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L’Exposition universelle de 1867 : Gabriel de Mortillet entre ombre et lumière

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Lorsque Gabriel de Mortillet revient s’installer à Paris en 1864, une Exposition universelle vient d’être convoquée dans la capitale pour 1867 par un décret du 22 juin 1863 signé par l’empereur Napoléon III. Ces manifestations industrielles internationales ne sont pas une nouveauté pour lui car, en 1855, il a contribué à leur première édition française en rassemblant une collection de marbres, de combustibles minéraux et de minerais métalliques du duché de Savoie au nom du royaume de Piémont-Sardaigne (classe 1 – Art des mines et métallurgie)1. La nouvelle édition qui s’annonce pour 1867 ne peut cependant qu’intéresser cet ingénieur, publiciste et homme de sciences qui, depuis son retour à Paris, s’efforce de s’intégrer pleinement au réseau scientifique parisien – Société française de géologie, Société d’anthropologie de Paris, Société de géographie – tout en maintenant des liens forts avec ses homologues suisses, italiens et savoyards2, héritage des liens noués au cours de ses années d’exil.

Il peut d’autant moins ignorer l’Exposition universelle en projet que, rapidement, émerge l’idée d’y insérer une galerie d’histoire du travail destinée à accueillir des objets prêtés par des collectionneurs et des institutions publiques, depuis l’âge de la pierre jusqu’au début du XIXe siècle. Or, Gabriel de Mortillet se passionne pour cette nouvelle science archéologique en voie d’émergence qu’est la préhistoire. Désormais au centre de ses intérêts, il lui consacre tous ses efforts, avec un projet d’ouvrage intitulé Histoire de l’homme avant les temps historiques3 et la publication, à partir de septembre 1864, d’une revue, les Matériaux pour l’histoire positive et philosophique de l’homme où il rassemble et publie toutes les informations sur les découvertes faites en France et à l’étranger.

Si l’Exposition universelle de 1867 est désormais bien connue4, ainsi que le volet archéologique de la galerie de l’histoire du travail et son rôle dans l’institutionnalisation de la préhistoire5, la participation de Gabriel de Mortillet à l’Exposition n’est le plus souvent évoquée que dans son volet archéologique6, et non dans son volet savoyard, pourtant brièvement cité par Pascal Beyls7. L’activité de Mortillet se révèle pourtant multiforme, que ce soit avant ou après l’ouverture de l’Exposition.

Il convient donc de rouvrir le dossier de la participation de Gabriel de Mortillet à l’Exposition universelle de 1867 et de préciser sa chronologie et le rôle qu’elle a joué dans la réinsertion sociale et professionnelle du personnage. Le présent article s’appuie sur les travaux déjà réalisés, mais aussi sur l’examen le plus exhaustif possible des archives disponibles sur le sujet, à l’exception cependant du fonds Gabriel de Mortillet conservé à Sarrebrück. Après avoir présenté rapidement l’Exposition et la galerie de l’histoire du travail, il s’agira de décrire le travail que, dans l’ombre, Mortillet réalise pendant la période de préparation de l’Exposition qui couvre les années 1865-1867, avant d’exposer les tâches que, à la lumière, il accomplit une fois l’Exposition solennellement ouverte, le 1er avril 1867.

L’Exposition universelle de 1867
et sa galerie d’histoire du travail

Le 22 juin 1863, l’empereur Napoléon III signe le décret convoquant, pour le 1er mai 1867, une Exposition universelle de l’agriculture et de l’industrie à Paris. Pour la deuxième fois, la France s’apprête à accueillir cet événement mondial, héritier des expositions nationales des produits de l’industrie initiées par la France révolutionnaire et dont le modèle s’est peu à peu diffusé dans toute l’Europe à partir des années 1810 et surtout 1820. L’édition de 1867 s’avère cependant exceptionnelle du fait de l’ampleur que prend le projet et de l’ouverture de celui-ci, assez rapidement, à l’exposition non plus seulement de produits contemporains, mais aussi d’objets anciens, par le biais d’une exposition rétrospective. C’est en son sein que les objets antédiluviens ou antéhistoriques vont prendre place, suscitant l’intérêt des scientifiques en général et de Gabriel de Mortillet en particulier.

L’Exposition universelle de 1867

Il faut attendre le 1er février 1865 pour que la préparation de l’Exposition universelle de 1867 (fig. 1) commence véritablement. Son organisation est confiée à une commission de quarante membres, présidée par le cousin de l’empereur, le prince Napoléon, avec à ses côtés l’ingénieur des mines Frédéric Le Play, nommé commissaire général.

Vue officielle à vol d’oiseau de l’Exposition universelle de 1867 © Archives nationales (France), 1869-1872. Arch. nat. F/12/11884/1. Eugène Ciceri (dessinateur), Philippe Benoist (lithographie), Lemercier et Cie (imprimeur), Goupil et Cie (éditeur).
Fig. 1. Vue officielle à vol d’oiseau de l’Exposition universelle de 1867 © Archives nationales (France), 1869-1872. Arch. nat. F/12/11884/1. Eugène Ciceri (dessinateur), Philippe Benoist (lithographie), Lemercier et Cie (imprimeur), Goupil et Cie (éditeur).

Le projet prend rapidement forme, malgré la démission rapide du prince Napoléon pour raisons politiques, et, dès le début du mois de juillet 1865, ses grandes lignes sont dessinées (loi et règlement général des 8-12 juillet 1865) : l’Exposition est subventionnée conjointement par l’État et la ville de Paris, tandis que ses recettes propres sont garanties par une association de souscripteurs privés ; l’Exposition prend place sur le Champ-de-Mars, dans un palais provisoire construit pour l’occasion ; les produits acceptés sont répartis selon une classification de dix groupes et 96 classes, installés sous l’égide de comités d’installation représentant les exposants admis, le 10e groupe étant consacré aux produits destinés à l’amélioration du bien-être des ouvriers ; dans les départements, la commission impériale est relayée par des comités départementaux chargés d’inciter industriels et agriculteurs à envoyer leurs produits à l’Exposition ; à l’étranger, des commissions nationales sont chargées d’organiser l’admission des produits concourant à l’Exposition et de définir leurs modalités d’installation.

La construction du palais du Champ-de-Mars, l’admission des exposants et les relations avec les commissions étrangères constituent le cœur de l’activité de la commission impériale et du commissariat général. À la fin de l’année 1865, ceux-ci décident de donner plus d’ampleur au projet, afin de maximiser le nombre d’entrées et de sécuriser les recettes de l’Exposition. Dans cette optique, l’aménagement du parc qui entoure le palais prend une place essentielle, avec une mise en scène élaborée par l’équipe du service des promenades de la ville de Paris. Y doivent prendre place des pavillons de tous types, construits et aménagés par des exposants ou des concessionnaires (restaurants notamment).

