L’investissement de Nathalie Buchez sur le site de Tell el-Iswid (Delta oriental) depuis 2006 n’est plus un secret pour personne, ou presque… D’abord sous la houlette de Béatrix Midant-Reynes, directrice du chantier et amie de longue date, puis sous sa propre responsabilité, cette mission archéologique au long terme a mis en exergue des occupations de la Culture de Basse-Égypte (dite aussi de “Maadi-Bouto”) auxquelles ont succédé des occupations naqadiennes. Si les recherches conduites par Nathalie autour de sujets aussi variés tels que l’apparition de la brique crue en Égypte1, l’organisation de l’habitat dans le tissu “proto-urbain”2, ou encore le développement des études techno-céramiques3 sont au cœur de ses problématiques scientifiques, une autre approche menée conjointement sur les nombreuses structures de combustion qui parsèment le site vient nous éclairer sur différents aspects de la vie domestique et possiblement artisanale des Prédynastiques. Bien que largement abordée dans la dernière monographie consacrée au secteur 4 de Tell el-Iswid4, un nouvel éclairage sur les vestiges de ces fours plus ou moins élaborés nous est offert par les découvertes de ces trois dernières années de fouilles (2022-2024), mais aussi par les vestiges archéologiques, iconographiques et ethnographiques connus pour des périodes plus anciennes, notamment au Proche-Orient (Syrie, Irak, Iran…), de même que pour des périodes contemporaines (naqadienne) et plus récentes en Égypte (Ancien et Moyen Empire) comme au Soudan (époques napatéenne et méroïtique).
Les nouveaux apports des campagnes de fouille 2022 à 2024
Un retour aux réalités de terrain
Parmi les nombreuses structures de combustion aménagées d’époque naqadienne (Naqada IIIA2-B) découvertes sur le site (secteurs 4 et 5), six types (A à F) ont été établis à partir de critères morphologiques (fig. 1)5 :
- le type A se présente comme une fosse circulaire, sans ouverture apparente (diamètre : entre 0,50 et 0,70 m). Au centre de celle-ci se dresse un pilier cylindrique partiellement enterré ;
- le type B se développe sous la forme d’une fosse allongée, ovale ou “patatoïde”, également sans ouverture discernable (L. : 1 à 1,40 m ; l. : 0,60 à 0,90 m). La sole supposée était supportée par deux piliers latéraux (semi-enterrés), de forme cylindrique ou quadrangulaire ;
- le type C arbore une forme en “8”. Longue d’environ 1 m, cette structure semble avoir été aménagée à partir d’un four initial de type A, lequel est agrandi à l’une de ses extrémités, occasionnant un resserrement au centre de ses parois latérales (en plan). Les deux nouveaux piliers sont alors localisés aux extrémités de la structure, parfois plaqués contre les parois elles-mêmes ;
- le type D est caractérisé par sa forme en “fer à cheval” (L. : 1 à 1,10 m ; l. : 0,60 à 0,70 m) et ses parois généralement maçonnées, réalisées à partir de briques crues disposées à la verticale et jointoyées. Un pilier unique soutenait a priori la sole, mais celui-ci n’est pas systématiquement attesté. En outre, l’ouverture à l’extrémité la plus étroite est admise comme la bouche de ce four ;
- le type E est une structure plus complexe et intégralement maçonnée. Unique sur le site, ce four est aménagé dans une fosse circulaire (diamètre : env. 1,40 m), aux parois verticales et à fond plat. Ses parois sont maçonnées à partir de briques disposées sur plusieurs rangs de panneresses. Jointoyées, elles ont ensuite été recouvertes d’un enduit de terre. Cette partie constitue l’aire de chauffe, au-dessus de laquelle s’élevait une coupole. La sole (non retrouvée) était supportée par deux piliers massifs, chacun étant construit à partir de deux rangs de briques en boutisse jointoyés. Enfin, ce four est pourvu d’un alandier, étroit couloir maçonné (L. : 0,50 m), qui débouche sur une fosse de travail ;
- le type F se caractérise par sa forme : piriforme. Proche du type E, cette structure offre une aire de chauffe subcirculaire (diamètre : au moins 1 m) pourvue d’un alandier. Les deux piliers censés supporter la sole sont implantés dans l’axe longitudinal de la structure.
À l’exception du type E, les vestiges de ces différentes structures de combustion se limitent dans la plupart des cas à la chambre de chauffe (maçonnée ou non), aux bases des piliers-porteurs de la supposée sole et, plus rarement, à l’alandier ainsi qu’à la fosse de travail cendreuse localisée dans l’axe de l’ouverture de la chambre de chauffe.
Depuis la fouille des occupations naqadiennes du secteur 4 et la publication de ces données en 2024, de récentes découvertes sont venues étoffer le dossier des structures de combustion aménagées. En effet, certains aspects techniques et fonctionnels de ces structures aux formes multiples ont pu être précisés grâce aux nouveaux spécimens mis au jour dans le secteur 5 (extension à l’ouest du secteur 4).
Ainsi, en 2022, parmi les quatre nouvelles structures de combustion aménagées identifiées, deux ont livré des informations non négligeables. En effet, l’étude du four 6522 de type B (env. 1 x 0,73 m ; prof. : 0,20 m) a montré que les parois et le fond de la chambre de chauffe (de forme ovalaire) étaient plaqués d’une épaisse couche de terre à bâtir (10 cm au maximum) de nature limoneuse (brun jaunâtre), homogène et compacte (US 22040). Or, une fine pellicule de rubéfaction observée sur la paroi est de la fosse indique que la terre à bâtir a été plaquée dans un second temps, suite à une probable réfection de l’aire de chauffe. Sur les deux piliers-porteurs mis en évidence, l’un est en forme de tronc de cône inversé (0,22 x 0,25 m). Conservé sur 15 cm de haut, dont 10 cm fondés dans les niveaux sous-jacents, il est réalisé à partir d’une masse de terre à bâtir (limono-argileuse brun gris, compacte). Le second (0,20 x 0,25 m), bien que plus douteux, est rubéfié à cœur et semble avoir fait l’objet d’un rechapage d’argile grise. Enfin, deux couches de comblement se distinguent. Alors que la couche supérieure (US 22041) est principalement constituée d’éléments de terre à bâtir disparates (rubéfiés ou non) qui forment un niveau de démolition au milieu de passées charbonneuses et cendreuses, la couche inférieure (US 22049) se présente comme un niveau cendreux, hétérogène et meuble, qui vient tapisser le fond de la structure, lequel est lui-même thermo-altéré sur 2 cm d’épaisseur tout au plus (fig. 2, A-B).

