Introduction
Durant l’été 1881, Louis Delambre, ancien conservateur au musée de Picardie à Amiens, entreprit d’explorer une série de tumulus au lieu-dit “Les Combles” sur la commune d’Éramecourt (Somme). Il y reconnut des vestiges funéraires de l’âge du Bronze et l’exploration d’un des tertres révéla une ciste de pierres plates protégeant une urne retournée sur des ossements incinérés (fig. 1). L’urne arborait un profil en S, avec un décor arciforme placé en haut de la panse. Le manuscrit du rapport très détaillé conservé à la bibliothèque de la société des Antiquaires de Picardie demeura inédit jusqu’en 1976. Son contenu fut alors publié par J.-C. Blanchet qui fit de cette découverte un site éponyme, représentatif des rites funéraires de la fin de l’âge du Bronze ancien et de l’âge du Bronze moyen, sous le nom de “Type d’Éramecourt”1.
Un siècle plus tard, en 1980, dans le cadre du programme de fouilles des gravières de la vallée de l’Aisne (équipe de Protohistoire – Université de Paris I), C. Pommepuy identifia à Bucy-le-Long (Aisne), au sein du monument C3 de la nécropole, une nouvelle urne retournée, protégée par une ciste en pierres. La poursuite de l’exploration du site sur la commune voisine de Missy-sur-Aisne, révéla dans le monument C10 une seconde urne, avec un dispositif identique à celui découvert précédemment2. Cinq occurrences supplémentaires issues de la vallée de l’Aisne, et deux de la haute vallée de l’Oise ont depuis étoffé le corpus.
Dans la vallée de la Somme, lors d’un survol aérien en 1979, R. Agache repéra un enclos de forme subcirculaire à Crouy. L’année suivante, une intervention de terrain de la direction des Antiquités préhistoriques de Picardie révélait que cet enclos singulier comportait en son aire interne une sépulture en fosse contenant une urne retournée sur une incinération3. Plus d’une vingtaine d’années plus tard, la datation des os incinérés à partir de la bioapatite a permis de “rajeunir” cette sépulture, désormais attribuée au début de l’âge du Bronze moyen. Depuis, d’autres interventions ont permis de porter à cinq le nombre de cas dans la vallée de la Somme.
Dans le nord de la France, les fouilles liées aux travaux d’aménagement du territoire de la fin des années 1980 occasionnèrent l’identification d’urnes retournées : un cas dans un tumulus à Vitry-en-Artois (Pas-de-Calais)4, et un autre dans une nécropole fouillée sur l’emprise du TGV Nord à Fresnes-les-Montauban (Pas-de-Calais)5. Depuis, les découvertes se sont étoffées (cinq exemplaires) à l’occasion d’opérations d’archéologie préventive menées sur différents secteurs du bassin minier entre la Scarpe et la Sensée.
Les urnes découvertes en position retournée montrent des traits analogues avec celles des contextes funéraires d’outre-Manche où ce rite est identifié dans l’ensemble de la Grande-Bretagne et aussi en Irlande. J.-C. Blanchet propose d’utiliser le terme “des urnes à décor plastique”6 pour décrire ces urnes dans le nord-ouest de la France. À l’âge du Bronze ancien, la céramique du groupe des urnes à décor plastique est proche de celle de la culture Hilversum en Belgique et aux Pays-Bas ou du type biconical urns en Angleterre. Elle semble s’inscrire en continuité avec la céramique du Néolithique final et des groupes épicampaniformes.
Cet article est dédié à notre collègue Nathalie qui, au cours de sa carrière, a étudié des espaces funéraires de l’âge du Bronze. Il se propose de recenser les urnes cinéraires retournées, pratique récurrente, mais documentée au compte-gouttes par des découvertes peu nombreuses. Et comme souvent pour les phénomènes discrets, c’est sur la longue durée qu’ils sont mis en valeur ; un travail de fourmi, mené avec constance et créativité, dont témoignent les travaux de Nathalie. Nous en examinerons les caractéristiques, l’architecture des tombes qui les abritent, les pratiques funéraires qui y sont associées, ainsi que la séquence chronologique dans laquelle elles s’inscrivent.
Le corpus
À ce jour, 21 cas d’urnes cinéraires en position retournée sont recensés dans les Hauts-de-France, dont une couchée sur le flanc, qui a été intégrée à l’inventaire. La carte des sites ayant livré ce type de vestiges montre une répartition concernant principalement l’intérieur des terres (fig. 2). Le littoral et son arrière-pays ne témoignent que d’un seul exemple, celui de Rue (Somme), situé sur un ancien cordon maritime. Les autres occurrences identifiées se répartissent globalement en trois zones géographiques : au nord, autour de la Scarpe et de la Sensée, au sud-est, dans la vallée de l’Aisne, et plus à l’ouest le long de la Somme, en aval d’Amiens. Cette distribution quelque peu “artificielle” résulte d’une concentration de prescriptions archéologiques en lien avec des travaux d’aménagement du territoire touchant de vastes surfaces, essentiellement des ZAC (Somme et Nord/Pas-de-Calais) et des carrières d’extraction de granulats (Aisne).
Sur le plan topographique, l’implantation des sites semble variée, avec toutefois des traits partagés : dans les vallées de l’Aisne et de l’Oise, ils occupent la bordure des terrasses alluviales (Bucy-le-Long/Missy-sur-Aisne7, Moussy-Verneuil8 et Travecy9) ; la position en rebord de plateau dominant la vallée est récurrente dans la Somme (Argoeuves10, Saint-Sauveur11, Crouy12). L’attrait exercé par les cours d’eau est également manifeste, comme à Allonne où le site est localisé près de la confluence d’un petit ru avec le Thérain13, ou à Vitry-en-Artois, situé dans la vallée de la Scarpe14. Parfois, un emplacement sur une légère éminence semble avoir été privilégié, à l’instar du site d’Éramecourt qui occupe l’extrémité d’un petit plateau surplombant un ruisseau, ou celui de Rue, localisé près de l’estuaire de la Somme, sur un ancien cordon de galets émergeant de la plaine maritime.
