Ioannes Rhellicanus Tigurinus, vir tribus linguis egregie doctus,
Bernae aliquot annos
sacras et profanas literas publice docuit, deinde publicus Tiguri paedagogus
fuit ;
postremo Bielae, quod oppidum est Helvetiae, verbi Dominici praeco electus, cum paucis
mensibus ei muneri praefuisset, obiit iam ante triennium1.
Johannes Rhellicanus de Zurich, un homme qui a une connaissance remarquable
des trois
langues, enseigna publiquement les lettres saintes et profanes durant
quelques années
à Berne, puis devint maître à l’école publique de Zurich ; enfin, nommé
prédicateur
à Bienne, qui est une ville de Suisse, il mourut il y a déjà trois ans alors qu’il
assumait sa charge depuis quelques mois à peine2.
Le bref portrait que dresse Conrad Gessner de son compatriote Johannes Müller dans la Bibliotheca Universalis (1545) met bien en valeur ses qualités et les temps forts de sa carrière : il savait le latin, le grec et l’hébreu ; il enseigna à la haute école de Berne (dès 1528) et à l’école latine du Fraumünster de Zurich, une ancienne abbaye sécularisée après la Réforme ; il mourut de la peste en 1542 alors qu’il était pasteur à Bienne. Ajoutons à cela que le natif de Rellikon, d’où il tire son surnom latin de Rhellicanus, avait étudié dans sa jeunesse à Cracovie, puis à Wittenberg où il avait rencontré Luther et Mélanchthon et obtenu sa maîtrise ès lettres en 1521. Il avait ensuite été engagé, en 1525, comme maître d’école par Ulrich Zwingli au couvent de Stein am Rhein3.
Le parcours de Rhellicanus sera examiné ici dans le cadre du questionnement sur l’autorité du philologue à la Renaissance. La présente étude portera en particulier sur ses Annotationes à César4, un commentaire fortement marqué par son contexte historique et culturel. Il s’agira dans un premier temps de situer l’activité philologique de Rhellicanus dans le contexte de son enseignement à Berne, puis d’analyser le commentaire pour en dégager les principales caractéristiques et voir comment l’autorité du philologue s’y construit.
On peut dire de Rhellicanus qu’il était un philologue, bien que lui-même ne se désigne pas ainsi. À la Renaissance, les termes philologia et philologus sont ambivalents et leur usage varie d’un humaniste à l’autre. Le philologus peut signifier un simple « amateur des lettres5 », un lexicographe, un spécialiste des textes antiques, ou encore un érudit aux connaissances encyclopédiques6. Rhellicanus, pour sa part, a utilisé ses compétences philologiques non seulement dans le cadre de son enseignement, mais aussi dans ses publications. Il a ainsi traduit la Vie d’Homère du pseudo-Plutarque7 et produit le commentaire à César, paru à titre posthume. Comme son compatriote Gessner et d’autres humanistes suisses, Rhellicanus était fasciné par les Alpes, qui lui ont inspiré son œuvre majeure, la Stockhornias, un poème décrivant une excursion sur le Stockhorn, un sommet de l’Oberland bernois, à l’été 15368. Ce poème, l’un des premiers à faire l’éloge d’une montagne, est parsemé d’allusions mythologiques et d’emprunts aux anciens. Le goût affirmé de Rhellicanus pour l’Antiquité, toujours au service d’une morale chrétienne, se manifeste aussi dans son enseignement, comme en attestent deux œuvres parues en 1533 : la lettre détaillant le plan d’études de l’école de Berne9 et l’élégie sur la bibliothèque de Berne10. Cette dernière montre en effet la victoire de Pallas sur Mars, des belles-lettres sur le mercenariat11, de la Renaissance et de la Réforme sur le Moyen Âge. Quant à l’Epistola, elle témoigne plus concrètement de l’application des principes de l’humanisme et de la Réforme à l’école de Berne.
La venue de Rhellicanus à Berne en 1528 coïncide avec le passage de cette ville à la Réforme. Le système scolaire y est également modifié suivant le modèle de la haute école de théologie protestante de Zurich (1525), appelée Prophezey12. Ces premières hautes écoles avaient pour objectif de former des pasteurs. Pour pourvoir les postes d’enseignement créés à cette occasion, les autorités bernoises font appel aux professeurs zurichois Kaspar Megander13, Sebastian Hofmeister14 et Johannes Rhellicanus. C’est peu après son arrivée à Berne que Rhellicanus dispense son cours sur César, comme il le dit lui-même tout au début de l’épître dédicatoire de son commentaire, datée du 4 avril 154015 :
Quum ante duodecim annos […] Bernae honestissimo stipendio conductus, publicum bonarum literarum professorem agerem et inter alia disertissimos Caesaris commentarios studiosis praelegerem16.
Il y a douze ans […], quand bénéficiant à Berne d’une rémunération très honorable, j’exerçais publiquement comme professeur des belles-lettres et qu’entre autres je donnais un cours à mes étudiants sur les Commentaires si élégants de César.