La commission impériale s’adjoint également les services de comités spécialisés, chargés de gérer des projets particuliers. Aux côtés du comité musical ou du comité d’horticulture, est ainsi créée une commission scientifique dont l’objectif est de procéder à des études et expériences. C’est dans ce cadre que, le 8 janvier 1866, Édouard Lartet, Franz Pruner-Bey et Armand de Quatrefages sont chargés “de faire un rapport sur tout ce qui concerne l’histoire anthropologique et ethnologique des races humaines présentes à l’exposition8”.

Ouverte le 1er avril 1867 alors que tous les produits ne sont pas encore parvenus au Champ-de-Mars, que toutes les installations ne sont pas terminées et qu’une crise diplomatique survient entre la France et la Prusse, l’Exposition parvient cependant à trouver son public et accueille, jusqu’au 3 novembre 1867, 52 000 exposants en provenance de 32 pays. Le nombre exact de visiteurs est inconnu – parmi lesquels de nombreux souverains et princes étrangers –, mais on peut l’estimer à environ huit ou neuf millions – l’Exposition comptabilise près de 9,9 millions d’entrées payantes, 90 239 abonnés et 5 449 personnes ayant acquis une carte de semaine.

La galerie d’histoire du travail,
d’Édouard Lartet à Edmond du Sommerard

La galerie d’histoire du travail constitue la grande nouveauté de l’Exposition. Elle le doit principalement à son volet archéologique et surtout à sa présentation inédite d’objets préhistoriques.

Le 10 juillet 1865, Édouard Lartet transmet à Frédéric Le Play, commissaire général de l’Exposition, une première liste de musées, établissements publics et collectionneurs privés auxquels pourrait être adressée une circulaire annonçant l’intention de constituer une “exposition d’archéologie pré-historique ou primitive9”. Lartet y évoque également les difficultés de l’entreprise, notamment en raison des règlements de musées, tant en Scandinavie qu’en Angleterre et en France, interdisant le prêt d’objets de leurs collections. Il ne se félicite pas moins de cette idée de “mettre les œuvres de l’homme des temps primitifs de la période humaine en regard de celles de nos populations modernes plus ou moins avancées dans l’échelle de la civilisation”, reconnaissant que l’initiative du projet revient entièrement à Frédéric Le Play10. Édouard Lartet démarche immédiatement les savants avec lesquels il est en relation, notamment Paul Tournal et Henri Filhol11.

De son côté, Frédéric Le Play engage les discussions au sein des instances de la commission impériale, et notamment de son comité des constructions. Le 26 juillet 1865, il présente les grandes lignes du projet. L’idée est d’organiser deux expositions à visée pédagogique : la première, dans le vestibule, dédiée à l’histoire de la terre ; la seconde, sous le portique du jardin central, dédiée à l’histoire du travail et destinée à permettre aux particuliers d’exposer des objets de leurs collections, sur le modèle de la Loan Exhibition qui s’est tenue à Londres en 1862. Quant à la période chronologique couverte par cette présentation, son terminus a quo est clairement positionné à l’âge de Pierre. Le comité adopte le principe de ces expositions12.

Le projet s’affine à l’automne. Édouard Lartet, dans une lettre adressée le 28 septembre 1865 à Léon Donnat, chef des sections étrangères, s’efforce de préciser les besoins pour les trois périodes de l’âge de la pierre : la période antédiluvienne (“période du drift des Anglais”) ; l’époque du Renne et l’époque de la pierre polie et des animaux domestiques13. Frédéric Le Play, de son côté, s’occupe de l’emplacement à attribuer à cette exposition, désormais une galerie plus propre à abriter dans des conditions de sécurité optimales les objets prêtés par les collectionneurs (fig. 2)14.

Plan officiel de l’Exposition universelle de 1867 © Archives nationales (France), 1867. Arch. nat. F/12/118884/1, pièce 2. A. Jailly (imprimeur).
Fig. 2. Plan officiel de l’Exposition universelle de 1867 © Archives nationales (France), 1867.
Arch. nat. F/12/118884/1, pièce 2. A. Jailly (imprimeur).

Le 8 janvier 1866, Eugène Rouher, ministre d’État et vice-président de la commission impériale, signe enfin l’arrêté relatif à “l’exposition des œuvres caractérisant les grandes époques de l’histoire du travail”, matérialisée sous la forme d’une “galerie de l’histoire du travail [qui] recevra les objets produits dans les différentes contrées depuis les temps les plus reculés jusqu’à la fin du XVIIIe siècle15”. Pour la France, une commission spéciale est instituée, présidée par le surintendant de Nieuwerkerke, et dont Édouard Lartet est désigné membre. Edmond du Sommerard, directeur du musée de Cluny et responsable de l’exposition rétrospective organisée en 1865 par l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie devient rapidement la cheville ouvrière de ce projet.

La commission spéciale entame ses travaux le 16 janvier 1866 et s’occupe de tous les aspects du projet : programme, contact avec les potentiels prêteurs, appropriation de la galerie et installation des vitrines – en lien avec la commission impériale, ses comités spécialisés et les services du commissariat général16 –, sélection et admission des objets, rédaction du catalogue. Dès sa première séance, elle adopte une division chronologique de l’espace accordé à la France en dix salles, dont les deux premières sont consacrées à l’époque antéhistorique (“la Gaule avant l’emploi des métaux”) et à l’âge du Bronze (“la Gaule indépendante”). Deux circulaires sont ensuite préparées, une à destination des commissions étrangères, l’autre à destination des amateurs français, afin de leur présenter le projet et de leur demander leur concours. Reprenant le modèle des sociétés savantes, elle s’appuie sur un réseau de correspondants17.

Alors que la commission spéciale procède à la préparation de l’exposition, une première réunion d’objets préhistoriques est réalisée à l’occasion du congrès des sociétés savantes qui se tient à la Sorbonne en avril 1866. Dans la salle consacrée aux sciences naturelles sont présentés une partie de la collection d’Édouard Lartet et d’Henry Christy – notamment les séries d’os fossiles gravés –, ainsi que des restes d’animaux fossiles trouvés dans la caverne de Bize par Paul Gervais et une partie de la collection du marquis de Vibraye. Véritable préfiguration de la salle de l’âge de la pierre de la galerie d’histoire du travail, cette exposition constitue la première occasion de voir réunies ces pièces capitales18.

Gabriel de Mortillet dans l’ombre de l’Exposition

L’intérêt de Gabriel de Mortillet pour le projet d’Exposition universelle est précoce puisque, dès le printemps de l’année 1865, il tient les lecteurs de ses Matériaux informés. Parallèlement au travail qu’il effectue pour le musée de Saint-Germain en cours de constitution – contribution à la rédaction de la partie archéologique du dictionnaire destiné à accompagner la carte des Gaules en cours de réalisation par la Commission de topographie des Gaules (décembre 1865)19, classement d’objets et missions sur le terrain (décembre 1866), il est, pendant deux ans, un des nombreux acteurs qui, dans l’ombre, préparent l’événement. Organisateur de congrès, exposant putatif, petite main et juré de la commission spéciale d’histoire du travail et représentant du département de la Savoie à l’exposition20, Gabriel de Mortillet endosse dans l’ombre tous les rôles et exploite pleinement sa position au carrefour de multiples réseaux parisiens et internationaux.