Les 21 tombes considérées sont issues de 17 sites (tab. 1 : descriptif des tombes). Elles s’inscrivent dans des monuments, hormis dans trois cas : à Moussy-Verneuil, où la tombe est positionnée à l’extérieur d’un imposant monument à double fossé (à 5 m au sud)15 et à Lauwin-Planque, où deux sépultures dites “isolées” sont installées respectivement à 150 m des monuments alentour16.
| N° carte | Site | Type site | Substrat | Monument dimensions | Tombe position | Aménagements | Défunt(s) | Restes de bûcher / mobilier / str. annexes | Autres tombes | Références |
| 1 | COURCELLES-LES-LENS Eco-quartier de La Marlière Tr.6 | nécropole | limon | 10,80 m | quart SE fosse Ø 1m | 1 enfant 1-6 ans 29 g | Blondeau 2015 | |||
| 2 | LAUWIN-PLANQUE ZAC Les Dix-Neuf st 6096 | nécropole | limon | 15 m | au centre fosse 2,20 x 1,80 m | 1 adulte 110 g | restes de bûcher au-dessus du dépôt osseux dans l’urne | Leroy-Langelin 2023 | ||
| – | LAUWIN-PLANQUE ZAC Les Dix-Neuf st 6357 | nécropole | limon | – | fosse 1,20 x 1 m | 1 0-3ans 1 6-15 ans 2 adultes 3405 g | Leroy-Langelin 2023 | |||
| – | LAUWIN-PLANQUE ZAC Les Dix-Neuf st 6266 | nécropole | limon | – | fosse Ø 0,80 m | 1 enfant 6-9 mois 70,2 g | Leroy-Langelin 2023 | |||
| 3 | LAMBRES-LEZ-DOUAI ZAC L’Ermitage 2 Tr 1 mon. 1006 | nécropole | limon | 25,65 m | au centre fosse 1 x 0,90 m | 1 adulte masculin 924 g | armature silex chauffé dans l’urne | Lebrun 2020 | ||
| 4 | VITRY-EN-ARTOIS Les Colombiers | ? | craie | 10 m | au centre fosse 1,40 x 1 m | 1 adulte ou sub-adulte 100 g | fragment de branche brûlée près de l’urne | 2 incinérations en fosse dans un lambeau du tumulus | Azagury & Demolon 1990 | |
| 5 | FRESNES-LES-MONTAUBAN Le Motel | nécropole | craie | 19 m | quart SO fosse Ø 1 m | 1 adulte masculin | charbons de bois dans une des 3 fosses de l’aire interne | 1 inhumation et 3 fosses / aire interne | Desfossés & Masson 2000 | |
| 6 | RUE Le Chemin des Morts | nécropole | sable / galets | 33 m | au centre-est fosse 0,95 x 0,60 m | cuvette aménagée avec des galets / sédiment charbonneux autour | 1 adulte 819 g | 2 fosses adjacentes avec sédiment charbonneux | Billand 1998 | |
| 7 | CROUY Les Quatre | nécropole | craie | ovale 18 x 14 m | au centre fosse 0,75 x 0,95 m | fosse adjacente remplie de rognons de silex | Bréart & Fagnart 1982 | |||
| 8 | SAINT-SAUVEUR ZAC Les Bornes du Temps 2 | nécropole | craie | 18,5 m | au centre fosse Ø 0,70 m | fond et parois tapissés de rognons de silex jointifs | 1 adulte 1067 g | 1 incinération en fosse | Blondiau 2018 | |
| 9 | ARGOEUVES / SAINT-SAUVEUR Le Moulin d’Argoeuves | nécropole | craie | 18 m | au sud fosse Ø 0,40 m | nid de rognons de silex sur le fond / 3 grands éclats de silex pour caler l’urne | 1 enfant 5-10 ans 301 g | fosse adjacente avec sédiment charbonneux | Buchez 2014 | |
| 10 | AMIENS Les Jardins d’Intercampus / site 2 | nécropole | limon/ craie | 9 m | au centre-sud fosse ovale 0,50 x 0,43 m | 1 adulte féminin ? 428 g | restes de bûcher dans l’urne | 1 inhumation + 1 incinération / aire interne | Blondiau 2021 | |
| 11 | ÉRAMECOURT Les Combles | nécropole | craie | Quadrangulaire 11 x 9 m | quart SO ciste | plaquette de silex sur le fond / dallettes de tuf pour les parois et la couverture | Blanchet 1976 | |||
| 12 | ALLONNE Derrière les Maisons / Rue Boulet | ? | limon | 10,5 m | au centre fosse 0,55 x 0,48 m | 1 adulte jeune gracile 1017 g | comblement de sédiment charbonneux | Friboulet 2018 | ||
| 13 | TRAVECY La Justice st 2 | ? | limon | 40 m | quart NO fosse 0,60 x 0,60 m | 1 adulte 541 g | restes de bûcher mêlés aux os incinérés dans l’urne | Baillieu 2008 Le Guen 2009 | ||
| – | TRAVECY La Justice st 3 | – | limon | – | quart SE fosse Ø 0,85 m | 2 blocs de craie posés sur la couche noire supportent l’urne / comblement intentionnel de la fosse avec des graviers de silex | 1 adulte 1237 g | au fond : couche de sédiment charbonneux avec nodules de terre rubéfiée | Le Guen 2009 | |
| 14 | BUCY-LE-LONG Le Grand Marais C3 | nécropole | sable / graviers | 17 m | au centre ciste 0,8 m x 0,65 h dans fosse 1,85 x 1,40 m | dalle calcaire sur le fond / dallettes et pierres calcaire pour les parois et la couverture | 1000 g | fosse partiellement comblée avec du sédiment charbonneux | 1 inhumation en fosse / aire interne | Brun & Pommepuy 1987 |
| – | BUCY-LE-LONG Le Grand Marais C18 | sable / graviers | 23 m | quart SE fosse Ø 0,60 m | 32 g | 2 incinérations en urne posées sur leur fond / aire interne | Auxiette et al. 1994 | |||
| 15 | BUCY-LE-LONG Le Fond du Petit Marais C13 | nécropole | sable/ graviers | 18 m | au centre ciste Ø 0,60 m dans fosse 0,85 x 0,65 m | meule en grès sur le fond / dallettes calcaire pour couvrir l’urne | 1 incinération (en urne ?) / aire interne | Hénon et al. 1993 | ||