Un deuxième four (6523), découvert à côté du précédent, est quant à lui d’un type nouveau de par sa morphologie, à savoir en forme de “poire” (type F : fig. 1). Proche du type E, cette structure piriforme présente une aire de chauffe plus ou moins circulaire (diamètre : env. 1 m) qui s’ouvre du côté est par un alandier qui s’évase vers l’intérieur (L. : 0,38 m ; l. : 0,24 à 0,30 m). La fouille de cette structure semble indiquer que la chambre de chauffe, d’abord ovalaire (1,25 x 0,85 m), pourrait avoir été réduite dans un deuxième temps, à moins que celle-ci recoupe une structure de combustion plus ancienne (US 22050). Quoi qu’il en soit, on soulignera la présence d’un placage argileux gris sur le fond de cette première structure (ép. : env. 2 cm), au-dessus duquel des briques entières et fragmentaires ainsi que des plaques de terre à bâtir en argile grise compacte (généralement thermo-altérées sur au moins une face) viennent constituer le comblement principal (US 22052), le tout inclus dans une matrice faite de matériaux rubéfiés pulvérulents orangés et noirs. Les vestiges de deux piliers-porteurs, implantés dans l’axe longitudinal de la structure, ont été mis en évidence, le pilier 1 étant de forme ovale (0,17 x 0,20 m), tandis que le pilier 2 est de forme cylindrique (D. : 0,22 m). Ce dernier est constitué d’un noyau quadrangulaire (13 x 13 cm), de nature limono-argileuse brun gris, enduit d’une couche de terre à bâtir (ép. : env. 5 cm) complètement thermo-altérée. Par ailleurs, on soulignera que deux autres fragments de ces piliers ont été découverts dans le remplissage de la structure. Le premier, souligné par une couronne de rubéfaction orangée pulvérulente (ép. : 2 cm), mesure 0,17 m de diamètre, tandis que le deuxième, subovalaire, mesure 0,20 x 0,24 m. Tous les deux sont particulièrement thermo-altérés et de couleur noire (fig. 2, C-D).
En 2023, sur les cinq structures de combustion aménagées découvertes (6684, 6764, 7505, 7518, 7545 et 7564), la fouille du four 7545 de type A (D. : env. 0,50 m ; h. : 0,15 m), installé dans une structure antérieure (7564), a permis de souligner une nouvelle fois que les parois de l’aire de chauffe avaient été maçonnées (fig. 3, A). Elles sont en effet constituées d’une couche de terre à bâtir limono-sableuse brun clair (ép. : env. 5 cm) sur laquelle a été appliquée une couche d’enduit argilo-limoneuse (grise) riche en dégraissants végétaux et épaisse de 1,5 à 2 cm. L’observation de fins sillons parallèles sur la surface interne des parois indique qu’elle a été lissée probablement à mains mouillées (fig. 3, B-C). En outre, cette couche de terre n’était pas thermo-altérée dans la partie enterrée de la chambre de chauffe, contrairement à sa partie aérienne (orangée et compacte). L’autre élément notable concerne la forme convexe de ses parois, ce qui laisse présager qu’une voûte ou une coupole coiffait initialement la structure.

La structure 7564 dans laquelle a été aménagé le four 7545 est plus grande, soit 0,67 m de large ; elle est conservée sur 0,18 m de profondeur. Ses parois, légèrement évasées, sont montées à partir de paquets argileux gris (fig. 3, D), ponctuellement thermo-altérés sur leur face interne (ép. : 15 cm). Quant au pilier-porteur, initialement de forme cylindrique (D. : 0,22 m), il semble avoir été arraché, après quoi sa fosse de fondation – profonde de 13 cm – a été comblée de limon sableux brun incluant des nodules argileux et quelques fragments du pilier fait d’un matériau argileux rubéfié (rouge à noir) qui comporte des dégraissants végétaux (fig. 3, E).
En 2024, 13 nouvelles structures de combustion aménagées ont été découvertes6. Elles sont actuellement en cours d’étude. Quelques cas particuliers seront néanmoins abordés ci-après.
Quel bilan tirer de ces nouvelles observations ?
Un nouveau regard est principalement porté sur les techniques de construction de ces fours et leur superstructure. Les structures de combustion fouillées et étudiées ces trois dernières années ont mis en évidence l’emploi de la terre à bâtir tant pour monter les parois de certaines chambres de chauffe que pour en tapisser parfois le fond. Au-delà de cette première observation, se pose aussi la question de la technique de construction en usage : emploi des adobes (fig. 4, A), de la bauge, de la terre banchée et/ou la superposition de colombins ? Il est fort à parier que des études micro-morphologiques apporteront des informations complémentaires non négligeables dans les années à venir. En outre, on a pu constater que, selon leur état de conservation, certaines chambres de chauffe étaient creusées profondément (fours 6523 et 8079 par exemple), toutes proportions gardées évidemment (jusqu’à 0,25 m).

Bien qu’aucun fragment de soles suspendues n’ait été formellement reconnu, les vestiges interprétés comme leurs piliers-porteurs sont désormais bien identifiés. En partie fondés sous le niveau de l’aire de chauffe, ils prennent fréquemment la forme de cylindres d’environ 0,15 à 0,20 m de diamètre ou plus rarement celle de véritables piliers quadrangulaires. L’exemple du four 6523 est particulièrement intéressant ; après avoir été fouillé finement, on a constaté que ses piliers s’étaient effondrés dans l’aire de chauffe après son abandon (fig. 2, C).
La fouille d’un autre four, St. 7545, a également permis d’observer l’amorce d’une voûte ou d’une coupole (fig. 3, B), fait que l’on avait déjà relevé pour les fours 3315 et 3317. Si toutes les structures de combustion aménagées n’étaient vraisemblablement pas pourvues d’une couverture, même ajourée, certaines en étaient clairement dotées.
Parmi les observations les plus récentes, on soulignera la mise en évidence d’un nouveau type de four piriforme, à savoir le “type F” (fig. 1), dont les structures 6523 et 8134 sont représentatives. Cette dernière est particulièrement originale de par sa localisation et ses dimensions importantes (1,80 x 1,50 m). Découvert à la fin de la mission 2024, ce four n’a pas encore été fouillé. Cependant, on peut d’ores et déjà indiquer qu’il s’élève au centre d’un espace quadrangulaire relativement restreint, axé entre deux probables portes. Son remplissage terminal se compose d’une épaisse couche cendreuse (fig. 4, C).
Les utilisations envisagées
Les structures de combustion répondent à des usages variés et parfois complémentaires : se chauffer, s’éclairer ou encore cuisiner (cuire, bouillir, griller, torréfier, fumer, rôtir…). La part dédiée à l’artisanat n’est pas en reste : par exemple, modifier des roches tel que le silex par traitement thermique avant débitage, et ce en vue de productions lamellaires relativement standardisées ; transformer des matières organiques, tel que durcir les pointes osseuses au contact du feu ; cuir les céramiques, en aire ouverte ou dans les fours de potier.