Le co-concepteur du congrès international
d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques

L’intérêt de Gabriel de Mortillet pour l’Exposition universelle prend tout d’abord la forme d’un projet de congrès international, lui-même issu d’un projet d’exposition d’objets préhistoriques conçu par son compère Édouard Desor21.

Devant l’intérêt suscité par les petites expositions d’archéologie préhistoriques organisées en Suisse, Édouard Desor a l’idée de profiter de l’Exposition universelle pour réunir les principales collections préhistoriques d’Europe. Il entame des démarches en ce sens à Paris à l’occasion d’un voyage qu’il y fait au printemps de l’année 1865, mais ne rencontre pas un grand écho. Rien ne permet à ce jour d’établir un lien entre ce projet, évoqué par Marc-Antoine Kaeser, et celui proposé par Frédéric Le Play au mois de juillet suivant22. Est-ce à des échanges sur ce projet de Desor que Gabriel de Mortillet fait allusion dans son numéro des Matériaux de juin 1865 lorsqu’il écrit : “pénétrées de la nécessité de faire toucher la vérité au doigt et de frapper l’esprit public, plusieurs personnes s’occupant activement des recherches et études anté-historiques ont causé dans des réunions particulières du projet d’une exposition spéciale d’objets de cette époque. Grâce à l’esprit éminemment supérieur de M. Le Play, directeur du comité de l’exposition universelle de 1867, ce projet est bien vite devenu une réalité. Trois hommes des plus compétents ont donc été chargés par M. Le Play de s’occuper à organiser une grande exposition anté-historique et anthropologique23” ? Ou évoque-t-il le projet d’exposition des races humaines promu par Armand de Quatrefages ? Il est impossible à ce stade de le dire.

Édouard Desor et Gabriel de Mortillet font ensuite évoluer leurs plans et décident d’orchestrer l’organisation d’un congrès international. D’après Marc-Antoine Kaeser, la manœuvre a lieu en deux temps. En août 1865, le premier obtient que la session de 1866 de la Société helvétique des sciences naturelles ait lieu à Neuchâtel, dont il est originaire et qu’elle comprenne une section antéhistorique. Le second inscrit de son côté la discussion de thèmes similaires à la réunion annuelle de la Société italienne des sciences naturelles qui a lieu à La Spezia, en septembre 1865. Il présente le 20 septembre un vœu proposant la tenue d’un congrès paléoethnologie internationale en 1866 à Neuchâtel sous la présidence d’Édouard Desor et exprimant le souhait que la deuxième session ait lieu à Paris, en 1867. Vœu qui est adopté, le lendemain, à l’unanimité.

Le premier congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques a donc lieu à Neuchâtel, en août 1866, sous la présidence d’Édouard Desor. C’est à cette occasion qu’est initiée l’organisation de la session prévue en 1867 à Paris. Un bureau est constitué lors d’une réunion le 25 août, dont la présidence est confiée à Édouard Lartet, en son absence, flanqué de Gabriel de Mortillet comme secrétaire et d’Édouard Collomb comme trésorier. La manœuvre a réussi et Gabriel de Mortillet peut se consacrer à l’organisation de ce congrès.

Le candidat exposant

Un peu plus de trois mois après la réunion de La Spezia, est publié l’arrêté portant organisation de la commission d’histoire du travail, présidée par le surintendant de Nieuwerkerke,  dont Edmond du Sommerard constitue la cheville ouvrière et Édouard Lartet est membre. Comme nous l’avons vu, le projet d’Exposition universelle prend par ailleurs de l’ampleur, avec le développement du projet de parc autour du palais du Champ-de-Mars. Gabriel de Mortillet envisage alors, au début de l’année 1866, de se muer en exposant.

Présentant à ses lecteurs des Matériaux le projet de galerie d’histoire du travail en mars 1866, il fait part de son souhait d’établir dans le parc, sur le lac qui est destiné à servir de réservoir d’eau, un modèle d’habitation lacustre. Son projet consiste à reconstituer le plus fidèlement possible des pilotis supportant une plateforme et une cabane de l’époque de la pierre. Dans celle-ci doivent être groupés toutes les industries de cette époque, avec reproduction des outils, des armes, des objets de ménage et des poteries. La plateforme et la cabane sont destinées à être “gardées par des types de nos deux anciennes races françaises, le type ibère ou ligure aux cheveux bruns, à la tête ronde, au visage carré, à la taille peu élevée ; et le type celte aux cheveux blonds, à la tête allongée, au visage ovale, à la stature élancée24”. Anthropologie et archéologie préhistoriques se trouvent donc étroitement liées dans ce projet de maison lacustre.

Gabriel de Mortillet effectue des voyages en Suisse, destinés à préparer cette “exécution modèle d’habitation lacustre de grandeur naturelle25”. À une date inconnue mais nécessairement antérieure au 8 juin 1866, il dépose une demande d’admission enregistrée sous le numéro 10 153 dans le groupe 6, classe 49, pour des “engins de pêche de l’époque de la pierre et de l’époque des bronzes ; modèle d’une station lacustre ancienne ; articles sur la pêche et la navigation dans la plus haute antiquité” (fig. 3). Sa demande d’admission est renvoyée à la commission d’histoire du travail qui l’intègre à ses papiers, sans cependant y donner suite26. Plusieurs échanges ont ensuite lieu à propos de la maison lacustre avec le service du parc de l’Exposition dirigé par Adolphe Alphand. Le 21 juin 1866, l’ingénieur Fournié transmet une demande de renseignements à Gabriel de Mortillet qui y répond manifestement dès le 28. Le projet de maison lacustre est intégré à la liste de ceux examinés par le service du parc sous le numéro 102, et son emplacement clairement indiqué sur un plan du jardin réalisé en 1866 (fig. 4)27.

Demande d’admission de Gabriel de Mortillet dans le groupe VI, classe 49, de l’Exposition universelle de 1867 © Édouard Vasseur, 1866. Arch. nat. 20150042/139.
Fig. 3. Demande d’admission de Gabriel de Mortillet dans le groupe VI, classe 49,
de l’Exposition universelle de 1867 © Édouard Vasseur, 1866. Arch. nat. 20150042/139.
Extrait du plan des installations dans le parc, quart français, classes 24, 40, 47, 50, 51, 53, 54, 58, 63 et 65 © Édouard Vasseur, 1866. Arch. nat. F/12/3088, dossier “De Mortillet”.
Fig. 4. Extrait du plan des installations dans le parc, quart français, classes 24, 40, 47, 50, 51, 53, 54, 58, 63 et 65
© Édouard Vasseur, 1866. Arch. nat. F/12/3088, dossier “De Mortillet”.