| 16 | MISSY-SUR-AISNE Le Culot C10 | nécropole | sable / graviers | 10 m | au centre ciste dans fosse Ø 0,80 m | grosse pierre sur le fond / pierres pour les parois partiellement perturbées | 1 inhumation double / aire interne (+ 1 inhumation sur le fossé ?) | Brun & Pommepuy 1987 | ||
| 17 | MOUSSY-VERNEUIL Au Glanart | nécropole | limon | à 5 m d’un monument à double fossé Ø 47-35 m | fosse Ø ± 0,40 m | 1 adulte 624 g | Robert 2013 Lefebvre et al. 2022 |
L’architecture funéraire
À l’exception d’Éramecourt, qui affiche un plan rectangulaire, et de Crouy de forme sub-circulaire, les monuments présentent tous un plan circulaire à simple fossé, et leurs diamètres oscillent entre 9 et 40 m, avec une nette majorité inférieurs à 20 m (fig. 3). La localisation des urnes dans l’aire enclose par les fossés varie peu : la tendance est à un positionnement au centre du monument, ou très légèrement décentré (11 sur 18), un placement dans la moitié sud de l’espace est également de mise (6 sur 18). Un seul cas de disposition au nord est observé au sein du grand monument de Travecy qui présente la particularité de receler deux tombes respectivement installées au nord-ouest et au sud-est17.

Dans l’espace délimité par les fossés périphériques s’inscrivent parfois des sépultures annexes de nature distincte de celles examinées dans le cadre de cet article, à savoir des inhumations, et/ou des tombes à incinération en fosses ou en urnes non inversées (8 cas). Des structures dédiées à des fonctions autres (souvent peu perceptibles) peuvent également occuper l’espace central : fosse remplie de rognons de silex (Crouy), fosse à comblement charbonneux (Argoeuves)18, creusement vide… (tab. 1).
L’anatomie des tombes
Les fosses d’implantation des sépultures sont préférentiellement circulaires, quelques-unes ovales, rarement quadrangulaires. Si leurs gabarits varient entre un diamètre minimum de 0,40 m et une longueur maximum de 2,20 m, la plupart (17) se situent dans une fourchette comprise entre 0,40 m et 1 m. Trois types de tombes peuvent être distinguées dans le corpus : les urnes déposées en pleine terre, les urnes installées dans une ciste, et celles comportant des aménagements particuliers.
Les dépôts en pleine terre
Ils sont largement prépondérants (14 cas) et occupent l’ensemble du spectre dimensionnel des creusements ; les urnes y sont placées sans positionnement préférentiel notable.
Les cistes
Ces tombes très élaborées sont illustrées par trois occurrences dans la vallée de l’Aisne, au sein de la vaste nécropole de Bucy-le-Long/Missy-sur-Aisne, et un cas dans les tumulus d’Éramecourt (Somme)19. Si toutes ne présentent pas le même degré de conservation, elles partagent néanmoins des traits communs : un fond aménagé au moyen d’une dalle, qui peut être en calcaire, ou prendre l’aspect d’une meule en grès comme à Bucy-le-Long (enclos C13)20 ; des parois et une couverture constituées de dalles et/ou de blocs agencés de manière à coffrer le vase cinéraire posé sur son embouchure sur la dalle de fond (fig. 1). Le gabarit de ces “caissons” varie de 0,7 m à 0,9 m de côté.
Les fosses à aménagements spécifiques
Identifiées dans la Somme, ces structures à l’instar des tombes en ciste, traduisent également l’intention d’élaborer un dispositif pour accueillir le dépôt funéraire. Leur édification comporte une phase initiale de creusement dans le substrat (craie à Argoeuves et Saint-Sauveur, sable à Rue)21 ; puis le fond, ou le fond et les parois, sont parementés avec des rognons de silex (Argoeuves et Saint-Sauveur) ou des galets (Rue, fig. 1) de manière à constituer un “nid”, un réceptacle adapté à la taille de la céramique22. Une fois l’urne installée, elle fait l’objet d’un calage extrêmement minutieux, geste illustré à Argoeuves où trois grands éclats de silex très minces ont été insérés entre la paroi de la fosse et la céramique (fig. 1). La partie supérieure de ces dépôts ayant été tronquée par les labours, nous ignorons tout de la présence ou non d’un éventuel dispositif de couverture des urnes par des blocs additionnels de silex ou des galets, avant leur enfouissement sous un tertre.
Les contextures des tombes en cistes et à aménagements spécifiques illustrent à quel point un simple creusement dans le sol ne pouvait alors satisfaire aux exigences d’une sépulture. Quel que soit le type de substrat, la quête de matériaux spécifiques, puis leur interposition entre le dépôt cinéraire et la terre expriment la volonté manifeste d’isoler les restes des défunts, de les abriter ; ce trait est accentué par la position retournée des urnes qui confinent et préservent l’intégrité de corps néanmoins fragmentés.
Gestuelle funéraire
Qu’y a-t-il sous les urnes renversées ?