Les débuts de la haute école bernoise sont mal connus. Cependant, pour avoir un aperçu du contexte pédagogique de l’époque, on peut s’appuyer sur l’Epistola de ratione studii literarii Bernensis de 1533 mentionnée précédemment. Ce texte vise à réfuter la thèse selon laquelle la Réforme nuit à l’étude des belles-lettres17. Rhellicanus y détaille le plan d’études de la haute école bernoise et nous donne ainsi une idée assez précise de l’enseignement qu’on y dispensait :
Caeterum ego et Gaspar Megander iis, qui in studio literarum nonnihil profecerunt, haec tradimus. Ante prandium, ad imitationem Theologicae Tigurinorum scholae (tametsi longe sequamur et vestigia semper adoremus), Vetus Testamentum, ita ut Latina interpretatio praecedat. Deinde Septuaginta praeleguntur, quae partes meae sunt. Tertio Hebraica veritas secundum rem grammaticam, hoc est genuinum sensum, a Megandro ita explicatur, ut primum indicet quid cum Latina et Graeca tralatione ei conveniat, aut secus. Postremo, ubi et Germanica interpretatio praelecta est, praelecti loci scopum et summam ostendit, ac quomodo singula pro suggestu tractanda sint edocet. Post prandium, hora duodecima, ego solus nunc Erasmi libellos de utraque copia, et Salustii historias alternis praelectionibus enarro, brevi Dialectices et Rhetorices elementa exorsurus. Sub horam tertiam itidem solus Novum Testamentum in ea lingua qua scriptum est, praelego, primum Grammatici, deinde et Theologi, pro mea in hisce literis parvitate, officio fungens18.
En outre, ceux qui sont bien avancés dans leurs études suivent les cours suivants, donnés par Kaspar Megander et moi-même : avant le repas de midi, l’Ancien Testament, à l’imitation de l’école de théologie de Zurich (même si nous la suivons de loin et admirons toujours ses traces), c’est-à-dire en lisant la traduction latine en premier. Ensuite, on lit le texte de la Septante : c’est ma part du travail. En troisième lieu, le texte hébreu authentique est expliqué grammaticalement par Megander, c’est-à-dire selon le sens originel, de manière à indiquer d’abord ce qui est conforme ou non à ce sens dans les traductions latine et grecque. Enfin, après avoir également lu la traduction allemande, il montre le but et le contenu du passage lu et enseigne comment traiter chaque élément en chaire. Après le repas de midi, j’explique seul le petit livre d’Érasme De utraque copia et les Histoires de Salluste, en alternant les deux dans mes cours, et en abordant brièvement les rudiments de la dialectique et de la rhétorique. Vers trois heures, je fais cours, seul également, sur le Nouveau Testament dans la langue dans laquelle il a été écrit, remplissant d’abord l’office du grammairien, puis celui du théologien, dans la mesure de mes faibles capacités dans cette dernière science.
On constate l’omniprésence des Saintes Écritures dans ce plan d’études. Même l’apprentissage des langues anciennes tend à cet objectif. L’étude de la rhétorique et de la dialectique répond à un besoin concret : former des pasteurs capables de répandre la doctrine réformée et de la défendre à l’oral comme à l’écrit. Le recours aux œuvres de Salluste ne surprend guère, car les discours qui s’y trouvent étaient souvent employés comme modèles rhétoriques19. L’absence de César s’explique sans doute par le fait que le plan d’études a été rédigé plusieurs années après le cours de 1528 ; il est donc possible qu’entre-temps des changements aient été introduits au programme. L’intérêt pour la rhétorique transparaît d’ailleurs aussi dans les Annotationes à César, ce qui suggère que les Commentarii ont pu être utilisés de la même manière que les œuvres de Salluste. Voici par exemple le début de la note sur La Guerre des Gaules 1,2,1, dans laquelle Rhellicanus indique comment César organise son discours :
Apud Helvetios longe nobilissimus et ditissimus fuit Orgetorix etc.) Quae hactenus dixit exordii loco posita sunt, nunc ad narrationem accedit ; quam ut magis perspicuam reddat, primum Helvetici belli occasionem ac veluti semina quaedam recenset ; deinde Helveticae civitatis terminos et quantum spacii eiusdem ambitus contineat ; postremo ubi cum Helvetiis conflixerit et quo pacto eos superaverit. Atque haec prima huius lib. (ut in Argumento diximus) pars est20.
Chez les Helvètes, Orgétorix était de loin le plus noble et le plus riche, etc.) Ce que César a dit jusqu’ici a été mis en guise d’exorde ; maintenant il en vient au récit. Pour le rendre plus clair, il passe d’abord en revue les circonstances de la guerre contre les Helvètes ainsi que certaines de ses causes, puis les frontières de l’Helvétie et l’étendue de son territoire ; enfin, le lieu où il a combattu les Helvètes et la manière dont il les a vaincus. Cela correspond à la première partie du livre (comme nous l’avons dit dans le sommaire).
