Le Midi gaulois, au cours du second âge du Fer, est marqué par une grande variété de pratiques graphiques, de contacts de langues comme d’écritures1.
Avant l’implantation et la généralisation de l’usage de l’alphabet latin2, la répartition géographique de l’écriture dans cet espace se divise en deux grands ensembles séparés par l’Hérault, l’Arauris indigène.
À l’ouest, le monde ibérique “pousse un peu sa corne” et nous disposons en Languedoc-Roussillon, d’un peu plus de 500 inscriptions en écriture paléohispanique dans sa variante nord-orientale (dite aussi “levantine”)3, dont presque toutes sont concentrées sur le site d’Ensérune, situé à une trentaine de kilomètres à l’ouest du fleuve. L’épigraphie ibérique est également présente, notamment aux IVe-IIIe s., si l’on suit une ligne nord-sud, à Montlaurès (Narbonne), Pech Maho (Sigean), Elne et Ruscino (Perpignan). Les derniers documents attestés en écriture ibérique sont des monnaies à dater du milieu du IIe – première moitié Ier a.C.
De l’autre côté de l’Hérault et vers l’est, des textes gaulois en alphabet grec constituent ce que l’on nomme l’épigraphie gallo-grecque, marquée, entre autre4, par la présence de la colonie phocéenne de Marseille. Toutefois, ces inscriptions, surtout attestées en Provence, n’apparaissent qu’à partir de la moitié du IIe s. a.C. (Bats 2004, 10). Celles sur pierre sont des épitaphes (cf. RIG, I, G-153, Vaison-la-Romaine) et des dédicaces comme à Nîmes (RIG, I, G-203) ou à Montagnac (RIG I, G-224, à une quarantaine de km au nord-est d’Ensérune), qui était le document en gallo-grec le plus occidental jusqu’à ce jour5.
Pendant une période d’au moins un siècle, coexistent ainsi plusieurs systèmes graphiques (ibère et gallo-grec puis alphabet latin) dans le sud de la Gaule. Il est possible de trouver quelques anthroponymes dont des composants sont attestés à la fois en alphabet latin, en écriture ibérique comme en gallo-grec, montrant au passage les différentes adaptations rendues nécessaires lors de la transcription dans ces trois systèmes graphiques (tableau 1)6
Nous nous proposons d’enrichir ce tableau de quatre inscriptions, issues des collections du musée national d’Ensérune. Trouvées sur le site même de l’oppidum, elles portent chacune un anthroponyme celtique noté tantôt dans une écriture tantôt dans une autre. On dispose ainsi de deux ensembles de deux noms que nous étudierons successivement : un premier nom a été tour à tour adapté à l’écriture ibérique et, sur un autre objet, à l’alphabet latin ; un second à l’écriture ibérique et, cas unique et inédit à ce jour sur le site, à l’écriture dite gallo-grecque.
1. C]aturit(os) / kátúŕe / táṣ[
Un nom gaulois est écrit en capitale latine assez régulière (hauteur des lettres : 0,8 cm) sur un fragment de céramique commune grise de tradition gauloise, inventorié 55.327 (fig. 1). Issu des fouilles de 1955, le graffite a été retrouvé dans l’un des nombreux silos du “Château d’Eau” (insula XII, silo 12.54), dont la datation exacte est inconnue mais dont le comblement final est à placer au milieu du Ier s. a.C. (ceci constituant un terminus ante quem). L’ensemble correspond à une chronologie IIe-Ier s. a.C.
Lacunaire sur la gauche, l’inscription en alphabet latin peut être reconstituée en
C]aturit(os). Une autre option aurait été de restituer à la place de la lettre initiale manquante un p-, car le nom Paturitus est attesté en Gaule Belgique7. Cette hypothèse ne semble toutefois pas satisfaisante : l’objet trouvé à côté de Metz est une céramique sigillée estampillée, bien éloignée de notre domaine d’étude par sa facture, la nature de son support et tout simplement par sa géographie.
En revanche, la racine catu- “combat, bataille”, qui renvoie à un contexte militaire et guerrier, est un élément anthroponymique très courant en gaulois (GPN 171-175 ; KGP 167 ; Delamarre 2001, 94).
