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Des campagnes maitrisées :
un facteur clé du développement urbain au nord de la Gaule

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Dans des secteurs abondamment fouillés, il est permis d’observer la trajectoire des établissements ruraux, de leur fondation à leur devenir à la période romaine. Au fur et à mesure du temps, ces installations pionnières génèrent la mise en place d’autres enclos dans leur environnement. Ces noyaux de sites n’en forment en réalité qu’un, assimilable à un domaine. Ce déploiement d’habitat sur l’ensemble des milieux naturels a conduit au succès de l’agriculture en Gaule. Cette multiplication d’ampleur témoigne d’une grande vitalité économique du système primaire qui conduit à une économie de marché. En se dotant d’outils performants, les agriculteurs gaulois ont conféré des assises solides au développement économique. Ils ont réorienté les modes culturaux et amélioré les conditions d’élevages. 
Dans les domaines, chacun des enclos d’habitat est doté de structure de stockage dont le volume répond aux besoins des habitants. Mais en dehors des espaces domestiques, des regroupements de structures de stockage témoignent d’un entreposage de surplus. Les grains ou les autres produits stockés faisaient l’objet de diverses transformations avant d’être acheminés vers des sites consommateurs. Les progrès techniques, les nouvelles orientations agricoles et le déploiement d’activités spécialisées, ont offert toutes les bases nécessaires au développement urbain. Il était possible, en maîtrisant les productions et en dégageant des surplus, de subvenir aux besoins de populations actives dans la fabrication d’autres produits. 
La connaissance des rapports entre la campagne et les agglomérations est encore balbutiante, car jusqu’à présent elle ne pouvait faire l’objet que d’hypothèses sans que ces dernières puissent être solidement argumentées. Le développement des analyses fournit peu à peu des enseignements dont la compilation permet de poser des jalons mieux étayés.

In extensively excavated areas, it is possible to observe the trajectory of the sites, from their foundation to their future in the Roman period. Over time, these pioneering facilities generate the establishment of other enclosures in their surroundings. These site cores actually form one, similar to a domain. This deployment of habitat across all natural environments led to the success of agriculture in Gaul. This large-scale multiplication testifies to the great economic vitality of the primary system which leads to a market economy. By equipping themselves with efficient tools, Gallic farmers have provided a solid foundation for economic development. They reoriented farming methods and improved farming conditions. In each of the housing enclosures has a storage structure whose volume meets the needs of the inhabitants. But outside of domestic spaces, groups of storage structures bear witness to surplus storage. Grain or other stored products went through various transformations before being transported to consumer sites. Technical progress, new agricultural orientations and the deployment of specialized activities have provided all the necessary foundations for urban development. By controlling production and generating surpluses, it was possible; to meet the needs of populations engaged in the manufacture of other products. Knowledge of the relationship between the countryside and the towns is still in its infancy, because until now it could only be the subject of hypotheses without the latter being able to be solidly argued. The development of analyzes is gradually providing lessons, the compilation of which enables better substantiated milestones to be established. 

domaines ruraux; productions agricoles; agglomérations; Rural domains; agricultural production; agglomerations;

Introduction 

En moins d’un siècle, les exploitations agricoles qui ont conquis des espaces sur le milieu naturel se sont érigées en domaines constitués de plusieurs cellules. Cette organisation de l’habitat a été favorisée par le développement de la métallurgie qui a permis l’appropriation de nouvelles de terres (outils). Les changements dans les modes de cultures qui deviennent monospécifiques et extensives ainsi qu’une amélioration des conditions d’élevages permettent de dégager des surplus qui pourvoient à l’alimentation des populations non productrices. Le IIIe s. a.C. et plus encore le IIe s. a.C.  affichent une vitalité économique qui ne sera démentie que par les guerres du Ier siècle. Cet essor des productions a nécessité une adaptation et une diversification des formes de l’habitat que la recherche de terrain met peu à peu au jour. En complément, les études spécialisées mettent progressivement en lumière les liens qui unissent chacune des composantes des formes de l’habitats. Les rapports qui unissent les campagnes aux concentrations de population (villages, agglomérations, villes) sont encore mal connus, mais les résultats des nouvelles méthodes de recherche (isotopique par ex.) forment des traits d’union qui amendent ce dossier en cours d’élaboration. 

La construction de domaines lucratifs

Après un net fléchissement démographique au IVe s. a.C. pour partie due à des péjorations climatiques, le IIIe s. a.C. signe un renouveau. Le déploiement d’habitats enclos impacte le milieu naturel avec un net recul des espaces forestiers lisible dans les diagrammes polliniques. Près de la moitié, des sites sont créés ex nihilo (382 sites sur les 750 sites recensés dans la base datAfer2)1, et dans 20 % des cas les réoccupations ne montrent pas de continuité directes avec un site antérieur. Cette appropriation de l’espace pour y établir des productions a pris plusieurs formes qui ont été classés en quatre catégories. 