Sous les urnes, se trouvent avant tout les restes osseux d’un corps incinéré, dont la configuration donne à voir une représentation du défunt. En règle générale, une part significative des restes osseux issus de la crémation du corps est collectée et transférée dans la tombe et ce, quel que soit l’âge du défunt. Ces dépôts cinéraires regroupent régulièrement des valeurs pondérales autour du kilogramme. Ils partagent ce trait avec les urnes placées debout. Soulignons qu’il existe des contre-exemples avec 300, voire 100 g. Dans quatre cas, des résidus de combustion sont impliqués dans la composition du dépôt cinéraire, mêlés aux ossements ou disposés dans l’urne avant ou après les os.
Comment est utilisé le récipient placé inversé dans la tombe ; contenant, dispositif de couverture ? Est-il la seule composante du dépôt cinéraire ? Une dizaine d’occurrences, suffisamment bien conservées, documentent un aspect ou un autre de ce geste funéraire particulier.
Dans certains cas, le contenu osseux (avec ou sans résidus de combustion) épouse parfaitement les parois et le fond du récipient (fig. 4). Ce remplissage volontaire de tout – ou presque – l’espace disponible induit un renversement à l’état plein ; difficile d’introduire os et résidus du bûcher, surtout d’un volume important, sous un vase retourné. Le vase est donc impliqué, à la fois dans le transport des restes osseux extraits du bûcher, et dans le fait de les contenir. Son renversement, plein et sans dispersion du contenu, constitue un premier indice indirect d’une embouchure initialement obturée.

(© Le Goff).
D’autres indices plus ténus reposent sur l’agencement des ossements, et surtout leur situation au niveau du col de l’urne, une des zones clés pour chercher les traces de cette obturation (fig. 5). Jusqu’à présent, aucune des découvertes ne livre de restes tangibles de matière périssable (bois, tissu, peau, bouchon…). Le cas de Lambres-lez-Douai, assez représentatif malgré de fortes perturbations engendrées par un drain, montre des os restés au niveau du col, dans une situation stable (diaphyses à plat sur le sol). À Saint-Sauveur, “ZAC Les Bornes du Temps 2”, la situation est inverse. Une faible quantité d’os a glissé entre les rognons de silex composant la cuvette dans laquelle est installée l’urne tandis que la majorité est restée en place à la base du récipient. Un indice que l’embouchure n’a été obturée qu’un temps ?

Trois exemples (Lauwin-Planque tombe 6096, Argoeuves/Saint-Sauveur “le Moulin d’Argoeuves”, Travecy “la Justice”) font apparaître des indices, toujours indirects, de l’emballage préalable des os. Le constat repose d’abord sur le maintien d’un espace libre conséquent entre les esquilles et une portion de la paroi de l’urne (fig. 6). Par ailleurs, la périphérie de l’amas osseux présente un effet de contrainte en arc de cercle, alors que la paroi du vase n’est pas en cause, de sorte que sa forme globale évoque un paquet circulaire de 12 à 25 cm de diamètre.

En revanche, il est plus délicat de savoir si l’urne est retournée sur des os emballés déjà posés au sol ou renversée avec le sac d’os. À Travecy ou à Argoeuves, les auteurs favorisent un dépôt en deux temps ; le paquet d’os d’abord, puis la céramique vide. Cette configuration rappelle un autre cas qui se démarque par l’important volume osseux et son vase couché sur le flanc, mais réalisé un peu dans le même esprit. À Lauwin-Planque, tombe 6357, le large amas d’os placé sur le sol est surmonté d’un récipient, peut-être initialement dressé.
À Lauwin-Planque, tombe 6096, ou à Amiens, “les Jardins d’Intercampus, site 2”, l’amas osseux emballé est couvert par un récipient, cette fois rempli de résidus de combustion.
Un dernier cas de figure, rencontré uniquement à Rue, montre une urne positionnée nettement au-dessus de l’amas osseux, séparée par une couche de sable et de galets jointifs. Plus qu’elle ne le recouvre, l’urne surmonte l’ensemble osseux, sans doute versé dans la fosse comme l’indiquent le fort pendage des diaphyses et les nombreux fragments verticalisés.
La fouille de ces urnes révèle une gestuelle complexe, d’abord parce que l’on induit des indices taphonomiques, l’implication d’éléments périssables lors de leur mise en place dans la tombe (fermeture de l’embouchure, usage d’enveloppe souple pour emballer les os). Leur examen précise aussi les différentes façons, parfois paradoxales, d’inverser l’urne : recouvrir un paquet d’os, renverser un récipient rempli d’os, ou encore plus étonnant, retourner le vase plein de sédiment charbonneux sur un paquet d’os.
Des gestes funéraires spécifiques, réalisés pour qui ?
La question du recrutement des tombes avec urne renversée regroupe plusieurs enjeux, en premier lieu celui de préciser l’identité biologique des individus concernés par ces gestes funéraires spécifiques. Plus largement, elle contribue à identifier la frange de la population qui bénéficie d’un protocole funéraire plus complexe que la plupart des individus retrouvés dans une sépulture. L’inversion de l’urne dans le tombeau est effectivement un phénomène lié à d’autres usages funéraires : l’édification d’un tumulus fossoyé dans la partie aérienne de la tombe et parfois, l’aménagement souterrain de la fosse sépulcrale à l’aide de pierres.
Sur un corpus de 21 tombes, 17 seulement livrent des données anthropologiques sur lesquelles reposent ces quelques constats. La pratique de l’inversion de l’urne n’est pas réservée à une classe d’âge en particulier ; adultes et enfants sont concernés. La fourchette d’âge au décès des enfants est même assez large. Le plus jeune n’a pas dépassé une année de vie (6-9 mois), deux sont décédés entre 1 et 4 ans et deux autres entre 5 et 15 ans. Pour les sujets adultes, il est plus délicat de préciser si l’âge au décès conditionne ou non le retournement de l’urne. Pratique accessible à toutes classes d’âge, cela ne signifie pas pour autant que les enfants ne figurent que dans ce type de tombe puisqu’à la même période, voire au sein de même monument, leurs os incinérés sont ensevelis également dans urne posée cette fois, sur son fond (Moussy-Verneuil ou à Bucy-le-Long C18).
