La synthèse de toutes les données chronologiques offre l’opportunité de mettre en séquence le mobilier de parure afin de reconnaître des phénomènes évolutifs par le biais de marqueurs typologiques. Au cours de ce chapitre, il s’agira de dégager des chronologies d’usage récurrent des types de parures sur différentes portions du territoire étudié et de discuter de possibles convergences ou divergences entre ces zones. Si ce séquençage ne concerne que le mobilier de parure, il sera cependant intéressant de le confronter aux systèmes chronologiques employés jusqu’à présent par les archéologues de part et d’autre des Pyrénées (fig. 9).
Modalité d’analyse
Pour mesurer les rythmes évolutifs d’un corpus qui s’étend sur environ quatre siècles et qui est réparti sur un vaste territoire, plusieurs pistes méthodologiques ont été explorées. Celle qui a fourni les résultats les plus pertinents impliquait plusieurs choix qui doivent être rapidement évoqués.
Le premier de ces choix concerne l’échantillon de données retenu. En amont de ce travail, il est nécessaire d’opérer une sélection des données en fonction des informations qu’elles fournissent. Tous les contextes archéologiques (couches d’occupations, sépultures, dépôts, etc.) ne se valent pas en matière d’information chronologique et, dans la zone d’étude, les contextes funéraires constituent les témoins chronologiques les plus pertinents et les mieux représentés (fig. 14). Il parait donc tout à fait essentiel de fonder l’analyse principalement sur les contextes funéraires dont les assemblages d’objets sont assurés. Cet échantillonnage des informations disponibles permet de valider la valeur chronologique des résultats obtenus.
Le second choix concerne les outils d’analyse employés. Lorsqu’il s’agit de dégager des étapes chronologiques à partir de marqueurs typo-chronologiques des parures, l’utilisation d’une matrice de sériation semble être tout indiquée. Les sériations permettent de rassembler des ensembles clos à partir de critères préalablement choisis et de les ordonner selon un principe de présence/absence de ces critères. Un tableau de sériation construit sur “la méthode des barycentres” détermine le point moyen en fonction de la place des ensembles dans la matrice et de leurs critères. Ce rapport entre des ensembles clos testés et la présence/absence de critères recherchés permet d’obtenir une diagonale exprimant, par exemple, un ordonnancement chronologique1. La réalisation d’une telle matrice mettant en relation les sépultures fiables et les types de parures de l’intégralité de la zone d’étude a fait émerger plusieurs problèmes. Tout d’abord, la contrainte de ne retenir que les contextes disposant d’au moins deux objets, indispensable pour un recoupement des critères, a eu pour conséquence de supprimer tous les ensembles pauvres en mobilier de parure du début du Premier âge du Fer. Le corollaire est une surreprésentation des ensembles funéraires de la fin du Premier âge du Fer. De plus, cette particularité a également comme conséquence de mettre en avant les sépultures exceptionnelles et riches en parure et d’estomper les représentations des sépultures plus modestes. Dès lors, le résultat de la diagonalisation des types de parures et des ensembles clos ne présentait pas uniquement un caractère chronologique mais été nettement soumis à des critères rituels. Ensuite, le biais majeur de cet exercice est qu’il mettait aussi en avant des groupes culturels plutôt qu’un découpage strictement chronologique. Des regroupements dans la diagonalisation rassemblaient des types de parures très régionalisés. La mise en place d’une matrice de co-occurrence, c’est-à-dire interrogeant la relation des types de parures entre eux, n’a pas apporté de meilleurs résultats.
Ainsi, si l’on veut identifier les rythmes évolutifs de la parure sur l’ensemble de l’aire géographique étudiée, il convient dans un premier temps de minimiser l’impact culturel observé lors de l’étude globale. Pour ce faire, la solution privilégiée est de procéder en amont à un découpage de la zone d’étude en portions cohérentes rassemblant des contextes archéologiques qui partagent un nombre suffisamment important de critères typologiques communs. Après de multiples ajustements, il est possible de proposer un partage du cadre géographique en six zones, dont la taille et le nombre de sites qu’elles renferment peuvent varier (fig. 57)2. Les justifications sur lesquelles se fondent la délimitation de ces zones seront explicitées en introduction de chacune d’elle. Il est toutefois essentiel de rappeler que ces zones sont des partitions “de travail”, utiles à un bon déroulement de l’analyse chronologique. À ce stade, elles ne constituent en aucune manière un découpage culturel et ne peuvent être considérées comme l’identification de faciès typologiques des parures.
Il s’agit par la suite d’identifier les séquences chronologiques des parures de chacune des zones puis d’en proposer une synthèse au sein d’un phasage général.
Zone 1 (sud lotois | Tarn | Comminges)
Le groupe des nécropoles tarnaises constitue le socle dominant de cette zone. Il est possible d’agréger à ce groupe les sites du nord de la Haute-Garonne, du Tarn-et-Garonne et du Sud lotois, régions bien marquées par leur affinité typologique : fibules de type Golfe du Lion (cartes n° 6 à 8), torques à crochets (carte n° 41), boutons plats à bélière (carte n° 24) et boucles d’oreilles rubanées à crochets (carte n° 46). D’après des aspects plus généraux, le rassemblement des sites de ces régions en une seule entité ne pose guère de problème dans la mesure où leur proximité culturelle à déjà été signalée à plusieurs reprises3. Le rattachement à ce groupe des sites du Comminges et d’Ariège est en revanche moins évident puisque cette région se distingue très nettement du reste de la zone par ses pratiques funéraires4. Cependant, l’étude des cartes de répartition laisse apparaître de véritables proximités typologiques comme c’est le cas des torques à extrémités recourbées (carte n° 42), pendeloques à rouelle (carte n° 46) ou triangulaires (carte n° 47) et divers boutons (cartes n° 25 et 26). Enfin, l’étude de l’ensemble du mobilier de la nécropole d’Arihouat (n° 148) avait déjà démontré sa proximité avec les productions tarnaises et languedociennes, validant alors le rattachement de la région à la zone 15.
Ainsi, la zone 1 renferme les principaux sites funéraires ayant livré des parures, comme les nécropoles du Camp de l’Église Nord et Sud de Flaujac-Poujols (n° 207), du Frau à Cazals (n° 326), de Gourjade et du Martinet à Castres (n° 298 et 299), du Causse à Labruguière (n° 305) et d’Arihouat à Garin (n° 148). Cette base documentaire importante a pour avantage d’être déjà bien fixée chronologiquement, notamment par ces liens typologiques avec les productions languedociennes des nécropoles du Moulin à Mailhac ou du Peyrou à Agde6.
Le grand nombre d’ensembles funéraires fiables autorise la réalisation d’une matrice sérielle de présence/absence. À partir des ensembles funéraires taphonomiquement fiables, plusieurs tests ont été réalisés afin d’identifier les objets qui constituent des marqueurs chronologiques pertinents, conduisant à regrouper certains types et sous-types ou à supprimer ceux qui apparaissaient tout au long du Premier âge du Fer7. Pour consolider le classement de ces ensembles, on a ajouté des critères qui ne relèvent pas du mobilier de parure mais constituent de bons marqueurs chronologiques, c’est-à-dire principalement des objets métalliques, comme les rasoirs, les épées et les pinces à épiler8. Ainsi, sur les 344 sépultures répondant positivement aux contraintes appliquées pour cette zone, seules 89 ont finalement été retenues à l’issue des divers tris opérés et sériés par méthode barycentrique9.
Dans cette matrice (fig. 58)10, il est possible de percevoir plusieurs étapes et sous-étapes. Leur caractérisation ainsi que celle de leurs marqueurs autorise également le rattachement à chacune d’elles des ensembles archéologiques (funéraires ou non) ou de critères morphologiques qui n’apparaissent pas dans la matrice. Ce phasage chronologique des parures de la zone permet de proposer une synthèse des catégories et matériaux pour chacune des étapes (fig. 59), ainsi qu’une planche récapitulative des critères typologiques caractéristiques (fig. 60).
Étape 1
Cette première étape est définie principalement par le dépôt dans les tombes d’objets qui sont connus tout au long du Bronze final et du Premier âge du Fer et qui ont donc été évincés de la matrice. Elle dispose malgré tout de quelques spécificités permettant d’en dessiner les contours.
Les ensembles pouvant être rattachés à cette étape se composent essentiellement de petits objets de parures comme des anneaux (An.1/2/3/4/5), des perles de types variés et des boutons plats (Bt.1), hémisphériques (Bt.2.A/2.B), coniques à barrettes (Bt.3.B), corolles (Bt.4.A) et spiralés (Bt.5). Au-delà, il est possible d’identifier deux sous-étapes.
La première sous-étape (étape 1A) comprend, en plus des types cités, quelques objets plus volumineux. On pense notamment aux torques à tige torsadée et terminaisons recourbées (To.18.A) des sépultures 339, 349, 518 et 552 de la nécropole du Causse (n° 305)11, aux bracelets à tige simple, ouverts de section hémisphériques ou quadrangulaire (Br.5.A/5.B) ou à tige spiralée (Br.4.C), et enfin aux pendeloques en rouelle (Pen.6). On doit également rattacher à cette étape les épingles à tête enroulées, avec ou sans anneau (Ep.1.A/2.A), bien que ces dernières se distribuent durant tout le Premier âge du Fer.
La seconde sous-étape (étape 1B) est définie par les mêmes critères que l’étape précédente mais se distingue toutefois par une plus grande variété des types déposés dans les sépultures. C’est particulièrement le cas des épingles en alliage cuivreux à tête enroulée avec ou sans anneau ou composées (Ep.1.A/2.A/Ep.3/Ep.4), du type “du roc” (Ep.5.A), à tête en anneau ou double anneau (Ep.8/9), à tête en rouelle (Ep.10) ou à tête biconique (Ep.11.A). Enfin, notons que c’est à cette étape que peut être rattachée la fibule à double ressort (Fi.5.A.1) en alliage cuivreux de la sépulture 275 du Causse (n° 305)12, mais aussi la boucle d’oreille à tige rubanée (Bo.5) de la tombe 42 de la nécropole de Mondi (n° 294)13. Ainsi, bien qu’inscrite dans la continuité de la sous-étape précédente du fait qu’elles partagent un grand nombre de critères communs, cette seconde sous-étape se manifeste par une plus grande variété dans les types rencontrés.
Si la variété des types peut être un facteur de distinction au sein de cette étape 1, les matériaux employés pour la confection des parures sont quant à eux tout à fait homogènes sur l’ensemble de cet intervalle chronologique. Le mobilier métallique est fabriqué quasi-exclusivement en alliage cuivreux pour les parures annulaires (torques, bracelets, anneaux, boucles d’oreilles et perles), les boutons et les pendeloques. Toutefois, il importe de relever la présence de deux épingles en fer dans ce corpus dominé par les productions en alliage cuivreux14. Ces pièces constituent les toutes premières parures fabriquées en fer et appartiennent probablement à la toute fin de l’étape 1B dans la mesure où ce matériau est surtout amené à se démocratiser au cours de l’étape suivante. L’ambre, le verre, les matières minérales et l’os, moins représentés, sont réservés pour les perles.
La datation de cette étape et des sous-étapes qui la composent ne pose pas de problèmes majeurs dans la mesure où elle est attestée principalement dans les nécropoles du Castrais15. Ainsi, l’étape 1A concentre des sépultures appartenant à la phase I de ces nécropoles, soit une date comprise entre 900 et 775 a.C., alors que celles de l’étape 1B correspondent plutôt à la phase II, entre 775 et 725 a.C. Les types de parures associables à toutes ces sépultures ne permettant pas, pour l’heure, de préciser la datation relative de ces étapes, on décidera donc de conserver celles établies pour les nécropoles castraises.
Étape 2
Cette étape est de loin la plus représentée dans la matrice. Au-delà des éléments de continuité avec l’étape précédente et incarnés par les nombreuses perles toujours déposées dans les tombes, mais aussi les épingles en alliage cuivreux (Ep.3/4/8/9/10), les torques à tige torsadée et extrémités recourbées (To.18.A) et les bracelets ouverts à tige simple (Br.5.A/5.B), de nouveaux marqueurs apparaissent lors de cette étape et permettent de la dissocier nettement de la précédente.
En premier lieu, on évoquera l’introduction de nouveaux types d’épingles telles que celles à tête en crosse (Ep.6) ou serpentiforme (Ep.7), mais également la diversification stylistique et la présence accrue des torques à extrémités recourbées qui adoptent différentes morphologies de tige (To.5/10/20). Enfin, c’est à cette étape qu’appartiennent les “cônes launaciens”. Toutefois, le marqueur le plus évident de cette étape est le développement des parures confectionnées en fer. Tout d’abord employé pour des objets de facture simple et imitant des types déjà connus, le fer est mis en œuvre dans des épingles à tête enroulée avec ou sans anneau (Ep.1.B/2.B), des épingles dites “du Roc” (Ep.5.B), à tête en crosse (Ep.6.B) ou serpentiforme (Ep.7.B). L’adoption de ce métal pour le mobilier de parure semble rapide, en l’espace d’un quart de siècle. Dès lors, on le retrouve sur des fibules serpentiformes (Fi.4) et des torques à extrémités recourbées, à crochets ou à tampons (To.3.B.1/4.B/5.B/9/18.B/19). Le fer entre aussi dans la fabrication des bracelets qui connaissent, de manière plus globale, une diversification stylistique importante comparativement à l’étape précédente. Outre les bracelets ouverts de forme simple en alliage cuivreux (Br.1/5) et leurs équivalents en fer (Br.14/18), se développent des types originaux tels que ceux fermés en alliage cuivreux ou en fer (Br.4.A/B/Br.17/20) ou ceux à tampons (Br.6.A/6.B/Br.19). On notera également que la première agrafe de ceinture de cette zone qui est typologiquement identifiable est un modèle à plaque subtrapézoïdale en fer (Ag.1.C)16.
Si cette étape richement documentée se caractérise par un nombre accru de catégories de parure et par leur diversité typologique, elle ne forme pas un bloc puisqu’il est possible de reconnaître deux sous-étapes en son sein.
La sous-étape 2A se signale naturellement par les types de parures précités, mais elle est encore marquée par certaines caractéristiques de l’étape précédente, à savoir la présence toujours importante d’épingles et de perles. Les nouveaux types semblent apparaître préférentiellement en fer. C’est le cas notamment des fibules serpentiformes (Fi.4), des torques à crochets (To.4.B) et des bracelets à tampons (To.15/19).
Si l’étape 2B est caractérisée dans la matrice par l’apparition des bracelets à tampons en alliage cuivreux (Br.6.A/B)17, elle est en réalité bien mieux marquée par des types d’objets qui n’ont malheureusement pas pu être conservés dans le tableau de sériation. Tout d’abord, elle se définit par la disparition progressive des épingles qui, bien que toujours présentes, se font de plus en plus rares, et par l’introduction, déjà perceptible auparavant mais à présent plus évidente, des torques à tampons ou à crochets (To.3.A.1/To.4), ou des modèles à tige composite (To.24/25), au détriment des exemplaires à extrémités recourbés. Enfin, contrairement au mobilier de l’étape 2A, celui de l’étape 2B se caractérise par l’adoption de l’alliage cuivreux sur des types d’objets fabriqués précédemment en fer : fibules serpentiformes (Fi.4), torques à tampons ou à crochets (To.3.A.1/To.4) et bracelets à tampons (Br.6.A/B). En dehors de cet aspect, cette étape 2B se manifeste également par l’introduction des premières fibules de types Golfe du Lion à arc coudé et spiralé (Fi.13.A.7).
Si les matériaux de fabrication des parures de cette étape 2 restent dominés par l’alliage cuivreux, l’usage du fer est important, ce qui dénote de sa rapide adoption. Les autres matériaux tels que l’ambre, la roche, le verre ou l’os deviennent plus anecdotiques puisqu’ils sont utilisés pour des objets moins fréquents, comme les perles et les anneaux.
Les types caractéristiques et les nombreuses sépultures des nécropoles du Castrais déjà bien datées qui définissent cette étape 2 facilitent sa délimitation chronologique : la majorité des critères identifiés la situent entre 725 et 575 a.C. Elle recouvre les phases III et IV des nécropoles castraises sans que la distinction entre les deux phases de ces sites ne s’observe dans le mobilier de parure. Ainsi, les éléments typologiques caractéristiques des deux sous-étapes permettent de situer raisonnablement l’étape 2A entre 725 et 625 a.C., tandis que l’étape 2B couvre une fourchette chronologique plus courte, entre 625 à 575 a.C.
Étape 3
Cette étape est principalement documentée à partir des parures découvertes dans les nécropoles tumulaires du Frau (n° 326) et du Camp de l’Église nord (n° 207), auxquelles s’ajoutent quelques objets mis au jour lors de la reprise des fouilles au Causse (n° 305) en 201018.
Cette étape se démarque aisément de celle antérieure par le fait que les perles, les épingles et les boutons tendent à disparaitre ou, du moins, à se raréfier, au bénéfice des fibules, des torques, des bracelets, des agrafes de ceintures, des boucles d’oreilles et des pendeloques. Ces catégories de parures, mieux représentées, montrent également moins de diversité qu’au cours de l’étape précédente. À l’exception de quelques pièces à pied droit (Fi.10.B.2), les fibules rencontrées sont quasi exclusivement du type du Golfe du Lion (Fi.13) à ressort court, avec ou sans axe (Fi.13.A.2/A.3/A.8/B.1/B.2/B.3) et pour lesquelles on note une tendance à l’allongement du ressort à partir de la fin de cette étape. On peut faire un constat similaire pour les fibules à pied coudé et arc coudé (Fi.15.B.3). Pour les torques, il s’agit de modèles déjà introduits lors de l’étape 2B, à savoir ceux disposant de tampons massifs ou de crochets (To.3.A.1/To.4.A/To.17). Si les torques tendent à disparaître de la panoplie régionale, cette étape voit toute de même l’apparition des modèles à terminaisons trilobées (To.6) présent dans la nécropole du Frau (n° 326). La catégorie des bracelets est marquée par la disparition progressive des individus munis de tampons (Br.6.A), remplacés par ceux à système de fermeture spiralé en alliage cuivreux ou en fer (Br.3.A/Br.16). Les exemplaires ouverts de formes simples sont malgré tout toujours présents (Br.1.A/Br.14). L’une des caractéristiques majeures de cette étape est l’accroissement du nombre et des types d’agrafes de ceinture. Il s’agit d’exemplaires pourvus d’un seul crochet à plaque quadrangulaire (Ag.2.A), à échancrures ouvertes (Ag.3.C) ou ayant tendance à se refermer (Ag.4.A), et à évidements (Ag.5.B). Enfin, dans la parure de suspension, on retrouve des éléments déjà connus auparavant, comme les boucles d’oreilles à tige rubanée et à crochet (Bo.5) ou les pendeloques triangulaires (Pen.2).
On n’observe pas de changements majeurs en ce qui concerne les matériaux de fabrication des parures au cours de cette étape. On remarquera toutefois que la part d’objets en fer semble diminuer par rapport à l’étape 2 et qu’il est surtout employé en association avec de l’alliage cuivreux sur quelques fibules ou agrafes de ceinture. L’apparition du lignite dans le registre de la parure est propre à cette étape puisque ce matériau est attesté sur deux bracelets lisses sans décor (Br.24.A)19. L’ambre et le verre servent toujours à la confection de perles.
Les ensembles clos qui caractérisent cette étape 3 couvrent principalement le courant du VIe s. a.C. On pensera notamment aux sépultures du Frau (n° 326) et aux premières tombes sous tumulus de la nécropole du Camp de l’Église nord (n° 207). Si on peut faire débuter cette étape vers 575 a.C., il est plus délicat de trancher quant à sa fin. En effet, plusieurs des critères typologiques qui la définissent ont une distribution chronologique relativement longue se poursuivant largement jusqu’au début du Ve s. a.C. On évoquera notamment les fibules de type Golfe du Lion (Fi.13) ou les bracelets à système de fermeture spiralé (Br.3.A/Br.16). Cependant, la présence d’agrafes de ceinture à échancrures ouvertes et un crochet (Ag.3) et de fibules en majorité pourvues d’un ressort court, invitent à situer la fin de cette étape dans les dernières décennies du VIe s. a.C., probablement autour de 525 a.C.
Étape 4
Cette étape 4 est la dernière pouvant être identifiée dans la matrice de sériation. Elle intéresse particulièrement les sépultures du Causse (n° 305) mises au jour en 2010, quelques tombes de la nécropole du Frau (n° 326) et surtout la majorité des tumulus du Camp de l’Église nord (n° 207). Cette étape poursuit la dynamique engagée précédemment qui voit diminuer le nombre de catégories de parure. Les épingles, les pendeloques et même les torques, tendent à disparaitre de la panoplie personnelle. En revanche, les bracelets et les fibules dominent dans les ensembles clos de cette étape, suivis, dans une moindre proportion, par les anneaux, les perles, les boutons et les agrafes de ceintures. Les différents critères typologiques qui la définissent permettent d’identifier deux sous-étapes.
