“Nous allons apprendre à écrire d’une manière uniforme
à nos confrères de tous les pays1”.
En 1875, Gabriel de Mortillet (1821-1898) et Ernest Chantre (1843-1924) (fig. 1), pionnier lyonnais de la Protohistoire, signent ensemble un texte qui porte sur la proposition d’une légende, destinée à la cartographie archéologique. Selon eux, la paléoethnologie deviendrait alors “la première science possédant un langage international2”. L’histoire de cette légende internationale proposée par Chantre et Mortillet est un observatoire concret des dynamiques internationales dans les disciplines archéologiques pendant le dernier quart du XIXe siècle3. Dans les pratiques cartographiques, les légendes sont bien plus qu’un élément marginal4 et ce cas concret nous livre un exemple de la créativité à l’œuvre dans les sciences, dans ces années de grands bouleversements.
Des études récentes mettent en valeur le support cartographique comme un objet d’étude à part entière. Dans plusieurs travaux, Susanne Grunwald5 a montré que l’histoire des cartes en archéologie était un champ d’étude aux potentiels multiples. De nouvelles perspectives historiques et matérielles de la cartographie française ont été récemment soulevées6. Cet avancement des recherches permet de caractériser la production et l’utilisation des cartes archéologiques dans la seconde moitié du XIXe siècle où ces supports sont privilégiés par certains savants pour rendre compte de la présence et de la répartition géographique des vestiges des sociétés passées. Étudiés pour eux-mêmes, ces documents disent beaucoup des conceptions théoriques de leurs auteurs. Ils révèlent en outre les sources et les influences de ceux-ci, en s’inscrivant systématiquement dans le sillage de travaux plus anciens ; les cartes “sont toujours redevables de travaux antérieurs et de multiples contributeurs7”. Pour Mortillet, en l’occurrence, “la géographie archéologique (…) embrasse tout à la fois la géographie ancienne et l’exposé géographique des découvertes archéologiques8”.
L’inventaire et la mise en ligne récente des archives de la Commission de la Topographie des Gaules (CTG) donnent une nouvelle impulsion aux recherches portant sur l’histoire de la cartographie archéologique. Ce programme favorise l’étude de l’expérience collaborative, commentée depuis longtemps, de la CTG9. Associant un vaste réseau de correspondants, cette commission fait dresser une dizaine de cartes et projette l’édition de trois dictionnaires10. Survivant à la chute du régime impérial de son initiateur, Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873), la CTG devient manifestement un moteur de la cartographie archéologique en France. Gabriel de Mortillet et Ernest Chantre sont tous les deux membres correspondants de la Commission.
Leur légende internationale pour les cartes préhistoriques11 se construit par étapes, depuis les années 1870 jusqu’à la fin des Congrès internationaux d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques (CIAAP), dans lesquels la pratique cartographique sera régulièrement considérée. Ce projet donne ainsi à voir les itinéraires intellectuels de plusieurs archéologues, français et étrangers, qui œuvrent à une cohésion savante internationale. Sa conception rend tangible la dynamique des CIAAP, co-fondés par Mortillet12, entre tensions nationales et objectifs communs13. Le projet de la légende est présenté par Ernest Chantre au Congrès de Stockholm, en 187414. L’année précédente, il s’était expliqué en post scriptum d’une lettre à Oscar Montelius :
“Le but que j’ai cherché à atteindre dans ma légende est d’arriver à une grande simplicité tout en restant complet et unis partout. Si mon projet est adopté nous aurions là un langage international des plus utiles et le moyen de faire produire rapidement beaucoup de cartes archéologiques qui ne se font pas généralement par suite des difficultés que l’on rencontre à reproduire sur la topographie les gisements d’antiquités diverses15”.
Dès son invention, cette légende internationale est un projet collaboratif. Pionnière, elle doit servir à uniformiser et standardiser les cartes thématiques pour l’archéologie préhistorique en Europe. À titre de définition, “l’objet des cartes thématiques est de donner sur un fond repère, à l’aide de symboles qualitatifs ou quantitatifs, une représentation conventionnelle des phénomènes localisables de toute nature, et de leurs corrélations16”. Un véritable “langage graphique17” est alors imaginé, dessiné et reproduit pour compléter des fonds de cartes, afin de rendre intelligibles des données18. De manière générale, le recours à la cartographie relève d’une “intention savante et sociale19” encadrée par des enjeux esthétiques, scientifiques et techniques. Les années 1870 marquent un tournant pour les possibilités techniques, avec le renouvellement des méthodes de production et reproduction des cartes. Le remplacement progressif de la lithographie par la zincographie a permis d’augmenter considérablement le nombre de cartes produites20. Le Dépôt de la Guerre, qui élabore les cartes d’état-major alors retenues par la CTG, profite des essais des entrepreneurs et adopte prudemment les nouvelles méthodes. Aussi, les premières cartes en couleurs du Dépôt de la Guerre datent seulement du début des années 1860. L’échelle des cartes d’état-major est alors rapidement fixée au 1 : 80 000. Devenues beaucoup plus lisibles par l’introduction de la couleur, les feuilles parues dès les années 1870 facilitent la production de cartes thématiques.
Le premier jalon du projet de légende internationale est la présentation d’un système de signes (fig. 2) par le comte polonais Aleksander Przezdziecki (1814-1871) au Congrès de Bologne, en 187121. Représentant des membres de la Société scientifique de Cracovie, il rapporte leur volonté de produire des cartes archéologiques “qui auraient un caractère d’internationalité22”. Il présente une carte de “l’ancienne Pologne” avec des “signes mnémoniques”, qu’il conviendrait de qualifier d’icônes23. Giovanni Capellini (1833-1922), déjà présent lors de la fondation des CIAAP en 1865 à La Spezia (Italie), réagit à cette présentation en rappelant que des cartes du même type ont déjà été proposées, entre autres par la CTG. Une commission de sept savants est alors nommée, comprenant Émile Cartailhac (1845-1921), Hans Hildebrand (1842-1913) et Przezdziecki lui-même, pour concevoir un système international24. Après le décès du Polonais, Ernest Chantre se réappropriele projet qu’il présente à Lyon, en 1873, à la session de l’Association française pour l’avancement des sciences (AFAS)25. Sans hésitation, Gabriel de Mortillet (fig. 3) apportera son soutien scientifique et stratégique à l’entreprise du jeune collègue lyonnais, alors attaché du Muséum d’histoire naturelle de Lyon.
La fabrique collaborative des cartes :
transmission et stratégie
“Cher maître et ami” : Gabriel de Mortillet et Ernest Chantre
Les échanges entre Mortillet et Chantre sont avérés dès 1866, à propos des vestiges du lac de Paladru et des Matériaux pour l’histoire positive et philosophique de l’homme26. Remarqué pour ses découvertes et ses démarches pour la conservation des blocs erratiques, Chantre est invité par Mortillet au Congrès de Norwich (Angleterre) en 1868, auquel il n’assistera finalement pas27. Mortillet sollicite également son jeune collègue afin de compléter une feuille de la Carte de la Gaule du Dictionnaire archéologique de la Gaule, l’un des projets de la CTG28. La Carte bénéficie donc, par l’intermédiaire de Gabriel de Mortillet, des données préhistoriques de Chantre. Ce dernier avait déjà présenté ses travaux sur les grottes du Dauphiné à la Société géologique de France29. Aussi, l’attaché du Musée de Saint-Germain l’encourage à devenir “correspondant du Dictionnaire des Gaules30”. Ernest Chantre est ainsi nommé membre correspondant de la Commission de Topographie des Gaules en 1870.