Le second élément qui entre dans la composition de l’anthroponyme pourrait être –ritus (GPN 249-2518 ; KGP 259 ; Delamarre 2001, 219) > *ṛtu “course” qui est lui aussi bien attesté dans l’onomastique personnelle gauloise9.
La forme complète *Caturit(os) (*“course vers la bataille”) est possible mais n’est pas encore attestée à ce jour. Un Caturix existe dans la banlieue de Nîmes10, même si sa chronologie est plus tardive (Ier s. p.C.). Toujours sur cette même racine, Caturo, est attesté à de nombreuses reprises plus au sud, en péninsule Ibérique, presque exclusivement dans la zone lusitanienne et galaïque (Vallejo Ruiz 2005, 268 ; Vallejo Ruiz 2016, s.v. (fig. 2), que ce soit comme cognomen (22 occurrences) ou comme patronyme (14 occurrences). Cependant, la déclinaison connue de ce nom (Caturo, -onis CIL, II, 639 = CIL, II, 5275) ne s’accorde pas avec la forme Caturit(os).
La racine catu– est également présente à de nombreuses reprises dans l’épigraphie paléohispanique d’Ensérune, que ce soit dans des graffites sur céramique11 ou dans le premier élément du seul texte long sur plomb du site (katubaŕe-ka, BDH, HER.02.373).
Une de ces occurrences a récemment été relue avec le système duel, une singularité graphique qui permet de distinguer les occlusives sourdes des sonores, que l’on pensait antérieurement confondus12. La relecture des inscriptions en tenant compte du système duel affecte tout particulièrement l’interprétation de certains syllabogrammes. Les plus concernés sont les signes bo et ta (Ferrer 2005), qui figurent justement dans l’inscription ici étudiée. L’inscription (n° inv. 66.S.13-01 ; MLH, II, B.1.51 ; BDH, HER.02.051) avait été lue et publiée comme : katurebo dans le corpus de référence, le volume II des Monumenta Linguarum Hispanicarum, datant de 1980. La nouvelle lecture du graffite, validée par les spécialistes du système duel, se lit à présent : kátúŕe / táṣ[ (fig. 3).
Cette séquence est inscrite sur une céramique campanienne A forme 27b (CAMP-A 27b Dicocer), à dater du IIe s. a.C., si l’on considère la phase classique de diffusion de ces productions. Les signes sont petits (entre 0,5 et 0,9 cm). Le tesson est issu des fouilles d’Hubert Gallet de Santerre en 1966 et faisait partie du comblement du silo 13 du secteur des silos orientaux (insula XVII).
L’inscription elle-même est remarquable à plusieurs titres et reste un cas unique dans l’épigraphie paléohispanique :
- elle doit être lue de droite à gauche pour être compréhensible (et par conséquent dans le sens inverse de lecture habituel de l’écriture ibérique nord-orientale)13 ;
- elle est encadrée14 ;
- un trait vertical situé au premier tiers de l’inscription semble séparer l’élément –táṣ[ du reste du graffite.
La première partie de l’inscription correspond exactement à l’anthroponyme Caturus répertorié dans le domaine lusitanien et galaïque. L’adaptation d’une finale en –os/-us à l’écriture ibérique aboutit régulièrement, comme on le sait, à une forme en –e15. Cette ibérisation provient, selon José Antonio Correa16, d’un emprunt des noms au cas du “vocatif”. Par ailleurs, dans l’inscription ibérique en question, le son /r/ est noté avec l’une des deux variantes du signe <r> en usage à Ensérune, la variante avec haste descendante. Ce signe pourrait bien transcrire un son /r/ spécifique car il est souvent associé à la transcription des noms étrangers à la langue ibère17, notamment pour les noms celtiques18.
La seconde partie de l’inscription, dont ne sont conservés aujourd’hui que les deux premiers signes, pourrait être lue comme le début d’un élément ibère táṣ[19, attesté une demi-douzaine de fois en écriture ibérique sur l’oppidum20.
La chronologie est identique pour l’un comme l’autre de ces deux graffites et l’on peut envisager une forme de contemporanéité entre eux (toute relative au vu des fragiles données archéologiques dont on dispose).
On se trouve en présence de deux adaptations de noms celtiques construits sur la même racine Catu- :
- une première fois en alphabet latin avec un nom composé ;
- une seconde fois en écriture ibérique, en association avec un autre élément, peut-être lui-même ibérique.
