Paru dans : Les Cahiers du Bazadais, 145, 2004, 5-32.
Les lecteurs des Cahiers seront probablement surpris par cette approche. Il s’agit d’un essai de recensement des sites archéologiques ou supposés tels, datant de l’époque médiévale ou moderne, situés sur le territoire de la commune de Captieux1. Ces sites sont ceux d’édifices aujourd’hui disparus en totalité comme le Château ou le prieuré Saint-Blaise ou seulement en partie comme l’enceinte de la ville, l’ancienne église ou le chemin de Bazas à Mont-de-Marsan. Les édifices encore visibles sont pris en compte dans la mesure où l’analyse des structures apparentes permet de reconstituer leur histoire et donc d’éclairer celle du sol sur lequel ils sont bâtis. Tous les sites sont présentés de manière identique et accompagnés d’extraits du plan cadastral, d’un répertoire des sources, d’une bibliographie, de notes concernant leur histoire et d’une description. Mais ces “fiches” ne prétendent pas à l’exhaustivité : ce sont des dossiers ouverts qui attendent compléments ou révision. D’autre part, ce recensement est largement incomplet car il devrait comporter aussi les sites incluant l’habitat traditionnel, les airiaux, les champs avec leur parcellaire et les “dougues” qui les délimitaient ainsi que les parcs qui lui étaient associés. Nombre de ces sites ont aujourd’hui disparu ou ont été profondément modifiés.
Nous avons fait précéder ce recensement d’une présentation de l’origine de la commune. Un dossier complémentaire concernant des édifices civils ou religieux, des sites industriels (carrières, moulins et usines), a pour objet d’attirer l’attention sur quelques éléments du patrimoine monumental.
Cartes de référence
Carte 1.25000e, Bazas, n° 5-6 ou 1639-ouest ; Losse, n° 1-2 ou 1640-ouest.Carte de Belleyme, n° 40 ; Carte de Cassini, n° 105-106 ; Atlas départemental de la Gironde dressé par le Service de la voirie départementale d’après la minute de la carte d’État-Major, Féret et fils, Bordeaux, 1888, feuille n° 20.
Plan cadastral ancien, 1834.
Plan cadastral moderne, 1955. Revu en 1978.
Présentation
Situation et origine de la commune
La commune qui recouvre 12036 ha est limitée : au nord, par celle de Bernos ; à l’est, par celles d’Escaudes, Giscos, Maillas (Landes) ; au sud, par celles de Bourriot-Bergonce, Retjons et Lencouacq (Landes) ; à l’ouest, par celle de Lucmau (cant. de Villandraut). Elle a été constituée à partir de la paroisse du XVIIIe siècle et ses limites sont identiques à celles qui figurent sur la Carte de Belleyme. Des bornes sont indiquées sur la Carte de Belleyme et sur l’Atlas de 1888.
La plus ancienne mention connue de Captieux remonte à la fin du XIIe siècle. En 1185, Richard duc d’Aquitaine – il s’agit du fils de Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre de 1189 à 1199 (Richard Cœur de Lion) – passa par Captieux. Il y promulgua la confirmation des biens de l’église de Bordeaux : Actum hoc apud Capsus, anno ab lncarnatione Domini MCLXXXV. La présence du duc d’Aquitaine et de sa suite nombreuse est à mettre en relation avec le rôle d’étape que remplissait déjà Captieux à cette époque, peut-être aussi au fait que Captieux était une dépendance du Gabardan. Capsus désignait sans aucun doute une résidence seigneuriale à motte contrôlant le chemin de Bazas à Mont-de-Marsan.
La paroisse de Captieux qui appartenait au diocèse de Bazas possédait à la veille de la Révolution un statut tout à fait original. Elle était en effet chef-lieu d’une juridiction dont dépendait aussi la paroisse de Lucmau ainsi que le quartier de Pinguet dans la paroisse de Bernos, quartier qui devait correspondre à la partie de cette paroisse située sur la rive gauche du Ciron. Cette seigneurie dépendait de la couronne et son seigneur direct était le roi de France. Sur le plan administratif et fiscal, la seigneurie appartenait à l’intendance de Bordeaux et à la subdélégation de Bazas. Sur le plan judiciaire, l’appel se faisait non au sénéchal et présidial de Bazas mais au sénéchal de Casteljaloux, dépendant du duché d’Albret, créé le 29 avril 1550 par le roi Charles IX, en faveur d’Henri d’Albret, roi de Navarre, pour ses terres d’Albret.
Cette situation originale résulte de l’histoire de la juridiction qui fut originellement avec la seigneurie de Cazeneuve une dépendance de la vicomté de Gabardan. Cette histoire liée à celles des vicomtés de Gabardan, de Béarn et de Marsan fera l’objet d’une étude propre qui dépasse le cadre de cet inventaire.
1. Gallia Christiana, t. II, 821 et Instrumenta, 285. Sont témoins de l’acte : Guy de Lusignan, Geoffroy de Pons, Adémar, comte d’Angoulême, le doyen du chapitre Saint-André de Bordeaux, l’archidiacre de Blaye, le maître de l’Hôpital (de Saint-Jean de Jérusalem) en Bordelais. Cette référence nous a été indiquée par M. F. Boutoulle.
Milieu naturel
Le territoire de la commune correspond à un plateau incliné du sud (130 m) vers le nord (90 m), drainé par la Gouaneyre, affluent de rive gauche du Ciron et ses huit affluents disposés en éventail qui lui donnent naissance. On trouve des lagunes dans la partie méridionale à la limite du bassin de la Douze. Le cours de la Gouaneyre est encaissé. Le plateau est recouvert de sables des landes auxquels font suite dans le vallon évasé de la Gouaneyre des sables fauves. À partir de Captieux, affleurent sur les deux rives de la rivière des molasses faites d’argiles carbonatées avec intercalations de calcaires gréseux (carte géol. 1.50000e, XVI-39).
Occupation du sol
À la fin du XVIIIe siècle, la plus grande partie de la paroisse est encore couverte de landes. On rencontre quelques pignadas sur la rive droite de la Gouaneyre ; ailleurs, ils sont répartis à la périphérie des champs, des fermes et hameaux.
En 1874, on note 850 hectares de terres labourables (7,06 %), 200 hectares de prés et pâtures (1,66 %), et près de 9100 hectares de pins (75,60 %) – dont 2000 de brûlés – et seulement 1000 hectares de landes (8,30 %). (E. Féret, Statistique générale, topographique, administrative, industrielle, commerciale, agricole, scientifique, historique, archéologique et biographique du département de la Gironde, Bordeaux, Féret et fils, 1874, t. II, p. 39).
