Paru dans : Les Cahiers du Bazadais, 157, 2007, 5-38.
Cette notice est un essai de recensement des sites archéologiques ou supposés tels datant des époques médiévale et moderne situés sur le territoire de la commune de Cauvignac. Tous les sites sont présentés de manière identique et comprennent des extraits des plans cadastraux, un répertoire des sources, une bibliographie, des notes concernant leur histoire et une description accompagnée d’illustrations. Mais ces fiches ne prétendent pas à l’exhaustivité : ce sont des dossiers ouverts qui attendent compléments ou révisions. D’autre part, ce recensement est largement incomplet car il devrait comporter aussi les sites incluant l’habitat vernaculaire, les champs anciens et leur parcellaire.
Nous avons fait précéder le recensement d’une présentation de l’origine et de la topographie de la commune. À notre connaissance, on n’a pas identifié sur son territoire de site daté de la Protohistoire (Âge du Fer).
Cartes de référence
Carte 1.25000e, Bazas 3-4 (1965-1966)
Carte de Belleyme, 1.43200e, n° 41. Carte de la Guyenne levée de 1762 à 1783 (fig. 1)
Carte de Cassini, 1.86400e, n° 106. Première carte générale du royaume levée de 1754 à 1789
Atlas départemental de la Gironde, Éd. Féret et fils, 1888, feuille n° 8-2 (fig. 2)
Plan cadastral ancien, 1834
Plan cadastral moderne, 1933
Présentation
Situation et origine de la commune
Le nom de la commune est d’origine gallo-latine et remonte aux IVe-VIe siècles. Il dérive de l’anthroponyme Calvinius, probablement celui d’un propriétaire et du suffixe –iacus (A. Vincent, Toponymie de la France, p. 74 ; E. Féret, Essai sur l’arrondissement de Bazas, 1893, p. 14). Il est étonnant que l’on n’ait pas trouvé sur le territoire de la commune, en particulier sur le plateau qui domine la vallée du Lisos, des vestiges d’une villa antique. En effet, la découverte d’une monnaie romaine en or hors contexte archéologique est exceptionnelle (voir site n° 1).
* Sauf mention contraire, les photographies illustrant cet article sont de Pierre Barbe.
La commune de Cauvignac avec une superficie de 551 ha est l’une des plus petites du Bazadais. Elle confronte : au nord, à celle de Sigalens (ruisseau de Laborie ou de Monclaris), à l’est, à celle de Masseilles (ruisseau de Cauvignac) ; au sud, à celle de Marions, à l’ouest, à celle de Sendets.
Elle a été constituée à partir de la paroisse de Cauvignac et de la partie nord-est de celle de Magnac, alors annexe de Lavazan, l’autre moitié de cette paroisse ayant été rattachée à celle de Marions. Un chemin servait de limite entre la paroisse de Cauvignac, d’une part, et celles de Magnac et de Sendets, de l’autre. Venant de Grignols ce chemin correspond au C.D. 10 de Grignols à Langon jusqu’au lieu-dit Le Teouley (cf. Atlas, 1888). De là, il bifurquait en direction du lieu-dit Legaou à la limite de Sendets. Son tracé correspond à celui d’un V.O. rejoignant le C.D. 24, puis à celui du C.D. 24 jusqu’au lieu-dit Labat du Luc dans Cauvignac. À cet endroit, le chemin se divisait en deux branches : l’une se dirigeait comme aujourd’hui vers Sigalens ; l’autre, allait vers Mitton, par Cailleu (Carte de Belleyme). Ainsi, la partie actuelle de la commune de Cauvignac située à l’ouest du C.D. 24 se trouvait dans la paroisse de Sendets. C’est probablement lorsque fut réalisé le nouveau tracé de la route de Grignols à Langon du lieu-dit Le Teouley à celui de Caillive que la limite des communes fut rectifiée.
Le découpage de la paroisse de Magnac entre les communes de Cauvignac et de Marions est aberrante. On ne comprend pas pour quelle raison les lieux-dits Au Sucre, Lavigne, Sarrailley et l’Espérance ont été rattachés à la commune de Marions et non à celle de Cauvignac. De la même façon, les lieux-dits Carcin, Garrache et Châteauneuf auraient dû rejoindre la commune de Lavazan.
Nous ignorons si le secteur de Queue de Loup aujourd’hui dans Cauvignac se trouvait dans la paroisse de Masseilles ou dans celle de Magnac.
Les deux paroisses de Cauvignac et Magnac dépendaient depuis le Moyen Âge de la prévôté de Bazas, depuis le XVIe siècle du présidial de cette ville pour la justice et depuis le XVIIe siècle de la subdélégation (administration générale) de Bazas. La commune a toujours fait partie du canton de Grignols.
Milieu naturel
Le territoire de la commune est découpé sur le plateau d’interfluve entre le bassin du Lisos à l’est, celui du Ciron au sud-ouest et celui de la Bassanne au nord-ouest. Il culmine à 148 m pour s’abaisser vers le sud-ouest – 133 m à Magnac – et vers le nord (131 m). En direction de l’est, les petits ruisseaux affluents du Lisos et le Lisos ont découpé des serres séparées par des vallons larges mais profonds dans les grés et calcaires du miocène et les molasses de l’Agenais. Le Lisos coule à 57 m dans une large vallée. Le plateau est couvert par les sables, graviers et galets de la très haute terrasse.
Occupation des sols
Il existe un registre d’arpentage de la paroisse de Cauvignac (Arch. dép. Gironde E suppl. 1900-CC1, – In-4°, 117 feuillets). Table des bien-tenants. Contenance totale 1157 journaux, 10 lattes, 14 escas, revenant en terre abonnée du premier degré à 665 jx, 14 lattes, 14 escas. Ce document est en dépôt aux Archives départementales de la Gironde.
Au XVIIIe siècle, les paysages de la commune actuelle sont très largement dégagés sur le plateau, mais les flancs et les fonds des vallons sont ourlés de bois de feuillus que l’on retrouve dans la paroisse de Magnac aussi bien au nord qu’au sud. Ce paysage de clairières s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui.
Si l’on en croit l’abbé P. J. O’Reilly “Ses coteaux (de Cauvignac) produisent de fort bons vins ; ils étaient célèbres autrefois. On trouve des terres fortes ; en quelques parties, le sol est léger et sablonneux ; les côtes vineuses sont au midi et reçoivent la chaleur vivifiante du soleil dans toute sa force, de là vient probablement le nom de Cauvignac” (Essai sur l’arrondissement de Bazas, 1840, p. 356). Ce passage est tout à fait caractéristique de la manière dont procède l’abbé P. J. O’Reilly. Il donne en effet comme étymologie de Cauvignac “chaudes vignes” et pour la justifier il affirme que Cauvignac produisait des vins célèbres “autrefois”. Ce n’était pas le cas en 1840 et ce ne le fut probablement jamais. E. Guillon qualifiait pour sa part les vins produits à Cauvignac de “petits, communs et faibles” (E. Guillon, Les châteaux historiques et vinicoles de la Gironde, t. IV, Bordeaux, 1870, p. 227).
En 1874, on notait pour 155 hectares de terres labourables (28 %), 90 hectares de vignes en joualles (16,3 %), 5 hectares de vignes en plein (0,9 %), 104 hectares de prés et pâtures (18,8 %), enfin 165 hectares de chênes (29,9 %) et 9 hectares de châtaigniers (1,63 %). E. Féret, Statistique générale, topographique, administrative, industrielle, commerciale, agricole, scientifique, historique, archéologique et biographique du département de la Gironde, Bordeaux, Féret et fils, 1874, t. II, p. 39.
Habitat
Apparemment il n’y eut jamais le moindre habitat à proximité immédiate des églises de Cauvignac et de Magnac.
