Paru dans : Les Cahiers du Bazadais, 155, 2006, 31-47.
Ingres jouait du violon… Louis Darquey photographiait avec un appareil à plaques de verre et, plus tard, prenait des vues stéréoscopiques.
Dans sa peinture, il n’y avait pas ou très rarement de personnages. Il avait une vénération pour les beaux arbres qui étaient les vedettes de ses tableaux. L’œil du photographe, au contraire, s’émerveillait de la vie de ses contemporains. Il nous a laissé ainsi un excellent reportage sur la vie rurale en Bazadais à la fin du XIXe siècle où nous retrouvons la vie quotidienne consacrée aux travaux des champs et à l’élevage, mais aussi aux festivités familiales, religieuses, locales ou nationales.
La fenaison
1-2. Les femmes ratissent avec des bibales le foin que les hommes chargent à l’aide de longues fourches sur la charrette (carrète) attelée de bœufs. Ces volumineux chargements (carretades) sont ensuite transportés dans la grange. La bibale est un râteau en bois à deux faces et deux rangs de pointes, disposé en équerre par rapport au manche. On notera les draps blancs (linçoüs) protégeant les bœufs des piqûres de mouches et de taons. Les vastes chapeaux de femmes (capèts) sont en paille de seigle tressée.
La moisson
3. Les hommes (lous ségaïres) coupent le seigle ou le froment (séga) avec une faux à lame large et longue (lou dalh). Une femme réunit les tiges avec une fourche.
4-5. Ici le seigle est coupé à la faucille (haucilhe), une serpe courbe dentée ou non. On en distingue une sur la photo 4. Hommes et femmes tiennent dans leur main une poignée de paille (gauère). La gauère correspond à la quantité de paille que le moissonneur peut embrasser avec sa faucille et couper d’un seul coup. Les gauères sont couchées à cheval au-dessus des sillons. C’est le gauerey. Avec cinq ou six gauères, on confectionnait ensuite une gerbe (garbe). Remarquer les chapeaux de paille sans calotte en paille naturelle, celui qui est noir avec calotte et ruban.
6. La confection de la gerbe à deux. La jeune fille aide le vieillard à tordre le lien (la ligue) en paille qui permet de lier la gerbe.
7. Voici encore un champ de seigle. C’est la pause, mais le soleil est moins haut. Les moissonneuses se rafraîchissent de vin et d’eau (deux bouteilles). Elles ne portent pas de chapeau, mais sont coiffées d’un foulard faisant coiffe (couhe). Les jeunes portent blouse, jupe et coiffe claire, la plus âgée une robe et une coiffe noire.
8. Cette fois-ci ce sont des femmes, assises en bordure du champ. La fatigue se lit sur les visages, mais la bouteille est toujours la bienvenue.
9. Nous voici dans un autre champ de seigle… avec un arbre au milieu. Les moissonneurs se rafraîchissent (que béouen un cop). Les hommes ont sorti leurs sabots (esclops) qu’ils chaussent pieds nus. Ils portent le chapeau à calotte avec un ruban. On notera le pantalon (culote) rapiécé et la fatigue qui se lit sur les visages.
10. Pause collective des moissonneurs hommes et femmes mais aussi des jeunes.
Le dépiquage (battère)
11. La batteuse (le battuse) : Sur la droite, on distingue la “loco” Quatre hommes (bataïres) : l’un au-dessus de la batteuse défait les gerbes qui lui sont apportées du côté opposé ; les trois autres engagent les épis. Sur la gauche, hommes et femmes recueillent la paille, rejetée par les “damiselles”, portée ensuite au pailhèï. Chapeaux clairs pour les jeunes femmes, noir pour les plus âgées. Une porte la coiffe.
12. Sur cette photo, la loco avec sa réserve d’eau se trouve sur la gauche. On aperçoit au second plan, des hommes qui portent à l’extrémité de leur fourche (hourque) les gerbes entreposées dans la grange et jetées au-dessus de la batteuse. D’autres délient les gerbes et engagent les épis. La paille qui sort sur la droite à l’extrémité de la batteuse est portée au pailhéï, à l’arrière-plan. Deux hommes sont juchés au-dessus pour aider à sa confection… Le grain arrivait sur le côté de la batteuse (sur la gauche) par des petits guichets mobiles auxquels on accrochait les sacs avec des pinces. Au premier plan, les sacs de grain en chanvre blanc de forme allongée ce qui permettait de les porter plus aisément sur le dos. On les appelait des saques. On note sur la droite un second tas de sacs de grain : était-ce la part du métayer ou celle du propriétaire ? On notera l’absence de “monte-paille” permettant de rejeter la paille à distance de la batteuse et facilitant la confection du pailhèï (cf. Les Cahiers…, n° 146, p. 26). On est à la fin du battage et la balle s’est accumulée à l’autre extrémité de la batteuse.