Appropriation par une famille

Cette catégorie est la plus discutable, car elle est dépendante de la superficie des décapages dont les surfaces parfois trop restreintes ne donnent accès qu’à une partie de la trame des habitats. Toutefois des activités de terrains concentrées dans de mêmes espaces attestent de son existence. À Oursel-Maison (Oise), sur les 31 ha que couvre la plate-forme de la zone d’activité concertée, les différentes campagnes de diagnostic et de fouilles n’ont pas révélé d’indice antérieur au second âge du Fer. Le site est fondé à la transition B2/C1 (275-250), et adopte une forme en arc de cercle orientée est-ouest enserrant une superficie de 4 100 m2 (fig. 1). L’enclos abrite une seule unité domestique accompagnée de deux annexes. Ce premier aménagement fonctionne sur un temps court, estimé à une ou deux générations de 25 ans, sans réorganisation spatiale et réfection de bâtiments. Il est remplacé une cinquantaine d’années plus tard, par un nouvel enclos. Son apparence curviligne témoigne d’une conception traditionnelle, mais un segment de fossé amorce une morphologie plus rectiligne. Il délimite une surface du double du premier et abrite deux fois plus d’habitations et trois fois plus de greniers. Comme pour l’établissement originel, sa durée est relativement brève, estimée à une ou deux générations. La deuxième moitié du IIe s. a.C., marque une évolution substantielle. Un nouvel habitat de physionomie nettement plus rectiligne avec un système d’entrée protégé et une segmentation des espaces remplace le précédent. Il est encadré par deux nouvelles fondations l’une à moins de 250 m au nord (La Belle Assise 4) et l’autre à plus de 500 m au sud-est (Le Champ du Moulin)2.

Évolution du domaine d’Oursel-Maison (Oise).
Fig. 1. Évolution du domaine d’Oursel-Maison (Oise).

L’appropriation par plusieurs familles 

La deuxième catégorie comporte plusieurs noyaux familiaux, généralement des paires, comme au Mesnil-Aubry/Le Plessis-Gassot. Ces sites localisés à l’est du département du Val-d’Oise au cœur du Pays de France (fig. 2), présentent une situation comparable à celle d’Oursel, mais ce n’est pas un, mais deux enclos, accompagnés d’une nécropole, qui sont mis en place au même moment au début du IIIe s. L’un est de forme trapézoïdale et délimite une aire de  2 300 m² ; l’autre d’environ 1 600 m² se rapproche de cette forme géométrique, mais des angles plus courbes lui confèrent un aspect ramassé. Leur entrée, marquée par une interruption des fossés, est équipée d’un porche pour le deuxième3. Ils sont, chacun, dotés de trois constructions, une habitation et deux annexes. La nécropole, datée du second quart du IIIe s. a.C., serait légèrement antérieure au “Bois Bouchard I”. Elle rassemble dix-huit sépultures, dont une tombe à char et une autre avec des éléments de char et du mobilier de provenance méditerranéenne. Les enclos fondés à La Tène C1 sont modifiés au cours de la première moitié du IIe s. a.C. Le site du “Bois Bouchard IV” est entièrement reconstruit, selon un plan identique, mais avec une orientation différente (sud-ouest/nord-est) et une surface largement augmentée (6 500 m²). Au nord-est, un autre enclos, dont la fonction agraire est supposée, lui serait lié. La superficie du “Bois Bouchard 1” est aussi considérablement agrandie et l’espace interne de l’enclos principal est segmenté. À cette période, trois autres enclos de différentes superficies sont créés, portant à cinq le nombre d’établissements dont l’un s’assimile à un espace de stockage et de traitement des céréales. La densification de ce secteur se traduit par la reconnaissance d’un établissement tous les 350 m, valeur proche de celle observée à Oursel. 

Évolution du domaine du Plessis-Gassot/le Mesnil-Aubry ((Val-d’Oise).
Fig. 2. Évolution du domaine du Plessis-Gassot/le Mesnil-Aubry ((Val-d’Oise).

La trajectoire des établissements dans ce terroir est globalement similaire à celle observée dans celui d’Oursel mis à part le fait que deux habitats sont édifiés en simultané dès l’origine. Aux générations suivantes, on relève un accroissement du nombre d’occupations avec cinq occurrences. L’essaimage à partir de deux établissements “mères”, par la création d’enclos aux morphogènes hérités de l’installation primaire, marque l’occupation de ce terroir, peut-être sous l’égide de deux familles. 

En grande majorité, les scenarii sont les mêmes et peuvent être résumés de la manière suivante : à une création correspond, une génération plus tard, une augmentation de la superficie de l’enclos et une multiplication des aménagements qu’il abrite. Dans un second temps, d’autres enclos sont créés dans l’orbite de l’établissement “mère”. Au fur et à mesure des générations, elles agrandissent leur périmètre d’exploitation et multiplient leurs habitats. Chacune des cellules est alors reliée aux autres par des chemins, puis à un réseau extracommunautaire. 

À ce parti pris d’un développement familial générationnel, il est également possible d’opposer une multiplication sans lien génétique. La création d’autres espaces résidentiels pourrait aussi relever d’un tout autre scénario. Les familles occupant ces lieux pourraient être sous la coupe du résident principal et représenter sa clientèle ou sa domesticité. Dans l’optique d’une meilleure prospérité, les tenants de la terre auraient visé à en accroître l’assiette, gage de surplus de productions. 

L’appropriation par un groupe humain élargi

La troisième catégorie désigne une appropriation par un groupe, sous l’égide d’une autorité, qui lotit simultanément une vaste superficie. Elle s’assimile à une colonisation planifiée. Le site de Brebières dans le Pas-de-Calais est actuellement celui qui en livre l’image la plus lisible. Sur les 60 ha investigués, 17 ha ont fait l’objet d’une fouille. La première occupation est datée de l’âge du Bronze final IIIb, suivie d’un habitat du Hallstatt D2/D3, matérialisé par cent-vingt bâtiments et trois enclos fossoyés. Après un hiatus, à La Tène C1, le terrain est loti (fig. 3). Dans la trame parcellaire mise en place, dix ou onze enclos ont été édifiés selon un même modèle avec une interruption du fossé qui marque l’entrée. Ils peuvent être séparés en deux catégories. Les premiers, au nombre de huit ou neuf, adoptent des formes rectangulaires ou carrées, parfois partitionnées. Leur surface est comprise entre 500 et 2 100 m². Dans la seconde catégorie, on compte deux enclos plus importants dont les surfaces sont comprises entre 5 500 m2 et 8 500 m². Ils sont alignés sur un axe est-ouest et sont séparés de 250 m4.

