Paru dans : Les Cahiers du Bazadais, n° 16, 1969, 1-13.
Canton de Bazas (suite)
Marimbault
Préhistoire
Grottes des gorges du Ciron

Il existe sur les bords du Ciron, dans sa traversée de la commune de Bernos, plusieurs grottes, sur la rive gauche face au moulin de Labarie et au pont de Pessan, sur la rive droite à Lauvergne (fig. 1). Elles ont été signalées, avec plus ou moins de précision, par Louis Cadis dans ses cartes archéologiques du Bazadais. Cet auteur en avait exploré certaines vers 1950. De son côté, M. J. Rémaut de Bernos, qui a étudié en détail les rives du Ciron, nous a indiqué l’emplacement de plusieurs grottes qu’il a parfois commencé à explorer. Les investigations de ces deux chercheurs se recoupent en grande partie, si bien qu’il semble désormais possible de dresser un inventaire précis du résultat de leurs recherches. Cependant, si certaines grottes ont fait l’objet de débuts de nettoyage, aucune n’a été fouillée et à plus forte raison n’a livré de matériel archéologique. On ne sait donc pas encore si elles constituent de simples curiosités naturelles ou bien si elles peuvent entrer dans le cadre de notre inventaire. Nous estimons par conséquent nécessaire, avant toute publication relative à cet ensemble, d’en dresser d’abord un relevé précis, puis de faire procéder, en second lieu, à des sondages afin d’essayer de retrouver des traces d’une occupation humaine. Nous aurons donc l’occasion de revenir sur cette rubrique dans les suppléments de l’inventaire.
Protohistoire
Tumulus de Payot
C’est pour la première fois en 1954, dans la carte archéologique du Bazadais publiée dans le Bulletin de la Société préhistorique française, que Louis Cadis signala les deux tumulus de Payot, qu’il situa dans la commune de Marimbault, au lieu-dit Hugos. Il commettait ainsi une petite erreur de localisation qu’il importe, tout d’abord, de rectifier. Le lieu-dit Hugos correspond bien à une ferme et à son exploitation situées au sud-est de la commune de Marimbault, mais les tumulus dont parle Louis Cadis se trouvent dans la commune voisine de Bernos au lieu-dit Payot (fig. 1).
Il faut, pour s’y rendre, au départ de Bernos emprunter le chemin vicinal reliant ce bourg à la route départementale N° 9 allant de Bazas à Pompéjac. À deux kilomètres de l’embranchement de ce chemin vicinal et de celui se dirigeant vers le bourg de Pompéjac, sur le territoire de la commune de Marimbault, un chemin de terre indiqué sur la droite par une pancarte en bois conduit à la ferme de Hugos, située à environ 700 mètres de la route et encore habitée de nos jours. On traverse d’abord une forêt de pins, puis des champs, pour atteindre finalement la cour de la ferme. À peu près perpendiculairement au chemin emprunté, on en croise ensuite un second qui sépare les champs de la forêt. Cet ancien chemin de terre, qui correspond actuellement à la limite des communes de Marimbault et de Bernos, est certainement une des plus anciennes voies du Bazadais puisqu’il joignait autrefois Bazas à Cazeneuve, un des points de la traversée des gorges du Ciron. Ce chemin franchi, on se trouve dans la commune de Bernos. Pour gagner les tumulus, il suffit alors de prendre le large sentier qui s’enfonce dans la forêt en direction de l’est et qui, autrefois, reliait Baulac à Marimbault. Après avoir longé sur la droite une châtaigneraie limitée par des fossés, on aperçoit, en bordure d’une seconde châtaigneraie, un premier tumulus contigu au fossé et au talus du chemin1.
Ce tumulus, entaillé en partie par le fossé du chemin, est haut de trois mètres environ, pour un diamètre de trente mètres et de forme sensiblement hémisphérique.
Le second tumulus se trouve perpendiculairement au chemin, à une centaine de mètres environ du précédent. Son diamètre est de trente mètres environ mais sa hauteur atteint près de quatre mètres et ses flancs sont beaucoup plus abrupts, affectant la forme d’un tronc de cône (fig. 2).
Ces deux tumulus, qui sont recouverts d’un taillis de châtaigniers, n’ont jamais fait l’objet du moindre sondage. Durant l’été la végétation y est luxuriante, aussi est-ce seulement après la chute des feuilles qu’il est possible d’avoir une idée précise de ces deux ensembles.