Habitat
Au début du XIXe siècle, le village de Captieux est constitué de deux parties bien distinctes séparées par le vallon du ruisseau de la Ville : le Bourg, établi autour de l’église Saint-Martin et la Ville, ancien habitat de type castral subordonné au château.
Le site de l’église dédiée à saint Martin et du cimetière qui l’entourait remonte au moins au XIe siècle, mais le premier lieu de culte est beaucoup plus ancien et pourrait avoir été fondé au VIIIe siècle sinon plus tôt. Dans la seconde moitié du XIIe siècle, probablement en relation avec un chemin allant de Bazas à Mont-de-Marsan, utilisé entre autres par les pèlerins de Saint-Jacques, une motte castrale fut édifiée à proximité, en raison des possibilités offertes par la confluence de deux ruisseaux – le ruisseau de la Ville et le Castaing ou ruisseau de l’Auzilière – et la présence d’affleurements d’argile. C’est à partir du château que se développa un habitat groupé – la Ville –, lequel, grâce à un petit accident topographique, l’extrémité d’un modeste éperon, put être fortifié ou, en tout cas, clos sans difficulté.
Ainsi naquit la ville de Captieux qui, jusqu’au milieu du XVIIe siècle, fut le seul noyau d’habitat. Le développement de la sécurité entraîna tout naturellement la naissance d’un bourg aux alentours de l’église, à un croisement de chemins (voir sites n° 5-6). Le processus s’est accentué de nos jours et la Ville n’est plus qu’un quartier marginal. Mais la double tradition villageoise a été, comme ailleurs, interrompue par la multiplication des lotissements.
Captieux est un bon exemple de village subordonné à un château ou bourg castral, établi à proximité d’une église paroissiale plus ancienne. À l’origine la paroisse s’appelait probablement Saint-Martin. Le nom du château qu’elle abritait “Captieux” le supplanta comme ce fut aussi le cas à Aillas, Auros, Villandraut ou Grignols.
Au XVIIIe siècle, l’habitat se présente, en plus de la Ville et du bourg, sous forme de fermes isolées ou regroupées de façon très lâche à la périphérie de champs plus ou moins vastes (voir extrait de la Carte de Belleyme, fig. 1). La situation n’a guère évolué au XIXe siècle, mais d’après l’Atlas départemental de 1888, reprenant la carte d’État-Major, le territoire communal est alors réparti en quatre quartiers : des Marques au nord-ouest ; de Lugayosse à l’ouest ; de Lucbernet, au sud-ouest ; enfin, de Lartigue au sud-est. Il semblerait que ces noms de quartiers aient été empruntés à un simple lieu-dit. À l’exception de celui de Lartigue les trois autres toponymes ne figurent pas sur le plan d’assemblage cadastral de 1834. S’agissant des Marques on constate que le lieu-dit La Marque, porté sur la Carte de Belleyme devient Courrègelongue en 1834, puis Marques, sur la carte d’État-Major et l’Atlas départemental et redevient Courrègelongue sur la carte de l’IGN. Par contre, nous n’avons retrouvé les lieux-dits Lugayosse et Lucbernet sur aucun des cartes et plans précédents.
On ne saurait néanmoins douter de la réalité de ces quartiers, comme en témoignent P. J. O’Reilly et E. Féret. Le premier de ces auteurs énumère, en 1840, dans son Essai (p. 453) les quartiers de “Artigue, Lucbernet, Lugayosse, des Marques et Artigolles – au nord-ouest – et plusieurs maisons isolées”. Le second dans sa Statistique de 1874 (p. 39) cite cinq quartiers principaux : Lartigue, Lucbernet, Lugaïosse, Marque et le Poteau et regroupe la plupart des exploitations dans le cadre de ces quartiers.
Toponymes
- de défrichement médiéval : Lartigue (Belleyme, Atlas dép.) : sud-est de la Ville ; ruisseau de Lartigaut, affluent de rive gauche de la Gouaneyre ;
- moderne (XVIe-XVIIe s.) : Treytin (Belleyme) : sud-ouest de la Ville ; La Hosse (Belleyme) : au nord du bourg ;
- autres : Le Gahet (Belleyme) : nord du bourg.
Sondages archéologiques
À l’occasion de l’aménagement de l’itinéraire à grand gabarit destiné à permettre l’acheminement de l’avion Airbus A3X, un diagnostic archéologique a été réalisé par Gérard Sandoz sur le tracé de la voie de contournement est du village. En voici les conclusions :
Les sections 2 et 3 (au nord du CD 10 – de Captieux à Giscos) n’ont révélé aucune trace d’occupation humaine.
La section 1 a permis de reconnaître trois concentrations de structures très distantes les unes des autres (150 à 200 m). Les élargissements pratiqués ont tous été négatifs. Les vestiges (essentiellement des trous de poteaux) sont très arasés et impossibles à dater, excepté un groupe qui a fourni 64 tessons de céramique du Haut Moyen Âge.
Le cas de figure présenté par ces résultats rend leur interprétation des plus complexes. Ils sont extrêmement dispersés (sur plus de 400 m) et leur contemporanéité n’est pas attestée.
Bibliographie
L’archéologie girondine en 2002, dans Revue archéologique de Bordeaux, t. XCIII, année 2002, p. 27.
Dossier complémentaire : inventaire
Édifices religieux
Médaillon
En bordure du CD 124 de Captieux à Escaudes (à 1,800 km sur la gauche), on aperçoit un médaillon encastré dans le mur d’une maison du quartier de Mouchant.
Il représente une Vierge à l’Enfant. Le bras droit de la Vierge est cassé au coude ; l’enfant Jésus est décapité, un de ses bras est cassé (pierre : H. : 0,25 m). Une inscription rappelle que la statue a été trouvée à Mouchan par un berger et placée dans ce médaillon en mai 1891.
Édifices civils
Presbytère. Maison de l’Infante
Cette maison se trouvait dans la Ville, mais nous ne sommes pas encore parvenu à identifier son emplacement.
Selon l’abbé P. J. O’Reilly, elle aurait été construite sur instruction de l’intendant afin d’accueillir l’infante Marie-Thérèse, future épouse du dauphin Louis, qui passa à Captieux, le 23 janvier 1745. En fait, il s’agit de la cure où la princesse résida lors de son passage. Cette maison ne reçut à cette occasion que de bien modestes transformations : aménagement d’une cheminée, pose de tapisseries dans les appartements, de vitres aux croisées (M. Lhéritier). Elle dut aussi héberger en décembre 1748, l’infante Doña Luisa et sa fille dona Isabel qui se rendaient à Versailles (M. Lhéritier). Elle continua à servir de presbytère après la Révolution, comme l’attestent P. J. O’Reilly en 1840 et E. Guillon en 1867. En 1893, elle était occupée par les sœurs de Saint-Joseph qui y tenaient une école (E. Féret).
