Paru dans : Travaux et colloques scientifiques 2, 1998, 67-76,
avec Yan Laborie.
Un peu au sud du bourg de Labrit, masqués et protégés par des arbres et des fourrés, des talus de terre et des fossés plus ou moins comblés de débris végétaux subissaient les inexorables mais heureusement lentes dégradations dues aux intempéries. Si l’historien des Albret n’était un jour venu en révéler l’identité et l’histoire, ils auraient pu subir un jour les irréparables affronts du machinisme agricole ou sylvicole visant à normaliser les espaces de culture, ou ceux d’un “mitage” par l’habitat pavillonnaire qui tend à grignoter les zones périphériques des bourgs français.
La découverte du site
Reprenons le récit de l’inventeur du site (J. B. Marquette, 1992) :
C’est en 1960 que j’ai découvert le site de Labrit, lorsque je m’engageais dans la préparation d’une thèse sur la famille d’Albret. Je commençais mes recherches par une visite aux Archives des Pyrénées-Atlantiques où je découvris les épaves impressionnantes du trésor des chartes d’Albret : quelques centaines de liasses. Je me rendis ensuite à Labrit pour un tête-à-tête, si l’on peut dire, avec le berceau de la famille. Or ma surprise fut de taille : me fiant à la carte d’état-major je me rendis à un lieu-dit “Vestiges d’Albret”, où, en fait de vestiges, je ne découvris qu’un hameau et une maison bourgeoise. Mais à la suite d’une rapide enquête auprès des habitants du bourg, j’appris qu’au lieu-dit “Aux Rocs”, dans la tradition orale, se trouvaient des monticules de terre recouverts de broussailles, entourés de fossés en eau. Arrivé sur les lieux, je découvris, en effet, en bordure du chemin, un ensemble de retranchements que j’identifiais immédiatement comme étant le site du château primitif de la famille d’Albret… L’enquête bibliographique me permit de constater que le site n’avait pas seulement été “oublié” par ceux qui en étaient en quelque sorte les dépositaires ; les historiens et les érudits landais ne s’étaient jamais préoccupés de savoir ce qu’était devenu le château des Albret. À cela, une explication fort simple : Labrit se trouve aux confins de la Grande Lande, une région considérée longtemps comme marginale.
Je consacrais alors un chapitre de ma thèse au site de Labrit que je n’hésitais pas à qualifier de “témoignage exceptionnel” de la puissante famille d’Albret, au même titre d’ailleurs que les fresques de Lugaut (Marquette, 1975).
L’absence de relief naturel dans la topographie locale montre que les sires d’Albret ont dû édifier de toutes pièces le premier château en utilisant le seul matériau qu’ils ont trouvé sur place : l’argile. Cet ouvrage a nécessité une considérable mobilisation de main-d’œuvre, pendant plusieurs années, car il s’agit bien là d’une construction dans le vrai sens du terme, fruit d’une architecture raisonnée, dressant une forteresse certainement unique dans les Landes, et une des plus vastes d’Aquitaine. L’aménagement de la fortification a débuté par le nivellement d’une plateforme d’environ 4 hectares, préalablement nettoyée par brûlis, suivi par les travaux de construction de la forteresse en forme de demi-lune, dont le grand axe est orienté est-ouest. De cette enceinte de 800 m de périmètre, qui clôturait une “basse cour” d’un hectare, il ne subsiste aujourd’hui que la partie méridionale. Cette enceinte était dotée d’un fossé extérieur sec, doublé vers l’intérieur de deux levées de terre massives, fondées sur une sorte de “grillage de poutres”.
Le château de terre devient
monument historique
Afin de protéger et mettre en valeur cette remarquable forteresse de terre du début de l’époque médiévale, nous entreprenons des actions de sensibilisation en direction du public local et de la municipalité de Labrit : une conférence de J. B. Marquette à Labrit en 1973 et des visites du site en 1981 dans le cadre de l’Année du Patrimoine.