En revanche, d’après le corpus disponible à ce jour, leur proportion est anormalement élevée (5 enfants pour 13 adultes23). Biais d’un corpus modeste, partiellement documenté, ou fait réel ? La question restera en suspens avec néanmoins, un contre-point qu’offre un autre modèle de nécropole qui se développe dès la seconde partie de l’âge du Bronze moyen. Il concentre l’espace funéraire et l’ouvre à un plus grand nombre de défunts. Pourtant, ce recrutement élargi n’inclut qu’une faible proportion d’enfants (à Montdidier, 7 enfants pour 36 adultes ou sub-adultes).
Dernier constat, ces tombes sont très majoritairement individuelles, y compris lorsqu’elles abritent un enfant en bas âge, décédé avant d’acquérir toute son autonomie. Une possible exception à la règle, le cas de la tombe multiple de Lauwin-Planque, qui avec 2 adultes et 2 enfants, s’intègre dans le phénomène discret mais récurrent des tombes multiples.
Il ne se dégage donc aucun âge social significatif qui régule le fait de modifier la position classique de l’urne dans le tombeau. Le corpus des urnes renversées donne peut-être un peu plus de lisibilité aux enfants, y compris les plus jeunes, habituellement peu perceptibles. Si l’âge au décès n’a pas un rôle sociobiologique dans l’expression de ce phénomène, alors d’autres pistes sont à explorer notamment en replaçant le retournement de l’urne dans le contexte des funérailles : véritable rite d’inversion, expression d’une dualité urne debout/renversée ou d’un syncrétisme culturel… ?
Céramique et chronologie
Le corpus céramique : des urnes variées
Les urnes découvertes sont rarement intactes, et leurs représentations comme leurs descriptions varient selon les publications. Néanmoins, un total de 17 dessins a pu être documenté, dont 15 remis aux normes et à l’échelle identiques (fig. 7).
La description qui suit tente d’homogénéiser les informations issues des rapports de fouilles, de diagnostics ou des publications, du vase le plus ancien au plus récent, les derniers n’ayant pas d’informations de chronologie absolue.
- Travecy a (non figuré) : le vase est représenté par le col d’une probable urne tronconique à lèvre éversée. Plusieurs éléments décoratifs sont observés. Il s’agit vraisemblablement d’une languette située au niveau de la lèvre et de cordons arciformes sur le col. La pâte ne montre aucun dégraissant spécifique.
- Travecy b (non figuré) : l’urne est de forme globulaire à lèvre éversée et ne semble pas présenter de décor particulier. La pâte est sombre et mal cuite.
- 1 : Allonne : la céramique est modelée, en pâte fine sombre. La lèvre est triangulaire et ourlée. Le vase, incomplet, n’a livré aucun décor.
- 2 : Courcelles-lès-Lens : seul le haut de vase caréné est préservé, il est décoré d’un cordon horizontal sous la lèvre. Un peu plus bas, sur le col, un autre décor modelé est visible. Il s’agit d’un cordon arciforme accompagné d’une probable ligne de boutons juste en-dessous. La pâte est dégraissée au quartz et à la chamotte.
- 3 : Lauwin-Planque (6096) : le vase est de forme haute à lèvre éversée. Le décor est marqué par un cordon horizontal par endroit arciforme (éventuellement quatre fois), et digité. La pâte est grossière, dégraissée au silex et à la chamotte.
- 4 : Crouy : le vase présente un profil en S et une lèvre arrondie. Le décor est composé de différents cordons : un cordon horizontal sous le bord, et au moins un cordon arciforme juste en-dessous. Un second est suggéré mais le vase n’est pas suffisamment préservé pour le confirmer. Enfin, un cordon vertical est disposé à mi-distance entre les cordons arciformes. La pâte est grossière, à dégraissant calcaire.
- 5 : Lambres-lez-Douai : le vase est de forme tronconique à lèvre éversée. Le décor se compose d’un cordon horizontal digité interrompu par deux cordons arciformes lisses positionnés en vis-à-vis. Deux cordons lisses verticaux complètent l’ensemble. Disposés face à face, perpendiculairement aux cordons arciformes, ils partent du cordon horizontal et rejoignent le bord du vase. La pâte est dégraissée à la chamotte et au silex pilé.
- 6 : Vitry-en-Artois : le vase est une urne tronconique à lèvre éversée. Un décor modelé de languettes se trouve à la jonction col-panse.
- 7 : Saint-Sauveur (“ZAC les Bornes du temps 2”) : il s’agit d’un grand vase à profil en S et à lèvre oblique. La pâte présente un dégraissant coquillier plutôt rare en région. Plusieurs décors modelés sont appliqués sur le vase : il s’agit d’un cordon arciforme, de boutons et de languettes.
- 8 : Argoeuves/Saint-Sauveur (“le Moulin d’Argoeuves”) : l’urne montre une forme bi-segmentée avec des mamelons appliqués sur le bord. Ce dernier est aplati. La pâte contient un dégraissant de silex pilé.
- 9 : Amiens (“Jardins d’Intercampus, site 2”) : le vase est de forme tronconique avec un cordon horizontal digité à la base du col.
- 10 : Lauwin-Planque (6357) : le vase est tronconique, il porte un décor de boutons placés sous la lèvre arrondie. La pâte est grossière à dégraissant de chamotte et de silex pilé.
- 11 : Lauwin Planque (6266) : il s’agit d’un bol hémisphérique à fond ombiliqué. La pâte, plutôt grossière, est dégraissée au silex.