Toutefois, si Ernest Chantre fournit ses données à la CTG, il n’est finalement pas impliqué dans son fonctionnement réel. En effet, en décembre 1873, il semble encore ignorer les signes graphiques de la légende utilisés dans les cartes éditées par la Commission. C’est Mortillet qui l’informe et Chantre reconnaît alors une certaine proximité entre sa légende et celle de la CTG : “Je vois avec plaisir que je ne m’en éloigne pas beaucoup, quoique j’ai dû y apporter pas mal de changements31”. De son côté, Mortillet, qui a bien recours à la cartographie dans ses travaux, demande à Chantre, en 1878, les modalités d’acquisition de report de la carte d’état-major :
“Pour une carte paléoethnologique des environs de Paris, j’ai besoin du report de quatre feuilles de l’Etat-Major. A qui faut-il s’adresser pour l’obtenir ? Et quelles sont les démarches à faire ? Vous devez savoir cela par suite de votre belle carte glaciaire32”.
Gabriel de Mortillet et Ernest Chantre partagent de nombreuses conceptions scientifiques et politiques, malgré quelques divergences d’opinion dans un second temps. Anticléricaux, évolutionnistes, ils s’accordent fréquemment sur les enjeux principaux des sciences préhistoriques. Chacun des deux aura l’opportunité de concrétiser et diffuser ses idées, Mortillet au Musée de Saint-Germain, Chantre au Muséum d’histoire naturelle de Lyon33. Dans sa galerie d’anthropologie, à la fois laboratoire d’étude et lieu pratique d’enseignement, Ernest Chantre ordonne les collections archéologiques et anthropologiques. Au Muséum, il donne une place au Tableau archéologique de la Gaule, synthèse du système chronologique que Mortillet avait présenté en 1875 à l’Exposition internationale de Géographie34. Deux cartes de la CTG sont présentées à cette même occasion, l’une par Mortillet sur le Paléolithique, et l’autre par Alexandre Bertrand (1820-1902), directeur du Musée de Saint-Germain, sur les dolmens et les tumulus35. Émile Cartailhac, dans un compte rendu de cette exposition, critique alors les activités cartographiques de la CTG36. D’après lui, les documents présentés par la Commission sont les même que ceux montrés lors de l’Exposition universelle de 1867. Il remarque que la carte de Bertrand n’est encore qu’un simple projet et que le nom de Gabriel de Mortillet, pourtant l’un des acteurs principaux de la cartographie à la CTG37, est omis sur la carte que ce dernier a fait dresser.
Dans son Archéologie celtique et gauloise, Alexandre Bertrand, qui est aussi secrétaire de la CTG depuis sa création, réclame “l’honneur d’avoir dressé (…) la première carte de ce genre38”, à savoir une carte de la répartition des dolmens39. Sur une autre carte, portant sur l’ère celtique40, on trouve de la même manière “dessiné(s) (…) les contours de chaque groupe matériellement figuré41”. Ces cartes, tirées en 1875, accompagnaient le troisième fascicule du Dictionnaire des Gaules. Bertrand, a priori hostile à ce qu’il qualifie d’“esprit de système42”, s’attribue aussi l’initiative des signes employés dans la légende de la CTG43. Pour lui, le nécessaire “travail de statistique” sur l’inventaire des découvertes prendra tout son sens une fois les résultats projetés dans la carte “où la lumière se fait et où de ces divisions se dégage une vérité nouvelle41”. Avec cette intention, les travaux de la CTG ont été un jalon essentiel de la production des cartes archéologiques, dessinées alors par des militaires qui maitrisent parfaitement la cartographie de terrain. La Commission a adressé des milliers de formulaires à ses correspondants. Les données recueillies ont été compilées sur des cartes, sous forme de fiches et dans le Dictionnaire archéologique de la Gaule44. L’un des objectifs de la CTG était de reporter les informations des correspondants sur des supports cartographiques45. Les pratiques d’inventaires de la Commission révèlent de nombreuses difficultés inhérentes à la normalisation des données et à leur report sur des cartes.
Gabriel de Mortillet, confronté à tous ces problèmes, se montre de plus en plus critique à l’égard de la CTG. Il s’engage dans d’autres procédés de la cartographie archéologique de pair avec Ernest Chantre et en mobilisant les acteurs des Congrès internationaux. Les deux finiront par rompre volontairement avec le système porté par Bertrand et la CTG et poseront des bases nouvelles appuyées sur ce qu’ils maîtrisent. Grâce à leur parcours individuel et leur formation respective en géologie, Mortillet et Chantre sont en effet familiers avec les cartes géologiques. Gabriel de Mortillet, en tant qu’ingénieur-géologue, participe dès 1857 à la construction de voies de chemin de fer dans l’Italie du Nord (Lombardie et Vénétie)46. Il publie alors plusieurs cartes, comme la Carte des anciens glaciers du versant italien des Alpes47. Par ces expériences pratiques, Mortillet a l’habitude de manipuler, consulter et produire des cartes thématiques : il est compétent et crédible pour aborder la cartographie préhistorique.
Les cartes géologiques d’Ernest Chantre
En 1879-1880, Ernest Chantre et son ami Albert Falsan (1833-1902), géologue lyonnais, publient une Monographie géologique des anciens glaciers et du terrain erratique de la partie moyenne du bassin du Rhône, précédée d’un Atlas (1875)48. Falsan, apprécié pour ses qualités d’artiste, fait aussi dresser des cartes géologiques locales, parfois en chromolithographie, dont une dans sa Monographie géologique du Mont-d’Or lyonnais et de ses dépendances49. Dès la fin des années 1860, les deux Lyonnais sont encouragés par la Société géologique de France à rédiger la Monographie géologique des anciens glaciers. S’inspirant des recherches de la Société helvétique des sciences naturelles, ils cherchent ainsi à caractériser le “dernier grand phénomène géologique de l’Europe, phénomène dont l’homme peut-être a été le témoin50”. En 1868, ils lancent ainsi un appel à participation“pour le tracé d’une carte géologique du terrain et des blocs erratiques des environs de Lyon”. Cette brochure contient des instructions précises et un formulaire sous forme de tableau51. Elle donne des consignes pour l’observateur sur le terrain et comprend des recommandations sur les cartes – la carte d’état-major étant privilégiée – comme sur les figurés à employer. Les collaborateurs auront, entre autres, à préciser la localité, l’altitude, les dimensions du bloc, son propriétaire et les légendes associées au bloc. De cette manière, Chantre et Falsan compilent et normalisent les informations qui leur parviennent pour localiser, identifier et protéger les blocs erratiques.
Albert Falsan et Ernest Chantre communiquent leurs résultats à Eugène Belgrand (1810-1878), alors président de la Société géologique de France. Ils adhèrent aux théories glaciaires pour le déplacement des blocs erratiques52. Pour la réalisation de l’atlas, ils s’approprient un système de lignes colorées et de signes conventionnels pour matérialiser les déplacements des glaciers :
“Nous avons donc essayé de reproduire sur des cartes de l’état-major, au moyen de lignes teintées, toutes ces stries réelles ou fictives, dont l’ensemble permît ainsi d’embrasser d’un seul coup d’œil toute l’extension du phénomène glaciaire et la marche de sa progression avec tous ses détails53”.
Dès lors, Ernest Chantre apprend, avec l’appui d’un géologue expérimenté, à compiler des observations sur le terrain fournies par de nombreux collaborateurs. Les informations standardisées deviennent des données uniformes. Elles sont saisies dans des inventaires et projetées sur des fonds de cartes. À travers cet apprentissage, Chantre mobilise un appareil technique complexe de la cartographie (utilisation de la chromolithographie) et acquiert des compétences concrètes dans le domaine de l’édition. Dès le départ, ce travail collaboratif de la cartographie géologique a dû être pour lui une expérience stimulante.