Prenant conscience de l’importance de ce monument, et de la nécessité de garantir sa protection, la municipalité de Labrit envisage l’acquisition de l’ensemble des parcelles concernées, préalable indispensable à la mise en œuvre d’une politique de conservation. L’achat du site est réalisé en deux temps : décembre 1985 et février 1988, pour un total de 343.899 F. La municipalité sollicite alors la reconnaissance officielle de l’intérêt historique du site. La demande d’inscription du site à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques introduite en 1987 devant la COREPHAE d’Aquitaine reçoit un accueil très favorable, puis, sur proposition de l’Architecte en chef des Monuments Historiques, le dossier est présenté en 1988 au Conseil supérieur, en vue du classement de la forteresse “berceau de la famille d’Albret, exemple particulièrement représentatif des fortifications en terre, l’un des rares vestiges du Moyen Âge dans la Grande Lande”. Depuis septembre 1990 le site de Labrit est devenu “monument historique”.
Un projet municipal de mise en valeur
culturelle et touristique
Consciente de l’importance patrimoniale de ce site et préoccupée par ses potentialités d’exploitation à des fins culturelles et touristiques, la municipalité de Labrit souhaite cependant ne pas s’engager au hasard dans cette voie. En 1988, elle sollicite une étude auprès d’un cabinet parisien d’ingénierie culturelle. L’étude conduit à constater (BIC, 1990) que l’exploitation touristique du château de terre ne peut que difficilement s’organiser sans les apports d’une étude archéologique, afin de rendre plus explicite à tous les publics la signification des vestiges découverts ou encore présents sur le site (Laborie, 1990).
En effet, malgré la dimension naturellement spectaculaire des structures conservées en élévation et rendues visibles par les travaux de débroussaillage réalisés en 1988, la compréhension de leurs fonctions originelles, de leur intérêt historique et de leur exemplarité n’est pas évidente pour la majorité des visiteurs. Cela tient en partie au fait que, si le public est ordinairement bien documenté sur l’architecture du château médiéval en pierre, par de nombreux ouvrages de vulgarisation et les guides de voyages, il ne sait souvent que très peu de choses sur les formes primitives de l’architecture castrale.
Cette méconnaissance des structures des châteaux de terre et de bois des XIe et XIIe siècles est à mettre en relation avec le caractère encore récent de l’étude de ces monuments. Les historiens ne disposent pour l’instant à leur sujet, que d’une documentation très limitée. Si les inventaires en sont presque terminés, les sites fouillés sont rares, surtout dans le sud-ouest de la France. Les textes contemporains de l’édification de ces forteresses ne révèlent qu’exceptionnellement des indices sur l’aspect matériel de leurs aménagements domestiques ou défensifs. Il en est de même pour tout ce qui touche la manière de vivre de leurs anciens occupants, qu’il s’agisse du seigneur, des chevaliers ou bien des paysans vivant parfois autour d’elles. Cette situation est particulièrement vraie dans la Grande Lande, région pour laquelle on dispose de moins d’archives d’époque médiévale que pour les autres parties de l’Aquitaine. Ici, les sites archéologiques sont par conséquent de la plus grande importance : ils recèlent bien souvent l’essentiel des informations disponibles pour aborder l’histoire du cadre et des modes de vie de la société landaise d’avant les XVIe et XVIIe siècles.
Diagnostic archéologique et ouverture
des fouilles programmées
Durant l’été 1990, un premier diagnostic archéologique associe un relevé planimétrique et une carte de résistivité électrique du sous-sol (ARMEDIS, 1990) qui permettent de dresser un portrait relativement complet de la disposition générale des fortifications en faisant apparaître les parties aujourd’hui arasées. Cette étude géophysique met aussi en évidence les traces d’une occupation relativement dense dans la basse-cour par des constructions dont la nature reste à déterminer. Les sondages effectués dans les terres de remplissage des fossés, révèlent (Laborie, 1991) une stratification non perturbée et fournissent des échantillons d’une grande richesse en matériel sporo-pollinique (Diot, 1990), ce qui ouvre la possibilité de restituer les paysages environnants le site, depuis sa création. L’opération d’un coût de 80 000 F a été financée par la commune de Labrit.