Le projet n’aboutit cependant pas, pour des raisons inconnues. Gabriel de Mortillet ne semble pas l’avoir abandonné à l’été 1866 puisqu’il en organise une sorte de préfiguration à l’occasion de l’exposition internationale de pêche et d’aquaculture qui se tient à Arcachon. Dans une double vitrine située à l’entrée de la grande nef, il expose les matériaux rassemblés en vue de cette exposition : haches en silex, instruments de pêche, bijoux, os, bois de renne, représentation sous forme de dessin du mammouth gravé de La Madeleine découverte par Édouard Lartet et Henry Christy, et surtout objets en lien avec les stations lacustres de Suisse et d’Italie retirés des lacs de Robenhausen, de Saint-Aubin et du Reggianais (haches polies en jaspe, quartzites, silex, poids de filets en terre, des flotteurs en écorce de pin, du lin filé, trois fragments de filets à mailles étroites, polissoirs, débris de poteries grossières, petits vases, bracelets, bagues en coquilles de pétoncles, meule à main, céréales, objets en bronze)28.

Le projet de maison lacustre semble avoir été abandonné ensuite. Peut-être en raison du fait que Gabriel de Mortillet rejoint la commission spéciale d’histoire du travail en qualité de juré.

Le juré de l’histoire du travail

C’est lors de la séance tenue le 18 décembre 1866 que la commission d’histoire du travail décide de constituer un jury chargé de réceptionner, sélectionner et admettre les objets signalés par les correspondants et les collectionneurs. Celui-ci comprend quatre sections (temps anté-historiques, sculpture et peinture, orfèvrerie et armes, ameublement)29. Celui réservé à la section antéhistorique est composé d’Edouard Lartet, du marquis de Vibraye, d’Alexandre Bertrand, du colonel Verchère de Reffye, de Jules Desnoyers, d’Édouard Collomb, de Jules Charvet et de Gabriel de Mortillet, proposé comme secrétaire30.

L’arrêté constituant le jury est signé au mois de janvier et Gabriel de Mortillet accuse réception de sa nomination le 30 janvier (fig. 5)31.

Lettre de Gabriel de Mortillet à Emilien de Nieuwerkerke, président de la commission d’histoire du travail, accusant réception de sa nomination comme juré © Édouard Vasseur, 30 janvier 1867. Arch. nat. 20150046/139, dossier “Mortillet”.
Fig. 5. Lettre de Gabriel de Mortillet à Emilien de Nieuwerkerke, président de la commission d’histoire du travail, accusant réception de sa nomination comme juré © Édouard Vasseur, 30 janvier 1867. Arch. nat. 20150046/139,
dossier “Mortillet”.

La section anté-historique se met immédiatement au travail, achevant manifestement son travail de sélection et d’admission avant le 26 mars 1867, date à laquelle le procès-verbal d’admission est transmis à Edmond du Sommerard par Gabriel de Mortillet32. Ce dernier participe ensuite au classement des objets de la première salle dédiée aux objets de la Gaule avant l’âge des métaux. Quelle part a-t-il prise à cette installation ? Les avis divergent. Ferdinand de Lasteyrie n’évoque que le rôle d’Édouard Lartet33 ; Alphonse de Longuemar, une collaboration entre Édouard Lartet, Gabriel de Mortillet et Hébert34. Edmond du Sommerard, dans son rapport final, signale l’intervention de Mortillet aux côtés d’Édouard Lartet, de Jules Desnoyers, du marquis de Vibraye, d’Alexandre Bertrand et d’Édouard Collomb35.

La réception, la sélection, l’admission et le classement des objets ne sont pas les seules tâches accomplies par Gabriel de Mortillet en tant que juré. Il procède également à la rédaction de la partie du catalogue relative aux objets antéhistoriques, sous le contrôle d’Édouard Lartet. Prêt uniquement à la fin de l’exposition, suite à la défaillance de l’éditeur Édouard Dentu, l’ouvrage constitue cependant, pour les organisateurs, “un souvenir durable36”. Enfin, à la fermeture de l’Exposition, Gabriel de Mortillet assure la réexpédition des objets à leurs propriétaires37.

À l’issue de l’Exposition, Edmond du Sommerard propose qu’une gratification soit accordée à Gabriel de Mortillet. Rien ne dit cependant qu’elle ait été versée38.

Le délégué du comité départemental de Savoie

Si le congrès international et la galerie de l’histoire du travail sont au centre de l’attention de Gabriel de Mortillet, il ne perd pas pour autant de vue ses réseaux suisse, italien et surtout savoyard. Comme tout département français, la Savoie a constitué en 1865 un comité départemental chargé d’assurer la meilleure publicité à l’Exposition et d’encourager artistes, agriculteurs et industriels du département à proposer l’admission de leurs produits. À la veille de l’Exposition, ce comité, présidé par le maire de Chambéry, le baron Frédéric d’Alexandry d’Orengiani, s’adresse à Gabriel de Mortillet pour réaliser deux opérations : la réception à Paris des colis envoyés par le département et la rédaction d’un rapport sur les produits exposés par le département.

La rédaction d’un rapport est envisagée dès 1865 et inscrite comme objectif du règlement général de l’exposition savoyarde. Une notice sur les études à entreprendre et sur leur publication avait d’ailleurs été présentée à la séance du comité du 31 octobre 1865. Ce n’est cependant qu’au mois de décembre 1866 que le projet se concrétise et que le comité, après avoir pris l’avis de la chambre de commerce de Chambéry, décide de désigner les personnes chargées de procéder aux études particulières à l’Exposition universelle. Gabriel de Mortillet fait partie des cinq personnes identifiées39. La presse locale se félicite de cette nomination : “M. de Mortillet a longtemps habité les deux Savoie ; ses travaux comme conservateur du musée d’Annecy et surtout sa Géologie de la Savoie ont prouvé l’étendue de ses connaissances ; cet ouvrage important se trouve entre les mains de toutes les personnes qui s’occupent d’histoire naturelle en Savoie” déclare ainsi Le courrier des Alpes40.

Mais la rédaction d’un rapport n’est pas la seule mission confiée par le comité départemental de la Savoie à Gabriel de Mortillet. Il lui est également demandé d’assurer la fonction de délégué du département à l’Exposition universelle, ce qui signifie s’assurer que les produits du département sont convenablement réceptionnés, admis et installés, et accompagner les représentants du comité en visite sur le Champ-de-Mars. Mortillet accepte cette mission le 10 janvier 1867 et se met immédiatement à l’ouvrage, multipliant les démarches auprès des différents acteurs41. Des avis parus dans la presse locale au début du mois de mars fournissent par ailleurs aux exposants savoyards désireux d’obtenir tous les renseignements utiles sur l’Exposition les coordonnées du délégué parisien du département42.

