UN@ est une plateforme d'édition de livres numériques pour les presses universitaires de Nouvelle-Aquitaine

Usage et représentation de l’espace carcéral
dans les différentes versions du Calila et Dimna
(VIIIe-XVe s.)

par

Introduction

Le Calila et Dimna est un recueil d’apologues destiné à l’éducation des princes, dans lequel les divertissements et les enseignements pratiques s’entremêlent. Leur but est d’inculquer les principes de l’art de bien se conduire et de gouverner dans la tradition des miroirs au prince. L’œuvre dérive de récits indiens d’inspiration bouddhique, composés en sanskrit vers le IIIs., et dont la diffusion a dû être aussi bien orale qu’écrite. Ces fables furent rapidement regroupées en tantras (Panchatantra – les cinq livres) et diffusées ainsi en Perse au Ve s. puis dans le monde arabo-musulman au VIIIe s. grâce à la traduction d’Ibn Al-Muqaffa. En 1251 le Calila et Dimna est traduit en castillan sous l’autorité de l’Infant Alphonse, futur Alphonse X1. Les préceptes moraux qu’il véhicule sont suffisamment universels pour que l’Occident accueille l’œuvre sans réticence et qu’une version latine soit réalisée, en 1314, par Raymond de Béziers à la demande de la reine Jeanne de Navarre.

Les deux premiers chapitres, rajoutés par Ibn Al-Muqaffa, servent de prologue au traité : ils présentent l’origine mythique du récit ainsi que l’histoire du médecin-philosophe Berzebuey qui est allé le chercher en Inde pour le ramener à son roi. Le troisième chapitre met en scène une cour royale et les rivalités entre courtisans pour occuper la place de familier principal auprès du roi lion. Il est alors question de ruse, de trahison, des dangers à vivre auprès du roi et surtout de l’attitude que le roi doit observer face à sa cour. Dimna, chacal dans les versions indienne et arabe, puis loup-cervier dans la version castillane et loup dans la version latine de Raymond de Béziers, trahit son roi en l’encourageant à tuer son nouveau favori, le bœuf Sençeba. Dimna était parvenu à faire partie des proches conseillers du lion en se rapprochant de lui lors d’un moment de faiblesse : il considère l’amitié naissante du lion et du bœuf comme une menace. Animé par sa jalousie envers le bœuf, Dimna conduit le lion à douter de la fidélité du bovidé puis à l’attaquer et à le dévorer sans autre forme de procès. Pourtant, afin d’attirer le bœuf à sa cour, le roi lui avait pleinement garanti sa sécurité : il a donc trahi sa parole jurée par la faute de Dimna. Dans la version primitive, le récit s’achevait par la mort du bœuf, principal conseiller du roi lion, victime de la fourberie du chacal Dimna ; mais Ibn Al-Muqaffa a rajouté un chapitre sur le procès de Dimna pour trahison et sa condamnation à mourir abandonné au fond de la prison du palais, donnant ainsi une fin plus acceptable au récit.

Les différents manuscrits du Calila et Dimna sont pour la grande majorité richement enluminés. Les textes n’apportent pas beaucoup de détails sur la prison où Dimna est enfermé durant son procès. En revanche, les images offrent différentes interprétations de l’espace carcéral et de la manière dont Dimna y est détenu. Si les enlumineurs restent fidèles au texte, les images peuvent parfois traduire des coutumes différentes ainsi qu’une évolution dans la pratique de l’enfermement. C’est par exemple le cas avec la représentation de la mise aux fers de Dimna durant son procès pour trahison. Les enlumineurs ont particulièrement bien illustré ces différents moments de la captivité. Dimna est mis aux fers chaque soir, il est enfermé dans une cellule de la prison où il y est reconduit après chaque séance du procès. C’est aussi un espace où l’accusé reçoit la visites de ses proches ou des enquêteurs, c’est là où il subit la question et c’est aussi le lieu où il réflechit à son crime et à sa stratégie de défense. Ces éléments du récit nous invitent à proposer une étude des différentes représentations de la prison dans les versions, arabe, castillane et latine. Comment Dimna est-il tenu captif et comment est-il conduit en prison ? À quoi ressemble sa cellulle et, plus largement, la prison dans laquelle il est enfermé ? Est-il gardé par un personnel lorsqu’il est enfermé ? Comment l’espace de la prison est-il délimité du reste du palais ? S’agit-il d’un lieu fermé ou ouvert sur l’extérieur ?

Enfermé pour crime de lèse-majesté

L’arrestation de Dimna

Le chapitre du procès de Dimna débute sur les aveux de Dimna à son frère Calila sur son implication dans la mort du bœuf Sençeba. Cette discussion qui devait rester secrète est entendue par le léopard, un proche de la reine-mère et un fidèle conseiller du roi. Le léopard rapporte les propos de Dimna à la reine-mère. Elle s’empresse d’aller dénoncer le chacal à son fils qui est en plein repentir et regrette d’avoir tué avec trop d’empressement son fidèle ami le bœuf.

Dixo la madre : Dixiéronme que era sospechado que lo que fizo Digna en te enrizar contra Senseba non fue sinon por enbidia que le avía en su dignidad et en su privança2.

Ce passage, reproduit ici en castillan, est identique dans les récits arabe, castillan et latin. Tout le chapitre du procès de Dimna tourne autour de la question de la divulgation du secret, de l’intérêt pour un roi de bien garder ses secrets et du choix opportun du moment où les révéler. Cette question réapparaît régulièrement dans l’œuvre qui s’interroge, entre autres, sur la parole gardée du roi ou sur le bon usage du secret dans la gestion des affaires de l’État et en période de guerre (fable des hiboux et des corbeaux)3. À la suite de la révélation de sa mère, ne voulant plus agir sous le coup de la colère, le roi fait quérir Dimna devant lui et sa mesnie. Le chacal est alors interrogé sur son implication dans la mort de Sençeba. Devant ses réponses peu claires et détournées, le roi décide de mettre Dimna aux fers et d’entamer un procès contre lui. Il réclame qu’une enquête soit menée pour démontrer la culpabilité de Dimna ; il ne veut pas le déclarer coupable tant que la preuve n’est pas établie, se refusant à agir avec empressement cette fois- ci, afin de ne pas se comporter en tyran. Néanmoins, le roi le fait enfermer le temps du procès car Dimna est soupçonné de trahison.

Dimna est présenté comme l’exemple parfait du traître, selon la définition qu’en donnent, quelques décennies plus tard, les Siete Partidas : il est vil, faux et, en faisant assassiner un des membres de sa mesnie qui jouissait de sa protection, son action engendre un grave dommage pour le roi, un motif que l’on retrouve dans les Siete Partidas :

La huitième [faute de trahison contre le roi], ce serait que quelqu’un tue l’un des grands adelantados du roi, ou des conseillers les plus honorés du roi, ou des chevaliers qui sont institués pour garder sa personne, ou des juges qui ont pouvoir de juger à la cour, par délégation royale.

La neuvième, c’est lorsque le roi donne sa sauvegarde à un homme de façon spécifique, ou aux gens de quelque lieu ou de quelque terre ou à d’autres dans sa seigneurie, et [le traître] brise cette sauvegarde qu’il [le roi] avait donnée, tuant ou blessant ou déshonorant ceux qui en jouissaient contre les défenses faites par le roi, sauf s’il l’a fait par crainte, de peur que cette sauvegarde ne se retourne contre lui et contre ses biens4.