Bibliographie
1. O’Reilly (P. J.), Essai sur l’histoire de la ville et de l’arrondissement de Bazas, Bazas, Labarrière, 1840, p. 453-454 ; 2. Guillon (E.), Les châteaux historiques et vinicoles de la Gironde, Bordeaux, 1867, t. II, p. 460 ; 3. Féret (E.), Essai sur l’arrondissement de Bazas, Bordeaux, 1893, p. 31. Cet auteur a confondu l’infante Marie-Thérèse avec Marie-Josèphe de Saxe, seconde épouse du Dauphin ; 4. Rebsomen (A.), La Garonne et ses Affluents de la Rive Gauche de La Réole à Bordeaux, Bordeaux, 1913, p. 200 ; Lhéritier (M.), Tourny (1695-1760), 1920, t. I, p. 250-251, 255, 258-60.
Ferme de Testemale
Carte de Belleyme, n° 40 : Testemale ; Atlas départemental, n° 2 : Testemale (voir 2e partie, sites n° 7-8).
Testemale se trouve à l’extrémité méridionale de la commune, 400 m au nord de la limite avec la commune de Lencouacq, aujourd’hui à l’intérieur du camp du Poteau. Il existait en 1834 un chemin de Captieux à Testemale.
Selon B. Vigneau, une foire s’y tenait depuis 1875 environ. “On vient depuis trois ou quatre ans – il écrit en 1879 – de fonder une foire semblable à celle de Pèle-Busoc (au point de jonction des communes de Losse, Lubbon et Allons, le 16 juillet), à Testemale, chez M. Duluc, sur la limite des Landes et de la Gironde, dans le canton de Captieux. À cette foire, on trafique spécialement sur les moutons”. D’après un correspondant de F. Arnaudin, Daniel Martin, de Lerm, qui écrivait en 1885, cette foire avait été déplacée au Grand Poteau, à 4,8 km vers l’est en bordure du CD 932 (alors RN 132). Selon D. Martin, la foire de Testemale avait lieu le 18 mai ; mais selon un autre correspondant de F. Arnaudin, H. Ricard, de Sore (lettre du 27 mai 1882) la foire de Testemale se déroulait le 4 juin. Cette année-là elle fut décalée au 5 juin, le 4 étant un dimanche. Le changement de date est peut-être lié au déplacement de la foire.
Une autre foire, moins importante, se tenait, selon D. Martin, à Brousteder ou Broustedère, dans la commune de Lucmau, le jour de la Fête-Dieu. Brousteder se trouve à 7 km au sud de Lucmau, 6,5 km à l’ouest de Captieux (voir 2e partie, sites n° 7-8).
Bibliographie
B. Vigneau, Lexique du Gascon parlé dans le Bazadais, 1879, éd. par J. Boisgontier et J. B. Marquette, Bordeaux, 1982, p. 84 ; F. Arnaudin, Journal et Choses de l’ancienne Grande Lande. Œuvres complètes, Bordeaux, 2003, t. VIII, p. 840-841.
Chemins
Les anciens et le nouveau chemin de Bordeaux à Bayonne (voir 2e partie sites n° 7-8) n’étaient pas les seuls à traverser la paroisse de Captieux au XVIIIe siècle.
On relève aussi sur la Carte de Belleyme :
- le chemin venant d’Escaudes et, au-delà, de Lerm et Grignols, auquel se joignait celui qui venait de Giscos ; il s’agit des CD 124 et CD 10 ;
- le chemin de Captieux à Maillas : CD 114 ;
- le chemin de Captieux à Lucmau CD 114.
Le chemin de Captieux à Luxey par le lieu-dit Biscarosse, que l’on retrouve sur le plan cadastral de 1834, puis sur la carte d’État-Major et l’Atlas départemental. Il passait par Broustedère (dans Lucmau) et, de là, se dirigeait, en fait vers Callen, puis Sore. Il existe encore, aujourd’hui, sur le territoire de la commune et de celle de Lucmau.
En plus de ces chemins le plan cadastral de 1834 en fait apparaître un très grand nombre d’autres. La plupart reliaient des hameaux et des fermes au bourg comme ceux de Captieux à Testemale ou à La Rigade, d’autres des communes voisines comme ceux de Roquefort à Maillas ou de Lencouacq à Lucmau, d’autres enfin des quartiers entre eux. La plupart de ces chemins ont disparu en particulier ceux qui se trouvaient dans la lande qui couvrait encore au début du XIXe siècle la partie méridionale de la commune. La carte de l’Atlas départemental qui reprend la carte d’État-Major donne la géographie de ces chemins vers le milieu du XIXe siècle.
Sites industriels
Carrières
F. Jouannet et E. Féret signalent l’extraction de minerai, probablement de la garluche, sans préciser l’emplacement des gîtes.
Bibliographie
F. Jouannet, Statistique du département de la Gironde, Paris, Dupont, 1837-42, t. II, 1re partie, p. 104 ; E. Féret, Statistique…, p. 39.
Tuilerie
Plan cadastral ancien : D 1, n° 5-8. Plan cadastral moderne : AC, n° 124.
Cette tuilerie était installée sur l’emplacement de la scierie Labat.
Elle a connu une célébrité peu ordinaire car elle avait été installée au XIXe siècle sur l’ancienne motte castrale qui lui fournissait la matière première et cela jusqu’à destruction complète de la motte. Le fondateur de cette tuilerie fut le Dr Lalanne qui, ainsi que le dit E. Guillon, reconvertit le monument en tuiles pour “abriter les habitants modernes contre les orages du ciel après avoir garanti leurs aïeux contre les tempêtes terrestres”. Les fours et ateliers évoqués par ce même auteur apparaissent déjà sur le plan cadastral de 1834 (Voir 2e partie site n° 5). On peut tenir pour certain que le dessin d’une tuilerie à Captieux de Jules Tessier représente au premier plan le four (D 7) et, à l’arrière-plan sur la gauche, le petit bâtiment porté D 8 sur le plan cadastral (fig. 2).
Les “tibias et dents de mastodontes” trouvés près de l’usine de M. Lalanne, signalés par E. Féret (1893) proviennent probablement du même gisement. Ce site qu’il qualifie de “mine d’argile” aurait aussi fourni des “monnaies, haches et des restes d’éperon”, ce qui n’a rien d’étonnant puisque, nous le verrons, la tuilerie était établie à la fois sur le site de la motte qui fournissait l’argile et celui du château du XIVe siècle.