Au vu de ce premier bilan, un programme de recherche archéologique est déposé auprès du conseil supérieur de la recherche archéologique (Laborie, 1990) afin de poursuivre l’enquête par l’ouverture de secteurs de fouilles en 1991. L’objectif essentiel de ce programme est de caractériser et de dater la nappe d’occupation décelée par la prospection géophysique.
Bilan des fouilles programmées
Le programme de fouille pluriannuel engagé sur le site du château éponyme de la famille d’Albret s’est inscrit dans le prolongement des travaux que consacra le Pr. J. B. Marquette à l’histoire complexe de ce brillant lignage gascon.
Les investigations s’articulèrent autour de deux principaux axes de recherches.
Le premier concernait l’étude des structures primitives de la forteresse, dans la perspective de réunir des données susceptibles d’enrichir les connaissances, sur l’origine de la seigneurie d’Albret, et, parallèlement, de contribuer à l’étude de l’architecture des castra de première génération édifiés en terre et en bois, type motte à basse-cour.
Le deuxième axe de recherche développé avait pour objectif l’acquisition de données témoignant du mode de vie de la société rurale, aristocratique et paysanne de la Haute-Lande, du Moyen Âge à l’orée de l’époque Moderne.
Les travaux débutèrent par une campagne de sondages (1991). Ensuite les fouilles se développèrent essentiellement dans le secteur est du site, sur une surface d’environ 350 m2, avec le concours d’une équipe majoritairement constituée d’étudiants d’histoire de l’Université de Bordeaux (campagnes 1992-1995).
Les conditions de gisement rencontrées, assez ingrates, eurent pour effet, sur le plan technique, de rendre plus longues que prévu les opérations de fouille, et sur le plan scientifique, de conduire à l’acquisition d’informations documentant, de manière très inégale, les différents points que l’on souhaitait aborder. Aussi, au terme du programme qui s’achevait avec la campagne 1995, et malgré le respect des orientations de recherches préalablement fixées, force est de constater qu’un certain nombre de questions posées, lors de la programmation, n’ont pu être traitées ou trouver de réponse.
Résultats des campagnes 1991 et 1992
Les deux premières campagnes permirent de situer l’abandon définitif du site castral d’Albret dans le courant de la première moitié du XVIIe siècle et de cerner les principales raisons de cette désertion. Elles permirent également de constater qu’antérieurement à cette époque son enceinte accueillait, en plus de la résidence seigneuriale, et au moins depuis le tout début du XVIe siècle, une occupation civile, semble-t-il essentiellement constituée par un groupement d’habitats artisans.
Elles amenèrent aussi à constater que d’importants travaux de terrassement remanièrent vers le milieu du XVe siècle, ou un peu plus tardivement la physionomie de la vieille forteresse de terre. Le rempart sur le front nord de l’enceinte fut détruit, le niveau de la basse-cour, en certains endroits, exhaussé, et la voirie qui permettait d’y circuler restructurée. Cet ensemble de travaux considérable témoigne de l’intérêt qui continua, à l’époque Moderne, à être porté au site qui ne remplissait certainement plus alors de fonction résidentielle seigneuriale, mais gardait encore probablement un rôle économique : site péage, site marché, point de fixation d’activités artisanales. Parmi ces activités on distinguerait la tabletterie, peut-être la poterie et surtout la métallurgie.