Plan du domaine de Brebières (Pas-de-Calais) d’après Agnès Lacalmontie 2016.
Fig. 3. Plan du domaine de Brebières (Pas-de-Calais) d’après Agnès Lacalmontie 2016.

Un espace parfaitement découpé et orthonormé est donc mis en place dès La Tène C1 auquel s’adossent des enclos. Ils sont dotés de bâtiments en nombre plus ou moins important, mais il n’est pas certain que tous soient des habitats, certains pouvant constituer des annexes. 

Au IIIe s. a.C., ce sont au moins 60 ha, voire plus du double, si l’on considère la trame parcellaire reconnue sur d’autres opérations dans ce secteur, qui sont mis à contribution sur un temps court. Cette “mainmise” sur un vaste territoire n’a été possible que sous l’égide d’une autorité forte. Pour aboutir à une telle entreprise, il fallait au préalable que les travaux fussent planifiés et leur mise en œuvre a dû suivre un plan rigoureux. La segmentation de l’espace, par un réseau de fossés, délimite des parcelles d’un peu moins de 0,5 ha. Dans cet aménagement, pour l’essentiel constitué de petits lopins, la très grande parcelle de près de 11 ha réservée à un seul habitat enclos atteste d’emblée une distinction hiérarchique. Pour ce cas, il est plus difficile d’imaginer un réseau familial et on suppose plutôt l’installation d’un aristocrate et du personnel libre ou esclave qui lui est lié ou d’un sous-ensemble de tribu sous la conduite d’un chef.

L’appropriation territoriale 

Une dernière catégorie est identifiable, elle se définit par une typologie d’enclos similaires sur une aire géographique bien plus importante que la précédente. Elle s’assimile à la conquête d’un territoire, par une multitude d’habitats, qui pourrait témoigner d’une même appartenance culturelle. Elle n’est discernable que par des investigations à large échelle dont la documentation compile des données issues de l’archéologie aérienne et, quand elles existent, de fouilles. Le site de Batilly-en Gâtinais et ses environs (Loiret), permet d’en proposer une illustration. Située au sud du Bassin parisien, cette région est caractérisée par des plateaux calcaires recouverts de limons argileux (fig. 4). Seize enclos y ont été inventoriés dont deux “Les Pierrières” et “La Porte des Puiseaux” à Boynes ont été partiellement fouillés, les autres étant recensés à partir des données de missions aériennes. De morphologie et d’orientation similaires, ils se présentent sous la forme d’enclos rectangulaires emboîtés dans un plus grand, de forme généralement trapézoïdale, ou d’enclos accolés ; les deux types étant séparés en deux noyaux géographiquement distincts. La mise en place n’est pas précisément datée, mais dans le cas des “Pierrières” une première fondation pourrait remonter à La Tène moyenne. Il n’est pas permis de discuter de la contemporanéité des ensembles, puisque seulement deux établissements ont été abordés par les fouilles. En revanche, ce qui est remarquable ici, c’est la très grande ressemblance morphologique des enclos qui suppose qu’ils ont été élaborés à partir d’un modèle. Ils témoigneraient d’un déploiement important sur une vaste superficie d’environ 30 km2, mais on ne peut savoir s’il s’agit d’implantations simultanées ou successives5. Il est frappant que les enclos en trapèze de la Seine-et-Marne présentent des affinités avec ceux de Batilly-en-Gâtinais dans le Loiret, localisés à quelque 70 km de là. Cette similitude pourrait trouver son origine dans leur appartenance à un même territoire, celui des Sénons.

Enclos du territoire Sénons dans les environs de Batilly-en-Gâtinais, d’après Fichtl 2018.
Fig. 4. Enclos du territoire Sénons dans les environs de Batilly-en-Gâtinais, d’après Fichtl 2018.

À partir des données archéologiques, on peut donc distinguer plusieurs formes d’appropriation de l’espace, par une famille, par plusieurs, par un groupe humain élargi ou par une population importante. A contrario, un autre raisonnement peut être proposé : la plus petite échelle que nous identifions ne serait qu’une composante de la plus vaste, chacune des cellules s’emboîtant dans un système gigogne. L’appropriation de la terre vise à la pérennité, car peu de sites montrent un abandon au terme d’une ou deux générations. Au contraire, c’est un phénomène opposé qui s’observe, avec une multiplication d’enclos d’habitats. L’appropriation de la terre peut donc correspondre à plusieurs scenarii, familial ou collectif. Toutefois selon les us et coutumes des différents peuples une grande hétérogénéité de formes doit être envisagée. 

Dans ces agrégations d’enclos, que l’on peut assimiler à des domaines aristocratiques, un habitat se distingue toujours des autres par la qualité de ses aménagements et sa dotation matérielle. Un assujettissement des installations les plus modestes à ce dernier est probable. A Brebières, l’installation d’un vaste domaine réalisé d’un seul tenant assoit les relations entre l’aristocrate propriétaire des lieux et les habitants relégués dans de petits enclos communs. Là, les relations de dépendances s’expriment clairement, même si nous ne pouvons les attribuer à des catégories de personnes (clients, métayers, esclaves…). 