La tuilerie Lalanne, signalée par ce même auteur dans sa Statistique de 1874 à la rubrique “tuiles et briques”, fonctionnait donc encore en 1893.
La carte géologique ancienne (1.80000e, n° 204, Grignols) indique, par contre, une “mine à ciel ouvert”, et une tuilerie à l’ouest du ruisseau de Lauzilière, à hauteur de la tuilerie Lalanne. Serait-ce celle appartenant en 1874 à M. Courrègelongue (fermier Bayle) ? Peut-on l’identifier avec celle qui se trouvait en bordure du CD 114, en direction de Lucmau, à la sortie du bourg, aujourd’hui en ruine ?
Bibliographie
Féret (E.), Statistique…, p. 40. ; Rebsomen (A.), La Garonne…, p. 202.
Iconographie
Jules Tessier, “Une tuilerie à Captieux”, dessin au crayon, Bibliothèque de Bordeaux, Fonds delpit carton XLV-14. Reproduit dans B. Larrieu, Au temps de Léo Drouyn, dessinateurs, graveurs et lithographes en Bazadais méridional, L’Entre-deux-Mers et son identité, Actes du huitième colloque tenu à La Réole et Bazas les 22 et 23 septembre 2001, t. I, p. 157, fig. 34 (non identifiée).
Four à chaux
Un four à chaux est indiqué en 1888 (Atlas départemental, n° 20) à 1,2 km du bourg, à l’ouest du CD 932, en direction de Bazas, au nord du lieu-dit Bellechasse, au sud de la scierie actuelle.
Moulins
Sur la Gouaneyre :
– Moulin de Cabardos :
Bazas, n° 5-6 ; Ax : 391,850 ; Ay : 224,115 ; N.G.F. : 87 m.
Carte de Belleyme, n° 40 : moulin indiqué ; Atlas départ., n° 20 : moulin indiqué.
Plan cadastral ancien : A1, n° 358-365.
Plan cadastral moderne : A1, n° 264, 268, 271, 391, 424, 425.
Accès : prendre le CD 114, en direction de Lucmau ; à 600 m juste après la croix, prendre à gauche le chemin qui conduit à Cabardos (600 m). Ce moulin était installé sur un bras de rive gauche de la Gouaneyre.
1874 : meunier Raymond. Le moulin a été aujourd’hui aménagé en résidence.
Bibliographie
E. Féret, Statistique…, p. 40.
– Moulin de Beuil :
Bazas, n° 5-6 ; Ax : 392,725 ; Ay : 226,500 ; N.G.F. : 75 m.
Carte de Belleyme, n° 40 : moulin indiqué ; Atlas départ., n° 20 : n’est pas indiqué.
Plan cadastral ancien : B, n° 106-108 ; 11-117.
Plan cadastral moderne : A1, n° 169-176.
Accès : par le CD 932, en direction de Bazas. À 1,5 km, un chemin à gauche conduit au Beuil (750 m).
La situation de ce moulin était originale. De la gourgue établie sur la Gouaneyre partaient trois bras qui se rejoignaient en aval du moulin établi à cheval sur le bras du milieu.
– Moulin non mentionné par E. Féret en 1874 :
Moulin de Basset
Bazas, n° 5-6 ; Ax : 392,950 ; Ay : 228,425 ; N.G.F. : 70 m.
Carte de Belleyme, n° 40 : Moulin de Basset ; Atlas départ., n° 20 : Moulin de Basset.
Plan cadastral ancien : B, n° 244-246, 249.
Plan cadastral moderne : A1, n° 491, 493, 535.
Accès : par le CD 932 en direction de Bazas. À 3,5 km, à gauche (croix), un chemin conduit à Basset (1,500 km). L’ancien moulin se trouvait 200 m en amont, bifurcation à gauche.
Le moulin était établi sur le cours de la Gouaneyre.
1874 : meunier : Joret.
Bibliographie
Féret (E.), Statistique…, p. 41 ;
Iconographie
Rebsomen (A.), La Garonne…, p. 199 et fig. 163, le moulin vu de l’aval (photo Cadars).
Autres usines
Une usine de produits résineux est signalée en 1869 par E. Guillon (Les châteaux..., t. I, p. 465-466) au confluent des ruisseaux de la Ville et de l’Auzilière et par E. Féret en 1874 (Statistique…, p. 40) ainsi qu’en 1893 (Essai..., p. 32). Elle était, comme la Tuilerie, propriété de M. Lalanne.
E. Rebsomen signale une fabrique de paillons de paille (La Garonne…, p. 202).
Dossier complémentaire : incertitudes
Sites non identifiés
À l’occasion du voyage qu’il fit à Captieux, le 7 mars 1864, à la demande de la Commission des Monuments historiques du département, M. Tauzin signale l’existence de deux anciennes chapelles, l’une dédiée à saint Joseph, l’autre à saint Blaise. Nous n’avons pu identifier ni l’une ni l’autre. On peut seulement être assuré que la seconde était en relation avec le prieuré Saint-Blaise à moins qu’il ne s’agisse du prieuré lui-même.
Arch. dép. Gironde, 157 T 2 A.
Faux sites
L. Cadis avait signalé l’existence possible d’un tumulus à l’embranchement du CD 114 de Captieux à Lucmau et de la route conduisant à Callen – à l’ouest du Bourg. Il y existe bien un monticule surmonté d’une croix, mais son origine est naturelle. D’après ce que l’on sait aujourd’hui de la géographie des tumulus du Bazadais, la présence d’un tel monument à cet endroit serait d’ailleurs tout à fait surprenante.
J. B. Marquette, Richesses archéologiques du Bazadais, Les Cahiers du Bazadais, n° 4, avril 1963, p. 1.
Site n° 1 – Place de l’Église et Église ;
Cimetière et église (1834)
Repérage
Situation
a. Carte 1.25000e, Bazas, n° 5-6 (1966/1967). Ax : 392,725 ; Ay : 224,600.
b. Cartes anciennes : Carte de Cassini, n° 105 : Captieux (église) ; Carte de Belleyme, n° 40 : Captieux (église) ; Carte d’État-Major, n° 204 : (église) ; Atlas dép., 1888, n° 20 : Captieux (église).
Cadastre : 1955 : AB, n° 187 ; s. d. (début XIXe siècle) : C, n° 1, 2.
Repérage sur le terrain
a. Nature des parcelles : place publique, église.
b. Conditions d’accès : en bordure du CD 932 (ancienne RN 132) et du CD 10.
Situation administrative
Propriété communale.
Description géographique du site
a. Altitude : 95,65 m.
b. Relief : haut de versant d’un vallon très évasé.
c. Hydrographie : à 150 m sur la rive droite du ruisseau du Castaing, ou de Castagné (cadastre ancien et Atlas dép.), aujourd’hui de Lauzilière.
d. Géologie : sables fauves sur molasses de l’Armagnac (miocène. sup.) (Carte géol. XVI-39).
