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Monuments disparus du bazadais
La vallée du Beuve
(4e partie)

Paru dans : Les Cahiers du Bazadais, 165, 2009, 29-69.

Bazas (suite)

Église et cimetière Saint-Vincent de Cabouzits

Repérage

Situation

a. Carte 1.25000e, Bazas, 1639 Ouest ; Ax : 396,5 Ay : 241,250 ; Bx : 396,625 ; By : 241,450.
b. Cartes anciennes : Atlas des routes de France réalisé sur ordre de Trudaine. Seconde moitié du XVIIIe siècle (Archives nationales, F/14 bis 8458, planche 30) ; Carte de Cassini, n° 105 : St Vincent (église) ; Carte de Belleyme, n° 34 : St Vincent (église) ; Atlas départemental de la Gironde dressé par le service départemental d’après la minute de la carte d’état-major, Féret et Fils, 1888, n° 19 : 0.

Cadastre : 1978 : Saint-Vincent, B3, n° 153, 260, 261, 264, 265, 266, 270 ; 1831 : Saint-Vincent, B3, 999-1002.

Repérages sur le terrain

a. Nature des parcelles : maisons et jardins.
b. Conditions d’accès : sortir de la ville par le cours Gambetta, en direction de Langon, tourner à droite rue Arnaud de Pins et suivre cette rue puis le chemin vicinal n° 39 dit de Saint-Vincent.

Situation administrative

Propriétés privées.

L’église Saint-Vincent, le clos des Cordeliers et le Séminaire. Extrait de l’Atlas des routes de France de Trudaine.
Extrait du plan cadastral de 1831 (DAO N. Pexoto).
Extrait du plan cadastral de 1978 (DAO N. Pexoto).

Description géographique du site

a. Altitude : 95 m.
b. Relief : pente douce vers le ruisseau de Saint-Vincent.
c. Hydrographie : à 400 m de la rive droite du ruisseau de Saint-Vincent.

Identité des vestiges

a. Période : Moyen Âge.
b. Nature/État : emplacement d’une église et d’un cimetière/église détruite, cimetière disparu.

Description

Répertoire des sources et bibliographie
Sources manuscrites

Arch. dép. Gironde : E suppl. 1712-1715, Bazas GG 53-56 : Cahiers des bapt. mar. sép., de l’église de Saint Vincent de “Capbouzits” et de l’église de Saint-Hippolyte son annexe, 1617-1685 ; 1702-1792.

Sources imprimées

Grand cartulaire de La Sauve, éd. Ch. et A. Higounet, 1996, t. I, n° 685.

Bibliographie

Biron (Dom R.), Précis de l’histoire religieuse des anciens diocèses de Bordeaux et de Bazas, Bordeaux, 1925, p. 128, 130.
D’Anglade (R.), Aperçu sur l’histoire de Bazas, 1913, p. 137, n. 1, p. 175, n. 1.
Cassagne (B.), La formation et l’évolution du tissu paroissial des Landes et Graves du Bordelais (IVe-XIVe siècles), TER sous la direction de J. B. Marquette, université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 1982-1983, t. I, p. 201-205.

Histoire

Saint-Vincent de Cabouzits ou Lès-Bazas, v. p., Arch. de Cuilleron (XVIIIe s.).

La plus ancienne et une des rares mentions de l’église de Saint-Vincent date probablement du début de la seconde moitié du XIIe siècle sous l’épiscopat de Guillaume Arnaud, postérieur à 1147. Raimond del Puih se fit moine de l’église de Sainte Marie de La Sauve. À cette occasion, conjointement avec son frère Vivien il fit don d’un casal qui se trouvait entre la porte de la cité de Bazas et l’église de “Cabozits”, chargé d’un cens de trois sous annuels en faveur du prieur de Langon, le jour de l’Assomption de Notre-Dame. Les deux frères donnèrent aussi leur terre de Veirinas. Ils firent ces dons dans la main de Guillaume Arnaud, évêque de Bazas devant Bertrand prieur de La Sauve-Majeure et Guillaume Arnaud, prieur de Langon (Notre-Dame du Bourg).

La paroisse de Saint-Vincent atteignait le faubourg des Cordeliers et s’étendait probablement jusqu’aux murs de ville (rue Pallas). Un examen des itinéraires des processions devrait permettre de définir avec précision les limites de cette paroisse (GG 55).

Le culte de Vincent de Saragosse remonte au milieu du Ve siècle. Il se diffusa ensuite autour d’Agen, dans la vallée du Rhône et autour du Mans. Une carte des paroisses du diocèse de Bordeaux dédiées à Vincent révèle que plusieurs sont très proches de villae appartenant à Léonce II (av. 549-av. 574) et à Waldo-Bertechramnus (574-585), évêques de Bordeaux : Preignac, Barsac, Canéjean, Floirac, Villeneuve près Plassac, Bourg. Il est probable que le culte de Vincent se soit propagé à partir de ces villae. Mme de Maillé pensait que Léonce avait participé à l’expédition en Espagne menée par Childebert, en 541 ; le roi en avait rapporté à Paris la tunique de saint Vincent. Le futur évêque aurait pu obtenir un fragment de cette relique dont il aurait placé des morceaux sous l’autel des églises qu’il consacrait. Dans le diocèse de Bordeaux, sur la rive gauche de la Garonne, pas moins de dix paroisses ont été dédiées à Vincent. B. Cassagne estime que celles de Canéjean, Podensac, Preignac, Barsac, Noaillan et Mérignac auraient été fondées entre le milieu du VIe siècle et le milieu du VIIIe, les autres (Lacanau, LaTeste, Aureilhan, Portets) dans les dernières années du IXe siècle voire au Xe siècle.

Dans le diocèse de Bazas les églises dédiées à saint Vincent sont peu nombreuses : Lignan, Heulies (cne de Saint-Martin de Curton, cton de Casteljaloux, 47), Saint-Vincent de Pertignas (cton de Pujols-sur-Dordogne), Beaupuy (cton de Marmande, 47), Caumont (cton de Pellegrue) et Loubens (cton de La Réole), au nord de la Garonne. Compte tenu de sa situation aux portes de la cité nous pensons que Saint-Vincent de Cabouzits appartient au groupe des paroisses fondées entre le VIe et le VIIIe siècle.

Des aménagements furent apportés à l’édifice au XVIIIe siècle : une sacristie fut construite en 1733 (GG 54) ; cependant, l’édifice ne devait pas être bien entretenu puisque, en 1779, il fallut faire des réparations au “sanctuaire et à la sacristie”, “le tout menaçait une ruine prochaine”. La situation ne s’était probablement pas améliorée à la fin du XVIIIe siècle.

Inhumation d’Anne de Larufie, sous le porche, le 9 avril 1782 (GG 56). Nous ignorons à quelle date l’église et le cimetière furent vendus, probablement entre 1790 et 1800.

Le site de l’église Saint-Vincent aujourd’hui (photo Pierre Barbe).
Description

La carte de l’Atlas des routes de France nous donne une idée relativement précise de l’emplacement de l’église, mais ne nous apporte guère d’informations sur l’édifice lui-même. Il s’agissait probablement d’une église à nef unique.

Selon R. d’Anglade, l’église Saint-Vincent se trouvait près de l’ancienne gare “sur une partie du domaine de Tauzin”. Cet auteur ajoute que “des ossements trouvés à côté, dans le jardin de M. Darroman prouvent qu’il y avait là un cimetière” (p. 137). Il précise plus loin que les procès-verbaux des 2 fructidor an II, 6 fructidor an II et 7 brumaire an III confirment les indications des cartes de Belleyme et Cassini qui placent l’église Saint-Vincent non pas à La Caussade, mais à l’ouest de la gare et à l’ouest de la maison habitée par M. Darroman (en 1913) appelée le Niac. L’église n’était séparée du Niac que par un chemin et occupait avec le cimetière 1 j. 1/2.

Église et cimetière Saint Christophe de Guiron

Repérage

Situation

a. Carte 1.25000e Bazas, 1639 Ouest ; Zone III. Ax 398,825 ; Ay ; 242,4.
b. Cartes anciennes : Carte de Cassini, n° 15 : Guiron (église) ; Carte de Belleyme, n° 34 : Guiron (église) ; Carte d’État-Major, n° 192 : 0 ; Atlas départemental, 1888, n° 19 : Guiron.

Cadastre : 1978 : Guiron, CS, n° 1009 ; 1831 : C4, n° 1079-1080.

Extrait de la Carte de Belleyme n° 34.
Extrait du plan cadastral de 1831 (DAO N. Pexoto).
Extrait du plan cadastral de 1978 (DAO N. Pexoto).

Repérage sur le terrain

a. Nature des parcelles : friche.
b. Conditions d’accès : De Bazas , prendre le CD 12 en direction d’Auros, puis à 3,3 km environ tourner à droite sur le CD 110 E8 jusqu’à l’embranchement d’un chemin qui conduit, à droite, au lieu-dit Broin (2 à 300 m). L’emplacement de l’ancien cimetière et de l’église se trouve à 150 m au sud de l’ancienne ferme.

Situation administrative

Propriété privée.