Les productions

Ce déploiement d’habitats sur l’ensemble des milieux naturels a conduit au succès de l’agriculture en Gaule facilité par une diffusion importante du fer. Cette économie n’a pas seulement rendu possible leur installation par le défrichement des espaces boisés, à l’aide de haches en fer performantes, mais elle a aussi facilité les travaux agraires par le déploiement d’une gamme d’outils adaptés. Les capacités productives ont été augmentées, tout en s’accompagnant d’une réduction du temps de travail. Les innovations techniques et la multiplication des outils de productions, principalement dans les deux derniers siècles a.C., ont renouvelé les pratiques agricoles et modifié l’organisation des exploitations et des terres qui les entourent. Grâce à un gain de terre et une meilleure préparation de cette dernière par des araires métalliques, des rendements plus élevés ont été obtenus. L’usage de cet outil implique un changement dans la morphologie des champs dont la forme évolue vers des parcelles en lanières. Les productions sont orientées sur les céréales les plus performantes conduites de manière extensives, tout en abandonnant les moins rentables. Les blés nus, plus faciles à nettoyer après les récoltes que les blés vêtus, sont privilégiés. 

Dans le domaine de l’élevage, la faux a permis de constituer des stocks importants de fourrage qui ont favorisé la stabulation. Cette meilleure gestion a permis d’accroître la taille des cheptels et des animaux, qui sont abattus au meilleur moment de leur croissance6.

Gérer les surplus des cultures

Si jusqu’à présent il a été considéré que les surplus produits par les domaines ruraux ne transitaient pas par les sites producteurs, mais étaient directement expédiés vers des sites consommateurs comme les agglomérations, plusieurs sites incitent à nuancer cette thèse7.

Certains sites se caractérisent par un nombre important de structures de stockage qui les assimilent à des espaces de centralisation des produits. Pour supposer que leur capacité de stockage est supérieure aux besoins des habitants, une évaluation entre les volumes potentiellement emmagasinés et le nombre d’occupants doit être effectuée. Stéphane Martin a synthétisé récemment les méthodes qui permettent d’approcher le volume des denrées végétales stockées dans les greniers. Les calculs s’opèrent en prenant en compte un certain nombre de paramètres, comme la surface du grenier, le pourcentage de cette surface occupée par les grains (environ 70 %), leur densité, la hauteur de la couche, qui ne peut pas être trop importante pour autoriser la ventilation du grain (20 à 40 cm)8, si les enveloppes sont conservées (grains non décortiqués), si des caissons sont aménagés ou tout autre contenant intermédiaire (paniers, sacs,). L’exercice permet d’aboutir à une estimation et de la comparer au nombre d’unités domestiques recensées sur le site. Cette quantification a pour but de comparer si le stock est en adéquation avec les besoins du groupe utilisateur ou s’il apparaît excédentaire. C’est ce que nous avons tenté pour le site de Poulainville dans la Somme9.

Dès son origine vers 180/150 a.C., la ferme de Poulainville témoigne d’une organisation rationnelle des espaces. Les maisons sont disposées au fond d’une cour bordée d’annexes. Au sud de cet ensemble, une surface sensiblement équivalente est réservée au stockage. À une douzaine de greniers sont associés deux grands bâtiments qui sont peut-être des granges ou des étables (fig. 5). Les volumes stockés évalués à partir des critères mentionnés ci-dessus auraient permis de pourvoir à l’alimentation de plus de 170 personnes ce qui apparaît nettement supérieur aux quatre maisons reconnues sur le site. Il n’est alors pas déraisonnable d’émettre l’hypothèse qu’à Poulainville ont été produites des denrées destinées à d’autres occupations. 

Aire d’habitat et aire de stockage sur le site de Poulainville (Somme).
Fig. 5. Aire d’habitat et aire de stockage sur le site de Poulainville (Somme).

Peu à peu, des sites dont les moyens de stockage apparaissent excédentaires par rapport au nombre d’habitants apparaissent, mais la question se pose de savoir si nos moyens d’investigation sont adéquats pour apprécier les manières dont sont gérés les stocks. En limitant la découverte des sites à un seul enclos, notre vision est tronquée, car un domaine en compte plusieurs. Ce n’est donc que par la prise en compte de l’ensemble des structures du complexe considéré dans son intégralité que des hypothèses peuvent être émises sur la gestion des denrées. En effet, pour la plupart des enclos “isolés”, les structures de stockage apparaissent en adéquation avec le nombre d’unités domestiques : au IIe s. a.C., on en compte en moyenne 2,6 pour une maison. Près de 80 % des sites entrent dans cette “norme”, mais les 20 % restants se distinguent par un ratio qui peut être jusqu’à dix fois supérieur. Les plans des habitats de la classe qui comprend le plus d’effectif révèlent que seul un enclos a été fouillé, tandis que son environnement n’est pas connu. Les autres relèvent de différents cas ; parfois les structures de stockage sont localisées dans un enclos séparé de l’habitat, parfois en périphérie sans fossé de clôture, où encore en nombre dans des établissements que d’autres indices permettent de considérer comme aristocratiques.

S’il reste envisageable qu’une part de la production soit directement expédiée vers des occupations non productrices de leur alimentation, il est maintenant acquis qu’une part (la plus importante ?) passe par les domaines producteurs avant d’être expédiée, voire même que des établissements ont été fondés afin de concentrer les récoltes et de les traiter avant d’en organiser la redistribution.  