Trois problèmes focalisent son attention : l’emplacement accordé au département pour installer les produits, l’installation de ceux-ci et leur description au catalogue général. Après avoir envisagé de grouper l’ensemble des envois de la Savoie dans le hangar agricole construit du côté de l’École militaire, Gabriel de Mortillet doit se rendre à l’évidence : il faut répartir les objets exposés dans les espaces prévus pour chacune des classes auxquels ils se rattachent – la collection minéralogique, dans la classe 40, les eaux minérales dans la classe 44, la bouée de sauvetage dans la classe 49, les fromages dans la classe 69, les vins et le miel dans la classe 73 et les poupées habillées en costume populaire dans la classe 92. L’hébergement des cinq “bêtes à cornes” de race tarine – 2 taureaux, 2 vaches et une génisse – envoyés par le comité départemental le préoccupe tout particulièrement, la question étant de savoir si elles doivent rester au Champ-de-Mars, très fréquenté par le public, ou être envoyées à l’annexe agricole de Billancourt, plus excentrée. C’est manifestement la seconde option qui a été retenue43.

Dans la correspondance qu’il échange avec le baron d’Alexandry, Gabriel de Mortillet se montre un observateur critique de l’Exposition, évoquant le 28 mars le “Babel que représente l’Exposition universelle” et expliquant, le 26 avril, que “l’exposition prend énormément la tournure des grandes exhibitions américaines. La réclame et la mise en scène jouent un grand rôle” (fig. 6). Aussi conseille-t-il, au cas où le comité choisirait de laisser les bêtes à cornes au Champ-de-Mars, de les faire accompagner par une femme avec le costume de Bourg-Saint-Maurice qui prendrait soin des bêtes, débiterait le lait des vaches, placerait auprès des visiteurs le miel, les fromages et le vin. “Dans le parc, il faut ce genre” conclut-il.

Lettre de Gabriel de Mortillet au baron d’Alexandry, président du comité départemental de la Savoie © Marie Bolot, 26 avril 1867. Arch. dép. Savoie, 28/M/II/1.
Fig. 6. Lettre de Gabriel de Mortillet au baron d’Alexandry, président du comité départemental de la Savoie © Marie Bolot, 26 avril 1867. Arch. dép. Savoie, 28/M/II/1.

Gabriel de Mortillet à la lumière de l’Exposition

Le 1er avril 1867, l’Exposition universelle de 1867 ouvre ses portes, sans grandes pompes. Certes, tous les pavillons ne sont pas édifiés, tous les colis ne sont pas déballés et tous les objets ne sont pas installés dans leurs vitrines, mais la Commission impériale dément ainsi les rumeurs répandues dans les journaux en inaugurant le jour annoncé cette grande manifestation internationale. Cynique ou réaliste, Gabriel de Mortillet donne au baron d’Alexandry une justification plus prosaïque à ce respect des délais : tout report aurait entraîné des pénalités quotidiennes auprès des concessionnaires de restaurants et de cafés44. L’ouverture de l’Exposition, qui s’accompagne bientôt de la venue des visiteurs français et étrangers, permet cependant à Mortillet de quitter l’ombre pour la lumière et de mettre en valeur ses talents d’homme de réseau et de publiciste.

Le cicerone

Chargé de mission au musée de Saint-Germain et juré de la commission spéciale de l’histoire du travail, Gabriel de Mortillet a contribué à la réception, au déballage, à la sélection, au classement et à l’installation des objets dans les deux espaces. Il est donc parfaitement à même de les présenter et de les commenter aux visiteurs qui se présentent – et notamment aux hôtes de marque. Le 12 mai 1867, il est présent lors de l’inauguration du musée de Saint-Germain par l’empereur Napoléon III, aux côtés du surintendant de Nieuwerkerke, d’Alexandre Bertrand, d’Eugène Millet, de Philibert Beaune et du colonel Verchère de Reffye. Pour Charles Boissy du Figaro, Gabriel de Mortillet et Verchère de Reffye sont ceux “qui, tous deux, peuvent être rangés parmi les créateurs du musée, et qui ont tant fait pour l’histoire de nos origines, le premier pour l’époque romaine et le second pour les temps anté-historiques”. Aux côtés de l’empereur se tient Édouard Lartet, promu officier de la Légion d’honneur, considéré comme “le fondateur45”. On ignore cependant si Gabriel de Mortillet a été amené à présenter aux visiteurs les salles dont il a eu la charge lors de cette visite impériale. Il joue en revanche le rôle de cicerone pour le correspondant du Messager du Midi, quelques jours plus tard, et prend certainement la parole lors de l’excursion des participants au Congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques, le 21 août 186746.

Sur le Champ-de-Mars, Gabriel de Mortillet assure également le rôle de guide dans la première salle de la galerie d’histoire du travail, tout particulièrement lors des congrès tenus au mois d’août. Le 6 août, à l’occasion de la réunion extraordinaire de la Société géologique de France, il fait les honneurs de la collection préhistorique aux participants, avec Édouard Collomb. La section française n’est pas la seule visitée, puisque le compte rendu publié évoque les expositions suisse, scandinave et italienne. Dans la salle française, Mortillet explique aux visiteurs la division de l’exposition en cinq périodes : “1° l’époque quaternaire proprement dite, avec l’Elephas antiquus et les silex du type de Saint-Acheul ; 2° la première époque des cavernes, avec l’Ursus spelaeus dont on admire un squelette complet ; 3° la deuxième époque des cavernes, formant la transition avec l’âge de l’Ursus et celui du Renne ; 4° la troisième époque des cavernes, caractérisée par le Renne ; 5° enfin, l’âge de la pierre polie.” La visite s’achève par un détour dans la galerie des Arts libéraux, pour examiner les cartes géologiques exposées47.

Le 18 août, c’est au tour des membres du Congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques de visiter l’Exposition. Une nouvelle fois, dans la salle de la Gaule avant l’emploi des métaux, c’est Gabriel de Mortillet qui officie et qui présente successivement les vitrines verticales du côté gauche, avec les objets se rapportant à la première période de l’âge de la pierre, la grande vitrine horizontale présentant les représentations figurées et notamment le Mammouth de La Madeleine, les vitrines verticales du côté droit “se rapportant à la seconde période de l’âge de la pierre”, et enfin la seconde vitrine horizontale contenant les objets découverts dans le dolmen breton de Manne-er-H’roek. La parole est ensuite cédée à Adrien de Longpérier, dans la deuxième salle française, et aux membres étrangers pour leurs expositions respectives48.

Le chroniqueur et le publiciste

Rédacteur en chef des Matériaux pour l’histoire de l’homme et publiciste prolifique, Gabriel de Mortillet ne peut manquer de rendre compte à ses lecteurs de la galerie de l’histoire du travail et des ouvrages qui paraissent à cette occasion. Son statut de juré, disposant d’une carte d’entrée permanente sur le Champ-de-Mars, lui facilite naturellement les choses.