Toutefois, le manque de parallèles exacts pour le premier anthroponyme et l’étrangeté du second graffite (y compris dans le domaine ibérique), laissent en suspens l’interprétation de ces inscriptions et rendent problématique leur stricte comparaison.
2. Εσκιγ[ / eśkínge : une inscription gallo-grecque à Ensérune ?
Depuis 2011, un travail est en cours dans les collections du site d’Ensérune21 afin d’éditer toutes les inscriptions présentes sur le site et mieux percevoir ainsi la proportion relative de chaque épigraphie aux différents moments d’occupation de l’oppidum.
Les cahiers d’inventaire du musée montrent une très faible présence d’inscriptions grecques : à peine soixante-trois objets portant des inscriptions en alphabet grec22, auxquelles s’ajoutent, dans les réserves, de nombreuses marques indéterminées23, qui pourraient correspondre à des lettres grecques ou latines comme à des signes ibériques24. En dehors des signes mercantiles/commerciaux, c’est-à-dire d’inscriptions vraisemblablement liées à la diffusion des objets, il n’y a que de très rares graffites25. À dire vrai, il n’y a à proprement parler qu’un seul graffite long en alphabet grec présent sur le site, inventorié 59.383 (fig. 4) sur lequel on s’arrêtera un instant.
Le dessin de l’inscription dans l’inventaire était déjà problématique. En la regardant directement, on constate qu’il s’agit d’un graffite incisé à la pointe sèche sur un fragment du col d’une cruche en céramique à pâte claire récente 1a (CL-REC 1a, Dicocer). L’objet a été trouvé au cours des fouilles de 1959, dans le silo 9.55 du chantier II (le “Château d’Eau”). Le comblement du silo semble s’être effectué au IIe s. a.C. sans plus de précision, probablement au début du siècle (qui est la date haute également pour les monnaies des Longostalètes). Le Dicocer donne comme chronologie pour cette cruche -175 / -125.
L’inscription, complète à gauche, est incomplète à droite. Le tracé est fin, les signes sont carrés et très géométriques (hauteur de lettres : entre 0,6 et 1,6 cm). Une dernière lettre apparaît très partiellement au niveau de la cassure, sans pouvoir être identifiée.
Le second signe semble être un sigma lunaire de forme carré. Relativement rare, il est répertorié dans les tableaux des signes du gallo-grec26 ; on le trouve sur l’un des graffites des Baux de Provence (RIG, I, G-12, un “skyphos campanien”, à dater probablement du IIe-Ier s. a.C.) et sur deux dédicaces sur pierre, l’une trouvée à Coudoux (RIG, I, G-4, datée du Ier s. a.C.) et l’autre trouvée à Nîmes (RIG, I, G-206, datation incertaine, probablement IIe-Ier s. a.C.)
Lecture proposée pour le graffite d’Ensérune :
ΕCKΙΓ[
On y reconnaît un anthroponyme gaulois écrit en alphabet grec formé avec un préfixe ex- et le début de la racine verbale cingo-27 qui a livré plusieurs noms gaulois, notamment en Narbonnaise, autour de Nîmes28 principalement, mais aussi à Narbonne29 ainsi que dans des inscriptions gallo-grecques de Glanum (RIG, I, G-70 : εσκ[ι]γγορ[ι]ουι) et de Cavaillon (RIG, I, G-135 : εσκιγγαι). Il existe également des variantes en cengo– à Gargas (RIG, I, G-146 : εσκεγγαι) et aux Pennes-Mirabeau (RIG, I, G-13 : εσκεγγολατι).
Dans l’inscription d’Ensérune, la suite consonantique /xc/ a été orthographiée avec un sigma et un gamma, montrant une simplification de la fricative et un assourdissement dans sa prononciation (/k/ est devenu /g/). C’est, à notre connaissance, un unicum.
Seule la simplification de /xc/ en /sc/ est attestée dans les inscriptions gallo-grecques : dans une double épitaphe trouvée à Ventabren (RIG, I, G-107), le patronyme du premier défunt, Excingomaros, est en effet orthographié : εσκιν[γ]ọ|μαριος, tout comme à Glanum, Gargas, Cavaillon, les Pennes, et ici à Ensérune. En revanche, dans les inscriptions latines30, les deux orthographes /xc/ et /sc/ se concurrencent (cf. GPN, 202 ; RIG, I, 445-446).