En gérant les denrées dans des espaces dédiés, des bénéfices supplémentaires pouvaient en être tirés. Le produit des moissons transféré dans des sites dédiés pouvait y faire l’objet de différents traitements (battage, vannage, criblage) afin d’en faciliter le conditionnement et le transport. Les produits pouvaient être vendus au meilleur moment, lorsqu’ils venaient à manquer ou convoyés vers les centres agglomérés à l’occasion de foires ou de marchés. Quelques exemples en témoignent. À 20 km de Paule, à Laniscat (Côtes-d’Armor) un enclos de 85 m de côté (7 500 m2) daté de la fin du IIIe/début du IIe s. a.C.  perdure jusqu’au milieu du Ier s. a.C. Il se partage en quatre aires distinctes. Les quatre maisons qu’il abrite sont accompagnées d’un minimum de onze greniers, de deux très grandes constructions interprétées comme des granges et/ou étables et d’une douzaine d’édifices qualifiés d’annexes. Des meules d’un très grand gabarit, dont l’auteur suppose qu’elles n’ont pu être mises en action qu’en ayant recours à la force animale, sont associées à des petites constructions considérées comme des ateliers. L’hypothèse avancée est celle d’un espace de mouture des céréales. Installé à proximité d’un réseau fluvial (le Blavet) le transport des céréales à traiter, et leur distribution une fois transformées étaient facilités. Des activités de forge et de tissage complètent l’économie du site, sans qu’il soit possible d’apprécier si elles dépassaient le cadre domestique10. Dans le Laonnois, sur le pôle d’activités des Griffons (Barenton-Bugny, Chambry et Laon dans le département de l’Aisne), sur les 15 ha décapés, un des enclos a livré des quantités de meules trois à quatre fois supérieures à celles d’autres établissements agricoles de la région, ce qui permet aux auteurs de supposer que l’activité de mouture dépassait les besoins du groupe humain résident11. Au Plessis-Gassot l’enclos “L’Arpent aux Chevaux Sud”, de plus de 1 ha, s’assimile davantage à un espace dédié au stockage et à la transformation des céréales qu’à un habitat. Il abrite une quinzaine de greniers et silos auxquels est associé un matériel de mouture bien plus important que pour les autres établissements qui l’entourent. L’hypothèse formulée par C. Touquet Laporte-Cassagne est que, dans cet espace, sont gérées les productions des quatre autres habitats contemporains. 

La part des entités spécialisées dans le traitement des céréales n’est pour l’instant pas estimable, car il faudrait évaluer la dotation minimale des occupations en équipement de mouture pour faire ressortir celles où ces témoins sont excédentaires en tenant compte de différents paramètres (par ex. taphonomie, durée d’occupation, usure des matériaux…). Le déroulement de la chaîne opératoire du traitement des céréales post-récolte va du transport à leur préparation alimentaire. Entre les deux, les opérations de battage, vannage, criblage ont pu être opérées dans des espaces dédiés, voire même poussés jusqu’à leur finalité, qui consiste à transformer le grain en farine.

En opérant certaines tâches spécifiques au sein de leurs domaines, les élites pouvaient en tirer plusieurs avantages. Un traitement plus poussé pouvait être un facteur permettant d’assurer une meilleure vente et de leur apporter une plus-value. L’encombrement et donc le coût du transport en étaient réduits et cela occasionnait peut-être un autre bénéfice indirect si des droits de péages étaient exigés en fonction du volume des marchandises, mais dans ce domaine nous n’avons que peu d’informations sur la manière selon laquelle ces derniers s’exerçaient. 

Développer des activités spécialisées

Outre ces activités qui laissent suffisamment de déchets pour être identifiées, ainsi que celles liées à la métallurgie et la saunerie que j’ai déjà évoqué ailleurs12 certains établissements livrent quelques artefacts dont la présence pourrait s’assimiler à une spécialisation. Dans l’Eure, le site de Prasville “Vers Chesnay” se caractérise par un mobilier métallique rare lié au tannage des peaux. Cette même activité a été perçue à partir des restes de faunes sur le site de Soulangy (Calvados)13, tandis qu’à Saint-Georges-Lès-Baillargeaux “Les Gains” (Vienne) un atelier de boucherie est complété par le travail des peaux et du cuir14.

Sur l’habitat de la “Gaudine”, à Vivoin (Sarthe), une activité bouchère basée sur la préparation de pièces de viande, a été mise en évidence15 ou encore, dans le même département à Yvré-l’Évêque, c’est la fabrication de brai de bouleau qui a été reconnue16.

Alimenter les agglomérations 

Les progrès techniques, les nouvelles orientations agricoles et le déploiement d’activités spécialisées, ont offert toutes les bases nécessaires au développement urbain. Il était possible, en maîtrisant les productions, en dégageant des surplus, en constituant des stocks de denrées végétales plus ou moins travaillées, en orientant l’élevage sur des animaux répondant à des normes spécifiques, en fournissant des matières premières comme les pains de sel, en préparant en vue de leur conservation des aliments, de subvenir aux besoins de populations actives dans la fabrication d’autres produits. Le système secondaire, avec son développement d’industries et ses réseaux marchands, pouvait se déployer. Dans les relations qui lient la campagne à la ville, les aristocrates se sont organisés au mieux afin d’en tirer le maximum de bénéfice tandis que les artisans urbains ont suscité des besoins nouveaux, susceptibles d’intéresser le monde rural, avec un objectif comparable. Peu à peu des indices témoignent des liens qui unissent la campagne à la ville. 

Les denrées végétales

Les modalités de stockage dans les agglomérations et les villes sont peu connues. Dans ce cadre, le site d’Entrammes (Mayenne) constitue un point de repère important. Daté du IIe s. a.C., il est constitué de 85 greniers organisés en ligne et régulièrement espacés les uns des autres, à proximité d’un carrefour de voies de communication. Les limites nord et est de la fouille ne permettent pas de connaître l’extension de cette aire massive de stockage (fig. 6).

Plan du site d’Entrammes au “Clos des Primevères” (Mayenne), d’après Guillier et al. 2015 et Bossard et al. 2018, modifié.
Fig. 6. Plan du site d’Entrammes au “Clos des Primevères” (Mayenne), d’après Guillier et al. 2015 et Bossard et al. 2018, modifié.