L. Cadis, “Le Bazadais préhistorique celtique, gallo-romain et mérovingien” (carte), dans Bull. de la Soc. préhist. franç., t. LI, fasc. 9-10, nov. 1954, p. 397.
J. B. Marquette, “Le peuplement du Bazadais méridional de la préhistoire à la conquête romaine”, dans Rev. Hist. de Bordeaux, 1960, p. 113 et note 39 et dans Bazas et le Bazadais, Actes du XIIIe Congrès d’Études régionales, p. 23. (Dans cet article, nous avons orthographié le lieu-dit Payan au lieu de Payot).
Époque Gallo-Romaine et médiévale
Site de Taleyson
Taleyson est une ancienne paroisse du diocèse de Bazas, placée sous le patronage de saint Pierre et qui dépendait, naguère, de l’archiprêtré de Bernos. Elle fut supprimée en 1790 et son territoire rattaché à celui de Bernos. De nos jours, Taleyson n’est plus qu’un lieu-dit, situé au nord-ouest de cette commune.
On y accède par le chemin vicinal allant du bourg de Bernos à celui de Pompéjac. Au tournant de Piaut, un chemin de terre conduit sur la gauche à la propriété de Sarte. Le site de Taleyson est constitué par le versant septentrional du vallon au fond duquel coule le ruisseau du même nom qui se dirige vers le Ciron (fig. 1 et fig. 3).
Ainsi que nous allons le voir, ce site a été occupé, selon toute vraisemblance, depuis l’époque gallo-romaine, sinon avant. Les sondages effectués par Louis Cadis permettent en effet de l’affirmer. Or, si celui-ci avait eu l’attention attirée sur ce site, ce n’est pas, comme ceci se produit fréquemment, à la suite de découvertes fortuites, mais à la lecture de notices sur Taleyson, rédigées par des historiens du Bazadais du XIXe siècle. Selon eux Taleyson aurait été une villa ayant appartenu au beau-père d’Ausone, Attusius Lucanus Talisius. Le premier auteur à avoir émis cette hypothèse, qui sous sa plume devient une certitude, n’est autre que l’abbé P. J. O’Reilly. E. Guillon puis E. Féret reprirent, parfois avec un véritable luxe de détails, les dires du vénérable abbé. Nous étions déjà fort sceptique sur cette attribution fondée essentiellement sur des ressemblances phonétiques et des interprétations aventureuses des Parentalia d’Ausone quand nous avons exposé les données de ce problème à M. R. Étienne, professeur à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Bordeaux. Celui-ci a bien voulu se livrer à des recherches et nous a fait part de ses conclusions, ce dont nous tenons à le remercier ici. En premier lieu, il apparaît que les beaux-parents d’Ausone n’ont jamais été Bazadais. En effet, son beau-père Attusius Lucanus Talisius qui eut trois filles, dont deux perpétuent sa dénomination, Attusia Lucana Sabina, femme d’Ausone et Attusia Talisia, possédait une propriété qui est passée dans la dot de Sabina, Lucaniacus. Or, Lucaniacus est à rechercher dans le Saint-Émilionnais et, dans ces conditions, il semble à M. R. Étienne que les Attusii Lucani étaient originaires des bords de la Dordogne. À son avis, s’ils avaient été Bazadais, Ausone n’aurait pas manqué de le dire pour grandir encore la gloire de Cossio. D’autre part, le seul bien de famille des beaux-parents d’Ausone, Lucaniacus, est passé à sa femme et donc à lui-même. S’il existe bien un personnage du nom de Lucanus Talisius, petit-fils du beau-père d’Ausone et fils de sa troisième fille Namia Pudentilla, rien n’indique qu’il ait jamais hérité d’une partie des propriétés de son aïeul maternel. Enfin, il n’est nulle part fait allusion à Taleyson dans les œuvres d ‹Ausone et il apparaît très difficile, sinon impossible, de faire dériver Taleyson de Talisius. Pour tous ces motifs, M. R. Étienne rejette donc les hypothèses, gratuites d’ailleurs, des historiens bazadais du XIXe siècle.
C’est néanmoins à partir de ces données erronées que Louis Cadis décida, en 1949, de procéder à un sondage car il voulait s’assurer de l’existence éventuelle de la villa d’Attusius Lucanus Talisius. Grâce aux notes qu’il nous a laissées, il est possible d’avoir une idée assez précise des fouilles qu’il exécuta ainsi que des résultats obtenus.