Identité des vestiges
a. Période : Moyen Âge, époque moderne.
b. Nature/État : église et cimetière. Église en grande partie reconstruite au XIXe siècle ; cimetière désaffecté, transformé en place publique.
Description
Répertoire des sources
Sources manuscrites (sm)
Arch. dép. Gironde : 1. O, églises ; 2. 161 T (15-3-1860) ; 3. E suppl. 1870 à 1879 (Captieux GG 1 à GG 10) : reg. bapt. mar. sép., 1638-1792 ; E suppl. 1884 (Escaudes GG 5) : 1692-1693.
Sources imprimées (si)
Bazas et son diocèse…, p. ; Ch. Edmond Perrin et J. de Font-Réaulx, Pouillés des Provinces d’Auch, Narbonne et Toulouse, Recueil des historiens de la France. Première partie, Paris, Imprimerie nationale, 1972, p. 445, 454.
Bibliographie (bibl.)
1. O’Reilly (P. J.), Essai…, p. 453 ; 2. Compte rendu des travaux de la Commission des Monuments historiques de la Gironde, 1862-63, p. 24 ; 3. Drouyn (L.), Notes archéologiques. Archives communales de Bordeaux, t. 49, p. 106 ; 4. Guillon (E.), Les Châteaux…, t. II, p. 464 ; 5. Féret (E.), Statistique…, 1874, p. 39 ; 6. Féret (E.), Essai…, p. 31 ; 7. Rebsomen (A.), La Garonne…, p. 202 ; 8. Biron (Dom R.), Précis de l’histoire religieuse des anciens diocèses de Bordeaux et de Bazas, Bordeaux, Librairie des bons livres, Imprimerie J. Bière, 1925, p. 124 ; 9. Biron (Dom R.), Guide archéologique illustré du touriste en Gironde, Bordeaux, Féret, 1928, p. 59 ; 10. Roudié (P.), L’activité artistique à Bordeaux et en Bordelais de 1453 à 1550, Bordeaux, S.O.B.O.D.I., 1975, t. I, p. 110 et t. II, p. 266 ; 11. Laroza (O.), Guide touristique, historique et archéologique de la Gironde, Bordeaux, Féret et fils, 1975, p. 116.
Plans, iconographie
1. Arch. hist. de la Gironde, t. 39, pl. XLI : J. du Viert, CAPCIOU, 1612. Vue de Captieux en 1612.
2. Bibl. de Bordeaux. Coll. Delpit, carton XLV-12. Jules Tessier, Église de Captieux, vue prise du côté du nord ; 13. Captieux. Église. Dessins au crayon. Reproduits dans B. Larrieu, Au temps de Léo Drouyn…, L’Entre-deux-Mers et son identité, p. 157, n° 31 et 31 bis.
3. Arch. communales de Captieux
a. Plan de l’état actuel de l’église de Captieux à l’échelle d’un centimètre par mètre dressé par l’architecte soussigné, à Bordeaux, le 4 mars 1864. J. Mondet : façade principale : élévation ; coupe transversale : nord-sud ; plan de l’édifice.
b. Façade latérale ; coupe longitudinale.
c. Projet de reconstruction de l’église de Captieux en conservant l’abside actuelle, dressé par l’architecte soussigné, à Bordeaux le 4 mars 1864. J. Mondet :
coupe transversale regardant la tribune ; coupe transversale sur les chapelles ; plan d’ensemble.
d. Id. : élévation de la façade ouest ; flèche : 38,5 m ;
e. Id. : coupe longitudinale ; élévation de la façade latérale.
Histoire
1369-1370 : capellanus de Caseus ; archiprêtré de Bernos (Pouillés) (si2).
XVe siècle : capellanus de Caitis Silvarum ; arch. de Bernos (Pouillés) (si2).
1711 : le recteur de Captieux ; arch. de Bernos (Virac) (si1).
XVIIIe siècle : Saint Martin de Captieux.
Fête : 11 novembre (XIXe siècle).
L’ancienne église que l’abbé O’Reilly jugeait “très simple” et E. Guillon “petite” fut en grande partie démolie pour faire place en 1867-69 à l’église actuelle. Mais le site est incontestablement plus ancien que celui du château.
Description
Cimetière
Au début du XIXe siècle, le cimetière occupait une surface correspondant à peu de chose près à la place de l’église actuelle (fig. 3). Il était délimité, à l’ouest par le CD 932 actuel, au sud par le CD 10, au nord par une rue, à l’est par un chemin. Il avait 70 m en bordure de la route de Mont-de-Marsan et 55 m de l’est à l’ouest. Mais, légèrement au nord, davantage à l’est et au sud, une partie de l’enclos du cimetière a servi d’emprise aux différentes voies qui entourent aujourd’hui la place. Comme on peut le voir sur les dessins de Tessier il y avait, près de l’angle sud-ouest, une croix dont le socle est porté sur le plan cadastral de 1834. Il existait deux avant-porches, l’un au nord-ouest, l’autre au sud-est, visibles sur ce plan et sur les dessins de J. Tessier. L’église occupait le même emplacement que l’édifice actuel.
Église
Sur le dessin de Jean du Viert représentant Captieux en 1612 (voir couverture), figure une église que l’on aperçoit entre le château au nord et la Ville au sud (fig. 3). L’édifice est identifiable par son clocher carré et la croix qui se trouve sur la toiture de l’abside. Or, nous le verrons, l’ancienne église se trouvait, comme l’église actuelle, à 200 m environ au nord-est du château. Bien que J. du Viert se soit représenté à l’ouest de la ville, il se trouvait en réalité au sud-ouest, au-delà du ruisseau de l’Auzilière, regardant vers le nordest puisqu’il a représenté assez largement la façade sud de la ville. Il se trouve alors en un point d’où l’on peut voir l’église entre le château sur la gauche et la Ville sur la droite.
Cette église était à nef unique et chevet, semble-t-il, à pans coupés ; au sud de la nef on aperçoit une chapelle formant transept, à l’ouest une tourporche, apparemment sans toit, surmontée d’un échafaudage supportant une cloche.