L’étude carpologique a montré que les stocks étaient pour l’essentiel composés de blé amidonnier (à 80 %). Leur analyse approfondie a permis de mettre en évidence des différences entre les lots, résultant de pratiques culturales diversifiées et de modes de traitement variés. Ainsi, B. Pradat a pu relever des “techniques de récolte multiples qui mettent en œuvre des gestes et des outils différents17. Ces observations constituent des arguments forts pour asseoir l’hypothèse que les denrées rassemblées sont issues de plusieurs cellules productrices, d’autant que certaines céréales ont poussé sur des sols calcaires qui ne sont pas de même nature géologique que ceux sur lesquels l’agglomération est édifiée18. Un parallèle peut être évoqué avec le site de Danebury, pour lequel l’étude de M. Jones a aussi montré, à partir du cortège de mauvaises herbes identifié dans les stocks, que les denrées alimentaires de ce site provenaient de plusieurs kilomètres aux alentours. De même à Roseldorf Sandberg (Basse-Autriche), l’important lot d’écofacts étudié (plus de 20 000) a permis de mettre en évidence que des semences de plantes fourragères (fétuque, trèfle…) provenaient d’au moins 10 km, car elles poussent sur un substrat acide qui n’est pas celui du site.19

À Entrammes, la question se pose de savoir si cet entrepôt vise à nourrir la population de l’agglomération ou si le rôle économique de cette dernière était basé sur le commerce des céréales. Si cette donnée ne nous est pas accessible, le véritable intérêt du site est qu’il confirme que des céréales cultivées dans les fermes ont bien été acheminées vers des agglomérations, afin soit d’y être consommées, redistribuées ou vendues, peut-être sous une autre forme. 

À Entrammes, les stocks de blé, si tous les greniers étaient pleins en même temps, pouvaient totaliser près de 100 t, ce qui en théorie pourvoyait en céréales environ 270 personnes sur une année. Ce chiffre est compatible avec la population d’un village, mais les moyens de stockage étaient peut-être bien plus importants que ce que la fouille a permis d’observer, un groupement humain plus dense ne pouvant être exclu.

Dans le Maine-et-Loire, l’agglomération du “Pichelots” aux Alleuds, fondée au début du IIe s. a.C., a livré une trentaine de silos stéréotypés du point de vue de leurs formes et dimensions. Leur contenu moyen avoisine 2,1 m3, ce qui constituait des réserves pour plus de 130 personnes20. Là encore, un espace spécifique est dédié au stockage, sur un site dont on ne peut assurer qu’il était producteur. 

À Acy-Romance dans les Ardennes, l’agglomération d’une quinzaine d’ha, presque entièrement fouillée, est créée vers 180 a.C.  par de nouveaux arrivants qui s’installent sur des terres désertées depuis plus de deux siècles21. Elle périclitera autour des années 80 a.C. On relève d’emblée que l’organisation du stockage n’offre aucun point de comparaison avec le site d’Entrammes. À Acy-Romance, il n’y a pas un quartier dévolu à cette activité, au contraire les structures de stockage sont associées aux unités domestiques. 

Dans la ville gauloise de Moulay (Mayenne), probable chef-lieu de la cité gauloise des Diablintes, les 4 ha décapés ont permis la reconnaissance d’une quarantaine de bâtiments. Les édifices correspondent pour la plupart à des maisons d’habitation, accompagnées de leurs dépendances, annexes et greniers, organisés de manière rationnelle au sein de l’espace urbain, dans des parcelles loties parfois délimitées au sol par des petits fossés22.

Ces exemples contradictoires limitent nos hypothèses. À Acy-Romance et à Moulay, chacune des maisons bénéficiait de ses propres réserves, mais on ne peut exclure qu’il existait dans un environnement proche, comme à Entrammes et à Vue, des aires réservées à un stockage massif, où les habitants pouvaient se fournir, à moins que l’accession à ces produits se fît lors de marchés comme au Titelberg ou bien encore qu’ils soient eux-mêmes producteurs. Il est encore trop tôt pour répondre à ces questions, mais l’émergence d’autres classes socio-professionnelles a certainement nécessité des points de vente, sous forme d’échoppes, où il devait être possible à tout un chacun d’acquérir de quoi se nourrir. 

Les produits de l’élevage 

Des études adoptant une focale territoriale resserrée, avec des corpus bien maîtrisés, permettent une reconnaissance affinée des formes d’élevage dans différentes régions, et la détermination de la destination des produits carnés. Dans le sud du Bassin parisien, couvert par les territoires des Carnutes, des Turons et des Bituriges Cubi, le bœuf, le mouton et le porc cumulent 90 % du corpus, mais le rapport entre chaque espèce varie en fonction du peuple et de la période. Le porc domine chez les Bituriges Cubi, alors que, chez les Carnutes, le bœuf augmente progressivement et les caprinés y sont mieux attestés, tandis que, chez les Turons, la préférence va aux porcs et aux bœufs, au détriment des caprinés23. L’avantage donné aux bœufs s’accompagne d’une baisse des effectifs des individus les plus jeunes sur les établissements ruraux, ceux-ci alimentant supposément des marchés et fournissant une viande de qualité aux populations urbaines. En revanche, l’abattage d’une part des bovins y intervient plus tardivement (après quatre ans), ce qui reflète une autre gamme de consommation et un maintien en vie prolongé des animaux pour la traction. Ce phénomène est récurrent dans les fermes de la région, mais aussi dans celles de l’Aisne et de l’Ouest. Par l’étude de l’ensemble faunique d’Ifs, dans la Plaine de Caen, G. Auxiette a montré une nette régression de l’abattage des animaux juvéniles, entre La Tène moyenne et La Tène finale, qu’elle met en relation avec un appauvrissement des fermes, mais qui pourrait correspondre avec le développement d’une agglomération, même si aucun site de cette nature n’est pour l’instant repéré dans un environnement proche24.