Depuis le début des années 1870, Ernest Chantre éprouve en parallèle un nouveau système de légende afin de favoriser la production de cartes archéologiques à l’échelle européenne. Il invente seul un certain nombre de signes conventionnels et couleurs54 et réduit les découvertes à un ensemble de symboles. Ce transfert de pratiques et de savoir-faire entre la géologie et l’archéologie l’autorise à préconiser, de façon ambitieuse, des figurés et des solutions techniques pour les cartes archéologiques à ses “confrères de tous les pays55”.
“Je ne tiens pas à ma légende56” : la légende internationale pour les cartes préhistoriques
De Lyon à Stockholm, itinéraire d’un
Rapport sur la légende internationale
Lors de la deuxième session de l’AFAS57, en 1873 à Lyon, Albert Falsan présente les cartes des glaciers58 et Ernest Chantre intervient dans la section d’anthropologie pour présenter la légende appliquée à une Carte archéologique du bassin du Rhône pour les temps préhistoriques25. Chantre est l’un des membres fondateurs de l’AFAS et l’un des principaux contributeurs de la section d’anthropologie59. La même année, le Muséum d’histoire naturelle de Lyon termine sa réorganisation sous la direction de Louis Lortet (1836-1909), assisté de Chantre et d’autres collaborateurs. Chantre est alors dans une période intense de son parcours scientifique, il participe à la création de la Société de géographie de Lyon et apporte son soutien aux Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de l’homme, revue fondée par Gabriel de Mortillet et alors dirigée par Émile Cartailhac.
La communication orale de Chantre sur la légende internationale a dû différer sensiblement de ce qui paraît dans le compte rendu du congrès et où l’auteur insiste sur l’utilité de “l’adoption générale d’une légende internationale25”. En effet, deux semaines après le congrès, il s’adresse à Édouard Desor (1811-1882), le célèbre géologue et préhistorien suisse, afin de lui soumettre la légende qu’il espère présenter aux participants du Congrès de Stockholm54. Il sollicite donc l’avis compétent d’un savant plus autorisé que luipour son projet, qui est d’unifier les systèmes de légende “et de voir se produire des cartes archéologiques” puisque “le besoin commence à s’en faire sentir comme celui des cartes géologiques apparu il y a vingt ans27”. Sur ce point précis qui relève des pratiques savantes et de la méthode, la filiation entre géologie et archéologie préhistorique apparaît ainsi très nettement.
Le document associé à la lettre adressée à Desor (fig. 4) atteste d’une proposition étonnante où les différents “gisements préhistoriques” sont symbolisés par des lettres majuscules, initiales du type de découverte. L’usage de couleurs différentes est envisagé pour chaque période. Édouard Desor constate les lacunes importantes du projet60. D’après lui, nombre d’antiquités (mines, tumulus, pierres à écuelles, etc.) ne sont pas prises en compte et il incite Chantre à consulter l’Archäologische Karte der Ostschweiz (“Carte archéologique de l’Est de la Suisse”) de Ferdinand Keller (1800-1881), parue en 1873, où est développé un jeu différencié de signes, majoritairement des indices et quelques symboles, en quatre couleurs indiquant l’époque61. Trois mois plus tard, Ernest Chantre, capable de réinventer son travail, annonce à Desor qu’il a “complètement changé de projet” et qu’il “n’admet plus que des signes conventionnels62”. Il fait désormais reposer son système sur celui de Keller et de la Commission de Topographie des Gaules qu’il citera dans le compte-rendu de l’AFAS25.
Ernest Chantre développe ici son système. Les cartes d’état-major employées pour le relevé des découvertes sont à l’échelle 1 : 80 000. Pour lui, les systèmes de légendes préexistants “sont ou trop compliqués ou insuffisants pour être adoptés universellement63”. Il commente certaines propositions dont celle de Przezdziecki, de Keller, de Jules Ollier de Marichard (1824-1901). Il rappelle le choix de la CTG, qui a “adoptée des signes conventionnels fort simples (…) au nombre de douze” mais précise que “la couleur noire est seule adoptée64”. Il met ainsi à profit un système déjà éprouvé en France et trouve sans doute une légitimation par l’évocation de la Commission.
Pour Chantre, l’unité du système est fondamentale, la légende permettrait de “montrer les corrélations qui existent entre beaucoup de gisements d’une façon plus exacte qu’on a pu le faire jusqu’à ce jour65”. Il souhaite, entre autres, “faire ressortir la marche de certaine civilisation66”.
La légende repose dès lors sur seize signes conventionnels, un pour chaque type de découverte, et quatre couleurs, une par période (fig. 5)67. Cette proposition cherche l’exhaustivité et porte clairement des ambitions internationales. Des changements significatifs interviennent entre cette version et la suivante qui est produite à Stockholm.
Une conviction au Congrès de Stockholm (1874)
En amont du Congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques de Stockholm, qui sera le lieu de présentation du projet, Ernest Chantre développe une relation épistolaire intense avec les organisateurs suédois. Pour ses travaux sur l’âge du Bronze, le Lyonnais sollicite Oscar Montelius et Hans Hildebrand, “(…) les deux hommes de bronze sur lesquels la science doit surtout compter en Scandinavie68”. Il communique une épreuve du projet de légende internationale à ses deux confrères, de la même génération que lui, et souhaite vivement en préparer la réception et la diffusion :
“Je serai bien heureux si la Session de Stockholm pouvait arrêter une légende internationale, définitive. Je ne tiens pas à celle que je propose d’une façon absolue, c’est un élément à discussion que je présente en demandant une commission internationale pour l’étudier et la discuter pendant la Session, voire même la changer complètement au besoin. Je ne tiens pas à ma légende. Je tiens à en avoir une bonne et internationale56”.
Lors du congrès, Ernest Chantre prend la charge de secrétaire avec son compatriote le géologue et anthropologue Paul Cazalis de Fondouce (1835-1931), l’anatomiste suédoisGustav Magnus Retzius (1842-1919) et Oscar Montelius. Hans Hildebrand est alors le secrétaire général de l’événement69. Le Lyonnais présente au congrès un travail Sur l’âge du bronze et le premier âge du fer en France70. C’est l’ébauche de son œuvre magistrale qui paraîtra en plusieurs volumes à partir de 187571 ; il en présente les premières planches lithographiées de l’album. Alexandre Bertrand, le conservateur du musée de Saint-Germain présent au Congrès, conteste alors la “méthode géologique” et les découpages chronologiques de cet âge du Bronze qu’il ne reconnaît pas en France. C’est bien sûr Gabriel de Mortillet, absent, qui est visé par cette critique et plusieurs personnalités, dont Hildebrand et Desor, interviennent dans la discussion pour défendre la position de Chantre. Ils renvoient notamment à l’acceptation d’un âge du Bronze en Scandinavie, en Angleterre, en Allemagne et en Italie. Cette controverse72 est bien documentée par les lettres échangées ces jours-là entre Chantre et Mortillet. Les faits révèlent les efforts collectifs, locaux et internationaux, hors des institutions traditionnelles73, qui ont permis à Chantre et Mortillet d’établir leur projet dans le congrès.
Le 14 août 1874, toujours à Stockholm, lors de la huitième séance du congrès présidée par Armand de Quatrefages (1810-1892), Chantre présente son Projet d’une légende internationale pour les cartes archéologiques préhistoriques. Ce rapport propose un état de la question au travers d’une analyse circonstanciée des légendes de cartes archéologiques existantes. L’auteur procède à un examen critique de treize cas, sept de ces légendes sont reproduites en couleur. Il synthétise ses conclusions sur deux pages et présente en seconde partie lui-même une carte paléoethnologique d’une partie du bassin du Rhône figurant une légende en couleur74. Ce rapport que Chantre a fait éditer à Lyon est distribué aux congressistes67. La question d’une légende internationale est alors jugée “très importante75” : une nouvelle commission internationale est immédiatement fondée, nommée Commission Chantre, associant Giovanni Capellini, Rudolf Virchow (1821-1902), Édouard Desor, Hans Hildebrand, et d’autres qui communiqueront leurs commentaires dans les trois mois à venir76. Le lendemain, la commission se rassemble sous la présidence de Capellini. Chantre et Mortillet sont alors nommés sous-commissaires pour “centraliser les observations et adresser un rapport77” qui paraîtra dans le compte-rendu du Congrès78.