La sous-étape 4A, conserve des types de parures déjà en circulation antérieurement : fibules Golfe du Lion (Fi.13) ou torques à extrémités trilobées (To.6) notamment. Toutefois, elle s’en distingue par la déposition fréquente de fibules à ressort long (Fi.13.A.4/A.6 ; Fi.14.A.3/A.4/A.6 ; Fi.15.A.1/A.2). Les bracelets ne présentent pas de modifications majeures dans la mesure où l’on rencontre des morphologies déjà connues par ailleurs, comme les bracelets ouverts ou fermés et simples en alliage cuivreux ou en fer (Br.1.A/Br.4/Br.5.A/5.B/Br.17/Br.20). En revanche, l’adoption de trois crochets pour les agrafes de ceinture à échancrures ou évidements (Ag.4.D.2/Ag.5.F) est un marqueur fort de cette sous-étape20.
Particulièrement bien représentée dans la nécropole du Camp de l’Église nord, la sous-étape 4B conserve des éléments de la précédente : fibules navarro-aquitaines ou fibules à pied coudé et agrafes à trois crochets. Toutefois, des types de parures originaux font aussi leur apparition. Outre les fibules à timbale (Fi.20), connues exclusivement dans la nécropole du Camp de l’Église nord, c’est l’introduction des fibules à ressort “laténien” (Fi.18.A/A.2/B.1/B.2), en alliage cuivreux ou en fer, qui marque le début de cette étape 4B. Les agrafes de ceinture ajourées en fer (Ag.6.B) du Camp de l’Église nord découvertes dans les sépultures associées à cette étape constituent un indice supplémentaire des changements importants dans le registre des objets de parure. En revanche, peu de modifications sont observables pour la typologie des autres catégories de parures. On relèvera tout de même que les épingles et les torques, déjà en voie de raréfaction dans l’étape précédente, sont totalement absents des contextes funéraires.
Concernant les matériaux de fabrication, leur usage est tout à fait identique à celui relevé pour l’étape 3. L’alliage cuivreux et le fer se distribuent dans les mêmes proportions alors que l’ambre, le verre et l’os demeurent employés exclusivement pour les petites parures annulaires de suspension. On relèvera cependant deux faits : l’apparition de perles en verre bichrome (Pe.3.B.2) et la part croissante d’objets mêlant à la fois le fer et l’alliage cuivreux résultant de la place importante accordée aux fibules.
La détermination des bornes chronologiques supérieures de cette étape ne pose guère de problème. Les débuts de l’étape 4A vers 525 a.C. semblent assurés par l’introduction des agrafes à trois crochets. Elle se termine avec l’apparition des objets dits de type laténien, qui se situe au début du Ve s. a.C., probablement vers 475 a.C. En revanche, la fin de l’étape 4B reste problématique. En effet, si la présence de certains types de parures, comme les fibules à pied coudé (Fi.15) ou les agrafes à évidements et un crochet (Ag.5.A) invitent à proposer un TPQ autour de 425 a.C., quelques ensembles un peu plus récents datés du dernier quart du Ve s. a.C., comme celui du tumulus 35 du Camp de l’Église nord (n° 207)21, ne montrent aucun signe d’évolution typologique. Seule une fibule (Fi.14.C.4) découverte en dehors du dépôt du tumulus 25 de cette même nécropole pourrait en constituer un indice. Dans la mesure où l’on manque de données, on placera par prudence la fin de l’étape 4b entre 425 et 400 a.C.
Remarques complémentaires
Les résultats typo-chronologiques obtenus pour cette zone permettent d’apporter un éclairage nouveau sur la chronologie des nécropoles castraises.
La rupture typologique qui a permis la reconnaissance d’une phase III (725-675 a.C.) pour ces sites n’est pas observable dans le mobilier de parure. En revanche, les bornes chronologiques de la phase V de ces nécropoles se voient modifiées. Initialement, l’étude des sépultures mises au jour dans les années 1990 situait la phase V des nécropoles castraises dans le second quart du VIes. a.C. (575-550 a.C.)22. La reprise des fouilles de la nécropole du Causse (n° 305) en 2010 est venue ajouter un nombre important de tombes rattachables à cette phase et a prolongé sa datation au premier quart du Ve s. a.C.23. À l’issue des analyses, il apparaît que ce prolongement de la phase V doit également être proposé pour des sépultures fouillées dans les années 1990. En effet, la chronologie de la phase V, restreinte à la fourchette 575-550 a.C. dans la publication de 2003, se fonde principalement sur l’épée à antenne et la fibule Golfe du Lion de la sépulture 533 du Causse24 qui ont été rapprochées du mobilier de la nécropole de Pézenas à Saint-Julien (Hérault). Ainsi, les auteurs font remarquer que les objets déposés dans les tombes de la phase V du Castrais sont très proches de ceux mis au jour dans les ensembles funéraires situés au nord-ouest de la nécropole de Pézenas (zone IIIa) et que A. Nickels datait de la première moitié du VIe s. a.C.25.
En premier lieu, on remarque que les auteurs de l’analyse des sites du Castrais n’ont retenu que les éléments de comparaison de la zone IIIa, sans tenir compte du fait que ces mêmes éléments sont aussi présents dans les zones IIIb et IV de Pézenas qu’A. Nickels situe dans les décennies suivantes, jusqu’au début du Ve s. a.C.26. Ensuite, la reprise récente de l’étude de la nécropole de Pézenas apporte des arguments décisifs pour l’allongement de la phase V du Castrais. En 2012, la publication d’un nouveau phasage du site de Pézenas démontre que l’occupation du secteur nord-ouest de la nécropole est la plus tardive et qu’elle peut être datée du milieu ou troisième quart du VIe s. a.C.27. Il en découle que certains des éléments de comparaison ayant servi à établir la phase V du Castrais peuvent être rajeunis de quelques décennies.
La sépulture 533 du Causse, qui avait étayé la datation initiale de la phase V, est particulièrement intéressante. La fibule Golfe du Lion à long ressort et/ou faux ressort et arc plat (Fi.13.A.6) qu’elle renferme indique en effet une datation plus récente que celle initialement proposée dans la mesure où l’allongement du ressort est un marqueur caractéristique de la seconde moitié du VIe et du début du Ve s. a.C.28. Pour finir, on ajoutera que la fibule et l’épée à antennes de la tombe 533 du Causse sont typologiquement identiques à celles découvertes dans la sépulture 136 de la nécropole des Plaines à Cayrac (n° 325)29. L’ensemble funéraire des Plaines, qui se situe à moins de 100 km au nord-ouest du Causse, est daté de la fin du VIe ou du début du Ve s. a.C., soit de l’étape 4A (525-475 a.C.), par le mobilier métallique et céramique qu’il renfermait30. La proximité typologique de ces deux assemblages tend donc à rajeunir la sépulture 533 du Causse et, de fait, à étendre la phase V du Castrais jusqu’à la fin du VIe, voire à la première moitié du Ve s. a.C., en accord avec les nouvelles découvertes faites en 2010 au Causse31.
Zone 2 (nord Aquitaine | Charentes | Limousin)
La faiblesse qualitative et quantitative des données utilisables pour la moitié nord du cadre géographique oblige à agréger de nombreux sites en une même zone afin d’éviter des isolats inexploitables. Toutefois, la zone ainsi définie se fonde aussi sur de réelles proximités de faciès. En effet, il a été évoqué à plusieurs reprises les similitudes dans les manifestations culturelles et funéraires du Premier âge du Fer en Centre-Ouest, Périgord et Limousin32. L’association à cet ensemble des sites de la moitié nord de la Gironde ne pose pas de problème majeur car sa proximité culturelle avec le Centre-Ouest, perçue dès les années 1960, se trouve renforcée par la reprise récente des données33. En revanche, le rattachement de la moitié nord du Lot est moins aisé dans la mesure où cette partie du département semble soumise à diverses influences culturelles au cours du temps : nord-alpine, aquitaine, languedocienne ou poitou-limousine34. On appuiera cependant ce choix par la répartition des divers bracelets ou anneaux de jambe à nodosités (carte n° 35) et des bracelets en lignite (carte n° 39) qui couvre l’ensemble de la zone 2, nord lotois inclus.
L’indigence des données pour cette zone a une autre conséquence : l’identification d’un phasage implique une méthode d’analyse différente de celle employée pour la zone 1. L’emploi d’un tableau de sériation est en effet exclu dans la mesure où peu d’ensembles funéraires peuvent être intégrés dans la matrice, le risque étant qu’une étape ne soit représentée que par une seule tombe, voire, ne soit pas représentée du tout. Pour la zone 2, on procédera donc différemment. On placera dans une matrice les types de parures issus de la zone qui constituent des marqueurs chronologiques, c’est-à-dire dont l’existence ne couvre pas l’intégralité du Premier âge du Fer et qui proviennent d’ensembles, funéraires ou non, bien datés. Les bornes chronologiques reconnues pour l’usage de chacun des types marquent le moment de leur adoption ou de leur disparition. La récurrence de ces phénomènes va permettre de définir des étapes et rendre lisible les dynamiques évolutives des parures pour la zone (fig. 61). Une fois les bornes chronologiques de ces étapes identifiées, il sera possible de prendre en compte également les autres types de parures qui n’apparaissent pas dans la matrice parce qu’intrinsèquement mal datés ou de chronologie trop large mais dont on sait, par la datation de leur contexte d’origine, qu’ils étaient en circulation au cours de ces différentes étapes.
Les chronologies des parures régionales rassemblées dans la matrice permettent d’identifier au moins trois étapes préliminaires “de travail”, chacune divisée en sous-étapes, que l’on va à présent décrire en renvoyant à plusieurs figures de synthèse (fig. 62 et 63).
Étape 1
Cette étape se caractérise par la perduration de types déjà connus au Bronze final ou par l’introduction de ceux associables à une étape régionale ancienne du Premier âge du Fer. Cependant, son identification repose sur peu de contextes archéologiques, ce qui n’est pas sans poser problème. Quelques éléments peuvent y être associés : les fibules à arc renflé (Fi.6.B.1) de Saint-Fort-sur-Gironde (Charente-Maritime) (n° 120) et des bracelets ouverts de forme simple à tige filiforme ou non (Br.1.C et Br.5.A.2), comme ceux de la Grotte de Fontaguillières (n° 143), bien datés du début du Premier âge du Fer par l’étude typo-chronologique35.
La sous-étape 1A semble se définir par la perduration de critères typologiques encore fortement marqués par un répertoire morphologique associable au Bronze final. Il s’agit cependant d’une sous-étape “de travail” dans la mesure où elle est particulièrement impactée par l’absence de données : seule l’épingle à col évasé et tête plate (Ep.21) de l’Ensemble n° 1 du tumulus du Clau de la Bonne à Blars (Lot) (n° 189) peut être associée à cette sous-étape36.
La sous-étape 1B se caractérise en revanche par l’accroissement du nombre de parures et une diversité typologique impliquant des objets plus volumineux. Les bracelets adoptent le fer sur des modèles à ouverture simple (Br.18.A) du tumulus 5 de Gramat (Lot) (n° 209) ou à extrémité à tampons (Br.19.A) dans la tombe 1 de Nespouls (Corrèze) (n° 126), soit des contextes datés dans le courant du VIIe s. a.C.37. Bien qu’ils ne soient pas reportés dans la matrice, on peut mentionner que durant la même période, circulaient également des bracelets en alliage cuivreux à ouvertures simples, décorés, à tige circulaire (Br.5.C) ou plate (Br.12.C)38. On signalera également la présence durant cette étape de bracelets lisses sans décor en lignite (Br.24.A), comme ceux de l’US 6033 de l’habitat de l’Isle-Saint-Georges (Gironde) (n° 164), bien que l’apparition de ce type puisse être antérieure.
L’image que l’on peut avoir des parures pour cette étape demeure cependant partielle. Cela est bien illustré par les pourcentages des matériaux de fabrication, dans la mesure où certains d’entre eux semblent prendre une place disproportionnée. C’est le cas du lignite, de l’os ou de la terre cuite, employés pour quelques bracelets ou pendeloques et dont on peut supposer qu’ils étaient bien moins présents dans la panoplie individuelle que le métal. La part des alliages cuivreux notamment devait être plus importante durant l’intégralité de cette phase. Ils sont utilisés ici pour des épingles, des bracelets et des fibules. D’après de minces indices, le fer semble avoir été privilégié, dans un premier temps, pour la confection de bracelets. Les rares contextes archéologiques dont on dispose ne permettent pas de faire remonter son apparition au-delà du second quart du VIIe s. a.C.
Les bornes chronologiques de cette étape sont sujettes à caution. L’épingle du tumulus du Clau de la Bonne place l’étape 1A dans la première moitié ou les trois premiers quarts du VIIIe s. a.C., guère plus. La limite supérieure de l’étape 1B pourrait se situer vers 725 a.C. par la datation des fibules à arc renflé. Les autres éléments typologiques n’offrent pas la possibilité de bien identifier la limite inférieure de cette étape. Ce sont les types qui apparaissent au cours du l’étape suivante qui permettent de placer la fin de l’étape 2 dans le dernier quart du VIIe s. a.C.
Étape 2
L’étape 2 est caractérisée par un nombre plus important de contextes archéologiques bien documentés. Si le profil des types de catégories connus au cours de cette étape demeure très proche de celui de l’étape précédente avec la prédominance des bracelets et la présence de quelques perles, anneaux, épingles, pendeloques et fibules, il s’en détache par l’apparition de nouvelles catégories, comme des boucles d’oreilles et des torques.
La sous-étape 2A se définie par la diversité des morphologies de bracelets, brassards ou anneaux de jambe rencontrés. On note l’introduction des exemplaires à tige à nodosités (Br.9.A.1, Br.9.B, Br.10 et Br.11)39. Cette caractéristique stylistique se rencontre aussi au même moment sur les torques, comme l’exemplaire à tampons (To.22.A) porté par le sujet 17 de la Grotte des Palabres à Boussac (Lot) (n° 190) dont la tige est pourvue de faibles nodosités ménagées par le riche décor d’incisions présent tout le long40. Les torques lisses à crochet en alliage cuivreux (To.4.A), à la manière de celui porté par un adolescent découvert aussi à Boussac41, ou celui mis au jour dans la grotte de Roucadour à Thémines (Lot) (n° 243)42, se rattachent également à cette sous-étape, ou au tout début de la suivante. Par ailleurs, c’est dans cette même couche du site de Thémines qu’a été découvert un bracelet en alliage cuivreux à tampons (Br.6.A.2). Il est possible d’associer à cette sous-étapes des bracelets dont les types ne sont pas présents dans la matrice mais dont la datation de leur contexte témoigne de la contemporanéité de leur usage. Il s’agit de bracelets de formes simples, ouvertes ou fermées, en alliage cuivreux ou en fer (Br.5.A.1, Br.5.C, Br.14.A et Br.18.A) mais aussi ceux richement décorés d’incisions à la manière des bracelets simples et fermés (Br.8.A) portés par le sujet 17 de la Grotte des Palabres à Boussac (Lot) (n° 190) ou celui déposé dans le tumulus 4 de Gramat (n° 209)43. Les autres catégories de parures pouvant être ajoutées à cette sous-étape sont peu significatives puisqu’il s’agit de types qui connaissent une distribution chronologie très large (An.1.B ou Ep.1.A). On notera enfin l’absence, en l’état de la recherche, de fibules attribuables à cette sous-étape.
La sous-étape 2B est plus difficile à définir et est marquée principalement par quelques types de parures annulaires mentionner dans la matrice chronologique (To.4.A, Br.6.A.2 et Bo.6). En effet, les quelques contextes pouvant y être rattachés ne sont pas suffisamment bien datés pour le moment. Dès lors, ces ensembles pourraient également appartenir au début de l’étape suivante (sous-étape 3A). Malgré cette documentation imprécise, on peut supposer que cette sous-étape conserve des éléments de la précédente. On citera par exemple les bracelets ou anneaux de jambe à nodosités (Br.9.B, Br.10.A), les bracelets en alliage cuivreux ou en fer à tampons (Br.6.A et Br.19.A), comme celui du tumulus de la Vernouille à Saint-Ybard (Corrèze) (n° 134) ou de l’inhumation de tumulus 4 de la nécropole du Pech de Cramazou à Calès (Lot) (n° 197)44, ou enfin les torques à tampons (To.3.A.4), à la manière de l’exemplaire du tumulus de Montfumat à Saint-Ybard (Corrèze) (n° 135), dont la datation approximative couvre la fin du VIIe et le VIe s. a.C.45. De même, pourraient apparaître des types qui trouveraient leur place au début de la sous-étape suivante, dans le dernier quart du VIe s. a.C. On évoquera par exemple le bracelet décoré en lignite mis au jour à l’Îlot Chabrefy à Angoulême (Charente) (n° 99)46, ou les boucles d’oreilles à crochet rapporté (Bo.4) de la sépulture de Coutras (Gironde) (n° 160)47, celles à tige en filigrane en électrum (Bo.6) du tumulus 2 de Lanouaille (Dordogne) (n° 141) et du tumulus de La Mouthe à Jumilhac-le-Grand (Dordogne) (n° 139), associée dans ce dernier à une fibule navarro-aquitaine (Fi.14.A)48.
Le choix des matériaux de confection des parures donne une large place à l’alliage cuivreux qui est employé pour la quasi-totalité des catégories d’objets, mais surtout pour les parures annulaires (bracelets, anneaux de jambes, anneaux, perles et torques). Le fer s’exprime presque exclusivement sur des bracelets, ainsi que sur une fibule et un anneau. On relèvera qu’on ne connait aucun torque en fer dans cette zone. Le mélange de l’alliage cuivreux et de fer demeure plutôt rare. Il est uniquement observé sur les tiges de maintien des brassards à nodosités en alliage cuivreux mis au jour dans la grotte de Thémines (n° 243)49. Plus anecdotiques, les éléments en lignite, roche, terre cuite concernent quelques bracelets, tandis que l’ambre, l’os et le verre sont connus pour des perles, et l’électrum pour les deux boucles d’oreilles de Dordogne.
Les éléments typologiques rassemblés invitent à placer cette étape 2 entre le dernier quart du VIIe s. a.C. et le dernier quart du VIe s. a.C. Le jalon chronologique qui sépare les deux sous-étapes internes n’est pas clairement établi. Les quelques types de parures qui définissent la sous-étape 2B (To.4.A, Br.6.A.2 et Bo.6) semblent marquer un jalon vers le milieu du VIe s. a.C.
Étape 3
Cette dernière étape est de loin la mieux documentée pour cette zone 2. Si les bracelets demeurent la catégorie d’objets la plus représentée, on compte cette fois un nombre significativement plus important de fibules. En outre, en dehors de la présence continue de perles, d’anneaux ou d’épingles, on observe une raréfaction des torques et l’apparition d’agrafes de ceinture et de bagues. Il faut également mentionner que certain type, connus antérieurement, sont toujours en circulation à cette époque, comme les bracelets de forme simple ou à nodosités, ouverts ou fermés (Br.1.C, Br.4.A, Br.5.C, Br.8.A, Br.9.A.1, Br.9.B, Br.17, Br.18.A et Br.24). On note cependant l’apparition de types nouveaux pouvant être datés de la fin du VIe et du Ve s. a.C. qui participent à la définition de cette étape. Pour les fibules, on citera les modèles zoomorphes (Fi.7), les exemplaires navarro-aquitains en fer avec perles ou sphères sur axe débordant (Fi.14.A.4 et Fi.14.A.7) ou bimétallique (Fi.14.B.2), ou encore ceux à timbale en alliage cuivreux ou en fer (Fi.20.A.1 et Fi.20.A.2). Enfin, on évoquera les torques à tiges creuses (To.23), dont les exemplaires de l’inhumation de Saint-Jean-Laur (n° 235) et de la sépulture 2 de la nécropole de Planes à Saint-Irieix-sur-Charente (Charente) (n° 108) couvrent chronologiquement la totalité de cette étape 350.
Plus spécifiquement, on définira la sous-étape 3A (525-475 a.C.) par l’introduction des agrafes de ceinture à échancrures à deux ou trois crochets (Ag.4.C et Ag.4.D.2), illustrée par les pièces de la sépulture de Saint-Pey-de-Castests (Gironde) (n° 171), du tumulus 3 de la nécropole de Pied-de-Prune à Rocamadour (Lot) (n° 231) et du site mal défini des Nougerées à Port-d’Envaux (Charente-Maritime) (n° 118)51. On relèvera cependant qu’il existe un degré d’incertitude quant à la datation exacte des deux premiers contextes archéologiques cités qui pourraient tout à fait se placer à la toute fin de l’étape précédente, dès le milieu du VIes. a.C. Il n’y a en revanche pas de doute sur le rattachement à cette sous-étape 3A pour l’inhumation de Saint-Jean-de-Laur (n° 235) et ses riches parures composées d’une boucle d’oreilles à tige renflée (Bo.3.A), d’une bague en alliage cuivreux ouverte (Ba.1.A), d’une fibule à fausse corde à bouclettes (Fi.17) et d’un torque et bracelets de types déjà évoqués plus haut (To.23 et Br.4.A)52. Même constat pour la sépulture des Nougerées à Port-d’Envaux (n° 118) dont les bracelets en alliage cuivreux à tampons tangents (Br.6.C) constituent un bon marqueur de cette sous-étape 3A53. Enfin, on attribuera à cette sous-étape la fibule de type Golfe du Lion à ressort sans axe mise au jour sur l’habitat de Combes Fages II à Loupiac (Lot)54.