En l’état, les structures de combustion de types A à D sont morphologiquement proches des fours à pain traditionnels et encore employés aujourd’hui en Égypte. Par conséquent, elles sont interprétées comme les vestiges arasés de fours domestiques fixes de type undun7, associés aux cuissons alimentaires. Quant aux fours de type E et peut-être F, ils pourraient avoir été destinés à une autre activité, la cuisson de poteries étant envisagée, bien qu’aucun rejet spécifique lié à cet artisanat (les ratés de cuisson notamment) n’ait été retrouvé dans leur environnement immédiat. Ces fours sont en effet très proches morphologiquement des fours de potier “classiques”. On sait d’ailleurs que les fours à sole suspendue apparaissent très tôt au Proche-Orient comme, par exemple, sur le site de Suse (Iran) où l’on recense des fours dits “de potier” construits sur un principe similaire entre 4200 et 3750 a.C. (période Obeid)8. Ainsi, les fours de type E et F de Tell el-Iswid seraient à classer parmi les fours de potier de type V selon la typologie de J.-L. Huot et G. Delcroix, à savoir un type “où l’alandier et la chambre de chauffe sont séparés : la conduite de cuisson est dirigée depuis la surface ; un volant thermique supprime alors les pertes de chaleur consécutives à chaque chargement”9.
Concernant leur localisation, ces structures de combustion aménagées sont souvent concentrées dans un ou plusieurs espaces communs, à l’intérieur (habitat) comme en extérieur (cour). Alors que leurs recoupements montrent qu’elles n’ont pas nécessairement fonctionné en même temps, c’est-à-dire en batterie, leurs réaménagements successifs suggèrent que la vocation des lieux dans lesquels elles sont construites se perpétue. Par conséquent, ces espaces pourraient concerner des cuisines, voire des boulangeries, ce que de gros fragments de moules à pain – certains remontant entre eux – découverts sur le fond cendreux de plusieurs chambres de chauffe tendent à démontrer (fours 6684, 8079 et 8080 : fig. 4, B). D’après leurs dimensions, il s’agit principalement de moules à pain de petits modules (diamètre : 25 à 30 cm environ).
Enfin, les analyses anthracologique, carpologique et phytologique doivent se poursuivre afin de continuer à déterminer les combustibles utilisés. Les premiers résultats ont néanmoins montré l’emploi de différents types de combustibles. D’une part, de nombreux phytolithes de bois et/ou d’écorce ont été identifiés dans différentes sortes de structures de combustion (par exemple dans 2166, 2174, 3326 et 3333) ; l’emploi d’essences locales comme le Tamarix, le Ficus Sycomorus, le Ficus Sp. et, dans une moindre mesure, l’Acacia, ont ainsi été distingués. D’autre part, une importante proportion de pailles et de balles d’amidonnier suggère que les sous-produits du décorticage ont aussi pu être utilisés comme combustible, soit en tant que partie du fumier, soit comme déchets mélangés aux fèces d’origine animale pour former des galettes combustibles à combustion lente (tel que dans 2069, 2173, 2568 et 3318). Cet usage est typique des régions où l’accès au bois de chauffage est limité, ce qui est le cas dans le delta du Nil. Il n’est d’ailleurs pas surprenant que des fragments d’excréments et de matière végétale minéralisée aient été également reconnus10. S. Preiss et E. Marinova précisent que la présence “de grande quantité de graines de petite taille, pouvant traverser le tractus digestif des herbivores, est un argument supplémentaire pour appuyer l’hypothèse selon laquelle un combustible à base de fumier séché” a pu être employé11. En outre, si le bois et les galettes de fumier ont servi de combustible, notamment au Naqada IIIA-B, les herbacées et autres plantes sauvages sont aussi fréquemment utilisées comme combustible unique12.
Pour terminer, la découverte assez récurrente de petits coquillages bivalves dans les couches cendreuses des aires de chauffe peut également suggérer l’emploi de plantes nilotiques séchées comme autre combustible.
Comme l’avait déjà relevé A. Émery-Barbier13, il paraît difficile d’établir une distinction fonctionnelle entre les six types de structures de combustion reconnus uniquement à partir des reliques de combustible qu’elles peuvent encore contenir, c’est du moins ce qui avait été souligné pour les structures de combustion circulaires (type A) et ovalaires (type B). Cependant, il pourrait être intéressant de poursuivre dans cette direction et de façon systématique pour l’ensemble des types distingués. De même, on peut aisément imaginer que la quantité de combustible employée n’est vraisemblablement pas identique entre les structures de combustion vouées aux activités culinaires et celles dédiées aux activités artisanales. Quant à la fréquence des phytolithes d’origine ligneuses dans les structures de combustion, on peut se demander s’ils ne peuvent pas se rapporter également à la superstructure des fours, notamment pour l’élaboration de leurs voûtes et/ou coupoles, d’autant que l’on sait que les végétaux ligneux ont été aussi travaillés et utilisés plus largement dans l’élaboration du bâti14.
Éléments de comparaison
Afin d’appréhender au mieux les vestiges de ces structures de combustion et de pouvoir comprendre leur fonctionnement ainsi que le type de cuisson auquel elles étaient destinées, on se tournera vers d’autres éléments archéologiques probants découverts en Égypte, chronologiquement proches mais aussi d’un point de vue diachronique. Par ailleurs, on s’attardera aussi sur d’autres cas observés au Proche-Orient (Israël, Syrie, Irak…), où des points de comparaison permettront de raisonner sur des éléments purement structurels. Au même titre que S. Prevost-Dermarkar le rappelle dans son article consacré aux foyers et fours domestiques en Égée au Néolithique et à l’âge du Bronze, “ces exemples ne serviront qu’à comprendre des caractéristiques techniques et fonctionnelles identifiées d’abord sur les vestiges archéologiques”, et ce “pour essayer de pallier le manque d’informations”15.
Les sources archéologiques
Au Proche-Orient
Les sites néolithiques, protohistoriques ou encore antiques du Proche-Orient ont livré un grand nombre de structures de combustion16, dont des dispositifs de cuisson partiellement ou complètement fermés. Ils figurent parmi les plus structurés mais aussi les plus anciens reconnus. Les tout premiers fours de type tannour ou undun remontent à la fin du “Middle Pre-Pottery Neolithic B”, soit vers 7500 a.C. À titre d’exemples, peuvent être mentionnés les sites de Cafer Höyük en Turquie, Abu Hureyra et Tell Bouqras en Syrie, Jarmo au Kurdistan irakien, ou encore Çatal Höyük en Turquie, depuis ses premiers niveaux, soit vers 7100 a.C.17.