La succession des événements au Congrès de Stockholm montre les circonstances de l’acceptation de la légende internationale, qui sera définitivement adoptée au Congrès de Budapest, en 187679. Le rôle de Chantre en tant que secrétaire, son réseau et celui de Mortillet facilitent la considération du projet. L’influence de Gabriel de Mortillet assurait la réussite de la proposition. La composition de la commission internationale montre ainsi l’engouement des membres les plus influents, effectivement ceux de la génération de Gabriel de Mortillet, pour le projet ambitieux d’un véritable langage cartographique international.
Une œuvre collective “fort simple, très nette et très précise80”
Un Rapport sur la légende internationale des cartes préhistoriques, version définitive qui tient compte des discussions au sein de la commission à Stockholm et des retours de ses membres par l’écrit, est publié dans les Matériaux11. Il comporte deux parties : l’une relative à l’histoire et à la présentation de la légende, signée Ernest Chantre, et l’autre sur “l’acceptation de la proposition par le Congrès”, signée par les deux sous-commissaires. On retrouve dans différents chapitres les cartes, les signes et les couleurs recommandés.
Gabriel de Mortillet participe activement à la réussite de la démarche par la diffusion de cette version : “Il faut donner une publicité immense à notre œuvre. C’est le seul moyen de la faire accepter de suite d’une manière générale. Mais pressons nous81”. Il souhaite faire connaître la légende par le biais d’un grand nombre d’imprimés et la diffuser largement dans les Matériaux et le compte rendu de Stockholm, mais aussi dans le compte rendu du congrès de géographie, dans L’Explorateur, La Revue scientifique, La Revue anthropologique, le compte rendu de l’AFAS de Nantes27… Le Dictionnaire des sciences anthropologiques contiendra encore une entrée sur la légende signée Gabriel de Mortillet82.
La diffusion d’un document illustré de ce type implique des enjeux techniques et financiers81. La qualité d’impression des signes – qu’il souhaite nets, réguliers, précis – préoccupe Mortillet. L’obtention et le partage d’épreuves conformes sont indispensables afin que d’autres auteurs puissent reproduire correctement les signes sur leurs cartes. Chantre et Mortillet échangent régulièrement à propos de ces contraintes. Leurs discussions montrent une connaissance profonde des usages de l’édition scientifique et notamment de l’impression des cartes. Absolument essentiels, les rapports de correspondances entre les archéologues et les “petites mains du savoir83” façonnent concrètement la production de la légende internationale.
Dans les faits, seuls les artisans-cartographes connaissent les possibilités cartographiques dépendantes du cadre technique. L’archéologue spécialisé doit alors saisir ces possibilités et ces limites avant de signaler précisément ses intentions, tout comme le cartographe doit être capable de penser l’objet de la recherche84. En effet, Mortillet se plaint de l’irrégularité des signes. Changeant d’éditeur, il regrette de ne pas s’être “directement adressé à [Gillot]. Il m’a mis en relation avec un lithographe fort intelligent qui a compris immédiatement la chose et l’a fort bien exécutée55”.
Ainsi, les indications données par le Rapport sur la légende internationale sont très précises11 et reposent sur une pratique manuelle de la cartographie. Ernest Chantre et Gabriel de Mortillet recommandent l’emploi de cartes à grande échelle et spécialement conçues pour cet usage. Trop coûteuses, leur utilisation peut être remplacée par des cartes muettes associées à des reports. Chantre et Mortillet listent de nombreux exemples de cartes utiles, pour chaque pays européen. Pour la France, ils recommandent la Carte de la Commission des Gaules au 1/800,000 sous sa forme muette. Les échelles, la représentation de la topographie, des routes et des noms de lieux sont autant de données techniques précisées dans le Rapport.
Les signes archéologiques préhistoriques permettent d’indiquer l’emplacement et la nature d’un vestige ou d’un site archéologique que les auteurs de la légende nomment indifféremment monument. Chantre et Mortillet souhaitent leurs signes généraux et internationaux : six caractéristiques sont alors indispensables, il faut des signes simples, tranchés, spéciaux, universels, mnémoniques, multipliables85. Faciles à lire et à dessiner, ces éléments graphiques doivent apparaître distinctement sur un fond de carte déjà surchargé. Utilisable par tous les archéologues, quelle que soit la langue du savant, les signes proposés relèvent aussi de la mnémotechnie. Leur caractère multipliable apparaît comme un point clef de la légende : “il faut donc que les signes forment comme une espèce d’alphabet avec lequel on puisse au besoin créer des mots nouveaux, des indications nouvelles86”. Cette propriété combinatoire est amenée à rendre la légende largement adaptable, spécialement dans ce contexte international, au-delà de la barrière de la langue, ce qui ouvre à une expérience inédite comparable à celle, contemporaine, de la construction de langues artificielles87. Trois types de signes sont ainsi créés, “les signes radicaux, les signes dérivés, et les signes complémentaires27”. Neuf signes radicaux forment la base de la légende (fig. 6)88.
Ces signes sont faits pour décrire tout type de vestiges, chacun étant associé à plusieurs sortes de découvertes. Les signes dérivés précisent ou transforment le signe radical : ainsi, le signe “tumulus” peut prendre sept formes différentes. Associé à d’autres signes radicaux – qui deviennent alors multipliables entre eux – ce seul signe peut déjà indiquer un tumulus sépulcral ou une motte, tumulus avec fossés. Changé en signe dérivé, le radical tumulus peut par exemple indiquer la présence d’une statue à son sommet ou l’existence d’une chambre de bois, c’est-à-dire d’un coffrage périssable89. De manière intuitive, “mnémoniquement” selon les auteurs, le graphisme de tumulus peut même se transformer “par l’allongement du radical” en un signe évoquant un long-barrow britannique.
Enfin, les signes complémentaires ont “un rôle analogue à celui des accents et des signes de ponctuation dans l’écriture90”. Permettant de spécifier l’état et le nombre de monuments, ils indiquent si celui-ci est fouillé, dégradé, détruit voire signalé à tort ou mal déterminé dans la bibliographie antérieure (fig. 7). Un petit figuré peut indiquer la période du vestige lorsque l’usage de la couleur est impossible.
En effet, comme dans le premier projet de Chantre, quatre couleurs différentes sont prévues pour signaler la période chronologique de chaque découverte. Ces couleurs sont “bien nettes, bien tranchées, inaltérables au jour et se lisant aussi facilement à la lumière artificielle qu’à la lumière naturelle91”. Les couleurs choisies sont ainsi le jaune-brun, le vert, le rouge et le bleu. Les deux dernières sont mnémoniques, le rouge évoquant le bronze en rapport avec le cuivre qu’il contient, le bleu les reflets du fer. Très précis, les signes proposés sont donc censés former un nouveau langage pour faciliter les échanges entre paléoethnologues de toute nationalité. Son fonctionnement mécanique se prête définitivement à un usage généralisé qui se passe des langues et des conventions nationales. Dans la pratique, sa mise en œuvre exige néanmoins des utilisateurs une volonté absolue d’apprendre et d’assimiler ce langage afin de profiter aisément du potentiel vanté par ses inventeurs. D’aucuns, quelque peu réfractaires, ont pu craindre que la complexité de ce système codé n’alourdisse la besogne.