Au : XVIIIe siècle, l’habitat se présente sous forme de fermes isolées et de petits hameaux : Goué de Piteau, Baradat, Le Brouchat, Mauriet, Labat de Bas, Le Bret, Berret, Peyrouteau, dans Cauvignac, Rios dans Magnac. Au XIXe siècle, seul Goueyt de Piteou et Magnac sont portés comme hameaux. Nous avons indiqué dans l’ordre : en italique, les lieux-dits portés sur la Carte de Belleyme ; puis, ceux qui figurent sur la carte du Conseil général de 1888, lorsque leur orthographe est différente ou bien quand ils ne figuraient pas sur la Carte de Belleyme. Les différences avec la carte IGN sont indiquées par (+) ou (-). Ce sont, du nord au sud de la commune :
Cauvignac
Tuquau, Tucaud ; Samsot, Sansot ;
Labat du Luc (dans Sendets), Labat ;
Le Gas (-) ; Duverger, Duberger (-) ;
Goue de Piteau, Goueyt de Piteou ; Baradat ; Le Brouchat, Brouchat de Haut (-), Brouchat de Bas (-) ;
Pessan, Pessant ; Mauriet ; Labat du Luc ;
Hourague, Ramond, Ramonet ; Tuilerie (1), Lavigne (-) ;
Tuilerie (2), La Tuilerie (-) ;
Berret, Bret ; Le Brun, Brun ;
Mounan ;
Peyrouteau, Peyroutéou ; Le Tapiat.
Magnac
Le Cardaire, Cardayre, Cardeyre ; Le Teouley (-) ;
Rios ; les Paysans,
Carsin ; Carcin ; Coulau ;
Lesteve, Lestève ; Queue de Loup, Cul de Loup ; Barrère (+).
Une aberration : Pitéou transformé en Piteau par Belleyme, ce qui pourrait laisser croire que ce lieu-dit a été peuplé par une famille venant du Poitou ou de Saintonge. Le Cul de Loup (Atlas) a dû être jugé indécent par les cartographes de l’IGN, mais il conviendrait de faire un récolement de ces toponymes.
Dossier complémentaire : inventaire
Édifices religieux
Croix, édifiée au croisement du C.D. 10 et du C.D. 24, du côté opposé au monument aux morts, en fonte sur piédestal en pierre, édifiée sans doute à l’occasion d’une mission.
Édifices civils
Mairie, probablement une des plus petites du département, édifiée en 1891-1892. M. Ducasse, maire. Architecte : M. Deloubes, agent-voyer de l’arrondissement de Bazas ; entrepreneur : M. Dutreuil de Gans. Construite sur un terrain de 70 m2 vendu par M. Pierre Pons, sabotier à Grignols. Prix du bâtiment : 1881 F. (AD33 20 3801). Cette commune est donc restée un siècle sans mairie. Les réunions du conseil municipal se faisaient jusque-là dans une épicerie, du moins au cours des années qui précédèrent (fig. 3).
Monument aux Morts. Sa construction fut décidée par délibération du conseil municipal du 10 septembre 1925. P. Marquette, maire. Il fut édifié au lieu-dit Lavigne sur un terrain de 16 m2 situé à l’angle du C.D. 10 et du C.D. 24., cédé par Mme J. Jean pour 206,95 F. Ulysse Dubourg, entrepreneur, proposa probablement la maquette : une colonne sur un piédestal et un triple emmarchement (3 x 3 m ; H : 4,50 m). Il se chargea de la construction (2800 F), mais la municipalité fournit les bornes, chaînes, grilles, plaques de marbres (AD33 20 3801). Ce monument a fait l’objet d’une carte postale, tirage en bleu : 2. Carte postale : CAUVIGNAC (Gironde). – Le monument aux Morts M. D. V° : Phot. M. Delboy, 39, rue de la Rousselle, Bordeaux (fig. 4).
Puits, fontaines, lavoirs
Il existe une fontaine et lavoir au quartier de Magnac au lieu-dit La Fontaine. En 1912, la municipalité loua une partie du passage d’accès à deux habitants pour 2 F et 1 F par an !
Signalons deux autres sources, une à Sansot, l’autre à Ramonet.
Chemins
Nous renvoyons au commentaire sur les limites de la paroisse et de la commune.
Sur le plan cadastral ancien et l’Atlas est porté le chemin dit de Grignols à La Réole qui part du C.D. 10 actuel non au croisement dit de Lavigne mais, plus au sud, face à un autre lieu-dit Lavigne (celui-ci dans Cauvignac) pour aboutir à Goueyt de Piteou : ce tronçon est devenu aujourd’hui un chemin rural (n° 11 de Ramonet).
Sites industriels
Carrières
De moellons, à ciel ouvert, sur la rive droite du ruisseau de Monclaris, servant de limite avec la commune de Sigalens et le long de l’un de ses affluents de cette rive (Carte géol. 1.80000e, n° 204 Grignols).
Tuileries, poteries, verreries
Il y a eu des poteries et tuileries à Cauvignac au XIXe siècle et probablement plus tôt.
Il existe, en effet, deux lieux-dits Tuilerie, situés à 350 m l’un de l’autre : le premier à 60 m du C.D. 10, à droite du chemin le raccordant au lieu-dit Goueyt de Piteou sur le C.D. 24 : Tuilerie (1) (Belleyme, cadastre ancien, section B) ; le second, à 350 m au sud de celui-ci, en bordure du C.D. 10, à droite en direction d’Auros : La Tuilerie (2) (Belleyme, cadastre ancien, section B ; Atlas dép. n° 8 (2)).
Presque en face de ce lieu-dit, mais en bordure du V.O. se dirigeant vers le lieu-dit Legaou, il existait un lieu-dit Le Teouley (Atlas). Nous nous souvenons d’une maison en mine qui se trouvait encore à cet endroit dans les années 40.
Il ne reste plus rien des deux tuileries qui pouvaient aussi bien fabriquer des pots. En effet, dans la statistique de 1860 est signalée la poterie Tessier employant deux ouvriers (A.D. 33, 6 M 1764). Cet atelier est probablement plus ancien car, en 1853, six poteries sont recensées dans le canton de Grignols (Arch. dép, 6 M 1763).
E. Féret signale de son côté, en 1874, un potier du nom de Roumazeilles (Statistique…, p. 46) ; or, dans la tradition orale, il existait un pré de Roumazeilles à droite du C.D. 10 en direction d’Auros (lieu-dit Bret, B 284), exactement à égale distance des deux lieux-dits La Tuilerie (cad. moderne)
Le souvenir de ces activités a complètement disparu.
Sites non identifiés
Site n° 1
Il s’agit de monnaies romaines, découvertes “à Cauvignac, canton de Grignols, arr. de Bazas”.
Bibliographie
Jouannet (F.), Musée d’Aquitaine, Bordeaux, 1823, t. II, p. 71-72.
Nony (D.), Monnaies d’or romaines en Gironde, dans Revue hist. de Bordeaux, 1971, p. 30.
Historiographie et description
F. Jouannet a mentionné la découverte, en 1823 ou peu de temps auparavant, mais sans préciser l’emplacement ni l’identité de l’inventeur, d’une pièce en or de Constance II (337-361) identifiée par D. Nony comme un solidus frappé à Trêves, après 353. Cette pièce de très belle qualité, “à fleur de coin”, dont “la valeur intrinsèque est de 16 l. (16 F)… a été vendue beaucoup plus”.
En voici la description donnée par F. Jouannet : “Elle présente d’un côté la tête de cet empereur (Constance II) couronnée du diadème en perles, avec la légende ordinaire : D. NN. CONSTANTIUS P. F. AUG. et, au revers, deux femmes assises soutenant un bouclier votif. L’une des figures est casquée, l’autre est coiffée d’un casque tourrelé. La première tient de la gauche une lance ou une haste dont la partie supérieure s’élève au-dessus du bouclier ; la seconde soutient de la gauche une corne d’abondance, elle a le pied droit appuyé sur une proue de navire. On lit sur le bouclier en quatre lignes : VOT. XXX. MVLT. XXXX. ; à la légende : GLORIA REIPUBLICAE ; et, à l’exergue, les deux lettres TR. La lettre, les figures, le grènetis, tout est de la plus parfaite conservation”.
M. J.-P. Bost a bien voulu faire le commentaire suivant.
“ Sou d’or de Constance II :
Avers : D(ominus) N(oster) CONSTANTIVS P(ius) F(elix) AV(gustus) : Notre Maître (l’empereur) Constance II, Pieux, Heureux, Auguste.