13. Autre battage : on distingue à gauche de la loco le bois destiné à la chauffe, en avant la réserve d’eau. À gauche, un homme entasse la balle ; sur la droite, des femmes repoussent la paille rejetée par la batteuse. Des enfants, toujours fascinés par le fonctionnement de la batteuse et le propriétaire reconnaissable à son chapeau. Deux hommes s’occupent du grain, déjà quelques sacs sont pleins.
Les animaux de la ferme
Les exploitations modernes qui sont le domaine des machines agricoles nous feraient presque oublier que les fermes du XIXe siècle étaient beaucoup plus vivantes et employaient beaucoup de gens puisque les travaux des champs étaient faits manuellement et cette vie était aussi celle des animaux, chaque ferme pouvant vivre en autarcie avec sa polyculture et ses poulets, canards, oies, moutons, cochons. Mais il fallait, bien sûr, s’occuper d’élever ces bêtes.
14. Ce petit garçon – grand tablier serré par une ceinture, immense béret, chaussettes tricotées dans de la grosse laine, sabots – s’appelait Casimir (n° 7 du catalogue). Il prend au sérieux la garde de moutons qui se garderaient bien tout seuls…
15. Cette vieille femme a pris la pose devant les oies (aùques). Elle porte sur la tête une cruche de belle dimension qui ressemble à ces banes de forme plutôt ventrue, du sud des landes, même si elle a le profil de la pinguéte. Appuyé au mur un trubès dont on se servait pour laver le linge.
16. Une jeune femme tient par une corde une vache laitière qui boit dans le tos en pierre sous le regard de Casimir.
La race bazadaise
17-19. Que Louis Darquey ait consacré plusieurs clichés à la race bazadaise ne saurait nous étonner. En voici quelques spécimens présentés au photographe et à des notables chapeautés, probablement avant un concours. Rappelons à ce propos que Marcel Courregelongue, natif de Cudos, secrétaire général du Comice agricole de Bazas depuis 1877 organisa le premier concours de la race bovine bazadaise en juillet 1893 et présida à la naissance du herd-book en 1896.
La pelère dou porc
Chaque ferme élevait des cochons, souvent deux. La pelère dou porc qui évoque non pas la mort de l’animal, mais le raclage de la peau était une occasion de réunir voisins ou amis. Louis Darquey a réalisé une série de clichés décomposant les moments forts de la journée :
20-21. Sorti du courteï, l’animal est allongé sur la maie (méït) retournée. On reconnaît le boucher et son jeune aide – tous deux reconnaissables à leur tablier – deux hommes qui tiennent l’animal, un observateur, une femme et deux enfants. Le boucher tranche alors d’un coup de couteau la carotide. Le sang destiné à la fabrication du boudin est recueilli dans un chaudron en cuivre (peïrole) et agité a avec un gros bâton. On distingue la tête d’un petit garçon au béret clair. Sa présence n’a rien d’étonnant car, pendant l’exécution, il était traditionnel de faire tenir la queue du cochon (la coue dou porc) par un enfant.
22. Après avoir été mis dans la maie, ébouillantée et pelée, la bête est suspendue à une échelle. On reconnaît les acteurs de la scène précédente. L’aide boucher le couteau à la main, le boucher qui ouvre le ventre (bénte) de l’animal dont les entrailles sont recueillies par la fermière dans un banis.
Au premier plan, penché au-dessus de la maie, sous l’œil attentif et amusé des deux enfants, le grand-père souffle dans la vessie (bechigue) du porc que l’on faisait ensuite sécher suspendue à une poutre et que l’on appelait bouhe en Bazadais. On en faisait parfois des blagues à tabac.
23-25. Le nettoyage des tripes était confié aux femmes de la maison. L’intestin grêle servait de boyau pour la confection du boudin et de la saucisse – il fallait éviter de le percer – les autres intestins donnaient les tricandilles. Le rectum de l’animal appelé tripe culère était particulièrement apprécié : Tripe culère bau pa jamboun – lou qui t’a dit qu’és un coulhoun.