Le graffite d’Ensérune présente, juste avant la coupure, un gamma qui doit être le premier d’un double gamma, solution la plus communément utilisée en grec et en gallo-grec pour noter la nasale suivie d’une vélaire (/ng/)31. En Languedoc occidental, l’usage du double gamma apparaît également sur des monnaies portant des légendes en deux systèmes graphiques différents datées de -150/-7532. Le double gamma apparaît enfin plus tard dans l’orthographe latine (cf. Esciggorix, CIL, XII, 2988, Remoulins).
Tout semble indiquer que nous sommes en présence d’un graffite gallo-grec, le premier (et le seul pour l’instant) sur l’oppidum d’Ensérune. La chronologie s’accorde avec les données gallo-grecques situées plus à l’est et avec les données archéologiques du site.
Géographiquement parlant, il s’agit donc de l’inscription gallo-grecque la plus occidentale aujourd’hui attestée mais cet état de fait doit être immédiatement tempéré si l’on considère la nature même de l’objet qui porte l’inscription (une cruche aisément transportable) et les nombreux indices qui pointent vers la région nîmoise. Il pourrait tout à fait s’agir d’un objet déplacé33.
Un dernier point retient toutefois l’attention.
Le même nom gaulois, Excingos, existe à Ensérune, transcrit cette fois en écriture ibérique : eśkínge (inv. 60.526 ; MLH, II, B.01.268 ; BDH, HER.02.268) (fig. 5). Inscrit à grands traits (hauteur des lettres entre 1,2 et 3,6 cm, longueur totale de l’inscription : 16 cm) sur la panse d’une cruche en céramique claire récente 1a (CL-REC 1a Dicocer), tout comme l’autre inscription (horizon 200 – 100 a.C), il provient de la fouille du silo 3.60 fouillé en 1960 dont la fin du comblement peut être daté autour de 50 a.C.
Le même nom se retrouve peut-être également dans deux autres inscriptions plus lacunaires : ]eśkí[ (inv. S. 1394 ; MLH, II, B.01.167 ; BDH, HER.02.167, sur une céramique de Rosas) et, peut-être mais de manière moins assurée : ]nké (inv. S.1440 ; MLH, II, B.01.200 ; BDH, HER.02.200).
Le préfixe ex– est transcrit, comme en latin, par une suite consonantique ś + syllabogramme ki. Ce choix est important, surtout dans la mesure où le système duel est en usage sur le site d’Ensérune. Il s’applique d’ailleurs strictement au moment de noter la suite /ng/ : en effet, c’est bien le syllabogramme de la vélaire sonore (ge) et non celui la sourde (ke) qui a été choisi pour écrire Excingos en ibère. La finale, quant à elle, a été régulièrement “ibérisée” par un passage de –os à –e.
Ainsi, à deux reprises sur le site d’Ensérune, on trouve l’anthroponyme Excing[os (restitution minimale) tantôt en gallo-grec tantôt en ibère, sur des objets de facture similaire et pris dans des contextes identiques et contemporains. Coïncidence ? C’est possible, car rien ne permet d’affirmer avec certitude que ces graffites, notamment celui en gallo-grec, ont été écrits directement sur place. Comme on l’a dit plus haut, rares sont les inscriptions grecques retrouvées sur le site en comparaison des inscriptions ibériques. Mais cependant, on sait que le grec (langue et alphabet) est utilisé dans la région. On en a la preuve avec les monnaies de Longostalètes, imitées des modèles marseillais au grand bronze, ou celles des roitelets de la région de Béziers qui se qualifient, comme les rois hellénistiques, de βασιλευς (par exemple Kaiantolos, au nominatif ou au génitif βασιλεως34). L’existence des monnaies de Béziers avec la légende ΒΗΤΑΡΡΑΤΙϹ (dont 7 exemplaires ont été répertoriés à Ensérune35) suggèrent également que les populations gauloises locales utilisaient le grec au cours du IIe-Ier s. a.C. et ne rendent donc pas hors de propos l’idée d’une utilisation du gallo-grec directement à Ensérune à cette même période. On pourrait donc s’autoriser à penser qu’un seul et même individu était capable d’écrire alternativement son nom dans deux systèmes graphiques différents au même moment et au même endroit. Il convient cependant de rester prudent car le reste de la documentation grecque sur l’oppidum n’est pas suffisamment important et l’objet lui-même reste de facture très commune : il peut tout à fait avoir été déplacé ou les deux inscriptions peuvent avoir été écrites par deux personnes gauloises différentes. Toutefois, la présence d’un même nom dans une écriture comme dans une autre au même endroit et sur des objets similaires ouvre de nouvelles perspectives sur la littéracie du site.