Un outil pour les sciences préhistoriques
et protohistoriques
La preuve par les cartes
En 1875-1876, Ernest Chantre publie Âge du bronze : recherches sur l’origine de la métallurgie en France71 en seconde partie de ses Études paléoethnologiques dans le bassin du Rhône. Gabriel de Mortillet rédige une élogieuse présentation de cette publication à laquelle il avait lui-même collaboré92.Ce monument éditorial est composé de trois grands volumes illustrés, respectivement intitulés Industries de l’âge du bronze, Gisements de l’âge du bronze et Statistique, et d’un album in-folio de 79 lithographies. Trois cartes de grand format, en chromolithographie, viennent s’ajouter à cette œuvre considérable.
Les cartes de l’Âge du bronze, paraissent “à une époque où l’existence même de cet âge, comme phase chronologique distincte, était encore l’objet de vives controverses”, comme le rappelle J. Déchelette93. L’effet recherché, très visuel, est de matérialiser sur la carte les découvertes de cette période et de rendre ainsi visible leur présence sur un territoire donné. D’après les exemplaires de l’Âge du bronze considérés ici94, la première carte est reliée à la fin du volume Industries (fig. 8). Elle signale les découvertes des armes, les couleurs servant à distinguer pointes de flèches, épées et poignards. Deux autres cartes sont présentées avec le volume Gisements. L’une indique l’intégralité du mobilier métallique en France et en Suisse (fig. 9).Elle montre le nombre considérable de découvertes de l’âge du Bronze en France et au-delà. Dans le bassin du Rhône, particulièrement bien documenté, la densité des signes provoque un effet de saturation. Trois couleurs sont utilisées pour différencier des phases chronologiques.
La troisième carte se distingue par son format, le choix du fond et de l’échelle (fig. 10).Il s’agit d’une carte de l’Europe jusqu’à l’Oural. Une partie des découvertes apparaît ici par le biais des signes conventionnels, mais cette carte présente surtout de vastes à-plats de couleur formant des aires de répartition planes. Elles correspondent aux grands groupes géographiques que l’on trouve affichés dans la légende : le Méditerranéen, le Danubien et l’Ouralien. Chaque groupe se compose de provinces95. De cette manière, Chantre fractionne l’espace comme Mortillet découpe le temps, dans son Tableau archéologique de la Gaule96.
Dans son propre travail, Ernest Chantre donne un exemple de la flexibilité de la légende qui fonctionne comme une véritable “boîte à outils”. L’utilisateur peut mettre à profit le principe modulaire une fois qu’il en maîtrise le mécanisme. Chantre se montre lui-même créatif – et peu dogmatique – quand il se sert des couleurs pour signaler des informations complémentaires sur la carte. Cet exemple des cartes de l’Âge du bronze révèle aussi les limites d’un système fondé sur la promesse de tout intégrer. Certaines zones cartographiées étant surchargées, leur lisibilité est altérée, ce qui provoque toutefois un effet souhaité par Chantre pour livrer la preuve de l’existence d’un âge du Bronze en France97.
Une légende, des légendes,
en France et en Allemagne
Certains épisodes illustrent l’attachement de ses auteurs à la légende internationale. Chantre et Mortillet en réclament la paternité tout en souhaitant la diffusion et la réappropriation collective du projet. Dans les faits, la légende ne bénéficie pas d’une diffusion aussi importante que ses porteurs le souhaitent probablement. En 1876, lors du congrès de l’AFAS à Clermont-Ferrand, François Daleau (1845-1927) présente une Carte d’archéologie préhistorique de la Gironde98. D’après Mortillet, celui-ci “a distribué à tous les membres un tableau contenant tous nos signes pour les cartes préhistoriques avec l’indication par M. Dalleau (sic) […]. Quant à votre nom et au mien, ils brillent par leur absence99”. En France, la légende est surtout relayée par des personnalités proches de Chantre et Mortillet, comme Philippe Salmon (1823-1900) qui publie, avec Adrien Ficatier (1854-1915), une Carte préhistorique de l’Yonne associée à un inventaire100. C’est notamment Cartailhac qui déplore le trop grand nombre de cartes qui n’emploient pas les signes de la légende internationale. Lors de l’Exposition des sciences anthropologiques de 1878, il signale qu’elles “seront moins utiles et moins appréciées101”. Il reprend sa critique des cartes de la CTG qui n’adoptent pas les signes de la légende et oppose la Commission aux savants européens qui ont admis le système international102.
Ernest Chantre produit lui-même plusieurs cartes préhistoriques, ou paléoethnologiques, selon le système qu’il défend. Au congrès de l’AFAS à Grenoble, en 1885, il présente une carte du Dauphiné préhistorique103 et l’un de ses élèves, Claudius Savoye (1856-1908), instituteur dans le Beaujolais, publie Le Beaujolais préhistorique accompagné d’une carte avec les signes conventionnels104. Dans toutes ces publications, les signes de la légende complètent les tableaux récapitulatifs des découvertes. Pour les spécialistes, ce langage codé devient une option sténographique dans la correspondance, comme le prouvent les échanges épistolaires entre Gabriel de Mortillet, Ernest Chantre et Émile Cartailhac, qui joue un rôle central pour le projet en tant que directeur des Matériaux. Dans leurs lettres, les signes graphiques peuvent ponctuellement remplacer les termes techniques habituels.
Suite à l’édition du Rapport sur la légende internationale par Mortillet et Chantre105, et avant la parution des actes du Congrès de Stockholm78, une traduction allemande de leurs préconisations détaillées est publiée dans les deux derniers numéros pour l’année 1875 du Correspondenz-Blatt der deutschen Gesellschaft für Anthropologie, Ethnologie und Urgeschichte. Le secrétaire général, Julius Kollmann (1834-1918), se charge d’introduire cette version dans laquelle le lecteur trouve à l’identique les illustrations utilisées par les Français106. Cette diffusion rapide correspond parfaitement aux intentions de Virchow, illustre membre allemand de la Commission Chantre à Stockholm. Initiateur et cofondateur de cette Société allemande d’anthropologie, d’ethnologie et de préhistoire, le célèbre médecin pathologiste est par ailleurs aussi un homme politique engagé. Membre fondateur et président du parti libéral Deutsche Fortschrittspartei, ce contemporain de Gabriel de Mortillet est fermement opposé à la politique de Bismarck. Pour les cartes archéologiques, il avait bien appelé de ses vœux une solution fédératrice dans son propre pays depuis le début des années 1870107. Dans son entourage à Berlin, la proposition française est vite adoptée avant qu’une traduction n’en soit publiée. Le 25 avril 1875, Ernst Friedel (1837-1918), Commissarius für Archiv, Bibliothek und Sammlungen der Stadtgemeinde (responsable des archives, de la bibliothèque et des collections de la municipalité), adresse à Chantre ce message en français, sur l’exemplaire d’un appel aux dons pour un nouveau Culturgeschichtliches Museum : “Monsieur ! Nous sommes heureux de vous avertir, que notre Musée a adopté votre Légende Internationale pour la correspondance et la cartographie108”.
La cartographie archéologique en Allemagne se développe dans le contexte fédéral de l’organisation territoriale du pays109. La commission dédiée à celle-ci créée au sein de la Deutsche Gesellschaft für Anthropologie, Ethnologie und Urgeschichte est animée par le curé Oscar Fraas (1824-1897), géologue, paléontologue, anthropologue et préhistorien à Stuttgart. Depuis la capitale du royaume de Wurtemberg, il coordonne les contributions des collaborateurs représentant un grand nombre d’États germaniques, ainsi que l’Autriche, et fait tout pour promouvoir l’idée d’un document commun national, envisagé sous forme de deux cartes distinctes, pour les antiquités préhistoriques et romaines. Comme nombre de ses collègues, Fraas se montre très impressionné par une grande exposition nationale de Préhistoire et d’Anthropologie présentée à Berlin en 1880. Face à l’abondance et à l’authenticité de la matière réunie pour la première fois, il considère finalement que la carte n’est “qu’une représentation coloriée de nos connaissances préhistoriques, un traitement graphique de cette riche matière qui se présente sous nos yeux” (nur eine gemalte Darstellung unseres Wissens um die Vorgeschichte, eine graphische Behandlung des reichen Stoffes, der vor uns liegt) et il songe à de nouvelles stratégies comme la cartographie typologique110.