Cette mise à nu de la structure du discours s’adapte bien à un contexte d’apprentissage. Le sommaire (argumentum) mentionné par le commentateur est placé avant les notes de chaque œuvre (par exemple : Argumentum lib. I. de bello Gallico) et de chaque livre (par exemple : In C. Iulii Caesaris commentariorum de bello Gallico librum I. Io. Rhellicani annotationes) ; son importance est d’autant plus grande pour les lecteurs que le texte de César n’est pas inclus dans l’ouvrage.
La suite de la note consacrée à Orgétorix montre aussi qu’une pédagogie morale et civique est à l’œuvre dans le commentaire :
Caeterum Orgetorigis potentia ac opes hinc aestimari possunt, quod Caesar ipse paulo inferius familiam eius circiter hominum millia decem fuisse ait praeter clienteis ac aere alieno obstrictos. Unde discimus tantam unius hominis potentiam ac divitias liberae civitati nunquam aut saltem rarenter bene cedere. Quemadmodum enim Orgetorix ille potentissimus ac locupletissimus homo numerosa familia, clientela ac perditissimorum quorumque caterva stipatus, primum nobilitati, deinde toti civitati duobus argumentis persuasit, ut finibus suis exirent, primum quod inter Celtas omnium fortissimi, deinde quod pro hominum multitudine et virtute nimium angustos haberent fines, et publicum quidem decus ac commodum praetendens suae ambitioni et lucro serviebat, ita plaerique ignobiles nobiles ac impotenter potentes etiamnum factitant20.
On peut en outre évaluer la puissance et les ressources d’Orgétorix, car César lui-même dit un peu plus bas que ceux qui lui étaient attachés étaient au nombre de dix mille environ, outre ses clients et ceux qui lui étaient redevables. Cela nous apprend qu’un État libre ne retire rien de bon, ou du moins pas grand-chose, du pouvoir et des richesses si considérables d’un seul homme. Car de même qu’Orgétorix, cet homme très puissant et très riche, entouré d’une famille et d’une clientèle nombreuses ainsi que de toute la clique des plus dépravés, a d’abord persuadé la noblesse, puis l’État tout entier, de quitter leur territoire en avançant deux arguments, d’abord que parmi les Celtes ils sont les plus braves de tous, ensuite qu’ils avaient un territoire trop étroit pour leur population nombreuse et pour leur courage (et prétextant bien sûr la gloire et le bien publics, il servait son ambition et son profit personnels) ; de même, encore maintenant, la plupart des nobles agissent sans noblesse et la plupart des puissants se comportent en tyrans.
Le philologue tire des leçons morales de certains épisodes racontés par César, ici par exemple le danger que représente la surpuissance d’un homme pour la liberté d’un État. Faut-il y voir une allusion au thème de la libertas, que les humanistes suisses emploient souvent en évoquant les mythes fondateurs de la Confédération ? Ce n’est pas impossible, même si dans le cas helvète, la menace vient de l’intérieur. Quoi qu’il en soit, la mise en garde de Rhellicanus contre la tyrannie se veut générale. À la fin de la note, passé et présent s’entremêlent :
Discendum est hoc, quod Caesar Latinae linguae studiosissimus civitatem Helvetiorum hic et alibi Heduorum, Nerviorum, etc. pro foedere, seu ut barbari quidam loquuntur, liga accipit. Proinde Helvetiorum confoederationem proprie, signate ac Latine locuturus Helveticam civitatem vocaverit, Germanice die Eidgnoschafft, seu ut exteri Germani in more habent, das Schwizerland, a parte totum denominantes. Suitia enim non nisi unus et exiguus Helvetiorum pagus est20.
Il faut savoir aussi que César, en fin connaisseur de la langue latine, considère ici l’État des Helvètes, et ailleurs celui des Éduens, des Nerviens, etc., comme une alliance, ou ainsi que certains barbares le disent, comme une ligue. De ce fait, pour désigner la fédération des Helvètes en des termes propres, clairs et latins, il l’a appelée Helvetica civitas, en allemand « die Eidgenossenschaft », ou, comme les Allemands de l’étranger en ont l’habitude, « das Schweizerland », nommant le tout d’après une partie. En effet, « Schwytz » est seulement un canton, et un petit, des Helvètes.
Ici Rhellicanus se sert de l’autorité de César pour montrer que l’expression civitas Helvetica est la seule valable en bon latin ; mais ce faisant, il valide également son usage pour le présent, abolissant ainsi toute distance temporelle entre l’Antiquité et son époque, entre la civitas Helvetica et la Confédération des treize cantons. D’un point de vue pédagogique, on relèvera l’emploi du verbe discere à deux reprises pour indiquer au lectorat ce qu’il doit retenir.