Nous sommes exactement confrontés au neuvième cas de figure : le roi avait garanti sa sauvegarde au bœuf, mais par la faute du chacal, il est revenu sur sa parole.

La mise aux fers dans le palais royal

Dans les récits exemplaires comme le Calila et Dimna, c’est un topos de mettre en scène un personnage dans une situation où il doit se défendre contre des accusations. Il se défend en énonçant successivement plusieurs fables, destinées à prouver son innocence. Le prisonnier racontant des fables toute la journée, cela oblige le juge – ici le roi – à renvoyer l’accusé en prison le soir et à poursuivre le procès le jour suivant. On retrouve ce procédé dans beaucoup de contes orientaux d’origine indienne parvenus en Occident, comme le récit de Barlaam et Josaphat5 ou encore le récit du Sindibâd daté du Xe s. (Roman des Sept sages de Rome)6.

La description du déroulement du procès de Dimna semble liée au temps consacré chaque jour à l’avancement de la preuve de la culpabilité de Dimna : plus sa trahison apparaît aux yeux de tous, plus la journée passe vite jusqu’au soir, où Dimna se retrouve en cellule. Dimna fait donc de constants va-et-vient entre la prison et la salle du palais. Ce palais apparaît sur certaines enluminures, en particulier dans les manuscrits arabes. Dans un manuscrit du premier quart du XIIIes., il est représenté par une sorte de coupole rouge portée par quatre piliers (fig. 17). L’ensemble rappelle les palais impériaux des Abbassides, comme celui de Bagdad construit par al-Mansur au VIIIe s. Ces palais jouxtent une grande mosquée dont l’édifice rectangulaire est surmonté d’une grande coupole centrale, de même que le palais de Dar el-Khalife à Samara, édifié en 836 à la demande de Moutasim, fils d’Haroun al-Raschid8. Cette architecture perdure jusqu’aux mamelouks d’Égypte du XIIIe au XVIe s.9. Une représentation identique du palais apparaît aussi dans un manuscrit arabe du milieu du XIVe s. (fig. 2). On y retrouve une façade rectangulaire surmontée d’une coupole. Néanmoins, cette dernière ressemble plus ici à la pointe d’une tente bédouine, ce qui correspond au décor végétal de l’enluminure : elle représente un lieu très ouvert dans un espace plus sauvage qu’une cité. Dimna y est détenu enchainé par le cou à un pilier de l’édifice. Où se trouve cette prison dans le palais ? Dans la version arabe du VIIIe s., l’enfermement de Dimna est ordonné par le roi : “Le lion cependant donnait ses ordres : on passa un carcan au cou de Dimna et on le jeta en prison ; le roi fit ensuite examiner son cas”10. Une fois Dimna enfermé, le roi confie l’enquête à un cadi. On peut donc se demander si la prison où est enfermé Dimna n’est pas celle de la mosquée du palais, lieu où le cadi rend habituellement justice11. Le récit ne donne aucune précision à ce sujet, quelle que soit la version (arabe, castillane ou latine) examinée. Seuls sont mentionnés les allers et retours de Dimna entre la prison et le palais, lieu de déroulement du procès.

 Ibn Al-Muqaffa, Kalila wa Dimna, Dimna en prison, Égypte ou Syrie,1er quart du XIIIe s. (Paris, BnF, ms. arabe 3465, fol. 80v).
Fig. 1. Ibn Al-Muqaffa, Kalila wa Dimna, Dimna en prison,
Égypte ou Syrie, 1er quart du XIIIe s.
(Paris, BnF, ms. arabe 3465, fol. 80v)
Ibn Al-Muqaffa, Kalila wa Dimna, Dimna en prison, 1354.
(Oxford, Bodleian Library, MS. Pococke 400, fol. 73b).
Fig. 2. Ibn Al-Muqaffa, Kalila wa Dimna, Dimna en prison, 1354.
(Oxford, Bodleian Library, MS. Pococke 400, fol. 73b).

Dans l’Histoire des dix vizirs (XIVe s.), le jeune trésorier et favori du roi Azâd-bakht se défend lui aussi des accusations portées contre lui par une série de fables. Surpassant en intelligence et en connaissance les vizirs du roi, le jeune homme attise la jalousie de ces derniers, qui conçoivent une cabale pour le faire tomber en disgrâce. Sur le conseil des vizirs, le trésorier se rend dans les appartements privés du roi, dans lesquels il n’a pas le droit de pénétrer en son absence. Quand le roi le surprend, il le fait jeter en prison. Ne voulant pas agir avec précipitation et manquer de raison, il demande néanmoins l’instruction d’un procès. Chaque jour, le jeune trésorier est sorti de sa prison pour répondre aux questions du tribunal royal et y est renvoyé, chaque soir, après avoir offert une fable à son roi, afin de démontrer son innocence12.

Dans la version castillane du Calila et Dimna (XIIIe s.), Dimna subit les mêmes conditions d’incarcération que dans la version arabe. Le procès est aussi instruit par un juge et par un fidèle du roi, le léopard (équivalent de la panthère dans la version arabe), devant toute la mesnie du roi :

Et mandó estonçes el león que prendiesen a Digna, et que le pusiesen fierros. Desí leváronlo a la cárçel, et mandó catar su pleito, et fazer sobre él pesquisa, et que gel’ mostrasen. Et yogo Digna en la cárcel, et mandólo guardar a un cavallero. […] Et estonçes mandó el rey al león pardo et al alcalde que se asentase a juizio, et que llamasen a Dina ante ellos et que feziesen su pesquisa, et fecha gela levasen a él. Et el león fizo llamar a la mesnada et a Dina13.

Dans les enluminures arabes évoquées précédemment (fig. 1-2) ainsi que dans celle d’un manuscrit de la fin du XIIIe s. de la version castillane, conservé à l’Escorial (fig. 3), Dimna porte un carcan au cou et des entraves, en prison comme lorsqu’il est présenté au roi. Si le récit de la version arabe fait mention d’un carcan (représenté dans certaines enluminures des manuscrits arabes sous la forme d’un large collier doré ou d’une chaîne autour du cou), la version castillane précise uniquement que Dimna est “mis aux fers”. L’enluminure du manuscrit castillan figure ainsi un carcan au cou et une lourde chaîne immobilisant Dimna à une sorte de pilori, i.e. une poutre sans doute en bois directement placée sur le sol. Il s’agit ici d’éviter la fuite de Dimna, qui se trouve dans un espace ouvert. Cette représentation est peut-être en partie inspirée des enluminures du manuscrit arabe sur lequel l’auteur de la version castillane s’est appuyé pour réaliser sa traduction.

Calila y Dimna, Dimna mis aux fers, Espagne, fin XIIIe s. (Escurial, MS H-III-9, 36)
Fig. 3. Calila y Dimna, Dimna mis aux fers, Espagne, fin XIIIe s.
(Escurial, MS H-III-9, 36).
Calila y Dimna, Dimna mis aux fers, Espagne, fin XIIIe s. (Escurial, MS H-III-9, 36)
Fig. 4. Raymond de Béziers, Liber Kalilæ et Dimnæ,
Dimna conduit en prison, France, Paris, 1313.
(Paris, BnF, ms. lat. 8504, fol. 51v).