Le mobilier associable à la sous-étape 3B est empreint de nets changements. Ils s’illustrent par l’apparition des fibules à ressort “laténien” (Fi.18.A.1, Fi.18.A.2, Fi.18.B.1 et Fi.18.B.2) et des agrafes ajourées en alliage cuivreux (Ag.6.A) et à simple crochet en fer (Ag.7), aussi bien sur les sites de façade atlantique, comme les deux exemplaires découverts au Moulin du Fâ à Barzan (Charente-Maritime) (n° 113)55, que sur les contreforts du Massif Central, tel l’individu de la sépulture 2 du tumulus de la nécropole du Pech de Cramazou à Calès (Lot) (n° 197)56. Parmi les bracelets, on n’observe pas de changements majeurs, si ce n’est l’apparition des anneaux de jambes à légère bossettes et système de fermeture (Br.9.A.2) de la sépulture 2 des Planes (n° 108)57, ou du bracelet à en “armilles soudées” (Br.1.D) du tumulus de Champsac (Haute-Vienne) (n° 330) ou du tumulus 1 de Calès (Lot) (n° 197)58. En dehors de ces aspects nouveaux, cette période s’inscrit dans une certaine mesure dans la continuité de la sous-étape précédente puisqu’elle connait plus généralement des types distribués sur l’intégralité de l’étape 3 : fibules navarro-aquitaines (Fi.14) et à timbale (Fi.20) entre autres.
L’usage des matériaux de fabrication de parures n’évolue presque pas. L’alliage cuivreux est employé pour les parures annulaires et les fibules, le fer concerne principalement les bracelets et les fibules et, dans une moindre mesure, quelques épingles, anneaux et agrafes de ceinture, tandis que l’alliance de ces matériaux est usitée quasi-exclusivement pour les fibules59. Si la place du lignite et de la terre cuite paraît importante, elle doit être tempérée dans la mesure où sa large représentation s’explique par les nombreux fragments de bracelets découverts à Chalucet (n° 337). Par ailleurs, si ces pièces ont été associées à cette étape en raison de leur datation qui couvre plus largement celle de l’étape 3, il faut rappeler qu’une partie d’entre elles pourraient tout aussi bien se situer à la fin de l’étape précédente, dès le milieu du VIe s. a.C. On supposera donc que leur représentation au cours de cette étape doit être amoindrie au profit, probablement, d’une plus grande place accordée aux parures métalliques. Enfin, les autres matériaux, comme le verre et l’ambre, sont connus pour des perles, ou pour le décor du bouton de la fibule à fausse corde à bouclette (Fi.17) de la sépulture de Saint-Jean-de-Laur60.
Contrairement aux étapes précédentes, la datation de cette étape 3 des parures ne pose pas de problème particulier. Les éléments typologiques incitent à la placer entre le dernier quart du VIe et le dernier quart du Ve s. a.C. Enfin, l’apparition des fibules à ressort “laténien” constitue un bon marqueur du jalon chronologique séparant les deux sous-étapes 3A et 3B vers 475 a.C.
Remarques complémentaires
On l’a dit, la mise en place d’une périodisation pour cette zone reste limitée dans la mesure où elle repose sur une base documentaire lacunaire, tant en termes de qualité qu’en termes de quantité. Le début du Premier âge du Fer de la zone 2 est particulièrement touché par ce problème. Les parures réellement assimilables au Premier âge du Fer et non plus à une phase de transition Bronze-Fer, n’apparaissent qu’à la fin du VIIIe s. a.C., vers 725 a.C. Cependant, les maigres indices dont on dispose situent l’introduction des premières parures en fer plus tardivement, vraisemblablement vers 675 a.C. De fait, on peut s’interroger sur la place à accorder à l’apparition de ce métal dans le registre de la parure. Caractérise-t-il une nouvelle étape alors que dans le courant du VIIe s. a.C., au moins jusqu’au troisième quart, on rencontre des types proches de ceux du début du siècle précédent ?
Le début de l’étape suivante (étape 2), à partir de 625 a.C., est en revanche beaucoup plus clair. Il se manifeste par l’augmentation du nombre d’objets et une variété typologique accrue. Les bracelets, les anneaux de jambes ou les brassards en alliage cuivreux à nodosités, souvent décorés d’incisions, des bracelets à tampons et des torques, sont les objets qui définissent majoritairement l’étape 2A. Sa pleine continuité jusqu’au troisième quart du VIe s. a.C. n’est en revanche pas assurée puisque plusieurs ensembles contiennent des types nouveaux, comme des fibules navarro-aquitaines (Fi.14) ou des agrafes à échancrure à double crochets (Ag.4.C), qui laissent supposer une division de cette phase vers le milieu du VIe s. a.C. On manque d’indices ici pour valider l’existence de cette division dans la mesure où de nombreux contextes échappent toujours à une datation plus resserrée et se situent entre 550 et 500 a.C. Dès lors, on peine à observer de grands bouleversements dans les morphotypes datés de la seconde moitié du VIe et du premier quart du Ve s. a.C. Si l’on a bien noté l’introduction de nouveaux types de parures dès 525 a.C., comme les fibules à timbale en fer (Fi.20), les bracelet à tampons tangents (Br6.C) ou les agrafes à échancrures et à trois crochets (Ag.4.D.2), cette période 550-475 a.C. se signale globalement par une continuité marquée notamment par les fibules navarro-aquitaines (Fi.14), les bracelets à faibles bossettes ouverts (Br.9.A.1) ou les bracelets en lignite de type “Chalucet” (Br.24.B). La difficulté à distinguer une césure nette entre la fin de l’étape 2B (550-525 a.C.) et l’étape 3A (525-475 a.C.) s’exprime surtout pour les gisements des Charentes, du Limousin et du Périgord et fait écho aux dernières observations sur la production céramique régionale61. Concernant le nord lotois, sur la base de faibles indices, on peut émettre l’hypothèse que les parures suivent probablement une périodisation proche de celles de France Centrale, c’est-à-dire avec division plus nette autour de 525 a.C.
En revanche, il est très clair que l’identification de l’étape 3B vers 475 a.C. ne pose pas de problème en raison de l’apparition franche de types dits “laténiens”. Ces objets marquent bien l’ultime étape du Premier âge du Fer dont on peut effectivement situer la fin vers 425 a.C. Au-delà, le mobilier d’apparat de cette zone adopte des formes caractéristiques du Second âge du Fer ainsi que l’illustrent les deux fibules dites de “La Tène” (Fi.21) découvertes dans la grotte de Meyrals (Dordogne) (n° 142) et sur l’habitat de l’Impernal à Luzech (Lot) (n° 217)62.
Zone 3 (Aquitaine centrale et méridionale)
La définition des contours de la zone 3 ne pose pas de problèmes particuliers tant elle s’appuie sur plusieurs facteurs bien connus. L’homogénéité culturelle des groupes des nécropoles tumulaires pyrénéennes et landaises n’est plus à démontrer63. À ce groupe, on rattachera les quelques sites du sud girondin, c’est-à-dire principalement ceux de la vallée de la Leyre, ainsi que toutes les nécropoles de la moitié ouest du Lot-et-Garonne, en raison de nombreux traits communs. Si des phénomènes de convergence s’observent dans la pratique funéraire de tous ces sites durant la phase moyenne du Premier âge du Fer64, c’est surtout par le mobilier du milieu et de la fin du Premier âge du Fer que des parallèles évidents s’observent : on pensera notamment à la répartition des fibules navarro-aquitaines (carte n° 9 et 10), des torques à tampons (carte n° 40 et 43), et des fibules à ressort “laténien” et bouton massif (carte n° 14). Enfin, on ajoutera que les liens qui unissent ces différentes régions de la zone 3 ont été traités à plusieurs reprises65.
Le regroupement d’un nombre important de nécropoles autorise la réalisation d’une matrice sérielle selon une méthode identique à celle employée pour la zone 1 (fig. 64). Elle permet d’identifier trois étapes au cours du Premier âge du Fer, chacune pouvant soutenir une division interne menant à la reconnaissance de sous-étapes66. Des éléments de synthèse portant sur les matériaux de fabrication des parures et les types caractéristiques de chacune des étapes vient compléter la vision d’ensemble des parures de la zone 3 (fig. 65 et 66).
Étape 1
La première étape n’est que faiblement représentée dans la matrice en raison de la méthodologie employée. On compte en réalité 33 contextes archéologiques pouvant y être rattachés. Elle est caractérisée principalement par des bracelets, des fibules, des épingles et des torques. La distribution des divers types permet d’identifier deux sous-étapes.
L’étape 1A se définit par un spectre de fibules relativement restreint. Il comprend la fibule à double ressort en fer (Fi.5.A.1) de la sépulture 2 du tumulus J d’Ibos (n° 282), celle à pied droit et arc coudé (Fi.10.A.1) du tertre de Saint-Vincent-de-Tyrosse (n° 186), auxquelles on peut probablement ajouter la fibule à arc renflé (Fi.6.B.2) de Sainte-Radegonde (n° 253)67. Les bracelets offrent de loin une typologie plus variée. Les formes simples, ouvertes ou fermées en alliage cuivreux (Br.1.A.1, Br.5.B.1 ou Br.5.C) connaissent leurs équivalents en fer (Br.14.A, Br.18.A/B et Br.20). C’est durant cette étape que sont introduits les bracelets à tampons (Br.15 et Br.19.B). Ces derniers semblent être fabriqués uniquement en fer, comme celui à tige décoré de Saint-Vincent-de-Tyrosse (n° 186) ou celui du tumulus LP.24 de Lamarque-Pontacq (n° 285)68. On mentionnera également la présence de bracelets en “armilles soudées” dès cette étape, tel que l’exemplaire du tumulus L.3 d’Ossun (n° 287)69. Les quelques épingles rencontrées sont à tête enroulée en fer avec anneau (Ep.2.B), à tête en crosse (Ep.6.A) ou à tête en anneau (Ep.8). Concernant les torques, les deux seuls identifiables sont celui en alliage cuivreux à extrémité recourbée (To.18.A) du tumulus J d’Ibos et celui en fer et à tampons (To.3.B.1) de la sépulture 2 du monument funéraire M.5 d’Azreix (n° 278)70. Enfin, on peut ajouter d’autres types et/ou catégories de parures qui apparaissent durant cette étape, bien qu’on les retrouve dans les étapes suivantes, comme les pendeloques à rouelles (Pen.6), les boucles d’oreilles à tige rubanée (Bo.5), les boutons plats à bélière (Bt.1) ou la probable bague en or du tumulus 1 de Lande du Pas de Géline à Ibos (n° 284)71.
Si l’on excepte le tumulus L.3 de la nécropole pyrénéenne d’Ossun (n° 287), l’étape 1B est surtout observable dans les gisements funéraires de la vallée de la Leyre, du Bazadais et du Lot-et-Garonne. Elle se distingue de la précédente par l’apparition des fibules à pied droit en fer (Fi.10.B.4) que l’on trouve aussi bien dans le tertre d’Ossun précité que dans la sépulture 2 des Riberotes à Barbaste (n° 251) ou dans la sépulture 2017 de Saint-Hippolyte à Bazas (n° 156)72. Dans ce dernier ensemble, elle est associée à un bracelet à tampons en fer (Br.19.A) dont l’absence de décor sur la tige pourrait être un marqueur récurrent de cette étape. L’apparition d’épingles à tête en spirale (Ep.15.A) et de torques à tampons massifs (To.3.A.1) dans la nécropole du Truc du Bourdiou à Mios (n° 168) participe également à caractériser cette étape 1B. Cette sous-étape conserve plusieurs caractéristiques de l’étape 1A, comme les bracelets fermés en fer (Br.20), les épingles en fer à tête enroulée avec anneau (Ep.2.B) ou les torques à tampons en fer (To.3.B.1).
Sur le plan des matériaux de confection, cette étape 1 est dominée par les objets en fer qui représentent près de la moitié du contingent datable. Durant l’étape 1A, ce métal est employé majoritairement pour les parures annulaires volumineuses (bracelets et torques), puis, dans une moindre mesure, pour les fibules ou les épingles. À l’étape 1B, il sera plus largement usité pour les fibules, sans que son usage ne faiblisse pour les parures annulaires. L’alliage cuivreux tient malgré tout une place importante et reste d’usage majoritaire pour les pièces plus petites, comme les anneaux, les boucles d’oreilles, les boutons ou les pendeloques et très fréquent pour les bracelets et les torques. Le mélange de ces deux métaux est rare puisqu’il n’est attesté que pour deux objets : un fragment indéterminé et une tête d’épingle en fer enserrant un anneau en alliage cuivreux découverte dans l’incinération 1 de la nécropole de Grand Jean à Aiguillon (n° 247)73. L’or, l’argent et l’ambre sont quant eux plus anecdotiques et seulement représentés par un individu chacun : deux bagues (l’une en or et l’autre en argent) et une perle en ambre.
La délimitation des bornes chronologiques de cette étape 1 ne pose pas de problème majeur dans la mesure où les ensembles qui la composent sont rattachés à la période I et II de J.-P. Mohen (750-600 a.C.) et Ibos 0 et 1a de J.-M. Escudé-Quillet (environ 800-575 a.C.) (fig. 16). Un certain degré d’incertitude demeure cependant concernant les premières décennies de l’étape 1A. Le début de la période n’est connu que par un nombre très faible de sépultures à parure74. Toutefois, la date de 750 a.C. proposée par J.-P. Mohen semble trop ancienne, du moins pour les ensembles retenus. Pour J.-M. Escudé-Quillet, ces tombes appartiennent, autant par le mobilier métallique que céramique qu’elles renferment, à son groupe 2A, qu’il fait débuter à la fin du VIIIe s. a.C.75. À la faveur des éléments typochronologiques disponibles, il paraît plus juste de situer effectivement le début de cette étape 1A vers 725 a.C. Si elle peut être marquée par l’apparition des premiers objets en fer autour de 700 a.C., comme le torque de la sépulture 2 du tumulus M.5 d’Azereix (n° 278)76, ce n’est vraiment qu’au cours de la première moitié du VIIe s., vers 675 a.C. que l’usage de ce matériau prendra une place majeure dans la confection des parures de la zone 3. Il est donc possible qu’une phase de transition existe entre le début de l’étape 1A et le deuxième quart du VIIe s. a.C. mais l’état de la recherche actuelle ne permet pas d’en rendre compte. Pour l’heure, on se contentera donc de conserver une pleine continuité entre la fin du VIIIe et le second quart du VIIe s. a.C. La sépulture de Saint-Vincent-de-Tyrosse (n° 186) peut être perçue comme un contexte archéologique pivot sur lequel s’articule la transition entre l’étape 1A et 1B. Le bracelet à tampons en fer (Br.19.B) et la fibule à pied droit et arc coudé en alliage cuivreux (Fi.10.A.1) qu’elle renferme annoncent les évolutions marquantes de l’étape 1B dont les éléments typologiques constitutifs sont représentatifs de la fin du VIIe et du début du VIe s., entre 625 et 575 a.C.
Étape 2
Cette seconde étape est celle qui est la moins bien documentée dans la zone puisqu’elle est identifiée avec moins de 40 objets de parure77. Malgré ces lacunes, elle présente des types reconnaissables et connus dans d’autres zones étudiées (notamment la zone 1). De plus, on remarque que les catégories représentées comprennent des parures volumineuses et bien datées, comme les bracelets, les torques et les fibules, autorisant alors une subdivision de cette étape en deux sous-étapes.
L’étape 2A se signale en premier lieu par une forme de continuité avec l’étape 1B dans la mesure où perdurent des éléments déjà rencontrés. On pense notamment aux fibules à pied droit (Fi.10), aux bracelets fermés à tige épaisse en fer (Br.20) ou aux bracelets à tampons (Br.6.A.1). Cependant, les objets de cette nouvelle étape se détachent par l’usage d’un matériau différent. Les fibules à pied droit marient à présent l’alliage cuivreux et le fer (Fi.10.B.1 et Fi.10.B.3), comme l’indiquent les exemplaires de la nécropole de Pujaut (n° 167) ou de Grand Jean (n° 247)78, tandis que les bracelets à tampons sont dorénavant en alliage cuivreux, à la manière de l’individu de Pujaut79. Parallèlement à cette relative continuité, on peut relever l’introduction de types nouveaux. Les fibules adoptent progressivement un pied coudé, à la manière de la fibule Golfe du Lion à ressort court sans axe (Fi.13.B.3) de l’incinération 8 de Grand Jean (n° 247), ou de la fibule navarro-aquitaine à axe peu ou pas débordant (Fi.14.A.3) de la sépulture 14 d’Ibos (n° 283)80. Enfin, on citera l’apparition des premières agrafes de ceinture à un crochet et à échancrures (Ag.3.D) ou à évidements (Ag.5.D) dans l’incinération 2 de Grand Jean (n° 247) et la sépulture 15 d’Ibos (n° 283)81.
Si l’étape suivante (2B) est marquée par la perduration des fibules navarro-aquitaines et du Golfe du Lion, la morphologie de ces dernières évolue. Les premières sont désormais parfois bimétalliques (Fi.14.B.1), telles que celles des incinérations 6 et 9 de Grand Jean (n° 247)82, tandis que les secondes ont un ressort monté sur axe (Fi.13.A.2 et A.3). Plus que les fibules cependant, ce sont les torques qui signalent le début de cette sous-étape. En effet, leur nombre s’accroît en même temps que leur variété stylistique à partir de cette étape 2B. On voit alors apparaître des torques à tampons en alliage cuivreux dont la tige peut être cannelée (To.14.A) ou plate (To.21.A).
Les changements typologiques qui conduisent à la caractérisation de cette étape 2 sont nettement visibles aussi dans les matériaux de fabrication des parures. Comparativement à l’étape précédente, l’alliage cuivreux supplante le fer. Il est à présent majoritaire pour les parures annulaires, voire exclusif pour les torques. Le fer et le bimétallisme sont réservés aux fibules.
Les ensembles rattachables à cette étape 2 se situent tous dans le courant du VIe s. a.C., dans une fourchette comprise entre 575 et 525 a.C. On placera vers 550 a.C. la limite entre les étapes 2A et 2B, suivant la datation proposée pour les torques à tampons à cannelures (To.14.A).
Étape 3
Cette troisième et ultime étape est de loin la mieux représentée pour le mobilier de parure de cette zone 3. Cette richesse documentaire s’illustre par le nombre plus important d’ensembles sériés dans la matrice mais également pas le nombre d’objets s’y rattachant et auxquels pourraient être ajoutées quelques pièces découvertes dans la région de Mont-de-Marsan (n° 185). Cette étape 3 est très largement dominée par les fibules tandis que les bracelets, les torques et les agrafes de ceinture sont moins présents. Ces éléments permettent d’identifier deux sous-étapes.
Les facteurs typologiques qui caractérisent l’étape 3A se fondent en grande partie sur le renouvellement morphologique engagé lors de l’étape précédente. Toutefois, elle s’en distingue par une plus grande variété typologique. Cet aspect se lit particulièrement bien pour les fibules, les agrafes et les torques.
Les fibules navarro-aquitaines à ressort peu ou pas débordant et à arc coudé (Fi.14.A.3) déjà connues, connaissent un foisonnement décoratif qui se traduit par un allongement du ressort et de l’axe permettant l’ajout de divers éléments comme des perles ou des disques et un arc en demi-cercle et/ou plat orné d’entailles, d’incisions ou de gorges (Fi.14.A.1, Fi.14.A.2, Fi.14.A.4, Fi.14.A.5, Fi.14.A.6 Fi.14.A.7, Fi.14.B.2). Les fibules de type Golfe du Lion (Fi.13) semblent être abandonnées, du moins on ne connaît aucun exemplaire pour cette étape. C’est en revanche à ce moment qu’apparaissent les fibules “arcachonnaises” (Fi.16) et discoïdes (Fi.8.A.2), associées à une probables fibule navarro-aquitaine dans le tumulus G de Pujaut (n° 167)83.
Bien que ce même tumulus de Pujaut renferme une agrafe de ceinture à échancrures et un crochet (Ag.4.B.1), dont la forme est encore proche de celles connues précédemment, cette étape se démarque de la précédente par l’introduction des modèles à trois crochets sur une plaque à échancrures (Ag.4.D.2) ou à évidements (Ag.5.F), ainsi qu’en crochet simple (Ag.7), comme celles de la sépulture 19 d’Ibos (n° 283), de la tombe de Cablanc à Barbaste (n° 250), ou de la sépulture 18-19 du Truc du Bourdiou à Mios (n° 168)84.
Les torques possèdent toujours des tampons comme ceux de l’étape antérieure mais offrent dorénavant une plus grande diversité de tige et/ou de décor sur la tige. On pense notamment à ceux à tige lisse circulaire (To.3.A.2), à tige lisse polygonale (To.11), à entailles transversales (To.12) ou à tige rabattue (To.23), tandis que ceux à cannelures connaissent également des variations décoratives (To.14.B et To.14.C).
Les autres catégories de parures ne rencontrent pas de modifications notables. En dehors des morphologies simples, ouvertes ou fermées (Br.1.A.1, Br.4.A, Br.14.A et Br.17), les bracelets voient l’apparition d’un individu en lignite (Br.24.A) dans la sépulture 4 de Lesparre à Barbaste (n° 252)85, tandis que les exemplaires en “armilles soudées” (Br.1.D) perdurent dans la zone depuis leur apparition lors de l’étape 1. On fera le même constat pour la pendeloque en rouelle (Pen.6) de la sépulture 1 du tumulus de Pau (n° 271)86. C’est en revanche à ce moment que sont introduites les probables parures pectorales (Pec.3.B) de la vallée de la Leyre et que l’on retrouve au cours de la sous-étape suivante.