À partir de 1538, Rhellicanus enseigne les langues, la dialectique, la rhétorique et la théologie au Fraumünster de Zurich. C’est à cette période qu’il retravaille ses annotations en vue de les publier. Celles-ci étaient certainement bien moins développées à l’origine. En effet, dans l’épître dédicatoire, Rhellicanus affirme que dans le cadre de son cours à Berne il avait « exposé librement, plutôt que rédigé, de très brèves annotations seulement à l’usage de mes élèves »21. Il prétend aussi que ses amis Johannes Wirz de Brugg22 et Nicolaus Artopoeus de Balingen23 ont copié ses annotations pour pouvoir s’en servir à leur tour24. Elles parviennent enfin aux mains de son ami Leonhard Hospinian25, qui tente de convaincre Rhellicanus de les publier26.
La circulation des notes de Rhellicanus également hors du contexte scolaire peut s’expliquer par le fait qu’il n’existait encore aucun commentaire imprimé sur les œuvres de César, ce que le commentateur lui-même met en avant dans l’épître dédicatoire :
Non enim defuturos sat scio, qui clamitent : « Quis hic novus et semidoctus scriptor, qui primus in Caesaris Commentaria ennarrationes scribere ausus, quod hactenus ob negotii perplexitatem in tanto eruditorum virorum proventu nemo aggressus est ? »27.
Car je sais bien qu’ils seront nombreux à s’écrier : « Qui est cet auteur parvenu et à demi savant qui le premier a osé écrire des remarques sur les Commentaires de César, ce que parmi un si grand nombre d’érudits nul n’a entrepris jusqu’à ce jour en raison de la complexité de la tâche ? ».
Rhellicanus a entendu parler du commentaire non publié, croit-il, de Henri Glaréan28. En réalité, au moment où il rédige cette épître dédicatoire, le commentaire de Glaréan compte déjà plusieurs éditions, la première remontant à 1538. Cela conduit Jean-Claude Margolin à douter de la bonne foi de Rhellicanus : il estime que ce dernier a feint d’ignorer l’existence de ces éditions, cherchant avant tout à éviter un conflit avec Glaréan29. Précisons tout de même que le commentaire n’a pas paru du vivant de Rhellicanus, alors que tout semblait prêt : l’épître dédicatoire, en principe composée peu avant l’envoi à l’imprimeur, est en effet datée du 4 avril 1540, soit presque trois ans avant l’impression (février 1543). Rhellicanus a-t-il appris la publication du commentaire de Glaréan ? A-t-il renoncé à faire imprimer le sien pour ne pas fâcher son compatriote ? La publication des Annotationes, en tout cas, a été décidée après la mort de Rhellicanus, peut-être par ses amis et dédicataires Lorenz Ackermann et Leonhard Hospinian. Quoi qu’il en soit, Rhellicanus est le premier à commenter le Bellum Alexandrinum, le Bellum Africanum et le Bellum Hispaniense, que Glaréan avait choisi de laisser de côté30.
Rhellicanus ne donne aucune indication sur l’édition des Commentarii qu’il a utilisée. Il dévoile en revanche les sources dont il s’est servi dans ses notes, sous la forme d’une liste de cinquante-sept noms d’auteurs antiques, médiévaux et contemporains (Autorum qui in hisce Io. Rhellicani annotationib. citantur nomenclatura). À cela s’ajoute un index des notions et des mots, long de quarante-trois pages, ainsi qu’un bref errata. Sa préface (Ioannis Rhellicani Tigurini, in Caesaris commentaria praefatio) s’inscrit explicitement dans la tradition des accessus ad auctores, sur le modèle de Servius : Rhellicanus y traite de la vie de César, du titre et de la qualité de l’œuvre, de l’intention de l’auteur, du nombre de livres, de l’auteur lui-même31 ; on y trouve aussi une définition des commentarii antiques empruntée à Niccolò Perrotti32. Sur la page de titre, il est annoncé que beaucoup de passages du texte sont corrigés par collation et conjectures, mais il s’agit sans doute d’une stratégie de vente de l’imprimeur, l’emendatio ne figurant pas parmi les priorités du commentateur.
Une grande partie de l’exégèse de Rhellicanus est consacrée à l’onomastique des lieux et des peuples cités par César. Voici, par exemple, ses remarques sur Genève33 :
Extremum oppidum Allobrogum est, proximumque Helvetiorum finibus Geneva.) Hanc urbem plaerique docti in Galliis et Germania, Gebennas nimirum a Gebennicis montibus illi tamen non vicinis (nescio qua authoritate freti) vocant ; quum tamen in promptu sit Caesaris nomenclatura, quae et Gallicam et Germanicam syncopam, et crassum Geneu, et Genff pulchre refert. Quae sane non solum antiquitate et emporio clarissimo (quod inde Lugdunum translatum est) decantata iam olim fuit, verum etiam recens propter gravissimam obsessionem et sui liberationem celebrior facta est34.
Genève est la dernière ville des Allobroges et la plus proche du territoire helvète.) La plupart des savants en France et en Allemagne (se fiant à je ne sais quelle autorité) appellent cette ville Gebennae, sans doute d’après les monts des Cévennes qui en sont pourtant éloignés, alors que la nomenclature de César est évidente, elle qui reproduit parfaitement la syncope35 du français et de l’allemand, la crase « Genève » et « Genf ». Cette ville a depuis longtemps déjà été vantée pour son ancienneté et son marché très célèbre (qui a depuis été déplacé à Lyon), mais elle s’est aussi illustrée récemment parce qu’elle a subi un siège très rigoureux et en a été libérée.