À côté de cela, touchant à la connaissance des structures de la forteresse, des sondages sur le pourtour de l’enceinte permirent de restituer la totalité de son tracé et montrèrent que les deux fossés qui doublent ses remparts talutés offraient à l’origine, un profil en V ; que le plus important était en eau, alors que le second restait probablement sec. Le décapage de la plateforme sommitale de la motte montra, par ailleurs, qu’aucune construction maçonnée n’y aurait été édifiée, mais qu’elle supporta une structure de bois de plan carré d’une emprise d’environ 16 m2 incendiée et abandonnée dès le XIVe ou le XVe siècle, correspondant certainement à une modeste tour en charpente.
Campagne 1993 et problématique
En fonction des informations apportées par les deux premières campagnes, les recherches projetées en 1993 devaient tenter, en premier lieu, de discerner la fonction donnée à la vaste basse-cour du château (1 hectare) antérieurement à la fin du XVe siècle ; accueillait-elle uniquement la résidence seigneuriale et ses dépendances, ou bien comme à l’époque Moderne, fixait-elle d’autres habitats ? Questions intéressant l’impact de la fondation castrale sur l’organisation de la distribution du peuplement dans la paroisse de Labrit, dont le traitement pouvait parallèlement ouvrir la possibilité de poursuivre, dans l’époque médiévale, l’enquête sur l’habitat manant.
Par ailleurs des réponses devaient être apportées aux questions concernant les origines et l’architecture du château. Il convenait de chercher à préciser sa date d’édification, proposée jusqu’à présent de manière assez vague, uniquement d’après des comparaisons morphologiques avec des ouvrages similaires, mieux connus, mais situés, hors de la Gascogne. Des investigations étaient également à mener pour tenter d’appréhender les processus employés dans la construction des ouvrages de terre formant l’ossature de ses aménagements défensifs, et essayer de localiser, dans sa basse cour, l’emplacement des constructions châtelaines. Enfin il fallait vérifier si l’édification de ce château de terre succédait ou non à une occupation antérieure établie sur le même site.
Concernant la fonction de la basse cour, aux périodes antérieures à la fin du XVe siècle, les observations faites durant la campagne n’apportèrent pas de réponses nettes. L’extension de la fouille dans sa partie est révéla partiellement un ensemble de constructions des XIVe et XVe siècles, témoignant à cet endroit d’une occupation dense, mais dont la nature restait à déterminer. Autour d’un grand bâtiment en maçonnerie de brique, immédiatement interprété comme une interprétation châtelaine, apparaissaient d’autres vestiges de constructions plus modestes ayant subi plusieurs remaniements. La fouille du secteur, encore trop incomplète en fin de campagne, ne permettait pas de distinguer clairement si les constructions les plus modestes correspondaient à des habitats civils accueillis dans l’enceinte, ou bien s’il s’agissait de dépendances liées à la grande construction autour de laquelle elles se distribuaient.
Touchant à la chronologie de l’édification du château, un sondage profond conduit sur le front nord de l’enceinte, livra plusieurs pieux en chêne dont l’étude dendrochronologique permit d’établir qu’ils avaient été battus à la base du versant du fossé principal vers 1125-1127. Cette information chronologique atteste donc, de manière certaine, de l’existence de l’enceinte fin du premier quart du XIIe siècle, mais ne permet pas de préciser sa date d’édification, car la position stratigraphique des pieux ne démontre pas si leur mise en place fut immédiatement contemporaine du creusement du fossé, ou postérieure de plusieurs décennies. Les différentes coupes pratiquées dans l’enceinte révélèrent d’autre part des informations sur le mode de réalisation des remparts, mettant en évidence l’application de procédures d’aménagements relativement élaborées, poussant à considérer ces ouvrages talutés comme des constructions à part entière, fruit d’une architecture raisonnée, et non le produit d’un simple terrassement.
Campagnes 1994 et 1995
Le programme de ces deux dernières campagnes était essentiellement orienté vers la poursuite de la fouille, ouverte dans le secteur est de la basse cour, afin de révéler en totalité les structures du grand bâtiment découvert en 1993, supposé correspondre à un édifice châtelain, et tenter parallèlement de préciser la nature des constructions qui l’entouraient. À la suite de quoi il était envisagé de pratiquer une reconnaissance des niveaux d’occupation antérieurs à cette nappe de construction.