Description géographique du site

a. Altitude : 95-100 m.
b. Relief : plateau, sommet d’un versant de vallon.
c. Hydrographie : à 75 m de la rive gauche d’un petit ruisseau qui en rejoint 180 m plus bas un autre qui se jette dans le ruisseau de Guiron, affluent de rive gauche du Beuve.
d. Géologie : sables, graviers de la très haute terrasse.

Identité des vestiges

a. Période : Moyen Âge, époque moderne.
b. Nature/État : cimetière et église/cimetière disparu, vestiges de l’église.

Description
Répertoire des sources et bibliographie
Sources manuscrites 

Arch. dép. Gironde, E suppl. 1697-1700 (Bazas GG, 38-41). GG 38 : reg. des baptêmes et mariages de l’église St-Christophe de Guiron et de la chapelle St-Antoine de l’hôpital de Bazas (1663-1690) ; GG 39: Cahiers des bapt., mar., sép. (1669-1703) ; GG 40 : 1719-49 ; GG 41 : 1750-1792.
Arch. comm. de Bazas : registres des délibérations : 1809.

Bibliographie
  1. Rebsomen (A.), La Garonne et ses affluents…, 1913, p. 135.
  2. Biron (Dom R.), Précis…, p. 122, 127, 130.
  3. D’Anglade (R.), Aperçu…, p. 137, n. 1.
  4. Vie des saints et des bienheureux…, t. VII, p. 613.
  5. Cassagne (B.), La formation du réseau paroissial…, t. I, p. 218-219.
Histoire

Saint Christophe de Guirons ou plutôt Guiron, v. p., Arch. de Cuilleron.

Desservant à la nomination du chapitre cathédral (XVIIIe s.).

Les églises dédiées à saint Christophe sont peu nombreuses en Bazadais : Trazits (cne de Gajac), Romestaing, Esquerdes (cne de Guérin, cton de Bouglon), Courpiac (cton de Targon), annexe de Jugazan, Le Puch (cton de Sauveterre), dans le même archiprêtré, Caudrot. Citons aussi Léogeats dans le diocèse de Bordeaux.

La légende du bon géant converti par un ermite au christianisme est bien connue. Ayant retenu que le Christ apprécie les hommes d’après leur bonté pour le prochain il se fait passeur de fleuve. Un jour, un petit enfant lui demande son aide. Il le prend sur l’épaule et entre dans l’eau. Mais ce gamin pèse autant que le monde. Christophe s’appuie sur un bâton pour franchir la rivière et lorsqu’il dépose l’enfant, celui-ci lui dit “Tu as eu sur toi plus que le monde entier, tu as eu son créateur. Je suis le Christ que tu sers”. Plus tard le martyre fut le pourboire du bon géant. Si on voit saint Christophe on est garanti de tout malheur pour la journée. On ne s’étonnera donc pas du grand nombre de représentations de la scène. C’est l’image de Christophe “porteur du Christ enfant” qui a sans doute inspiré la légende.

Le choix de saint Christophe, protecteur des gués et des ponts, comme titre de l’église de Saint-Christoly de Castillon est sans doute à mettre en relation avec la présence à Castillon d’un port où débarquaient les pèlerins venant de Talmont. Ils rejoignaient ensuite Bordeaux par la route du Médoc avant de repartir vers Saint-Jacques.

L’église de Guiron se trouvait sur un autre itinéraire suivi par les pèlerins allant ou revenant de Saint-Jacques-de-Compostelle, reliant Bazas à La Réole par Savignac et Pondaurat : le 10 août 1667, on y inhuma “un individu revenant du voyage de Saint-Jacques en Galice” (GG 39) ; le 27 janvier 1751, Sébastien Mor, pèlerin allemand (GG 41).

Bien qu’il n’y eût pas de gué à traverser à proximité de l’église de Guiron, il était rassurant pour un pèlerin de trouver sur son chemin une église où se trouvait une représentation de saint Christophe. Un regard et la sécurité du voyage était acquise pour la journée. La dédicace de l’église de Guiron à saint Christophe est donc à mettre en relation avec sa situation sur un chemin de Saint-Jacques. La paroisse ne doit pas remonter au-delà du XIe siècle.

Sont mentionnées dans le dernier registre des sépultures celles de plusieurs desservants de la paroisse de Guirons et de la chapelle Saint-Antoine : Félix Labat, docteur en théologie (27 janvier 1751), Étienne Casemajour (16 novembre 1770), Jean Larrouy (15 septembre 1781) et Jacques Mullot, chanoine, secrétaire de l’évêque (11 janvier 1789).

Bénédiction d’une cloche en 1670 (GG 38).

Réparations diverses à l’église pour 61 livres, le 15 septembre 1720 (GG 40).

Le 14 mai 1809, la municipalité décide la mise en vente de l’église – qui menace ruine – et du cimetière. Le produit de la vente est destiné à la fabrique de l’église Saint-Jean.

Le site de Guiron aujourd’hui (photo Pierre Barbe).
Description

L’emplacement du cimetière et de l’église correspond à une parcelle pentagonale d’environ 50 m de long (du nord au sud) pour 37 m de large qui se trouve aujourd’hui au milieu des prairies situées au sud de l’ancienne ferme de Broin. En 1831, on n’y accédait déjà plus par un chemin. À cette époque d’ailleurs seule la moitié occidentale de la parcelle est dessinée. À un emplacement qui correspond à peu près au centre de la parcelle actuelle figure en 1831 un bâtiment de forme rectangulaire (15 m x 6 m) qui pourrait bien être l’ancienne église dont l’orientation est nord-ouest/sud est. En 1913, il ne restait plus de l’église qu’un pan de mur orné d’un superbe bouquet de lierre (Bibl. n° 1). Ce pan de mur – du moins la base – existe toujours.

Église et cimetière Saint-Hippolyte

Repérage

Situation

a. Cartes : 1. 25000e Langon, 1638 Ouest. Lieu-dit : Saint-Hippolyte. Zone III. Ax : 396,300 ; Ay : 3244,050.
b. Cartes anciennes : Atlas des routes de France de Trudaine : Arch. Nationales, F/14 bis 8458, pl. 30 : St Hipolite ; Carte de Cassini, n° 105 : St Hippolite (église en ruine) ; Carte de Belleyme, n° 34 : St Hippolite (église en ruine) ; Carte d’état-major, n° 192 : St Hypolite ; Atlas départemental de la Gironde dressé par le service de la voirie départementale d’après la minute de la carte d’état-major, Féret et Fils, 1888 : n° 19 : Saint-Hippolyte .

Cadastre : 1978 : Pasquillon, B1, n° 194-195 ; 1831 : Pasquillon, B1, n° 196-199.

Extrait de l’Atlas des routes de France de Trudaine.
Extrait du plan cadastral de 1831 (DAO N. Pexoto).
xtrait du plan cadastral de 1978 (DAO N. Pexoto).

Repérage sur le terrain

a. Nature des parcelles : prairie, champ, jardin, maison.
b. Conditions d’accès : de Bazas, prendre le CD 932 en direction de Langon. À 5,250 km environ (200 m avant la bifurcation en direction d’Aubiac), sur la droite, prendre la voie rurale n° 48 (St-Hippolyte) que l’on suit sur 500 m environ puis, prendre à gauche (Siran) la voie rurale qui se dirige vers le nord jusqu’au lieu-dit Rupet où l’on prend à gauche un chemin rural qui conduit en 500 m à Saint-Hippolyte. On notera qu’il y a vingt ans, on accédait à Saint-Hippolyte en prenant à droite, 250 m après la tournée d’Aubiac, au lieu-dit Boudey un chemin rural qui conduisait directement à Saint-Hippolyte, distant de 400 m de la N524. En raison de l’implantation de l’autoroute A65 ces itinéraires ne présentent plus qu’un intérêt historique.

Situation administrative

Propriété privée.

Description géographique du site

a. Altitude : 116 m.
b. Relief : plateau.
c. Hydrographie : À 125 m au sud, vallon d’un ruisseau qui va se jeter dans celui de la Carpouleyre, affluent de rive gauche du Beuve. On se trouve à la limite des bassins-versants du Beuve et du Brion, zone sur laquelle était établi le chemin de Bazas à Langon dont le tracé rectifié a été repris par la nouvelle route du XVIIIe siècle.
d. Géologie : sables argileux et graviers de la très haute terrasse (Carte géologique 1. 50000e Langon).

Identité des vestiges

a. Période : Antiquité, Moyen Âge, époque moderne.
b. Nature/État : Établissement antique (villa) ; église et cimetière/vestiges de la villa reconnus en 2008 ; cimetière disparu ; vestiges probables de l’église.

Description

Répertoire des sources et bibliographie
Sources manuscrites 

Arch. dép. Gironde, E suppl. 1712-1715, Bazas GG 53-56. Cahiers des bapt., mar., sép. de Saint-Vincent de Capbouzits et de Saint-Hippolyte, son annexe, 1617-1792.