L’analyse de ce projet collaboratif des Allemands montre les nombreuses difficultés qui résultent de l’hétérogénéité des données cumulées et révèle de multiples champs d’expérimentation dans les territoires111. Fraas encourage en effet ses confrères à faire avancer leurs projets régionaux. Les expériences nouvelles nourrissent la discussion au sein de ce réseau national. À Munich, Friedrich Ohlenschlager (1840-1916), professeur de lettres classiques au lycée, prend à bras-le-corps le recensement des sites archéologique de Bavière pour la Société anthropologique. 15 feuilles de sa Praehistorische Karte von Bayern à l’échelle 1 : 25 000 sortiront entre 1879 et 1890, suivis par un registre112. En 1875, il avait déjà publié le catalogue des sites du Sud du Royaume comme premier extrait de l’immense fichier central qu’il gérait113. Ohlenschlager développe un jeu de signes sobre et restreint, des indices et symboles inspirés sans doute de la carte suisse de Keller, et utilise trois couleurs sur fond noir, essentiellement pour différencier les époques. Ponctuellement, pour des cartes synoptiques par période accompagnant la légende de ses cartes sur la feuille de titre de la Praehistorische Karte, il va également expérimenter l’usage des à-plats colorés114.
À Stuttgart, le spécialiste de cartographie militaire Eugen von Tröltsch (1828-1901) se charge d’une carte archéologique du sud-ouest de l’Allemagne. Il établit un important Statistik qui intègre, dans la mesure du possible, les zones dont la connaissance lui paraît indispensable pour son étude portant sur l’axe rhénan. Il intègre ainsi le bassin amont du Danube, le bassin du Rhône et l’Italie du nord. Avec ce travail, également préparé dans les années 1870, il vise à retracer les artères d’échanges commerciaux et à mettre en évidence les anciens axes de circulation115. Sa cartographie profite de la collaboration des responsables de cinquante musées et collections, et repose sur le dépouillement conséquent des ouvrages considérés comme fiables, parmi lesquels les travaux de Chantre116. Sa manière de dessiner des zones de répartition sur les cartes s’inspire peut-être non seulement des cartes géologiques mais aussi des productions de ses homologues français117. Cette Statistique des découvertes des âges des métaux préromains dans le bassin du Rhin est très impressionnante, mais si von Tröltsch précise systématiquement dans ses tableaux le lieu de conservation du mobilier, il ne donne jamais de source bibliographique118.
Malgré les efforts de ses inventeurs, la légende internationale ne trouve finalement pas le grand nombre d’adeptes attendu. Elle persiste dans les esprits des initiateurs, mais devient plutôt un système réservé à des initiés qui partagent certains idéaux à l’origine du projet. En France, l’usage des signes conventionnels témoigne manifestement de l’adhésion aux initiatives des personnalités parfois clivantes que sont Mortillet et Chantre. En Allemagne, le travail des Français est largement diffusé. Dans un contexte administratif très différent, plusieurs initiatives coexistent sans que les spécialistes n’arrivent à se mettre d’accord sur une ligne commune, même si leurs échanges au sein d’une commission nationale sont féconds. En 1875, les Zeichen für die prähistorischen Karten106 – le qualificatif international est relégué au second plan – ont dû apparaître à certains comme une voie salutaire pour la cartographie archéologique. Cela restera néanmoins illusoire et force est de constater que, de part et d’autre, même les éminentes personnalités de la génération “fondatrice”, comme Mortillet, Virchow et Fraas, ne parviennent pas à mobiliser assez de collaborateurs sur le long terme. Toutefois, dans certaines régions, des figures comme Tröltsch et Ohlenschlager réussissent à animer des projets collaboratifs.
Dans ces travaux novateurs, on observe de manière récurrente la difficulté de combiner efficacement l’édition des données mises en forme (“statistique”) et la cartographie – fruit de cette approche – censée matérialiser visuellement l’état des connaissances afin d’obtenir une vue d’ensemble. La légende de carte comme “clé de lecture et de compréhension119” joue un rôle décisif dans l’organisation de ce type d’ouvrage à caractère hybride, elle est indispensable au bon fonctionnement d’un tel dispositif associant le livre et la carte.
“Il a fallu y renoncer” : matérialisation d’un échec
Ce même problème se manifeste dans les projets d’Ernest Chantre. Dans son Âge du bronze71, incontournable dès sa parution, l’aller-retour entre les cartes et les statistiques imprimées n’est pas aisé et consulter ces dernières – éditées sous forme de deux tableaux qui occupent un volume entier de la publication – demande beaucoup de patience à l’utilisateur.
Dès 1878, Chantre pousse à l’extrême son entreprise statistique et cartographique. Il supervise seul un grand programme collaboratif qui a pour but l’édition d’un Atlas paléoethnologique par département accompagné d’une statistique alphabétique des découvertes relatives aux âges de la pierre, du bronze et du fer120. Cet ouvrage rassemble, en un seul volume, les cartes départementales et les inventaires des découvertes sous forme de tableaux. Les cartes et les répertoires intègrent les signes conventionnels.
Ce très gros livre est resté à l’état de manuscrit. L’édition de l’Atlas s’est avérée “trop coûteuse et trop spéciale121”, voire techniquement impossible. La qualité intrinsèquement dynamique de ce support, censé être tenu à jour en permanence, interdisait toute version définitive. Mortillet freine les ambitions de Chantre en pointant d’autres difficultés insurmontables. La coloration des signes aurait exigé un tirage par couleur et ainsi augmenté les coûts de production. Du reste, il finit par désapprouver l’emploi des couleurs. “Je vous dirai que je n’aime pas les signes en couleur différents. Je trouve que cela bariole les cartes, cela multiplie les signes et franchement, à mon avis, il n’y a pas d’intérêt scientifique. La lecture n’est pas plus facile, pour moi elle l’est moins122”.
Parvenu aux frontières matérielles de l’édition avec cette œuvre, Ernest Chantre délaisse pour un temps ce projet sans équivalent. En 1918 encore, il confie ses regrets désenchantés123 à Salomon Reinach (1858-1932) :
“Ce travail considérable forme un très gros volume que j’avais toujours espéré voir publier. Il a fallu y renoncer. L’histoire des tentatives que j’ai faites pour cela est fort curieuse et mériterait d’être publié après moi ; Je vous la raconterai un jour, elle en vaut la peine124”.
Pourtant, l’auteur de l’Âge du bronze l’avait déjà constaté : “chaque jour apporte une nouvelle découverte125”. Pour résoudre ce dilemme, il faut attendre les moyens numériques de notre époque et leur forme dématérialisée qui ouvre le chemin vers un outil permettant l’actualisation continue des données collectées et l’interactivité des légendes de cartes126. Chantre anticipe concrètement ce que l’on nomme aujourd’hui la Carte archéologique, c’est-à-dire des archives organisées et consultables, administrées par un personnel compétent et mises à jour en permanence. Dans son projet utopique, condamné à l’échec en son temps, germait une grande idée127.