R/ GLORIA REI PUBLICAE : ‘La gloire de l’État romain’. Rome casquée (à gauche) et Constantinople tourelée (à droite), assises soutiennent un bouclier sur lequel est inscrit (4 lignes) : VOT(is) / XXX / MVLT(is) / XXXX : ‘félicitations pour les 30 ans de règne, et tous nos vœux pour qu’arrivent les quarante’. Rome casquée et Constantinople tourelée sont les modes de représentation conventionnels des deux capitales au IVe siècle.
À l’exergue, la marque TR désigne l’atelier monétaire impérial de Trèves qui a battu monnaie de la fin du IIIe siècle au début du Ve.
Le sou d ‘or a été créé par Constantin en 310, précisément à Trèves, au poids de 4,54 g à 100 % de fin”.
F. Jouannet signale “de la même source”, – s’agit-il de la même personne ou du même site ? – un “antonin en argent très bien conservé”. “D’un côté, c’est la tête laurée de cet empereur, et autour la légende : ANTONIUS PIVS, P. P. TR. P. COS III. (Pater Patriae Tribunitia Potestate, consul tertium). Au revers, on voit cet empereur debout appuyé de la droite sur une lance retournée et tenant de la gauche une espèce de sceptre court surmonté d’une petite boule, le pied gauche repose sur un globe. La figure est un habit militaire”.
Cette description comporte quelques erreurs que M. J.-P. Bost a bien voulu corriger. “Il faut lire à l’avers ANTONINVS AVG(ustus) PIVS P(ater) P(atriae) TR(ibunicia) P(otestate) CO(nsul) III (ter) : ‘Antonin Auguste le Pieux, Père de la Patrie, revêtu de la puissance tribunicienne, Trois fois consul’.
“Antonin a régné de 138 à 161. La puissance tribunicienne, héritée de l’ancien pouvoir des tribuns de la plèbe de l’époque républicaine, est un des pouvoirs constitutionnels qui fondent l’autorité des empereurs. Le denier est une monnaie d’argent (environ 19 à 20 mm de diamètre, environ 3,40 g à 80 % de fin sous Antonin)”.
Sites identifiés
Site n° 1 – Cauvignac, église
Repérage
Situation
a. Carte 1.25000e, Bazas, n° 3-4 (1965-1966).
b. Cartes anciennes : Carte de Cassini, n° 72 (église) ; Carte de Belleyme n° 41 : Cauvignac (église) ; Carte d’État-Major, n° 204 : Cauvignac (église) ; Atlas départemental de la Gironde dressé par le Service de la voirie départementale d’après la minute de la carte d’État-Major, Féret et fils, 1888, feuille n° 8-2.
Cadastre : 1933, A n° 215-215 bis, 216 ; 1834 : Cauvignac, A, n° 201-204.
Repérage sur le terrain
a. Nature des parcelles : église et cimetière.
b. Conditions d’accès : de Grignols, prendre le C.D. 10 en direction de Langon. À 4,750 km (monument aux morts), à un croisement, tourner à droite sur le C.D. 124 en direction de Sigalens puis, à 600 m, à un embranchement, prendre la route de droite qui conduit à l’église (1,300 km). L’église est totalement isolée.
Situation administrative
Propriété communale.
Description géographique du site
a. Altitude : 139 m.
b. Relief : sommet d’un éperon dégagé par deux ruisseaux affluents de rive gauche du Lisos (ruisseaux de Cauvignac et de Monclaris).
c. Hydrographie : à 1,500 km de la rive gauche du Lisos.
d. Géologie : sables, graviers et galets de la très haute terrasse sur grés et calcaires miocènes (Carte géol. 1.80000e, n° 204 Grignols).
Identité des vestiges
a. Période : Moyen Âge, époque moderne.
b. Nature/État : cimetière et église ; le cimetière n’a pas connu de bouleversement notable depuis le début du XIXe siècle.
Description
Répertoire des sources et bibliographie
Sources manuscrites (s. m.)
Arch. dép. Gironde : E. Suppl. 1901-1902 (Cauvignac, GG 1-2) : reg. bapt. Mar. sép., 1743-1790 ; E Suppl. 1903 (GG 3) : devis de réparation de l’église (1763). Ce document n’a pas été pour l’instant retrouvé ; E. Suppl. 1931 (Masseilles, GG 3) : reg. bapt., mar., sép., 1675-1738 ; 20 2046 Cauvignac et 20 3801 église de Sendets et son annexe de Cauvignac ; 156 T 1 (1881-1882).
Sources imprimées (s.i.)
Ch. Edmond Perrin et J. de Font-Reaulx, Pouillés… des Provinces d’Auch, Narbonne et Toulouse, Recueil des historiens de la France, Première partie, Paris, Imprimerie nationale, 1972, p. 446.
Bibliographie (Bibl.)
1. P. J. O’Reilly, Essai sur l’histoire de la ville et de l’arrondissement de Bazas, de l’imprimerie de Labarrière, rue de La Taillade, 1840, p. 356 ; 2. Guillon (E.), Les châteaux historiques et vinicoles de la Gironde, Bordeaux, t. IV, 1870, p. 227 ; 3. Féret (E.), Statistique…, p. 47 ; 4. Brutails (A.), Carnets, Arch. dép. Gironde, 3 Z 131 (25), f 40 v° ; 5. ID., Vieilles églises…, p. 201, 202, n. 7, 212 ; 6. Rebsomen (A.), La Garonne et ses affluents de la Rive Gauche de La Réole à Bordeaux, Bordeaux, 1913, p. 108 ; 7. Biron (Dom R.), Précis de l’histoire religieuse des anciens diocèses de Bordeaux et de Bazas, Bordeaux, Librairie des bons livres, Imprimerie J. Bière, 1925, p. 62 ; 8. ID., Guide archéologique illustré du touriste en Gironde, Bordeaux, Féret, 1928, p. 143, 146 ; 9. Laroza (O.), Guide touristique, historique et archéologique de la Gironde, Bordeaux, Féret et fils, 1975, p. 5 ; 10. Vie des saints et des bienheureux par les RR.PP. Bénédictins de Paris, t. XI, 17 novembre.
Plans et documents figurés (Pl. D.f)
1. Brutails (A.), Carnet (25), fol. 40 v° : plan sommaire ; 2. Rebsomen (A.), La Garonne …, fig. 90 : vue de l’ancien clocher, façade est, porche, mur sud de la nef ; 3. Carte postale, en noir, réprésentant la façade ouest du porche et du clocher (1.- Cauvignac (Gironde). L’église. M. D. V °: Phot. M. Delboy, 39, r. de la Rousselle, Bordeaux ; 5. Photographie, coll. personnelle : vue du clocher, façade est, avant travaux de reconstruction (1953).
Histoire
1369-1370 : capelllanus d’Aubinhaco ; archiprêtré de Loutrange (s.i.)
XVIIIe siècle : Saint-André, ann. du Thil (auj. cne de Masseilles) ; archiprêtré de Sadirac. (Bibl. 6).
“Petite commune desservie par le curé de Sendets” (Bibl. 1).
Fête : 14 juin (XIXe siècle) (Bibl. 2).
L’église fut officiellement érigée en chapelle de secours en 1866 ; la fabrique était commune à Sendets et Cauvignac (AD 33 2 O 3801).
Dédiée à saint André selon Dom R. Biron, l’église de Cauvignac l’est aujourd’hui à saint Aignan, sans que nous sachions à quelle époque remonte ce changement de titulature. On notera aussi (cf. infra) que la fontaine est, selon les auteurs, tantôt dédiée à saint Clair, tantôt à saint Aignan. D’autre part, la fête locale a lieu le 14 juin ou le dimanche suivant. Cette date correspond en règle générale à celle de la fête du saint titulaire de l’église ou du patron de la paroisse. La fête principale de saint Aignan, celle de sa déposition, figure au 17 novembre mais c’est le 14 juin qu’est célébrée sa translation.