Concernant les fours de potier, l’un d’eux, mis au jour sur le tell de l’Apadana à Suse (Iran), est daté de la seconde moitié du IVe mill. a.C. Ses vestiges correspondent, pour l’essentiel, à une profonde chambre de chauffe (1,25 m), associée à une fosse de travail (fosse A) particulièrement cendreuse. Un alandier, long de 0,70 m, assurait le lien entre les deux. Le laboratoire, dont il ne reste plus grand-chose, devait surmonter la chambre de chauffe à la hauteur du sol d’occupation. Le comblement de cette dernière comprenait une épaisse couche cendreuse surmontée d’un niveau de terre brune contenant de nombreuses poteries, dont certaines complètes, ainsi que des fragments d’argile cuite et de briques qui “constituent vraisemblablement les débris de la sole et de la superstructure effondrées”. En effet, parmi les autres matériaux de démolition, on relèvera la présence de plusieurs morceaux de terre cuite qui présentent “une surface vitrifiée et l’amorce de perforations circulaires”. Ces éléments ont été interprétés comme de possibles fragments de sole à carneaux. La partie constituant le laboratoire pourrait avoir pris “l’aspect d’un muret entourant la sole (dans le cas d’un four découvert) ou d’une coupole en briques revêtue à l’intérieur d’un enduit de torchis (dans le cas d’un four fermé ou semi-fermé)”. Enfin, une des caractéristiques de ce four de potier est la paroi de la chambre de chauffe thermo-altérée sur 10 à 12 cm d’épaisseur et qui présente une surface fortement vitrifiée de couleur vert clair18. Selon P. De Miroschedji, le four de l’Apadana allie les types IIA et IV définis par J.-L. Huot et G. Delcroix, le foyer et l’alandier étant enterrés et confondus19.
Un autre cas, découvert sur le site de Tell el-Fâráh (locus 271) en Palestine (Bronze Ancien II : 3100-2600 a.C.), peut être abordé, bien que seule la partie inférieure de ce four ait été conservée. Celle-ci est décrite par R. de Vaux de la façon suivante :
“Autour de la sole, subsiste l’amorce des parois de la chambre de cuisson, ce sont des briques d’argile… la sole est en argile sur blocage de pierre, que soutient un pilier central. Elle est percée de cinq carreaux de 0,20 m de diamètre, espacés de 0,60 m environ, d’axe à axe. Quatre d’entre eux s’ouvrent près des parois, le cinquième vers le centre, près du pilier. Sous la sole et autour du pilier central, la chambre de chauffe s’élargit de bas en haut, avec des parois incurvées comme un grand bol. La différence de niveau entre la sole et le fond est de 1,09 m”.
Afin de réaliser les rayons de la sole, des blocs de calcaire dur ont été employés, lesquels ont été enduits d’argile pour éviter leur transformation en chaux (fig. 5, A)20. Évidemment, cette installation peut aussi être rapprochée du four 3315 de Tell el-Iswid, bien que les piliers-porteurs trapézoïdaux se résument ici à un seul pilier central de forme cylindrique. En revanche, ce dernier ressemble à ce que l’on retrouve couramment dans les structures de type A.

Enfin, dans le cas des structures de combustion de type D, on peut se référer à une découverte réalisée sur le site de Beth Yerah (Israël), dans la cour du “Bâtiment aux cercles”. Celle-ci concerne trois fours de potier en “fer à cheval” du Bronze ancien III, soit entre 2700 et 2300 a.C. Deux d’entre eux ont été construits côte à côte, juste dans l’entrée du complexe. Celui qui s’élève à l’est semble avoir fait l’objet d’un réaménagement. En effet, il est décrit comme étant composé de deux fours à l’intérieur l’un de l’autre, le plus grand des deux possédant une ouverture de 0,50 m de large en face de laquelle s’élevait un probable pilier-porteur cylindrique, des arches reliant ce dernier aux parois latérales de la structure. Par ailleurs, on signalera la découverte dans ce même four d’un “fragment de poterie avec quatre trous” interprété comme la pièce maîtresse de la voûte, soit probablement la cheminée. Enfin, un troisième four a été construit dans l’angle sud-ouest de la cour, face au mur de clôture21. Bien que la description de celui-ci ne soit pas détaillée, le croquis qui en est fait (fig. 5, B) montre que cette structure est similaire à celle décrite précédemment mais aussi aux vestiges des structures en “fer à cheval” découvertes à Tell el-Iswid.
En Égypte
Les vestiges archéologiques
Pour la période Prédynastique, les structures de combustion sont vaguement évoquées et représentées. Il faut “décortiquer” les rapports de fouille disponibles ainsi que les publications pour trouver de rares informations à leur sujet22. Néanmoins, il en est fait mention en Haute-Égypte, notamment sur le site de Hiérakonpolis où sont évoqués de grands fours ovoïdes ou sub-rectangulaires et de petits fours circulaires23, ainsi qu’un four en forme de “U” (voire en “fer à cheval”) mis en évidence dans ladite “maison brûlée” (localité 29, structure II)24. En Basse-Égypte, ce sont les sites de Tell el-Fara’in/Bouto (Delta occidental) et Tell el-Farkha (Delta oriental) qui apportent un panel d’informations non négligeable, le premier ayant livré des structures de combustion proches des types B, voire D, de Tell el-Iswid, ainsi que trois fours ovales maçonnés à partir de briques crues posées à plat, en panneresse (fig. 6, A), interprétés comme des fours de cuisson de moules à pain, l’un d’eux ayant livré plusieurs exemplaires de ces moules (Naqada III C1/2)25. À Tell el-Farkha, les structures de combustion domestiques sont rarement décrites. Toutefois, deux d’entre elles, dont une ovale (fig. 6, B), ont été aménagées dans la pièce sud de la résidence naqadienne (Kôm Ouest)26. Parmi les autres structures de combustion naqadiennes (IIA1-IIIB), on insistera sur l’existence d’un “four” comprenant un vase disposé verticalement en son centre (fig. 6, C)27 ; ce dispositif de “vases-supports” se rencontre aussi dans d’autres structures de combustion des Kôm Ouest et Est. Pour la même période, plus de cinquante autres structures ont été découvertes dans un ensemble de petites pièces organisées autour de deux cours du Kôm Central. Et à la phase suivante, un nouveau four est identifié dans une autre cour28.

Enfin, on mentionnera le site de Tell Ibrahim Awad où quelques structures de combustion (Naqada IIIAB) ont été mises au jour, quatre d’entre elles ayant été aménagées dans l’axe central d’une vaste pièce rectangulaire d’un espace à vocation cultuelle. De forme ovalaire (fig. 6, D)29, elles peuvent être rapprochées des structures de type B de Tell el-Iswid.