Grâce aux plans et élévations dressés par J. Mondet en 1864 et aux deux dessins antérieurs de J. Tessier (fig. 4a-e et 5-6), nous avons une idée précise de cette église au début du XIXe siècle. C’était un édifice de 30,10 m de long, sans le porche et 9,80 m de large, haut de 10 m, constitué d’une nef de trois travées, de deux chapelles formant transept, larges de 5,50 m au nord et 5,20 m au sud et d’un chevet avec chœur et abside pentagonale profond de 7 m. Côté sud, la nef était, à hauteur de la deuxième et de la troisième travée, flanquée d’une seconde chapelle. Il semblerait que l’on ait édifié une chapelle identique au nord, comme en témoigne l’existence d’un grand arc brisé pris dans le mur goutterot de la nef (fig. 4c, 6). Il y avait, enfin, une sacristie et un magasin de part et d’autre du chœur et un porche à l’ouest, en avant du clocher-mur, haut de 19,60 m qui couronnait la façade. Les deux dernières travées de la nef et les trois chapelles étaient voûtées de croisées d’ogives aux nervures retombant sur des culs-de-lampe (fig. 4b), le chevet d’une voûte à six branches.
Les dessins représentant les façades latérales révèlent bien le caractère composite de l’édifice (fig. 4b, c, 5, 6). La nef était, semble-t-il, la partie la plus ancienne de l’édifice : on voit encore sur les dessins de J. Tessier et de J. Mondet représentant la façade sud et la coupe longitudinale de la façade nord, deux petites fenêtres hautes en plein cintre à l’entrée de la seconde travée de la nef. Au début du XVIe siècle, c’est du moins ce que nous pensons, on dut procéder à une transformation du chevet et remplacer l’abside romane en hémicycle ou à chevet plat par un chevet pentagonal avec contreforts d’angle et voûte en étoile. Lors de la reconstruction de l’église, seule la partie inférieure de ce chevet a été conservée alors que Mondet avait initialement envisagé de l’intégrer en totalité. Ce projet fut abandonné car, dans ce cas, le chevet aurait été plus bas que la nef. On note aujourd’hui un changement dans l’appareil au niveau de la partie inférieure des baies du chœur.
C’est probablement avant 1560, et au cours du XVIIe siècle, que furent construites les chapelles latérales et entrepris le voûtement des deuxièmes et troisièmes travées de la nef, mais avec les éléments dont on dispose il est difficile d’être plus précis. Il est à peu près certain que les deux chapelles formant transept, de largeur différente, n’ont pas été construites en même temps, mais elles sont peut-être antérieures à la restauration du chevet. La chapelle sud-ouest, en revanche, ainsi que le suggère la situation du contrefort de l’angle sud-ouest du transept fut certainement l’un des derniers aménagements importants que connut cette partie de l’édifice. Le voûtement de la nef entraîna par ailleurs la construction de deux contreforts de chaque côté.
C’est au cours du XVIIe siècle que l’on procéda à la démolition de la tour-porche, visible sur le dessin de 1612 et à son remplacement par un clocher-mur percé d’un oculus et de deux baies protégées par une double bretèche (fig. 4b, c, e). Son décor permet de le dater du milieu du XVIIe siècle. Ce clocher, comme le chevet, était construit en moyen appareil. Compte tenu de la différence dans l’assiette de la tour-porche et celle du clocher-mur on procéda à l’allongement de la nef d’une travée. C’est ce que suggère en tout cas la coupe longitudinale de la façade nord dessinée par Mondet (fig. 4c) : Le toit de cette travée s’abaisse à un niveau inférieur à celui des deux travées suivantes ; d’autre part, cette travée n’est pas voûtée ce qui permettrait de dater du XVIe siècle le voûtement du reste de la nef ; enfin, la disposition des deux fenêtres qui éclairent cette travée a été définie en fonction de la présence d’une tribune adossée au mur du clocher et les portails qu’elles surmontent sont à leur aplomb. La porte du nord est absente du dessin de J. Tessier et celle du sud était précédée d’un porche. Le portail ouest possédait un vaste porche sous lequel on pénétrait logiquement par deux arcs ouverts au nord et au sud (fig. 4a, 5, 6).
L’église de Captieux présentait donc au milieu du XIXe siècle des parties remontant à l’époque romane (les murs goutterots de la nef). Mais c’est au cours de l’époque moderne qu’eurent lieu en plusieurs temps de profondes transformations : remplacement du chevet roman par un chevet pentagonal, qui rappelle celui de Bernos, construction de chapelles esquissant un transept, voûtement de la nef, puis adjonction de deux nouvelles chapelles – celle du nord détruite avant 1821 – esquissant avec les précédentes des bas-côtés. C’est après 1612 que le clocher de plan carré qui rappelle celui de Birac fut remplacé par un clocher-mur, ce qui entraîna la reprise et l’allongement de la nef.
Il fut probablement question de transformer l’église dès 1864 sinon plus tôt, car c’est de cette époque que datent les plans de l’ancien et du nouvel édifice établis par l’architecte J. Mondet. Mais ce n’est que le 16 août 1866 que le conseil municipal décida de “réparer, améliorer et agrandir” l’église. Les plans dressés par l’architecte Lafargue – ce que confirme E. Féret, en 1893 – furent approuvés en 1867, le devis s’élevant à 69.284 Francs. La démolition porta sur la quasi totalité de l’édifice. L’élévation et le voûtement du chevet, la nef, les bas-côtés, la façade ouest ainsi que le clocher datent donc des années 1867-1870, de même que les voûtes de la nef, celles des bas-côtés et des anciennes chapelles, comme l’attestent le profil des nervures des voûtes et le décor des chapiteaux de tout l’édifice. Bien que les nervures de la voûte du chevet aient un profil en amande, ce qui permettrait de les dater du début du XVIe siècle, elles retombent sur des culs-de-lampe modernes. Il est clair aussi que les piliers de l’entrée du chevet datent de la reconstruction des années 1867-1870.
Archéologie du sol
Malgré les nombreux bouleversements qu’il a connus, le terre-plein qui entoure l’église n’est pas sans intérêt archéologique. Nous ignorons quels étaient le plan et les dimensions du chevet roman. En revanche, nous savons que la façade occidentale du clocher actuel se trouve en avant de celle du clocher-mur. Depuis le XVIe siècle, le sol de l’église ne semble pas avoir été bouleversé en profondeur.
Site n° 3
Tchalot, autrefois Saint-Blaise (prieuré)
Saint-Blaise, autrefois La Rabut (fontaine)
Bien que ces deux sites soient distants de près de 750 mètres nous les avons regroupés car leur histoire paraît étroitement liée.
Repérage
Situation et origine
a. Carte 1.25000e, Bazas 5-6.
Prieuré : lieu-dit : néant. Ax : 392,425 ; Ay : 224,200.
Fontaine : lieu-dit : néant. Ax : 392,075 ; Ay : 223,600.
b. Cartes anciennes : Le prieuré et la fontaine n’apparaissent ni sur la Carte de Cassini, n° 105, ni sur celle de Belleyme, n° 40, ni sur l’Atlas départemental, n° 20.