La vie de saint Aignan, évêque d’Orléans, est rapportée à la fin du VIe siècle par Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs. Sous son épiscopat, la ville d’Orléans fut attaquée par les Huns conduits par Attila. Aignan demanda à plusieurs reprises aux habitants de la ville d’implorer le Seigneur pour hâter l’arrivée d’Aetius venant d’Arles, auquel Aignan était venu demander du secours. Aetius arriva enfin, accompagné du roi des Goths Théodoric et mit Attila en fuite. Aignan fut honoré comme saint peut-être dès sa mort qui eut lieu en 453. Son nom figure dans le Martyrologe hiéronymien (catalogue des martyrs et des saints des premiers siècles au VIe siècle, attribué à saint Jérôme), le 17 novembre à l’anniversaire de sa déposition et le 14 juin avec un éloge particulier : “Dans la cité d’Orléans, translation du corps de saint Aignan évêque et confesseur et libérateur de sa cité assiégée par les Huns”. Il passe ensuite dans tous les martyrologes médiévaux et sa fête fut introduite dans bon nombre de diocèses et abbayes du Bassin parisien, de Normandie et du Nord de la France, plus tardivement dans le Midi (Bibl. 10). Le titre de saint Aignan est rare aussi bien en Bordelais (Saint-Aignan, archiprêtré de Fronsac) qu’en Bazadais (Saint-Aignan, annexe des Esseintes, archiprêtré de Rimons) ; on pourrait en dire autant de saint André (Saint-André de Cubzac dans le diocèse de Bordeaux, Saint André de Lucmau et Saint André de La Couture, annexe d’Auzac dans celui de Bazas).
L’église fut restaurée une première fois en 1763 (voir description). En 1864 le conseil municipal de Cauvignac décida de procéder à une restauration de l’intérieur de l’église apparemment en assez mauvais état. À cette occasion, il décida de vendre une parcelle de terre située au lieu de Baradat (n° 263). Cette décision fut à l’origine d’un différend avec la fabrique de Sendets dont dépendait aussi l’église de Cauvignac. La parcelle dite de la Fabrique était, selon les fabriciens, jointe au presbytère de Cauvignac, non aliéné en 1793 et, de ce fait, appartenait à la fabrique qui en payait d’ailleurs les impôts. D’après une tradition locale cette terre aurait été donnée bien avant 1793 par une habitante de Cauvignac dont elle aurait été le seul bien. Après force discussions les deux parties souhaitant affecter le produit de la vente à la restauration de l’église un accord fut trouvé. Selon un devis de novembre 1864 la restauration concernait la nef, le sanctuaire et la chapelle : changement du carrelage, après démolition du lambris, aménagement d’un faux plancher et d’un plafond avec corniche, enduit des murs intérieurs “en plâtre blanc et de couleur jaune paille”, aménagement d’une marche sous la table de communion. La dépense à engager s’élevait à 1361 F. Il semble que les travaux aient été réalisés en deux temps, la première tranche ayant concerné uniquement le faux plancher et le plafond de la nef et du sanctuaire. Nous n’avons retrouvé que la facture de la seconde réalisée en 1867, d’un montant de 692,56 F. Les travaux avaient porté sur le carrelage de la nef, du sanctuaire et de la chapelle ; la chapelle : plafond, corniche, cintre et deux piliers en brique ; la tribune : plancher, escalier, trappe ; la sacristie : carrelage, enduit. Les travaux furent exécutés sous la conduite de M. Flous, architecte par l’entreprise Cadis.
La fabrique procéda de son côté à l’achat de 50 chaises et à celui d’un autel en marbre fourni par J.-M. Vardou, maître marbrier à Bazas (coût : 875 F) posé par l’entreprise Cadis qui aménagea aussi les marches en bois (135 F). Il y avait déjà un confessionnal et une chaire.
En 1886, on procéda à la reconstruction du mur du cimetière (entreprise Boissonneau à Grignols. Coût : 1129 F.). Les moellons provenaient des carrières de Sendets.
On assiste à partir de cette époque à une dégradation du clocher, comme on peut le constater comparant la photographie de 1913 qui figure dans l’ouvrage de A. Rebsomen à celle de 1953. Si Auguste Brutails avait pu accéder à la bretèche et relever l’inscription de la cloche, en 1913, pour être encore possible, la chose aurait été risquée. En 1953, il ne restait plus rien de la bretèche et certaines pierres du clocher rongées par les intempéries menaçaient de tomber. La municipalité prit alors la décision de le reconstruire. C’est M. Tissoire, architecte à Bazas, qui dessina le nouveau clocher (délibération du 10 juin 1954). Le mur du cimetière a été restauré en 1985. Vers 1990 a eu lieu une “restauration” de l’édifice marquée, entre autres, par la réfection des enduits à l’intérieur et à l’extérieur, un nouveau carrelage de l’intérieur et une coupe sombre dans le mobilier. À bien des égards au cours du demi-siècle qui vient de s’écouler l’église de Cauvignac a beaucoup souffert.
Certains pourraient s’étonner que nous ayons indu dans cette approche archéologique le cimetière. Il convient de rappeler que sa présence à proximité de l’église est aussi ancienne sinon plus que l’édifice actuel. Cette proximité a pour objet de faire participer les morts au culte célébré dans l’église. L’exhaussement du sol contre le mur sud de l’édifice nous rappelle la centaine de générations d’habitants de Cauvignac qui ont été ensevelis dans le “segrat” depuis l’an mille.
Historiographie
Cette église n’a guère retenu l’attention des historiens locaux : E. Guillon a seulement noté son isolement, E. Féret la date de la fête locale. Auguste Brutails nous a laissé de sa visite un plan sommaire assorti de quelques notes, de l’inscription de la cloche, encore accessible à cette date. Il put consulter à la mairie un devis de 1763, aujourd’hui disparu, qu’il cite à deux reprises dans son ouvrage sur les Vieilles églises de la Gironde. A. Rebsomen se contenta de signaler “le triste état de dégradation” de l’édifice que Dom R. Biron jugea “délabré”.
Description (fig. 5)
Cimetière
En 1834, le cimetière de Cauvignac avait la forme d’un rectangle de 30 m (ouest-est) sur 22 m (nord-sud). L’église en occupait l’angle nord-ouest. À l’extérieur, du côté nord, un presbytère s’appuyait à l’extrémité orientale de l’église ; il était précédé d’une pelouse à l’est, d’un jardin à l’ouest. On note, d’autre part, la présence dans la partie orientale du cimetière d’un édifice de plan carré de 4 m de côté environ dont nous ignorons la destination : porche, chapelle ou abri.
Entre 1864 et 1867, on procéda à un abaissement du niveau du cimetière au moins à proximité de l’église dont le carrelage se trouvait, 0,80 m en contrebas (O, église Sendets). Mais, ainsi qu’on peut le constater, on ne déchaussa pas les murs.
Aujourd’hui, le cimetière a été agrandi jusqu’au chemin qui le contourne par le sud et l’est et de quelques mètres en direction de l’ouest. Le bâtiment qui se trouvait dans le cimetière ainsi que le presbytère ont été démolis. Un tilleul qui se trouvait à l’extérieur du cimetière près de l’angle nord-est a été abattu en 1981. L’ancien mur de clôture a été remplacé par une clôture en plaques de ciment.
Croix : en fonte sur socle et emmarchement en pierre (XIXe siècle). En 1763, l’intendant avait demandé de restaurer la croix “près le cimetière” et de faire “une colonne d’ordre toscan”, projet, semble-t-il, resté sans lendemain.
Église
– Plan (fig. 6)
C’est un édifice à nef unique prolongée par une abside semi-circulaire, flanquée, au nord, d’une chapelle dont l’absidiole a été transformée en sacristie. On y entre par un portail ouvert à l’ouest sous un clocher-mur, précédé d’un porche. Un seul toit à deux pentes – quatre à l’est – recouvre l’édifice.