Sources imprimées 
  1. Dupuy (J. G.), In Chronicon Vazatense praefatio, dans Archives historiques de la Gironde, t. XV, p. 6, 13.
  2. Marion (M.), Benzacar (J.), Documents relatifs à la vente des biens nationaux, t. II, p. 11.
Bibliographie 
  1. O’Reilly (P. J.), Essai sur l’histoire de la ville et de l’arrondissement de Bazas, Bazas, 1840, p. 26.
  2. D’Anglade (J. R.), Aperçu sur l’histoire de Bazas, 1913, p. 5, n. 1 ; p. 137, n. 1.
  3. Biron (Dom R.), Précis de l’histoire religieuse des anciens diocèses de Bordeaux et de Bazas, Bordeaux, 1925, p. 127, 130.
  4. Vie des saints et des bienheureux…, t. VIII, août, p. 219.
  5. Marquette (J. B.), Richesses archéologiques du Bazadais, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 14, mai 1968, p. 2-3.
  6. Cassagne (B.), La formation du réseau paroissial…, t. I, p. 209-210.
Histoire

Bien qu’elle ait été reconnue comme une annexe jusqu’en 1792, l’église était probablement dans un état assez misérable : en effet, dès 1766 (GG 56) “depuis des années” elle était “dépourvue de tout”. La situation n’avait pas changé en 1769 : l’église étant interdite, le curé, à l’occasion de processions, dut dire la messe à Saint-Vincent. Elle est portée en ruine sur les cartes de Cassini et de Belleyme. Le cimetière et le terrain de l’église ainsi que les matériaux de l’église furent vendus respectivement 1725 F et 1925 F le 9 pluviose an III (28 janvier 1795) (S. impr. 2).

Description
L’église et le cimetière

L’emplacement précis du cimetière et de l’église n’apparaît pas sur le plus ancien plan cadastral conservé de la commune de Bazas (1831).

Au terme de l’enquête que nous avons menée sur place, vers 1985, auprès de M. Lagardère, habitant au lieu-dit Pasquillon, le cimetière et l’église se trouvaient sur les parcelles B1 n° 194, 195, aujourd’hui 1448 (ancien cadastre B1, n° 196-199).

Sur le plan de 1831 les anciennes parcelles n° 196-199 dessinent un rectangle de 38 m (nord-sud) sur 35 m (est-ouest), qui occupe l’angle nord-est de la jonction du chemin rural n° 31, dit de Catalan, orienté nord-sud aujourd’hui désaffecté et de la voie communale n° 50 dite du Volant, orientée est-ouest. Sur le plan cadastral, elles sont rapportées au lieu-dit Pasquillon. En voici le détail :

  • n° 196 : pâture : 6,60 a.
  • n° 197 : sol : 0,70 a. Il s’agit de la maison Lagardère.
  • n° 198 : joualle : 1,35 a.
  • n° 199 : joualle : 4,05 a.

La parcelle n° 201, qui enveloppe au nord et à l’est le rectangle formé par les parcelles n° 196-199 délimite avec les deux chemins situés à l’ouest et au sud ce que nous pensons avoir été l’enclos ecclésial originel de 12,7 ares.

Sur l’état de sections de 1831 les parcelles n° 196-199 sont dites à Saint-Hippolyte et les parcelles n° 200 à 203 qui leur font suite vers le nord-est sont rapportées au lieu-dit Pièce de l’église.

Sur le plan cadastral actuel et sur la matrice, les parcelles n° 1448 et 1460 correspondant aux numéros anciens 196-199 sont dites À Pasquillon-Ouest.

L’examen du plan de la maison de M. Lagardère permet de faire d’intéressantes remarques. Une fois éliminés les aménagements apportés à l’édifice en 1997 (construction d’une galerie à l’est et d’un nouvel appartement au nord), on retrouve sans difficulté le plan ancien de cette maison tel qu’il apparaît sur le plan cadastral de 1831. Il s’agit d’un édifice de plan barlong orienté nord-ouest/sud-est, de 12,50 m sur 7,50 m. À une date indéterminée, dans le courant du XIXe siècle on ajouta, au nord-est, un appendice de plan carré de 4 m de côté environ. L’enlèvement des enduits sur les faces externes des murs sud et est de l’édifice révèle, tout d’abord, sur la face est la présence de deux types d’appareils. Le premier, à l’extrémité nord, est fait de moellons en amande en calcaire de couleur tirant sur le jaune disposés assez régulièrement. Cet appareil est celui de l’appendice. Le second, que l’on retrouve sur la façade sud, est fait de moellons de moyen ou de petit module, en calcaire ou en meulière, parfois rubéfiés disposés en strates irrégulières avec des éléments plus importants et des fragments de brique. Cet appareil ne présentant rien de caractéristique, il est difficile de le dater. D’autre part, si le mur sud à une largeur de 0,60 m environ, par contre, le mur nord dans sa partie orientale a une épaisseur de 0,90 m environ. On note, enfin, à mi-hauteur du mur oriental la base de deux ouvertures de forme carrée ou rectangulaire d’époques différentes ; l’angle biseauté d’un pied-droit autorise à le dater du XVIIe siècle au moins.

Emplacement de l’église Saint-Hippolyte, aujourd’hui Maison Lagardère façades est (à droite) et sud (photo Pierre Barbe).

Compte tenu de son orientation, de ses dimensions, de la nature de ses murs, ce bâtiment pourrait bien être un vestige sinon de l’église de Saint-Hippolyte du moins de bâtiments qui lui étaient contigus, ce que suggèrent les traces d’ouvertures. Il est possible que l’église se soit trouvée sur la parcelle n° 198.

En travaillant la terre du jardin situé au sud-est de la maison M. Lagardère a trouvé des moellons et des ossements. D’autres ossements ont été mis au jour le long d’une clôture située à l’est de la maison. Dans la collection d’objets divers légués à la commune par R. d’Anglade, figure un lot de pièces de monnaies conservées au musée de Bazas qui auraient été trouvées à Saint-Hippolyte. Elles sont en cours d’étude. Selon une tradition locale rapportée par R. d’Anglade, le cimetière de Saint-Hippolyte était le cimetière des étrangers, ce qui n’est que partiellement exact. En raison de la situation de ce cimetière par rapport à la route de Langon à Bazas la chose est vraisemblable.

Établissement antique

Si nous avons poussé l’enquête pour connaître de manière précise l’emplacement de l’ancien cimetière de Saint-Hippolyte c’est parce qu’elle n’intéresse pas seulement le Moyen Âge. En effet, si l’on en croit le chanoine J. G. Dupuy, auteur de la préface de la Chronique de Bazas qui écrivait dans les toutes premières années du XVIIe siècle, on aurait fait dans ce cimetière des découvertes assez remarquables :

Eversere similes ruinæ in parrochia Sancti Hippoliti ex quibus eruta pavimenta tessellata et eductæ columnæ marmoreæ quæ in cimiterio ejusdem sedis sacræ ereptæ, unde non fuisse suspicor templum aliquod vetus. Ad hæc nostra tempestate effosa sunt quædam sepulchra marmorea, gemina nonnulla ex illis, ut uxor una cum marito includeretur, in quibus inerat vetus moneta”.

“On a trouvé des ruines semblables dans la paroisse de Saint-Hippolyte. On a retiré du cimetière de cette église où se trouvait sans aucun doute un temple antique, des pavements en mosaïque et des colonnes en marbre. De nos jours, on a découvert des sarcophages en marbre dont certains jumeaux destinés à recevoir le corps du mari et de son épouse et dans lesquels étaient contenues des monnaies anciennes”.

On peut donc considérer qu’il y avait encore à Saint-Hippolyte au début du XVIIe siècle, sinon des ruines, du moins des fondations importantes et des éléments architecturaux ayant appartenu à un ou à plusieurs édifices antiques. J. G. Dupuy revient d’ailleurs sur les fondations à propos du site de Casseuil :

Fundamenta murorum… in parrochia de Casseuilh ubi sæpius reperta vetus moneta : item in parrochiis Sancti Cosmæ et Sancti Hypoliti, urbi Vasati vicinis.

L’abbé P. J. O’Reilly qui signale les mosaïques et les sarcophages a cru bon de couronner les colonnes de “chapiteaux habilement sculptés des ordres corinthiens et ioniques”. Il ne reste apparemment rien des mosaïques et des sarcophages, mais nous nous demandons si les deux éléments de colonne en marbre naguère conservés dans la salle du conseil municipal de Bazas déposés aujourd’hui au Musée ne proviendraient pas de Saint-Hippolyte et non de Tontoulon comme l’affirme E. Féret, du moins pour l’un d’entre eux. D’autre part, le Dr Soubiran se souvenait d’avoir vu – mais il n’avait pu nous indiquer exactement où –, dans une maison du quartier de Saint-Hippolyte un évier en marbre.

Aucune découverte ne semble avoir été faite au cours des deux derniers siècles. Le Dr Soubiran possédait des monnaies romaines provenant, nous avait-il dit, de Saint Hippolyte.

M. Darcos qui résidait à Pasquillon en 1985 et qui avait exploité un chemin situé au sud de l’emplacement présumé du cimetière, lieu-dit Saint-Hypolite, aurait trouvé des moellons en grande quantité. Il est donc vraisemblable que l’établissement antique s’étendait dans cette direction.