Les sources vont ensuite se multiplier aux périodes dynastiques, notamment à l’Ancien et au Moyen Empire. Cependant, l’évocation de structures de combustion aménagées telles qu’on peut en rencontrer sur le site de Tell el-Iswid est plutôt rare, à l’exception du four 3315 que l’on rapprocherait volontiers d’un four de potier traditionnel de par sa forme (type E). Aussi, en termes de comparaison avec des fours de potier “structurés”, on peut se tourner vers le site du Ouadi el-Jarf (zone 1) qui en a livré pas moins de quatre exemplaires particulièrement bien conservés30. D’après le contexte archéologique, ces fours destinés à la cuisson de productions locales de céramiques ont été datés de l’Ancien Empire (IVe dynastie). Les deux premiers, St. 1022 et 1030, ont été mis au jour en 2012 en contrebas des galeries G7-G17, tandis que les deux autres : St. 3047 et 3052 (fig. 7, A), ont été découverts en 2015 sur la rive nord du large ouadi qui ceinture la butte des galeries G1 à G17 au nord. La conservation de ces quatre structures se limite aux chambres de chauffe et aux alandiers excavés dans le substrat rocheux, ainsi qu’à la maçonnerie de leurs parois faites de blocs calcaires. Si, pour différentes raisons, ces fours peuvent être comparés avec le four 3315 de Tell el-Iswid, leurs dimensions sont toutefois nettement plus importantes. Ainsi, le four 1022 mesure 4,20 m de long pour 3,15 m de large et 1,15 m d’élévation. Le diamètre interne de la chambre de chauffe est de 1,80 m. Le four 1030 mesure quant à lui 3,75 m de long pour 3,15 m de large, tandis que le diamètre interne de la chambre de chauffe est d’environ 1,85 m. Les deux autres fours sont de dimensions plus modestes : le plus petit à l’est (3047) mesure 2,60 m de long pour 1,80 m de large, alors que le plus grand (3052) fait pratiquement 4 m de long contre 2,60 m de large. La chambre de chauffe de ce dernier mesure plus de 2 m de diamètre (interne). En ce qui concerne les soles et leurs piliers-porteurs, le four 1022 n’a livré aucun vestige, contrairement au four 1030 qui présentait encore quatre piliers rayonnants adossés à la paroi de la chambre de chauffe ainsi qu’une languette centrale aménagée dans l’axe principal de la structure (chambre de chauffe–alandier). Les barres d’une sole rayonnante à six carneaux venaient ainsi s’appuyer sur ces cinq supports. Pour les fours 3047 et 3052, des briques crues retrouvées dans le comblement de la chambre de chauffe suggèrent que la partie supérieure des fours, soles comprises, était construite avec ce matériau, en partie du moins. La maçonnerie de briques crues pouvait en effet concerner la sole rayonnante, comme les parois supérieures de la chambre de chauffe ou encore la couverture du laboratoire. Cette dernière pouvait être totale comme partielle. Un important volume de grands tessons fortement brûlés appartenant à de gros conteneurs ovoïdes, découverts à proximité dans des dépotoirs, laisse d’ailleurs supposer qu’ils ont été employés pour créer la couverture thermique supérieure des fours lors des phases de cuisson. Pour ces deux derniers fours, des rebuts de production de céramiques, dont plusieurs tessons surcuits et déformés, ont été rejetés directement à côté des dispositifs de cuisson. De telles concentrations sont des indices précieux sur les productions cuites dans ces structures de combustion. On rappellera ici qu’aucun dépotoir similaire n’a été mis en évidence dans l’environnement immédiat du four 3315 de Tell el-Iswid, un argument qui peut remettre en cause son interprétation comme four de potier, à moins que ce secteur ait fait l’objet d’un grand nettoyage après son abandon et surtout avant la reconstruction du niveau d’occupation supérieur.

Comme le souligne P. Tallet31, les fours de potier du Ouadi el-Jarf “s’avèrent conformes aux données rapportées sur les rares exemples de fours connus pour l’Ancien Empire (…)” et “se placent parmi les plus grands mais aussi les plus anciens découverts pour la période pharaonique”. Les six autres sites ayant livré des fours de potier remontant à l’Ancien Empire sont Giza, Dahchour, Éléphantine, ‘Ayn Asil/Balat, Dakhla et Bouhen32.
Pour d’autres structures de combustion domestiques et à vocation culinaire, on peut également se tourner vers certains sites antiques soudanais. On s’attardera notamment sur le cas de deux structures mises au jour à Dukki Gel et Dangeil. Dans le premier cas (fig. 7, B), il s’agit d’une structure découverte à l’ouest des temples napatéens et méroïtiques (VIIe s. a.C./IVe s. p.C.), au milieu de bâtiments annexes. Localisée dans une cour, parmi de nombreux fours à pain de plan circulaire, celle-ci est aménagée dans une fosse rectangulaire (L. : 1,05 m ; l. : 0,85 m ; h. : 0,46 m), en partie maçonnée. Une petite ouverture arrondie (l. : 0,14 m ; h. : env. 0,15 m) s’ouvre du côté sud (alandier ?) et débouche sur une fosse de travail. Les parois de la fosse principale sont évasées et les briques crues, disposées verticalement, suivent leur inclinaison. Ces dernières, complètes ou fragmentaires, sont thermo-altérées (rougies et indurées), plus particulièrement dans leur moitié inférieure. La partie interne de la structure (L. : 0,55 m ; P. : 0,45 m) était comblée de cendres accompagnées de quelques fragments de moules à pain et de tessons de jarres napatéennes. La fosse de travail contenait aussi plus de 350 fragments de moules à pain, un fragment de dokka et quelques tessons de pots à cuire33.
Dans le second cas (fig. 7, C), la structure de combustion a été mise en évidence dans un sondage pratiqué à l’arrière du temple d’Amon (à l’est), le long de sa bordure nord-ouest. Datée de la période Méroïtique, cette structure est installée dans une fosse circulaire (D. ext. : env. 0,95/1 m ; D. int. : env. 0,60 m), aux bords évasés (h. max. : env. 0,40 m). Les parois sont entièrement maçonnées à partir de briques crues posées à la verticale et liées par un mortier de terre ; quelques fragments de briques sont également inclus dans les joints. On notera que sa paroi sud est doublée à l’intérieur par une seconde rangée de briques, témoin probable d’une réfection. Quoi qu’il en soit, une très fine couche de cendres blanches et grises incruste la totalité du parement interne et les deux tiers inférieurs des briques sont particulièrement thermo-altérées (rouges). Aucun élément de mobilier archéologique n’a été découvert dans les niveaux contemporains de son utilisation34.