- 12 : Missy-sur-Aisne : l’urne montre une forme tronconique à lèvre éversée. Cette dernière porte un décor digité. Des cordons complètent les éléments décoratifs : un premier digité, positionné horizontalement à la base du col. Au-dessus, un cordon arciforme lisse est appliqué.
- 13 : Moussy-Verneuil : le vase est plutôt globulaire avec une lèvre éversée et décorée d’impressions digitées sur son pourtour.
- 14 : Fresnes-les-Montauban : l’urne présente une forme globulaire à lèvre oblique. Le col est marqué, à sa base, par un cordon horizontal digité interrompu de manière régulière par quatre languettes modelées. La pâte est grossière avec un dégraissant composé de silex pilé.
- 15 : Bucy-le-Long : le bord du vase est décoré d’impressions digitées. La pâte est grossière, sombre à surface rouge et dégraissée à la coquille pilée.
- Éramecourt (non figuré) : cette urne biconique mesure 0,30 m de hauteur, pour un diamètre à l’ouverture de 0,22 m et de 0,14 m pour le fond. Elle présente un décor plastique arciforme dans la partie supérieure.
- Bucy-le-Long, “le Fond du Petit Marais, C13” (non figuré) : il ne restait que le bord du vase, dépôt cinéraire sous le vase dans une ciste.
- Bucy-le-Long, “le Grand Marais, C18” (non figuré) : dans une fosse, le haut de l’urne comprenait des impressions digitées sous la lèvre, dépôt cinéraire sous l’urne.
Les vases correspondent tous à des formes hautes, plutôt biconiques, parfois de forme plus globulaire. La majorité (14 sur 17) présente un décor, et sur les 14 vases décorés, 7 portent un ou plusieurs cordons arciformes, placés sous la lèvre, en position haute, c’est-à-dire avant la carène ou sur la partie la plus large du vase avant qu’il ne se resserre. Des cordons digités complètent parfois l’arc sur le col ; ils forment une ligne horizontale, avec occasionnellement quelques lignes verticales qui rejoignent la lèvre (Missy-sur-Aisne, Lambres-lez-Douai, Crouy). Des languettes, boutons ou mamelons peuvent également compléter le cordon arciforme (Courcelles-lès-Lens), ou constituer le seul décor (Vitry-en-Artois, Argoeuves “le Moulin”). Des empreintes digitées sont également repérées, sur la lèvre ou sur les cordons, mais elles ne sont pas systématiques.
On peut signaler deux sites où deux cas coexistent de manière synchrone : Argoeuves/Saint-Sauveur et Travecy. Les formes des vases ainsi que les datations 14C y sont très proches.
Le corpus céramique : des comparaisons
Les vases à décor plastique sont dominants dans le corpus régional des urnes retournées. Les cordons arciformes sont fréquemment découverts depuis l’âge du Bronze ancien jusqu’à l’âge du Bronze moyen II24. D’autres urnes à cordon sont inventoriées en contexte funéraire, mais posées à l’endroit, comme par exemple à Fréthun, “les Rietz”25, à Compiègne, “le Carrefour d’Aumont”26 ou à Pontavert27. Outre les contextes funéraires, elles sont parfois également découvertes en milieu domestique, comme à Brebières, “ZAC des Béliers”28, ou à Villeneuve d’Ascq, “la Haute Borne”29. Cela pose la question de la fonction du vase, qui ne semble pas forcément dédiée exclusivement au domaine funéraire, même s’il faut reconnaître que ce contexte est prédominant.
Les boutons, pastilles, languettes ou cordons linéaires sont également des décors plastiques figurant régulièrement sur les urnes de notre corpus. Ces décors sont présents sur d’autres urnes non retournées en contexte funéraire, comme sur les sites d’Avelin, “RD549” ou de Saint-Laurent-Blangy, “les Soixantes”30.
Seuls les vases les plus récents d’Amiens, “les Jardins d’Intercampus” et de Lauwin-Planque, “fosse 6357”, se distinguent par un caractère culturel clairement associé au Deverel Rimbury. Là encore, des comparaisons existent avec des vases retrouvés en contexte d’habitat. Si ces parallèles n’autorisent pas de statuer sur la fonction dédiée du vase lors de sa fabrication, elles permettent de poser la question des liens TransManche, déjà largement évoquée lors de synthèses régionales31.
Les décors digités, qu’ils soient sur la lèvre ou sur des cordons ajoutés au vase, sont relativement ubiquistes et existent depuis la fin du Néolithique jusqu’au début du second âge du Fer.
Le corpus céramique : les datations 14C
Quatorze des 21 crémations sous urnes retournées ont fait l’objet d’une datation 14C, et douze d’entre elles sont présentées ci-dessous et illustrées grâce au logiciel Chronomodel (fig. 8). Le cas de Rue a également fait l’objet d’analyses, mais le dessin de l’urne n’a pas pu être réalisé.