L’extension de la fouille permit d’acquérir une reconnaissance à peu près globale du plan formé par ces constructions, et des relations chronologiques existant entre elles. Il apparaît qu’elles ne résultent pas, comme l’hypothèse en avait été avancée, de l’édification de plusieurs cellules d’habitations autonomes, accolées les unes aux autres autour d’une construction châtelaine, mais de la constitution d’un même et unique bâtiment, formé de plusieurs locaux juxtaposés, présentant entre eux d’importantes disparités quant à la nature et à la qualité de leur architecture.
Malgré le caractère composite de l’architecture des différentes parties constituant ce bâtiment, le plan de distribution des espaces qu’il englobe présente une ordonnance cohérente et significative d’un habitat aristocratique. Le corps principal de la bâtisse est formé par une vaste construction rectangulaire, très soigneusement bâtie en maçonnerie de grande brique. Celle-ci abritait au rez-de-chaussée une grande salle divisée, dans le sens de la longueur, en deux nefs d’égale largeur, par la présence de deux piliers de section circulaire, eux aussi édifiés en brique. Ces piliers supportaient le sol planchéié d’une salle haute où se tenait l’espace noble de la bâtisse. La salle basse aurait été surtout destinée à une fonction de réserve. Rien ne permet d’avancer si la salle haute était surmontée d’un autre niveau, ou si elle était directement coiffée par la charpente de la toiture. Celle-ci était couverte de tuiles creuses et possédait, par conséquent, des versants à faible pente. Concernant la disposition des accès desservant ce corps de bâtiment, si l’on ne parvient pas à situer l’emplacement de la porte, qui devait permettre de pénétrer dans la salle basse, les fondations d’un pilier et de murs édifiés à l’extérieur de la façade est, à peu de distance de la paroi murale, paraissent correspondre aux vestiges d’aménagements destinés à porter un escalier droit et le palier d’une loge, conduisant certainement à une porte permettant d’entrer dans la salle haute. Cet escalier extérieur, originellement en plein air, paraît avoir été, à la suite de modifications qui touchèrent l’ensemble du bâtiment, intégré dans une galerie, adressée sur toute la longueur de la façade.
Côté sud, le corps de la salle que l’on vient de décrire était jouxté par une construction de plan rectangulaire, qui s’ancrait en partie contre lui. L’aménagement de ce second corps de bâtiment, semble-t-il dépourvu d’étage et contenant deux pièces, fut contemporain de l’édification du premier ou la suivit de près. Mais au lieu d’être réalisé en maçonnerie, il fut apparemment, dans son premier état, entièrement construit en charpente avant de subir un profond remaniement qui conduisit à l’agrandir et lui donner des parois totalement ou en partie maçonnées. L’existence permanente d’un foyer, d’abord central, pis adossé au mur et surmonté d’une hotte, dans l’une des pièces constituant cette construction annexe à la grande salle à étage, révèle que sa fonction était probablement d’abriter la cuisine de la résidence.
Enfin, à quelque distance des constructions domestiques de la résidence se tenait une petite chapelle de plan rectangulaire, à l’intérieur de laquelle furent mis au jour les vestiges du moule qui servit à couler la cloche. Un léger édicule de bois, jouxtant la façade sud de la chapelle, abritait la forge qui complétait l’organisation de cet habitat aristocratique, dont en définitive, la quasi totalité des équipements fut retrouvée (salle de réception, chambre, cuisine, chapelle, forge).
Sur le plan chronologique, d’après les indices actuellement disponibles, ce logis aurait été élevé vers l’extrême fin du XIIIe siècle, ou au tout début du siècle suivant, puis démantelé vers la fin du XVe siècle.