Les “Promenades préhistoriques” paraissent dans les livraisons des Matériaux des mois de mai et juin puis de juillet et août 186749, avant d’être regroupées et éditées sous forme de tiré à part chez Reinwald, au mois d’août50. Gabriel de Mortillet respecte la philosophie de l’Exposition universelle en adoptant une organisation par pays, commençant naturellement par la France à laquelle il consacre plus de soixante-dix pages. Chaque vitrine est consciencieusement présentée, travée par travée, gisement par gisement, avec de nombreuses illustrations – en moyenne une toutes les dix pages. Ce témoignage est d’autant plus précieux que le catalogue officiel publié par Dentu ne paraît que tardivement et que les échos de la galerie d’histoire du travail, notamment dans la presse généraliste, sont rares. Gabriel de Mortillet rend également compte dans les Matériaux des autres ouvrages traitant de la galerie de l’histoire du travail, notamment ceux de Félix Garrigou51, d’Alphonse Le Touzé de Longuemar52, d’Émile Cartailhac ou de Valdemar Schmidt53.

La conclusion des “Promenades…” est l’occasion pour Gabriel de Mortillet de célébrer l’entreprise réalisée et d’estimer que la galerie de l’histoire du travail a été un “triomphe complet” et une preuve irréfutable de la marche incontestée de l’humanité vers le progrès54. Il n’hésite d’ailleurs pas à diffuser ce texte auprès de son réseau, puisqu’il est repris quasiment mot pour mot dans la lettre qu’il adresse au président de la Société florimontane d’Annecy, le 9 juillet 186755. Les Promenades, à l’instar des Matériaux, font désormais pleinement partie de la stratégie de communication de Gabriel de Mortillet qui en diffuse largement les tirés à part56, notamment à l’occasion du Congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques, le jeudi 29 août57.

Le congressiste

L’Exposition universelle de 1867 est l’occasion pour de nombreuses sociétés de se réunir. Quatorze congrès internationaux se tiennent également en marge de la manifestation, à partir du mois de mai58. Gabriel de Mortillet, habitué aux réunions des sociétés savantes françaises, suisses et italiennes, est un congressiste d’autant plus assidu qu’il est au cœur de l’organisation de la deuxième session du Congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques.

Du 5 au 12 août 1867, il participe à la réunion extraordinaire de la Société géologique de France. Le 6, il fait aux congressistes les honneurs de la galerie de l’histoire du travail, avant de contribuer à l’excursion organisée aux sablières de Paris, le 8, de participer, le 10, à la discussion sur l’Elephas primigenius et la datation que permet sa présence et enfin d’intervenir, lors de la séance de clôture du 12, sur la division des térébratules59.

 Mais c’est naturellement la deuxième session du Congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques qui est au centre de toutes les attentions de Mortillet, comme l’atteste son utilisation d’un papier à en-tête du congrès pour toute sa correspondance, dès le début de l’année 1867 (fig. 7). En tant que membre du comité d’organisation et secrétaire, il assure la publicité du congrès et fait paraître dans la presse des annonces invitant les personnes intéressées à s’inscrire auprès de lui et d’Édouard Collomb, trésorier du congrès60.

Lettre de Gabriel de Mortillet au baron d’Alexandry, président du comité départemental de la Savoie © Marie Bolot, 8 février 1867. Arch. dép. Savoie, 28/M/II/1.
Fig. 7. Lettre de Gabriel de Mortillet au baron d’Alexandry, président du comité départemental de la Savoie © Marie Bolot, 8 février 1867. Arch. dép. Savoie, 28/M/II/1.

Gabriel de Mortillet est ensuite au centre de l’organisation du congrès qui se tient à Paris du samedi 17 août au samedi 31 août 1867. Nommé secrétaire général du congrès lors de la séance inaugurale qui se tient à l’École de médecine le 17, il assure la prise de notes et la rédaction des actes qui paraissent en 1868 mais ne sont diffusés qu’en 1870. C’est également lui qui assure l’organisation de la visite de la galerie de l’histoire du travail le 18, celle du musée de Saint-Germain le 21 et l’excursion à Amiens le 25. Il gagne même la ville avec quelques congressistes la veille au soir, afin de permettre à ceux-ci de visiter sous sa conduite les carrières de Moutiers où des haches en silex quaternaires et des haches en pierre polie ont été cédées par des ouvriers. Contrairement à ce qu’affirment ses détracteurs61, il prend régulièrement la parole à plusieurs reprises à l’occasion des séances qui se tiennent à l’École de médecine les 19, 20, 21, 22, 24, 26, 27, 28, 29 et 30 août. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, il prend d’ailleurs grand soin, dans le compte rendu qu’il donne dans les matériaux, de signaler chacune de ses interventions à ses lecteurs62.

Le rapporteur

Enfin Gabriel de Mortillet s’acquitte de la mission que lui a confiée le comité départemental de la Savoie en rédigeant le rapport sur la participation de ce département à l’Exposition dans son volet industriel (fig. 8). Ce rapport de 27 pages, publié en 1868 à Chambéry, comprend deux parties, la première, consacrée à l’étude des produits envoyés par la Savoie à l’Exposition universelle, la seconde, aux améliorations à introduire dans le département63.

Couverture du rapport rendu par Gabriel de Mortillet au comité départemental de la Savoie et circulaire du préfet de Savoie aux maires du département. © Marie Bolot, 15 octobre 1868. Arch. dép. Savoie, 28/M/II/1.
Fig. 8. Couverture du rapport rendu par Gabriel de Mortillet au comité départemental de la Savoie et circulaire du préfet de Savoie aux maires du département. © Marie Bolot, 15 octobre 1868. Arch. dép. Savoie, 28/M/II/1.

Minéraux utiles, eaux minérales, vins, fromages, miels, animaux et costumes populaires, soit un reflet exact des envois du comité départemental sur le Champ-de-Mars, font l’objet de la première partie. Dans son texte, Gabriel de Mortillet met au regard les produits du département avec ceux envoyés par les autres régions, estimant par exemple que les marbres savoyards ne peuvent donner lieu qu’à une exploitation d’intérêt local ou que les ardoises de Cevins sont susceptibles de gagner des parts de marché si les prix sont amenés à baisser. Il regrette l’absence de combustible dans le département ainsi que la pauvreté des filons miniers dont certains, cependant, mériteraient une meilleure attention de la part des pouvoirs publics et des industriels. Il recommande également de mieux exploiter les eaux minérales offertes par le département, notamment celles d’Aix-les-Bains. Son texte est également l’occasion de suggérer le développement du potentiel que nous qualifierions aujourd’hui de touristique du département, estimant qu’il convient d’améliorer les conditions de séjour offertes aux visiteurs, que ce soit en matière de transport ou d’hébergement, mais aussi de développer la fabrication de poupées avec costume populaire qui ont connu un grand succès et pourraient concurrencer leurs homologues suisses ou tyroliennes. S’agissant enfin des produits agricoles, il ne s’intéresse qu’à leur potentiel industriel et, s’il regrette le défaut de récompenses dans certaines sections du concours, il se satisfait de l’effet obtenu en matière de communication.