La fouille se déroula sur la parcelle actuellement en prairie2. C’est du moins ce que l’on peut affirmer d’après les renseignements que nous donna L. Cadis lors d’une visite faite en sa compagnie le 29 août 1957 et qu’il nous confirma au mois de septembre 1968. Dans aucune de ses notes le numéro de la parcelle n’est, en effet, explicitement indiqué. Il a cependant, dans un angle du plan de fouille qu’il a dressé, signalé que celle-ci fut effectuée à trente mètres vers le nord et vingt-six mètres vers l’est de l’angle formé par deux haies qui entourent encore la parcelle N° 107. On peut donc localiser à la fois la parcelle fouillée et le point précis de la fouille.
Cette parcelle, actuellement en prairie, naguère cultivée, domine, au sud, le vallon du ruisseau de Taleyson par une brutale rupture de pente qui prend l’allure d’une petite falaise de quatre mètres de haut, certainement naturelle, mais qui a joué assurément dans le choix du site. Au nord, la limite est constituée par un fossé et un talus aujourd’hui estompés et enfouis sous la végétation et qui, sans être exceptionnellement importants, ne se rencontrent que rarement sous cette forme de limite d’un champ ou d’une prairie. À l’ouest, la prairie domine un vallon secondaire au fond duquel coule un petit ruisseau, affluent de celui de Taleyson, mais il n’existe aucune coupure en direction de l’est.
En ce qui concerne l’emplacement précis de la fouille, notons que, contrairement aux indications données par Louis Cadis, le confront oriental ne semble jamais avoir été constitué par une haie.
Les travaux commencèrent le 9 août 1949 et durèrent jusqu’au mois de septembre. Louis Cadis informa M. P. Grimal, alors directeur de la circonscription des Antiquités historiques, du déroulement des travaux. Nous ignorons s’ils furent poursuivis l’année suivante, mais c’est seulement au mois d’avril 1952 que les tranchées furent comblées. Depuis cette époque, le site n’a fait l’objet d’aucune nouvelle campagne de fouille.
Découvertes
Elles sont de trois sortes : des fondations, des sépultures et des objets mobiliers (fig. 3).
1. Les fondations
Louis Cadis en a dressé, le 4 janvier 1951, un plan que nous avons reproduit. On y remarque :
- Un mur AB orienté ouest-est, dégagé sur une longueur d’environ 11 mètres et large de 0,60 mètre, interrompu dans sa partie orientale et se terminant à l’ouest (c) sans forme bien définie. En (a), Louis Cadis a noté un parement vertical de 0,68 mètre de haut et il a supposé qu’il pouvait s’agir d’un montant de porte mais il n’a pas trouvé d’autre parement pour vérifier son hypothèse (fig. 4).
- À la suite du mur, vers l’ouest, à un mètre de profondeur, un dallage en petites pierres plates d’aspect ferrugineux, d’une assez grande étendue (f).
- Perpendiculairement à ce mur, en direction du nord, la fouille a permis de dégager une importante fondation de 1,20 mètre de largeur et de 4,30 mètres de long (b) (fig. 5).
- En direction du sud, deux murs partant en (d) et (e), larges de 0,45 mètre (fig. 4). Il s’agit, de toute évidence, de murs de refend qui ont été dégagés sur une longueur de 5 mètres et 5,50 mètres ; mais on peut noter qu’une fouille faite à 15 mètres du mur AB, sur 14 mètres de long et une profondeur de 1 mètre, n’a pas permis de découvrir d’autres fondations.
L’appareil utilisé pour toutes ces fondations n’a rien de bien caractéristique. On y trouve du petit appareil voisinant avec des moellons d’assez grandes dimensions. La pierre de taille est absente.
2. Les sépultures
Au cours du dégagement des murs, Louis Cadis ne trouva que des ossements et en petite quantité. Ceux-ci furent plus nombreux lors du sondage effectué à 15 mètres, au sud du mur AB ; ce sondage ne révéla, avons-nous vu, aucun mur, mais, par contre, une assez grande quantité d’ossements répartis dans le sol, sans position particulière. Des fouilles, faites en diverses parties du champ, permirent cependant de mettre à jour divers types de sépultures.
- L’une en (g) était signalée par une pierre à chaque angle du rectangle dans lequel était disposé le squelette. Celui-ci ne se trouvait qu’à 0,25 mètre de profondeur et était recouvert de nombreuses pierres de faibles dimensions. Une pièce de monnaie en cuivre, du règne de Louis XIII, était déposée sur les dernières vertèbres de la colonne vertébrale, vers le bassin.