Dans ce genre de note, lorsque le commentateur désapprouve ses pairs, c’est l’autorité des sources antiques qui fait foi. Ici, à ceux qui rapprochent Genève des Cévennes, Rhellicanus fait trois reproches : d’abord le fait qu’aucune autorité antique ne confirme cette hypothèse ; ensuite le manque de connaissances géographiques qu’induit cette confusion ; et enfin, l’ignorance de la toponymie. La note aurait pu s’arrêter là ; mais à la fin de l’extrait, le débat toponymique laisse place à l’histoire locale, selon un procédé souvent répété dans ces Annotationes. Il s’agit dans ce cas précis de louer l’intervention bernoise qui a permis à Genève d’échapper à la tutelle savoyarde en 1536.
Pour autant, Rhellicanus n’est pas un philologue qui apprécie la polémique. Toujours inquiet des critiques qu’il pourrait s’attirer, il plaide pour un débat serein entre commentateurs, c’est-à-dire à coup d’arguments et non d’insultes36. Il pense que c’est à ce prix que les commentateurs pourront résoudre les difficultés du texte et ainsi faire briller leur patrie37. Il annonce enfin qu’il a pour objectif général d’aider la jeunesse à lire les historiens antiques : les Annotationes s’adressent donc aussi à des étudiants, en particulier à ceux de Zurich. Cela se vérifie lorsque Rhellicanus traite du passage de César sur le pagus Tigurinus38. De là part en effet une longue note d’une vingtaine de pages qui dérive très vite vers l’histoire de Zurich sous ses différents aspects39 ; Rhellicanus y a attaché une telle importance qu’il a ajouté des titres à ces digressions. Il y présente notamment le système scolaire zurichois et explique son propre rôle, qui consiste à enseigner les belles-lettres et la piété, et à surveiller de près ses élèves40.
Arrivé au terme de sa digression, Rhellicanus a conscience d’avoir dépassé les bornes de l’annotatio, comme le montre la suite de la note où il se met en scène par un petit dialogue fictif :
Sed heus tu, diceret aliquis, adeo ne instituti tui oblitus es Rhelicane, ut annotationes professus, historiam aut encomium scribere incipias et ἀπροσδιόνυσα41 tractes ? Bona verba, quaeso42. Non enim aut in patriam meam amor aut styli ardor me ita transversum rapuit ; qui propositi mei pulchre meminerim. Quum namque in quaestionem ventum sit, ubi nam Tigurinus pagus (cuius Caesar meminit) in Helvetiis situs fuerit, ac ego Zurichinum tractum fuisse contendam ; pluribus id coniecturis, argumentis et circumstantiis rei indicandum fuit. Proinde candidus ac aequus lector veniam mihi dabit, si annotandi limites egressus, commentaria scribere coepi. Siquidem (ni fallor) iam ex nominis argumento, veterum annalibus, loci situ ac ditionis latitudine constat, hunc eundem Zurchinorum tractum Iulii Caesaris tempestate pagum Tigurinum appellatum esse. Hoc igitur quum pro nostra virili epichirematis quam plurimis ostenderimus, par est iam, ut post praelongam digressionem ad institutum revertamur43.
– Mais toi, hélas, dirait quelqu’un, as-tu oublié ton propos, Rhellicanus, au point d’écrire, non les annotations promises, mais de l’histoire ou un éloge, et de traiter de sujets inopportuns ? – Pas de paroles imprudentes, je te prie. Car ni mon amour pour ma patrie ni l’ardeur de ma plume ne m’ont fait dériver ainsi : je me souviens parfaitement de mon propos. Et de fait, puisqu’on en est venu à la question de savoir où le pagus Tigurinus (que César mentionne) était situé chez les Helvètes, pour ma part je soutiendrai que c’était en territoire zurichois ; il m’a fallu plusieurs conjectures, arguments et circonstances concrètes pour le démontrer. De ce fait, le lecteur bienveillant et bien disposé me pardonnera si j’ai outrepassé les limites de l’annotation et que je me suis mis à écrire des commentaires. Car (si je ne m’abuse) l’argument onomastique, les récits historiques anciens, la situation géographique et l’étendue de la juridiction prouvent que ce même territoire zurichois était appelé pagus Tigurinus à l’époque de Jules César. Donc, comme nous avons fait cette démonstration en utilisant le plus grand nombre d’arguments possible, il convient désormais qu’après cette très longue digression, nous revenions à notre propos.