Si la structure de combustion de Dukki Gel est pourvue d’une ouverture latérale qui débouche sur une fosse de travail, celle de Dangeil ne possède ni l’une ni l’autre. En revanche, toutes les deux sont des structures en fosse, aux parois maçonnées à partir de briques crues posées en délit, de bout, et jointoyées. Ces parois sont fortement thermo-altérées (rougies, indurées). Alors qu’aucun système de couverture fixe n’est envisagé, une couverture temporaire composée de gros tessons de céramique est plutôt supposée afin de minimiser notamment la perte de chaleur. En dépit d’un certain nombre de caractéristiques communes, il est envisagé que ces deux structures de combustion puissent avoir été employées pour des usages différents, l’installation de Dukki Gel ayant peut-être servi en premier lieu comme simple four de cuisson de moules à pain, avant d’être utilisée pour la cuisson de pains coniques, tandis que celle de Dangeil pourrait avoir été consacrée à la cuisson de mets à base de sorgho ou pour une activité de brasserie.
Bien que plus récentes, ces deux structures sont particulièrement intéressantes, en l’occurrence pour la mise en œuvre de leurs parois, lesquelles ne sont pas sans rappeler les vestiges des structures de type D. De plus, si ces installations étaient effectivement pourvues de couvertures temporaires constituées de gros tessons, on peut imaginer qu’une partie des structures de combustion de Tell el-Iswid était possiblement couverte de la sorte. Enfin, l’absence de pilier-porteur et donc probablement de sole suspendue constitue la seule différence notable.
Les sources iconographiques
Outre les vestiges archéologiques rencontrés au gré des sites fouillés, les sources iconographiques peuvent aussi nous renseigner et, en premier lieu, les représentations réalisées sur les parois des mastabas de l’Ancien Empire ou dans certaines tombes du Moyen Empire. Par ailleurs, les “modèles funéraires” déposés dans les hypogées de l’une ou l’autre période sont une autre source d’information.
Les représentations dans les tombeaux
La cuisson du pain comme celle des poteries est évoquée dans certains programmes iconographiques funéraires de l’Ancien et du Moyen Empire, bien que ces représentations ne soient pas courantes. Voici quelques exemples qui permettent d’illustrer les structures de combustion employées à ces fins.
La cuisson du pain est représentée de deux façons sur les reliefs de l’Ancien Empire : en aire ouverte et plus rarement dans un dispositif fermé ou partiellement fermé, autrement dit dans un four.
Dans le premier cas, un bel exemple nous est fourni par un relief du mastaba de Niânkhkhnoum et Khnoumhetep à Saqqara (Ve dynastie). Les moules à pain y sont figurés empilés la tête en bas sur un foyer afin d’être chauffés jusqu’à la température souhaitée35. Un second exemple nous est offert par un bas-relief du mastaba de Ty à Saqqara (Ve dynastie). La scène, tirée de la paroi ouest du magasin (registre 2), y dépeint en effet 10 moules bedjaou accumulés en pyramide autour d’un foyer central. Une femme assise, qui se protège le visage de la main gauche, attise le feu de la main droite à l’aide d’un tisonnier. Au-dessus d’elle, on lit le commentaire : “faire chauffer le four”. Devant elle, une autre femme dispose des moules, la tête en bas, et “vérifie le four”. À droite du registre, on retrouve une scène accompagnée de légendes similaires, mais cette fois-ci c’est un homme qui empile les moules à pain. Au milieu du registre, lui-même divisé en deux, on remarquera en bas une femme occupée à “verser la pâte” dans un moule chaud sorti du four. Face à elle, une autre femme est employée à “pétrir la pâte”. Une dernière ouvrière “verse la pâte” dans les moules bedjaou. Deux d’entre eux sont fermés ; ils contiennent donc déjà la pâte qui est en train de cuire. Au registre supérieur, deux femmes vérifient avec un bâton si le pain est bien cuit. Juste après, deux hommes assis tapent chacun sur le fond d’un moule pour “faire tomber le pain” (fig. 8, A)36.

Un autre type de cuisson en aire ouverte peut être évoqué. Il s’agit d’un procédé nettement plus simple qui consiste à déposer les miches de pain à même le foyer. Un tel procédé est représenté notamment sur un bas-relief de la Ve dynastie dans la tombe de Nefer et Kahay (Saqqara : fig. 8, B).
Dans le cas des dispositifs fermés ou partiellement fermés (fours), une scène représentée dans le tombeau du “chef des troupeau” Neferirtenef, également à Saqqara (Ve dynastie), montre un boulanger en train d’enfourner des petits pains ronds et plats, que l’on identifie donc à des galettes, dans un petit four de type tanur ou undun (mixte des deux ?). Les galettes sont plaquées à priori sur ses parois internes, la bouche principale de ce four étant localisée en partie haute (fig. 8, C)37.
En ce qui concerne la cuisson de la céramique, pour l’Ancien Empire, on se tournera à nouveau vers le mastaba de Ty (Ve dynastie) dans lequel un bas-relief de la paroi ouest du magasin (registre 7) représente une scène de fabrication de poteries. À son extrémité gauche, un homme est assis devant l’ouverture d’un grand four strié horizontalement (peut-être pour suggérer les étagères sur lesquelles les vases à cuire étaient disposés ?). D’une main, l’artisan attise le brasier et de l’autre, il se protège le visage de la chaleur. Au-dessus de lui est précisé : “chauffer le four”. Outre son aspect strié, ce four est élancé, plutôt de forme cylindrique (légèrement étranglé en son centre), et semble coiffé d’un dôme (fig. 9, A).
Enfin, pour le Moyen Empire (XIIe dynastie), la tombe d’Amenemhat à Beni Hassan (tombe n° 2, mur ouest) évoque également un atelier de potiers en activité38. Deux fours à tirage vertical sont illustrés. Le premier est de forme cylindrique. Relativement haut, son ouverture sommitale permet l’enfournement de la céramique, tandis qu’une seconde ouverture est localisée à la base du four afin de le charger en combustible. Un artisan est d’ailleurs en train d’attiser le foyer à l’aide d’un tisonnier. Le deuxième four est quasiment similaire, si ce n’est qu’il est pourvu d’un alandier sur lequel est monté l’artisan pour enfourner un lot de poteries qu’un autre potier lui transmet. On notera que ces deux structures de combustion sont construites hors-sol (fig. 9, B).
Les modèles funéraires
Au sein des corporations de métiers représentées, les boulangers associés le plus souvent aux brasseurs demeurent en bonne place parmi les modèles funéraires qui apparaissent dès la VIe dynastie et perdurent jusqu’au début de la XIIe dynastie39. Ainsi, ces maquettes nous renseignent sur les systèmes de cuisson employés et les structures de combustion usités dans ces domaines à la fin de l’Ancien Empire et dans le courant du Moyen Empire. Elles illustrent, d’une part, le préchauffage des moules à pain de type bedja dans des foyers (dispositif ouvert) ; d’autre part, la cuisson du pain dans des dispositifs fermés correspondant à des fours de différentes formes.