Conclusion
Ces dossiers épigraphiques sont très fragmentaires ; ils éclairent pourtant différents aspects du paysage graphique et linguistique du Midi gaulois au cours des deux derniers siècles avant notre ère. On peut identifier, à des périodes à peu près contemporaines, des noms gaulois mentionnés dans des inscriptions en écriture latine comme ibère. Le second doublet présenté laisse même ouverte la possibilité d’une utilisation de l’écriture gallo-grecque sur place, dont on trouve de bons parallèles un peu plus à l’est, notamment dans la région nîmoise.
Cependant, il s’agit de graffites après cuisson dont l’exécution peut avoir été faite à des moments très divers et dont la datation précise reste difficile à établir. On souhaiterait y voir la preuve de la maîtrise de plusieurs systèmes graphiques par des individus gaulois sur place même si rien ne permet donc d’affirmer actuellement qu’il s’agit de mêmes personnes qui notent leurs noms tantôt dans une écriture et tantôt dans une autre directement à Ensérune.
Abréviations
BDH : Hesperia, Banco de datos de lenguas paleohispánicas, http://hesperia.ucm.es.
CAG : Carte archéologique de la Gaule.
CIL : Corpus des inscriptions latines.
DAG : Whatmough, J. (1970) : The Dialects of Ancient Gaul, Cambridge, Massachusetts.
DICOCER : Dictionnaire des céramiques antiques de Méditerranée occidentale, disponible en ligne : http://syslat.fr//SLC/DICOCER/dicocer.lc?method=POST&programme=choixcatD
GPN : Evans, D.E. (1967) : Gaulish Personal Names. A study of some Continental Celtic formations, Oxford.
KGP : Schmidt, K.-H. (1957) : “Die Komposition in gallischen Personennamen”, Zeitschrift für Celtische Philologie, 26, 1, 161‑301.
RIG, I : Lejeune, M. (1985) : Recueil des inscriptions gauloises. I, Textes gallo-grecs, Gallia Suppl. 45, Paris.
MLH : Untermann, J. (1975-1997) : Monumenta Linguarum Hispanicarum, Wiesbaden.
Bibliographie
- Adiego, I.-J., J. Siles et J. Velaza (1993) : Studia palaeohispanica et indogermanica J. Untermann ab amicis hispanicis oblata, Barcelone.
- Bats, M. (2004) : “Grec et gallo-grec : les graffites sur céramique aux sources de l’écriture en Gaule méridionale (IIe-Ier s. av. J.-C.)”, Gallia, 61, 1, 7‑20.
- Bats, M. (2011a) : “Emmêlements de langues et de systèmes graphiques en Gaule méridionale (VIe-Ier siècle av. J.-C.)”, in : Luján Martínez & Ruiz Darasse, éd. 2011, 197‑226.
- Bats, M. (2011b) : “Entre Ibères et Celtes : l’écriture à Ensérune dans le contexte de la Gaule du Sud (Ve-IIe s. av. J.-C.)”, in : Luján Martínez & García Alonso, éd. 2011, 129‑137.
- Correa, J. A. (1993) : “Antropónimos galos y ligures en inscripciones ibéricas”, in : Adiego et al., éd. 1993, 101‑116.
- Dupraz, E. (2018) : “Commémorations cultuelles gallo-grecques chez les Volques Arécomiques”, Études celtiques, 44, 35-72.
- Ferrer i Jané, J. (2005) : “Novetats sobre el sistema dual de diferenciació gràfica de les oclusives sordes i sonores”, Palaeohispanica, 5, 957‑982.
- Ferrer i Jané, J. (2013) : “Els sistemes duals de les escriptures ibèriques”, in : Actas del XI coloquio internacional de lenguas y culturas prerromanas de la península Ibérica, Valencia, 24-27 de octubre de 2012, Palaeohispanica, 13-Acta Palaeohispanica XI (Valencia), 445‑459.