Rhellicanus ne s’attarde pas sur la différence entre annotations et commentaires, mais laisse entendre que la longueur de l’exégèse en est un critère essentiel. Il n’est pas le seul commentateur à faire cette distinction : en 1532, dans la préface de ses Annotationes à Denys d’Halicarnasse, Henri Glaréan explique pour sa part que les commentaires favorisent l’étalage de savoir et l’érudition, alors que les annotations visent à l’utilité immédiate, ce qui lasse moins le lectorat44. Pour Rhellicanus, dans ce cas-là du moins, la fin justifie les moyens : il devait prouver que le pagus Tigurinus de César se rattachait historiquement à sa patrie, Zurich. Ici, l’érudition est donc mue par le sentiment patriotique.
Ce traitement pour le moins subjectif du texte se vérifie encore à propos des registres découverts par les troupes de César dans un camp helvète45 :
In castris Helvetiorum tabulae repertae.) Quidam putant istas Helvetiorum tabulas Graecis duntaxat literis et sermone Gallico confectas esse. At magis crediderim eas et literis et vocibus Graecis eo more conscriptas fuisse, quo maiores nostri ante centum et quinquaginta annos Latino sermone in publicis instrumentis et rationibus usi sunt. Quemadmodum nanque in hunc usque diem apud nos ingenui Latinis, sic veteres illi Helvetii, et alii Galli in Graecis instituebantur literis. Quum enim Massiliam Romani studiorum causa adierint ; vero non dissimile est etiam Gallos eo gratia discendi Graecas literas concessisse, praesertim quum haec urbs in ipsorum terra esset sita46.
Dans le camp des Helvètes, on découvrit des registres.) Certains pensent que ces registres des Helvètes étaient écrits en caractères grecs seulement, et en langue gauloise. Mais moi je suis plutôt d’avis qu’ils étaient rédigés avec des caractères et des mots grecs, de la même manière que nos ancêtres, il y a cent-cinquante ans, employaient le latin dans les documents et les rapports publics. En effet, de la même manière que les gens de chez nous ont étudié le latin jusqu’à aujourd’hui, les Helvètes de l’Antiquité et d’autres peuples gaulois étudiaient le grec. Puisque les Romains allaient à Marseille pour leurs études, les Gaulois devaient aussi s’y rendre pour apprendre le grec, d’autant que cette ville était située sur leur territoire.
L’hypothèse de Rhellicanus sur la connaissance du grec par les Helvètes n’est évidemment pas formulée sans arrière-pensées patriotiques ; l’analogie actualisante sur la maîtrise du latin par les Suisses tend à le démontrer. L’argument de la proximité géographique à la fin de la note permet en outre de mettre les Gaulois, et parmi eux les Helvètes, sur un pied d’égalité culturel avec les Romains. Évoquer la géographie, l’histoire et la culture des Helvètes semble répondre à une volonté de valoriser le passé antique de la Suisse auprès du lectorat. Rhellicanus s’inscrit ainsi dans la lignée des humanistes Henri Glaréan et Joachim Vadian, qui utilisent les textes antiques et la langue latine pour relier directement les Helvètes de l’Antiquité et les Suisses du XVIe siècle47.
Conclusion
La philologie pratiquée par Rhellicanus va bien au-delà de la seule critique textuelle et se caractérise, comme souvent chez les humanistes, par une subjectivité assumée. L’étude du texte de César vise à inculquer aux studiosi des connaissances rhétoriques, des valeurs civiques et chrétiennes et un sentiment patriotique. Cette approche multiple exige du philologue un savoir diversifié (polymathia48) et une capacité à actualiser l’Antiquité, ou du moins à la mettre en parallèle avec le présent, faisant ainsi dialoguer deux mondes de prime abord très différents. L’édition, la traduction ou le commentaire d’une œuvre antique, surtout lorsque son auteur est aussi prestigieux que César et que personne (ou presque) ne s’en est chargé auparavant, procure au philologue humaniste une auctoritas non négligeable au sein de la République des Lettres, même si son travail l’expose aux critiques.
Notes
- Gessner 1545 : fol. 450v.
- Sauf indication contraire, les traductions ont été réalisées par mes soins.
- Sur sa vie, voir la brève notice de Germann ; pour une biographie plus détaillée, voir Mahlmann-Bauer 2016 : 289-297.
- Rhellicanus 1543. L’exemplaire consulté (Universitätsbibliothek Basel, CC VI 20e) est disponible sur la plateforme e-rara [https://doi.org/10.3931/e-rara-2097].
- Estienne 1552 : 1002. Voir aussi Perrotti 1532 : col. 401 : « Philologus, amator verborum » (« Philologue : amateur des mots »).
- Pour une réflexion plus approfondie sur le philologue et la philologie à la Renaissance, voir l’introduction générale de ce volume. Sur les différentes acceptions de la philologie, voir Mandosio 2005. Sur l’utilisation du terme philologus dans le contexte plus spécifique de l’humanisme juridique, voir Bovier 2022 : 270-271.
- Rhellicanus 1537.
- Rhellicanus 1537 : 155-159 ; Gessner 1555 : 77-82. Cet ouvrage a été édité par Ludwig 1983 ; Bratschi 1992 : 8-21, avec traduction allemande ; traduction française seule dans Reichler et Ruffieux 1998 : 90-93. Une orchidée mentionnée dans le poème recevra plus tard son nom : la nigritella rhellicani.