La nef (12,91 m) et l’abside qui lui font suite (4,23 m) n’ont pas la même largeur : 5,86 m de large pour la nef et 3,75 m pour l’abside. Seuls leurs murs méridionaux sont dans le prolongement l’un de l’autre, mais l’axe de la nef est décalé de plus de 2 m vers le nord par rapport à celui du chevet. Un arc surbaissé (3,87 m) ouvre sur la chapelle latérale (fig. 7). Le mur sud-est de l’abside est étayé par deux contreforts à chaperon et empattement, l’un à la limite de la nef et de l’abside, l’autre au sud-est de l’abside.
– La nef, le chœur et l’abside (fig. 8)
Les murs, le plafond, le sol
Les murs de la nef et du chevet étaient naguère blanchis à la chaux. Ils ont été recouverts d’un enduit à l’exception de celui de l’abside où l’on a laissé les moellons apparents et de la base du clocher dont le grand appareil est aujourd’hui visible. L’appareil de l’abside est constitué de moellons de divers modules, mais dans certaines parties domine un petit appareil tout à fait caractéristique dès la fin du XIe siècle (fig. 9). À l’extérieur, l’ensemble de l’édifice a reçu aussi des enduits, soit en 1954 pour le clocher, soit en 1790 pour le reste de l’édifice, mais, grâce à d’anciennes photographies et à des observations faites en 1968, nous sommes assez bien documenté sur l’état ancien des murs de l’édifice à l’extérieur (fig. 8).
La nef, le chevet et la chapelle latérale sont couverts d’un plafond en plâtre qui a fait l’objet d’une restauration.
Le sol de la nef, du chœur et de l’abside était en carreaux de Gironde (0,32 m) de couleur ocre et rouge alternés, disposés en diagonale par rapport à l’axe de l’église. Le chœur dont la limite était marquée par une marche en pierre était légèrement surélevé. La table de communion qui prenait appui sur cette marche clôturait aussi l’entrée de la chapelle. L’emmarchement et la table de communion ont disparu. Le carrelage ancien a été remplacé par un carrelage en carreaux de Gironde, disposés parallèlement à l’axe de l’édifice et unicolores.
Une porte ouverte sous un arc surbaissé dans le mur nord de l’abside donne accès à la sacristie. Dans le mur sud se trouve une crédence rectangulaire, sorte de placard, naguère fermé par une porte (fig. 10). Il en existe deux autres du même côté, plus petites, l’une presque à l’extrémité de l’abside ouverte sous un arc surbaissé, l’autre dans la nef à linteau droit (fig. 11).
Les fenêtres
Depuis les derniers travaux, on aperçoit dans l’axe de l’abside une fenêtre en plein cintre, ébrasée à l’intérieur (fig. 7) mais, à l’extérieur, elle est à linteau droit monolithe aux arêtes largement chanfreinées et aux pieds droits biens appareillés (fig. 8). Elle a été sans doute obstruée au XVIIIe siècle, lorsque fut modifié l’éclairage de la nef et de l’abside. Aujourd’hui, nef et absides sont en effet éclairées par trois fenêtres ouvertes dans le mur méridional. Celle de l’abside à linteau droit, ébrasée dans le bas à l’intérieur, en arc surbaissé au-dehors et moins large (0,80 m à l’intérieur) que celles de la nef était fermée par un simple vitrage. Les fenêtres de la nef, en arc surbaissé et pieds-droits en bel appareil, larges de 0,95 m à l’intérieur et légèrement ébrasées sont identiques ; celle de l’est possédait un vitrage blanc serti dans des plombs qui ont disparu. À l’extérieur, les trois fenêtres sont à linteau monolithe en arc surbaissé. Mais, de même que les pieds droits en pierre gélive très altérée ils sont aujourd’hui sous les crépis qui recouvrent tout le mur sud.
En 1968, ce mur avait conservé à l’extérieur son enduit ancien, mais par endroits apparaissait le parement de petits moellons irréguliers liés par un mortier de couleur rougeâtre. On y voyait deux autres fenêtres obstruées, aujourd’hui cachées sous l’enduit, mais devenues visibles à l’intérieur. La première se trouve à 3 m du clocher et 0,65 m de la fenêtre la plus à l’ouest. Sa partie inférieure se trouve 1,74 m au-dessus du sol. Large de 0,60 m, haute de 0,80 m, son encadrement inférieur monolithe n’est plus visible (fig. 12). La seconde se trouve à 1,35 m à l’ouest de la seconde fenêtre de la nef : elle est à linteau droit, un peu plus large (0,75 m) et un peu moins haute que la précédente et plus basse par rapport au sol de la nef.
Ces transformations sont consécutives à l’ordonnance de l’intendant de 1763 : “Les vitraux actuels de la nef n’aiant que quatre et cinq pouces de largeur (0,10/13 m) sur deux pieds de hauteur (0,68 m) seront fermés et l’on en ouvrira deux autres de 3 pieds de largeur à la feuillure (0,96 m) sur six pieds de hauteur (1,92 m)”. On notera qu’aucune de ces mesures ne correspond à celles que nous avons relevées tant pour les fenêtres obstruées que pour les autres.
On retrouvait à l’abside un petit appareil identique à celui du mur sud de la nef.
La tribune (fig. 6)
Adossée à la face est du clocher se trouvait une tribune soutenue par un pilier en bois. On y accédait par un escalier en bois, à droite de l’entrée, appuyé au clocher puis au mur sud de la nef. Grâce à une échelle, on pouvait se hisser jusqu’à la bretèche abritant la cloche (voir photographie dans A. Rebsomen). La tribune qui possédait une balustrade très simple a disparu lors de la dernière restauration. Il reste seulement deux corbeaux en pierre. Seul est encore visible le “trou” dans le plafond par où passent les cordes servant à sonner la cloche. Les fonts baptismaux qui se trouvaient au-dessous de la tribune, à gauche de l’entrée, étaient entourés de ce côté et de celui de la nef par une clôture en bois, disparue elle aussi.
En 1763, la nef était entourée de banquettes en pierre qui permettaient à certains paroissiens de s’asseoir. Ces banquettes avaient besoin de réparations. Elles ont disparu.
La chapelle nord (2,31 m du nord au sud ; 3,80 m de l’est à l’ouest) a été désorientée vers le nord depuis que son abside a été fermée par un mur et transformée en sacristie. Son plafond est en plâtre et le sol, carrelé naguère comme celui de la nef, a été remplacé de la même façon. Aux angles, nord-est et nord-ouest, on note la présence d’un pilastre de plan rectangulaire couronné d’une imposte qui se prolonge sur les trois murs de la chapelle. Les pilastres et l’imposte côté ouest sont apparemment en calcaire, l’imposte est en stuc.
La sacristie (3,25 m x 1,63 m) dont le bel appareil du mur (0,31/32 x 0,47/0,54 m) est toujours visible possède, à l’est, une large fenêtre (0,60 m) en plein cintre, très ébrasée à l’intérieur (1,12 m), protégée par deux barres de fer. Il s’agit de la fenêtre de l’ancienne absidiole. Si le grand appareil est très bien conservé dans la sacristie, à l’extérieur, en raison du caractère gélif de ce calcaire et de l’exposition au nord, il était extérieurement très altéré lorsqu’il a été recouvert d’un crépi.
Le clocher (fig. 13-14)
Le clocher-mur qui surmonte la façade ouest est précédé d’un vaste porche clos à toit à deux eaux avec portails au nord et au sud. En 1763, l’intendant avait demandé “d’ouvrir au midi une porte de quatre pieds de largeur (1,28 m) sur sept de hauteur (2,24 m) pour passer le dé aux jours de procession” et une autre au nord. Ce double projet ne fut pas retenu. Nous nous interrogeons d’ailleurs sur les dimensions proposées pour la porte méridionale en fonction de sa destination. En fait, on procéda en 1778 à l’aménagement d’un nouveau portail à la base du clocher. La date a été gravée sur la clef en saillie de l’arc, mais le nom de LASON, sans aucun doute celui du maître d’ouvrage a été transformé en LASOIF, lors de la dernière restauration du clocher en 1954 (fig. 13). L’ensemble du portail, encadrement et vantaux est de grande qualité : belle pierre, moulure des pieds-droits partant d’un socle et se poursuivant dans l’arc surbaissé ; clef de voûte dont la saillie se prolonge vers le bas jusqu’au trumeau des vantaux en bois de chêne. Ce trumeau se présente comme un pilastre au sommet duquel la date de 1778 a été gravée une seconde fois. L’entrée et la serrure sont celles du XVIIIe siècle. A. Brutails avait noté sous le porche la présence d’un banc aujourd’hui disparu.