Au cours des fouilles qui se sont déroulées durant l’été 2008 sur le tracé de l’autoroute A65 à l’est de la maison Lagardère, les vestiges d’une partie de cette villa ont été reconnus. Les résultats de ces fouilles seront présentés dans un prochain numéro des Cahiers.

Réflexions sur les origines de la paroisse Saint-Hippolyte

L’implantation d’une église sur les ruines d’une villa n’a rien d’exceptionnel : c’est le cas des églises de Saint Vincent de Marimbault et de Saint Pierre-ès-liens de Préchac dans le bassin voisin du Ciron, de Saint-Loubert près Castets-en-Dorthe, Saint Saturnin de Toulenne ou Saint Vincent de Podensac sur les bords de la Garonne. Le titre d’une église constitue, d’autre part, une donnée importante pour apprécier l’ancienneté de sa fondation.

Qu’en est-il dans le cas de Saint-Hippolyte, un “saint protée” selon les Bénédictins ? Le seul Hippolyte que l’on puisse, d’après eux, considérer comme authentique serait un prêtre romain qui vivait au début du IIIe siècle, auteur présumé de la Tradition apostolique. Après s’être opposé au pape Calixte (221-227), il fut, en 235, sous Maximin, exilé en Sardaigne avec le pape Pontien (233-238). Lorsque leurs corps furent ramenés à Rome, ils furent honorés comme ceux de martyrs. Le corps d’Hippolyte fut déposé en bordure de la voie Tiburtienne, son tombeau fut l’objet d’un pèlerinage et sa fête fixée au 13 août. Au IVe s. le pape Damase (366-384) composa même une inscription en son honneur, puis, Hippolyte tomba dans l’oubli.

Mais le nom allait connaître un regain de popularité lorsque dans les Actes de Saint Laurent, un ouvrage du Ve siècle sans valeur historique, il fut associé au martyre de saint Laurent dont il aurait été le gardien. La chose peut se comprendre dans la mesure ou Laurent, martyr en 258, aurait été lui aussi enseveli en bordure de la voie tiburtienne (fête le 10 août).

Dernier élément à apporter à ce dossier, la donation des reliques d’Hippolyte par le pape Constantin Ier (708-715) à Fulrad, abbé de Saint-Denis (713), qui édifia en l’honneur du saint dans l’un de ses domaines proche d’Orschwiller en Alsace un prieuré qui prit le nom de Saint-Hippolyte. Fulrad transporta ensuite les reliques du saint à Saint-Denis, ce qui aurait contribué à la propagation de son culte.

À partir de telles données il n’est pas facile de proposer une date même approximative pour la fondation d’une paroisse dédiée à Hippolyte.

Rappelons, tout d’abord, que l’église de Saint-Hippolyte est la seule dédiée à ce saint dans le diocèse de Bazas et il n’y en a que deux dans celui de Bordeaux : Arbanats et Saint-Hippolyte dans le canton de Castillon-la-Bataille. Or, ces deux paroisses jouxtent une paroisse dédiée à saint Laurent. Arbanats, celle d’Illats et Saint-Hippolyte celle de Saint-Laurent des Combes. On ne sait si c’est par le fait du hasard ou s’il s’agit de la transcription géographique de la relation entre Laurent et Hippolyte, rapportée par les Actes de Saint Laurent. Dans le cas d’Arbanats dont la fête était au XVIIIe siècle célébrée le 10 août, le jour de celle de saint Laurent, l’hypothèse peut être retenue et B. Cassagne a proposé le VIIe s. pour la date de fondation de cette paroisse. M. Aubrun a reconnu de son côté dans le diocèse de Limoges des paroisses dédiées à Hippolyte datant de l’époque mérovingienne.

Qu’en est-il de celle de Saint-Hippolyte en Bazadais ? On notera, tout d’abord, que cette paroisse est minuscule par rapport à toutes celles qui l’entourent à l’exception de celle d’Aubiac qui présente la particularité d’inclure au XVIIIe siècle l’église de Saint-Pierre de Cuilleron, siège d’un archiprêtré et probablement celui d’une ancienne paroisse matrice. Bien qu’elle n’en soit pas éloignée Saint-Hippolyte a fort bien pu jouer le même rôle. Si l’on se penche en effet sur les paroisses qui l’entourent, on peut en effet avancer en fonction du titre de l’église les dates de fondation suivantes : VI-VIIe siècle, Saint-Vincent de Bazas ; VIIe ou VIIIe siècle, Saint Léger d’Aubiac, Saint Romain de Tontoulon, Saint Martin de Cazats ; XIe siècle Notre-Dame de Mazères, Notre-Dame de Coimères, Saint Christophe de Guiron. Il convient dans ce cas de proposer une date plus ancienne pour la fondation de la paroisse de Saint-Hippolyte. La présence d’une villa et des découvertes faites récemment datées provisoirement du début du VIIe siècle peuvent être avancées à l’appui de cette hypothèse. Si on ne la retient pas Saint-Hippolyte aurait été fondée au VIIIe siècle, au moment du transfert des reliques à Saint-Denis.

Église et cimetière Saint Romain de Tontoulon

Repérage

Situation

a. Carte 1.25000e, Bazas, 1638 Ouest. Lieu-dit : Capitaine. Ax : 395,750 ; Ay : 242,525.
b. Cartes anciennes : Carte de Cassini, n° 105 : Tontoulon (église) ; Carte de Belleyme, n° 34 : Tontoulon (église) ; Carte d’État-Major, n° 132, Capitaine ; Atlas départemental, 1888, n° 19, Capitaine.

Cadastre : 1978 : Capitaine-ouest, A2, n° 428 ; 1831 : Capitaine, A2, n° 455.

Extrait du plan cadastral de 1831 (DAO N. Pexoto).
Extrait du plan cadastral de 1978 (DAO N. Pexoto).

Repérage sur le terrain

a. Nature des parcelles : champs.
b. Conditions d’accès : de la ville prendre le CD 932 en direction de Langon, puis le CD 11 vers Villandraut. À 2,5 km, emprunter à gauche un chemin de terre qui longe un bois pour atteindre la ferme de Capitaine (350 m). Le site se trouve à 25 m au sud-est de la ferme, en bordure d’un champ.

Description géographique du site

a. Altitude : 101 m.
b. Relief : plateau.
c. Hydrographie : à 125 m de la rive droite du ruisseau de Marquette.
d. Géologie : sables argileux et graviers de la très haute terrasse.

Identité des vestiges

a. Période : Moyen Âge, époque moderne.
b. Nature/État : cimetière et église/cimetière abandonné, église rasée ; site bouleversé par deux siècles de labours.

Description

Répertoire des sources et bibliographie
Sources manuscrites

Arch. dép. de la Gironde, E suppl. 1708-1711 (Bazas GG 49-52), Cahiers des bapt. mar. sép. de l’église saint romain de Tontoulon : 1655-1792.
Arch. comm. de Bazas : Registre des délibérations (1809).

Sources imprimées

Chartes bordelaises de 1080 à 1185 tirées des archives du monastère de Saint-Florent, près Saumur par Paul Marchegay, Les Roches-Baritaud (Vendée), 1879, n° II (1081), III (1082), IV (1131).
Pouillés des provinces d’Auch de Narbonne et de Toulouse, 1972, p. 445.

Bibliographie
  1. Biron (Dom R.), Précis…, p. 124.
  2. D’Anglade (R.), Aperçu…, p. 5, n° 1.
  3. Vie des saints et des bienheureux…, t. XI, p. 803.
  4. Cassagne (B.), La formation du réseau paroissial…, t. I, p. 218-219.
Histoire

La plupart des paroisses du diocèse de Bordeaux dédiées à saint Romain le sont à saint Romain de Blaye. Selon Grégoire de Tours (In gloria confessorum, 45) Romain aurait été ordonné prêtre par l’évêque de Tours saint Martin et envoyé par ce dernier à Blaye, alors chef-lieu d’un pagus de la cité de Bordeaux dans le but d’évangéliser la population (IVe siècle). Mais certains historiens ont considéré que la mission de Romain s’inscrirait davantage dans le cadre de l’action de l’évêque de Bordeaux Delphin (v. 380-400) en vue d’organiser à Blaye une communauté chrétienne. Selon le témoignage de Grégoire de Tours une basilique funéraire était déjà construite au VIe siècle et à cette époque le culte du saint était déjà ancien. Des miracles eurent lieu autour de sa tombe ; Charibert II, roi d’Aquitaine, fils de Dagobert, y aurait été enseveli, avant Roland mort à Roncevaux en 778, mais il ne s’agit là que d’une légende publicitaire pour amener vers l’étape de Blaye les pèlerins allant à Saint-Jacques. Aux abords de l’an mil une communauté canoniale dessert le corps de saint Romain ; elle fait construire au XIe siècle une église romane qui devient paroissiale. On ne doit donc pas s’étonner si des églises des diocèses environnants ont été dédiées à saint Romain de Blaye.