Les trois photographies qui illustrent le nettoyage des tripes ne vont pas manquer d’étonner certains. On y voit les femmes de la maison procéder au lavage dans la mare, lieu de prédilection des canards ! Les tripes – il s’agit de celles qui sont destinées à faire des boyaux –, sont agitées de la même manière que le ferait une lavandière… puis raclées sur le trubès qui sert à laver le linge.
Ces scènes nous font aussi découvrir, des visages burinés, l’habillement des hommes (béret), celui des femmes (blouses, longues jupes, fichus formant coiffe) et des enfants (tablier et béret). Elles nous montrent aussi “en situatio” des objets que l’on ne trouve plus que dans les musées : le banis en terre vernissée, la banastre en osier tressé, la faucille (haucilhe) fichée dans le pied-droit d’une porte, les balais (baréges) en paille de sorgho ou en brande (brane), la chaise si caractéristique aux pieds et dossier droits, de confection artisanale (cadérayres) sans oublier les chiens – de quelle race ? – et les arbres têtards (escos) à l’arrière-plan.
La bugade
26. C’est la grande bugade, celle qui avait lieu une fois par an. On disposait pour cela d’un bugeoir (bugadé) en bois, cerclé à la manière d’une barrique, que l’on remplissait d’eau la veille. Le lendemain on l’installait sur un trépied. À côté, sur un autre trépied en fer plus haut que le précédent, on faisait chauffer de l’eau dans une chaudière (caudère). Les draps (linçoüs) et le linge étaient entassés dans le bugeoir ; au-dessus on plaçait de la cendre (lo cendréi) dans un drap et l’on arrosait plusieurs fois à l’eau chaude, recueillant le “lessif” (leissiou) que l’on remettait à chauffer dans la chaudière jusqu’à ce qu’il coulât couleur de son.
Avait-on procédé à ces opérations la veille ? C’est possible, mais, sur la photographie, on ne distingue que le bugeoir en bois. Par contre, la scène nous montre les femmes de la maison et peut-être des voisines mettant le linge dans de grandes cages en vîme tressé. Ces cages ainsi que les trubès et les palots sont chargés sur une charrette. L’équipage se dirige alors vers un ruisseau où les femmes procèdent au rinçage. Une photographie probablement unique en Bazadais.
Noces villageoises
L’objectif de Louis Darquey était aussi présent lors de mariages.
Amusante, cette photo de groupe où presque tous les hommes sont chapeautés et les femmes tête nue. C’était probablement l’inverse, le matin à la messe. On notera trois bérets et une coiffe blanche. Le père du marié a posé sa main sur l’épaule de l’époux, le père de la mariée sur celle de l’épouse.
La mariée et les invités se retrouvent en fin d’après-midi pour danser au son d’un violon.
Louis Darquey aimait raconter le déroulement traditionnel de la journée de mariage : un parent ou ami des mariés réputé “boute en train” était désigné pour ordonner le cortège depuis l’église jusqu’à la maison. Au déjeuner il prenait le nom de cap de taule, déclenchait discours et plaisanteries et entonnait les vieilles chansons que tout le monde chantait avec lui, en particulier celle de Cathelinote décrivant le corps d’une femme horrible !
Cathelinote coum a lou nas ?
Lou nas mouquérous,
Lé doudéne,
Lou nas mouquérous,
Lé doundoun.
Coum a tous ouelhs ? Lous ouelhs lagagnous.
Com a la bouque ? La bouque rougnouse.
Coum a les poupes ? Les poupes leitouses.
Coum a lou pé ? Loupé petitoun.
Coum a lou cul ? Lou cul bourrelet.
Coum a les cames ? Les cames lounguétes.
Ce portrait était une façon de signifier à l’époux que, désormais, seul le corps de son épouse méritait ses hommages…
Il s’agit d’une chanson de danse. Cette psalmodie en chœur va s’allongeant à chaque nouveau couplet en gardant le rythme du chant. Il en existe une à peu près identique dans Félix Arnaudin, Chants populaires de la Grande-Lande, I, p. 124-127.
Foires et marchés
Ces deux termes avaient alors un sens précis : à Bazas, le marché est hebdomadaire, le samedi, la foire est périodique – il y en avait quatre chaque année.
29. Le marché, place de la cathédrale, à l’ombre de bâches blanches. Trois photographies, trois approches différentes, trois mondes qui se côtoient : d’abord, le marché aux légumes comme aujourd’hui – on notera au passage la force de la tradition ; des paysannes aux coiffes noires ou blanches, sont venues avec leur brouette, parfois d’assez loin.