L’ancien clocher-mur, sans pignon, bâti en grand appareil qui ressemble à celui de la chapelle nord mais plus grand (on a des modules de 47 x 75 cm) présentait un étrécissement dans sa largeur, au niveau de la toiture. Il était percé de deux baies en plein cintre (cloche de 1783), protégées sur la face est par un balcon en bois prenant appui sur des corbeaux en pierre et couronné d’une simple corniche et d’une croix en fer. Il a été remplacé, en 1953-1954, par un clocher en “béton-nougat” surmonté d’une croix en ciment et d’un coq. Celui-ci a disparu remplacé par un paratonnerre. Comme on peut le constater à l’arc du portail les effets récents de la foudre ont été assez graves. On notera – la chose est parfaitement visible à l’intérieur de la nef – que l’ouverture du portail (en 1778) est postérieure à la construction du clocher (fig. 14a et b).
Chronologie
A. Brutails qualifiait l’église “d’ancienne à ce qu’il m’a paru”.
L’édifice a été, selon nous, édifié en trois ou quatre fois sans compter les aménagements ultérieurs.
Le mur sud de la nef et celui de l’abside en hémicycle au parement en petit appareil sont les parties les plus anciennes et pourraient remonter au début du XIIe siècle ou même plus tôt, sans qu’il soit possible de savoir s’ils sont contemporains et, dans le cas contraire, lequel a précédé l’autre.
C’est à l’occasion de la construction de la chapelle à absidiole en bel appareil que le mur nord de la nef fut démoli et reconstruit plus au nord. Ainsi l’axe de la nef est-il décalé de 2 m vers le nord par rapport à celui du chœur. Ce qui est plus difficile à comprendre c’est la raison pour laquelle ce mur est en retrait du mur nord de la chapelle. Serait-on en présence d’un programme abandonné en cours d’exécution car jugé trop ambitieux ? Nous ne le pensons pas. La construction du mur de la nef dans le prolongement de celui de la chapelle aurait en effet porté la largeur de la nef à 8,20 m, ce qui aurait nécessité la construction de piliers et abouti à l’aménagement d’un bas-côté. Le déplacement du mur nord de la nef a néanmoins permis d’agrandir celle-ci d’une quinzaine de mètres carrés. Nous regrettons de ne pas connaître le type de moellons de ce mur. La construction d’une chapelle à absidiole dans une église aussi modeste que celle de Cauvignac conduit à s’interroger sur les motifs d’une telle initiative. Nous n’avons conservé aucun souvenir de la dédicace de l’autel : l’était-il à saint Aignan ?
L’hypothèse est plausible, ce qui pourrait rendre compte du changement ultérieur du patron de l’église, saint Aignan remplaçant saint André.
Probablement au XVIe siècle furent édifiés les contreforts du sud-est pour étayer un mur qui présentait un déversement.
Il est plus difficile de se prononcer sur la date de construction du clocher ; Nous proposerons le tout début du XVIe siècle. En 1763, l’intendant avait recommandé d’en reconstruire une partie. Mais, dans l’état antérieur à la reconstruction de 1954, il n’apparaissait aucune trace d’une reconstruction partielle de la partie supérieure. Compte tenu de l’état du clocher cent cinquante ans plus tard, on a peine à penser que dans un tel laps de temps, il ait pu autant se dégrader. D’autre part, le module de l’appareil de la partie supérieure de l’ancien clocher correspond au module de celui de la base visible dans la nef. Nous pensons donc que la recommandation de l’intendant n’eut pas de suite et que seul le portail fut entièrement refait en 1768. On distingue d’ailleurs aujourd’hui à l’intérieur de la nef la saignée faite à cette occasion dans le mur du clocher et le “bourrage” en briques au-dessus du linteau (fig. 15). Il ne fait aucun doute que le portail d’origine était moins haut et plus étroit, probablement en arc brisé.
En revanche, dans les années 1760, une porte fut ouverte au nord et au sud du porche, les fenêtres de la nef et probablement celle de l’abside furent murées et trois nouvelles fenêtres furent ouvertes. C’est probablement aussi à cette époque que, pour répondre à la demande du clergé, l’absidiole de la chapelle nord en fut détachée pour être aménagée en sacristie. C’est par souci d’économie que cette solution fut retenue. Nous nous demandons si ce ne serait pas dans ces circonstances que le titre de l’église aurait été changé car la chapelle était peut-être dédiée à saint Aignan. En 1954, enfin, la partie sommitale du clocher au-dessus du toit fut reconstruite en béton. On y inséra des moellons provenant de l’ancien clocher d’un effet décoratif aussi discutable que le coq qui surmontait naguère la croix. Quant à la base du clocher, elle fut “cimentée”.
Mobilier
Celui que l’on pouvait encore voir avant 1990 était certes modeste, mais correspondait exactement à celui des églises rurales du XIXe siècle. Il a malheureusement en grande partie disparu à l’occasion de la “restauration” de l’église. Que sont devenus la tribune, l’autel de la chapelle, la table de communion et sa grille en fonte, le confessionnal, la chaire, le chemin de croix ? Quant au plat en étain au marli festonné à décor d’armoiries encadrées de feuillages qui servait pour la quête, il a été remplacé par un autre plat de même dimension mais contemporain.
Il reste :
Appuyé au mur sud de la nef, à son ancien emplacement, un bénitier en calcaire, naguère peint, aujourd’hui décapé. Haut de 0,85 m il est composé d’un socle carré (0,38 x 0,43 m) haut de 0,47 m, supportant une cuve qui devient cylindrique, large au maximum de 0,57 m, mais se rétrécissant à 0,51 m à la partie supérieure. Le bénitier a 0,43 m de diamètre et 0,19 m de profondeur (fig. 16).
La cuve baptismale qui se trouvait sous la tribune, côté nord de la nef, a été déplacée dans la chapelle. Elle est en calcaire d’un type peu répandu. Haute de 0,80 m elle est constituée d’un pied à cinq pans inégaux larges de 0,20, 0,10, 0,15 m qui s’évase en corolle jusqu’à 0,40 m. Ce pied supporte une cuve cylindrique de 0,75 m de diamètre avec des parois de 0,10 m. Au centre se trouve un trou. Le couvercle en bois qui prenait appui à la tribune a disparu lors du déménagement (fig. 17).
Le reste du mobilier comprend :
Dans la nef, un petit lustre en cristal à six bougies et un chemin de croix ; dans l’abside, un autel en marbre (vers 1865) et un Christ ; à l’entrée de la chapelle, une lampe en métal et verre, une plaque commémorative des 21 habitants de la commune morts au champ d’Honneur (1914-1918) (fig. 18) ainsi que plusieurs statues en plâtre rappelant le décor ancien de l’église : une, à la limite de l’abside et de la chapelle censée représenter saint Aignan, saint François, une Vierge à l’enfant, un prêtre dans la chapelle, Saint Joseph, Notre-Dame de Lourdes, Jeanne d’Arc, rangées dans la grande niche de l’abside (fig. 10), une Vierge dans celle de la nef (fig. 11), le Sacré-Cœur au-dessus du bénitier, soit en tout huit statues. Leur présence à la suite de la “restauration” pourrait étonner. Leur destruction a-t-elle été perçue comme un acte sacrilège ? On doit se féliciter de leur conservation car elles témoignent d’un moment dans l’histoire du culte. Autre témoignage, celui d’un tronc pour recueillir des dons : une modeste boîte en bois, scellée près de l’entrée dans le mur sud de la nef.
Dans la sacristie est conservé un Christ polychrome du XVIIIe siècle (fig. 19). Il est inscrit à l’inventaire supplémentaire à la liste des objets mobiliers classés (arrêté du 3 juillet 2003).