- Rhellicanus 1533a.
- Rhellicanus 1533b.
- L’attitude critique de Rhellicanus envers la guerre se manifeste aussi dans la Stockhornias, v. 61 : « […] bellaque nullus amaret ». Voir à ce sujet Bratschi 1992 : 23 et 27, n. 21. Sur le mercenariat en Suisse, voir Furrer 1997.
- Sur les hautes écoles suisses, voir Zahnd 1994. Sur la haute école de Berne en particulier, voir Im Hof 1980.
- Kaspar Grossmann, dit Megander (1495-1545), de Zurich, professeur et pasteur à Berne dès 1528. Plus tard, il fonda le collège et l’académie de Lausanne ; sur lui, voir Dellsperger 2008.
- Sebastian Hofmeister (1494-1533) de Schaffhouse, d’où il fut banni pour des raisons religieuses et politiques. Il prêcha au Fraumünster et prit part à la dispute de Berne (1528), avant de devenir pasteur à Zofingue ; sur lui, voir Andreánszky 2008.
- Voir aussi Rhellicanus 1543 : 64 : « dum Bernae hosce Caesaris commentarios publice enarrarem » (« tandis qu’à Berne j’expliquais publiquement les Commentaires de César »).
- Rhellicanus 1543 : f. A2ro.
- Rhellicanus 1533a : f. 44vo : « Quum literarum studia ubique ferme frigeant, et plerique hanc culpam Evangelio imputent, statui ad te studii nostri Bernensis rationem perscribere, non ut per eam nos orbi notos faciamus, sed ut vel alios nostro exemplo ad similem aut potiorem rationem extimulemus, vel ut pro nostra virili hanc Evangelii labem abstergamus. » (« Puisque l’étude des belles-lettres est presque partout engourdie et que la plupart des gens en imputent la faute à l’Évangile, j’ai décidé de te décrire par le menu l’organisation de nos études à Berne, non pas pour nous faire connaître du monde entier grâce à elle, mais d’une part pour inciter les autres, par notre exemple, à adopter une organisation semblable ou meilleure, et d’autre part pour laver, dans la mesure de nos capacités, l’affront fait à l’Évangile »). Sur cette lettre en général, voir Schlip 2024.
- Rhellicanus 1533a : f. 45. Sur ce passage, voir Mahlmann-Bauer 2020 : 11-12.
- Voir Osmond 2003 : 196 : « Schoolboys and statesmen alike made collections of Sallustian sententiae and exempla, while speeches and letters, often extracted from his texts and included in large compendia, served as models for rhetoricians, ambassadors, army commanders, and (as we are told by their political opponents) aspiring rebels. » Philippe Mélanchthon, ancien maître de Rhellicanus, promouvait l’usage des œuvres de Salluste dans les écoles et les universités et produisit lui-même des Scholia au Catilina et au Jugurtha (Osmond 2003 : 250).
- Rhellicanus 1543 : 22-23.
- Rhellicanus 1543 : f. A2ro : « pauculas quasdam annotatiunculas tantummodo in discipulorum meorum usum effudi potius quam scripsi. »
- Ou peut-être Johann(es) Wirt. Ce personnage n’a pas pu être identifié.
- Niklaus Pfister, appelé aussi Niclaus Balingus, humaniste et théologien protestant. Il fut maître d’école à Coire, Thoune et Brugg dès 1527, professeur de grec et d’hébreu à la haute école de Berne dès 1547, et directeur de l’école latine dès 1553 ; voir Engler 2001.
- Rhellicanus 1543 : f. A2ro : « Easdem [annotatiunculas] amici quidam non plebei Ioan. Vuirtius Brugensis et Nicolaus Artopoeus Balingius, nunc Curiensis, tunc vero Dunensis iuventutis moderator […], ut describerent utendas accepere. » (« Des amis de noble origine, Johannes Wirz de Brugg et Nicolaus Artopoeus de Balingen, qui est à présent maître d’école à Coire, mais qui l’était alors à Thoune […], ont emporté ces brèves annotations pour les copier et s’en servir »).
- Leonhard Hospinian (vers 1505-1564) étudia la théologie à Vienne, Zurich et Wittenberg entre autres lieux. Il fut notamment professeur de latin à l’université de Bâle (1537) ; voir Engler 2006.
- Rhellicanus 1543 : f. A2ro : « Tandem Leonarde noster et tu iisdem non tantum diu usus es, verumetiam aliis eas communicans et tuo et aliorum nomine multis a me contendisti, ut vulgarem. » (« Finalement, mon cher Léonard, non seulement tu t’es longtemps servi de ces annotations, mais tu les as communiquées à d’autres ; et bien des fois, en ton nom et au nom des autres, tu m’as pressé de les publier »).
- Rhellicanus 1543 : f. A3ro-vo.