Toutefois, à propos de la paroisse de Saint Romain de Budos, démembrée probablement de celle de Saint-Laurent d’Illats, B. Cassagne pense que Romain pourrait être ce soldat qui, touché de voir Laurent confesser sa foi, lui demanda le baptême et fut décapité avec lui à Rome en 258. Cette tradition est rapportée au VIe siècle par le Liber pontificalis et par Bède au VIIIe s. Cela nous renvoie à l’histoire d’Hippolyte. Peut-être y eut-il un lien dans la fondation de ces deux paroisses voisines. En Bordelais, sur la rive gauche de la Garonne, quatre églises sont dédiées à saint Romain : Soussans, Budos, Loirac et Ordonnac dont les paroisses auraient été créées probablement au VIIe siècle. En Bazadais, en plus de Tontoulon, on ne compte que quatre églises dédiées à Romain : Lartigue, Mazerac (cne de Castets-en Dorthe), Poussignac (cne de Bazas), Cessac (cton de Targon) et Saint-Romain de la Vignague.

Nous hésitons à avancer une date pour la fondation de la première église de Tontoulon, mais le VIIe siècle nous semble la plus probable. Les plus anciennes mentions de cette église – ce sont d’ailleurs les seules connues à ce jour pour la période médiévale – datent des années 1081-1082. En 1081, Raimond II dit le jeune, évêque de Bazas, fit don à l’abbaye Saint Florent de Saumur de l’église de Saint-Vivien et de celle de Tontoulon (s. impr. 1).

1369-1370 : capellanus de Tontolon, Arch. de Bernos (Pouillés).

XVIIIe s. : Saint Romain de Tontoulon, ann. de Notre-Dame de Mercadil.

21 novembre 1684 : inhumation de Jean Dehos, écuyer, seigneur de Tontoulon.

Le 14 mars 1809 la municipalité de Bazas décida de mettre en vente l’église qui menaçait ruine et le cimetière.

Description

Il ne reste presque plus rien qui permette de repérer l’emplacement du cimetière sinon quelques moellons et loges céphaliques provenant de tombes en coffre détruites à l’occasion de labours. Ceux-ci ont eu aussi raison des fondations de l’église. Il y une vingtaine d’années de cela les nombreuses tentatives que nous avions faites en vue de fouiller le site s’étaient heurtées à l’opposition obstinée du propriétaire !

Le site de l’église de Tontoulon, au second plan (photo Pierre Barbe).
Tontoulon : Quelques éléments de coffres de sépultures (photo Pierre Barbe).

Chapelle Notre-Dame de Pujau

Repérage

Situation

a. Carte 1. 25000e, Bazas, 1639 Ouest. Lieu-dit : Pujo. Zone III : Ax : 397,550 ; Ay : 241,250.
b. Cartes anciennes : Carte de Cassini : n° 105 : Pujau (chapelle) ; Carte de Belleyme, n° 34, Pujau (chapelle) ; Carte d’État-Major : n° 132 : 0 ; Atlas départemental, n° 19 : néant.

Cadastre : 1978 : Pujau, B3, n° 704, 1302-1305 ; 1831 ; B3, n° 1202-1206.

Extrait du plan cadastral de 1831 (DAO N. Pexoto).
Extrait du plan cadastral de 1978 (DAO N. Pexoto).

Repérage sur le terrain

a. Nature des parcelles : maisons et jardins.
b. Conditions d’accès : de la ville prendre le CD 9 en direction de La Réole. À 800 m, tourner à gauche sur le CD 12 en direction d’Auros. Le lieu-dit Pujau se trouve à 600 m, à 50 m de la route sur la gauche.

Situation administrative

Propriété privée.

Description géographique du site

a. Altitude : 105 m.
b. Relief : pente douce en direction du ruisseau de Saint-Vincent.
c. Hydrographie : à 1 km de la rive gauche du ruisseau.
d. Géologie : très haute terrasse (sables argileux et graviers).

Identité des vestiges

a. Période : Moyen Âge, époque moderne.
b. Nature/État : chapelle/détruite.

Description

Répertoire des sources et bibliographie
Sources manuscrites

Arch. dép. de la Gironde, E suppl. 1670, GG 11 (1692).
Cadis (L.), Notes manuscrites, 11 mars 1952.

Sources imprimées

Les Honneurs funèbres de Messire Arnaut de Pontac… avec l’oraison funèbre prononcée par Mons. M. G. Dupuy, chanoine et second Archidiacre de Bazas, reproduits dans Les Cahiers du Bazadais, n° 51, 4e trim. 1980, p. 24-25.
Le livre de raison de la famille Servière, dans Bazas et le Bazadais, éd. P. Soubiran, p. 202.

Bibliographie
  1. Biron (Dom R.), Précis…, p. 124
  2. D’Anglade (R.), Aperçu…, p. 137, n. 1 ; p. 213.
Histoire

Cette chapelle dépendait de la paroisse Saint-Jean (Bibl. 1).

Arnaud de Pontac, évêque de Bazas (16 novembre 1572), décéda au château des Jaubertes à Saint-Pardon de Conques, le 27 février 1605. Lors du transport de son corps des Jaubertes à Bazas, le 9 mars, le convoi funèbre fit une halte à la chapelle Notre-Dame de Pujau : le clergé et les officiers de la ville vinrent y accueillir le corps de leur évêque. Le chanoine J. G. Dupuy dans Les Honneurs funèbres de Messire Arnaut de Pontac nous a laissé une relation précise et émouvante des derniers instants du prélat dont il était le confesseur, du transport de son corps et des cérémonies qui se déroulèrent jusqu’au 17 mars, jour de ses obsèques. On ne se souvient guère de la chapelle Notre-Dame de Pujau, aussi nous avons cru bon de reproduire le récit du chanoine J. G. Dupuy. “Et arrivé que fut ledict convoy, à un quart de lieue de Bazas, où est une Chapelle, le Clergé de ladicte Ville le reçoit, s’estant rendu là en procession, avec tous les autres Archiprestres & Curés du Diocèse, en nombre de deux à trois cents, assistés des officiers-Magistrats de ladicte Ville, des deux autres jurats (le premier et le second s’étaient rendus aux Jaubertes), & du reste des Bourgeois & du menu peuple : lesquels, avec la pluspart des femmes de ladicte Ville, qui assistoient aussi à cette piteuse cérémonie, faisoient plus de mille à douze cens personnes.

Ladicte Chapelle estoit tendue de noir avec armoiries dudict Seigneur, notamment la partie qui envisageoit le chemin. Et comme ce lieu estoit la place assignée pour favoriser ceste lugubre réception, les dépputés du Chapitre & autres du Clergé, qui étoient à cheval, mettent pied à terre ; comme pareillement aussi les Officiers dudict Seigneur deffunct, le sieur de Pontac avec tous ses assesseurs, les Dames & Damoiselles qui estoient en carrosse. Et comme on fut à terre, est fait un petit halte devant ladicte chapelle, pendant lequel fut chanté Libera me, par les chappiers dudict Chapitre, puis De profundis par la musique.

Ce chant achevé, un silence général est accordé, & le sieur Dupuy Archidiacre, parlant au nom des depputés dudict Chapitre, fit entendre tout haut au Clergé qu’ils amenoient le corps de feu Monsieur de Bazas, leur pasteur : de quoy il leur pouvoit rendre preuve pour avoir este présent à ses derniers souspirs & veillé continuellement ledit Corps, sans interruption de temps : que le plus grand honneur dont il se pouvaient prévaloir à son occasion, estoit le désir qu’il avoit eu en mourant, que ses cendres fussent aussi chérement logées chez eux, comme vivant, il les avoit obséquieusement aimés, ayant voulu que mort & en vie, leur couvert fut celui de ses os ; partant, qu’ils leur exposoient ses reliques, les exhortant à leur tendre les bras, & à ne pas leur estre ingrats des derniers offices, qu’ils doivent à leur repos.

Ce discours tenu, le Clergé se mit en rang, & la musique commença à entonner en faux-bourdon les Psalmes pénitentiaux, le reste dudit Clergé, lui respondant alternativement : & en cet ordre musical & plénier, on arrive en ladite Ville de Bazas de laquelle les cloches sonnoient à ce convoy : et les habitants d’icelle, qui n’estoient pu aller au devant le Corps se tenant en haye, tant ès rues, que place de ladicte Ville, qui est une des plus belles & des plus spacieuses qui se puissent”.

Ces événements sont brièvement mentionnés dans le Livre de raison de la famille Servière : “et le 6e février – l’année n’est pas mentionnée et le quantième est faux – mourust messire Arnaud de Pontac évêque de Bazas aux Jaubertes, lequel on a tenu les jurats et les habitants pour aller au devant du corps, et on passa à la chapelle du Pujau. Fust enterré en l’église Saint-Jean de Bazas, le vingt deux mois de mars…”

Le 6 août 1694 fut célébré dans la chapelle du Pujau, paroisse Saint-Jean, le mariage de Charles de Charrel, lieutenant de dragons et de Marie Dugay (E suppl. 1670, GG 11). Ce mariage est mentionné dans le Livre de raison de la famille Servière à la date du 6 août 1692.

Dans une de ses notes L. Cadis signale un sarcophage appartenant en 1952 à M. Vignau, provenant selon lui du cimetière de Notre-Dame de Pujau. Cela nous semble impossible une chapelle n’ayant pas de cimetière. Nous y verrions plutôt un sarcophage provenant de La Targue ou de Notre-Dame du Mercadil.