Le lien entre les étapes 3A et 3B est assuré par la perduration de certains modèles de fibules et de torques. Les fibules navarro-aquitaines continuent de circuler bien qu’elles soient surtout représentées par les modèles les plus chargés décorativement (Fi.14.A.5 et Fi.14.A.6), tandis que sont toujours portés des torques à tampons et tiges à cannelures et incisions (To.14.C). Enfin, on signalera la présence durant cette étape 3B de bracelets à tige “massive” (Br.5.E) ou à tampons tangents (Br.6.C) en alliage cuivreux, dont les indices typochronologiques laisseraient penser qu’ils pourraient tout à fait trouver leur place dès l’étape 3A.
En dehors de ces éléments de continuité, ce qui caractérise surtout l’étape 3B, c’est l’émergence dans les sites funéraires des fibules à ressort dit “laténien” (Fi.18). Ces dernières sont toujours à arc en demi-cercle, en fer ou en alliage cuivreux (Fi.18.A.1 et Fi.18.A.2), comme celles de la sépulture 37 du Truc du Bourdiou à Mios (n° 168) ou de la sépulture 1 de Fourques-sur-Garonne (n° 255)87. Dans ce dernier exemple, la fibule est associée à une seconde de type navarro-aquitain, renforçant la continuité mentionnée plus haut. Le lien entre ces deux modèles de fibules peut également être perçu dans les fibules en fer mélangeant à la fois un ressort “laténien” et un arc et bouton de type navarro-aquitain (Fi.18.A.3), qu’on observe tout autant dans les sites pyrénéens, comme la sépulture 3 d’Ibos (n° 283), que dans ceux du Lot-et-Garonne, telle la sépulture d’Ambrus (n° 249)88. L’introduction de nouvelles formes concerne aussi les agrafes à quatre évidements (Ag.5.I) qui supplante progressivement celles à trois crochets (Ag.5.F). Concernant les torques, peu de changements sont enregistrés si ce n’est le modèle à tampons moulurés en fer (To.3.B.2) du tumulus P.2 de la nécropole de Taillan à Barzun (n° 261)89.
La part dominante des fibules au cours de cette étape impacte fortement sur les proportions des matériaux mis en œuvre pour la fabrication des objets de parure. Ainsi, le fer et le bimétallisme dominent très nettement cette catégorie de mobilier. Si le premier est aussi employé pour la confection de quelques parures annulaires, l’association du fer et de l’alliage cuivreux est réservée aux fibules, et plus précisément au type navarro-aquitain (Fi.14) ou assimilé (Fi.18.A.3). L’usage de l’or est attesté pour le torque à tige plate (To.21.A) d’Uchacq-et-Parentis (Landes) (n° 187)90, tandis que le verre concerne une seule perle monochrome (Pe.3.B.1).
Le début de l’étape 3A se situe vers 525 a.C., tandis que les éléments typologiques qui marquent le début de l’étape 3B peuvent être raisonnablement calés autour de 475 a.C. La fin de l’étape 3 quant à elle peut être placée vers 425 a.C. La zone entre ensuite dans le Second âge du Fer qui apparait en bas de la matrice sérielle. Le début du Second âge du Fer est marqué dans la zone 3 par la persistance des fibules à ressort “laténien” (Fi.18) et des agrafes à quatre évidements (Ag.5.H et Ag.5.I) auxquelles s’ajoutent de nouveaux modèles de fibules navarro-aquitaines en alliage cuivreux et/ou à tablette sur ressort (Fi.14.C.3 et Fi.14.C.4), et des torques à tampons non rapportés (To.3.A.5) inconnus jusqu’alors. Malgré tout, l’évolution morphologique des parures régionales au-delà du Ve s. a.C. reste délicate à identifier en raison du petit nombre de sites funéraires connus pour le IVes. a.C.91. Cependant, la fouille récente de la nécropole de Pouyet-Sud à Geloux (Landes) sous la direction de S. Rottier (Laboratoire PACEA, Université de Bordeaux), qui fait suite aux prospections menées par D. Vigneau (Centre de Recherche Archéologique sur les Landes) vient combler cette lacune documentaire. Les premiers résultats laissent entrevoir la présence de fibules bimétalliques de type navarro-aquitain à pied recourbé en “col de cygne” et des modèles dits de “La Tène” (Fi.21) en alliage cuivreux92.
Remarques complémentaires
Le phasage des parures d’Aquitaine centrale et méridionale qui vient d’être décrit appelle quelques observations, notamment au regard de la chronologie régionale établie par J.-P. Mohen (fig. 16).
Un premier constat est que dans cette zone, on ne dispose d’aucune donnée pour la période antérieure à la fin du VIIIe s. a.C. Les rares ensembles ayant livré du mobilier de parure que J.-P. Mohen situait vers le milieu de ce siècle et qui ont contribué à établir sa Période 1 (750-650 a.C.) ont été rajeunis de quelques décennies. La fréquentation des nécropoles pyrénéennes d’Ibos (n° 282), d’Oroix (n° 286) et d’Ossun (n° 287) débute dès le Bronze final IIIb. Toutefois, si ces sites renferment quelques tombes assimilées à l’hypothétique phase 0 de J.-P. Mohen (ou au groupe 1 de la phase Ibos 0 de J.-M. Escudé-Quillet), ces dernières ne livrent aucun mobilier de parure93. En l’état actuel de la recherche, il est difficile de dire si l’absence de parures dans ces contextes résulte de choix rituels (dépôt exclusif de l’urne cinéraire) ou économiques (conservation dans le circuit économique des biens de prestiges) des populations protohistoriques face à leurs défunts, ou bien d’un manque réel de données de terrain. Malgré ce hiatus, on peut d’ores et déjà relever que ce n’est véritablement qu’à partir du VIIe s. a.C., voire même lors du deuxième quart de ce siècle, qu’apparaissent des parures attribuables au Premier âge du Fer (torques et bracelets à tampons, objets en fer, fibules à pied droit).
Le second constat concerne la phase finale de la périodisation des parures. Jusqu’à présent, le phasage de J.-P. Mohen reconnaissait une pleine continuité entre le milieu du VIe et la fin du Ve s. a.C., correspondant à sa Période IV (550-400 a.C.). La reprise des données et les découvertes réalisées depuis la publication de ses travaux incitent à redéfinir cette phase du point de vue des parures. En premier lieu, les éléments typologiques qu’il associait au milieu du VIe s. a.C., comme les fibules navarro-aquitaines à long ressort sur axe débordant décoré (Fi.14.A.4, Fi.14.5 et Fi.14.A6) trouvent plutôt leur place à la fin de ce siècle et dans la première moitié du siècle suivant94. L’autre aspect important est l’apparition des fibules à ressort “laténien” (Fi.18) dès le deuxième quart du Ve s. a.C. Bien qu’il soit indiscutable que ce nouveau type de fibule se trouve régulièrement déposé avec des pièces caractéristiques des décennies précédentes, son introduction marque tout de même une étape de transition vers les parures pleinement attribuables au Second âge du Fer. Les données de terrain acquises ces trente dernières années rendent la lisibilité de cette étape de transition bien plus évidente qu’elle ne l’était lors des travaux de J.-P. Mohen, amenant donc à invalider sa période IV au bénéfice d’un découpage plus net autour du deuxième quart ou du milieu du Ve s. a C.
Zone 4 (Haute et moyenne vallée de l’Èbre)
La délimitation de cette zone 4 s’appuie sur les travaux de J.-I. Royo Guillén qui rassemble dans un même groupe tous les sites funéraires de la moyenne de vallée de l’Èbre, en fonction du rite funéraire et du mobilier déposé dans les nécropoles de cette région95. Le rattachement à ce groupe des sites de la haute vallée de l’Èbre, dans les provinces d’Alava et de La Rioja, se fonde sur les observations de G. Ruiz Zapatero qui tend à démontrer l’existence de similitudes entre les vestiges de la haute et moyenne vallée de l’Èbre au cours de la transition Bronze-Fer et au Premier âge du Fer96. Ce regroupement permet d’éviter la création d’un isolat chronologiquement indéfinissable pour ces quelques sites.
Afin d’identifier les grandes étapes des dynamiques évolutives de cette zone pour les parures, plusieurs méthodes ont été testées en amont. La réalisation d’une sériation s’est avérée inadaptée en raison de la faiblesse documentaire de cette zone. En effet, les principaux sites exploitables sont les nécropoles d’El Castejón à Arguedas (n° 34) et celle de La Atalaya à Cortes (n° 39) qui ont livré plus d’une soixantaine de sépultures à dépôt de parure chacune. Malheureusement, une grande partie de ces sépultures renferment souvent des types d’objets peu caractéristiques tels des perles ou des anneaux. En outre, ces sites funéraires couvrent tous deux une même fourchette chronologique qui, comme on le verra, peut être globalement située dans la phase finale du Premier âge du Fer.
Afin de prendre en compte le plus grand nombre de contextes archéologiques, il est plus judicieux d’employer une méthode d’analyse identique à celle utilisée pour la périodisation de la zone 2, à savoir la réalisation d’une matrice qui rassemblent les types de parures porteurs d’informations chronologiques fiables (fig. 67). Cette matrice permet d’identifier trois étapes dont deux peuvent être subdivisées en sous-étapes ainsi que de dégager plusieurs observations sur les matériaux de fabrication des parures et des types caractéristiques de chacune des étapes (fig. 68 et 69). Ce phasage des dynamiques évolutives des parures de la zone sera par la suite confronté à celui mis en place pour l’habitat de l’Alto de la Cruz à Cortes (n° 38) (fig. 16).
Étape 1
Cette étape est difficile à définir dans la mesure où elle n’est décelable que dans trois contextes archéologiques datés de la fin du Bronze final ou du tout début du Premier âge du Fer et provenant tous de l’habitat d’Alto de la Cruz (n° 38). De plus, ces contextes comprennent des éléments de parures annulaires peu caractéristiques, puisqu’en circulation tout au long du Premier âge du Fer (qui ne figurent pas pour cette raison dans la matrice). On ne compte que les trois anneaux (An.4.B) de l’inhumation d’enfant de l’habitation 87/19, un possible fragment de ressort de fibule en alliage cuivreux provenant de l’habitation 87/20 et un fragment de bracelet probablement ouvert à tige simple (Br.5.C) de l’habitation 88/21 (fig. 69)97. À ces minces indices peu caractéristiques, on peut ajouter les parures découvertes dans les habitats d’Alava et de La Rioja. En effet, si la documentation publiée et l’étude typochronologique ne permettent pas de rattacher avec certitude quelques-uns des contextes à cette étape 1, on sait toutefois que la plupart des sites ont été occupés dès le IXe et VIIIe s. a.C. C’est le cas pour les habitats de Castillo de Henayo (n° 1), de La Hoya (n° 2), de Los Castros de Lastra (n° 3), de Las Peñas de Oro (n° 5) ou de La Coronilla (n° 33). De fait, on peut émettre l’hypothèse qu’à cette période peuvent être associés le bracelet filiforme (Br.1.C) et les anneaux (An.4.B et An.5.A) du niveau III du Castillo de Henayo ou le bouton conique ou corolle du niveau A4 de La Hoya98.
En l’état de la recherche, on fera simplement remarquer que ces parures sont exclusivement en alliage cuivreux.
La datation de cette étape peut s’établir sur les éléments stratigraphiques des objets d’Alto de la Cruz (n° 38). Ces derniers trouvent leur place dans les phases PIIIb et PIIa du site, soit entre 770 et 650 a.C.99. Cependant, les formes rattachables à l’étape suivante poussent à situer la fin de cette étape, pour les parures, un peu plus tôt, vers 675 a.C.
Étape 2
Contrairement à la précédente, l’étape 2 est documentée par un nombre de vestiges plus important. Elle se caractérise par une diversification des catégories de parures représentées, qui au-delà de la domination des bracelets, laissent une place prépondérante aux fibules et aux agrafes de ceintures. Les évolutions morphologiques qui la caractérisent permettent de reconnaître deux sous-étapes.
Les cinq bracelets ouverts à tige de section triangulaire (Br.5.D) de l’inhumation d’enfant de La Hoya (n° 2) fouillée en 1950100, constituent l’un des marqueurs chronologiques les plus précoces de la sous-étape 2A. On peut aussi rattacher à cette sous-étape le torque à tampons et tige de section quadrangulaire (To.9) mis au jour sur l’habitat de Kutzmendi-Olarizu (n° 6)101. Cette étape 2A comprend des types qui perdurent dans la sous-étape suivante. On pense notamment au mobilier du tumulus de Corral de Mola à Uncastillo (n° 88) qui a livré deux fibules à double ressort à arc épais (Fi.5.A.1), une agrafe à plaque subtrapézoïdale (Ag.1.A), deux bracelets en “armilles soudées” (Br.1.D), des boutons à barrette (Bt.2.A) et un torque à tampons bouletés (To.3.A.3)102. Les résultats typo-chronologiques permettent également de mentionner l’usage durant cette étape 2 des fibules à arc en boucle à pied simple (Fi.9.A), puis large (Fi.9.B), comme le fragment de l’habitat de La Hoya (n° 2)103. Par la datation des contextes dont ils sont issus, on peut ajouter divers types qui n’apparaissent pas dans la matrice mais qui sont en circulation tout au long de cette étape. Le premier d’entre eux provient de l’inhumation d’enfant en contexte domestique de l’habitation 86/6 d’Alto de la Cruz (n° 38) qui était seulement accompagnée de trois anneaux en alliage cuivreux (An.4.B)104. Il est possible également d’ajouter à cette étape les perles ou colliers en alliage cuivreux (Pe.1), les fragments de bracelets à ouvertures simples (Br.5.C) et un probable bouton plat à bélière externe (Bt.1) de quelques sépultures du niveau D de la nécropole d’Arguedas (n° 34), les épingles à tête biconique ou bouletée (Ep.11.A) de Las Peñas de Oro (n° 5), et enfin le bracelet à terminaisons épaissies ou à tampons grêles (Br.6.B) de la sépulture 60 de la Atalaya (n° 39)105.
L’étape 2B se signale enfin par l’introduction de fibules de type Acebuchal ou Golfe du Lion (Fi.13), comme le fragment de la sépulture 7 de la Atalaya (n° 39)106, mais aussi des premières fibules navarro-aquitaines en fer (Fi.14.A) des dernières tombes du niveau D d’El Castejón à Arguedas (n° 34), tel l’exemplaire de la sépulture 2 qui est associée à un bracelet à tampons en alliage cuivreux (Br.6.A.1) et à une possible bague à tige plate (Ba.1.B)107. On mentionnera également l’apparition des agrafes à échancrures ouvertes et à un crochet (Ag.3.A) dans la sépulture 59 de la Atalaya108.
Comme lors de la précédente, les parures de cette étape 2 sont très largement fabriquées en alliage cuivreux. Les deux seuls objets en fer rencontrés sont une fibule navarro-aquitaine et un fragment non identifiable d’El Castejón à Arguedas (n° 34), que leurs contextes d’origines situent au plus tôt dans le dernier quart du VIIe s. a.C. qui sont surtout représentatifs de la première moitié du VIe s. a.C. L’os est connu pour une seule et unique perle (Pe.5.B) de l’habitat de Castillo de Henayo (n° 1).
Les contextes associés à cette étape couvrent en partie les phases PIIa et PIIb de l’habitat d’Alto de la Cruz (n° 38). On fera remarquer que le début de cette étape reste peu aisé à définir compte tenu du petit nombre d’objets dont on dispose. Les deux inhumations en contexte d’habitat d’Alto de la Cruz (n° 38) et de La Hoya (n° 2) invitent à situer le début de l’étape 2A dans le courant de la première moitié du VIIe s., vers 675 a.C. Les changements morphologiques introduits lors de l’étape 2B peuvent quant à eux être placés vers 575 a.C.
Étape 3
Cette ultime étape 3 concerne particulièrement les nombreuses sépultures des nécropoles d’El Castejón à Arguedas (n° 34) et celle de la Atalaya (n° 39). Elle se caractérise par une large représentation des perles, des fibules, des agrafes ceintures et dans une moindre mesure, des bracelets, des torques et des boutons. Il est possible de la diviser en deux sous-étapes.
Si on rencontre encore quelques types de parures déjà en circulation antérieurement, comme les fibules à double ressort (Fi.5), les fibules Acebuchal ou Golfe du Lion (Fi.13), les agrafes à un crochet (Ag.3.A), les bracelets de formes simples (Br.1.D, Br.5.A.1 ou Br.5.B.1) ou encore les torques à tampons (To.3.A.3), l’étape 3A se caractérise surtout par des modifications stylistiques importantes sur des types déjà connus auparavant. Les fibules à arc à boucle acquièrent un pied “en ancre” (Fi.9.C) entre la fin de l’étape précédente et le début de l’étape 3A tandis que les fibules navarro-aquitaines se répandent en plus grand nombre et leur morphologie évolue. Le ressort s’allonge et l’axe débordant se pare dans un premier temps de perles (Fi.14.A.4), tel que l’exemplaire de la sépulture 3 de la Atalaya (n° 39)109, puis de disques plats (Fi.14.A.6)110. C’est aussi probablement à la fin de cette étape que peuvent être attribués les premiers modèles de fibules à pied droit “en ancre” (Fi.10.B.6) ou celles à pied coudé à axe débordant (Fi.15.B.1), types qui perdureront par la suite. Les agrafes de ceinture connaissent également plusieurs évolutions. Outre les pièces à plaque quadrangulaire (Ag.2) ou à échancrures ouvertes (Ag.3A/D), connues dans quelques sépultures du niveau C d’El Castejón à Arguedas (n° 34) et qui trouvent probablement leur origine lors de l’étape précédente, ce sont les modèles à un crochet et plaque à échancrures fermées ou à évidements (Ag.4.B, Ag.5.B) qui constituent une nouveauté. Elles donneront lieu rapidement, probablement dans le quart de siècle, à une évolution vers celles à deux ou trois crochets (Ag.4.C, Ag.4.D.1 et Ag.5.E). Quelques sépultures du niveau C de la nécropole d’El Castejón à Arguedas (n° 34) ont livré des torques à tampons dont la tige est pourvue d’entailles transversales (To.12) ou torsadée (To.16)111. D’autres types de parures, issus de contextes archéologiques synchrones avec ceux déjà cités, sont en circulation durant cette sous-étape, bien qu’ils n’apparaissent pas dans la matrice. On pense notamment au torque à tige cannelurée (To.14.A) de la fosse 13 de la nécropole de La Torraza à Valtierra (n° 42)112. Enfin, on ajoutera les contextes funéraires qui livrent un grand nombre de petits éléments de parures telles les pendeloques quadrangulaires en pierre tendre ou en os (Pen.11) et les perles en alliage cuivreux à tige rabattue (Pe.1.F) ou spiralée (Pe.1.G), ou plus modestement des modèles en verre ou en os (Pe.3.B.1, Pe.5.A/B).
L’étape 3B est moins facile à caractériser que l’étape précédente, du fait d’une continuité très marquée des types de l’étape 3A. Toutefois, l’introduction de quelques morphologies nouvelles semble autoriser cette subdivision. Ces changements s’observent quasi exclusivement pour les fibules. L’étape 3B se signalerait tout d’abord par une moins grande diversité des fibules navarro-aquitaines. Les modèles décorés de perles (Fi.14.A.4) semblent progressivement disparaître tandis que celles à disques plats (Fi.14.A.6) perdurent encore. Dans leur ensemble, ces modèles de fibules tendent à se raréfier et sont peu à peu remplacées par de nouvelles formes. Il est possible de rattacher à cette sous-étape la fibule discoïde (Fi.8) de la tombe 70 et la fibule à pied droit “en ancre” (Fi.10.B.5) de la tombe 72 d’El Castejón à Arguedas (n° 34) ainsi que la fibule annulaire complète (Fi.19.B) de la sépulture 22 de La Atalaya (n° 39)113. Enfin, la sépulture 27 de cette dernière nécropole a livré un ressort de fibule probablement de type laténien (Fi.18)114. Cette pièce, qui est associée à une fibule navarro-aquitaine à disques plats (Fi.14.A.6), laisse penser que cette étape 3B est également marquée par l’introduction de parures d’inspiration dite “laténienne”. Cette hypothèse semble se vérifier si l’on tient compte des fibules à ressort “laténien” mises au jour dans la nécropole d’El Castillo à Castejón (n° 37)115.
Durant cette étape 3, l’alliage cuivreux reste le matériau le plus employé pour la confection des parures. Il concerne tous les types d’objets. Le fer, très en retrait, est connu quasi exclusivement pour les fibules et pour un seul bracelet. Le mélange du fer et de l’alliage cuivreux n’est utilisé que pour les fibules navarro-aquitaines (Fi.14). Enfin, plus anecdotique, l’os, la pierre et le verre servent à la fabrication de perles ou de pendeloques tandis que l’or est utilisé pour deux boucles d’oreilles de la nécropole d’El Castillo à Castejón (n° 37) et un fragment non identifiable de la nécropole d’El Castejón à Arguedas (n° 34)116.