- Ferrer i Jané, J. et N. Moncunill (2019) : “Chapter 4. Writing systems”, in : Sinner & Velaza, éd. 2019.
- Feugère, M. et M. Py (2011) : Dictionnaire des monnaies découvertes en Gaule méditerranéenne (530-27 avant notre ère), Montagnac-Paris.
- Hoz, J. de (2011) : Historia lingüística de la Península Ibérica en la Antigüedad II. El mundo ibérico prerromano y la indoeuropeización, Consejo Superior de Investigaciones Científicas Manuales y Anejos de Emerita LI, Madrid.
- Kloss, G. et G. Broderick, éd. (sous presse) : Kelten, Römer, Griechen. Sprach- und Kulturkontakte im Römischen Reich und seinem Umfeld, Heidelberg, 18-21 septembre 2014.
- Lejeune, M. (1960) : “À propos d’un plomb inscrit d’Elne”, Revue des Études Anciennes, 62, 1, 62‑79.
- Lejeune, M. (1985) : Recueil des inscriptions gauloises. I, Textes gallo-grecs, Gallia Suppl. 45, Paris.
- Lejeune, M. (1995) : “Compléments gallo-grecs”, Études celtiques, 31, 99‑114.
- Luján Martínez, E. R. et J. L. García Alonso, éd. (2011) : A Greek man in the Iberian street: papers in linguistics and epigraphy in honour of Javier de Hoz, Innsbruck.
- Martín Ortega, M. A. et A. M. Puig (2006) : La colònia grega de Rhode, Roses, Alt Empordà, Sèrie monografica Museu Girona 23, Gérone.
- Mullen, A. (2013) : Southern Gaul and the Mediterranean: multilingualism and multiple identities in the Iron Age and Roman periods, Cambridge Classical Studies, Cambridge.
- Quintanilla, A. (1998) : Estudios de fonología ibérica, Anejos de Veleia. Series minor 11, Vitoria-Gasteiz.
- Rodríguez Ramos, J. (2014) : “Nuevo índice crítico de formantes de compuestos de tipo onomástico íberos”, Arqueoweb, 15, 1, 7‑158.
- Ruiz Darasse, C. (2009) : “Les contacts linguistiques entre les Celtes et les Ibères à travers l’onomastique (Vallée de l’Èbre, Sud de la France)”, Palaeohispanica, 9-Acta Palaeohispanica X (Lisboa), 93‑104.
- Ruiz Darasse, C. (2015) : “Contacts d’écritures : l’épigraphie paléohispanique du Midi gaulois”, in : Roure, éd. 2015, 545‑549.
- Ruiz Darasse, C. (sous presse) : “ ’By any other name’: Celtic names in palaeohispanic script. The case of Western Languedoc”, in : Kloss & Broderick, éd. sous presse.
- Ruiz Darasse, C. et E. Luján Martínez, éd. (2011) : Contacts linguistiques dans l’Occident méditerranéen antique, Casa de Velázquez 126, Madrid.
- Schmoll, Ü. (1963) : “Alhispanische Miszellen I”, Zeitschrift für Vergleichende Sprachforschung, 78, 1/2, 47‑52.
- Roure, R., éd. (2015) : Contacts et acculturations en Méditerranée occidentale : hommage à Michel Bats, Actes du colloque de Hyères, 15-18 septembre 2011, Bibliothèque d’archéologie méditerranéenne et africaine 15/Études massaliètes 12.
- Sinner, A. G. et J. Velaza, éd. (2019) : Palaeohispanic languages and epigraphies, New-York.
Notes
- Je remercie vivement Noemí Moncunill et Michel Bats pour leurs relectures et leurs commentaires qui ont amélioré mon texte initial et enrichi ma réflexion.
Ruiz Darasse 2009 ; Ruiz Darasse 2015 ; Bats 2011a ; Bats 2011b. - Entre 125 et 121 et surtout à partir de 118, (date de la fondation de Narbonne qui donnera le nom à la province sous Auguste), le Midi gaulois est conquis par Domitius Ahenobarbus, et les Romains s’implantent définitivement dans ce qu’ils nommaient la Transalpine depuis longtemps.