Cette synthèse s’accorde avec ce qui est perçu au niveau d’un site, celui de Levroux en territoire des Bituriges Cubi. Fondée au début du IIe s. a.C., cette agglomération ouverte joue un rôle économique important au sein de l’organisation territoriale de ce peuple. Des activités bouchères spécialisées, et le travail des sous-produits des animaux (cuir, objets en os, corne), y ont été reconnus. C’est aussi un espace de redistribution de demi-produits en fer et un relais dans les réseaux d’échanges à longue distance, notamment avec le monde méditerranéen. Ce regroupement de population offrait donc des débouchés importants pour les produits issus de l’agriculture, et ce, jusqu’à son abandon aux environs de 80 a.C. Les analyses archéozoologiques ont pu y mettre en évidence une production spécialisée qui consistait en la préparation de pièces de porc salé. Quatre restes de fémurs présentent des incisions sur leurs diaphyses, semblables à celles observées sur des jambons actuels après consommation25. Mais les enseignements livrés par le matériel osseux de ce site vont bien au-delà, les analyses isotopiques et ostéométriques ayant en effet permis de montrer que les animaux n’étaient pas élevés sur place, mais provenaient de plusieurs cellules de production. Leur abattage autour de 2 ans témoigne d’une sélection rigoureuse, qui vise à la standardisation (leur format et leur poids sont similaires), mais c’est aussi à cet âge que l’animal atteint sa maturité pondérale. Passé ce cap, son poids n’augmente plus beaucoup alors que sa consommation reste identique, à deux ans, le ratio qualité organoleptique/poids de viande est donc idéal. Des fermes proches, ou plus éloignées de cette agglomération, ont donc été dans la capacité de répondre à cette demande. L’élevage du porc bénéficie d’atouts non négligeables. De petite corpulence, il demande peu d’espace et peut satisfaire une bonne partie de ses besoins alimentaires en pâture, il se reproduit vite et beaucoup et il grossit rapidement, qualités qui ont été très appréciées des éleveurs, si l’on en croit l’augmentation constante des effectifs de cet animal dans un grand quart nord-est, comme l’a mise en évidence la synthèse portant sur la France septentrionale26. Produire vite et beaucoup constituait la garantie de revenus importants. La fourniture d’animaux ayant atteint les qualités requises peut correspondre à deux scénarios : soit les consommateurs ont exigé la livraison d’un produit standardisé, répondant à leurs besoins, soit les producteurs sont eux-mêmes responsables de ce choix, afin d’écouler sur le marché des animaux ayant atteint leur rentabilité optimale, car prolonger leur entretien aurait été moins lucratif. La spécialisation bouchère de l’agglomération va donc de pair avec une conduite de l’élevage normalisée27. Cette spécificité touche aussi les moutons, dont l’exploitation avant le IIe s. se partageait entre une recherche des sous-produits (lait, laine) et de la viande, tandis qu’ils ne font plus l’objet, ensuite, que d’un traitement boucher. 

Dans l’Aisne, les études des établissements ruraux ont également montré que la part du porc augmentait au cours du temps et, plus particulièrement, sur certains sites importants d’un point de vue hiérarchique à La Tène finale28. Dans certains cas, comme sur l’oppidum de Boviolles (Meuse), il a été constaté que leur taille moyenne était légèrement supérieure à celle des porcs de cette période29. Une évolution des dimensions osseuses de cet animal est d’ailleurs relevée pour l’ensemble de la Gaule, dès le milieu du second âge du Fer30, au moment même où les effectifs de fermes se développent. Le porc n’est pas le seul animal qui bénéficie d’une augmentation de sa taille, toutes les catégories animales sont concernées, mais des variations régionales sont constatées (fig. 7)31. Selon S. Lepetz, cette croissance n’apparaît pas relevée de connaissances zootechniques, mais plutôt liée à la qualité de la nourriture32. La production de fourrages et l’utilisation de protéagineux dans le régime alimentaire des animaux favorisés par la mise en place de prés de fauche et de prairies artificielles en seraient à l’origine. L’affourachement du bétail a été facilité par le développement de la faux dont l’usage a permis la constitution de stock. En nourrissant mieux le bétail lors de sa stabulation hivernale, ce dernier aurait gagné en masse pondérale. Une grande partie des bâtiments classés dans les annexes pourrait correspondre à des fenils, en stockant du foin dans le corps des fermes, les éleveurs pouvaient plus aisément pourvoir à l’alimentation des animaux.   

Cartographie des sites de la fin du Premier âge du Fer et des découvertes terrestres anciennes, à Lyon.
Fig. 7. Évolution de la longueur des os de porc dans le Nord, le Centre, le Sud-Ouest et le Sud-Est de la Gaule, en Germanie et en Italie, entre le VIe siècle a.C. et le VIIe siècle p.C. Chacun des points placés sur les graphiques correspond à la moyenne des valeurs calculée pour une période donnée. Les courbes polynomiales, construites avec Excel©, résument la tendance générale. La silhouette de cochon a été dessinée par Michel Coutureau (Inrap), en collaboration avec Vianney Forest – © 1996 ArcheoZoo.org d’après Duval et al. 2016.

Dans les centres urbains, les animaux sont abattus dans des espaces, semble-t-il, réservés à cette activité. C’est du moins ce que suggère une répartition des reliefs du traitement de la carcasse qui ne se trouve pas au même emplacement que les vestiges liés à une découpe de détail qui sont eux aussi dissociés des lieux de consommation. 