La seconde partie de son rapport se veut davantage prospective, avec une interrogation sur le type d’industrie qu’il convient d’encourager dans le département. Rejetant la grande industrie comme sujette à des crises, gêne pour les populations et peu adaptée à un département dépourvu de matières premières, Gabriel de Mortillet préconise le développement d’une industrie ordinaire et d’une industrie disséminée – sur le modèle de l’horlogerie du Doubs – plus adaptée à un département composé de vallées communiquant mal entre elles, susceptible de répandre le bien-être et permettant d’employer une population disséminée qui, en temps de crise, peut vaquer à d’autres activités. Son discours n’est finalement pas si éloigné de celui du commissaire général de l’Exposition, Frédéric Le Play. Il conclut cette partie en faisant l’éloge de l’instruction, estimant que l’Exposition universelle a eu le mérite, selon lui, “d’avoir compris et proclamé hautement, à la face du monde entier, qu’on ne peut pas séparer le progrès matériel du progrès intellectuel”. Il se félicite d’ailleurs du bon positionnement du département en matière d’instruction publique.

Si ce rapport a fait l’objet d’une large diffusion par le préfet de Savoie à l’ensemble des maires du département64, son écho semble avoir été faible, du moins dans la presse. Seules des recherches complémentaires permettraient de savoir si les services de la préfecture et la chambre de commerce de Chambéry s’en sont emparés.

Conclusion

Concepteur de congrès, apprenti exposant, juré et homme de classement d’objets archéologiques, délégué du département de la Savoie, cicerone, chroniqueur, congressiste et rapporteur : Gabriel de Mortillet a été tout cela en 1867. L’Exposition universelle lui a permis de parfaire le réseau qu’il avait commencé à retisser depuis son retour à Paris et a accompagné son insertion progressive dans l’équipe chargée de préfigurer le musée de Saint-Germain. Au contact des objets envoyés par les collectionneurs, et sous la direction d’Édouard Lartet, l’Exposition a été pour lui l’occasion de parfaire sa connaissance de l’âge de Pierre et de réfléchir à la classification des artefacts de cette époque, ce qui l’amènera bientôt à critiquer certaines des idées de celui auprès duquel il a travaillé en 1867.

Le 1er janvier 1868, Gabriel de Mortillet succède à Philibert Beaune au poste d’assistant de conservation au musée de Saint-Germain. Incontestablement, son rôle lors de l’Exposition universelle de 1867 a été une étape essentielle, parmi d’autres, dans sa reconnaissance comme un acteur majeur de la science préhistorique en cours d’institutionnalisation.