Définir les limites chronologiques de cette étape est un exercice délicat tant les éléments qui la caractérisent ont une chronologie étendue. Le passage de l’étape 2B à l’étape 3A semble se matérialiser dans quelques dépôts funéraires de la zone. Le tumulus de Corral de Mola à Uncastillo (n° 88) et la sépulture 64 du niveau C d’El Castejón à Arguedas (n° 34) constituent probablement les derniers témoins de l’étape 2B117. En revanche, la sépulture 25 de la nécropole de La Atalaya (n° 39) annonce un basculement vers l’étape 3A comme l’indiqueraient les deux modèles d’agrafes qui composent le dépôt : une agrafe à échancrures ouvertes et un crochet (Ag.3.A) plutôt caractéristique de l’étape 2B et une agrafe à évidements et trois crochets (Ag.5.E) qui situe l’ensemble au début de l’étape 3A118. Ce mélange de caractères anciens et nouveaux s’observe également dans la sépulture 24 du niveau C d’El Castejón à Arguedas (n° 34) qui comprend une agrafe à échancrures ouvertes et un crochet (Ag.3.A) et deux fibules navarro-aquitaines dont vraisemblablement un exemplaire à axe débordant décoré de perles (Fi.14.A.4)119. Le phasage de l’habitat d’Alto de la Cruz (n° 38) placerait le début de l’étape 3 au milieu du VIe s. a.C., correspondant à la phase PIa du site. Cependant les éléments typochronologiques qui constituent les ensembles archéologiques mentionnés suggèrent un basculement entre les étapes 2 et 3 plus progressif. Ils situeraient les timides débuts de l’étape 3A vers 550 a.C., et celle-ci ne se développerait vraiment que dans le quart de siècle suivant, vers 525 a.C., avec la diversification stylistique des parures incarnée avec les fibules navarro-aquitaines à disques plats (Fi.14.A.6), les fibules à arc coudé (Fi.10.A/B) et les torques à entailles transversales (To.12). Le passage à l’étape 3B doit être en revanche placé durant le Ve s. a.C. Si quelques modèles de fibules qui caractérisent cette étape peuvent apparaître dès le début de ce siècle (Fi.8, Fi.10.B.5/6 et Fi.19.B), les fibules à ressort “laténien” (Fi.18) et les tombes associées à cette étape situeraient ses débuts plutôt dans le second quart du Ve s. (475-450 a.C.). Ces morphotypes de parures sont ceux qui prédomineront durant le début du Second âge du Fer régional120. La disparition des derniers marqueurs du Premier âge du Fer, les fibules navarro-aquitaines à disques plats (Fi.14.A.6) et les torques à entailles transversales (To.12) ou à cannelures (To.14), se produit durant le dernier quart du Ve s., vers 425 a.C.
Remarques complémentaires
L’analyse qui vient d’être faite permet d’apporter quelques précisions concernant les deux principaux sites funéraires de la zone, à savoir celui d’El Castejón à Arguedas (n° 34) et celui de La Atalaya (n° 39).
Le premier site, El Castejón, a été fouillé entre la fin des années 1980 et la première moitié de la décennie suivante. Il comprend 87 sépultures à incinération installées dans des loculus circulaires recouverts et/ou cernés par une petite structure en briques d’adobe ou de pierre. Lors de son dégagement, plusieurs niveaux stratigraphiques ont été reconnus. Le niveau C, qui comprend la grande majorité des tombes de la nécropole, était aménagé sur des sépultures antérieures du niveau D (fig. 70). À l’issue de l’étude de la nécropole, les auteurs ne proposent pas de datations affinées de ces niveaux d’occupation de la nécropole, ni de la fréquentation générale du site, le tout étant rattaché au “Premier âge du Fer” sans précision121. Si elles ne concernent pas la totalité des sépultures de ce site, on peut toutefois être en mesure de proposer une chronologie de la nécropole à partir des nombreuses pièces des parures mises au jour. Quelques indices invitent à dater la première utilisation de la nécropole (niveau D) dès la toute fin du VIIe s. a.C. et surtout, dans le premier quart ou la première moitié du VIe s. a.C., dans la mesure où l’on a pu établir que ces tombes peuvent être rattachées à l’étape 2B. La tombe 2 du niveau D est essentielle pour la datation de ce niveau puisqu’elle renferme un bracelet à tampons en alliage cuivreux (Br.6.A.1), type caractéristique de la fin du VIIe et de la première moitié du VIe s. a.C., associée à l’une des premières fibule navarro-aquitaine (Fi.14.A), probablement à ressort court et axe non débordant122, caractéristique du deuxième quart du VIe s. a.C. Concernant les structures funéraires du niveau C, les types de parures qu’elles renferment suggèrent que leur installation s’est faite directement à la suite de celles du niveau précédent, ou dans un espace chronologique de l’ordre d’une décennie environ, dès le milieu du VIe s. a.C. Son utilisation se développera jusqu’au Ve s. a.C., lors de l’étape 3B.
Le second site, la nécropole de La Atalaya à Cortes (n° 39), a été fouillé entre 1947 et 1960. Les structures mises au jour semblent correspondre à des tombes à incinération en fosse, parfois entourées de quelques briques d’adobe. La nécropole a été artificiellement séparée en une zone “haute” et une zone “basse” par une carrière moderne qui la traverse mais les éléments typologiques attestent de l’homogénéité des deux zones. La tombe 17 de la zone “haute” trouve tout à fait sa place dans l’étape 3, comme la majorité des autres dépôts funéraires de la zone “basse”. La reprise de l’étude ce gisement par A. Castiella Rodríguez en 2005 l’a amené à dater sa fréquentation entre le milieu du VIe et la première moitié du IVe s. a.C.123. Les nouveaux indices typochronologiques reconnus orientent vers une première utilisation débutant plutôt dès l’étape 2B, soit vers 575 a.C., comme en témoignerait la sépulture 59 avec son agrafe de ceinture à échancrures ouvertes et à un crochet (Ag.3.A)124. Les propositions chronologiques établies pour les seules sépultures à parures ne semblent pas aller au-delà du dernier quart du Ve s. a.C.
Zone 5 (Meseta)
La délimitation géographique de cette zone 5 suit celle communément admise pour la Celtibérie125. Les sites funéraires et d’habitats de cette aire sont suffisamment homogènes pour le type d’analyse chronologie conduite. En revanche, il n’est pas nécessaire, à ce stade, de tenir compte des micro-groupes reconnus par A. Lorrio (Haut-Douro, Haut-Jalón et Haut Tage), puisque ces derniers se fondent principalement sur l’étude de la répartition géographique des panoplies militaires.
Bien que cette zone concentre un nombre important d’objets de parure, son étude s’en trouve grevée par de véritables lacunes documentaires puisqu’elle renferme les nombreuses nécropoles fouillées au début du XXe s. par E. Aguilar y Gamboa, Marquis de Cerralbo. Ces fouilles ont livré de très riches données rendues malheureusement inexploitables par l’absence de contextualisation des vestiges126. On peut également déplorer que cette faiblesse documentaire touche des fouilles entreprises plus récemment telles celles de la nécropole de Carratiermes à Montejo de Tiermes (n° 51), aussi importante par le nombre d’objets de parures qu’elle a livrés que par l’intervalle chronologique que sa fréquentation recouvre.
Ce constat, qui élimine de fait plusieurs grands sites régionaux, rend difficile la mise en place d’outils efficaces pour caractériser les dynamiques d’évolution de la parure. Malgré plusieurs essais, l’emploi d’une matrice sérielle s’est avéré inadéquat dans la mesure où elle s’appuyait majoritairement sur les parures de la nécropole d’Herrería (n° 19), puis partiellement sur celles des nécropoles de la Cerrada de los Santos à Aragoncillo (n° 10), de Molina de Aragón à Chera (n° 15), d’El Cuarto à Griegos (n° 68) ou de Prados Redondos à Sigüenza (n° 25). La plupart des sépultures de ces sites ont livré des types de parures peu ou pas caractéristiques, que l’on trouve de façon diachronique sur les occupations du Premier âge du Fer, comme des perles ou des anneaux. Le reste des tombes ne livrent qu’une ou deux parures signifiantes. Cela induit un taux de recoupement des types très faible. De plus, d’après les résultats typochronologiques, les dépôts funéraires potentiellement concernés par la matrice de sériation appartiennent tous à une phase finale du Premier âge du Fer. Ces particularités ont pour conséquence de mettre en exergue des différenciations sexuelles ou rituelle par la diagonalisation des ensembles clos plutôt qu’une véritable discrimination chronologique.
Les lacunes documentaires et la surreprésentation des contextes de la fin du Premier âge du Fer conduisent donc à employer une matrice qui rassemble les types de parures porteurs d’informations chronologiques fiables et bien documentés pour la zone (fig. 71). L’analyse de la matrice permet d’identifier trois étapes comprises entre le début du VIIe et la fin du Ve s. a.C. et de proposer une synthèse de l’usage des matériaux de fabrication des parures ainsi que des marqueurs typochronologiques de chacun des étapes identifiées (fig. 72-73).
Étape 1
Cette étape demeure très mal représentée en l’état de la recherche et se caractérise par des types qui semblent les plus précoces pour la zone considérée. Si certains constituent de bons marqueurs des bornes chronologiques de cette étape (Fi.2, Ag.1.A/C ou Pen.3.A), d’autres en revanche sont en circulation durant toutes étapes de la zone (Br.1.A/B/C, Bt.2.A ou Pec.2). Seuls une dizaine d’ensembles clos renfermant des parures peuvent y être associés. Les catégories les mieux représentées sont les perles et les bracelets, puis viennent les fibules, les agrafes de ceinture et les parures pectorales en plus faible quantité.
Les types de fibule connus pour cette étape concernent les modèles “à pivot” (Fi.2), ceux à arc à boucle à pied simple ou large (Fi.9.A/B) ou enfin ceux à double ressort et arc plat large (Fi.5.C), comme les exemplaires des tombes 115, 132 et 148 d’Herrería (n° 19)127. Les agrafes de ceintures sont exclusivement à un crochet et constituées d’une plaque subtrapézoïdale (Ag.1.A ou Ag.1.C) ou à échancrures ouvertes (Ag.3.A) à la manière de celles déposées dans la tombe 91 d’Herrería (n° 19) ou dans la sépulture 15/1 d’el Cuarto (n° 68)128. Les bracelets sont essentiellement des pièces ouvertes ou fermées de forme simple à tige filiforme (Br.1.A.1, Br.1.B.1, Br.1.C ou Br.4.A). La sépulture 108 d’Herrería (n° 19) ainsi que la tombe 15/1 d’El Cuarto (n° 68) et le niveau III de l’habitation 4 du site d’habitat de La Coronilla (n° 14) ont livré des fragments de fils spiralés appartenant à de probables parures pectorales de faible envergure (Pec.2), ou peut-être à des pendeloques à double spirales (Pen.5)129. D’autres types, non représentés dans la matrice, peuvent être rattachés à cette étape par la datation des contextes dont ils sont issus. La tombe 108 d’Herrería (n° 19) renferme un fragment d’individu à tige plate ou “en armille soudées” (Br.12.B ou Br.1.D)130. Enfin, on mentionnera la circulation de pièces d’apparat moins volumineuses et qui comprend des perles en alliage cuivreux, en terre cuite ou en verre monochrome de forme globulaire ou en rondelle (Pe.1.A, Pe.2.B ou Pe.3.B.1), des pendeloques en crotale (Pen.3.A) et enfin des boutons hémisphériques à barrette (Bt.2.A).
Parmi ces quelques éléments, la grande majorité est fabriquée en alliage cuivreux. Le fer n’est représenté que par un fragment d’une possible fibule non identifiable déposé dans sépulture 3 d’Herrería (n° 19)131. Quant à la terre cuite et au verre, ils sont réservés pour la confection de perles ou de colliers.
Les éléments typologiques rassemblés au cours de l’étape 1 se placent dans l’étape Protoceltibérique de A. Lorrio, datée entre 800 et 600 a.C. Toutefois, les ensembles fiables les plus anciens ayant livré de la parure, comme ceux de la phase III de l’habitat de Cabezo de la Cruz (n° 85) ou les quelques tombes de la nécropole d’Herrería (n° 19), ne permettent pas de remonter au-delà du deuxième quart du VIIe s. a.C.
Étape 2
L’étape 2 est de loin celle qui est le mieux représentée pour la zone étudiée puisqu’elle comprend la plupart des nécropoles connues. Outre les nombreux lots de perles et des possibles colliers, le corpus des catégories de parures fait une large place aux fibules et aux bracelets. Les agrafes de ceinture, les parures pectorales et les pendeloques sont aussi plus nombreuses que durant l’étape précédente. Enfin, les premiers torques et épingles de la région apparaissent, bien que connus en très faible proportion.
Le principal marqueur de cette étape est constitué par la diversité des types de fibules rencontrées. Les fibules à double ressort (Fi.5) se retrouvent plus fréquemment dans les dépôts funéraires tandis que les fibules à pied droit du début de l’étape 2, comme celle (Fi.10.B.2) de la nécropole d’Hijes (n° 30), cèdent leur place aux modèles à pied coudé. Il s’agit principalement de fibules de type Golfe du Lion pourvues d’un ressort avec ou sans axe (Fi.13.A.2, Fi.13.A.5, Fi.13.A.6, Fi.13.B.1 et Fi.13.B.2), ou de fibules navarro-aquitaines avec axe serti, dans un premier temps, de perles (Fi.14.A.4), puis par la suite décoré de disques plats (Fi.14.A.6), comme les multiples exemplaires déposés dans la sépulture 31 d’Herrería (n° 19)132. D’autres pièces à pied coudé (Fi.15.A.1 et Fi.15.B1) se rencontrent dans la structure 2 et la tombe 28 de la nécropole de La Cerrada de los Santos (n° 10)133.
L’évolution morphologique des agrafes de ceinture constitue également un bon marqueur de cette étape. Si l’on trouve encore en début de période des modèles connus précédemment comme ceux à plaque subtrapézoïdale et long crochet (Ag.1.C) ou à échancrures ouvertes (Ag.3.A ou Ag.3.D), ce sont les pièces à échancrures fermées et un crochet (Ag.4.A et Ag.4.B.1) ou celles à évidements à un ou trois crochets (Ag.5.A, Ag.5.E ou Ag.5.F) qui témoignent du changement d’étape.
La diversité typologique évoquée pour les fibules s’exprime aussi pour les bracelets. Aux individus ouverts ou fermés de formes simple à tige plus ou moins épaisse et parfois décorée déjà en circulation lors de l’étape précédente (Br.1.A.1, Br.1.B.1, Br.1.C, Br.4.B, Br.5.A.1, Br.5.B.1 et Br.12.A) ou en “armilles soudées” (Br.1.D), s’ajoutent désormais ceux pourvus de tampons grêles en alliage cuivreux (Br.2 et Br.6.B), comme celui de la sépulture 58 d’Herrería (n° 19)134.
Plutôt rares, les torques ne sont connus que par deux individus, dont seul celui de la tombe 54 d’Herrería (n° 19) en alliage cuivreux et à tampon (To.3.A.3) est typologiquement identifiable. On peut sans trop se tromper joindre à cette étape le fragment de torque à tige cannelurée (To.14.A) de la nécropole de Cabezo de Ballesteros à Épila (n° 79)135.
Par la datation de leur contexte d’origine, il est possible d’associer à cette étape 2 divers éléments de suspension non reportés dans la matrice. Ces derniers témoignent d’une grande variété morphologique. Outre les pendeloques à double anneau en “8” (Pen.1), à petit anneau de suspension (Pen.3.C, Pen.3.E et Pen.3.G), à double spirales (Pen.5) ou en rouelle (Pen.6), cette étape est marquée par la profusion de perles en alliage cuivreux, en terre cuite, en verre ou en roche de formes diverses qui composaient probablement de riches colliers (Pe.1.A/C/G, Pe.2.A/B/C/D/E/F, Pe.3.A, Pe.3.B.1 ou Pe.6.A). Enfin, c’est durant cette étape qu’apparaissent dans les dépôts funéraires les grandes parures pectorales pourvues de multiples fils enroulés (Pec.2) à la manière des fragments rencontrés notamment dans les sépultures 58 et 59 d’Herrería (n° 19) ou dans la tombe 88 de La Mercadera (n° 54)136.
Au cours de l’étape 2, si les parures demeurent très nettement confectionnées en alliage cuivreux, on compte quelque rares pièces fabriquées en fer. Ces dernières sont exclusivement des fibules dont l’axe peut être agrémenté de décorations en alliage cuivreux ou, exceptionnellement, d’une perle en os, comme sur la fibule à pied coudé (Fi.15.A.1) de la tombe 28 de la nécropole de La Cerrada de los Santos (n° 10)137. La terre cuite, le verre et la roche concernent exclusivement les perles.
Les indices caractéristiques de cette étape semblent indiquer une dynamique chronologique des parures proche de la phase du Celtibère ancien (600-450 a.C.) identifiée par A. Lorrio. Cependant, ils tendent à construire un cadre chronologique légèrement différent de ce dernier. Le début du Celtibère ancien s’établirait lors de l’entrée dans le VIe s., vers 600 a.C. Les changements morphologiques observés pour le mobilier de parure semblent s’exprimer un peu plus tardivement. Les pièces mises au jour dans l’unité domestique C de l’habitat d’El Ceremeño (n° 18) et dans la tombe 66 d’El Tesoro (n° 13) constituent de bons marqueurs de ce changement138. Cela est particulièrement éloquent pour le dernier exemple qui renferme à la fois une agrafe de ceinture d’un type surtout en circulation lors de l’étape précédente (Ag.1.C) et une fibule à double ressort à arc plat étroit (Fi.5.B.1), modèle introduit au début de l’étape 2. Ainsi, les critères typologiques rassemblés et les datations des ensembles clos fiables concernés invitent à situer le début de cette étape 2 du mobilier de parure dans le deuxième quart du VIe s., entre 575 et 550 a.C.
Étape 3
Moins bien représentée que l’étape précédente, l’étape 3 dispose tout de même de suffisamment de vestiges pour être aisément identifiée. Sa caractérisation s’opère principalement grâce aux fibules qui sont la catégorie de parure la plus répandue. Viennent ensuite les perles et les bracelets, puis les agrafes de ceinture, les pendeloques et les parures pectorales. Enfin, contrairement à l’étape précédente, les torques et les épingles semblent absents au cours de cette étape.
De prime abord, l’étape 3 ne se démarque pas réellement par des morphotypes rencontrés antérieurement. Cette continuité se traduit par la persistance, pour les fibules, de celles à double ressort à arc plat (Fi.5.B/C), ou celles à pied coudé à axe débordant ou non (Fi.15.A.2 et Fi.15.B.1), connues notamment dans plusieurs sépultures de Prados Redondos (n° 25)139. Concernant les agrafes de ceinture, celles à plaque décorée munie d’évidements et d’un crochet (Ag.5.D) de la tombe 5 de cette même nécropole, ou du dépôt funéraire 84 de La Mercadera (n° 54)140, témoignent d’une proximité stylistique héritée des modèles inornés de la phase antérieure (Ag.5.A). Les quelques fragments de bracelets mis au jour présentent bien moins de diversité morphologique et semblent se réduire aux types les plus simples (Br.1.B.1, Br.5.A.1 ou Br.5.B.1) et à ceux “en armilles soudées” (Br.1.D). Enfin, les contextes archéologiques de cette étape livrent toujours une grande variété de perles en alliage cuivreux, en terre cuite, en verre ou en roche (Pe.1.A, Pe.2.B/D, Pe.3.B.1 et Pe.6.A), de pendeloques (Pen.1, Pen.3 et Pen.5), ainsi que des parures pectorales à fils spiralés (Pec.2).
Si ces éléments typologiques attestent une réelle continuité entre les parures de l’étape 2 et celles de l’étape 3, l’introduction de nouveaux types traduit des changements qui s’opèrent au cours de l’étape 3. Là encore, ce sont les fibules qui témoignent le mieux de ces modifications. Tout d’abord, les modèles à double ressort sont pourvus d’un arc en croix (Fi.5.D) tandis que les fibules navarro-aquitaines sont à présent fabriquées en alliage cuivreux avec leur pied qui peut être attaché à l’arc (Fi.14.C), comme celles des sépultures 3 et 7 d’El Cuarto (n° 68)141. À ces évolutions des fibules connues précédemment, s’ajoute l’apparition de modèles nouveaux, comme les fibules discoïdes (Fi.8.A.1, ou les modèles polylobés Fi.8.B.2), des fibules à ressort “laténien” (Fi.18.B.1), telles celles de la nécropole d’El Altillo de Cerropozo (n° 12), de Cabezo de Ballesteros (n° 79) ou du site de Torlengua (n° 55)142, ou encore les fibules annulaires “complètes” (Fi.19.B). Les agrafes de ceinture subissent également des modifications : elles adoptent quatre évidements et quatre ou six crochets (Ag.5.H/I), comme les exemplaires de la tombe 131 d’Herrería (n° 19) ou de la sépulture 6 d’El Cuarto (n° 68)143. Le dépôt funéraire 47 d’Herrería (n° 19) renferme par ailleurs la première et seule perle en verre bichrome (Pe.3.B.2) de la zone, associée à une agrafes à quatre crochets (Ag.5.H)144.