En revanche, dans les enluminures des manuscrits arabes, Dimna est toujours présenté au roi et à sa cour sans entraves. De même, dans la version latine de 1314, le Liber Kalilæ et Dimnæ de Raymond de Béziers, conservé à la Bibliothèque nationale de France sous la cote ms. lat. 8504, les fers de Dimna ne sont pas visibles, mais la posture de l’accusé, maintenu par les deux gardes du roi, les pattes croisées, laisse supposer qu’il avait les membres entravés (fig. 4) : ses membres postérieurs sont joints pour souligner qu’il ne peut bouger ou s’échapper. La gestuelle et la position des personnages traduisent parfaitement l’arrestation et l’immobilisation de Dimna : le chacal est au centre, encadré par deux gardes, un loup et un cervidé14. À gauche de l’image, le lion vient de donner l’ordre de conduire Dimna en prison. Dimna a une position très particulière sur cette image : si on observe ses pattes avant, on peut remarquer qu’il tend un doigt et une griffe vers l’entre-jambe du cervidé : s’agit-il d’un geste d’injure ou bien montre-t-il ses griffes pour signaler son opposition ? Le texte qui accompagne l’enluminure ne précise rien à ce sujet.

Il est intéressant d’examiner la manière dont Dimna est conduit en prison par les gardes royaux. L’enluminure de la version latine de 1314 rappelle celle du manuscrit (BnF ms. fr. 12584) du Roman de Renart, lorsque ce dernier est arrêté et “jeté en chartre” à la demande de son ennemi Brun puis conduit devant le roi pour son procès (fig. 5). La similitude est d’autant plus frappante que ce manuscrit du Roman de Renart est daté de la même période que le manuscrit latin du Liber Kalilae et Dimnae. Dans la première branche du récit du Roman de Renart, Renart est condamné pour ses différents méfaits envers les membres de la cour et pour son refus de se présenter devant le tribunal royal (défi). Renart cherche alors à démontrer “sa vérité” en manipulant les différents intervenants du procès lors d’un discours. Le récit insiste aussi sur le fait que l’accusé est conduit pieds et poings liés devant le tribunal. Une fois condamné par la cour des Pairs, lorsqu’il demande pardon au roi, Renart rappelle que celui-ci l’a fait “saisir et charger de chaînes” avant qu’on le jugeât et décidât de son sort15. Que ce soit pour Dimna ou pour Renart, l’enfermement apparaît comme une sorte de détention préventive. Il sert à éviter que celui qui est accusé de crimes graves ne s’enfuie avant la fin de son procès16.

Roman de Renart, France du Nord, début XIVe s. (Paris, BnF, ms. fr. 12584, fol. 50v)
Fig. 5. Roman de Renart, France du Nord, début XIVe s.
(Paris, BnF, ms. fr. 12584, fol. 50v).

Les enluminures du Roman de Renart et le Liber Kalilæ et Dimnæ présentent d’autres similitudes. Les cadres, les couleurs, les décors et les fonds sont très proches, ainsi que la manière de représenter les personnages, notamment le cerf conduisant Dimna en prison. Les différentes versions arabes de Calila et Dimna ne mentionnent pas de cerf dans l’entourage et la garde du roi. Pourtant, l’enlumineur du manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France a choisi de représenter un cerf comme garde de Dimna (fig. 4)17. Dans le procès de Renart dans les branches Ia, VI et IX datées respectivement de 1179, 1190 et 1200, un cerf, Brichemer, est mentionné parmi les courtisans du roi Noble18. C’est lui qui est chargé par le roi d’instruire l’enquête contre Renart et de le conduire à son procès. Le manuscrit (BnF ms. fr. 12584) du début du XIVe s., réalisé dans un atelier du Nord de la France, offre quelques représentations de Brichemer (fig. 6).  Un autre fidèle du roi Noble est Bruyant, le taureau qui accompagne le lion au siège de Maupertuis où s’est réfugié Renart. De nouveau, on est frappé par la ressemblance de ce personnage avec celui qui escorte Dimna en prison dans le manuscrit (BnF ms. lat. 8504) (fig. 7). Les manuscrits du Liber Kalilæ et Dimnæ et celui du Roman de Renart sont tous deux datés du début du XIVe s. : vers 1314 pour le premier, et 1301-1350 pour le second. Ils sont tous deux produits dans des ateliers du Nord de la France, en particulier à Paris pour le Liber Kalilæ et Dimnæ. Les similitudes des deux manuscrits conduisent à formuler l’hypothèse d’une production au sein du même atelier, voire par le ou les mêmes enlumineurs, qui se seraient inspirés des images du Roman de Renart pour composer la cour du lion dans le manuscrit du Liber Kalilæ et Dimnæ.

Chaque soir Dimna est renvoyé en prison mais ses journées ne s’achèvent pas avec le retour en cellule : le condamné reçoit en effet différentes visites et continue à gérer une partie de ses affaires, y compris lorsque la prison est représentée comme une tour imprenable et totalement fermée sur l’extérieur.

Roman de Renart, Brichemer et Bruyant face à Renart, France du Nord,
début XIVe s. (Paris, BnF, ms. fr. 12584, fol. 49v)
Fig. 6. Roman de Renart, Brichemer et Bruyant face à Renart,
France du Nord, début XIVe s.
(Paris, BnF, ms. fr. 12584, fol. 49v).
Raymond de Béziers, Liber Kalilæ et Dimnæ, Bruyant accompagne Noble au siège de Maupertuis
où s’est réfugié Renart, France, Paris, 1313. (Paris, BnF, ms. lat. 8504, fol.54v)
Fig. 7. Raymond de Béziers, Liber Kalilæ et Dimnæ,
Bruyant accompagne Noble au siège de Maupertuis où s’est réfugié Renart, France, Paris, 1313.
(Paris, BnF, ms. lat. 8504, fol.54v).

La prison de Dimna : espace clos ou ouvert ?

L’immobilisation du prisonnier

Dimna est conduit en prison sur ordre du roi19, ce qui est la coutume aussi sous le règne d’Alphonse X dans le cas d’un crime aussi grave20. La version castillane du XIIIe s. ne fait que reprendre le récit de la version arabe du VIIIe s. : “Le lion cependant donnait ses ordres : on passa un carcan au cou de Dimna et on le jeta en prison ; le roi fit ensuite examiner son cas”21.

Les différents manuscrits du Calila et Dimna des XIIIe-XVe s. offrent de nombreuses représentations de l’enfermement de Dimna.  Les quatre enluminures déjà présentées ci-dessus figurent la séquestration du chacal quasiment de la même manière, malgré leur éloignement dans le temps et l’espace. Les enlumineurs ont tous fait le choix de symboliser l’arrestation et l’immobilisation de Dimna par des carcans et des chaînes. Le manuscrit arabe du XIIIe s. ainsi que les manuscrits espagnols des XIIIe et XVe s. montrent Dimna chaînes au cou, mais avec des particularités dans la manière dont le chacal est enchaîné.

Dans le manuscrit arabe, Dimna est attaché aux murs de sa prison par le cou mais aussi par les pattes, il est complétement bridé. Cela prouve une volonté de l’immobiliser totalement et surtout de le laisser dans une position inconfortable, tête redressée et en partie sur la pointe des pieds. Dans d’autres récits arabes, les ennemis du roi ou les personnes emprisonnées pour les crimes graves envers le roi sont détenus de la même manière. Firdousi, auteur persan du Xe-XIe s., fait le récit de la mort de Newder, roi des Keïanides, alors qu’il était prisonnier d’un roi ennemi. Le récit insiste sur la force des liens qui maintiennent le prisonnier qui est alors extrait de sa prison pour être conduit devant le roi des Tourans, Afrasiab22

.