Les lieux de Saint-Blaise et Tchalot figurent sur la Carte d’État-Major, n° 204 et XI-31 (1892) et sur l’Atlas départemental, n° 20.
Cadastre
On notera le changement de nom des lieux-dits : Saint-Blaise en 1834, devenant Tchalot en 1978 et La Rabut, en 1834, devenant Saint-Blaise, en 1978.
Prieuré :
1978 : Tchalot, D1, n° 21/786, 23, 26, 453, 575/788, 576, 604, 605, 787 ; 1834 : Saint-Blaise, D1, n° 42, 56-63.
Fontaine :
1978 : Saint-Blaise, D1, n° 57-63 ; 1834 : La Rabut, D1, n° 147.
Repérage sur le terrain
a. Nature des parcelles
Prieuré : prairie, cour, bois de chênes et de pins.
Fontaine : forêt de pins.
b. Conditions d’accès
Prieuré : De l’église, emprunter le CD 114 en direction de Lucmau. Après avoir franchi le ruisseau de Lauzilière prendre à 50 m à gauche le chemin rural n° 18 dit d’André qui, après une bifurcation à gauche, conduit au quartier de Lauzilière que l’on traverse. On continue ensuite tout droit jusqu’à une ferme isolée située sur l’emplacement présumé du prieuré. La distance du CD 114 à la ferme est de 350 m.
Fontaine : De la ferme, on peut, par un sentier, continuer vers le sud jusqu’à l’ancienne cité américaine et, en la contournant par l’ouest atteindre la piste qui la longe au sud (550 m) ; on suit ensuite cette piste vers l’ouest sur 200 m. On peut aussi, du bourg, suivre le CD 932 jusqu’à la piste (1,500 km) que l’on emprunte alors sur 300 m.
De la piste, droit vers le nord à travers la forêt de pins, on atteint en une cinquantaine de mètres le sommet d’une dune fossile (bien indiquée sur la carte au 1.25000e, cote : 104 m). Il faut alors descendre jusqu’à la partie la plus basse d’une dune en forme de croissant grossier.
Situation administrative
Propriétés privées.
Description géographique du site
a. Altitude : prieuré : 97 m ; fontaine : 95 m.
b. Relief : prieuré : terrain plat ; fontaine : creux à l’intérieur d’une dune en croissant.
c. Hydrographie : prieuré : à 50 m de la rive gauche du ruisseau de Lauzilière, autrefois de Castagné ou de Castaing ; fontaine : à 500 m du ruisseau de Restet aujourd’hui de la Loubère, à l’ouest et de celui de l’Auzilière, à l’est.
d. Géologie : prieuré : couverture sableuse ; fontaine : couverture sableuse.
Identité des vestiges
a. Période : prieuré : Moyen Âge, époque moderne ; fontaine : époque moderne.
b. Nature/État : prieuré : il ne reste aucun vestige apparent du prieuré. Vestiges enfouis probables ; fontaine : site enfoui sous la végétation basse.
Description
Répertoire des sources
Sources manuscrites
1. Arch. dép. Gironde, 157 T 2 A (7 mars 1864) ; 2. E suppl. 1871 (Captieux GG2) : 1663.
Sources imprimées
1. Bémont (Ch.), Recogniciones…, n° 250 (1274) ; 2. Pouillés…, p. 69 (1533).
Bibliographie
1. Guillon (E.), Les châteaux…, t. II, p. 464 ; 2. Féret (E.), Essai…, p. 32 ; 3. Rebsomen (A.), La Garonne…, p. 202 ; 4. Biron (Dom R.), Essai…, p. 124 ; 5. Id., Guide, p. 59 ; 6. Laroza (O.), Guide, p. 116.
Plans et documents figurés
1. Arch. hist. de la Gironde, t. 39, pl. XLI : J. du Viert. Vue de Captieux en 1612.
Histoire
Nous ne savons pratiquement rien de l’histoire du prieuré Saint-Blaise. Le prieur est mentionné pour la première fois en 1274 à l’occasion d’une reconnaissance à Maillas (prior de Caseus) (si1) puis, en 1533, dans un compte (prior Caitis Silvarum) (si2). En 1663, il est encore question du quartier et du prieur de Saint-Blaise (sm2). D’après Dom Biron qui ne cite pas ses sources, les revenus du prieuré avaient été affectés au XVIIIe siècle au séminaire de Bazas.
Historiographie
Les différents auteurs qui se sont intéressés à Saint-Blaise n’ont retenu que la fontaine de ce nom en des termes tellement laconiques qu’ils n’ont guère favorisé l’enquête de terrain.
Description
Ces auteurs font état :
- d’une chapelle dédiée à saint Blaise située “dans les forêts” (E. Guillon) ;
- d’une fontaine Saint-Blaise (E. Féret, A. Rebsomen, Dom R. Biron, O. Laroza) ;
- d’un pèlerinage, qui aurait lieu à cette fontaine (E. Féret, Dom R. Biron). Dom R. Biron, repris par O. Laroza, précise que la fontaine est visitée par les rhumatisants.
Le plan cadastral ancien, la carte d’État-Major et l’Atlas départemental indiquent un lieu-dit Saint-Blaise au sud-ouest de la Ville, sur la rive opposée du ruisseau de Castagné ou de Lauzilière (fig. 7-8). Au début du XIXe siècle, Saint-Blaise comprenait : une maison d’habitation accostée d’un jardin ; deux parcs ; une pièce de terre de 5 ha environ d’un seul tenant ; une prairie en bordure du ruisseau ; enfin, des pins au-delà du champ. Il ne subsiste aujourd’hui que la maison – probablement reconstruite –, une dépendance sur l’emplacement de l’un des parcs, tandis que les pins ont recouvert champ et prairie. Le toponyme lui-même a disparu du nouveau cadastre remplacé par celui de Tchalot. Rien ne rappelle donc plus l’existence de l’ancien prieuré.
Cependant, dans la vue de Captieux dessinée en 1612 par Jean du Viert, on voit sur la gauche de la fig. 9, au second plan, caché par un accident de terrain, un édifice au toit curieusement arrondi surmonté d’une croix. Cet édifice se trouve sur la rive gauche de l’Auzilière. Compte tenu de l’angle sous lequel Jean du Viert a dessiné Captieux il y a de très fortes chances pour que cet édifice soit le prieuré Saint-Blaise.
Archives historiques de la Gironde, t. XXXIX, Pl. XLI.