Les parures de cette étape accordent une place toujours plus importante aux alliages cuivreux. Le fer n’est attesté que pour deux fibules et un fragment non identifiable. L’association de ces métaux semble disparaître. L’os et le coquillage sont connus sur deux pendeloques tandis que la terre cuite, le verre et la roche sont employés pour la confection de perles.
Les éléments typologiques qui caractérisent cette étape, comme les fibules discoïdes ou les fibules navarro-aquitaines en alliage cuivreux, invitent à situer son début dans le deuxième quart du Ve s., entre 475 et 450 a.C. Les fibules à double ressort et arc plat (Fi.5.B/C) et les agrafes ceinture à un crochet (Ag.5.D) en placeraient la borne inférieure de cette étape 3 durant le dernier quart du Ve s. a.C. Au-delà, si certains types rencontrés à la toute fin du Ve s. a.C. se prolongent durant la première moitié du siècle suivant, telles les fibules à double ressort et arc en croix (Fi.5.D), les fibules navarro-aquitaine en alliage cuivreux à pied attaché à l’arc ou munies de tablette sur le ressort (Fi.14.C.3 et Fi.14.C4), ou encore les agrafes à quatre évidements (Ag.5.H/I), les sites régionaux sont surtout marqués par des parures de formes nouvelles, comme en témoignent l’adoption généralisée des fibules de schéma laténien145.
Remarques complémentaires
Le séquençage établi pour le mobilier de parure de la zone 5 appelle à plusieurs remarques complémentaires.
En premier lieu, il faut admettre que le phasage proposé et les ajustements apportés reposent sur une base documentaire faible. L’étape 1 est particulièrement touchée par cette lacune, mais les étapes 2 et 3 le sont également en raison de l’importante masse de données découvertes par le Marquis de Cerralbo qui échappe à l’analyse. Néanmoins, le mobilier de parure apporte des éléments nouveaux aux chronologies existantes.
Jusqu’ici, deux principaux phasages régionaux du Premier âge du Fer étaient reconnus : celui d’A. Lorrio, évoqué ici, et celui proposé par M.-L. Cerdeño (fig. 9). Sans entrer dans le débat qui oppose ces deux phasages desquels émergent de larges asynchronismes, on peut déjà s’interroger sur la longueur de chacune des étapes qui les composent. L’un comme l’autre identifient des phases pouvant durer jusqu’à 250 ans, ce qui s’explique par le manque d’informations fiables rencontré par ces auteurs. Néanmoins, on a pu constater, au cours de l’étude des dynamiques évolutives des parures régionales, que le phasage du Premier âge du Fer pouvait être affiné. Sans énumérer à nouveau les éléments de parures caractéristiques, on évoquera le fait que le Celtibère ancien pourrait être circonscrit dans un intervalle de temps plus ramassé, concentré sur les trois derniers quarts du VIe s. et ne s’étendant probablement pas au-delà du premier quart du Ve s. a.C. Cette hypothèse semble confortée par l’accroissement, vers le milieu du Ve s. a.C., des sépultures à armes dans les nécropoles régionales.146. De même, la totale continuité du Celtibère plein entre le milieu du Ve s. et la fin du IIIe s. a.C. paraît ne pas correspondre aux évolutions morphologiques observées pour le mobilier de parure qui amèneraient plutôt à placer un jalon intermédiaire dans le dernier quart du Ve s. a.C.
Cette première remarque en appelle une seconde portant sur la datation de la nécropole d’Herrería (n° 19) et qui amène M.-L. Cerdeño à proposer une longue phase du Celtibère ancien située entre la seconde moitié du VIIIe et le VIe s. a.C. La nécropole d’Herrería a fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles entre 1997 et 2005147. Cinq niveaux d’occupation funéraire, établis les uns sur les autres, ont été reconnus. Les deux premiers niveaux inférieurs (Herrería I et II) ont livré des dépôts sépulcraux du Bronze final, tandis que ceux des niveaux 3 et 4 (Herrería III et IV) sont placés respectivement au Celtibère ancien et au Celtibère plein. La phase Herrería III est la mieux documentée ; elle comprend 153 tombes à incinération déposées dans des structures variées (simples fosses ou tumulus) aux systèmes de signalisation divers (présence ou absence d’une stèle et blocs d’encerclement). La publication de l’étude de la nécropole d’Herrería III conclut au dépôt des premières tombes au VIIIe s. a.C., ce qui marquerait également le début du Celtibère ancien et ferait directement suite au Bronze final régional148. Cette proposition se fonde sur des résultats de datations absolues obtenues par analyse 14C149.
Ces résultats se heurtent à plusieurs problèmes.
Les analyses radiocarbones ont été effectuées sur quatre échantillons d’os calcinés prélevés dans les tombes 31, 47, 68 et 136. Les résultats 14C des tombes 31 et 136 ont été rapidement écartés de l’étude puisque ces derniers semblent aberrants, situant les dépôts au cours du III millénaire a.C. alors que le mobilier qu’ils renferment ne laisse aucun doute sur leur appartenance au Premier âge du Fer (fibules navarro-aquitaines à disques plats, agrafes de ceinture à échancrures fermées ou couteaux en fer). La contamination de ces échantillons est évidente et soulignée150. Les éléments de datation de la nécropole ne s’appuient donc plus que sur deux tests radiocarbones, ceux des tombes 47 et 68. Toutefois, là encore, ces résultats se trouvent en complet décalage avec des datations relatives connues jusqu’à présent (fig. 74).
La tombe 47 est la plus révélatrice de ce problème. Bien que les projections 14C identifient la plage de plus forte probabilité dans la première moitié du VIe s. a.C.151, les auteures concluent à une datation moyenne vers le milieu du VIIe s. a.C., voire, par la moyenne pondérée des résultats 14C des tombes 47 et 68, vers 700 a.C. Or, le mobilier de parure déposé dans la tombe 47 est en total désaccord avec ces résultats. C’est particulièrement le cas des fragments de l’agrafe et de la boucle de ceinture. Malgré le mauvais état de conservation, il est en effet possible d’identifier une agrafe à quatre évidements et quatre crochets (Ag.5.H) par la boucle qui l’accompagne, constituée d’une plaque quadrangulaire munie de multiples encoches (Bl.4). Ces modèles d’agrafes de ceinture à plusieurs évidements sont datés entre la fin du VIe et le Ve s. a.C. selon les sous-types152. Dans le Sud-Ouest de la France, ces agrafes sont bien attestées durant le IVe s. a.C. et participent activement à la définition de la phase V (400-200 a.C.) de J.-P. Mohen et la phase Ibos III (400-350 a.C.) de J.-M. Escudé-Quillet153. Ces indices incitent donc plutôt à placer la tombe 47 dans le courant du Ve s. a.C.154. La présence dans la tombe d’une perle bichrome en verre (Pe.3.B.2) et de fragments d’une parure pectorale à fils spiralés (Pec.2.C) viennent appuyer cette hypothèse.
Le cas de la tombe 68 est plus difficile à cerner par la seule étude de la parure. L’analyse radiocarbone oriente vers une chronologie centrée autour de 800 a.C., mais le fragment de fibule en alliage cuivreux qu’elle renferme, bien que très mal conservé, évoque un pied droit muni d’un large porte-ardillon qui tendrait à s’élargir encore vers l’extrémité. Cette description rappelle les pieds des fibules à arc en boucle et à pied simple ou large (Fi.9.A ou B), types datés entre le milieu du VIIe et la première moitié du VIe s. a.C., et déjà connus dans d’autres sépultures de cette même nécropole155.
De manière générale, à partir du mobilier de parure des 105 sépultures concernées sur les 153 que compte la nécropole, les observations chronologiques que l’on peut établir diffèrent de celles révélées par les mesures radiocarbones. Si quelques tombes à parure peuvent effectivement être rattachées à la seconde moitié du VIIe ou au tout début du VIe s. a.C., soit à l’étape 1, en raison de la présence de pièces à caractère “ancien”, notamment les fibules à pivot (Fi.2) ou celles à arc en boucle (Fi.9.A/B)156, la grande majorité des dépôts de parure paraissent plus récents. Ils comprennent, entre autres, des fibules ou des agrafes de ceintures dont on a pu démontrer que partout ailleurs, dans les zones précédemment traitées ou plus largement sur les sites implantés de part et d’autre des Pyrénées, elles sont caractéristiques du VIe et du Ve s. a.C.157. Si la chronologie relative, qui s’appuie en grande partie sur des comparaisons, génère une certaine marge d’erreur de l’ordre du demi-siècle ou un peu plus, l’écart relevé entre les datations relatives des parures, très cohérentes, et les datations radiocarbone, effectués sur seulement deux échantillons, sont si importants qu’ils appellent à remettre en question ces dernières. La contamination en teneur en carbone des autres dépôts provenant de ce même site et la difficulté pour obtenir des analyses 14C précises pour la période du Premier âge du Fer en raison de ce que l’on nomme le “plateau hallstattien”158, sont des raisons supplémentaires de douter de ces résultats.
A contrario, placer la majorité des sépultures à parure de Herrería III dans le courant du VIe et la première moitié du Ve s. a.C. (étapes 2 et 3) semble cohérent dans la mesure où les types de parures rencontrés trouvent de forts parallèles avec ce que l’on a observé pour les pièces d’apparat de haute et moyenne vallée de l’Èbre (zone 4) au cours de son étape 3159. Dès lors, l’étape ancienne régionale (800-675 a.C.) reste encore inconnue du point de vue du mobilier de parure. Cependant, ce constat n’est sans doute que relatif. Les quelques éléments découverts dans les tombes de Herrería II laissent penser que cet état de la nécropole peut s’étendre jusque dans le courant du VIIIe s. a.C. Si les dépôts funéraires d’Herrería II (antérieurs à ceux de Herrería III) sont rattachés au Bronze final, raison pour laquelle ils ont été écartés de cette étude, leur récente publication monographique offre la possibilité de rapprocher certains types de parures avec ceux rencontrés au cours de l’étape 1 de la zone 1 (Sud lotois/Tarn/Comminges). L’étude du mobilier céramique ne contredit pas cette proposition160. Il est donc probable qu’il existe dans la zone 5 une étape antérieure à l’étape 1 encore marquée par une dynamique évolutive des parures du Bronze final.
Zone 6 (Bas-Aragon et vallée du Cinca)
La création de ce groupe et de ses limites territoriales se fonde sur les résultats obtenus par S. Adroit à partir de l’analyse des modes de dépositions funéraires161. Son étude tend à démontrer une relative stabilité et perduration, durant le Bronze final et le Premier âge du Fer, d’un groupe culturel installé entre les vallées du Segre, du Cinca et la région du Bas-Aragon. Ses résultats viennent appuyer les constatations antérieures émises notamment par J.-I. Royo Guillén et G. Ruiz Zapatero162.
Caractériser l’évolution des parures dans cette zone se heurte à un problème majeur : seulement vingt sites ont livré de la parure. Dans ce petit groupe, on comptabilise plusieurs gisements connus uniquement par une simple mention bibliographique sans qu’il soit possible d’y rattacher du mobilier ou des ensembles fiables163. Si l’on soustrait encore le mobilier mal conservé et dont la catégorie et/ou le type ne sont pas identifiables, alors la zone 6 comprend moins de cinquante objets de parure. Cette lacune documentaire ne permet pas de proposer un séquençage précis du mobilier de parure de la région. L’établissement d’une matrice chronologique des types de parures les plus fiables, comme on a pu le faire pour les zones précédentes (zones 2, 4 et 5), ne permet de dégager que trois grandes étapes préliminaires “de travail” (fig. 75) desquelles il possible de proposer un perçu synthétique de l’évolution des matériaux de fabrication des parures et des marqueurs typologiques de chacune des étapes (fig. 77 et 78). In fine, ces étapes seront comparées avec celles du phasage chronologique proposé par S. Adroit (fig. 9).
Étape 1
Cette étape 1 est constituée à partir des parures issues des contextes régionaux les plus anciens, datés de la fin du Bronze final ou du début du Premier âge du Fer. Si l’on s’en tient aux éléments rassemblés dans le corpus, seul le bouton hémisphérique à barrette en alliage cuivreux (Bt.2.A) découvert sur l’habitat de hauteur de Cabezo de Monleón à Caspe (n° 76) appartiendrait à cette étape 1. Le mobilier céramique découvert sur le site daterait son occupation entre le IXe et le VIIIe s. a.C.164. Toutefois, à la lumière des observations faites sur le mobilier de parure des zones précédemment étudiées, et plus précisément de celui provenant de la zone 1, les vestiges mis au jour dans la nécropole de Los Castellets II à Mequinenza (Saragosse) trouveraient tout à fait leur place dans cette étape 1.
Le site de Los Castellets II est une nécropole tumulaire découverte au cours des années 1970, puis fouillée entre 1983 et 1989 par J.-I. Royo Guillén165. Elle comprend 57 tertres en blocs de pierre et/ou pourvus d’une structure périlithique en pierres de chant, dont chacun renfermait des incinérations ou des inhumations déposées vers le centre du monument, dans un coffrage de dalles. La datation de cette nécropole, reposant sur l’étude du mobilier et des analyses 14C, se place au Bronze final, entre 1 100 et 800 a.C., bien qu’une fréquentation prolongée jusqu’au VIIe soit envisagée166. Le mobilier de parure publié comprend dix bracelets ouverts en alliage cuivreux correspondant vraisemblablement aux types Br.5.A.1 ou Br.5.B.1 de la typologie. Ils proviennent de l’inhumation du tumulus 14, qui se situerait vers 1 090 a.C. selon les datations 14C. Cette datation à l’âge du Bronze final est la raison pour laquelle cette nécropole n’a pas été intégrée initialement à l’inventaire. Toutefois, on a eu l’occasion de constater que le mobilier issu de cette nécropole et déposé au Museo de Zaragoza comprenait en réalité d’autres fragments de parures non mentionnés jusqu’à présent qui, à la lumière des résultats de la zone 1, invitent à reconsidérer ces vestiges qui avaient été écartés de prime abord (fig. 76). Malgré un état de conservation peu favorable à l’étude, il est possible d’identifier : des boutons coniques à bélière interne (Bt.3.A) (fig. 76 n° 1, 2 et 27), un bouton hémisphérique à barrette (Bt.2.A) (fig. 76 n° 28), des bracelets ouverts simples à tige de section quadrangulaire ou circulaire (Br.5.B.1 ou Br.5.C) (fig. 76 n° 9, 11, 12, 17-20, 24 et 25), un bracelet filiforme fermé à tige spiralée (Br.4.C) (fig. 76 n° 26), des fragments de probables bracelets “en armilles soudées” (Br.1.D) (fig. 76 n° 5, 7 et 10), une tige torsadée pouvant appartenir à un torque à terminaisons recourbées (To.18.A) (fig. 76 n° 23), divers anneaux de tailles et de sections variées (fig. 76 n° 3, 4, 8, 15 et 21) et, enfin, une pièce inconnue, s’apparentant à une agrafe de ceinture possiblement anthropomorphe (fig. 76 n° 13). Uniquement en alliage cuivreux, ces éléments évoquent fortement les types de parures de l’étape 1 de la zone 1.
On peut émettre l’hypothèse que ces pièces inédites de la nécropole de Los Castellets II appartiennent à cette étape 1 des parures régionales qui couvrirait la toute fin de l’âge du Bronze final et le début du Premier âge du Fer. Leur rapprochement typologique avec les objets de l’étape 1 de la zone 1 invite à placer cette étape 1 entre le IXe et les dernières décennies du VIIIe s. a.C. (correspondant aux étapes 1 et 2 définies par S. Adroit).
Étape 2
Cette étape moyenne est difficile à caractériser dans la mesure où elle comprend des types de parures qui sont soit en circulation durant un laps de temps long (Br.1.B.1/Br.1.D) soit, au contraire, durant une période très courte d’une cinquantaine d’années (Br.6.B ou Br.19.B). Dans tous les cas, l’identification des bornes supérieures et inférieures de cette étape 2 n’est possible que par la disparition des critères de l’étape précédente (étape 1) et l’apparition des types de l’étape suivante (étape 3).
L’étape 2 est représentée par la plupart des tumulus des nécropoles d’El Cabo à Andorra (n° 62) et de La Loma de los Brunos à Caspe (n° 77). Le mobilier associé comprend en majorité des bracelets. Il s’agit de modèles ouverts à tige filiforme ou simple de section variée (Br.1.B.1, Br.1.C ou Br.5.C) ou “en armilles soudées” (Br.1.D) même si l’on compte aussi un exemplaire muni de tampons grêle en alliage cuivreux (Br.6.B) dans l’urne B du tumulus 2 d’El Cabo (n° 62), et deux individus en fer et tige décorée à tampons en fer (Br.19.B) dans le tumulus 3 de cette même nécropole167. On peut rattacher à cette étape les fibules à arc à boucle (Fi.9.A/B) des sites de Tossal Redó à Calaceite (n° 67) ou de La Codera à Alcolea de Cinca (n° 27)168. On peut également suspecter, du fait de la datation de leur contexte d’origine, que les agrafes à échancrures ouvertes et un crochet à décor moulé ou estampé (Ag.3.B et Ag.3.D) des habitats de hauteur de San Antonio (n° 66) et Tossal Redó (n° 67) à Calaceite, ou encore l’épingle en alliage cuivreux à tête bouletée (Ep.11.A) de l’habitat de Cabezo del Cascarujo à Alcañiz (n° 59) puissent être en circulation dès cette étape169. Le reste du mobilier de parure, qui n’apparaît pas dans la matrice mais qui était en circulation durant cette étape comprend deux perles en alliage cuivreux ou en roche (Pe.1.D et Pe.6.A), deux anneaux de type indéterminé, et deux boutons dont seul l’individu conique à barrette (Bt.3.B) est typologiquement identifiable.
Au-delà des deux bracelets en fer et de la perle en roche, le reste des parures annulaires est fabriqué en alliage cuivreux.
Les éléments de datation de ces deux nécropoles et les résultats typochronologiques poussent à placer cette étape durant le VIIeet le tout début du VIe s. a.C. En effet, si les tertres d’El Cabo (n° 62) sont datés de la seconde moitié du VIIe et du premier quart du VIe s. a.C., la chronologie connue pour ceux de La Loma de los Brunos (n° 77) se place dès le début du VIIe s. a.C.170. Dès lors, en l’absence de datations plus précises, on associera cette étape 2 aux étapes 3 et 4 de S.Adroit, soit entre 725 et 575 a.C.
Étape 3
L’identification de l’étape 3 s’appuie seulement sur une petite vingtaine d’objets dont les types constituent de bons marqueurs chronologiques. En plus des bracelets, cette étape récente comprend des fibules, deux anneaux, deux torques et une agrafe de ceinture. Les parures du tumulus 5 de la nécropole d’El Cabo (n° 62) ou la fibule découverte en surface du tertre 10 de La Loma de los Brunos (n° 77) pourraient appartenir au tout début de cette étape, ou s’articuler à la jonction de celle-ci et de l’étape précédente. Le premier monument funéraire renfermait un possible fragment de torque en alliage cuivreux à tige lisse et à tampons (To.3.A.3) et des fibules à double ressort (Fi.5), tandis que la surface du second a livré un fragment de fibule en fer que l’on pourrait rapprocher d’un certain modèle de type Golfe du Lion (Fi.13.B.3)171[171]. En dehors de ces exemples pouvant être sujets à caution, la parure de cette étape est principalement connue par des pièces provenant des tombes de la nécropole de Cabezo de Alcalá à Azaila (n° 63) et, dans une moindre mesure, par celles du tumulus de Mas de Flandi à Calaceite (n° 65) ou des niveaux d’occupation de l’habitat d’El Roquizal del Rullo à Fabara (n° 80). Les fibules y sont représentées par quelques variantes de modèles Acebuchal ou Golfe du Lion (Fi.13.A.1 ou Fi.13.A.8) ou par les modèles navarro-aquitains à axe décoré de perles ou de disques biconiques (Fi.14.A.4 et Fi 14.A.5) des sépultures 51, 105 et 107 de Cabezo de Alcalá à Azaila (n° 63)172. Bien que provenant de contextes moins fiables, on peut ajouter pour cette étape les fibules à double ressort et arc plat étroit (Fi.5.B.1 et Fi.5.B.3) de San Antonio à Calaceite (n° 66)173. Les bracelets, rencontrés sous la forme de fragments, semblent constituer des formes simples et ouvertes (Br.1.B, Br.1.C ou Br.5.A.1) ou “en armilles soudées” (Br.1.D) déjà connus à l’étape précédente, comme l’individu de sépulture 35 de Cabezo de Alcalá (n° 63). Cette même tombe a livré un fragment de torque en alliage cuivreux à tige lisse et terminé par des tampons (To.3.A.3)174. Enfin, l’unique agrafe de ceinture de la zone proviendrait de la sépulture 107 de Cabezo de Alcalá (n° 63). Si l’on ne peut préciser son type, on sait qu’il s’agit d’un modèle à trois crochets (probablement un type à évidements Ag.5.E ou Ag.5.F)175.
Le peu d’indices disponibles laissent penser que l’alliage cuivreux est le matériau exclusif des parures annulaires tandis que les fibules se rencontrent en fer ou marient les deux matériaux comme c’est le cas pour les modèles navarro-aquitains (Fi.14).