Cloche
Cette cloche a été inscrite sur la liste des objets classés monuments historiques le 10 décembre 1942. Elle a fait l’objet d’une restauration en 1998. Voici la description qui nous a été communiquée par M. Jean-Bernard Faivre, architecte des bâtiments de France.
Diamètre : 66 cm : bord de 46 cm ; cloche de 14,3 (profil lourd)
Quatre lignes d’inscription au niveau du cerveau
> L’an 1783 SANCTE AndREA de CAUBIGNIAC* SR JEAN-VIGNOLLES SYNDICT FABRICIEN L’AN 1783
> JOSEPH HENRI DUMAS DE CULTURE GRAND ARCHIDIACRE VICAIRE GENERAL DE BAZAS
> ABBE DE L ABBAYE ROYALE DE FONGUILHEM PARRAIN* MARIE LAUJACQ CHARRIE EPOUSE
> D HENRI LAUJACQ AVOCAT JUGE DU MARQUIZAT DE GRIGNOLS MARRAINE *
> POULANGE F
Grande croix décorant la jupe.
> : main dirigeant le texte.
* étoile à cinq branches, décor caractéristique du fondeur ponctuant le texte.
JEAN VIGNOLLES : ce nom a été bûché certainement à la Révolution.
Battant percé au bout, ce qui laisse supposer une sonnerie par tintement. Avant la restauration de 1998 le battant était relié à la bélière par un nerf de bœuf.
Aug. Brutails avait lu “Fontguilhem” et n’avait pu lire “Marie Laujacq Charrié” ; c’est à M. Dercq qui fut naguère sacristain que l’on doit la transcription correcte de “CULTURE” et de “LAUJACQ”, faite en 1954-55.
Les Poulange étaient une famille de fondeurs bordelais du XVIIIe au XIXe siècle. C’est Pierre Poulange (1733-1811) qui est l’auteur de la cloche de Cauvignac.
Site n° 2 – Cauvignac : fontaine Saint-Clair
Repérage
Situation
a. Carte 1.25000e, Bazas, n° 3-4 (1965-1966), Zone : III ; Ax : 409, 300 ; Ay : 238, 300
b. Cartes anciennes : Carte de Cassini, n° 72 : non indiquée ; Carte de Belleyme, n° 41 : non indiquée ; Carte d’état-major, n° 204, Grignols : non indiquée ; Atlas départemental, n° 8/2 : non indiquée.
Cadastre : 1933 : C, n° 207 ; 1834 : Pessan, sans numéro.
Repérage sur le terrain
a. Nature des parcelles : sol.
b. Conditions d’accès : de l’église, prendre le chemin vicinal qui descend vers la vallée du Lisos (vers l’est). La fontaine se trouve à 125 m, à droite de la route.
Situation administrative
Propriété communale.
Description géographique du site
a. Altitude : 135 m.
b. Relief : pente d’éperon.
c. Hydrographie : à 1,400 km du Lisos rive gauche.
d. Géologie : colluvions sur grés et calcaires miocènes (Carte géol., 1.80000e, n° 204, Grignols).
Identité des vestiges
a. Période : époque moderne.
b. Nature/état : fontaine/habitacle récemment reconstruit.
Description
Bibliographie
1. Rebsomen (A.), La Garonne…, p. 108. ; 2. Biron (Dom R.), Guide, p. 62.
Histoire
Nous ignorons à quelle époque remonte le culte de saint Clair auquel, selon Dom R. Biron, cette fontaine était dédiée. Mais, selon A. Rebsomen, elle l’était à saint Aignan, dont nous avons vu qu’il était le titulaire de l’église. Traditionnellement, d’ailleurs, le jour de la fête locale, une procession va de l’église à la fontaine. D’après Dom R. Biron, ses eaux étaient utilisées pour guérir les maladies des yeux. C’est sans aucun doute pour cette raison qu’elle était dédiée à saint Clair, mais nous nous demandons si ce nom ne lui aurait pas été donné par Dom Biron. Très nombreuses, en effet, sont les fontaines dédiées à ce saint dont les eaux auraient des vertus curatives ou prophylactiques pour les yeux. D’autre part, vers 1950 les eaux passaient pour guérir les engelures.
On notera qu’il existe plusieurs saints nommés Clair dont le plus connu est un saint normand fêté le 4 novembre sur lequel “on ne sait absolument rien” (Bénédictins) et le plus proche serait mort à Lectoure (fête le 1er juin).
Description (fig. 20)
La fontaine se présentait jusqu’à ces dernières années comme un petit édifice de plan barlong, bas et couvert, reprenant manifestement des éléments anciens. Du côté est, un vantail en fer permet d’aller puiser de l’eau dans le réservoir : cette porte, ouverte sous un linteau en calcaire, est surmontée par une modeste croix en fonte. Le trop-plein passait naguère sous la route et s’écoulait dans la prairie voisine qui fait vis-à-vis (A, n° 121). Le bâti a été récemment restauré en forme de voûte de four.
Site n° 3 – Magnac : cimetière et église
Repérage
Situation
a. Carte 1.25000e, Bazas n° 3-4 (1965-1966), lieu-dit : Magnac, Zone : III ; Ax : 406, 875 ; Ay : 236, 525
b. Cartes anciennes : Carte de Cassini, n° 72 (non indiquée) ; Carte de Belleyme, n° 41 : Magnac Anxe ; Carte d’État-Major, n° 204 : Barrère ; Atlas départemental, n° 8/2 : Magnac.
Cadastre : 1933, Barrère, C, n° 246, 246 bis ; 1834 : Barrère, C, n° 430-432.
Repérage sur le terrain
a. Nature des parcelles : cimetière et église.
b. Conditions d’accès : de l’église de Cauvignac, rejoindre le C.D. 24 jusqu’au croisement avec le C.D. 10 (1,800 km), puis, emprunter cette route en direction de Grignols jusqu’au lieu-dit Le Tapiat (1,200 km) ; tourner alors à droite et suivre un chemin vicinal sur 500 m jusqu’au bas d’une légère côte ; tourner alors à gauche. Après être passé au hameau de Magnac on rejoint le lieu-dit Barrière (650 m). L’église de Magnac se trouve à une cinquantaine de mètres vers l’ouest (cul-de-sac).
Situation administrative
Propriété communale.
Description géographique du site
a. Altitude : 133 m.
b. Relief : plateau.
c. Hydrographie : à 125 m de la rive droite d’un petit ruisseau dit du Pas de Moret qui rejoint celui de Fontguilhem, affluent du Bartos (bassin du Ciron).
d. Géologie : sable des Landes (Carte géol., 1.80000e, n° 204 Grignols).
Identité des vestiges
a. Période : Moyen Âge, époque moderne.
b. Nature/État : cimetière et église. Ils n’ont pas connu de bouleversement notable depuis le début du XIXe siècle. Il n’en est pas de même de l’environnement immédiat. Il y a un demi-siècle, il était constitué de champs et de prairies ; aujourd’hui des taillis de feuillus ont tout envahi, ce qui ajoute d’ailleurs au charme du site.
Description
Répertoire des sources et bibliographie
Sources manuscrites
Arch. dép., E suppl. 1966 (Cauvignac, GG 1) : arpentage de 1671 : mention d’un chemin allant à l’église de Magnac ; 20 1046.
Sources imprimées
Pouillés…, p. 453.
Bibliographie
1. Guillon (E.), Les châteaux…, t. IV, p. 227 ; 2. Brutails (A.), Carnets, Arch. dép., 3 Z 131 (25), fol. 40 v° ; 3. Féret (E.), Essai…, p. 34 ; 4. Rebsomen (A.), La Garonne…, p. 195 ; 5. Biron (Dom R.), Précis…, p. 165.
Histoire
XVe siècle : capellanus de Lavasano et de Maignac, archiprêtré de Gajac et de Cuilleron (aujourd’hui dans Aubiac) ; arch. de Bernos (s. i.).
Selon Dom R. Biron, cette église était dédiée à saint Pierre (il y a effectivement dans l’église un tableau représentant ce saint) et dépendait au XVIIIe siècle comme au XVe de celle de Lavazan (Bibl. 5).