En conclusion
Près de vingt-cinq ans après sa création, à l’occasion du Congrès de Paris de 1900, la commission de la légende internationale est à nouveau sollicitée à la suite d’une demande de Virchow qui propose de former une commission internationale “chargée de centraliser les faits” pour “établir des cartes préhistoriques”. Soutenant les dynamiques anciennes de ces rencontres internationales128, l’Allemand tire également parti de la postérité décevante de la légende afin d’impliquer davantage ses compatriotes. À l’instar de Chantre et de Mortillet, il souhaite à la fois la réussite de projets européens et l’accomplissement scientifique de la nation. En effet, pour les Français, très impliqués dans les CIAAP, la légende avait bien ce double intérêt129. Les enjeux de ces collaborations internationales, comme ceux du choix de la langue employé dans les Congrès, sont éminemment politiques et d’un intérêt national130.
Au Congrès de Monaco, en 1906, Ernest Chantre défend la légende internationale. Au sujet de la proposition de Virchow, il signale avoir pris contact avec ses confrères allemands Abraham Lissauer (1832-1908) et Albert Voß (1837-1906), dans le but de réactiver la commission de la légende internationale131. Renouant d’une certaine manière avec le projet initial, Chantre revient ici à cette noble idée de faire travailler ensemble les paléoethnologues en ignorant les frontières.
En dépit de toute l’ambition utopique que portent les inventeurs du système de la légende – “nous allons apprendre à écrire d’une manière uniforme à nos confrères de tous les pays” – et malgré tous les moyens techniques mobilisés, ils ne parviennent pas à surmonter les difficultés rencontrées. Dans cette expérience inouïe, Mortillet comprend bien les limites du projet mais il accompagne l’audace de Chantre. Il encourage ce projet parce qu’il souhaite voir progresser cet effort commun et international. Et ses quelques doutes sur le fonctionnement pratique de la légende ne modèrent pas ses convictions. Dans les faits, la légende internationale devient une affaire de spécialistes, jusqu’à son usure132. Or, ces raccommodages ne règlent pas le problème principal, récurrent dans toute cartographie : vouloir proposer à l’utilisateur le maximum d’informations détaillées n’est pas compatible avec l’intention d’offrir une vue d’ensemble. En surchargeant déraisonnablement la carte comme un objet “dépositaire du savoir”, son autre rôle, à savoir celui de “support d’orientation133”, est inévitablement troublé.
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Notes
- Lettre de G. de Mortillet à E. Chantre, 07.07.1875 (musée des Confluences, Lyon). La formule dans notre titre selon Chantre 1874b, 7.
- Cette ambition exprimée par Chantre 1874b, 35 ; la formule reprise dans Mortillet & Chantre 1875, 6. – Sur la terminologie, cf. Blanckaert 2017. Chez Mortillet et Chantre, ce terme de paléoethnologie désigne le champ de l’archéologie préhistorique et sert à promouvoir leur nouvelle façon de faire progresser la recherche. Ainsi, Mortillet, dans une entrée de dictionnaire (1884-1889), parle toujours de “cartes paléoethnologiques”. Nous n’aborderons pas davantage les implications terminologiques de cette notion qui appellent en effet de nouvelles discussions. Voir aussi Cicolani 2008 ; Tarantini 2012.
- Hurel & Vialet 2009.
- Freitag 1987 ; Ory 2017.
- Grunwald 2012-2013, 2016, 2017, 2018.
- Arnaud 2022. Sur la figure du cartographe, voir Bord 2012.
- Arnaud 2022, 15.
- Mortillet 1875, 109.
- Collectif 2020 ; Jouys-Barbelin 2020a, 2020b ; Hurel 2007, 2019 ; Rafowicz 2017 ; Reinach 1915 ; Mortillet 1872.
- Rafowicz 2016-2017.
- Mortillet & Chantre 1875.
- Richard 2008.
- Kaeser 2010.
- Chantre 1874b, 1876b.
- Lettre d’E. Chantre à O. Montelius, 09.09.1873 (Riksanti-kvarieämbetets arkiv, Stockholm).
- Joly 1976, 36.
- Pelletier, in : Palsky 1996, 7-9 (préface). Dans ce contexte,voiraussi Bertin 1967.
- Laboulais 2010.
- Ibid., p. 155.
- Arnaud 2022, 56-58, 70-77, 193.
- Przezdziecki 1873.
- Ibid., p. 365.
- Selon la théorie des signes de Pierce (cf.Ory 2017).
- Przezdziecki 1873, 369.
- Chantre 1874a.
- Lettre d’E. Chantre à G. de Mortillet, 26.12.1866 (fonds Mortillet, Universität des Saarlandes, Sarrebruck). En termes de nombre de lettres conservées, Ernest Chantre est le correspondant le plus important, et de loin, de Gabriel de Mortillet (Roux 2008).
- Ibid.
- CTG 1873.
- Chantre 1866.
- Lettre de G. de Mortillet à E. Chantre, 09.10.1869 (musée des Confluences, Lyon).
- Lettre d’E. Chantre à G. de Mortillet, 10.12.1873 (fonds Mortillet, Universität des Saarlandes, Sarrebruck).
- Lettre de G. de Mortillet à E. Chantre, 16.03.1878 (musée des Confluences, Lyon).
- Olivier 1998 ; Frénéat, à paraitre.
- Mortillet 1875a.
- Beyls 1999, 114-115.
- Cartailhac 1875.
- Hurel 2019.
- Bertrand 1876, VI, note 1 et pl. IV.
- CTG 1867.
- Bertrand 1876, V.
- Ibid., p. VI.
- Ibid., p. V-VI.
- Ibid., p. 133, note 1.
- Reinach 1915.
- Hurel 2019, 57-58.
- Beyls 1999, 61.
- Mortillet 1860. Chantre en avait reçu un exemplaire dédicacé “à M. Ernest Chantre, Bon témoignage d’amitié. G. de Mortillet” (musée des Confluences, cote 691a).
- Falsan & Chantre 1875, 1879-1880.
- Falsan 1866 ; Chantre, 1902.
- Chantre & Falsan 1880, XIV.
- Falsan & Chantre 1868. Un exemplaire conservé aux Archives municipales de Lyon (cote 1/700349).
- Falsan & Chantre 1869.
- Falsan & Chantre 1869, 361-362.
- Lettre d’E. Chantre à É. Desor, 08.09.1873 (fonds Desor, Archives de l’État de Neuchâtel).
- Lettre de G. de Mortillet à E. Chantre, 07.07.1875 (musée des Confluences, Lyon).
- Lettre d’E. Chantre à H. Hildebrand, 07.07.1874 (Riksantikvarieämbetets arkiv, Stockholm).
- Gispert, éd. 2002.
- Falsan 1874, 386-402.
- Richard 2002.
- Lettre d’É. Desor à E. Chantre, 11.09.1873 (fonds Desor, Archives de l’État de Neuchâtel).
- Keller 1873. De manière exemplaire, cette publication associe carte et inventaire et devient une référence incontournable pour les contemporains. Dans son analyse détaillée préparée en vue du Congrès de Stockholm, Chantre tient compte de cet exemple mais le présente comme légende d’une “Carte archéologique de l’Ouest [sic] de la Suisse” (Chantre 1874b, 21 et pl.).
- Lettre d’E. Chantre à É. Desor, 12.12.1873 (fonds Desor, Archives de l’État de Neuchâtel).
- Ibid., p. 676.
- Ibid., p. 677.
- Ibid., p. 678.
- Chantre 1876b, 941.
- Chantre 1876b.
- Lettre d’E. Chantre à O. Montelius, 09.12.1871 (Riksantikvarieämbetets arkiv, Stockholm).
- CIAAP 7 Stockholm 1874, 12-13.
- Chantre 1876a.
- Chantre 1875-1876.