Si le tumulus 5 de la nécropole d’El Cabo (n° 62) doit être situé dans le deuxième quart du VIe s. a.C., les éléments typologiques provenant des autres gisements placent la datation de cette étape dans la seconde moitié de ce siècle et les trois premiers quarts du siècle suivant. Dès lors, on peut globalement faire correspondre cette étape récente de la zone 6 aux étapes 5 et 6 de S. Adroit, soit entre 575 et 425 a.C. sans qu’il soit possible d’observer, pour l’heure, de rupture.
Bilan
Mise en place d’un phasage général de la dynamique des parures
À présent que les séquençages chronologiques du territoire, divisé en plusieurs portions cohérentes, ont été établis, il est possible de corréler ces données dans le but de proposer un phasage général de la dynamique des parures de l’ensemble de la zone d’étude (fig. 79). Ce nouveau phasage tient compte des remarques précédemment émises et divise le cadre chronologique retenu en trois horizons distincts (numéros) desquels peuvent émerger des subdivisions internes (lettres). Sa construction appelle plusieurs remarques.
La mise en place de ce phasage général repose principalement sur les critères discriminants identifiés pour les zones 1, 3, 4 et 5, c’est-à-dire les seules pour lesquelles il était possible de clairement reconnaître un phasage chronologique176.
L’Horizon 1 de ce nouveau phasage suit principalement les observations faites pour la zone 1 (étape 1A-B)–surtout du séquençage des nécropoles du castrais–mais tient aussi compte des premiers jalons chronologiques relevés dans la vallée de l’Èbre (zone 4, étape 1).
L’Horizon 2 est une synthèse des résultats chronologiques obtenus pour les zones 1, 3 et 5. On placera un jalon à 625 a.C. pour distinguer les sous-horizons 2A et 2B, d’après les remarques faites pour les zones les mieux documentées, à savoir les zones 1 et 3.
Enfin, l’Horizon 3 de ce phasage englobe plusieurs étapes rencontrées ailleurs : étapes 3 et 4 de la zone 1, étapes 2 et 3 de la zone 3 ou étapes 2 et 3 de la zone 5. Ce choix de rattacher en un seul “bloc” toutes les étapes situées entre 575 et 425 a.C. s’explique par la volonté de privilégier des éléments de continuité plutôt que de rendre compte de changements jugés mineurs. En effet, pour toutes les zones étudiées, le deuxième quart du VIe s. a.C. voit l’introduction de morphologies nouvelles ou de pratiques qui vont être amenées à se développer tout au long du VIe s. et au Ve a.C. On mentionnera principalement l’apparition des fibules de type Golfe du Lion (Fi.13) et l’abandon progressif du port du torque sur les franges orientales de l’aire d’étude, tandis que la partie occidentale du cadre géographique voit l’émergence des fibules navarro-aquitaines (Fi.14) ainsi que l’essor des torques à tampons toriques ou bouletés (To.3.A.2 et To.3.A.3). L’apparition de production dites “laténiennes” au début du Ve s. a.C. ne vient pas bouleverser cet état de fait mais accompagnent plutôt les dynamiques débutées antérieurement. Nonobstant, les subdivisions à l’intérieur de ce long Horizon 3 conservent au maximum les étapes préalablement reconnues et ce, afin rendre lisible les réelles distinctions relevées au cours du VIe et Ve s. a.C. et perceptibles selon des zones étudiées.
De la corrélation des différents séquençages chronologiques découle le constat selon lequel il semble exister certaines divergences entre les rythmes évolutifs des parures sur l’ensemble du territoire. Les plus évidentes s’observent entre le territoire français (zones 1 et 3) et espagnol (zones 4 et 5). En effet, si les séquençages des deux premières zones paraissent relativement homogènes (à quelques détails près), ceux des zones espagnoles, et principalement celui de la vallée de l’Èbre, montrent des décalages chronologiques plus importants. Plutôt que d’y voir un véritable rythme propre aux régions hispaniques, il est plus probable que ce “retard” soit lié à la carence de contextes fiables pouvant être exploités dans le cadre d’une synthèse. La chronologie des sites de la vallée de l’Èbre et de la Meseta s’en trouve fortement impactée et est moins affinées que pour les autres zones, malgré les tentatives pour replacer les témoins archéologiques dans un contexte plus large. Les sites des régions orientales du cadre géographique et, dans une moindre mesure, ceux d’Aquitaine centrale et méridionale, quant à eux, ont pu bénéficier des avancées récentes réalisées dans la zone ibéro-languedocienne177. Par ailleurs, si l’étude des parures de la moyenne vallée de l’Èbre ou de la Meseta incite à réévaluer certaines datations, elle est elle-même grandement tributaire de la documentation d’origine.
Un dernier aspect concerne l’articulation des horizons entre eux et leur comparaison vis-à-vis de la chronologie admise pour l’ensemble du Premier âge du Fer d’Europe occidentale. Si l’on a pleinement conscience de la spécificité du découpage chronologique proposé, il demeure intéressant de confronter ces résultats aux phasages plus généralement admis pour la période dans la mesure où l’on pourrait s’attendre à trouver des corrélations. On fait référence ici aux systèmes chronologiques mis en place pour le domaine nord-alpin par P. Reinecke (adapté par P.-Y. Milcent) et pour la Gaule centre-occidentale par P.-Y. Milcent (fig. 9)178. Ces systèmes proposent une tripartition du cadre chronologique retenu (800 – 400 a.C.) : Ha C / Ha D / LT A ancienne (pour le domaine nord-alpin) et 1er Fer 1 / 1er Fer 2 / 1er Fer 3 (pour la Gaule centre-occidentale).
Si le système que l’on a pu mettre en place se conforme aussi à cette division tripartite, il se détache très nettement des deux autres sur plusieurs points. Tout d’abord, il place le VIIIe s. et le début du VIIe s. a.C. dans le prolongement de changements déjà opérés au cours du Bronze final, durant le IXe s. a.C. L’Horizon 1B s’apparente à une étape de transition qui voit lentement disparaître les marqueurs typologiques de l’âge du Bronze et, parallèlement, apparaître et ceux du Premier âge du Fer. Cette étape de transition n’existe pas pour les deux autres systèmes chronologiques de référence qui présentent une rupture plus franche entre l’âge du Bronze et l’âge du Fer vers 800 a.C. Ensuite, l’Horizon 2 se trouve à cheval entre le Ha C récent/Ha D1 ou le 1er Fer 1 récent/1er Fer 2 ancien, tandis que l’Horizon 3 recouvre tout à la fois le Ha D2-3/LT A ancienne et le 1er Fer 2 récent/1er Fer 3.
Ces différences dans les rythmes évolutifs du Premier âge du Fer s’expliquent aisément. Le phasage proposé ici ne tient compte que d’un type de mobilier, les parures, tandis que les deux autres s’appuient sur une plus grande variété de vestiges (céramique, armement, parures, rites funéraires et modes d’occupations du territoire). Néanmoins, on évoquera que des changements morphologiques observés sur les parures du nord de l’Aquitaine, des Charentes et du Limousin (zone 2) pourraient répondre positivement aux modèles hallstattiens classiques179. Toutefois, à plus large échelle, si l’on compare le phasage général des dynamiques des parures régionales à l’articulation du séquençage du Ha D du centre de la France établi par P.-Y. Milcent à partir de l’étude des parures, les grandes divergences ne s’expliquent que par des ambiances culturelles distinctes180.
En revanche, le phasage général des parures mis en place trouve de nombreux points de correspondance avec deux autres séquençages chronologiques : celui de A. Dumas pour la vallée de la Garonne et celui utilisé en Languedoc occidental (fig. 9)181.
À propos du phasage garonnais, malgré une individualisation prononcée des horizons qui ne rend pas compte des éléments de continuité évoqués dans l’étude qui l’accompagne, on retrouve les dates de 575-525-475-425 a.C. comme marqueurs clés de la phase final du Premier âge du Fer. Dès lors, les observations faites sur le seul mobilier de parure peuvent être corrélées aux autres témoins archéologiques régionaux. On note cependant quelques divergences, notamment sur des indices de changements autour de 600 a.C. qui ne trouvent pas traduction directe dans le mobilier de parure en l’état des connaissances.
Pour le séquençage chronologique du Languedoc occidental, à l’exception d’un horizon compris entre 725 et 675 a.C., renvoyant aux étapes Moulin III, Grand Bassin Ia et Castrais III, qui reste pour l’heure non discernable pour le seul mobilier de parure, et le prolongement du Premier âge du Fer à la fin du Ve s. a.C., les grandes étapes chronologiques du Languedoc occidental trouvent un écho dans l’évolution des parures de la zone d’étude. Cela se distingue particulièrement bien pour la phase de transition Bronze / Fer (Horizon 1B) au VIIIe s. a.C., qui correspond à la phase II du Moulin182. Ce rapprochement avec la chronologie établie pour les sites du Languedoc occidental s’explique par le poids des vestiges des nécropoles du Castrais dans le corpus, tant en termes de quantité que de qualité, et par le lien culturel maintes fois rapporté entre ces sites funéraires et ceux plus à l’est de l’aire ibéro-languedocienne. Le phasage des nécropoles castraises constitue un outil de référence qui fait le lien entre les données du Midi de la France et celles du reste de la zone d’étude. À cela, s’ajoute le fait qu’un bon nombre d’objets de parures inventoriés ici trouvent des éléments de comparaisons avec ceux découverts en Languedoc occidental. Il est donc peu étonnant que la dynamique d’évolution des parures suive un rythme proche de celui reconnu pour le Languedoc occidental.
Enfin, on ne saurait refermer ce volet chronologique sans discuter de l’expression en datations absolues des Horizons proposés. Leur détermination en quart de siècle se fonde sur la démarche utilisée pour l’étude des nécropoles castraises. Comme le rappellent ses auteurs, cet outil à l’avantage de proposer une échelle de comparaison avec le Midi de la France et c’est pour cette même raison qu’il a été réemployé ici183. La chronologie des sites méditerranéens est fixée par la présence, d’une part, d’objets importés des régions nord-alpines datés par dendrochronologie et, d’autre part, de mobiliers issus de Méditerranée orientale dont les datations de production sont exprimées en dates calendaires. Ainsi, lors de l’étude de la nécropole d’Agde (Hérault), A. Nickels formule une nouvelle chronologie absolue fondée à partir de récipients céramiques protocorinthiens déposés dans plusieurs tombes régionales184. Ces résultats ont servi de support pour l’articulation des chronologies qui ont suivi, dont notamment celle des nécropoles du Castrais.
Le recours aux datations radiocarbones demeure rare pour les contextes du Premier âge du Fer en raison de l’imprécision des résultats obtenus dû au “plateau hallstattien”. Dès lors, la datation par comparaison typologique offre des intervalles chronologiques plus fins. Toutefois, on dispose de quelques éléments 14C en faveur de la détermination des points de calage du Bronze final III et de la transition Bronze/Fer. L’ensemble des analyses radiocarbone du sud de la France compilé au début des années 2000 par J. Gascó aiguille vers une phase du Bronze final IIIb courte, essentiellement centrée sur le Xe a.C., ainsi qu’un passage au Premier âge du Fer entre la seconde moitié du IXe et la première moitié du VIIIe s. a.C.185. Ces datations correspondent au phasage des nécropoles castraises dont la phaseI (900-775 a.C.) est assimilée à des productions du Bronze final IIIb tandis que la phase suivante (phaseII, 775-725 a.C.) est interprétée comme une période de lente transition Bronze/Fer. Les récents résultats 14C de la nécropole découverte à la Caserne Niel à Toulouse (n° 152) semblent également valider les propositions chronologiques établies pour les nécropoles castraises. En plus du phasage des tombes toulousaines qui exprime une articulation chronologique similaire à celles du Castrais, les analyses 14C effectuées sur 6 dépôts funéraires balisent les propositions chronologiques connues jusqu’alors. On peut notamment évoquer les sépultures toulousaine SP 2275 et SP 6363 associées à la phase I (900-775 a.C.) du Castrais par chronologie relative et dont les résultats radiocarbone orientent vers une datation comprise entre le milieu du Xe et le IXe s. a.C. (95,4 % de probabilité)186.
Ainsi, les résultats chronologiques connus dans le Midi de la France semblent valider les datations absolues du phasage des nécropoles castraises, du moins pour ses phases anciennes. Par corrélation, l’Horizon 1A du phasage s’inscrit dans une dynamique ancrée dans le Bronze final III tandis que ce n’est véritable qu’à partir de l’Horizon 1B que débutent divers processus de changement associés au début du Premier âge du Fer.
Dynamique évolutives des parures de la zone d’étude
La mise en séquence chronologique des dynamiques évolutives des parures permet d’appréhender divers phénomènes pour l’ensemble des parures de la zone étudiée. À l’aide de comptage du nombre de catégories rencontrées et de leurs matériaux de fabrication (fig. 80), il est possible d’esquisser un tableau synthétique sur l’évolution des parures entre le VIIIe et le Ve s. a.C. (Horizons 1B à 3C)187.
Bien que l’on ne connaisse qu’un petit nombre de parures datées du VIIIe et du début du VIIe s. a.C., soit de l’Horizon 1B, quelques remarques peuvent être faites.
Les parures mises au jour laissent entrevoir un spectre restreint des catégories alors en circulation. Les objets de la panoplie individuelle d’apparat se concentrent sur de petits éléments, comme des perles, des pendeloques ou des anneaux, qui devaient constituer et/ou parer des artefacts plus volumineux (colliers et bracelets en matière périssable ou des parures de cheveux). Les quelques boutons/appliques témoignent également du port d’accessoires comme des ceintures en cuir décorées autour de la taille. L’usage de parures annulaires plus importantes, tels les torques ou les bracelets, est bien plus discret. Ce n’est en revanche pas le cas des épingles qui, à l’exception de la présence d’une fibule à double ressort (Fi.5.A.1) dans la sépulture 275 du Causse (n° 305), dominent très nettement la parure d’attache vestimentaire. En dehors des perles, toutes les autres catégories sont exclusivement fabriquées en alliage cuivreux, représentant 90 % des productions de cet horizon 1.
À la lumière de ces quelques considérations, on observe donc que le mobilier de parure du VIIIe s. a.C. reste très nettement marqué par des catégories et des morphotypes encore fortement ancrés dans une ambiance proche de ceux rencontrés au Bronze final188. Toutefois, l’accentuation de la diversité typologique telle qu’elle se manifeste lors l’étape 1B de la zone 1 et l’apparition progressive de nouvelles catégories incarnées ici par une fibule, constituent des indices d’une lente transition vers une dynamique pleinement inscrite dans le Premier âge du Fer.
Le millier de parures rattachables à l’Horizon 2 offre l’opportunité de mieux appréhender les changements à l’œuvre sur l’ensemble du territoire au cours du VIIe et du début du VIe s. a.C.
On peut remarquer d’abord, par rapport à l’horizon antérieur, une variété accrue des catégories représentées. Si les perles, les anneaux ou les épingles tiennent toujours une place importante dans la panoplie individuelle, ces catégories se voient rejointes par le port de parures annulaires volumineuses, comme les bracelets et, dans une moindre mesure, les torques. À partir du milieu du VIIe s. a.C., les épingles jusqu’alors employées massivement comme attaches vestimentaires décoratives se voient remplacées progressivement par les fibules qui se répandent rapidement sur l’ensemble de la zone d’étude. Mais ce qui signale la diversification du mobilier de parure c’est l’intégration d’objets (et donc d’usages) nouveaux. Ainsi, apparaissent peu à peu dans les sites régionaux les premières agrafes de ceinture, les “cônes launaciens” et des fragments de possibles parures pectorales. Ces introductions demeurent timides encore vers le milieu du VIIe s. a.C. et il faut surtout attendre l’horizon 2B (625-575 a.C.) pour que leur usage s’accroisse significativement. Enfin, la part attribuée aux bagues, boucles d’oreilles et boutons restent stable vis-à-vis de l’horizon précédent.
L’enrichissement des catégories et des formes de parures rencontrées au cours de cet horizon 2 se traduit également par l’emploi de matériaux nouveaux pour la confection de ces objets. Bien que toujours dominant, l’alliage cuivreux cède peu à peu sa place au fer dès le dernier quart du VIIIe s. a.C., mais surtout à partir du deuxième quart du VIIe s. a.C. L’appropriation de ce métal pour la fabrication des parures paraît rapide. Le fer sert notamment à la confection de parures de types nouveaux puisque l’on a pu observer que certains types originaux, qui apparaissent au cours du VIIe s. a.C., sont d’abord fabriqués dans ce métal avant de connaître des déclinaisons plus tardives en alliage cuivreux : bracelets et torques à tampons (Br.19, To.3.B.1 et To.9), torques à crochets (To.4.B et To.19) ou fibules serpentiformes (Fi.4). D’autres métaux, comme l’or, l’argent ou le plomb, pourraient avoir été utilisés par les artisans du VIIe s. a.C., bien que chacun d’eux ne soit connu que par un seul individu. Les matériaux non métalliques (lignite, ambre, os, terre cuite, verre et roche) sont peu utilisés et leur usage est réservé aux perles/colliers et aux parures annulaires de faible gabarit.
Toutes ces observations mettent en évidence les changements profonds qui s’opèrent au cours de l’Horizon 2, entraînant un enrichissement et une diversification de la panoplie individuelle. Le répertoire du mobilier de parure s’en trouve totalement renouvelé. Toutes ces modifications témoignent en creux d’une effervescence artisanale et donc économique qui accompagne l’apparition des premières parures pleinement associables au Premier âge du Fer.
Le troisième et dernier horizon identifié, l’Horizon 3, comprend à lui seul près de la moitié des pièces de parure connues au Premier âge du Fer avec plus de 2 000 individus recensés, soit le double du nombre d’objets identifiés pour l’horizon précédent. Cet Horizon 3 témoigne d’une dynamique déjà engagée antérieurement dans laquelle la fabrication, l’usage et le dépôt de biens de prestige, comme la parure, deviennent toujours plus fréquents.
Le profil des catégories de parures en circulation évolue vis-à-vis de la période précédente. Les fibules deviennent à partir du VIe s. a.C. l’objet de parure dominant. Leur port privilégié se fait au détriment des épingles qui ne jouent plus qu’un rôle anecdotique en tant qu’attache vestimentaire. La mode vestimentaire attribue aussi une place accrue aux agrafes de ceintures. L’intérêt porté à cette catégorie de mobilier se traduit par le renouvellement constant des formes et de leur riche décor tout au long du VIe et Ve s. a.C. L’usage des parures annulaires, en revanche, semble fléchir légèrement comparativement à l’Horizon 2. Bien que les bracelets soient toujours très nombreux, ils le sont proportionnellement moins, sur l’ensemble des parures, que dans l’horizon précédent. De même, si les torques sont bien plus abondants au cours de l’Horizon 3 que lors de l’horizon antérieur, on rappellera que la majorité des pièces référencées au VIe et au Ve s. a.C. proviennent principalement d’Aquitaine centrale ou méridionale (zone 3) et de la vallée moyenne de l’Èbre (zone 4)189. A contrario, l’étude des sites de la région du Tarn et du Comminges (zone 1) tend à démontrer un abandon très net du port du torque au cours de cette même période (fig. 59, étape 4)190. Enfin, en dehors des perles (ou des colliers) dont l’usage devient aussi plus fréquent, surtout pour les sites de la vallée de l’Èbre et de la Meseta (zones 4 et 5), et des parures pectorales exclusivement connues pour ces mêmes zones, le reste du mobilier de parure varie peu et tient une place anecdotique dans le costume personnel.
Le choix des matériaux de fabrication pour la confection des parures varie relativement peu. L’alliage cuivreux domine toujours très nettement. L’usage exclusif du fer se réduit mais est associé en plus grande proportion à l’alliage cuivreux. L’emploi du bimétallisme se limite cependant à certains types de fibules (Fi.8.A.1, Fi.10, Fi.13.A.2, Fi.14, Fi.15.A.2, Fi.16 et Fi.18.A.3). Bien que moins représentés, de nouveaux matériaux font leur apparition au cours de cet Horizon 3, comme l’usage du coquillage ou du corail sur des pendeloques ou comme élément décoratif du sommet du bouton de la fibule navarro-aquitaine de la Grotte du Quéroy à Chazelle (n° 101)191. Citons aussi l’électrum pour les deux boucles d’oreilles périgourdines de Jumilhac-Le-Grand (n° 139) et de Lanouaille (n° 141)192. Les autres matériaux, déjà connus précédemment, se rencontrent plus fréquemment. L’emploi du lignite recouvre des fragments de bracelets dans lesquels se trouvent les très nombreux individus mis au jour à Chalucet (n° 337), tandis que celui de la terre cuite se limite à quelques bracelets de ce même gisement, mais surtout aux lots de perles découvertes dans les nécropoles de la péninsule Ibérique. Enfin, la part réservée à l’or, l’ambre, l’os, le verre et la roche reste faible et concerne de petits objets, comme des anneaux ou des perles. Le torque d’Uchacq-et-Parentis (n° 187) et les boucles d’oreilles des nécropoles d’El Castejón (n° 34) et d’El Castillo (n° 37), tous en or, constituent l’exception193.