Le manuscrit castillan du XIIIe s. représente aussi Dimna enchaîné et attaché. Cette fois, les chaînes sont fixées à un billot de bois, ce qui permet de conduire le prisonnier devant le roi sans avoir à lui retirer ses chaînes et de l’exposer pendant toute la durée de son procès. Le procès se déroule en effet devant un public assez important, le roi ayant convié sa mesnie et des membres de sa famille : “Et pues que amanesçió, enbió el león por los mejores de su mesnada, et fueron ý presentes ; et enbió por su madre, et vino ý. Desí mandó llamar a Digna, et dixiérongelo23”.

Dans l’incunable du XVe s. de l’Exemplario contra los engaños y peligros del mundo, Dimna, qui revêt les traits d’un bélier, est conduit en prison par un garde du roi (fig. 8)24. Le large carcan est si bien ajusté qu’il semble l’étouffer : Dimna en tire la langue. L’anneau placé à l’extrémité de la chaîne montre que Dimna est attaché dans sa cellule. Pourquoi immobiliser le prisonnier dans sa cellule alors même que celle-ci semble inviolable ? S’agit-il de le placer dans un tel inconfort et une telle souffrance qu’il en vienne plus rapidement à avouer sa faute ? En tout cas, cela n’a pas l’effet prévu sur Dimna, qui clame son innocence jusqu’à la fin de son procès, même après avoir été torturé. Son incarcération permet aussi de lui faire subir la question chaque jour pendant la durée du procès, à l’intérieur de sa cellule :

Después de todo aquesto mandó el juez escribir todas las interrogaciones y repuestas que en la causa de Dimna se hizieron y mandolo bolver a la cárcel, bolviéndose ellos a la posada del rey por relatar el processo a su majestad como les tenía mandado. Y comoquiera que después mil vezes Dimna requirió la fabla con ellos, jamás le quisieron hoír25.

L’enluminure du manuscrit du début du XIVe s. de la version latine du Calila et Dimna de Raymond de Béziers se distingue par l’absence de fers. Dimna est immobilisé par les gardes qui l’enserrent et par le caractère inviolable de sa cellule.

Pablo Hurus, Exemplario contra los engaños y peligros del mundo, “El engañoso quando está más seguro tiene más cercano el peligro”, Dimna conduit en prison par un garde, Saragosse, 1493. (Madrid, Bibliothèque nationale, I-1994, fol. 40v)
Fig. 8. Pablo Hurus, Exemplario contra los engaños y peligros del mundo,
“El engañoso quando está más seguro tiene más cercano el peligro”,
Dimna conduit en prison par un garde, Saragosse, 1493.
(Madrid, Bibliothèque nationale, I-1994, fol. 40v).

Les représentations de la cellule : un lieu clos ou ouvert ?

Les images proposent des interprétations diverses du lieu où est enfermé Dimna. Le manuscrit du XIIIe s. de la version arabe (Paris, BnF, ms. Arabe 3465) offre deux représentations très différentes de l’enfermement. Dans la première, la cellule de Dimna semble ouverte sur l’extérieur et son frère Calila lui rend visite (fig. 1). La prison est représentée par deux grands murs portant une toiture bleue surmontée d’un dôme rouge. Cette représentation pourrait être celle d’un palais royal, comme nous l’avons déjà vu, avec quatre piliers soutenant une coupole. Il existait deux catégories de prison dans la société musulmane du Moyen Âge : celle des cadis, destinée principalement aux auteurs de la petite criminalité, et celle du pouvoir politico-militaire, accueillant des criminels et des prisonniers politiques26. On peut imaginer que les piliers extérieurs représentent les murs du palais, voire de la prison, et les piliers intérieurs, les murs de la geôle où Dimna est détenu. Les plafonds supportés par les piliers ne sont en effet pas identiques en couleur et en motifs : les angles de la cellule sont probablement voûtés et de couleur plus foncée que l’extérieur de la pièce. L’ensemble fait aussi penser aux tentes bédouines larges et basses. Dimna est attaché par des chaînes aux murs ; ses flancs creusés, ses côtes apparentes soulignent la rudesse de l’enfermement : l’animal amaigri est privé de mouvement et de nourriture.

Néanmoins, ce même manuscrit présente une deuxième représentation de la prison. Dans la courte introduction au récit, le roi Debchelim envoie le philosophe Bidpaï en prison car ce dernier s’est permis de s’adresser à lui durement. Il le fait ensuite sortir et lui demande de faire le récit de deux hommes dont l’amitié a été rompue par les tromperies d’un perfide. L’enlumineur  du manuscrit représente le philosophe détenu dans une prison aux épais murs de briques, dans une cellule étroite, sorte d’alcôve dans laquelle il ne peut se tenir qu’assis (fig. 9). Il a les pieds entravés par une chaîne et les mains liées. Ce cachot n’offre qu’une seule ouverture vers l’extérieur, petite et en hauteur27, ce qui correspond à la pratique de l’enfermement par le pouvoir politico-militaire en Arabie au VIIIe s. sous al-Mansour28. Les prisonniers politiques étaient jetés aux “oubliettes” sans espoir d’en ressortir un jour. Pourquoi le traitement de Dimna diffère-t-il de celui du philosophe Bidpaï ? L’enlumineur a-t-il fait le choix de représenter une prison qui correspond mieux à l’environnement dans lequel on peut trouver des animaux ? Ou s’agit-il de représenter la prison préventive du cadi, où l’accusé est envoyé dans l’attente de son procès ? L’enlumineur du manuscrit arabe (Cod. arab. 616) daté de 1310 fait un choix intermédiaire : il ne représente que la cellule de Dimna, surmontée cependant d’un dôme, comme pour rattacher la prison au palais du roi (fig. 10). On pourrait même se demander si cette cellule n’est pas une simple cage. Elle est entièrement fermée par un ensemble de barreaux qui empêchent l’évasion de l’accusé tout en permettant de surveiller le chacal et/ou de l’exposer à la foule. Dimna y est fermement maintenu par des chaînes,
un carcan et des entraves.

Bidpay en prison, Égypte ou Syrie, 1er quart du XIIIe s. (Paris, BnF, ms. Arabe 3465, fol. 11v)
Fig. 9. Bidpay en prison, Égypte ou Syrie, 1er quart du XIIIe s.
(Paris, BnF, ms. Arabe 3465, fol. 11v).
(Madrid, Bibliothèque nationale, I-1994, fol. 40v).
Dimna en prison, Égypte, 1310. (Munich, Staatbibliothek, Cod. arab. 616, fol.142)
Fig. 10. Dimna en prison, Égypte, 1310.
(Munich, Staatbibliothek, Cod. arab. 616, fol.142).
(Madrid, Bibliothèque nationale, I-1994, fol. 40v).