Sur l’oppidum de Villeneuve-Saint-Germain, plusieurs espaces ont été identifiés comme des boucheries, dans lesquelles les trois principales espèces domestiques étaient abattues quand elles atteignaient des conditions optimales en poids et qualité de viande. Cet abattage standardisé, même s’il ne bénéficie pas des mêmes analyses qu’à Levroux, renvoie à une sélection d’animaux provenant de plusieurs cheptels, certainement élevés dans les exploitations agricoles proches, bien qu’il soit aussi possible qu’une partie d’entre eux aient été élevés sur l’oppidum lui-même ou à ses abords33.

Les études des découpes bouchères des trois principaux animaux (bœuf, porc, mouton) témoignent d’une pratique expérimentée qui s’assimile à une spécialisation des artisans. Par sa masse, le bœuf y supplante les autres animaux dans la production de viande. Les os longs de cet animal ont été concassés dans l’optique d’en extraire la moelle et la gélatine peut-être en vue de préparations alimentaires en gelée34. Au Titelberg, une telle pratique a aussi été notée, mais dans de moindres proportions, elle s’y accompagne d’une fragmentation des os de pied peut-être dans une opération qui visait à obtenir de l’huile de pied, utile à l’entretien des cuirs35 Villeneuve-Saint-Germain, en plus de cette activité bouchère, un traitement des peaux de chiens pour la préparation de fourrures a montré qu’elles étaient livrées brutes, car les carcasses étaient absentes36. Un travail de pelleterie mettant en jeu différentes espèces sauvages, dont les restes sont d’ordinaire discrets, a aussi été mis en œuvre sur l’oppidum des Trévires. Au pied de l’oppidum de Boviolles, sur le site du “Cul du Breuil” la fréquence des os de pieds de bœufs, ainsi que la présence d’une cinquantaine d’amphores de l’île de Lipari qui ont possiblement contenu de l’alun, conduit à proposer une activité spécialisée sur le traitement des peaux de bœufs37.

Les espaces de regroupement de populations (agglomérations et villes) s’affirment comme étant des centres importants pour les débouchés des produits de l’élevage. La convergence d’animaux ayant atteint toutes les qualités requises pour en faire d’excellents produits de boucherie, de spécialisations charcutières (jambon), de conserves, voire de plats en gelée (conditionné ?), témoigne d’une économie de marché en plein essor. Elle sous-tend des systèmes de production, et des réseaux de distribution complexes dont certains segments sont documentés, tandis que d’autres restent dans l’ombre. 

Dans ces centres urbains, les animaux font donc l’objet d’un traitement complet dont la transformation dégage de nouveaux produits qui entrent à leur tour dans un cycle commercial et favorisent l’émergence de toute une gamme de métiers (artisans, tabletiers, cornetiers, marchands). Leur diffusion, dont une partie pouvait retourner aux fournisseurs de matières premières eux-mêmes, s’effectuait à l’échelle extrarégionale, entre les peuples gaulois, mais aussi en dehors de la Gaule, comme l’attestent les traces matérielles des importations qui transitent sur ces sites ainsi que certains passages des écrits antiques. 

Conclusion

Le IIe s. a.C. apparaît comme un siècle florissant. Les domaines mis en place aux siècles précédents multiplient les cellules productrices dans leur orbite et orientent leurs productions afin d’obtenir une rentabilité optimale. Certains d’entre eux se lancent même dans des spécialisations, en plus de celles des produits issus de l’agriculture, pour augmenter leurs bénéfices. Les denrées sont écoulées dans les agglomérations qui se développent dans le même temps. Si leur fondation est antérieure, c’est véritablement au cours de ce siècle qu’elles prennent leur essor en Gaule. Les biens produits par le monde rural y sont acheminés en vue d’y être consommés ou redistribués. Lors de ces convoyages, probablement à l’occasion de marchés, les bénéficiaires des domaines se fournissent en produits ou semi-produits qui leurs permettront d’accroître leur autonomie (lingots de fer par exemple). L’ensemble des indices indique que tout concourait à un avenir prospère. Climat, croissance économique et démographique, commerce à différentes échelles témoignent de signaux positifs. Les liens villes campagnes méritent d’être plus amplement étudiés. Mais à notre sens cet examen ne peut être conduit à une large échelle pour l’instant, dans un premier temps il serait préférable de se concentrer sur des secteurs dans lesquels les données archéologiques témoignent de la diversité des habitats, puis seulement dans un second temps de comparer les diverses situations observées entre elles.


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Notes

  1. La constitution d’une base de données a été entreprise en 2005 à l’initiative de l’Inrap, afin de compulser de manière homogène l’ensemble des sites ruraux laténiens en France du VIe siècle a.C. au début de notre ère. Seuls les sites interprétables du point de vue de leurs fonctions, car reconnus sur une surface suffisamment importante, sont pris en considération. Elle est consultable en ligne :  http://agedufer.inrap.fr
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Comment citer

Malrain, François, “Des campagnes maitrisées : un facteur clé du développement urbain au nord de la Gaule”, in : Hiriart, Eneko, Krausz, Sophie, Alcantara, Aurélien, Filet, Clara, Goláňová, Petra, Hantrais, Juliette, Mathé, Vivien, éd., Les agglomérations dans le monde celtique et ses marges. Nouvelles approches et perspectives de recherche, Pessac, Ausonius Éditions, collection NEMESIS 1, 2023, 37-60, [en ligne] https://una-editions.fr/des-campagnes-maitrisees [consulté le 05/01/2023].
10.46608/nemesis1.9782356135285.2
Illustration de couverture • orthophoto, géophysique, lidar
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