Autel : Il fut fourni en 1903 par M. Soucarre, curé desservant Sendets et Cauvignac, pour le prix de 40 F (Arch. dép., 2O1046). L’église venait alors d’être restaurée.
Cet édifice vient de faire l’objet de restaurations importantes : toitures, enduit de la nef et des murs latéraux du chœur, lambris de la nef refait à l’identique, portail du cimetière, assainissement de l’édifice. Celle du décor du mur et du chœur aura lieu prochainement.
Historiographie
Ce modeste édifice a fort mal inspiré la plupart des auteurs qui en ont parlé. E. Guillon déclare que cette “église fut jadis paroissiale”, ce que confirme la présence de fonts baptismaux. A. Rebsomen la qualifie “d’ancienne petite église dans un endroit solitaire”. E. Féret qui la situe dans la commune de Lavazan prétend qu’elle est en ruine (1893). A. Brutails l’a visitée mais en donne une description sommaire.
Description (fig. 21)
Cimetière
Le cimetière est situé en terrain plat en bordure d’un chemin rural. Sa clôture méridionale se trouve sur la limite entre la commune de Cauvignac et celle de Marions. De forme grossièrement quadrangulaire (33 m x 43 m), il n’a pas été modifié depuis 1835. Il est surélevé de 1 m à 1,5 m au-dessus du sol environnant, clôturé par un portail en fer encadré par deux piliers en pierre, contemporain de celui de Cauvignac.
Au début du XIXe siècle, il y avait un avant-porche, aujourd’hui disparu.
L’église (fig. 22)
L’église qui occupe le centre du cimetière est précédée à l’ouest d’un porche fermé de 3,24 m de profondeur – ouverture à l’ouest –, au sol carrelé de carreaux de 0,22 m de côté (XVIIIe s.), à toit en appentis sur corbeaux. L’église est d’une grande simplicité : une nef unique à chevet plat accostée au sud d’une sacristie.
On pénètre dans la nef par une porte ouverte sous une voussure composée de deux arcs brisés aux arêtes chanfreinées, dégagés dans l’épaisseur du mur (l. : 1,52 m) (fig. 23).
On descend dans la nef par une triple marche (0,43 m). Longue de 14 m, large de 4,45 m, carrelée de la même façon que le porche – avec léger exhaussement du chœur sur 4 m –, couverte d’un lambris en anse de panier, la nef est éclairée au nord et au sud par deux paires de fenêtres en anse de panier, très ébrasées au-dedans (l. : 1 m), à l’extérieur à linteau droit dans lequel a été inscrit un arc surbaissé dont la gorge se prolonge dans les pieds droits. À droite du chœur, on note une niche rectangulaire.
Au sud du chœur, une porte donne sur une sacristie sous charpente, carrelée comme la nef et qui possède une cheminée. Elle est éclairée à l’est par une fenêtre dont l’ouverture est protégée par une barre en fer.
À l’extérieur, lorsque la disparition des enduits le permet, on relève plusieurs types d’appareils :
- un petit appareil régulier visible en particulier à la base du mur sud du chœur (fig. 24) plus irrégulier à la base du mur nord de la nef ;
- un appareil constitué de moellons de plus gros module dans le mur sud de la nef ;
- un bel appareil aux angles du chevet ;
- un bel appareil au clocher.
Au nord, on a rajouté un contrefort à chaperon.
Les encadrements des fenêtres rectangulaires, toutes ouvertes ou reprises en même temps sont très soignés. L’encadrement est constitué par un ébrasement en forme de gorge. Il semble que l’on ait obstrué une fenêtre à l’est.
La sacristie et le porche sont bâtis en moellons et les toitures en appentis s’achèvent par une génoise.
Mobilier et décor
Il comprend :
- un bénitier en calcaire sur pied, situé sur la partie droite de la nef. En raison de l’humidité qui règne le bénitier est tombé. Il ne reste plus dans la nef que son pied, le bénitier ayant été déposé dans un angle du porche.
- une cuve baptismale octogonale sur pied à gauche dans la nef (h. : 1 m) (fig. 25).
Le mur oriental du chœur présente un décor original. Il s’agit d’un tableau et d’un décor mural (fig. 26).
Le tableau représente sur la gauche saint Pierre assis, vêtu d’une robe rouge, d’une chape bleue, deux clés suspendues à sa main gauche. Au second plan, sur une sorte de bute, un coq, auquel fait face sur la droite au sommet d’un rocher le Christ en croix. C’est une illustration du reniement de saint Pierre rapporté par les quatre Évangiles. Entre les deux une échappée s’ouvre, semble-t-il, sur la mer. Le rocher, la végétation, les nuages sont stylisés et les couleurs au nombre de trois, bleu, rouge et bistre.
De part et d’autre du tableau, on retrouve le même décor mural constitué de deux colonnes à chapiteau corinthien reposant sur un soubassement. Les deux chapiteaux proches du tableau sont surmontés d’une coupe. Entre les colonnes, au-dessus du soubassement, des urnes avec couvercles reposant sur un socle complètent le décor maladroitement peint en ocre jaune.
L’autel, en bois, a été acquis en 1903. Cet autel est surmonté d’un tabernacle de plan trapézoïdal, décoré d’un fronton ; le décor plaqué sur la porte a été arraché. Entre le tabernacle et la base du tableau on note un décor de doubles palmes en très mauvais état (fig. 27). Sur l’autel se trouve un thabor (piédestal sur lequel on pose le saint-sacrement) dont le décor naïf et maladroit est l’œuvre d’un peintre local.
Le tabernacle, l’exposition, le tableau et le décor peint ont été inscrits sur l’inventaire supplémentaire à la liste des objets mobiliers classés par arrêté du 3 juillet 2003.
Cloche : Le texte n’a pas été relevé. Elle a été fondue entre 1835 et 1845 par des saintiers lorrains, Augustin Martin et ses fils, fondeurs itinérants originaires de Brevannes dans la Haute-Marne qui ont beaucoup œuvré en Aquitaine à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. (J.-B. Faivre)
Chronologie
L’église de Magnac constitue, à notre avis, l’exemple même d’un édifice aux apparences trompeuses.
Nous sommes en effet en présence d’un édifice dont les parties les plus anciennes remontent probablement au début du XIIe siècle.
Le clocher et le portail d’entrée ont été édifiés aux environs de 1500, mais le clocher ne fut probablement pas terminé faute de moyens ou en raison du contexte de guerre qui marqua la seconde moitié du siècle. On se contenta d’un modeste pignon pour installer la cloche.
Le porche actuel a peut-être succédé à un autre plus ancien. La sacristie a été édifiée au XVIIIe siècle. Leurs toitures à génoise sont en tout cas contemporaines. On peut aussi rapporter au XVIIIe siècle le carrelage du porche et de l’église et le percement ou la restructuration des quatre fenêtres qui éclairent la nef ; la présence d’enduits au-dedans et au-dehors ne permet pas de connaître l’état plus ancien des ouvertures. Ces aménagements rappellent ceux déjà notés à l’église de Cauvignac. On ne s’est pas suffisamment intéressé à ces transformations qui traduisent une perception nouvelle de l’édifice.
C’est au début du XIXe siècle qu’on procéda au décor du mur oriental du chœur et à un nouvel enduit des murs.
Le cimetière présente une particularité qui le rapproche de celui de Sendets. Il est en effet surélevé aujourd’hui sur trois côtés de 1 m à 1,50 m. Il devait l’être aussi du côté de l’entrée. Une légère rampe permet d’accéder au seuil du porche, mais on descend ensuite dans la nef par trois marches mises en place lorsqu’on construisit le clocher. On note, d’autre part, la présence d’une dépression périphérique, creusée lorsqu’on a procédé à la création du talus qui a provoqué “l’enterrement” de l’église. À notre avis une palissade devait entourer le cimetière. Nous serions donc en présence d’un cimetière “fortifié” comme celui de Sendets, avec des moyens bien modestes. Les cimetières fortifiés sont rares en Bazadais. Cette fortification pourrait remonter au XIVe siècle.





















