UN@ est une plateforme d'édition de livres numériques pour les presses universitaires de Nouvelle-Aquitaine
Auteur : Bruno Chaume
Directeur de recherche du site de Vix, Bruno Chaume est chargé de recherche hors classe en archéologie au CNRS. Il supervise les recherches menées dans le cadre du projet “Vix et son environnement”.
“Bruno Chaume : apprendre le passé pour envisager le présent” (© Le bien public, juillet 2014)
Vingt ans après le colloque de Châtillon-sur-Seine sur les éphémères principautés celtiques, au cours duquel de vives critiques du modèle canonique des résidences princières des VIe et Ve siècles s’étaient exprimées, il était important de réexaminer la question à la lumière des spectaculaires découvertes effectuées depuis lors. Pour l’opinion qui était à l’époque devenue majoritaire, le modèle proposé par W. Kimmig accordait à ces sociétés un niveau de complexité politique trop élevé et leur prêtait des relations trop fréquentes et régulières avec des Cités-États grecques et étrusques.
The “princely phenomenon”, which flourished between 575 and 450 BC in the south-western part of the Celtic regions north of the Alps, has been interpreted in remarkably diverse ways, ranging from one extreme to the other over the last three decades. Some of these interpretations may even be taken to represent the excesses of post-processualist thinking. The latter came about because the relativist approaches long adopted by a majority of archaeologists, who did not necessarily realise what consequences such a way of thinking could have, reached an impasse. They treated the question of urbanisation without attempting to define precisely what they understood it to mean.
Les données accumulées par l’archéologie sur une vaste zone couvrant approximativement le plateau suisse, le quart sud-ouest de l’Allemagne et le quart nord-est de la France montraient déjà, dans les années 1950, que les sociétés installées là aux VIe et Ve s. a.C. avaient reçu des objets fabriqués dans les cités méditerranéennes, en plus grand nombre, non seulement qu’auparavant, mais aussi que durant les deux siècles suivants.
Lorsqu’il s’agit d’évaluer le degré de sophistication des communautés protohistoriques en général et de la société hallstattienne en particulier, l’accord entre chercheurs/archéologues est loin d’être fait puisque d’aucuns la classent dans les sociétés de type tribal, animées par des Big Men, d’autres la conçoivent comme évoluant vers l’État archaïque , certains évacuent le sujet d’un revers de la main, et la plupart, semble-t-il, la considèrent comme une chefferie complexe.
The colloquium on ‘Vix and the Princely Phenomenon’ was held at Châtillon-sur-Seine in 2016. It was organized as a sequel to the 1993 event (Brun & Chaume (eds) 1997). Participants at the first symposium were predominantly ‘prince-sceptical’. Back in 1993 the systemic perspective we defended had been contested by supporters of the post-processualist movement initiated by Ian Hodder (1982).
Le colloque “Vix et le phénomène princier” s’est tenu à Châtillon-sur-Seine en 2016 ; il a été organisé comme une suite de celui de 1993 (Brun & Chaume, éd. 1997). La conception qui dominait parmi les participants du premier symposium était “princiéro-sceptique”. En 1993, la perspective systémique que nous défendions avait été contestée par des adeptes du courant post-processualiste, lancé par Ian Hodder (1982).
Les interprétations du phénomène princier qui s’est épanoui entre 575 et 450 a. C. dans le sud-ouest de la Celtique nord-alpine ont étonnamment variés d’un extrême à l’autre durant les trente dernières années. Elles peuvent même être considérées comme un archétype des excès post-processualistes.