Le site de Pujau, aujourd’hui (photo Pierre Barbe).

Chapelle Notre-Dame de Liesse de Feugas

Repérage

Situation

a. Carte 1.25000e, Bazas, 1639 Ouest. Zone III. Ax : 395,850 ; Ay : 250,375.
b. Cartes anciennes : Carte de Cassini, n° 105 : Feugas (maison) ; Carte de Belleyme, n° 35 : Feugas (maison) ; Atlas départemental, n° 19 : Feugas…

Cadastre : 1978 : Heougas, F3 n° 744-745 ; 1831 : Faygas, F2 n° 646-653.

Extrait du plan cadastral de 1831 (DAO N. Pexoto).
Extrait du plan cadastral de 1978 (DAO N. Pexoto).

Repérage sur le terrain

a. Nature des parcelles : maison, dépendances, jardin.
b. Conditions d’accès : sortir de la ville par le CD 932 en direction de Langon. Prendre à gauche l’avenue Anatole de Monzie qui aboutit à la ferme de Heougas : celle-ci se trouve à droite, à l’extrémité de l’avenue.

Situation administrative

Propriété privée.

Description géographique du site

a. Altitude : 102 m.
b. Relief : pente douce vers le ruisseau de Saint-Vincent, affluent du Beuve.
c. Hydrographie : à 500 m de la rive droite du Beuve.
d. Géologie : formation de versant.

Identité des vestiges

a. Période : époque moderne
b. Nature/État : chapelle/disparue.

Description

Répertoire des sources et bibliographie
Sources manuscrites 

Arch. dép. de la Gironde, E suppl. 1661 (GG 2 : 5 février 1731).

Bibliographie
  1. D’Anglade (R.), Aperçu…, p. 137, n. 1.
  2. Biron (Dom R.), Précis…, p. 124.
Histoire – description

La chapelle Notre-Dame de Liesse appelée de Feugas, dépendant de la paroisse Notre-Dame est mentionnée en 1731. Sur le plan cadastral de 1831 seule une ferme est indiquée au lieu dit Faygas. On la retrouve sur le plan cadastral actuel, seul immeuble ancien ayant résisté au flot des lotissements. R. d’Anglade pensait que c’était à cet endroit que s’élevait la chapelle. Cette hypothèse est tout à fait vraisemblable, mais il n’en reste aucun vestige apparent. En l’absence de tout document, on ne peut que s’interroger sur les circonstances dans lesquelles cette chapelle fut fondée et sur les raisons de son implantation. Nous sommes à 1,5 km à l’ouest de la cathédrale, en bordure du chemin allant de Bazas à Uzeste. Faut-il y voir une relation avec le pèlerinage à Notre-Dame d’Uzeste ? Cette chapelle n’aurait-elle pas été édifiée en remerciements à la Vierge ? C’est ce que suggère en tout cas le qualificatif de “liesse” ?

Feugas aujourd’hui.

Couvent des Cordeliers

Repérage

Situation

Extrait de l’Atlas des routes de France de Trudaine.

a. Cartes anciennes : Carte de Cassini, n° 105 : 0 ; Carte de Belleyme, n° 34 : (couvent) ; Atlas départemental, n° 19 : Les Cordeliers.
b. Adresse : 1831 : route de Bayonne à Bordeaux ; 1985 : cours Gambetta, n° 19-27.

Cadastre : 1978 : Les Cordeliers sud, AC n° 18, 19, 20, 22, 23, 24, 26-28, 30-36, 371, 372, 374-377, 417, 418 ; 1831 : partie ouest : B3 n° 1141-1143.

Extrait de l’Atlas historique des villes de France : Bazas. D’après le plan cadastral de 1831.
Extrait du plan cadastral actuel (DAO N. Pexoto).

Repérage sur le terrain

a. Nature des parcelles : immeubles et cours.
b. Conditions d’accès : Le passage que l’on aperçoit immédiatement après le n° 17, cours Gambetta, impasse des Cordeliers, correspond à la limite orientale des anciens bâtiments des Cordeliers.

Situation administrative

Propriétés privées.

Description géographique du site

a. Altitude : 89 m.
b. Relief : Plateau en pente douce vers le nord-est et le vallon du ruisseau de Saint-Vincent.
c. Hydrographie : À 175 m de la rive droite du ruisseau de Saint-Vincent.

Identité des vestiges

a. Période : Moyen Âge, époque moderne.
b. Nature/État : Couvent comprenant chapelle et bâtiments conventuels/détruits.

Description

Répertoire des sources et bibliographie
Sources manuscrites
  1. Arch. comm. Bazas, BB1 (14 déc. 1763) ; GG 8 (23 mars 1654) ; GG 18 (25 janvier 1697) ; GG 25 (4 janv. 1752) ; GG 56 (16 août 1782).
  2. Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques : E 17 (1270), E 18 (1298), E 27 (1326), E 31 (1341), E 129 (1338).
Sources imprimées
  1. Chronicon Vasatense, dans Arch. Hist. de la Gironde, t. XV, p. 37.
  2. Arch. Hist. de la Gironde, t. VII, n° CXL (1283).
  3. Livre de raison de la famille Servière, éd. P. Soubiran, dans Bazas et le Bazadais…, p. 202-212.
  4. Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Recueil des Historiens de la France. Recueil des rouleaux des morts (VIIIe s.-1536), éd. J. Favier et J. Dufour, vol. 2 (1181-1399), Paris, 2006, n° 186.
Bibliographie
  1. O’Reilly (P. J.), Essai sur l’histoire de la ville et de l’arrondissement de Bazas, 1840, p. 325.
  2. Des Moulins (C.), Quelques faits à ajouter à la description monumentale de la ville de Bazas, Caen, 1846, p. 9.
  3. Féret (E.), Essai sur l’arrondissement de Bazas, 1893, p. 11.
  4. Rebsomen (A.), La Garonne…, p. 130.
  5. Biron (Dom R.), Précis…, p. 117, 126.
  6. Id., “L’épiscopat bazadais”, Revue historique de Bordeaux, p. 94.
  7. Denifle (père H.), La désolation des églises, monastères, hôpitaux en France, pendant la guerre de Cent ans, Paris, 1897, t. I, p. 487.
  8. D’Anglade (R.), Aperçu sur l’histoire de Bazas, p. 39, p. 119 et n. 1, errata, p. IV.
  9. Roudié (P.), L’activité artistique à Bordeaux en Bordelais et en Bazadais de 1453 à 1550, 1975, p. 27.
  10. Marquette (J. B.), Les Albret, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 34, 4e trim. 1976, p. 185, n. 401.
  11. Peyrous (B.), “Les établissements religieux du diocèse de Bazas d’après l’enquête de la commission des réguliers (1767-1770)”, Les Cahiers du Bazadais, 4e trim. 1979, n° 47, p. 3, 1-2.
Plans et documents figurés
  1. De Weert (J.), Vue de Bazas en 1612.
  2. Arch. dép. Gironde, C 949 (1765).
Extrait de la vue de Bazas par J. de Weert.
Historiographie

La plus grande incertitude règne sur la date de fondation du couvent des Cordeliers de Bazas.

Nous nous demandons quel crédit il convient d’accorder à la tradition rapportée par A. d’Anglade selon laquelle ce serait à l’initiative des seigneurs de Castelnau de Mesmes que les cordeliers seraient venus s’établir à Bazas. C’est en souvenir de cette fondation que Jean du Bouset, marquis de Poudenas, seigneur de Castelnau, fut inhumé dans l’église des cordeliers, le 4 janvier 1759 (Bibl. n° 8). Ce dont on peut être assuré, en revanche, c’est que le couvent fut installé hors les murs de la ville, dès le début du XIIIe siècle dans un faubourg probablement prospère jusqu’en 1345-1348 et, selon toute probabilité, à l’endroit même où il se trouvait encore à la fin du XVIIIe siècle. Nous n’accordons que peu de crédit à la Chronique de Bazas, selon laquelle les Franciscains auraient hérité du siège d’une commanderie de Templiers située dans le faubourg Pallas. Cette information a été reprise par l’abbé P. J. O’Reilly qui affirme que le couvent des cordeliers fut construit en 1315, puis par C. Des Moulins qui prétend que les matériaux provenant de l’ancienne maison des Templiers servirent à la construction du couvent des mineurs en 1314, enfin par E. Féret qui déclare que le couvent fut construit en 1315 “sur les ruines de la maison des templiers”. A. Rebsomen est plus crédible quand il écrit que “le cimetière actuel rappelle le souvenirs des Cordeliers ou ‘frayres menuds’ établis au XIIIe siècle en ce lieu”.

En 1924, Dom Biron pense que les cordeliers arrivèrent à Bazas en 1315, mais, l’année suivante, il avance comme date de fondation 1283 (peut-être) par référence à une donation sur laquelle nous reviendrons, ou 1315.