- On en compte actuellement 524 dans la BDH (recherche réalisée le 26 mars 2019).
- Mullen 2013, chap. 7, 179-220.
- Ce “chapiteau” est un élément architectural un peu particulier, vraisemblablement le haut d’une colonne destinée à recevoir une statuette dans l’encoche profonde et rectangulaire située sur la partie supérieure. Une autre inscription gallo-grecque, sur plomb cette fois, a été retrouvée à Elne. Considéré à tort par Michel Lejeune en 1960 (Lejeune 1960) comme gréco-ibère, il s’agirait probablement d’un texte gaulois. Ce plomb aux dimensions modestes (4,35 x 4,6 cm) a vraisemblablement été déplacé mais aucune conclusion ne peut être avancée, car le document est perdu.
- On a cherché, dans ce tableau, à trouver autant que faire se peut, des exemples contemporains et situés dans des zones méridionales.
- EDCS-47600195, CAG 57-1, p. 486, sur le site de Grostenquin, dans les Vosges, non loin de Metz.
- On choisit ici le mot ritu– “course” et non son homonyme ritu– “gué” qui sont sous la même entrée dans GPN. Cf. aussi Delamarre 2001, 219-220.
- Que ce soit en élément simple (Rita, Ritus, Ritius/Rittius, Ριτυμος analysés par Lejeune, 1995, 103) ou en composé Boritus (DAG 1113 ; CIL, XIII, 10010, 343 sur sigillée en Germanie supérieure), Ritumarus (CIL, XIII, 10006, 73 sur sigillée en Germanie supérieure) attestés à des dates postérieures, et dans des contrées plus éloignées de notre domaine d’étude.
- Iulia Grata Q(uintus) Iulius Caturix Q(uintus) Iulius Varus Decimus Iunius Raesus, Saint-André-de-Codols, CAG30-1, p. 489.
- katu : (n° inv. M. 34 ; MLH, II, B.1.92 ; BDH, HER.02.092), petit bol en céramique de Rosas forme 33 (selon la classification de Martín Ortega & Puig 2006) ; katu+[ : (n° inv. S. 1202 ; MLH, II, B.1.245 ; BDH, HER.02.245) vase de Cot-Cat.
- Ce procédé graphique se fait par ajout de traits supplémentaires et a été mis en lumière par Joan Maluquer de Motes, dans les années 1960. Il a été repris et systématisé dans les travaux de Joan Ferrer i Jané, ces quinze dernières années. Ferrer 2005 ; 2013 ; Ferrer & Moncunill 2019.
- Ce cas de figure est rare dans l’épigraphie paléohispanique, mais pas unique. On peut citer au moins trois autres cas d’écriture lévogyre : un ostracon d’Olèrdola (BDH, B.32.01, n° inv. MAC OLE-0577, datation : -210/-190) ; le plomb de La Penya del Moro à San Just Desvern (MLH, III, C.17.1 ; BDH, B.38.01, datation : troisième quart IVe s. a.C.) ; l’estampille in planta pedis de La Caridad de Caminreal (MLH, IV, K.5.4 ; BDH, TE.04.04, datation : IIe s. a.C.) même s’il peut s’agir d’une erreur au moment de la préparation de l’estampille et la stèle très tardive de Requena (BDH, V.09.02, datation : fin Ier / début IIe s. p.C.). Il existe d’autres occurrences où l’on ne peut véritablement décider de la direction de l’écriture car on se trouve devant des estampilles circulaires ou des fusaïoles.
- Il y a deux autre cas d’inscriptions encadrées à Ensérune : un fragment de coupe de forme 16 (Martín Ortega & Puig) issue des ateliers de Rosas (n° inv. S. 618 ; MLH, II, B.1.52 ; BDH, HER.02.052, datation : -225 / -25) et un fragment de céramique campanienne indéterminée (n° inv 47.956, MLH, II, B.1.129 ; BDH, HER.02.129, datation : -200 / -100).
- de Hoz 2011, 159.
- Correa 1993, 103.
- Ruiz Darasse (sous presse) ; Quintanilla 1998, 240.