La fontaine pose pour sa part un problème de localisation. D’après le témoignage de Mme Garrabos (née à Captieux en 1900) et celui de M. Bime (né en 1915), que nous avons recueillis, il y a une quinzaine d’années, la fontaine de Saint-Blaise n’existait pas vraiment. Il s’agissait uniquement de trous creusés dans le sable au fond desquels, selon la saison, on trouve plus ou moins facilement de l’eau. Cet emplacement se trouve à 600 m à vol d’oiseau au sud-sud-ouest de Saint-Blaise. Il s’agit d’une zone basse située entre deux dunes fossiles qui se rejoignent pour constituer une sorte de croissant. Elles sont situées au nord de la piste qui longe l’ancien lotissement américain (voir accès). La bruyère et les mousses y sont particulièrement abondantes, mais on note aussi quelques touffes de saule. On distinguait encore, il y a une quinzaine d’années, des trous, les uns anciens, les autres récents, creusés par les “pèlerins” afin d’atteindre la nappe. Autrefois, un ou plusieurs de ces trous avaient leurs abords entretenus. Nos guides se souvenaient d’une croix en bois d’acacia placée à côté de la “fontaine” ainsi que du pèlerinage – ou procession – qui avait lieu le 1er février et qui se déroula jusqu’en 1945. Mais vers 1985, le site était encore fréquenté par des personnes qui, de plusieurs kilomètres à la ronde, venaient y chercher de l’eau, parfois durant la nuit ! On nous a aussi rapporté que les visiteurs jetaient des pièces de monnaie dans la fontaine en faisant un vœu et que les enfants du pays allaient ensuite les rechercher.
Or, cette version de la fontaine Saint-Blaise n’est peut-être pas la seule que l’on doive retenir. Il existe, en effet, au musée de Villandraut une statue de la Vierge à l’Enfant – aujourd’hui en dépôt au musée de Bazas –, en bois de chêne en fort mauvais état, mais que les atteintes du temps ont rendue émouvante (H. : 1,70 m). L. Cadis nous avait dit avoir rapporté cette statue du lieu de Saint-Blaise où elle se trouvait dans le creux d’un arbre. Mais nous n’avons jamais pu avoir confirmation de cette origine. Nos locuteurs nous avaient entendu parler d’une chapelle située encore plus à l’est de Saint-Blaise que ne le sont les “fontaines”, au-delà du ruisseau de Restet. Ne s’agirait-il pas de la chapelle Saint-Joseph que nous ne sommes pas parvenu à identifier ?
Site n° 4
Maison Lalanne (XIXe siècle),
Cordeliers (XVIIIe siècle)
Repérage
Situation
Carte 1.25000e, Bazas n° 5-6 (1966-1967).
Cadastre : 1978 : AC, n° 105-107 ; 1834 : D1, n° 24-27.
Repérage sur le terrain
a. Nature des parcelles : maisons.
b. Conditions d’accès : de l’église, prendre le CD 932 vers Roquefort, jusqu’à la sortie sud-ouest de la Ville.
Description géographique du site
a. Altitude : 95 m.
b. Relief : bordure d’un petit éperon.
c. Hydrographie : à 80 m de la rive droite du ruisseau de l’Auzilière.
d. Géologie : molasses de l’Armagnac.
Identité des vestiges
a. Période : époque moderne.
b. Nature/État : compte tenu des transformations que viennent de connaître les bâtiments il est difficile d’identifier des parties anciennes.
Description
Répertoire des sources
Sources manuscrites
Arch. départ. E. Suppl. 1870-1878 (Captieux GG 1-3, 9) : reg. bapt., mar., sép. : 1638-1792.
Bibliographie
1. Lecestre (L.), Abbayes, prieurés et couvents d’hommes en France. Liste générale d’après les papiers de la Commission des Réguliers, 1768, Paris, 1902, p. 77 ; 2. Lemaitre (H.), Géographie historique des établissements de l’ordre de Saint-François en Aquitaine (sud-ouest de la France), Paris, s. d, p. 37 ; 3. Féret (E.), Essai…, p. 31, 32 ; 4. Rebsomen (A.), La Garonne…, p. 202 ; 5. Biron (Dom R.), Précis…, p. 117, 124 ; 6. Peyrous (B.), Les établissements religieux, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 47, 4e trimestre 1979, p. 12-13, 26.
Histoire
Le couvent des Cordeliers de Captieux fut fondé en 1637 par la province des Observants d’Aquitaine Ancienne et rattachée à celui de La Réole réformé dès 1622. Cette fondation s’insère dans une politique d’ensemble en vue d’établir des couvents sur la route des petites Landes puisqu’en 1661 Roquefort eut aussi le sien (Bibl. n° 6, p. 12, n. 31).
La mission essentielle des frères était de desservir l’hôpital qui faisait partie intégrante du couvent dédié à saint Antoine de Padoue.
On trouve d’ailleurs mention dans les registres de catholicité de Captieux de personnes décédées à l’Hôpital (1643 ; 1673 : un pèlerin de Saint-Jacques ; 1677 : id.). Les religieux faisaient aussi office de vicaire (en 1778). Bien que la commission des réguliers ait jugé cette maison misérable, sa suppression ordonnée en 1672 ne fut pas exécutée et, en 1768, il y avait encore un religieux, et deux en principe. Mgr de Saint-Sauveur demanda son maintien et son rattachement aux Cordeliers de Bazas (Bibl. n° 6).
Description
Aucun auteur n’a parlé avec précision du couvent des Cordeliers, de telle sorte que ce n’est que par déduction et grâce à des informations recueillies auprès de la mairie de Captieux que nous avons pu le situer. Au XVIIe siècle il comprenait : un hôpital ou hospice – attesté en 1643, 1672, 1673, 1677 – à l’occasion des décès qui s’y produisent mais aussi parce que l’un des frères est qualifié de supérieur de l’hospice – en 1672, 1678 –, ainsi qu’une chapelle qualifiée d’église (6 août 1672), où l’on y ensevelit un religieux. E. Féret qui confond le couvent avec un prieuré puis une abbaye prétend qu’il se trouvait sur l’emplacement de la maison de M. Lalanne – opinion reprise par Dom R. Biron –, et qu’en arrière de cette maison et de la gendarmerie se trouvaient encore à cette époque des restes de la muraille de la ville. E. Féret parle aussi d’un souterrain qui aurait relié l’ancien château à “l’ancienne abbaye” (p. 32) mais dont l’issue n’aurait été jamais découverte. Si l’on s’en tient aux indications données par E. Féret, compte tenu de l’emplacement de l’ancienne gendarmerie, le couvent se trouvait dans la Ville, probablement à l’extrémité nord-ouest, parcelles D 1, n° 24-27 aujourd’hui AC 105-106. Ce site a été complètement bouleversé il y a peu de temps (voir 2e partie : la Ville).