Histoire

La plus ancienne mention que nous ayons recueillie de la présence de cordeliers à Bazas se trouve dans le rouleau des morts de Hugues de Maumont, abbé de Solignac (1195/96-juin 1239). Le messager chargé d’inviter moines, frères et chanoines à prier pour l’âme du défunt passa à La Réole le 4 et 5 juillet 1240, le 5 il était au Rivet, le même jour ou le lendemain à Bazas. Les chanoines promirent de dire douze messes et les frères mineurs de prier pour le défunt (s. impr. 4). En 1270, Amanieu VI d’Albret fit don aux mineurs de Bazas de 200 s. morlans (A.D. 64 E 17). Rose de Bourg, son épouse leur lègue 100 s. en 1298 (AD 64, E 19) et 50 s. en 1326 (E 27), Mathe, leur fille 10 l. t. en 1338 (E 129) et Bernard Aiz V, leur fils, 30 s. en 1341 (E 31) (s. man. 2). Guillaume Arnaud de Ladils, qui appartient à la branche réolaise d’une grande famille bourgeoise de Bazas fit dans son testament du 16 septembre 1283 un don de 20 s. aux frères mineurs de Bazas “obs de pitansa” (pour leur nourriture) et de 20 autres sous “a la obra de lor gleyza” qui n’était probablement pas achevée à cette date (s. impr. 2).

Le couvent fut détruit, soit en 1345 au moment du siège de la ville par Derby, soit lors de la reconquête par les Français puisque, en 1379, les cordeliers demandèrent de reconstruire leur couvent à l’intérieur des murs. Il est à peu près certain que cela ne leur fut pas accordé. Aussi eurent-ils à souffrir de tous les sièges que subit encore la ville. En 1374, si l’on en croit la Chronique de Bazas, Bertrand de Fargues, seigneur d’Escassefort et de Mauvezin et Jeanne de Fargues, sa fille, donnèrent en franc-alleu (s. impr. 1) la moitié des revenus du marché – on ignore lequel –, le chanoine Raymond de Fargues leur vendant de son côté l’autre moitié (s. impr. 1). Il faut peut-être voir dans cette démarche le souci de venir en aide aux frères mineurs. Probablement reconstruit à la fin du XVe siècle, le couvent fut une nouvelle fois détruit par les Protestants comme en témoigne la vue de Bazas en 1612 par Jean de Weert. Ainsi que le révèlent les plans ultérieurs le couvent fut reconstruit une nouvelle fois, probablement dans la première moitié du XVIIe siècle.

Lors de l’enquête sur les réguliers de 1767-1770, Mgr de Saint-Sauveur déclare : “Les Cordeliers de Bazas sont en petit nombre, leurs supérieurs majeurs se proposent de conserver cette communauté et en conséquence ils ont pris des aménagements pour y établir et y maintenir dix religieux et nous leur devons cette justice que dans tous les temps et dans toutes les occasions nous les avons trouvés disposés à faire ce que nous avons exigé d’eux, et toujours quelque religieux de cette maison est employé au service des paroisses” (Bibl. 11).

A. d’Anglade signale la fondation d’une chapelle avec droit de sépulture par la famille Bertrand, à une date qu’il ne précise pas (Bibl. 8). Un membre de la famille Servières fut inhumé dans l’église Notre-Dame des cordeliers, le 23 octobre 1606 ; Marguerite Servières en février 1626 ; en 1647, Marguerite de Lauvergne ; en juin 1650, Anne Servières ; en mars 1650, son frère Jehan ; en octobre 1670, Raymond Servières ; à l’occasion du décès d’Anne Chrestien, le 30 mars 1720, nous apprenons que la famille Servières a sa sépulture “sous la chaire” (s. impr. 3).

On notera que le “cimetière de ceux de la religion réformée était proche du couvent” : Pierre Servières y fut inhumé en mars 1651.

Description

Le plus ancien document figuré sur lequel apparaît le couvent des Cordeliers est le dessin de Jean de Weert (1612). Situé en bordure du chemin de Bordeaux, le couvent était alors entouré d’une muraille renforcée à l’angle sud-est d’une tour ronde. À l’intérieur de l’enclos on distingue de grands murs appartenant à des bâtiments ayant, semble-t-il, perdu leur toiture. L’un est orienté ouest-est, d’autres lui sont perpendiculaires. À l’arrière-plan, en bordure de la route de Bordeaux on distingue à l’est un bâtiment élevé qui pourrait correspondre au chevet plat de l’église car il est en vis-à-vis avec le clocher-mur auquel il est relié par un mur orienté est-ouest, probablement le mur gouttereau nord de l’église. À ce mur est adossé un bâtiment rectangulaire à toit en appentis qui pourrait bien correspondre à une chapelle latérale. Son mur nord est étayé par trois contreforts dont deux aux angles et un médian encadré par deux fenêtres allongées. En revanche, nous ne savons comment interpréter les murs, eux aussi percés de fenêtres allongées, qui se trouvent à l’ouest du clocher : il doit s’agir des restes de la partie principale des bâtiments conventuels. Appuyé longitudinalement au mur nord de l’enclos, on aperçoit enfin un bâtiment couvert d’une toiture à deux eaux. Il est impossible d’estimer les dimensions de cet ensemble.

Le second document dont on dispose est le plan croquis de 1765 qui accompagne le projet de transfert des cimetières intra-muros dont on peut comparer les données à celles que nous offre le plan cadastral de 1831 et à celles du premier plan cadastral des années 1819, aujourd’hui disparu. À la fin du XVIIIe siècle, le couvent était constitué d’un ensemble de bâtiments situés à hauteur des n° 19, 21, 23, 25 cours Gambetta, face à la chapelle de l’ancien séminaire. Mais, alors qu’aujourd’hui les façades des immeubles dessinent une courbe correspondant au changement d’orientation du cours qui oblique vers l’ouest, au XVIIIe siècle le mur sud du couvent se prolongeait selon le même axe. Ainsi, face au foirail actuel, à l’ouest de la chapelle du couvent, il existait un vacant de forme triangulaire qui s’élargissait en allant vers l’ouest à tel point qu’en 1765 on avait songé à établir en partie le champ de foire entre la route de Bordeaux et le mur des cordeliers.

Le quartier des Cordeliers en 1765 (AD33 C 949).

D’après le plan de 1831 le couvent comprenait :

– En bordure du cours Gambetta (du n° 11 au n° 25), une vaste parcelle de 100 mètres de long, profonde de 87 m. Le quart sud-ouest, en bordure du cours (n° 19 à 25), était occupé par les bâtiments du couvent, aujourd’hui immeubles et cours ; le quart sud-est (n° 11 à 17) était en terre labourable, aujourd’hui maisons et cours ; le quart nord-est en vigne, aujourd’hui jardins ; le quart nord-ouest en terre, aujourd’hui jardins et dépôt. Les parties est et ouest de cet ensemble sont séparées aujourd’hui par l’impasse des Cordeliers.

– Faisant suite à cette parcelle, vers le nord-ouest, une autre parcelle plus petite de forme pentagonale, située à hauteur des n° 29-31, cours Gambetta, mais en arrière des façades actuelles de 15 à 30 mètres, correspondant à la partie sud-ouest du cimetière (monument aux morts). En 1765, cette parcelle qui était en nature de terre mais close d’un mur accueillit le nouveau cimetière de la ville. Il existait alors, entre l’enclos des cordeliers et cette parcelle, un chemin correspondant à l’emplacement du 27, cours Gambetta, qui ne figure plus sur le plan de 1831.

Le couvent proprement dit était constitué d’un ensemble de bâtiments disposés autour d’une cour centrale qui correspond approximativement à celle des cours des immeubles n° 21, 23, 25, cours Gambetta (parcelles 22, 23, 377). Le côté méridional était occupé par la chapelle. Elle est représentée en 1765 sous la forme d’un bâtiment long de 60 m, s’achevant, à l’est, par un chevet en hémicycle ouvrant à l’ouest sur une sorte de parvis ou de porche au toit supporté par quatre colonnes d’après le plan de 1765. Compte tenu de sa longueur ce bâtiment n’était pas uniquement à usage de chapelle. La partie occidentale était dôtée d’un bas-côté étayé par cinq puissants contreforts. C’est du moins l’interprétation que nous donnons aux détails figurant sur les plans de 1765 et 1819. Nous n’avons aucune idée de l’élévation de cet ensemble qui avait disparu en 1831.

La cour était délimitée :

  •  au sud par la chapelle ;
  •  à l’est et au nord par deux bâtiments en équerre clôturant l’espace encore en place en 1831 ;
  •  en revanche, côté ouest, il ne restait à cette époque qu’un petit bâtiment isolé à hauteur du n° 27, cours Gambetta.

Le parcellaire actuel a conservé la trace des enclos et des bâtiments du couvent.

Le 9, cours Gambetta correspond à l’amorce du passage limitant à l’est l’enclos des cordeliers et permettant, depuis la route de Bordeaux, de rejoindre les terres de Pichebin et les prairies bordant le ruisseau de Matalin. La limite nord de l’enclos correspond à celle des parcelles n° 48, 47, 43 d’une part et 375, 31 et 30 de l’autre.

Si le cimetière n’atteint pas le cours Gambetta cela résulte du fait que les parcelles correspondant aux immeubles n° 29, 31 (parcelles 18, 19), ont été prises sur le vacant de la ville séparant la route de Bordeaux du terrain appartenant aux cordeliers qu’ils cédèrent en vue d’y établir le cimetière.