- Par exemple, toujours issus des collections d’Ensérune, uetiŕiś (MLH, II, B.1.15 ; BDH, HER.02.015) ; kaŕtiŕiś (MLH, II, B.1.28 ; BDH, HER.02.028) ;ośiobaŕ (MLH, II, B.1.59 ; BDH, HER.02.059) et untikoŕiś (MLH, II, B.1.333 ; BDH, HER.02.333).
- Il existe un tel élément anthroponymique ibérique répertorié par Rodríguez Ramos (Rodríguez Ramos 2014, 205, n° 143).
- táśkúbilos MLH, II, B.1.64 (BDH, HER.02.064), sur céramique de Rosas forme 1 de la classification de Martín Ortega & Puig 2006 ; tástéo II MLH, II, B.1.73 (BDH, HER.02.073) sur campanienne indéterminée ; tás[ MLH, II, B.1.130, (BDH, HER.02.130) sur céramique de Rosas de forme indéterminée et táś[ MLH, II, B.1.131, (BDH, HER.02.131) sur Rosas de forme 18 (Martín Ortega & Puig, datation : -225/-50) ; taśkí[ MLH, II, B.1.134 (BDH, HER.02.134) sur campanienne B ; táśu+[ MLH, II, B.1.178, (BDH, HER.02.178) sur céramique de Rosas de forme indéterminée.
- Travail réalisé avec l’aide précieuse de Michel Bats, de Daniel Orliac et de Sophie et Lionel Izac ainsi que l’équipe du musée. J’ai également pu compter sur Stéphanie Adroit, Florent Comte, Antoine Dumas, Marianne Lecat et Thomas Le Dreff pour documenter les inscriptions. Que tous soient ici chaleureusement remerciés.
- Pour mémoire, l’ensemble des objets inscrits, tous systèmes graphiques confondus, qu’on a pu inventorier s’élève à 1361.
- Par exemple celles portées sur : MLH, II, B.1.1 (BDH, HER.02.001) ; MLH, II, B.1.96 (BDH, HER.02.96) ; MLH, II, B.1.105 (BDH, HER.02.105) ; MLH, II, B.1.230 (BDH, HER.02.230). Pour le phénomène inverse, voir inv. 45.34 (lu comme un kappa par Jannoray et qui peut être un <a> ibérique) ; MM. 132 (X).
- Par exemple les signes tels que I, X, N, ou O.
- On laisse bien évidemment de côté les inscriptions peintes en caractères grecs qui existent par ailleurs, mais qui sont liées à la création et au décor des vases directement à Athènes ou en Grande Grèce.
- RIG, I, 430, sigma n° 3.
- Sur la racine, cingo– (« attaquer ») voir KGP 171. Pour excingo– KGP 212. Voir aussi GPN 177.
- Excingomarus / Craxanii f(ilius) (CIL, XII, 3577, Nîmes) ; [3] Servilio / [Ex]cingomaro / q(uaestori) col(oniae) [ (ILGN, 425, Nîmes) ; Montano / [Ex]cingo[mari f(ilio)] (CIL, XII, 3754, Nîmes)
- Sextiae Escingillae f(iliae) CIL, XII, 5008, CAG 11-01, p. 459 (datation inconnue).
- Esciggorix / Ammonis f(ilius) (CIL, XII, 2988, Remoulins, CAG 30-03, p. 533) ; D(is) M(anibus) / Accepti / Escingo / mari f(ilii) // D(is) M(anibus) / Vernionis / Accepti f(ilii) (AE 1978, 463, Marguerittes, Nîmes).
- Dans le cas cité de Ventabren (RIG, I, G-107), M. Lejeune indique que la graphie νγ est « exceptionnelle » (RIG, I, 122).
- ΛΟΓΓΟΣΤΑΛΗΤΩΝ / biurbi (Feugère & Py 2011, IBL-2367 et IBL-2368.
- Le plomb d’Elne, aujourd’hui perdu et non inclus dans le RIG, I, était peut-être une inscription en écriture gallo-grecque. Son statut est obscur : il pourrait s’agir d’un document déplacé ; il peut avoir été trouvé après avoir été transmis à quelqu’un susceptible de le lire. En l’absence d’informations, il est impossible d’affirmer quoi que ce soit.
- Feugère & Py 2011, 301, IBL-2416 et IBL-2425, datation proposée : -125/-75.
- Feugère & Py 2011, 298, IBL-2432, datation proposée : -150/-100.