| Site | Matériau daté | Code labo | Date BP |
| Allonne Derrière les Maisons / Rue Boulet | os brûlés | Beta-489923 | 3390±30 BP |
| Courcelles-lès-Lens Eco-quartier de La Marlière, Tr 6 | os brûlés | Poz-59190 | 3370±30 BP |
| Rue Le Chemin des Morts | os brûlés | GrA-14510 | 3295±40 BP |
| Lauwin-Planque ZAC Les Dix-Neuf, st 6096 | charbon de l’incinération | Beta-260098 | 3290±40 BP |
| Crouy Les Quatre | os brûlés | GrA-41825 | 3290±30 BP |
| Lambres-lez-Douai ZAC L’Ermitage 2, Tr 1 mon. 1006 | os brûlés | Poz-102096 | 3235±35 BP |
| Vitry-en-Artois Les Colombiers | charbon de l’incinération | Gif-7258 | 3220±60 BP |
| Argoeuves-/-Saint-Sauveur Le Moulin d’Argoeuves | os brûlés | GrA-43447 | 3170±35 BP |
| Saint-Sauveur ZAC Les Bornes du Temps 2 | os brûlés | GrA-65103 | 3160±35 BP |
| Amiens Les Jardins d’Intercampus, site 2 | os brûlés | GrM-18675 | 3110±40 BP |
| Lauwin-Planque ZAC Les Dix-Neuf, st 6357 | charbon de l’incinération | GrA-39120 | 3080±30 BP |
| Lauwin-Planque ZAC Les Dix-Neuf, st 6266 | os brûlés | RICH-30120 | 3051 ±26 BP |
Les datations obtenues permettent de caler cette pratique de retournement de l’urne entre la fin de l’âge du Bronze ancien 1 (Travecy, Allonne, Courcelles-lès-Lens) et la fin de l’âge du Bronze final 1 (Amiens, Lauwin-Planque), soit entre 1900 et 1250 a.C. Il s’agit donc d’un geste qui dure longtemps, et qui varie peu durant un peu plus de six siècles. Dans la région, la typologie des vases n’évolue guère sur la période couverte ; le cordon arciforme, par exemple, est présent dès l’âge du Bronze ancien et jusqu’à l’âge du Bronze moyen II.
La chronologie de la pratique
Une pratique funéraire antérieure à l’âge du Bronze ?
Le geste consistant à déposer dans une sépulture un récipient céramique sur son embouchure est documenté dans le nord-ouest de l’Europe à compter de la fin du Campaniforme et se décline ensuite de diverses manières en fonction des groupes culturels où il prend place. Il convient de noter que les vases retournés les plus anciens ne s’apparentent d’ailleurs pas à des urnes, et revêtent en réalité une fonction d’accompagnement. En Belgique, deux cas illustrent cet ancrage au Campaniforme : à Kruishoutem (Flandre orientale), où une sépulture en fosse a livré de minuscules fragments d’os incinérés, accompagnés d’une pointe de flèche et d’un gobelet posé sur son ouverture. Plus au nord, à Temse, une autre sépulture (présumée à incinération) recelait également un vase campaniforme retourné32. En Grande-Bretagne, de récentes synthèses réalisées sur le phénomène des urnes funéraires retournées (inverted urns) laisseraient transparaître une probable origine de ce dernier dans la dernière phase du Chalcolithique britannique (Bell Beaker), vers 2300-2150 a.C. Toutefois, les cas demeurent encore rares pour cette période (2 % des sépultures)33. Si ce rituel semble bien présent de part et d’autre de la Manche, l’indigence des données relatives à cette période n’autorise cependant pas encore d’en reconnaître le sens de propagation.
À l’âge du Bronze, une pratique originaire d’outre-Manche ?
En Grande-Bretagne, la pratique s’accroît de manière assurée à l’aube de l’âge du Bronze (Food Vessel), vers 2150-1800 a.C., parallèlement à celle de la crémation, pour atteindre 20 % des cas. Vers 1800-1500 a.C. (Collared urn), les urnes retournées deviennent peu à peu majoritaires (56 %) par rapport aux urnes en position “naturelle” ; et la tendance s’équilibre autour de 50 % vers 1500-1100 a.C. (Deverel-Rimbury)34.
L’Irlande est également concernée par le phénomène qui y perdure durant plusieurs siècles. Un ou deux cas isolés de vase retourné sur des os incinérés sont identifiés dès la phase Bowl tradition (2160-1920 a.C.) ; le rituel devient ensuite amplement prépondérant avec les types Vase urns/Encrusted urns (2000-1740 a.C.) placés dans des cistes ou en fosses, puis avec les Collared urns (1850-1700 a.C.), épisode qui voit une régression des tombes en cistes ; et enfin les Cordoned urns (1730-1500 a.C.) disposées essentiellement en fosses35.
Le phénomène des urnes retournées touchant une grande partie des îles Britanniques principalement au cours de l’âge du Bronze ancien et moyen, nous prenons le parti de resserrer l’aire de comparaison au sud-est de l’Angleterre, dans la zone bordant la Manche, à savoir les comtés du Kent, du West et de l’East Sussex, et du Surrey. Si pour la plupart des occurrences repérées (issues de données en ligne36 ou de synthèses régionales37) n’est mentionnée que la présence d’une seule urne retournée, certains sites se caractérisent par des aménagements spécifiques en pierre ou en silex et/ou une concentration d’urnes retournées dans les limites des monuments (round barrows). Leur positionnement chronologique demeure essentiellement basé sur la typologie céramique, même si cette dernière ouvre sur des problématiques proprement insulaires38 et des fourchettes de datation variables. Les plus anciens sites sont caractérisés par la présence d’urnes de type Food-Vessel (EBA, 2150/2000-1800/1700 a.C.), Collared urn et Biconical urn (EBA, 2000/1800-1500 a.C.) et les plus récents par des urnes Deverel-Rimbury (MBA, 1700/1500-1100 a.C.). Si la typologie diffère sensiblement de celle présente en Hauts-de-France, et plus spécifiquement pour l’âge du Bronze ancien, il est à noter quelques similarités telles que la présence de cordons arciformes sur des vases de type biconical urns.