Cimetière : L’évêque et le chapitre aidèrent le corps de ville dont le maire était Pierre Bourriot à acquérir “un terrain faizant partie de l’enclos des R. P. cordeliers” et à y transférer les cimetières (14 décembre 1763). Selon R. d’Anglade le transfert ne fut effectué qu’à partir de 1768 (p. 118, n. 7). Ce terrain de forme pentagonale clos d’un mur profond de 36 toises était en 1765 séparé de l’enclos par un chemin. Sur le plan de 1831, le chemin a disparu et le cimetière est contigu à l’ancien enclos. On notera, enfin, que d’après la carte de Trudaine, le domaine des Cordeliers était plus vaste que l’enclos que nous venons de décrire. Il s’étendait vers le nord et le nord-est. Le chemin aujourd’hui impasse des Cordeliers, bordant à l’est les bâtiments du couvent, conduisait au nord à un jardin d’agrément aux allées rayonnantes.

L’angle sud-est des bâtiments des Cordeliers aujourd’hui. Sur la droite, impasse des Cordeliers (photo Pierre Barbe).

Nous n’ajouterons à cette évocation des monuments religieux de la commune de Bazas disparus au cours des deux derniers siècles qu’une brève notice sur l’ancienne chapelle des Ursulines. Par contre nous consacrerons ultérieurement une étude au prieuré de Saint-Vivien.

Couvent des Ursulines

C’est en 1632 que les Ursulines s’établirent à Bazas à l’emplacement qu’elles occupèrent jusqu’à la Révolution, à l’extrémité de la rue du Chapitre devenue rue Grangier et de la rue Taillade, en particulier place des Religieuses. Après avoir été occupés au XIXe siècle par les Frères des Écoles chrétiennes (1819-1906) puis par le collège Saint-Jean, les bâtiments anciens, du moins ce qui en reste, ont été intégrés à la résidence Saint-Jean. L’histoire du site et de ceux qui y ont vécu depuis près de quatre siècles n’a jamais été entreprise.

La chapelle des Ursulines, dessin de J. Tessier. Bibliothèque de Bordeaux, Fonds Delpit.
La Place des Religieuses aujourd’hui (photo Pierre Barbe).

Confisqués à la Révolution les bâtiments furent en partie rachetés par F. Grangier pour y établir les Frères des Écoles chrétiennes. L’abbé P. J. O’Reilly a évoqué la générosité de F. Grangier qui avait aussi fait don aux frères de quatre métairies à Trazits (cne de Gajac). Or, pour des raisons que nous ignorons encore, F. Grangier n’acheta pas tous les bâtiments de l’ancien couvent, en particulier la chapelle. L’abbé P. J. O’Reilly l’évoque en ces termes, en 1840 : “L’ancienne église des Ursulines (atelier de M. Rougéole), fut construite vers l’an 1640 ; comme celle de Notre-Dame, elle n’eut qu’une grande nef lambrissée, et n’a rien de remarquable que son portique de l’ordre dorique, où l’on voit deux colonnes assez élégantes, avec des triglyphes et des gouttes sur la frise”. E. Féret signale en 1893 que “l’église des Ursulines est remplacée par une maison bourgeoise qui appartient à M. Rougeol”. Il semblerait donc que M. Rougéole ou Rougeol avait acheté ou conservé une partie des bâtiments de l’ancien couvent dont la chapelle qu’il avait fait démolir ou transformer entre 1840 et 1893. A. Rebsomen n’évoque pas la chapelle, seulement “une galerie couverte et une jolie porte ornementée”. Cette chapelle dont la façade donnait sur la place des Religieuses porte le n° E 263 sur le plan cadastral de 1831. Elle a complètement disparu de la mémoire de Bazas à tel point que lors d’un récent colloque un dessin attribué à Jules Tessier représentant la chapelle et le bas de la rue Taillade n’a pu être identifié. De ce dessin conservé à la Bibliothèque de Bordeaux nos lecteurs en trouveront ici une reproduction. On y reconnaît le portique décrit par l’abbé P. J. O’Reilly.

On ne peut que regretter la disparition de ce monument auquel ont succédé un édifice à la laideur remarquable et un parc à voitures comme au Petit cimetière Saint-Jean et à Saint-Martin.

Bibliographie

P. J. O’Reilly, Essai…, p. 313, 322, 325-328 ; E. Féret, Essai…, p. 12 ; A. Rebsomen, La Garonne et ses affluents…, p. 129 ; Dom R. Biron, Précis…, p. 115, 126 ; L’Entre-deux-Mers et son identité, Actes du huitième colloque tenu à La Réole et Bazas les 22 et 23 septembre 2001 : B. Larrieu, Au temps de Léo Drouyn…, fig. 29.

Le monument funéraire de F. Grangier

Nous ne voudrions pas terminer cette évocation sans dire quelques mots d’un petit monument lui aussi bien oublié, l’obélisque funéraire de F. Grangier. Celui-ci fut en effet inhumé dans le jardin des Frères qui se trouve en contre-bas de la résidence Saint-Jean, aujourd’hui envahi par les herbes des champs. Bordé au nord par une remarquable galerie, dominant le vallon du Beuve, ce jardin abrite toujours l’obélisque. Mais laissons la parole à l’abbé P. J. O’Reilly : “Le piédestal sur lequel s’élève son modeste monument est une construction simple et de l’ordre toscan ; sur les côtés, on lit les inscriptions suivantes : Sur le côté N.-O : ‘L’aumône sera le sujet d’une grande confiance pour ceux qui l’auront faite’ ; Au S.-E. : ‘Dieu fut présent à sa pensée et il ne détourna ses regards d’aucun pauvre’ ; Au S.-O : ‘CI-GIT Tel qu’un père au milieu de ses enfants Mons. F. Grangier, né à Bazas en 1742, mort dans le baiser du Seigneur à Bazas en 1825, fondateur et bienfaiteur de cette maison”.

Photo Pierre Barbe.
Photo Pierre Barbe.

Compte rendu

ORIGNE.
DES ORIGINES À NOS JOURS

L’association Architextures présidée par Monique Perrin a publié, à l’occasion de l’exposition itinérante (Origne, Saint-Symphorien, Bordeaux) “Histoire et patrimoine d’un village gascon : Origne” qui s’est tenue en 2006-2007, une brochure tout à fait remarquable. En trente-sept pages le lecteur apprend tout ce que l’on doit savoir sur cette commune de l’ancien arrondissement de Bazas qui compte aujourd’hui 178 habitants. La présentation sous forme de rubriques permet au lecteur de s’informer au gré de sa curiosité sur la démographie, la grande histoire – où l’on croise les Albret et le plus ancien habitant connu Amanieu d’Origne –, la toponymie, le petit patrimoine, la longue série de catastrophes naturelles qui ont touché la paroisse puis la commune du XVIIIe siècle à nos jours ou bien encore l’école.

Une moitié de la brochure est consacrée à l’histoire de la paroisse et à la description de l’église. Une place de choix est réservée aux deux absidioles romanes et à leurs peintures murales (XIVe siècle) restaurées en 1976 et 1985, bien connues grâce aux travaux de Michèle Gaborit. Mais il convient de noter la présentation des sept vitraux exécutés en 1876 par le verrier bordelais P. G. Dagrand, des œuvres qui sont souvent oubliées dans la description des églises. La parole est enfin donnée aux écoliers et à une habitante d’Origne. L’installation de l’ADSL en août 2007 s’inscrit en contre-point de la fondation de la paroisse dédiée à Notre-Dame, probablement au XIe siècle.

Le format réduit de la brochure dessert la reproduction des plans et cartes et l’ensemble de l’iconographie excellente. L’historien aurait enfin souhaité que figure la liste des sources manuscrites ou imprimées auxquelles ont puisé les auteurs des notices. C’est une occasion de rappeler au lecteur qu’il s’agit d’un ouvrage d’une grande rigueur scientifique qui a nécessité des recherches de la part de ceux qui l’ont rédigé.

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Pessac
Chapitre de livre
EAN html : 9782356136572
ISBN html : 978-2-35613-657-2
ISBN pdf : 978-2-35613-658-9
Volume : 4
ISSN : 2827-1912
Posté le 15/11/2025
36 p.
Code CLIL : 3385
licence CC by SA
Licence ouverte Etalab

Comment citer

Marquette, Jean Bernard, “Monuments disparus du bazadais. La vallée du Beuve (4e partie)”, in : Boutoulle, F., Tanneur, A., Vincent Guionneau, S., coord., Jean Bernard Marquette : historien de la Haute Lande, vol. 2, Pessac, Ausonius éditions, collection B@sic 4, 2025, 1527-1564 [URL] https://una-editions.fr/monuments-disparus-du-bazadais-quatrieme-partie
doi.org/10.46608/basic4.9782356136572.46
Illustration de couverture • D’après Villandraut : ruine de la tour située à l’angle sud-est de l’ancienne collégiale (dessin, 1re moitié du XIXe siècle. Arch. dép. Gironde 162 T 4).
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