- Déjà mise en lumière par Lehoërff 2009, 1116-1117 ; 2011, 17. Alexandre Bertrand commente en effet “la note de M. de Mortillet” (Mortillet 1876), lue lors de la cinquième séance du congrès par son compatriote Samuel Pozzi (CIAAP 7 Stockholm 1874, 31), l’auteur n’étant pas présent à Stockholm en personne.
- Kaeser 2010, 17-31.
- Chantre 1874b. L’auteur signale notamment qu’il s’est “entouré des conseils d’un grand nombre de [se]s confrères” (ibid., p. 28) et qu’il a “puisé un grand nombre de [s]es documents pour la construction de [s]a légende dans celle de la carte des Gaules et dans celle de M. Keller” (ibid., p. 29). Il simplifie et normalise la forme d’une partie des signes utilisés par la Commission de la Topographie des Gaules (CTG 1869). Si la portée des deux légendes est différente, plusieurs signes sont toutefois presque similaires (tumulus, camps) et dans la dernière version de la légende internationale, d’autres éléments (menhir, dolmen, sépulture) peuvent aussi être rapprochés. On y retrouve par ailleurs certaines ressemblances avec le système utilisé par Ferdinand Keller (1873). D’une certaine manière, reconstituer l’histoire de ces signes nous met aujourd’hui dans le même embarras que l’étude de la terminologie : il reste “difficile de retracer les voies de traduction, de diffusion, voire d’invention simultanée (…)” (Blanckaert 2017, 91).
- CIAAP 7 Stockholm 1874, 37.
- Mortillet & Chantre 1875, 8.
- CIAAP 7 Stockholm 1874, 42.
- Mortillet & Chantre 1876.
- CIAAP 8 Budapest 1876, t. 1, 639.
- Mortillet & Chantre 1875, 27.
- Lettre de G. de Mortillet à E. Chantre, 13.07.1875 (musée des Confluences, Lyon).
- Mortillet 1884-1889.
- Waquet 2022.
- Joly 1976.
- Ce principe, avec d’autres éléments programmatiques, encore rappelé par Mortillet 1884-1889.
- Mortillet & Chantre 1875, 13.
- Conçues comme langues auxiliaires internationales, le Volapük (créé à partir de 1879) et l’Espéranto (dès 1887) connaissent une large réussite à partir des années 1880.
- Ibid., p. 16.
- Ibid., p. 18-19.
- Ibid., p. 22.
- Ibid., p. 26.
- Mortillet 1875-1876, 1877b.
- Déchelette 1910, VII. – Le rôle pionnier de Chantre dans ce domaine est encore évoqué par Henri Hubert qui lui rend hommage en 1924-1925 : “il faut rendre justice au grand travail cartographique préparé par Chantre qui vient de mourir” (Hubert 1952, 2).
- Les cartes ne sont pas systématiquement conservées dans les volumes de l’ouvrage. Des exemplaires complets existent néanmoins à la bibliothèque Joseph Déchelette du musée de Roanne et au musée des Confluences (Lyon).
- Chantre 1875-1876, t. II, 280-281.
- Mortillet 1875a : Temps, Âges, Périodes, Époques. Voir aussi Mortillet & Mortillet 1881 ; Mortillet 1883, 21.
- Buchsenschutz et al. 2004, reconnaissent la rigueur de Chantre et Mortillet mais pointent justement un autre problème, à savoir l’échelle du fond de carte comme facteur limitant.
- Daleau 1877. Sur F. Daleau voir Groenen 2021 etGroenen dans ce volume, 95-106.
- Lettre de G. de Mortillet à E. Chantre, 05.09.1876 (musée des Confluences, Lyon).
- Salmon & Ficatier 1889.
- Cartailhac 1878, 316.
- Cartailhac 1878.
- Chantre 1885.
- Savoye 1899. Dans les congrès de l’AFAS, ils présentent ensemble deux cartes paléoethnologiques, avec des répertoires des découvertes, l’une en 1902 sur le département de la Saône-et-Loire, l’autre datée de 1904 pour le Jura (Chantre & Savoye 1902, 1904).
- Chantre 1874b ; Mortillet & Chantre 1875.
- Kollmann 1875.
- Une commission de cartographie est active au sein du Deutsche Gesellschaft für Anthropologie, Ethnologie und Urgeschichte depuis 1871. Elle est un véritable forum de discussions mais finira par être dissoute, en 1889, devant l’incapacité des préhistoriens allemands à s’accorder sur une stratégie commune nationale. Une nouvelle commission sera initiée en 1900. Voir Grunwald 2012-2013 ; 2016, 131-133.
- Circulaire adressée à E. Chantre, portant un message manuscrit d’E. Friedel, du 25 avril 1875 (fonds Chantre, musée des Confluences, Lyon). – L’organisme deviendra peu après le Märkisches Museum (musée de la Marche de Brandebourg).
- Susanne Grunwald (2012-2013, 2016) donne une image nuancée de cette situation.
- Grunwald 2016, 123-124.
- Grunwald 2016.
- Ohlenschlager 1879-1890, 1891.
- Ohlenschlager 1875.
- Grunwald 2016, 119-123, 131.
- Tröltsch 1879, 1884. Militaire gradé, l’auteur s’était notamment fait un nom avec sa Carte d’emplacement des Forces militaires de la France, parue la première fois en 1876 mais vite épuisée, puis réédité plusieurs fois (Tröltsch 1877, 1881).
- Tröltsch 1884, III-IV et p. VI où il cite explicitement Chantre 1875-76 et 1880.
- Bertrand 1876 (“contours dessinés”) ; voir aussi, dans une moindre mesure, l’Avant-projet d’une carte archéologique…, fig. 10 (Chantre 1875-1876, carte 3).
- Voir l’analyse détaillée par Grunwald 2016, 123-130.
- Ory 2017, 9.
- L’exemplaire donné par l’auteur est conservé au Musée d’Archéologie nationale (Brown 2020). Une étude détaillée de ce projet inachevé est actuellement menée dans le cadre de la thèse de doctorat d’A. Frénéat sur Ernest Chantre et la Protohistoire européenne.
- Chantre & Savoye 1902, 2-3.
- Lettre de G. de Mortillet à E. Chantre, 02.12.1878 (musée des Confluences, Lyon).
- Fureix & Jarrige 2015.
- Lettre d’E. Chantre à S. Reinach, 15.10.1918 (fonds Reinach, Bibliothèque Méjane, Aix-Marseille).
- Chantre 1875-1876, vol. 1, III.
- Wiesmann 2007.
- Sachant “que les merveilles du vingtième-siècle germaient déjà dans les projets du dix-neuvième”, comme le dit bien, par anticipation, un contemporain célèbre dans un texte oublié (Verne [1994] 2002, 33).
- Virchow 1892-93, 227, appelle à rester “fidèles à la glorieuse tradition que nous ont léguée nos grands maîtres”.
- Kaeser 2010, 17-31 ; Müller-Scheeßel 2011, 57-87.
- Hurel 2018 ; Kaeser 2010. Voir aussi Feuerhahn & Rabault-Feuerhahn 2012.
- CIAAP 13 Monaco 1906, 49-51. – Pour la nouvelle commission de cartographie au sein de la Deutsche Gesellschaft für Anthropologie, Ethnologie und Urgeschichte, A. Lissauer a édité une série de Typenkarten à l’échelle 1 : 2 500 000 pour l’Allemagne à partir de 1904 ; voir Grunwald 2016, 133-134. Lissauer et Chantre sont alors manifestement en contact depuis des années.
- Au Congrès de Genève, en 1912, l’on revient encore “[s]ur une petite mais importante amélioration à apporter aux signes de la ‘légende paléoethnologique internationale’” (Guébhard 1914).
- Ces deux fonctions essentielles de la carte selon Schneider 2004, 11 : Wissensspeicher und Orientierungshilfe.