30. Seconde vue : des marchands qui, en guise d’étal, utilisent de grandes panières en osier tressé. On aimerait bien savoir ce que contenaient les petites cagettes que surveille d’un œil sévère la marchande du second plan. À gauche une galerie de chaussettes…
31. Troisième vue : La buvette installée devant l’hôtel de ville. Les verres sont à la disposition des passants. Mais les bocaux à friandises ont sans aucun doute attiré les enfants endimanchés qui posent pour le photographe !
32. Nous sommes sur les allées, au bas de la Brèche. C’est le marché aux cochons.
Une foire, mais laquelle ?
33-36. Le cadre est champêtre : une prame, des chênes. Les maisons que l’on aperçoit à l’arrière-plan pourraient-elles aider à l’identifier ?
C’est une foire-fête. Chacun a mis ses habits du dimanche : les femmes ont leurs coiffes blanches, les hommes une chemise blanche et un nœud noir et l’on est venu en famille comme le montre cette charrette sur laquelle est installée une jeune femme. C’est un marché : les paysannes ont apporté leur chaise basse, mais que vendent-elles qu’y a-t-il dans ces sacs ces panières et ces banastres ?
C’est aussi une foire au bétail : on peut voir une bazadaise au premier plan, un attelage et des génisses attachées à l’arrière de la charrette. Mais c’est aussi la fête. Qui pourra nous dire ce qu’était au juste cet étrange équipage de trois musiciens juchés au sommet d’une calèche. La dernière photo se rapporte-t-elle aussi à cette foire ? On y voit des jeunes gens danser un congo sur le pré, la plus belle image de cette série même si elle est sombre.
Processions
La Fête-Dieu. Cette fête fut instituée par le pape Urbain IV en 1264, mais ne fut célébrée régulièrement qu’au commencement du XVe siècle et placée au jeudi après le dimanche de la Trinité, le premier dimanche après la Pentecôte. Depuis le concordat et par la suite la solennité a été renvoyée au dimanche suivant. L’après-midi se déroulait une procession qui suivait en général chaque année le même itinéraire, jalonné de stations. À chacune d’elles chaque année, les habitants du quartier érigeaient un reposoir décoré par une profusion de fleurs, de plantes vertes et de cierges. Des plantes étaient placées sur le bord des trottoirs dans les rues parcourues par le cortège On tendait des draps piqués de fleurs depuis les fenêtres des étages. Une seconde procession avait lieu le 15 août, jour de l’Assomption ; il n’est pas impossible que la première photo s’y rapporte.
Louis Darquey nous a laissé deux séries de clichés.
Les premiers concernent Bazas : 37-38.
Rue Saint-Martin. Dans l’axe de la rue, en forte pente à cet endroit, les habitants du quartier ont érigé un reposoir en forme de grotte, allusion à celle de Lourdes sans aucun doute, mais curieusement la statue de la Vierge a été placée au sommet. On distingue le prêtre qui présente l’ostensoir aux fidèles, de nombreux enfants de chœur et un dais emplumé, magnifique.
Place de la cathédrale : le reposoir a été édifié sur la place, en face de la mairie. C’est la fin de la cérémonie comme en témoigne le sens du cortège qui va rentrer dans la cathédrale. On distingue les jeunes filles vêtues de blanc portant des bannières et, sur la gauche, des enfants, eux aussi de blanc vêtus, qui portaient des paniers remplis de pétales de roses dont ils faisaient une jonchée sur le passage du dais et devant le reposoir. Les hommes sont restés le long de la rampe de la mairie. Pour eux la cérémonie est terminée.
Les autres vues ont été prises à Cudos : 39-42.
En tête de la procession le porte-croix et ses acolytes, puis des enfants de chœur qui portent des images pieuses fixées à des hampes. Viennent ensuite les femmes encadrant des enfants et adolescents, les jeunes filles habillées de blanc qui portent une sorte de vasque posée sur un brancard. On retrouve tous ces participants, la vasque, le dais, autour d’un reposoir dédié à la Vierge, plus modeste que celui de Bazas. Les paroissiennes ont été intriguées par le photographe. Sur la dernière vue c’est le recueillement.
On a conservé des photographies assez nombreuses des processions de la Fête-Dieu, mais rarement de celles qui se déroulaient dans de modestes villages. Plus rares encore sont celles des Rogations.