- En direction du sud, à 35 mètres environ du mur AB, d’autres sépultures appartenaient au type à ciste. Le squelette reposait sur un lit de pierres plates d’aspect ferrugineux et de faibles dimensions ; des pierres de 0,15 mètre de longueur et de 0,27 mètre de haut étaient placées de chaque côté du squelette, enfin des dalles plates de 0,15 mètre d’épaisseur recouvraient le tout.
Dans ce même secteur, Louis Cadis découvrit un squelette en pleine terre portant, sur les vertèbres à hauteur du cou, trois pièces de monnaie collées les unes aux autres par oxydation, qui ne purent être identifiées. Autour du crâne furent enfin trouvées des épingles, quelques-unes étaient en argent. D’après une note de fouille, un cultivateur qui aurait labouré le champ transformé ensuite en prairie, lui déclara en 1952 qu’il avait démoli, au cours de travaux, des tombes de ce même type. M. P. Camedescasse, habitant actuellement à la métairie de Sarte, se souvient aussi d’un sarcophage, destiné à un enfant, trouvé dans ce champ et transporté à l’ancienne cure de Taleyson qui se trouve non loin de là.
3. Le mobilier
Parmi les matériaux et objets divers découverts au cours des fouilles, Louis Cadis avait relevé :
- Un fragment de mosaïque gallo-romaine avec décor bleu, rouge et gris, des débris de tuiles à rebord et de briques datant certainement de la même époque.
- Des fragments de poteries pour lesquels il avait proposé le classement suivant, que nous donnons sous toutes réserves, faute d’avoir pu examiner les pièces en question :
Néolithique (?) : un petit œuf en terre non cuite et de couleur noirâtre, un tesson de poterie grossière non cuite et non tournée avec une perforation.- Époque gallo-romaine : un rebord d’olla en terre grossière jaunâtre ; un fragment de terre mal épurée à couverte brique avec un enfoncement de deux extrémités digitales ; un rebord de vase en terre grisâtre.
Époque mérovingienne (?) : une brique roussâtre épaisse, décorée de lignes de formes diverses ; un palet taillé dans une poterie ; un fragment de vase noirâtre, décoré grossièrement au doigt ; une ampulla à deux anses avec embouchure écrasée en terre blanche feuilletée à couverte jaunâtre granuleuse ; un bec de pégaud en terre roussâtre à couverte granuleuse noirâtre.- Époque médiévale et moderne : des anses, couvercles, fonds de vases divers.
- Un os d’animal avec méplat strié d’entailles sensiblement parallèles3.
Il est donc certain qu’il existait à Taleyson un habitat gallo-romain comme le prouvent les fragments de mosaïque et les tuiles à rebord. Les fouilles de L. Cadis ont, d’autre part, confirmé l’existence d’un cimetière moderne, mais il n’est pas douteux qu’il y eut à Taleyson une église et un cimetière dès l’époque médiévale et peut-être à une date assez haute. L’interprétation des fondations découvertes par Louis Cadis pose, par contre, des problèmes de datation. La présence d’une fondation large de 1,20 mètre, sur laquelle s’appuie un mur plus léger et perpendiculaire, peut faire songer à la base du clocher de l’ancienne église de Taleyson, dont l’emplacement correspond certainement à la parcelle N° 212 qui apparaît encore sur le plan cadastral du début du XIXe siècle. Ce qui est gênant, c’est que le clocher se trouverait à l’est de l’édifice : on serait alors en présence d’un cas, probablement unique en Bazadais, d’église à orientation inversée. On imagine mal, d’autre part, la présence d’un mur de refend dans une église. Il est donc vraisemblable que les fondations découvertes appartiennent à un autre édifice, bien difficile à dater pour l’instant. Il est dommage, à cet égard, que L. Cadis n’ait pas essayé de retrouver les “sols” des salles qu’il avait situées. De toute manière, il est probable que les fondations de plusieurs constructions, au moins celles de l’église et d’une villa doivent, sinon se superposer, du moins voisiner. Taleyson reste ainsi un des sites archéologiques du Bazadais qui mériterait une fouille systématique.
P. J. O’reilly, Essai sur l’histoire de la ville et l’arrondissement de Bazas…, 1840, p. 334-335.
E. Guillon, Les châteaux de la Gironde…, t. I, p. 385-386.
E. Féret, Essai sur l’arrondissement de Bazas…, 1913, p. 13-14.
L. Cadis, art. cité, dans B.S.P.F., t. LI, fasc. 9-10, nov. 1954.
Notes fournies par M. R. Étienne.