À côté de la mise au jour de ce logis châtelain, il fut procédé à la fouille complète d’un puits à eau, aménagé vers la fin du XVe siècle, lors du remaniement général de la basse cour. Le remplissage de ce puits, en partie comblé dès la fin du XVIe siècle, livra un intéressant lot de céramiques, divers objets métalliques et en bois, ainsi que de nombreux restes organiques, dont l’étude devrait produire d’utiles renseignements sur l’équipement domestique, la flore sauvage et cultivée, et sur l’élevage au début de l’époque Moderne.
L’exposition permanente au musée
de la Maison landaise
Afin de conserver et présenter au public les documents et objets mobiliers découverts lors des campagnes de fouilles, la commune de Labrit, avec le concours du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne, de la Communauté européenne, du Conseil général des Landes, du Conseil régional d’Aquitaine et du Ministère de la culture (DRAC), a installé une exposition d’objets et de panneaux pédagogiques dans la “Maison landaise”, immeuble de structure traditionnelle spécialement restauré et aménagé à cette fin, dans le centre du bourg.
Une série de 20 panneaux a été conçue et élaborée par Y. Laborie et la société Eugène sous la direction d’un Comité scientifique composé de Y. Laborie, J. B. Marquette, l’Architecte des Bâtiments de France, le Conservateur régional de l’Archéologie, le Conservateur régional des Monuments historiques, la Commune de Labrit et le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne.
Ces panneaux présentent le site avant sa découverte, et sa traduction cadastrale au début du siècle ; la généalogie des Albret, illustration de l’ascension d’un lignage gascon depuis la Grande Lande jusqu’au trône de France ; les mottes castrales dans l’Europe occidentale au Moyen Âge ; la découverte d’un vaste terrain de connaissance du Moyen Âge aquitain avec l’aventure de la motte castrale de Labrit qui s’avère un lieu privilégié de découverte et de recherche archéologique ; les données dendrochronologiques et palynologiques ; la méthode de prospection géophysique ; la relation des diverses étapes des fouilles réalisées de 1990 à 1995.
Objets, photographies, graphiques et cartes permettent au visiteur soit de préparer sa visite du terrain où il pourra ainsi plus aisément décrypter les indices qui ne sont a priori lisibles que par des initiés, soit de compléter et approfondir ses observations effectuées durant le parcours de découverte de ce site qui étonne par sa dimension, même si les aménagements destinés à rajeunir les talus anthropiques n’ont pas encore rendu évidentes toutes ces structures de terre.
Bibliographie
- ARMEDIS, 1990, Prospection électrique et approche géologique sur le site du “château” de Labrit (Landes), Rapport préliminaire de recherches géophysiques, par M. Martinaud et G. Colmont, 11 p., 12 figures.
- BIC, 1990, Sur les traces d’une forteresse médiévale à Labrit, Landes, Rapport dactylographié, Paris, février 1990.
- Diot, M.F., 1990, Labrit (Landes), analyse palynologique préliminaire, Rapport dactylographié, Centre national de préhistoire, Périgueux, 7 p.
- Laborie, Y., 1990, Pour une étude du site de Labrit et son ouverture au public, Rapport dactylographié remis à la commune de Labrit, Landes.
- Laborie, Y., 1990, Projet de recherche archéologique remis au CSRA, Ministère de la Culture : Le village, la maison et le mode de vie en pays landais à l’époque médiévale.
- Laborie, Y., 1991, “Château d’Albret, Labrit, Chronique des fouilles”, Archéologie médiévale, p. 358-359.
- Laborie, Y., 1992, Le site de Labrit, Bilan scientifique 1991, SRA, DRAC d’Aquitaine, Ministère de la Culture.
- Marquette, J.B., 1975, “Les Albret”, Les Cahiers du Bazadais, vol. 1, p. 55-99.
- Marquette, J.B., 1992, “La fabrique du patrimoine local : Labrit et Villandraut, le pouvoir de protéger”, Travaux de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, p. 43-48.