Dans le manuscrit latin du début du XIVe s., la prison de Dimna est une tour forte du palais, ouvrage de défense dans lequel il est maintenu derrière des barreaux (fig. 11). Le loup est installé dans une cellule en hauteur, au-dessus de l’étroite porte d’entrée de la tour. Cette place est en général réservée aux prisonniers les plus riches, ceux qui pouvaient s’acquitter d’un droit d’écrou leur permettant d’avoir une geôle plus confortable29.  De même, dans l’incunable castillan du XVe s., Dimna se trouve derrière les épais murs, dont les fenêtres sont garnies de barreaux, l’ensemble ressemblant à une forteresse inextricable (fig. 12). Sur cette gravure, deux scènes cohabitent, séparées l’une de l’autre par la porte d’entrée en arcade de la prison. À gauche de l’image, est représentée la mort de Calila dans sa maison après qu’il a rendu visite à son frère en prison. La peur d’être soupçonné pour les crimes de son frère le fait mourir d’inquiétude. À droite, Dimna, enfermé derrière des barreaux, assiste à la mort de son frère à travers la porte de la prison ; l’enluminure diffère du récit, dans lequel c’est un ami de Calila, Firouz (Jauzaba dans la version castillane), qui informe Dimna de la mort de son frère. Dans ces deux versions occidentales, Dimna ne semble pas porter de fers ou de chaîne ; cela peut correspondre à une interprétation littérale du récit, où Dimna n’est pas entravé, mais gardé par un chevalier. Représentées comme des espaces clos, ces prisons sont toutefois ouvertes sur l’extérieur, et les prisonniers y reçoivent des visites.

Dimna reçoit la visite de Calila, France, Paris, 1313. (BnF, ms. lat. 8504, fol. 51v)
Fig. 11. Dimna reçoit la visite de Calila, France, Paris, 1313.
(BnF, ms. lat. 8504, fol. 51v).
La mort de Calila, Saragosse, 1493. (Madrid, Bibliothèque nationale, I-1994, fol. 41v)
Fig. 12. La mort de Calila, Saragosse, 1493.
(Madrid, Bibliothèque nationale, I-1994, fol. 41v).

Un lieu clos, mais ouvert aux visiteurs

Dans l’enluminure du manuscrit arabe du XIIIe s., un autre chacal se trouve à l’extérieur de la prison (fig. 1). Il s’agit sans doute de Firouz qui rend visite à Dimna pour lui annoncer le décès de son frère. Il porte un sac sur son dos, contenant les biens de Calila qui reviennent à Dimna.

Seuls les manuscrits occidentaux représentent la mort de Calila. Dans le manuscrit latin de Raymond de Béziers, sa mort a lieu sur le seuil de la prison de Dimna alors qu’il rend visite à son frère (fig. 14a et 14b). Dimna est figuré derrière les barreaux de sa cellule, Calila est allongé sur le dos, pattes en l’air, gueule ouverte et œil révulsé. L’enlumineur a également représenté un témoin, personnage qui pourrait être un garde ou Jauzaba, l’ami des deux frères. Ce qui est étonnant est la manière dont l’enlumineur a choisi de représenter la mort de Calila et l’inquiétude de Dimna : un trait de couleur brune relie le séant de Calila au nez de Dimna ; il semble représenter l’odeur de la mort de Calila, autrement dit le relâchement des sphincters avec perte d’excréments et de gaz30. Ces différentes représentations de l’enfermement correspondent toutes aux pratiques carcérales de leur temps.

Exemplario contra los engaños y peligros del mundo, Dimna en prison reçoit la visite de Calila, Saragosse, 1493. (Madrid, Bibliothèque nationale, I-1994, fol. 41r)
Fig. 13. Exemplario contra los engaños y peligros del mundo,
Dimna en prison reçoit la visite de Calila, Saragosse, 1493.
(Madrid, Bibliothèque nationale, I-1994, fol. 41r).
Raymond de Béziers, Liber Kalilæ et Dimnæ, La mort de Calila, France, Paris, 1313. (Paris, BnF, ms. lat. 8504, fol.52v)
Fig. 14a. Raymond de Béziers, Liber Kalilæ et Dimnæ,
La mort de Calila, France, Paris, 1313.
(Paris, BnF, ms. lat. 8504, fol.52v).
Raymond de Béziers, Liber Kalilæ et Dimnæ, La mort de Calila, France, Paris, 1313. (Paris, BnF, ms. lat. 8504, fol.52v)
Fig. 14b. Détail de la précédente.

La mort en prison

De même que pour la mort de Calila, seuls les manuscrits occidentaux semblent représenter la mort de Dimna. Chacun traite de manière différente de la mise à mort du traître. La version castillane de 1251 reste en partie fidèle à la version arabe du VIIIe s., qui évoquait la “plus misérable des morts”, sans plus de détail. Elle fournit quelques éléments supplémentaires, en précisant que Dimna est condamné à mourir de faim et de soif, abandonné au fond de sa prison :

Et pues que gelo ovo dicho muchas vezes al león, entendió él que Digna lo avía metido a ello et que l’fiziera andar a çiegas. Et mandó que lo matasen con fanbre et con sed, et murió mala muerte en la cárçel31.

L’enluminure du manuscrit du XIVe s. (copie de la version castillane de 1251) représente Dimna allongé sur le dos, pattes en l’air et yeux fermés, toujours attaché par son carcan (fig. 15). La version latine de Raymond de Béziers modifie, quant à elle, le récit pour conduire Dimna au gibet :

v
Fig. 15. alila y Dimna, la mort de Dimna en prison, Espagne, XIVe s.
(Escurial, MS H-III-9, 43).

Et tunc respondit vulpis : Quod factum est nequit non fieri, quia Deo placet et leoni et toti curie quod moriaris in patibulo ; et sustine pascienter quod meruisti, et parce toti curie, et roga ut parcant tibi, et rogent pro te et anima tua ; ego absoluo te penitentem et repententem32.

Dimna est alors présenté pendu à une poutre maintenue par deux poteaux (fig. 16). Le gibet est installé à l’extérieur, afin que tout le monde puisse observer le sort réservé au traître33. Enfin, l’incunable castillan du XVe s. présente Dimna attaché par des cordes à la croupe d’un cheval, puis traîné par celui-ci, devant l’ensemble de la mesnie du roi (fig. 17).

Le texte mentionne rapidement cette scène, sans en offrir de description : Y recoligido el processo, tuviendo por muy verdadero que por su engaño e invidia él havía mandado matar a Senesba, sin más consultar mandó que fuesse arrastrado y que después le matassen34. L’évolution au XVe s. de l’image de l’exécution de Dimna par rapport au texte est significative. Le sort réservé à Dimna est rendu visible aux yeux de tous, en particulier des membres de la cour. Non seulement le roi fait de Dimna un exemple de ce qui arrive en cas de trahison, mais il affirme son autorité. Cette évolution s’inscrit dans un contexte où les rois Catholiques cherchent à s’imposer face à l’aristocratie castillane et où la répression royale devient de plus en plus forte dans la Castille du XVe s.

Conclusion

Comment comprendre que le roi ait pu aussi aveuglément faire confiance à Dimna ? Tout repose sur la divulgation du secret. Le roi n’a pas su garder secret sa peur. C’est de cette faiblesse que le chacal se sert pour le trahir et le pousser à tuer le bœuf. À ce moment-là, le roi a toute confiance en Dimna puisqu’ils sont liés l’un à l’autre par ce secret. Le récit met en exergue l’importance pour un roi de retenir sa parole, de garder ses secrets pour lui et de rester maître de ses réflexions et de ses actes. C’est aussi le secret mal gardé de Dimna qui entraîne sa perte. Un secret doit être maîtrisé, retenu le plus souvent, car dévoiler ce qui est gardé au fond de son cœur, c’est offrir un pouvoir à celui qui est mis dans la confidence. Néanmoins, la révélation d’un secret peut aussi servir à faire triompher la vérité. C’est la conclusion qu’apporte le procès de Dimna.