Que ce soit par le nombre accru de parures en circulation ou par la diversification des matériaux employés, l’Horizon 3 témoigne d’une richesse économique individuelle, sinon d’une représentation de cette richesse, plus affirmée. Cette “flamboyance” des parures n’est pas que comptable, elle se traduit également par un raffinement décoratif et une recherche constante d’innovation stylistique. De toutes les catégories de parures, les fibules sont les objets les plus significatifs de cette dynamique. Les artisans en étirent les formes (élargissement de l’arc, agrandissement du bouton, allongement du ressort et/ou de l’axe) pour permettre au décor de se déployer, transformant ainsi une attache vestimentaire fonctionnelle de morphologie et d’usage relativement simples en un objet richement ornementé. Cette logique stylistique, partagée par la plupart des autres catégories de parures, montre qu’il s’agit d’un mouvement de fond que l’on observe sur l’ensemble de la zone d’étude.
Notes
- Pour plus de détails sur la mise en place d’une matrice de sériation en archéologie voir : Brun 2008.
- Les sites qui ne sont associés à aucune zone sont marqués par une relative pauvreté documentaire et n’interviendront donc pas dans l’analyse chronologique de ce chapitre.
- Concernant le rattachement culturel durant le Premier âge du Fer des vestiges du Tarn-et-Garonne et de la moitié nord de Haute-Garonne à ceux Tarn, on évoquera notamment l’étude récente des pratiques funéraires de part et d’autre des Pyrénées par S. Adroit qui regroupe cette région à l’aire Catalano-Languedocienne : Adroit 2015, 515 fig. 199. Pour le département du Lot, la dichotomie entre les faciès culturels du nord ou du sud du Lot (le cours d’eau) est autant observable par la distribution géographique des pratiques funéraires d’incinération et d’inhumation que, plus généralement, par la typologie du mobilier : Dedet 2004, 204 fig. 6 ; Milcent, in : Filippini 2010, 45-46.
- Adroit 2015, 515 fig. 199.
- Müller 1985, 185-186.
- On peut illustrer cette remarque par le calage en datations absolues du phasage des nécropoles du Castrais qui se réfère exclusivement aux sites du Midi de la France : Giraud et al. 2003, 179-180.
- On pense notamment aux parures annulaires comme les anneaux et plusieurs types de bracelets qui sont en circulation durant l’intégralité du Premier âge du Fer, voire au-delà.
- On a ressemblé sous une même appellation différents types de rasoir en alliage cuivreux définis pour l’étude des individus des nécropoles du Castrais, à savoir les types : I2, I4, I5, I7 et I8 : Giraud et al. 2003, 107-110.
- Les types qui ont une longue période d’utilisation ont été déplacés manuellement dans le tableau afin de mettre en lumière leur moment d’apparition, puisque que la méthode barycentrique tend à les placer au centre de la matrice.
- Toutes les matrices de sériation présentées lors de l’étude sont réalisées à l’aide de l’outil Excel développé par B. Desachy : Descachy 2008.
- Pl. 181, 186 et 188.
- Pl.179.
- Pl.156.
- Dans la sépulture 245 de Gourjade et la sépulture 19 du Causse : pl.164 et 175.
- Il est toutefois possible de rattacher à cette étape quelques sépultures qui ne proviennent pas des nécropoles du Castrais, comme l’incinération 1 de Palaminy (n° 151) (pl.83), les tombes 25 et 45 du Camp de l’Église Sud (n° 207) (pl.109), les sépultures 5 et 32 de nécropole de Mondi (n° 294) (pl.156) et la sépulture 2403 de la ZAC de Niel (n° 152) (pl.84).
- Tombe 140 de la nécropole de Gourjade (n° 298) : pl.160.
- Ces bracelets en alliage cuivreux sont postérieurs à leurs équivalents en fer (Br.19) comme l’avait déjà démontré le phasage des nécropoles du Castrais : Giraud et al. 2003, 168.
- Les tombes de la nécropole du Causse (n° 305) associées à cette étape 3 sont les sépultures 1015, 1031, 1033, 1036, 1039, 1042 à 1045, 1053, 1059, 1066, 1068, 1069, 1072 à 1075 et 1077.
- Dans la sépulture A du tumulus 5 du Frau (n° 326) et du tumulus 8 du Camp de l’Église nord (n° 207) : pl. 210, 110 et 111.
- Par exemple dans le tumulus 1 du Frau (n° 326), ou dans les sépultures 1098 et 1099 du Causse (n° 305) : Pl.203.
- Pl.115.
- Giraud et al. 2003, 180.
- Buffat et al. 2012, 96.
- Pl. 187.
- Nickels 1990.
- Nickels 1990, 22.
- Dedet et al. 2012.
- Voir l’étude typologique des fibules du type Golfe du Lion
- Pl. 209 ; les épées de ces deux sépultures appartiennent au type LD-F-P1 de C. Farnié Lobensteiner, principalement représenté entre 575 et 525 a.C. : Farnié Lobensteiner 2012, 244-245.
- Dumas 2016, 357.
- La présence d’une fibule à timbale en alliage cuivreux (Fi.20) dans la tombe 1057 valide la fréquentation de la nécropole jusque dans le courant du Ves. a.C. : pl.200 n° 2374.
- Gomez de Soto et al. 2009 ; Maitay 2010a, 163-166. ; à propos des sites périgourdins, J.-P. Mohen a déjà eu l’occasion d’évoquer un possible rattachement de ce groupe avec celui du Limousin : Mohen 1980, 152-155.
- Dumas & Constantin 2015.
- Lambert et al. 2000, 100 fig. 17 ; Milcent in : Filippini 2010, 45.
- Pl.73 ; On n’intégrera pas à cette période la fibule à arc renflé découverte en prospection sur le site Roquefort à Lugasson (Gironde) (n° 166) dans la mesure où sa morphologie oriente plutôt vers une date centrée sur la toute fin du Bronze final : pl.46 et 92.
- Pl.104.
- Pl.74 et 116.
- On pense notamment à ceux de la Grotte des Tullières à Reyrevignes (Lot) (n° 224) : Pl.118.
- Illustrée par les bracelets du tumulus du Glèbe de Roux à Rocamadour (Lot) (n° 227) : Pl.118.
- Pl.104.
- Sujet 19 de la Grotte des Palabres : pl.105.
- Couche A-2 de la grotte : pl.122.
- Pl.104 et 116.
- Pl.75 et 107.
- Pl.75 ; Milcent 2004, 155, tabl.18.
- Pl.70.
- Pl.90.
- Pl.76.
- Pl.122.
- Pl.71 et 122.
- Pl.73, 95 et 119.
- Pl.122.
- Pl.72. On peut également ajouter l’exemplaire découvert sur l’un des inhumés de Meschers-sur-Gironde (Charente-Maritime) (n° 115) : pl.72.
- Pl.117.
- Pl.72.
- Pl.107.
- Pl.71.
- Pl.107 et 216.
- Le bracelet en fer (n° 399) pourvu d’un décor de “plaquage” ou de “bronzage” à chaud de la sépulture 2 du tumulus 1 de la nécropole du Pech de Cramazou à Calès (Lot) (n° 197) constitue l’unique exception à l’expression majoritaire du bimétallisme pour les fibules : pl.107.
- Pl.120 n° 2204.
- La dernière synthèse sur la céramique de cette aire géographique place dans une même phase les productions attribuables au Ha D2 et Ha D3 (550-475 a.C.) : Maitay et al. 2009, 317-321.
- Pl.76 et 117.
- Escudé-Quillet 2000 ; Escudé-Quillet 2007 ; les travaux de S. Adroit ont bien mis en lumière l’homogénéité des pratiques funéraires d’Aquitaine méridionale et leur stabilité durant tout le Premier âge du Fer : Adroit 2015, 515, fig. 199.
- Les sites de cette zone appartiennent au groupe 4d de l’étape 4 (650-575 a.C.) de S. Adroit : Adroit 2015, 482, fig. 177 ; de manière générale, le mode de dépôt funéraire de toutes les nécropoles de cette zone se définit par l’incinération sur bûcher dont les restes sont rassemblés dans une urne.
- Constantin 2014, Dumas & Constantin 2015 ; pour le rapprochement des faciès céramiques et métalliques entre le sud girondin et le Lot-et-Garonne, voir : Dumas 2016, 466-489.
- On relèvera cependant que le nombre d’ensembles retenus pour la réalisation de la matrice sérielle de la zone 3 demeure faible (seulement 39 sépultures).
- Pl.103, 127 et 147.
- Pl.103 et 149.
- Pl.150 ; Il est cependant important de mentionner que le port de ces bracelets en “armilles soudées” perdurera durant tout le Premier âge du Fer pour cette zone.
- Pl.145 et 147.
- Pl.149.
- Pl.88 et 126.
- Pl.124.
- Elle concerne les sép.3 tumulus L.2, la sép.8 tumulus L.3 et la sép.1 tumulus L.6 de la nécropole d’Ossun (n° 287).
- Escudé-Quillet 1998, 37.
- Pl.145.
- En réalité, cette étape pourrait être plus fournie en parures puisque ce faible d’objet ne tient pas compte du mobilier déposé dans le Musée de Mont-de-Marsan et rassemblé sous l’appellation “Région de Mont-de-Marsan” (n° 185), qui contient plusieurs pièces pouvant être associées à cette étape.
- Sép.2 tumulus F et tumulus E de Pujaut ainsi que l’incinération 2 de Grand Jean : pl.92 et 124.
- Sép.2 tumulus F : pl.92.
- Pl.124 et 148.
- Ibid.
- Pl.124.
- Pl.93.
- Pl.94, 125 et 148.
- Pl.126.
- Pl.135.
- Pl.94 et 128.
- Pl.125 et 143.
- Pl.130.
- Pl.104.
- Colin et al. 2013, 41-44.
- Photographies des fibules découvertes en prospection dans : Vignaud 2014, 57.
- Mohen 1980, 112 ; Escudé-Quillet 1998, 26-28.
- On rappellera cependant que l’introduction, même timide, des modèles décorés de perles (Fi.14.A.4) peut effectivement être envisagée dès 550 a.C.
- Groupe 1 de J.-I. Royo Guillén : Royo Guillén 2000, 24, fig. 1.
- Ruiz Zapatero 1985, 534-675 ; Ruiz Zapatero 2014, 641, fig. 4.
- Pl.40.
- Pl.1.
- Maluquer de Motes et al. 1990, 145-150 ; Munilla Cabrillana & Gracia Alonso 1995, 57.
- Pl.1.
- Pl.4.
- Pl.64.
- Pl.2.
- Pl.40.
- Notamment les tombes 1 et 11 : non figurées ; Las Peña de Oro, Escotilla I : pl.2 et 3 ; sépulture 60 de la Atalaya : pl.42.
- Pl.40.
- Castiella Rodríguez & Bienes Calvo 2002, 118, fig. 161.
- Pl.42.
- Pl.40.
- Sépulture 55 de la nécropole de la Atalaya : pl.42.
- Sépultures 35 et 73 : pl.38.
- Pl.46.
- Castiella Rodríguez & Bienes Calvo 2002, 112, fig. 155 ; pl.41.
- Pl.41.
- Faro Carballa et al. 2006, 162, fig. 19.
- Faro Carballa et al. 2006, 162, fig. 20 ; Castiella Rodríguez & Bienes Calvo 2002, 65, fig. 101.
- Pl.38 et 64.
- Pl.41.
- Pl.38 ; Castiella Rodríguez & Bienes Calvo 2002, 75, fig. 114.
- La continuité de ces fibules s’illustre notamment par celles découvertes dans la nécropole de La Hoya à Laguardia (Alava). Ces pièces sont caractéristiques du IVe s. plutôt que de la seconde moitié du Ve s. a.C. comme cela avait été mentionné lors de leur étude : Zubillaga & Filloy Nieva 1990, 267-271.
- Castiella Rodríguez & Bienes Calvo 2002, 208-209 ; des parallèles sont toutefois établis avec les nécropoles environnantes que les auteurs situent entre le VIe et IVe s. a.C. : Castiella Rodríguez & Bienes Calvo 2002, 207.
- Castiella Rodríguez & Bienes Calvo 2002, 118, fig. 161.
- Castiella Rodríguez 2005, 204.
- Pl.42.
- Burillo Mozota 1993 ; Untermann 1995 ; Lorrio 2002, 66 ; Burillo Mozota 2005 ; Lorrio 2005b, 55, fig. 2.
- On évoquera notamment le mobilier des sites d’El Altillo à Aguilar de Anguita (n° 8), de Valdenovbillos à Alcolea de las Peñas (n° 9), de La Olmeda à La Olmeda de Jadraque (n° 22) ou encore celui d’Alpanseque (n° 46).
- Pl.27, 28 et 30.
- Pl.26 et 60.
- Pl.15, 27 et 60.
- L’identification de cet individu peut porter à caution en raison de son état de conservation. En l’absence d’un examen plus détaillé, on s’interdira de trancher de façon trop catégorique ; pl.27.
- Pl.20.
- Pl.21.
- Pl.11 et 13.
- Pl.24.
- Pl.62.
- Pl.24-25 et 57.
- Pl.13.
- Pl.15 et 20.
- Sépultures 6, 14 et 15 : pl.36.
- Pl.36 et 57.
- Pl.60.
- Pl.28 et 60.
- Pl.23.
- Voir par exemple les fibules régionales du type 8 de J.-L. Argente Oliver : Argente Oliver 1994, 84-95 ; Lorrio 2005a, 206 et 207, fig. 84.
- Lorrio 2005a, 314-315 ; Farnié Lobensteiner 2012, 507-508, fig. 201.
- Cerdeño & Sagardoy 2007.
- Cerdeño & Sagardoy 2007, 152-154 ; Cerdeño & Chordá 2017.
- Vega Toscano, in : Cerdeño & Sagardoy 2007, 183-186.
- Ibid, 183.
- Ibid, 186, fig. 318
- On fera remarquer que cette agrafe à quatre crochets est du même type que celle sculptée sur la statue de guerrier de Grézan (Nîmes), datée vraisemblablement du Ve s. a.C. : Roure 2013, 118 ; Garcia et al. 2016, 732, fig. 7 n° 1.
- Mohen 1980, 169 ; Escudé-Quillet 1998, 123-124.
- On relèvera que cette proposition chronologique de la tombe, située dans le courant du Ve s. a.C., est tout de même comprise dans l’intervalle mesuré par 14C, bien que sa probabilité soit plus réduite : Vega Toscano, in : Cerdeño & Sagardoy 2007, 186, fig. 318.
- Par exemples dans les sépultures 43, 45, 117 et 132 : pl.23, 27 et 28.
- Le mobilier de ces tombes anciennes peut effectivement être corrélé aux vestiges des niveaux d’occupation de l’habitat de Ceremeño I comme cela a déjà été signalé : Cerdeño & Sagardoy 2007, 154 ; Cerdeño 2008, 100-102.
- On peut prendre comme exemple les nombreuses fibules de type navarro-aquitaines (Fi.14) découvertes sur le site qui sont des modèles riches en décor et à long ressort, bien caractéristiques de la fin du VIe et de la première moitié du Ve s. a.C. On ajoutera que dans une publication récente, M.-L. Cerdeño a proposé de rattacher les quatre fibules navarro-aquitaines de la tombe 31 d’Herrería III à la fin du VIIIe ou au début du VIIe s. a.C. en raison de la présence concomitante d’un couteau en fer à dos droit et pointe incurvée, type d’outils qui serait d’après elle contemporain de la transition Bronze-Fer en Catalogne et dans le sud de la France. Cependant, si l’on se réfère aux travaux d’A. Filippini en la matière, on constate que ce type de couteau (correspondant aux types A1c ou A1d) entre effectivement en usage dans le Sud de la France dès le VIIIe s. a.C., mais que sa circulation s’étend jusqu’au milieu du Ve s. a.C., avec une plus forte représentation entre la fin du VIIe et le VIe s. a.C. Enfin, on ajoutera qu’il est peu concevable de situer au VIIe s. a.C. des fibules navarro-aquitaines, pièces pourvues d’un ressort bilatéral (à deux sens de torsion), puisque l’apparition de ressort bilatéral (à un sens de torsion uniquement) n’est documentée qu’à partir de la fin du VIIe s. et surtout du début du VIe s. a.C. : on pense ici aux fibules à pied droit (Fi.10) et aux premiers modèles de type Golfe du Lion (Fi.13) : pl.21 ; Cerdeño & Chordá 2017, 49-52 ; Filippini 2007, 400, fig. 6.
- Les teneurs en 14C pour la une période comprise entre 750 et 450 a.C. se sont avérées moins régulières que ne le suggérait la courbe théorique employée jusqu’alors. Cela a pour effet de rendre les résultats obtenus moins précis que ne peut l’être une datation relative par comparaison pour les vestiges de cet intervalle. C’est la raison pour laquelle les datations absolues par dendrochronologie sont bien souvent privilégiées pour cette période : Gascó 2001, 221 ; Brun 2008, 223 ; Adroit 2015, 147.
- Lors des l’étude la nécropole d’Herrería, les auteures rappellent justement les corrélations typologiques de ces vestiges avec ceux de la moyenne vallée de l’Èbre : Cerdeño & Sagardoy 2007, 166, tabla 17.
- Cerdeño & Sagardoy 2016, 202-208.
- Adroit 2015, 515, fig. 199.
- Royo Guillén 2000, 42, fig. 1 ; Ruiz Zapatero 2014, 641, fig. 4.
- On pense notamment aux sites de Las Valletas à Sena (n° 31), Fuente de Oro à Calaceite (n° 64), ou encore Escodinas Bajas (n° 72) et San Cristóbal à Mazaleón (n° 73).
- Royo Guillén 1980, 251.
- Royo Guillén 1996.
- Ibid, 98.
- Pl.58.
- Pl.37 et 59.
- Pl.59 ; cette hypothèse se fonde sur les résultats typochronologiques de ces types d’objets. Leur large distribution chronologique pourrait également les associer à l’étape suivante. La fiabilité des contextes dont ils sont issus ne permet pas d’en dire davantage.
- Benavente Serrano et al. 2015, 149-151 ; Eiroa 1982, 171-179.
- Benavente Serrano et al. 2015, 97-98 ; pl.61.
- Pl.59.
- Pl.59.
- Berltrán Lloris 2013, 135, fig. 118.
- D’après les notes manuscrites du carnet de fouille de J. Cabré : Berltrán Lloris 2013, 153 ; pl.59.
- Les dynamiques évolutives des parures des zones 2 (nord Aquitaine/Charentes/Limousin) et 3 (Bas-Aragon et vallée du Cinca) sont considérées comme sujettes à caution en l’état actuel de la documentation. Cependant, on tiendra compte des indices chronologiques les plus pertinents de ces zones 2 et 6 dans la construction du phasage général.
- La zone ibéro-languedocienne couvre le Languedoc occidental, le Roussillon et la façade orientale de la péninsule Ibérique. Le regroupement des sites de cette zone en une seul et même entité s’explique par l’identification d’un faciès culturel “ibéro-languedocienne” défini par la similarité des vestiges à partir du Ve s. a.C. (principalement des inscriptions ibériques et des formes céramiques) : Gailledrat 1997.
- Milcent 2004 ; Milcent 2012b ; le système chronologique de la Gaule centre-occidentale se trouve peu ou prou réemployé dans l’ouvrage récent consacré à l’Europe celtique à l’âge du Fer (VIIIe-Ier siècles) : Büchsenschutz, dir. 2015.
- Cette assertion se fonde principalement sur le système chronologique employé pour l’étude des parures de cette zone, mais aussi sur le faisceau d’indices qui laissent entrevoir des évolutions typologiques au milieu du VIe s. a.C. et dans lesquelles on retrouverait la césure entre le Ha D1 et Ha D2 et peut-être aussi les marqueurs de LT A ancienne du modèle chronologique nord-alpin.
- Milcent 2004, 164.
- Taffanel et al. 1998 ; Nickel 1990 ; Janin et al. 2002 ; Dumas 2017.
- Janin 1992, 257.
- Giraud et al. 2003, 179.
- Nickels 1989, 454-457.
- Gascó 2001, 225.
- Ruzzu, in : Verrier, dir. 460-466. La tombe SP 2223 en revanche laisse entendre que certaines des productions associées à la phase I (900-775 a.C.) pourraient trouver leur place au Bronze final IIIa, soit dès le XIe s. a.C. Ce résultat est important car il est indice que cette première phase I, et donc l’Horizon 1A, peut rassembler les ensembles clos possiblement antérieurs à 900 a.C.
- On mettra donc de côtés les rares parures datées de l’Horizon 1A et identifiées pour la seule nécropole du Causse (n° 305) puisqu’elles sont uniquement associables à l’âge du Bronze et non au Premier âge du Fer.
- Voir les observations faites pour le mobilier caractéristique de l’étape 1 de la zone 1.
- L’abandon progressif du torque pour ces régions est un trait similaire à ce que l’on observe pour le Midi de la France, constituant un argument supplémentaire pour le rapprochement des sites du Tarn et du Comminges avec les sites languedociens : Rivalan 2001, 404-403.
- Pl.70 n° 2264.
- Pl.76 n° 4.
- Pl.104 n° 156 ; Castiella Rodríguez & Bienes Calvo 2002, 52, fig. 78 ; Faro Carballa et al. 2006, 162, fig. 20.