« Philologues au travail »
Les éditions de textes anciens sont l’occasion pour les philologues de mettre en lumière leur travail. Si celui-ci se fait discret dans le texte même – car les interventions des philologues ne sont pas toujours explicitement signalées dans le corps du texte –, les paratextes (adresses au lecteur et autres textes liminaires, mais aussi notes philologiques et commentaires) constituent le lieu privilégié de la mise en scène du travail philologique. Les études de cas regroupées dans cette première section confrontent les pratiques de divers philologues (Conrad Gessner, Piero Vettori, Gregor Bersman, Franciscus Dousa). Bien évidemment, le travail de chacun d’entre eux s’inscrit, d’abord, dans un lien de filiation avec des travaux antérieurs, manifeste dans les éditions de Xylander ou de Bersman. Mais le travail du philologue se donne à voir également sous d’autres facettes : ainsi Vettori souligne l’importance de sa découverte d’un manuscrit ancien, capable d’améliorer l’établissement du texte de Salluste. Le philologue se fait même archéologue et découvreur de textes, quand Dousa évoque son activité. Mais la figure même de Dousa ouvre vers une autre forme de représentation du philologue au travail, celle d’un véritable héros descendant aux enfers pour en faire sortir le satiriste Lucilius ou nettoyant les écuries d’Augias lorsqu’il expurge un fragment textuel. Ce sont donc des travaux herculéens, par leur difficulté mais aussi par leur variété, que les philologues humanistes accomplissent lorsqu’ils cherchent à donner à lire les textes des anciens.