Dans le premier cas, on signalera une petite sculpture de la VIe dynastie représentant un artisan-boulanger devant une pile de moules à pain retournés et préchauffés sur un foyer. L’homme attise le feu à l’aise d’un tisonnier (fig. 10, A). Comme autre exemple, on signalera un modèle de la XIIe dynastie conservé à l’Art Museum de Princeton (USA) sur lequel figurent des moules à pain bedjaou empilés de la même façon que sur l’objet évoqué précédemment (fig. 10, B).

Dans le cas des représentations des dispositifs fermés, un petit four à pain est clairement figuré sur l’un des modèles trouvés dans la tombe de Méketrê à Thèbes (TT 280 ; XIIe dynastie). De forme cylindrique et de couleur uniforme noire, il est pourvu d’une ouverture quadrangulaire par laquelle un personnage est en train d’attiser le feu. Aucun autre accès n’est à noter. Deux ressauts périphériques suggèrent que le four était possiblement constitué de trois parties distinctes, peut-être démontables : la chambre de chauffe en partie basse, le laboratoire au centre et une couverture très légèrement convexe au sommet (fig. 10, C). Cette première représentation peut être rapprochée d’un autre modèle issu du même hypogée et figurant deux autres petits fours cylindriques, également de couleur noire (fig. 10, D).
Deux autres maquettes exposent, quant à elles, des fours de forme conique. Sur la première, découverte dans le tombeau de Sobekhetep à Beni Hassan (XIIe dynastie ?), le four est représenté maçonné à partir de briques brunes ajustées avec des joints épais de couleur noire. Dans ce cas, aucune bouche d’enfournement n’est visible ici (fig. 11, A). La seconde maquette représente une cuisine sur une longue base en bois, laquelle a été mise au jour dans la tombe de la dame Mouthetepi à Saqqarah (HMK 159) ; elle date de la fin de la XIe/début de la XIIe dynastie. Ce modèle regroupe plusieurs activités, dont la cuisson du pain à l’extrême gauche. Une femme est assise face à l’ouverture d’un four conique peint en noir et décoré de losanges détourés en rouge ; elle tient un tisonnier dans sa main droite (fig. 11, B)40. Enfin, le dernier exemple de modèle que l’on évoquera ici a été trouvé dans la nécropole de Meir et est daté du Moyen Empire (XIe-XIIIe dynasties). Outre les scènes de boucheries et de brasseries ordinaires, le tiers gauche de cette maquette évoque une boulangerie avec ce qui ressemble notamment à un petit four à base cylindrique, tandis que sa partie supérieure évoque un dôme orné de stries rayonnantes (fig. 11, C).

Sur la base de ces quelques exemples, on constate que les fours à pain du Moyen Empire étaient clairement de différentes formes : trapus cylindriques ou en simple dôme ; élancés et plutôt coniques. Ceux de morphologie cylindrique étaient peut-être ouverts à leur sommet, probablement obturés par un disque de bois ou de terre cuite lorsque nécessaire, tandis que les autres semblent couverts par un dôme ou une voûte (non ajouré). On peut donc imaginer que les formes de “nos” structures de combustion à vocation vraisemblablement culinaire variaient de la même façon.
Les modèles ethnographiques
Concernant les fours traditionnels, on se référera à l’ouvrage de Nessim Henry Henein dédié au village de Marî-Girgis (Haute-Égypte) au début des années 197041, ainsi qu’à celui de Fawzeya et Kamel Rizqallah consacré à la préparation du pain dans le village Kafr el-Deir en Basse-Égypte42. Dans ces deux cas de figure, les fours à pain sont des structures de combustion à deux niveaux, séparés par une sole sur laquelle le pain, sous forme de galettes, est déposé pour être cuit. À Marî-Girgis, on constate que le four est chauffé au préalable, puis la cuisson des galettes dure entre 25 et 35 minutes selon le type de pain confectionné. Durant la cuisson, le four n’est pas réalimenté en combustible. À Kafr el-Deir, le four est également préchauffé mais il est rechargé en combustible en cours de cuisson. Les galettes ainsi cuites mesurent entre 7 et 20 cm de diamètre à Marî-Girgis, et entre 25 et 35 cm à Kafr el-Deir. Les combustibles utilisés varient entre les excréments séchés d’âne, de chèvre ou de vache et des végétaux secs comme les tiges de maïs coupés et les arbustes de cotonnier (embrasés avec du papier journal). Toutefois, les bouses de vache sont considérées comme le meilleur combustible qu’il soit afin d’assurer une température lente et constante durant toute la cuisson. La température atteinte est de l’ordre de 300 °C. Bien évidemment, la fonction première de ces fours est la cuisson des galettes. En second lieu, ils permettent aussi le séchage ou le grillage des galettes et autres denrées tel que le fenugrec. Le four utilisé à Kafr el-Deir permet également la cuisson d’autres produits tels que les fèves ou le maïs grâce à un plat disposé sur l’ouverture sommitale.
Depuis ces premières approches, de nouvelles observations ont été réalisées dans d’autres bourgades de Basse et Haute-Égypte, notamment dans les villages localisés dans le secteur de Tell el-Iswid. Ainsi, la première remarque que l’on peut faire concerne la localisation de ces fours traditionnels. La majorité d’entre eux semble être construite à l’extérieur des habitations : soit le long des routes ou des canaux d’irrigation, soit dans l’emprise d’une cour privative ou d’une place publique, ou encore au bout d’une impasse. Ils sont souvent isolés et peuvent correspondre à un usage familial. Plus rarement, ils sont construits par paire, ces fours pouvant fonctionner simultanément. Il ne s’agit donc pas nécessairement d’une reconstruction après détérioration de l’un ou l’autre four (fig. 12, A).

Leur situation dans un espace public peut également suggérer qu’ils sont destinés à la communauté (de voisinage ?). En outre, on a aussi pu considérer quelques fours montés à l’intérieur des maisons les plus anciennes.
La deuxième observation concerne les matériaux et les techniques de construction. Ces fours sont construits à partir du limon du Nil, plus ou moins argileux, enrichi de dégraissants végétaux de type “paille”, voire d’excréments animaux. La superstructure semble avoir été mise en œuvre à partir de colombins ou/et de plaques de terre à bâtir superposés, mais l’emploi d’adobes et de briques cuites est également constaté. Ces fours sont construits hors sol, sur deux niveaux séparés par une sole métallique. Le premier niveau correspond à la chambre de chauffe, au-dessus de laquelle s’ouvre le laboratoire couvert par une voûte souvent surbaissée. La chambre de chauffe ne semble pas être semi-enterrée. Cependant, une légère dépression résultant probablement de curages répétés peut être observée dans certains cas. En outre, une plaque en fer fixée dans les parois joue donc le rôle de sole. À notre connaissance, celle-ci n’est donc jamais supportée par des piliers de soutènement. Des soles construites à partir de briques ou de colombins ne sont pas à exclure pour autant, comme le montre G. Charloux pour un four de potier à Hagaza (Haute-Égypte)43. Enfin, les deux ouvertures – de la chambre de chauffe et du laboratoire – peuvent être superposées, mais le plus souvent elles sont perpendiculaires l’une à l’autre. Aucune ouverture sommitale n’a été observée. Concernant la fonction de ces structures de combustion domestiques, les usages habituels sont les cuissons alimentaires, notamment la cuisson des galettes de pain, mais aussi celle du poisson (fig. 12, B).