Le procès souligne aussi la nécessité pour un roi de gouverner avec l’aide de sa mesnie et de l’ensemble de ses conseillers dont sa propre mère. Il ne doit pas décider seul de la culpabilité de l’un de ses serviteurs et en l’occurrence d’un ami. Il a le devoir d’organiser une justice équitable en s’appuyant sur un procès, avec auditions des accusateurs, des témoins et de l’accusé. Le jugement est rendu après que la preuve de culpabilité est bien établie. Quel traitement Dimna doit-il recevoir pendant son procès ? Comment punir l’absence de sincérité envers le roi ? Cela passe avant tout par l’enfermement. La cellule étroite dans laquelle Dimna est enfermé et l’enchaînement ne lui donnent pas la possibilité de se déplacer. Le carcan autour du cou et les entraves rendent sa position inconfortable. Bien qu’il puisse recevoir des visites et échanger avec ses proches, sa détention est éprouvante et austère. Les enluminures et gravures révèlent la rudesse de son emprisonnement, qui correspond aux conditions de détention et au traitement infligé aux prisonniers coupables de fautes graves.

Les enluminures des manuscrits arabes insistent particulièrement sur l’immobilité imposée au prisonnier. Elles représentent la prison du palais, ouverte sur l’extérieur, sous la forme d’une tente bédouine à laquelle le prisonnier est fermement enchaîné, face à un extérieur sauvage. Cela rappelle les jardins d’agrément et de chasse qui entouraient les palais des cités califales tel que le palais d’al-Mansour à Bagdad. Dans les enluminures des manuscrits occidentaux des XIIIe-XIVe s. et dans les gravures de l’incunable castillan du XVe s., la prison se situe dans une solide tour, parfois isolée du palais et placée à l’extérieur de celui-ci. L’enchaînement importe moins que la réclusion dans un lieu austère, fermé par de grandes et lourdes portes et doté d’une petite ouverture, scellée de larges barreaux, pour communiquer avec l’extérieur. Dans toutes les versions, la conclusion du procès est la mort du traître, soit par abandon au fond de sa geôle soit, pour les versions les plus récentes, par son exécution publique.

Sources éditées •••

  • Abû al-Farag al-Isfahânî, Kitab Al-Aghâni (1835-1838) : Abû al-Farag al-Isfahânî. Kitab Al-Aghâni. “Mémoire sur l’ouvrage intitulé “Kitâb Alagâni”, c’est-à-dire “Recueil de chansons”, Journal Asiatique, série 2, 16, 385-419 et 497-545, série 3, 6, 465-526. éd. & trad. Quatremère, P.
  • Alphonse X El Sabio, Las Siete Partidas (2004) : Alphonse X El Sabio, Las Siete Partidas (El Libro del Fiero de las Leyes), éd. Sánchez-Arcilla Bernal, J. Madrid.
  • Bakhtiar Nameh, Histoire des dix vizirs (1883) : Histoire des dix vizirs, Bakhtiar Namesh, éd. & trad. Basset, R. Paris.
  • Barlaam et Josaphat (2004) : Barlaam et Josaphat ou le Bouddha christianisé, éd. Marcel, J. Montréal.
  • Calila et Dimna (1084) : Calila et Dimna, éd. Lacarra, M. J. et Cacho Blecua, J. M. Madrid.
  • Derenbourg, J. (1881) : Deux versions hébraïques du livre de Kalilâh et Dimnâh, publiées d’après les ms. de Paris et d’Oxford (Bibliothèque de l’École des hautes études, Sciences philologiques et historiques, 49), Paris.
  • Exemplario contra los engaños y peligros del mundo (2007) : Exemplario contra los engaños y peligros del mundo , éd. Haro Cortés, M. Valence.
  • Ferdowsi/Firdousi, Le Livre des Rois (1876-1878) : Le Livre des Rois (Shâh Nâmeh) par Abou’lkasim Firdousi, , éd. & trad. Mohl, J. Paris, 7 vol.
  • Ibn Al-Muqaffa, Le livre de Kalila et Dimna (1980) : Ibn Al-Muqaffa. Le livre de Kalila et Dimna, éd. & trad. Miquel, A. Paris.
  • Kalila et Dimna (2006) : Kalila et Dimna. Fables indiennes choisies et racontées par Ramsay Wood, ed. Wood. R. Paris.
  • Le Roman de Renart (1882-1887) : Le Roman de Renart, éd. Martin E, 3 vol, Strasbourg – Paris, 3 vol.
  • Le Roman de Renart (2005) : Le Roman de Renart édité d’après les manuscrits C et M, revu, présenté et traduit par Gabriel Bianciotto, éd. & trad. Fukumoto, N., Harano, N., Suzuki, S. et Bianciotto, G. [1983-1985], Paris.
  • Le Roman des sept sages de Rome (2017) : Le Roman des sept sages de Rome, éd. Speer, M.B. et Foehr-Janssens, Y. Paris.
  • Raymond de Béziers, Calila et Dimna (1884-1899) : Les fabulistes latins depuis le siècle d’Auguste jusqu’à la fin du Moyen Âge, Jean de Capoue et ses dérivés, 379-775, éd. Hervieux, L Paris, 5 vol.