- Rhellicanus 1543 : fol. A3vo-A4ro : « Etenim audio apud D. Henrichum Glareanum poetam Helvetium ac virum de melioribus literis optime meritum commentationes in eundem Caesarem iam aliquot annos delitescere ». (« Et de fait, j’ai ouï dire que depuis quelques années déjà, des commentaires sur le même César se cachent chez Henri Glaréan, poète suisse et homme d’un très grand mérite en matière de belles-lettres »).
- Margolin 1985 : 193.
- Brown 1976 : 94.
- Rhellicanus 1543 : 1 : « Quandoquidem in omnibus rebus et dicendis et faciendis ordine recte servato nihil melius et luculentius est, ne ab illo aberremus, visum est eum ordinem in hisce commentariis enarrandis servare, quem Servius inter Latinos grammaticos celeberrimus praescribit : nempe ut primum authoris vita, deinde operis titulus, tertio scripti qualitas, quarto authoris intentio, quinto librorum numerus (cui nos historiae fructum addemus), sexto author ipse explicetur. » (« Puisqu’en toutes choses qu’il faut dire ou faire, il y a un ordre strict à observer et qu’il n’est rien de mieux et de plus beau que de ne pas s’en éloigner, il a paru bon, dans l’explication de ces Commentaires, d’observer l’ordre que prescrit Servius, le plus célèbre des grammairiens latins, c’est-à-dire qu’on explique d’abord la vie de l’auteur, puis le titre de l’œuvre, en troisième la qualité de l’écriture, en quatrième l’intention de l’auteur, en cinquième le nombre de livres (auquel nous ajoutons le profit qu’on tire de l’histoire), en sixième l’auteur lui-même »).
- Rhellicanus 1543 : 8-9 : « Perotus eam vocem a comminiscor, id est recolo deductam existimat, eamque hoc definit modo : Commentarius est liber, in quo rerum solummodo capita posita sunt, ita ut videamur in illis ad exequendam historiam, aliis subiecisse materiam. » (« Perotti estime que ce mot vient de comminiscor, c’est-à-dire “repasser dans son esprit”, et le définit de cette manière : “Le commentaire est un livre dans lequel sont exposés seulement les points principaux des événements, de sorte que dans ces ouvrages nous semblions avoir livré à d’autres la matière pour raconter l’histoire” »).
- César, La Guerre des Gaules 1,6,3.
- Rhellicanus 1543 : 29-30.
- Retranchement d’une syllabe à la fin d’un mot (du grec συγκοπή).
- Rhellicanus 1543 : f. A3vo : « Neque enim turpe fuerit multos in eundem autorem commentari, dummodo unusquisque sua candide aliis impertiat et argumentis non convitiis ac contumeliis cum antecessore pugnet. » (« Et de fait, qu’il y ait beaucoup de commentateurs pour le même auteur n’est pas honteux, pourvu que chacun communique de bonne foi avec les autres et combatte son devancier avec des arguments et non des invectives et des injures »).
- Rhellicanus 1543 : f. A3vo : « Quod utinam docti ac synceri viri, quisque in sua regione (quae a Caesare describitur) illustranda conarentur ; in spem erigerer fore, ut multi loci in eo obscurissimi perquam lucidi redderentur. » (« Si seulement les hommes doctes et honnêtes faisaient cet effort, chacun d’eux pour faire briller sa région (qui est décrite par César) ; en moi naîtrait l’espoir que bien des passages particulièrement obscurs de cet auteur seraient entièrement éclaircis »).
- César, La Guerre des Gaules 1,12,4.
- Rhellicanus 1543 : 36-56.
- Rhellicanus 1543 : 55 : « Quibus [i.e. stipendiariis collegii maioris] me paedagogum praefecerunt, ut et bonas literas et pietatem eos pro virili mea doceam ac magna vigilantia observem. » (« Les autorités m’ont placé à la tête des boursiers du collège majeur en tant que maître d’école, afin que je leur enseigne les belles-lettres et la piété dans la mesure de mes moyens, et que je les surveille avec une grande vigilance »).
- Expression proverbiale : voir l’adage no 1357 « Nihil ad Bacchum » dans Érasme 2005 : 368-370.
- Voir Térence, Andrienne 204.
- Rhellicanus 1543 : 56.
- Glaréan 1532 : f. Zro.
- César, La Guerre des Gaules 1,29,1.
- Rhellicanus 1543 : 68.
- On songe notamment à l’Helvetiae Descriptio de Glaréan (1514) et au commentaire de Vadian à Pomponius Mela (1518, puis 1522).
- Ce terme est par exemple utilisé par Henri II Estienne dans l’épître dédicatoire de sa traduction latine de Sextus Empiricus, pour dire que l’œuvre de ce dernier est un trésor de disciplines : « […] amplum exhibeo polymathiae, polyhistoriae ac denique philologiae thesaurum » (Sextus Empiricus 1562 : 7). Mentionnons également deux traités portant ce nom : le Polymathia de Marco Mantova Benavides (1558) et le De polymathia tractatio de Johann von Wowern (1603). Sur les relations étroites entre philologie et savoir « encyclopédique », voir les réflexions de Zedelmaier 1992 : 265-305.