Conclusion
En définitive, année après année, nos travaux de terrain ont permis d’illustrer la diversité des structures de combustion aménagées rencontrées et d’apporter de nouvelles précisions quant aux hypothèses échafaudées sur le long terme. Si dans les premiers temps ces structures ont parfois été fouillées (trop) rapidement, aujourd’hui elles sont examinées de près pour tenter d’en comprendre au mieux leur élaboration, leur fonctionnement et leur finalité. Ainsi, leur fouille affinée associée à un enregistrement consciencieux des indices relevant de leur mode de construction, de leur utilisation et de leur phase de destruction/comblement a permis de définir six types de structures de combustion aménagées (types A à F) que l’on classera désormais parmi les fours, qu’ils soient de nature domestique (fours culinaires) – pour la plupart d’entre eux – ou artisanale (fours de potier ?). À l’avenir, ces données descriptives couplées à des relevés en trois dimensions devraient nous permettre de proposer des modèles de restitution, tandis que des analyses micromorphologiques permettront de préciser les chaînes opératoires utilisées pour la confection de ces installations, de s’interroger sur leurs réfections éventuelles, ou encore d’apporter un éclairage nouveau sur la question du degré de malaxage. En outre, comme on l’a vu, des réponses peuvent être également apportées à travers le prisme des représentations, qu’il s’agisse de scènes peintes ou de modèles funéraires provenant des tombes de l’Ancien et du Moyen Empire, sans oublier les modèles ethnographiques actuels ou subactuels rencontrés dans les campagnes égyptiennes. Enfin, après avoir dressé un panorama de ce qui existe en Égypte (fig. 13), à l’évidence il conviendra de se tourner davantage encore vers les sources archéologiques du Levant et Proche-Orient où l’ancienneté des structures de combustion aménagées, notamment les fours de potier, n’est plus à démontrer. De récentes fouilles apportent des informations non négligeables et de fait, les éléments de comparaison sont nombreux. Ainsi, nous ferons feu de tout bois pour percer les mystères des structures de combustion aménagées dont Tell el-Iswid conserve encore de nombreux vestiges !
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Notes
- Buchez et al. 2022.
- Buchez et al. 2024.
- Bajeot & Buchez 2021.
- Guérin 2024, 150-187.
- Cf. aussi Guérin 2021, 183-196 ; 2024, 152-158.
- Structures 8011, 8026, 8050 (= 6764 de 2023), 8052, 8053, 8074, 8079, 8080, 8111, 8093, 8117, 8134 et 8109.
- Martz 2010.
- Huot & Delcroix 1972, 52 et 90, fig. 4 (C.3). Cf. aussi Baldi 2014, notamment pour l’apparition de fours de potier dès le VIIe millénaire sur les sites irakiens d’Umm Dabaghiya et Yarim Tepe X ; ou encore Vallet et al. 2020, Baldi 2022 et Padovani 2024, au sujet de fours découverts récemment à Tell el’Uwaili en Irak.
- Huot & Delcroix 1972, 80-81 et 95, fig. 9 ; Guérin 2021, 194, fig. 13.
- Émery-Barbier 2024, 247-248, 252 ; Preiss & Marinova 2024, 258-261.
- Preiss & Marinova 2024, 261.
- Buchez el al. 2023, 13.
- Émery-Barbier 2024, 252.
- Émery-Barbier 2024, 252.
- Prevost-Dermarkar 2002.
- Voir à ce propos les travaux de A. Albukaai (2012) sur les foyers du site de Tell Aswad (Syrie) durant les différentes phases du PPNB.
- Cf. notamment Fuller & Gonzalez Carretero 2018, 113.
- De Miroschedji 1976, 14-16, fig. 1-2 ; 22 et 41, pl. I.
- Huot & Delcroix 1972, 79-80.
- Sebag 2011, 168-169, n. 759 et 279, n. 1150 ; pl. 42.
- Mazar 2001, 449 ; Sebag 2011, 169, n. 760 et pl. 41, fig. 4.
- Les structures de combustion prédynastiques sont brièvement abordées ici car elles ont déjà été largement décrites et illustrées (cf. Guérin 2024, 169-171 ; 182, fig. 103 ; 186, fig. 115 ; 187, fig. 116-118).
- Hoffman 1980, 119-137, fig. 3 et 11 ; 1982, 11-12, fig. I.2 ; Geller 1989, 43-44 ; 1992, 23 ; Midant-Reynes 2003, 242-243, fig. 62 ; Tristan 2004, 90-91, fig. 98 ; 101, 108 et 124.
- Hoffman 1971, 216-218 et 237, fig. 34 et Appendice 3 : Occupational features at the Kom el Ahmar?
- Hartung et al. 2012, 90-91, fig. 7 et 92, fig. 8-9 ; Hartung et al. 2016, 86, fig. 19 ; Malecka-Drozd & Kazimierczak 2017.
- Chlodnicki et al. 2012, 109, fig. 7 et 167-168, fig. 7-8.
- Chlodnicki et al. 2012, 109, fig. 8 et 10.
- Chlodnicki 2002, 24 ; Chlodnicki & Cialowicz 2002, 100 ; Tristan 2004, 23.
- Moeller 2016, fig. 4.12b.
- Tallet et al. 2012, 408 et 437, fig. 17 ; Tallet 2016.
- Tallet et al. 2012, 408, n. 24-25.
- Cf. notamment Nicholson 1993, 108-110 ; Hope 1980, 283-313 ; Stadelmann 1983, 228-233, fig. 2, 3, pl. 68a, b, c ; Stadelmann et al. 1993, 263-266, fig. 4.
- Maillot 2016, 43-45, fig. 2-4.
- Maillot 2016, 45-48, fig. 5-7.
- Schulz & Seidel 2003, 400, fig. 130 ; Moers 2004, 52-53.
- Epron et al. 1939, pl. 66-67 ; Tristant 2004, 121, fig. 137.
- Van de Walle 1978 ; Dupuy 2014, 11, fig. 7.
- Klebs 1922, 117, fig. 84 ; Kanawati & Woods 2010, 24-25, fig. 121 et 123.
- Schulz & Seidel 2003, 130-131 ; Eschenbrenner-Diemer 2010.
- Eschenbrenner-Diemer 2010, 56-61, fig. 2 et 71.
- Henein 2001.
- Rizqallah & Rizqallah 1978.
- Charloux 2006, pl. 95, fig. 5.


