949, le musée de l’Academia Sinica a été transféré à Taïwan. Une exposition fut organisée en 1998 pour les 70 ans du musée Sinica. Après divers mouvements institutionnels, le musée retrouva l’Institut d’histoire et de philologie en 2002.
- Nous n’avons pas pu nous procurer des extraits numériques de ces catalogues pour des raisons pratiques avec l’Institut de Taïwan.
- Cf. : annexe.
- Étienne Loppé (1883-1954). Docteur en médecine, il fut conservateur-adjoint et conservateur en 1915 du Muséum Lafaille à La Rochelle. Il était délégué régional depuis 1913 de la SPF, président de la Société des sciences naturelles de la Charente inférieure et correspondant de nombreuses sociétés françaises et étrangères. Il eut des liens d’amitié suivis avec Adrien et Paul de Mortillet.
- Henry Wairfied Osborn (1857-1935). Paléontologue au Musée américain d’histoire naturelle, il était en relation avec Étienne Loppé.
- Alonzo W. Pond (1894-1925). Archéologue, il a été conservateur adjoint du Logan Museum of Anthroloplogy à Beloit.
- André Vayson de Pradenne (1888-1939), préhistorien français. Parmi de nombreux engagements en archéologie préhistorique, il fut professeur à l’École d’anthropologie de Paris et président de la Société préhistorique française. Vaufrey 1939.
- Hurel & de Lumley 2005.
- Louis-Joseph Giraux (1866-1927), officier de l’Instruction Publique, était très actif dans les institutions qui se consacraient à la préhistoire. Il participa à de nombreux congrès d’anthopologie et d’archéologie ainsi qu’ à la Société d’excursions scientifiques. Les documents photographiques le montrent souvent aux côtés des Mortillet. Marcelin Boule réalisa sa nécrologie. Boule 1927.
- Membre de la Société d’histoire de la pharmacie.
- Félix-Louis Regnault (1863-1938) était médecin, anthropologue et préhistorien. Entre autres investissement, il a été président de la Société d’anthropologie de Paris et de la Société préhistorique française. Il a côtoyé en tant que collègue Adrien de Mortillet.
- Regnault 1931, 200.
- Nous ne pouvons exclure que, dans des conditions modestes et sentant sa fin venir, la vente de ses collections à des institutions a pu être également un appel à la postérité.
- Derek Arthur Roe (1937-2014) était un spécialiste de la période paléolithique. Il fut professeur à Oxford.
- Communication personnelle du professeur Randall Keith White.
- Cet ensemble, “l’héritage” Mortillet, appartient aujourd’hui à l’Université de la Sarre – Saarbrucken-Dudweiler.