Plus près des Hauts-de-France, les sites funéraires de comparaison demeurent encore peu nombreux. En Champagne-Ardenne, la nécropole de Jâlons au sud de Reims a livré une urne retournée (n° 311.1 dans st 308) découverte à l’intérieur du monument 219 et rattachée à une phase Bronze ancien-moyen ; son aspect et l’organisation de la nécropole sont assez proches des découvertes des Hauts-de-France39. Plus au nord, sur les collines des “Ardennes flamandes” (Flandre orientale) au Kluisberg (Mont-de-l’Enclus), une fouille40 a permis d’explorer une tombelle à fossé circulaire et couronne de pierres. Dans la masse du monument, en position décentrée, une urne de type Hilversum retournée était posée sur une dalle de grès entaillée et protégée par des pierres posées de chant et en cercle (fig. 9). À 8 km vers l’est, à Ronse (Renaix) “Musiekberg”, des recherches menées au XIXe siècle sur des tombelles (tumulus 82 et 84) ont révélé des incinérations avec urnes retournées (fig. 10), protégées par des aménagements de pierres brutes (grès). L’approche typologique41 avait permis d’isoler des urnes de type Drakenstein, caractéristiques de l’âge du Bronze moyen suivant la chronologie néerlandaise. Cependant, pour les deux urnes supposées de la tombelle 82, se pose la question d’un rapprochement avec une typologie de type Deverel-Rimbury. Aux Pays-Bas, ce rituel d’urne retournée apparaît comme relativement anecdotique par rapport aux pratiques funéraires rencontrées sur les centaines de sites funéraires fouillés ; posant la question de son expansion réelle dans cette région septentrionale. Nous ne mentionnerons ici qu’un cas de tombe secondaire à Den Dungen, dans le Brabant septentrional42.
Exception faite des sites des Ardennes flamandes, la très grande majorité des cas recensés sur le continent, se concentre donc sur le territoire des Hauts-de-France. La précocité de ce rituel à l’aube de l’âge du Bronze en Grande-Bretagne et en Irlande, entre 2150 et 1800 a.C., pourrait être un argument favorisant une origine insulaire.
Synthèse
Depuis le recensement effectué en 2012 à l’occasion du colloque de Boulogne43, nos connaissances sur les urnes retournées du nord de la France ont progressé, permettant de doubler le nombre d’urnes identifiées pour atteindre 21 exemplaires, et élargir la période concernée qui couvre désormais l’âge du Bronze ancien A2 jusqu’au début de l’âge du Bronze final (Bronze D) soit entre 1900 et 1250 a.C. Si ces découvertes portent principalement sur trois secteurs des Hauts-de-France, elles ont en commun d’être issues d’opérations d’archéologie préventive menées sur de vastes surfaces (ZAC, gravières…).
Du point de vue architectural, il est manifeste que les tombes à urnes sont majoritairement implantées dans l’aire interne de monuments fossoyés circulaires de tailles variées ; ces derniers s’insérant dans des nécropoles à l’organisation linéaire, à la différence d’ensembles de monuments plus récents attribués à l’âge du Bronze final, dont le développement est plutôt nucléaire. Sans que l’on puisse déterminer à ce stade de l’étude s’il s’agit d’indices chronologiques ou culturels probants, certaines urnes sont installées dans une ciste en pierres ou bénéficient d’un dispositif protecteur spécifique. Pour ce faire, le recours à des matériaux disponibles localement est de mise (calcaire et grès dans l’Aisne, silex dans la Somme et galets sur le littoral). Toutefois, reste à déterminer si les tombes à urnes dites “en pleine terre” en substrat limoneux auraient pu, pour pallier l’absence de pierre, faire l’objet d’aménagements en matériau périssable (bois ?) aujourd’hui décomposés.
L’élargissement du corpus et l’étude de la contexture des urnes permettent d’examiner plus en détails les gestes funéraires : ainsi se pose la question de l’utilisation de dispositifs en matière organique qui auraient pu servir à emballer les os et/ou à obturer l’embouchure des urnes avant de les retourner. Par ailleurs, l’attention portée à l’analyse des ossements montre qu’en dépit du caractère restreint de ce corpus, adultes et enfants y sont représentés ; les derniers semblent un peu plus visibles que dans d’autres contextes funéraires. Il convient toutefois de garder à l’esprit que ces défunts, qui devaient occuper une place suffisamment particulière pour être dotés d’une sépulture monumentale spécifique, ne représentent qu’une frange infime de la société à l’âge du Bronze.
Pour ce qui relève des urnes, même si l’on ne peut que déplorer le caractère très fragmentaire dans lequel elles nous parviennent, c’est-à-dire avec a minima leur fond tronqué, force est de constater que leur position inversée sur leur col offre l’intérêt que le haut des vases s’en trouve protégé, et de fait les décors qui y sont appliqués. Le corpus céramique, pour partie associé à des datations 14C réalisées majoritairement sur les os incinérés, permet avec 17 vases dont la plupart présentent un décor, de disposer d’un échantillon diversifié. On retrouve certaines des formes et décors dans les céramiques qui leur sont contemporaines, que ce soit en contexte funéraire (lorsque des urnes sont debout) ou en contexte d’habitat. Il faut considérer que ce corpus couvre une période de 650 ans et qu’il n’est pas envisageable pour l’instant d’en déduire une évolution chronologique pertinente, à la différence de nos collègues anglo-saxons dont les référentiels sont plus largement dotés.
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- Blanchet 1984.
- Brun & Pommepuy op. cit.
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- Blondiau 2018.
- Bréart & Fagnart op. cit.
- Friboulet 2018.
- Azagury & Demolon op. cit.
- Lefebvre et al. 2022.
- Leroy-Langelin 2023.
- Baillieu 2008 ; Le Guen op. cit.
- Buchez op. cit.
- D’autres sépultures en cistes sont répertoriées dans l’aire géographique observée, mais les urnes qu’elles abritent n’étant pas en position retournée, elles n’ont pas été prises en compte dans cet article.
- Hénon et al. 1993.
- Billand 1998.
- Buchez op. cit. ; Billand et al. 2017.
- Étude anthropologique inédite des os de Vitry-en-Artois par S. Vattéoni (Douaisis Agglo) qui correspondent à un sujet adulte ou grand immature.
- Billand et al., op. cit.
- Bostyn et al. 1992.
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- Brun et al. 2005 ; Blanchet 1976.
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