Les Rogations
Ce sont des processions qui se déroulent durant les trois jours qui précèdent le jeudi de l’Ascension (fin avril-début mai). Clergé et fidèles sillonnaient la campagne s’arrêtant à l’orée de chaque propriété pour bénir les terres et appeler la bienveillance du ciel sur les récoltes et le bétail. Souvent un petit autel fleuri était installé au-devant des maisons.
Au cours des trois journées les processions qui se déroulaient le matin, suivant chaque année les mêmes itinéraires, parcouraient ainsi la paroisse. En tête de cortège, le porte-croix est guidé par une paroissienne. Les enfants de chœur et le prêtre en étole violette le clôturent. Tout le long du trajet, entre deux bénédictions, on chantait les litanies des saints (sancte Petre, sancte Paule, sancte Andrea, sancte Jacobe…). Pour chacun les fidèles répondaient Te rogamus, audi nos (nous t’en supplions, écoute-nous). À ce propos, Louis Darquey aimait raconter l’anecdote d’un sacristain de Cudos en colère contre le curé qu’il accusait de le mal nourrir et de le sous-payer et qui à, chaque répons grommelait “tu la carne et jou lous os” (toi la viande et moi les os).
Le recueillement n’empêchait pas la séduction et les jeunes filles n’oublient pas de sourire au photographe, sauf cette coquette qui préfère lui montrer sa jolie tresse.
Les rogations ont disparu, il y a quelques années. Leurs itinéraires présentent un grand intérêt pour l’historien car ils marquaient les limites de la paroisse, mais en Bazadais bien peu de ces itinéraires ont été recueillis…
Festivités bazadaises
47. C’est une veille de 14 juillet. La grande place de Bazas est pavoisée, le kiosque prêt pour accueillir les musiciens ou les édiles. Il fait chaud… le soleil est vif… C’est la fin de l’après-midi, on chercherait en vain une tête sans chapeau.
Un petit gars coiffé du béret atteint presque le sommet du mât de cocagne où l’attendent volailles et bouteilles. Au premier plan, une cohorte d’écoliers l’encourage du regard : tabliers de satinette noire serrés à la taille par une ceinture, grandes chaussettes sombres et chapeaux de paille, des grands, des petits, des canotiers. À droite, le garde-champêtre veille au bon déroulement des jeux. Il s’agit probablement du tambour de ville dont Louis Darquey aimait à raconter les perles. Quant aux Bazadais, ils devaient se trouver à l’ombre sous les galeries. Cette photographie a servi à réaliser l’affiche de l’exposition Louis Darquey, artiste bazadais, à la mairie de Bazas, en mars 2003.
Courses de chevaux
48. Autre festivité très prisée par élégantes et turfistes bazadais, les courses de chevaux qui avaient lieu chaque année à l’occasion des fêtes de la Saint-Jean sur l’hippodrome de Castagnoles. Cette photo ne nous montre pas les chevaux, mais avec quelle fébrilité ombrelles et canotiers attendaient leur passage. Juchés sur un kiosque une bonne demi-douzaine de commissaires observent la course, jugent les allures et grâce à la cloche annoncent le dernier tour… La piste étant courte les jockeys pouvaient se tromper.
Bohémiens à Cudos
À l’orée du XXe siècle, il n’y avait guère de distractions à Cudos. Aussi le passage de bohémiens (bouhémis, couarres) campant sur la place de l’église avec leurs roulottes et leurs tentes constituaient un événement suffisamment insolite pour exciter la curiosité de Louis Darquey.
Il s’est intéressé tout particulièrement à une gitane qui pose avec complaisance. L’aurait-elle ensorcelé ? En tout cas, il parlait volontiers de son sourire et, vers la fin de sa vie, il en fit un portrait d’après photo qu’il exposa au salon d’automne de la Palette, en 1960. Il faut dire qu’il avait été très marqué par les premières représentations de Carmen auxquelles il avait assisté à l’Opéra-Comique et que son épouse Claire en chantait fort bien les principaux airs (cf. La gitane de Cudos, n° 97 du Catalogue).
* Nos lecteurs voudront bien se reporter aux deux articles de Jacques Darquey : Louis Darquey, dessinateur et peintre bazadais, Les Cahiers du Bazadais, n° 147, 4e trim. 2004 et n° 148, Ier trim. 2005. La mention Catalogue renvoie au catalogue des dessins et peintures de Louis Darquey, publié dans ces numéros.


















