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Notes

  1. Commission impériale 1855, 418.
  2. Notamment de la Société florimontane d’Annecy. Il publie très régulièrement dans la Revue savoisienne qu’édite cette société.
  3. Il évoque ce projet lors de la séance du 21 décembre 1863 de la Société géologique de France [Bulletin de la Société géologique de France (1863), 104].
  4. Voir Vasseur 2005 et 2023 et Barth 2007.
  5. Voir Müller-Scheessel 2001, Hurel 2007, Richard 2008, Quiblier 2014, Chew 2016-2017.
  6. Notamment par les auteurs de nécrologie : Ernest Chantre [Chantre 1898, 169], Émile Cartailhac [Cartailhac 1898, 606-607] et Paul Nicole [Nicole 1901].
  7. Beyls 1999, 111.
  8. Arch. nat., F/12/3003. Le rapport final sera signé du seul nom d’Armand de Quatrefages.
  9. Sur le rôle de Lartet et sa querelle avec Mortillet, voir Rouquerol & Lajoux 2021, 281-297.
  10. Arch. nat., 20150042/138, dossier Lartet, Édouard Lartet à Frédéric Le Play, commissaire général, 10 juillet 1865.
  11. Université de Toulouse, BU de l’Arsenal, Ms 199068_1-71, Paul Tournal à Édouard Lartet, 15 juillet 1865, et Henri Filhol à Édouard Lartet, 21 juillet 1865. Accessibles en ligne à l’adresse suivante : https://tolosana.univ-toulouse.fr/corpus/archives-prehistoriens/lartet/correspondance-recue [consulté le 28/02/2024].
  12. Arch. nat., F/12/11894, vol. 1, f° 93-97, séance du comité des constructions du 26 juillet 1865.
  13. Arch. nat. 20150042/138, dossier Lartet, Édouard Lartet à Léon Donnat, 28 septembre 1865.
  14. Arch. nat., F/12/11894, vol. 2, f° 15-21, 56-61, 62-66, 67-69, 115-118, 122-125 et 126-131, séances du comité des constructions des 27 novembre, 11, 18 et 23 décembre 1865 et 8, 13 et 22 janvier 1866. Le 11 décembre 1865, Frédéric Le Play précise à nouveau que son projet consiste à fournir une “histoire de l’art aussi complète que possible, c’est-à-dire remontant même aux temps antédiluviens, mais au moyen de certains spécimens que l’on peut toujours choisir de petite dimension et qui suffiraient parfaitement à caractériser les conditions de l’art et du travail de chaque époque : c’est dans une telle mesure qu’il admettrait une exposition archéologique […] vouloir faire une exposition complète d’antiquités serait se lancer dans l’impossible”.
  15. Arch. nat. F/12/3024, dossier “commission d’histoire du travail”. C’est Adrien de Longpérier qui propose la nomination d’Édouard Lartet à Émilien de Nieuwerkerke, alors que le nom d’Armand de Quatrefages avait auparavant été proposé.
  16. Arch. nat., F/12/11894, vol. 4, f° 52-57, séance du comité des installations intérieures et du palais et des cérémonies du 15 juin 1867 ; f° 58-63, séance du comité des constructions du 18 juin 1866.
  17. Arch. nat., 20150046/136, procès-verbaux de la commission d’histoire du travail, 1866-1867.
  18. Moniteur de l’Exposition universelle de 1867 (15 avril 1866), 6.
  19. Arch. mun. Toulouse, 92/Z/552, Gabriel de Mortillet à Émile Cartailhac, 1er décembre 1865. Accessible en ligne à l’adresse suivante : https://tolosana.univ-toulouse.fr/fr/archives/92z-5523 [consulté le 28/02/2024).
  20. Mortillet 1866a, 386.
  21. Le paragraphe qui suit, sauf mention contraire, est tiré de Kaeser 2010.
  22. Sur le rôle de Desor, voir Kaeser 2004, 341-347.
  23. Mortillet 1865, 451.
  24. Mortillet 1866b, 323.
  25. Le Panthéon de l’industrie et des arts, 5 mai 1867, 300.
  26. Arch. nat., 20150042/139, dossier Mortillet, “Demande d’admission dans le groupe 6, classe 49”.
  27. Arch. nat., F/12/3088, dossier Mortillet, “Tableau des plans des concessions du quart français” et “Installations dans le parc. Quart français. Classes 24, 40, 47, 50, 51, 53, 54, 58, 63 et 65. Plan”.
  28. Mortillet 1866c, 448-450 et Seissag 1866.
  29. Arch. nat., 20150046/136, note d’Edmond du Sommerard sur le jury d’admission, s.d.
  30. Arch. nat., 20150046/136, compte rendu de la séance du 18 décembre 1866 de la commission d’histoire du travail.
  31. Arch. nat., 20150042/139, dossier Mortillet, Gabriel de Mortillet au surintendant de Nieuwerkerke, 30 janvier 1867.
  32. Arch. nat., 20150046/136, compte rendu de la séance du 26 mars 1867 de la commission d’histoire du travail. Un courrier de Louis Revon, conservateur du musée d’Annecy, au surintendant de Nieuwerkerke signale à titre d’exemple le fait que les objets appartenant au musée et proposés pour la galerie sont connus en partie par MM. De Longpérier et Bertrand et en totalité par Gabriel de Mortillet [20150042/139, dossier Revon, Louis Revon à Émilien de Nieuwerkerke, 23 février 1867].
  33. Lasteyrie 1867, 9.
  34. Le Touzé de Longuemar 1867a, 484.
  35. Sommerard 1867, 16.
  36. Arch. nat., 20150046/136, rapport de du Sommerard au surintendant de Nieuwerkerke et aux membres de la commission d’histoire du travail, 30 novembre 1867.
  37. Arch. nat., 20150042/138, dossier Filhol, Gabriel de Mortillet à Edmond Du Sommerard, à propos de la réclamation d’un petit buste en bronze et en ivoire non restitué, sans date.
  38. Ibid.
  39. Arch. dép. Savoie, 28/M/II/1, extrait des délibérations de la chambre de commerce de Chambéry du 12 décembre 1865 et procès-verbal de la séance du 15 décembre 1866 du comité départemental de la Savoie.
  40. Le Courrier des Alpes, 1er janvier 1867.
  41. Arch. dép. Savoie, 28/M/II/1, Gabriel de Mortillet au baron d’Alexandry, 10 janvier 1867.
  42. Dumas 1867, Le journal de la Savoie, 13 mars 1867. P. Dumas explique que “Son séjour au centre de la capitale, sa position de juré de l’histoire du travail, de représentant de la Savoie, d’une des principales usines de France, de la Compagnie des chemins de fer de la Haute-Italie, etc., sont autant d’avantages qui mettent M. de Mortillet à même de fournir aux jurys des récompenses tous les renseignements qui lui seront transmis par ses mandants, et de faire valoir leurs droits par tous les moyens en son pouvoir”.
  43. Arch. dép. Savoie, 28/M/II/1, Gabriel de Mortillet au baron d’Alexandry, 17 janvier, 8 février, 28 mars, 5 et 26 avril 1867.
  44. Arch. dép. Savoie, 28/M/II/1, Gabriel de Mortillet au baron d’Alexandry, 28 mars 1867.
  45. Boissy 1867, 3. La présence de Gabriel de Mortillet à cette inauguration est naturellement relayée par la Revue savoisienne, le 25 mai 1867.
  46. Le Messager du Midi, 21 mai 1867 et Congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques 1868.
  47. Bulletin de la Société géologique de France, 1867, 788.
  48. Congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques 1868, 46-47 et Gourdon 1867.
  49. Mortillet 1867a, 181-284, et Mortillet 1867b, 285-368.
  50. Mortillet 1867c.
  51. Garrigou 1867, recensé dans Matériaux pour l’histoire, 9-10, septembre-octobre 1867, 403.
  52. Le Touzé de Longuemar 1867b, recensé dans Matériaux pour l’histoire, 9-10, septembre-octobre 1867, 403.
  53. Cartailhac 1867 et Schmidt 1868, recensés dans Matériaux pour l’histoire, 11-12 novembre-décembre 1867, 470.
  54. Mortillet 1867b, 366.
  55. Mortillet 1867d, 59-60.
  56. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences signalent que les Promenades préhistoriques ont été reçues dans la séance du 26 août 1867. L’ouvrage est également remis à la Société géologique de France lors de sa séance du 2 décembre 1867 [“Séance du 2 décembre 1867”, dans Bulletin de la société géologique de France, 1868, 180].
  57. Gabriel de Mortillet “offrait timidement au Congrès un petit volume de sa composition intitulé : Promenades préhistorisques à l’Exposition universelle” selon le rédacteur des Études religieuses, historiques et littéraires par des Pères de la Compagnie de Jésus, 1867, t. 13, nouvelle série, 413-414.
  58. Se tient notamment une réunion des joueurs d’échecs (15 mai), ainsi que les congrès internationaux des architectes (22 juillet), des médecins (16 août), des botanistes et horticulteurs (16 août), des anthropologues et archéologues préhistoriens (du 17 au 30 août) ou des pharmaciens (21 août). Sur l’essor des congrès internationaux, voir Tapia & Taïeb 1976, Rasmussen 1989 et Rasmussen 1990.
  59. Bulletin de la Société géologique de France, 1867, 788, 807 et 842.
  60. Voir par exemple l’annonce publiée dans Le Panthéon de l’industrie et des arts du 3 mars 1867.
  61. “De ces trois phrases ressort l’esprit de l’auteur. Quant à la valeur de ses livres, si l’on peut la mesurer sur l’influence que M. de Mortillet a exercée dans le Congrès, dont pourtant il était le secrétaire, cette valeur est insignifiante” (Études religieuses, historiques et littéraires par des Pères de la Compagnie de Jésus, 1867, t. 13, nouvelle série, 413-414).
  62. Mortillet 1867e.
  63. Mortillet 1868.
  64. Arch. dép. Savoie, 28/M/II/1, circulaire du préfet de Savoie aux maires du département, 15 octobre 1868.
ISBN html : 978-2-35613-552-0
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Article de colloque
EAN html : 9782356135520
ISBN html : 978-2-35613-552-0
ISBN pdf : 978-2-35613-554-4
ISSN : 2741-1508
16 p.
Code CLIL : 4117; 3494;
licence CC by SA

Comment citer

Vasseur, Édouard, “L’Exposition universelle de 1867 : Gabriel de Mortillet entre ombre et lumière”, in : Cicolani, Veronica, Lorre, Christine, Hurel, Arnaud, dir., Le printemps de l’archéologie préhistorique. Autour de Gabriel de Mortillet, Pessac, Ausonius Éditions, collection DAN@ 11, 2024, 239-254 [en ligne] https://una-editions.fr/lexposition-universelle-de-1867-gabriel-de-mortillet-entre-ombre-et-lumiere [consulté le 17/07/2024]
doi.org/10.46608/DANA11.9782356135520.17
Illustration de couverture • • Gabriel de Mortillet, excursion aux carrières de Chelles (Seine-et-Marne) en 1884 (Fonds photographique ancien, fondation Institut de paléontologie humaine, Paris)
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