Bibliographie •••

  • Abû Ghadda, H. ‘A. al-G. (1986) : Ahkâm al-sijn wa-mu’âmalat al-sujanâ fî l-islâm, thèse de doctorat, Université de la Zîtûna, Tunis.
  • Boukhali, L. (2011) : Le discours politique dans Kalila et Dimna d’Ibn al-Muqaffa’, thèse de doctorat, École Normale Supérieure de Lyon, [en ligne] https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00682596/document [consulté le 03 déc. 2020]
  • Charageat, M., Ribémont, B., Soula, M., dir. (2019) : Corps en peine. Manipulations et usages des corps dans la pratique pénale depuis le Moyen Âge, Paris.
  • Claustre, J. (2007) : Dans les geôles du roi. L’emprisonnement pour dette à Paris à la fin du Moyen Âge, Paris, [en ligne] https://books.openedition.org/psorbonne/32989 [consulté le 20 déc. 2021].
  • Garcin, J.-C., Maury, B., Revault, J. et Zakariya, M. (1982) : Palais et maisons du Caire. Époque mamelouke (XIIIe-XVIe s.), Aix-en-Provence, [en ligne] https://books.openedition.org/iremam/3078 [consulté le 20 déc. 2021].
  • Gonthier, N. (1998) : Le châtiment du crime au Moyen Âge (XIIe-XVIe s.), Rennes, [en ligne] http://books.openedition.org/pur/8955 [consulté le 20 déc. 2021].
  • Grand, R. (1941) : “Justice criminelle, procédures et peines dans les villes aux XIIIe et XIVe s.”, Bibliothèque de l’école des chartes, 102, 51-108.
  • Malamut, É., dir. (2010) : Dynamiques sociales au Moyen Âge, en Occident et en Orient, Aix-en-Provence, [en ligne] https://doi.org/10.4000/books.pup.6736 [consulté le 20 déc. 2021].
  • Porteau-Bitker, A. (1968) : “L’emprisonnement dans le droit laïque du Moyen Âge”, Revue historique du droit français et étranger, 2 et 3, 211-245.
  • Scheideri, I. (1995) : “Imprisonment in Pre-classical and Classical Islamic Law”, Islamic Law ans Society, 2, 157-173.
  • Tillier, M. (2008) : “Prisons et autorités urbaines sous les Abbassides”, Arabica, 55, 8-9.
  • Tillier, M. (2010) : “Les prisonniers dans la société musulmane (IIe/VIIIe-IVe/Xe s.)”, in : Malamut, dir. 2010, 191-212, [en ligne] https://books.openedition.org/pup/6762 [consulté le 20 déc. 2021].
  • Tillier, M. (2017) : L’invention du cadi. La justice des musulmans, des juifs et des chrétiens aux premiers siècles de l’Islam, Paris [en ligne] http://books.openedition.org/psorbonne/36105 [consulté le 20 déc. 2021].
  • Viollet, H. (1913) : “Description du palais de Al-Moutasim, fils d’Haroun-al-Raschid, à Samara, et quelques monuments arabes peu connus de la Mésopotamie”, Mémoires présentés par divers savants à l’Académie des inscriptions et belles-lettres de l’Institut de France, 12 (2), 567-594, [en ligne] https://www.persee.fr/doc/mesav_0398-3587_1913_num_12_2_1097 [consulté le 20 déc. 2021].
  • Vivas, M. (2014) : “Les lieux d’exécution comme espaces d’inhumation. Traitement et devenir du cadavre des criminels”, Revue Historique, 670, 295-312, [en ligne] http://www.cairn.info/revue-historique-2014-2-page-295.htm [consulté le 20 déc. 2021].
  • Voyer, C. (2019) : “Le corps des prisonniers dans les images des XIVe-XVe s.)”, in : Charageat et al., dir. 1919, 189-212.