Haut Moyen Âge
Les mottes de Saminzet
Connues de tout temps par les habitants de Bernos, les deux mottes de Saminzet n’ont jamais, jusqu’à ce jour, fait l’objet d’aucune mention en tant que telles. C’est Louis Cadis qui, le premier, les a signalées en 1951 et 1954 dans le Bulletin de la Société Préhistorique française mais il y voyait, à tort, des tumulus et les situait de manière erronée au lieu-dit Pey de Bordes. Nous avons d’ailleurs, en 1960, reproduit ces indications, sans les vérifier, dans une première étude consacrée au peuplement du Bazadais. En fait, les mottes signalées par Louis Cadis ne sont pas des tertres funéraires mais constituent un ensemble fortifié en terre, situé au lieu-dit Saminzet.
Il faut, pour y accéder, prendre, depuis la R.N. 132, le chemin vicinal reliant cette route au bourg de Bernos. À environ 500 mètres de l’embranchement, dans un virage, un chemin creux descend vers le sud en direction d’un vallon éloigné de deux cents mètres. Celui-ci, orienté de l’est vers l’ouest, arrosé par l’émissaire d’une abondante source, large d’environ 125 mètres au départ pour se rétrécir vers l’ouest, finit par déboucher dans la vallée au fond de laquelle coule le ruisseau de Bernos (fig. 1).

Les deux mottes sont disposées dans l’axe du vallon, bordées au nord et au sud par une zone basse et marécageuse et nettement séparées l’une de l’autre par une zone déprimée d’une vingtaine de mètres. La motte de l’est, la plus importante, a environ 50 mètres de diamètre à la base et affecte une forme tronconique ; elle s’élève à une hauteur voisine de 10 mètres et son sommet plat a environ 10 mètres de diamètre. La motte de l’ouest est sensiblement plus petite, 40 mètres de diamètre à la base pour environ 8 mètres seulement de haut. Les deux mottes ont, de toute évidence, été édifiées avec la terre prise à l’entour. Cela a permis de creuser, en même temps, les fossés qui les entouraient et qui, aujourd’hui, sont estompés par comblement (fig. 6 et fig. 7).

Toutes ces indications ne peuvent être que très approximatives. En effet, les deux mottes sont recouvertes de broussailles particulièrement épaisses. Il en est d’ailleurs de même de leurs abords qui sont très humides en toutes saisons et quasi inaccessibles en hiver. Il est, dans ces conditions, pratiquement impossible, pour l’instant, de relever les particularités de détail du site.
Compte tenu de la configuration de l’ensemble, l’existence d’une basse-cour est assez improbable. On peut penser cependant que la fontaine était incluse dans une clôture ; il existe d’ailleurs du côté de l’est, à l’endroit où débouche le chemin d’accès, un talus encore très nettement marqué, vestige, peut-être, d’une enceinte primitive. Nous avons déjà noté la présence d’une source à Tontoulon dans un site qui n’est pas sans analogie avec celui-ci.
Dans l’état actuel de la recherche en Aquitaine, il n’est guère facile de dater avec précision un tel ensemble. On peut cependant affirmer, sans trop de risque, qu’il doit remonter au XIe ou XIIe siècle, à moins, mais c’est peu probable, qu’il ne s’agisse d’un site protohistorique réutilisé par la suite.
L. Cadis, “Les tumulus du Bazadais”, dans Bull. de la Soc. Préhist. franç., t. XLVIII, fasc. 3-4, mars-avril 1951.
L. Cadis, “Le Bazadais préhistorique…”, dans B.S.P.F., t. LI, fasc. 9-10, nov. 1954.
J. B. Marquette, “Le peuplement du Bazadais méridional…”, dans Rev. Hist. de Bordeaux, 1960, p. 113, note 40 et dans Bazas et le Bazadais, p. 23 et note 40.
Nous tenons à exprimer, ici, nos remerciements à Madame P. Daron qui a bien voulu nous communiquer les Notes archéologiques de son père, Louis Cadis.
Notes
- Pl. Cad. section A H, N° 9, ancien plan, section C, 1e feuille, N° 24.
- Plan Cad. section A C, N° 107 ; ancien cadastre, section A, 1e feuille, N° 212 et 213.
- Nous ignorons ce que sont devenus ces objets, sauf un fragment de tuile conservé au Musée de Villandraut, mais il est vraisemblable qu’ils se trouvent dans les collections personnelles de L. Cadis que nous n’avons pas encore eu l’occasion d’étudier.