Notes •••

  1. Plusieurs manuscrits arabes, persans, latins ou castillans de l’œuvre sont conservés. Ils datent, pour les plus anciens, du XIIe s. et, pour les copies plus récentes, des XIVe et XVe s. Nous travaillons sur l’édition de l’œuvre castillane, dont la transcription a été réalisée par Maria Jesús Lacarra et Juan Manuel Cacho Blecua en 1984. Trois manuscrits du XIVe s. (copies de la version alphonsine) ont servi de base à leur transcription. Nous utilisons aussi la traduction de l’œuvre arabe d’Ibn Al-Muqaffa réalisée par André Miquel sur un manuscrit arabe daté de la fin du XIIe s. selon le traducteur.
  2. Calila et Dimna, éd. Lacarra & Cacho Blecua 1984, 181 : “La mère répondit : À ce que l’on m’a dit, on peut suspecter que les actions de Dimna, quand il t’a dressé contre Sençeba, étaient motivées par l’envie qu’il avait de sa dignité et de sa privauté.”
  3. Boukhali 2011, 268.
  4. Alfonso X El Sabio, éd. Sánchez-Arcilla Bernal 2004, 895.
  5. Une première version en sanskrit des IIe-IVe s. donne naissance à une version arabe au VIIIe s. à Bagdad et à une version christianisée au XIIIe s. Voir Barlaam et Josaphat, éd. Marcel 2004.
  6. Il en existe une version latine du XIIe s., et Sendebar, version castillane de 1253. Voir Le Roman des septsages de Rome, éd. Speer & Foehr-Janssens 2017.
  7. Toutes les images fournies dans cet article sont des copies que j’ai réalisées à l’aquarelle avec des pigments artisanaux pour essayer de me rapprocher au maximum des couleurs des enluminures originales. Les copies des gravures de l’Exemplario contra los engaños y peligros del mundo ont été exécutées à l’aide d’un stylo feutre micron à pointe fine.
  8. Viollet 1913, 582-584.
  9. Garcin et al. 1982, 219-240.
  10. Ibn Al-Muqaffa, Le livre de Kalila et Dimna, éd. & trad. Miquel 1980, 117.
  11. Tillier 2017, 179-185.
  12. Bakhtiar Nameh, Histoire des dix vizirs, éd. & trad. Basset 1883, part.1 : “Le roi sortit de la salle à manger, prit la reine par la main et la conduisit dans la chambre où dormait son favori. Il ouvrit la porte, entra et, trouvant son trésorier endormi, il se tourna vers la reine : “Que fait là ce jeune homme ? demanda-t-il ; assurément, il n’est venu ici qu’à cause de toi. Je l’ignore, répondit-elle. Là-dessus le dormeur s’éveilla et, voyant Azâd-bakht, il se leva et se prosterna devant lui. Misérable, s’écria le roi, qui t’a conduit dans m nsi, ô roi, termina le jeune homme, que mon sort a d’abord été prospère et que toutes mes entreprises réussissaient. Mais à présent, mon bonheur a disparu et tout se tourne contre moi. Lorsqu’il eut terminé son histoire, la colère du prince se calma un peu et il dit : “Ramenez-le à sa prison ; la journée est finie ; nous verrons demain ce qu’il y a à faire et nous punirons son crime”.
  13. Calila et Dimna, éd. Lacarra & Cacho Blecua 1984, 187 : “Le lion commanda alors que l’on se saisisse de Dimna et qu’on le mette aux fers ; ensuite on le conduisit en prison. Le roi ordonna l’examen de l’affaire, que l’on procède à une enquête à son sujet et qu’on la lui présente. Dimna dormit cette nuit-là en prison, et un chevalier fut préposé à sa garde.”
  14. Voyer 2019, 189-212.
  15. Le Roman de Renart, éd. Martin 1882-1887. Voir également Le Roman de Renart, éd. & trad. Fukumoto et al. [1983-1985] 2005, 994 [en ligne] http://roman-de-renart.blogspot.com [consulté le 03/06/2021], le texte en ancien français (27.878 vers) numérisé d’après l’édition de N. Fukumoto, N. Harano et S. Suzuki. La numérisation et la traduction, commencée par Michel Corne en 2009, s’est achevée en novembre 2020. [En ligne] https://roman-de-renart.blogspot.com/2009/02/prologue-le-livre.html [consulté le 03/06/2021]
  16. Grand 1941, 74-75 ; Porteau-Bitker 1968 ; Gonthier 1998, 111-172 ; Claustre 2007, 300-355.
  17. Raymond de Béziers, Calila et Dimna, éd. Hervieux 1884-1899, 5, 511 : […] precepit leo quod remoueretur Dina de conspectu eius et quod duceretur ad carcerem detrudendus.
  18. Brichemer le cerf est mentionné comme sénéchal dans la branche Ia.
  19. Calila et Dimna, éd. Lacarra & Cacho Blecua 1984, 187.
  20. Alfonso El Sabio, Las Siete Partidas, éd. Sánchez-Arcilla Bernal 2004, 971, Partie VII, Titre XXIX, Loi 1 : Comment doivent être détenus les prisonniers, et sur l’ordre de qui : “Un homme se trouvant réputé ou accusé d’une faute qu’il aurait commise de l’une des façons dont on a parlé dans les titres de cette Septième Partie, le juge ordinaire devant lequel a été déposée l’accusation peut parfaitement ordonner qu’il soit détenu immédiatement”.
  21. Ibn Al-Muqaffa, Le livre de Kalila et Dimna, éd. & trad. Miquel 1980, 237.
  22. Ferdowsi/Firdousi, Le Livre des Rois (Shâh Nâmeh), éd. & trad. Mohl (1876-1878), chap. VIII Newder : “Afrasiab assassine Newder” : “Afrasiab reçut la nouvelle que ses guerriers illustres avaient cessé de vivre, son âme fut enflammée de douleur et de soucis, et le sang de son cœur mouillait ses deux yeux. Il dit : Ce roi Newder est en prison pendant que mes amis sont foulés aux pieds ; que pouvons-nous faire que verser son sang et commencer une nouvelle vengeance ? Il demanda avec impatience : Où est Newder ? Car Wiseh veut se venger sur lui ? Puis il dit au bourreau : Amène-le, traîne-le ici pour que je lui apprenne son sort. Le roi Newder en ayant été informé, sentit que sa mort approchait. Un cortège nombreux se dirigea vers lui avec un grand bruit et des cris. Ils lui lièrent les bras durs comme une pierre, le tirèrent de sa prison et le menèrent devant le crocodile. Ils le menèrent avec ignominie, le tenant avec leurs mains, tout confondu, nu de la tête aux pieds et comme mort”.
  23. Calila et Dimna, éd. Lacarra & Cacho Blecua 1984, 182 : “Après le lever du jour, le lion fit quérir les meilleurs hommes de sa mesnie, et tous furent présents ; il fit convier sa mère et elle les rejoignit. Puis il fit convoquer Dimna, et le message lui fut transmis”.
  24. Exemplario con tra los engaños y peligros del mundo, éd. Haro Cortés 2007, 142. Les différentes versions sont restées fidèles en cela à la version arabe du VIIIe s. Ibn Al-Muqaffa, Le livre de Kalila et Dimna, éd. & trad. Miquel 1980, 131 : “Le cadi nota alors tout ce qu’on avait dit à Dimna et les réponses qu’il avait faites, puis il le renvoya en prison. Le haut personnage de la garde s’en alla trouver le roi, et le reste de l’assistance se sépara. Dimna cependant resta en prison durant les sept nuits qui suivirent ces événements ; il se justifiait toujours, et l’on ne put le confondre ni le forcer à avouer quoique ce fût de son crime.” Lacarra et Cacho Blecua, éd. 1984, 200 : Et el alcall fizo escrevir todo lo que dixiera Digna et todo lo otro que ý pasó ; et enbiáronlo a la cárçel, et fuéronse los mayores de la mesnada a la casa del rey, et leyeron ant’ él todo lo que se razonó. Et tovieron a Digna en la cárçel siete días, et cada día le demandavan et non le resçebían ninguna escusaçión de su pecado. Et nunca lo pudieron vençer nin fazer que manifestase.
  25. Ibidem, 155 : “Après tout cela, le juge ordonna de consigner par écrit toutes les questions et les réponses concernant l’affaire de Dimna, et il commanda que celui-ci soit reconduit à la prison ; et tous revinrent à la maison du roi afin de rendre compte à Sa Majesté du procès, comme il le leur avait ordonné. Et bien que, par la suite, Dimna réclama mille fois qu’on lui donnât la parole, jamais ils n’acceptèrent de l’entendre”.
  26. Tillier 2008, 388, qui cite Scheideri 1995, 158-169 et Abû Ghadda 1986, 264.
  27. Ramsay Wood a réalisé une traduction du Calila et Dimna en s’appuyant sur les traductions anglaises du XIXe s. de trois manuscrits arabes (Knatchbull, W. (1819) : Kalila and Dimna, Oxford, traduction anglaise de l’édition en arabe par Sylvestre Sacy, 1816), persan (Wollaston A. N. (1904) : The Anwar-i-Suhaili or the Lights of Canopsus, Londres, traduction en anglais du manuscrit Add. MS. 18579 de la British Library daté de 1610) et syriaque (Keith-Falconer, I.G.N. (1885) : Kalilah and Dimnah, Cambridge, traduction réalisée sur une transcription de W. Wright (Oxford, 1884) du manuscrit syriaque B. 5. 32 de la Bibliothèque du Trinity College de Dublin daté du XIIIe s.).  Cette traduction n’est donc pas sans poser de problème sur le terme utilisé pour mentionner la prison de Bidpai : “cul-de-basse-fosse”, dont la terminologie n’apparaît qu’au XIVe s. Kalila et Dimna, éd. Wood 2006, 57.
  28. Tillier 2008, 387-408 et 2010, 193-194.
  29. Gonthier 1998, 120-125.
  30. Nous n’avons pour le moment trouvé aucune autre enluminure représentant l’odeur de la mort.
  31. Lacarra et Cacho Blecua, 200 : “Lorsqu’il les eut répétés plusieurs fois au lion, celui-ci comprit qu’il avait été manipulé par Dimna, et que par sa faute il avait agi aveuglément. Il ordonna donc qu’on le fasse mourir de faim et de soif, et il périt de male mort en la prison”.
  32. Hervieux, éd. 1884-1899, 531 : “Puis le renard répondit : Ce qui est fait, il est impossible de le défaire, parce que Dieu le veut ainsi, et le lion et toute la cour veulent que tu meures sur le gibet ; et supporte avec patience ce que tu as bien mérité, et supplie toute la cour, demande-leur qu’ils t’épargnent, et qu’ils prient pour toi et pour ton âme ; pour ma part, je t’absous, puisque tu as fait pénitence et que tu t’es repenti”.
  33. Cette implantation est tout à fait conventionnelle pour l’époque médiévale. Voir Vivas 2014.
  34. Exemplario contra los engaños y peligros del mundo, éd. Haro Cortés 2007, 156 : “Et une fois que toutes les pièces du procès eurent été réunies, considérant qu’il était totalement avéré que [le roi] avait fait tuer Senseba sous l’influence des tromperies et de la jalousie de Dimna, sans plus ample informé, il ordonna qu’il soit traîné [hors de la cour] et que l’on procède à son exécution”.
ISBN html : 978-2-35613-413-4
Rechercher
Pessac
Article de colloque
EAN html : 9782356134134
ISBN html : 978-2-35613-413-4
ISBN pdf : 978-2-35613-414-1
ISSN : 2741-1818
Posté le 11/11/2021
11 p.
Code CLIL : 3385 ; 4117
licence CC by SA
Licence ouverte Etalab

Comment citer

Dalbion, Mathilde (2021) : “Usage et représentation de l’espace carcéral dans les différentes versions du Calila et Dimna (VIIIe-XVe s.)”, in : Charageat, Martine, Lusset, Élisabeth et Vivas, Mathieu, dir., Les espaces carcéraux au Moyen Âge, Pessac, Ausonius éditions, collection PrimaLun@ 15, 2021, 131-150 [en ligne] https://una-editions.fr/espace-carceral-dans-les-calila-et-dimna [consulté le 24 octobre 2021].
10.46608/primaluna15.9782356134134.8
Illustration de couverture • Montage à partir de
•Besançon, BM, ms. 148, fol. 182
•Chambéry, BM, ms.1, fol. 203v
•Tours, BM, ms. 52, fol. 2
•Avignon Bibliothèques (Ville d’Avignon), Dépôt de l’État, ms. 136, fol. 330v (Carole Baisson, Ausonius).
Retour en haut
Aller au contenu principal