Introduction
Née de l’abbaye fondée par saint Géraud à la fin du IXe s., la petite ville d’Aurillac est le théâtre d’un long conflit aux XIIIe et XIVe s. entre la population (menée par ses consuls) et la communauté bénédictine qui en est le seigneur, dont les intérêts sont portés par ses abbés. Riche en rebondissements, alternant phases de conflit aigu – voire violent –, procédures judiciaires et compromis temporaires, la lutte des habitants contre les moines et leur seigneurie a donné naissance à un volumineux dossier documentaire, qui constitue une source extrêmement riche sur l’exercice de la seigneurie monastique. Roger Grand, qui a édité ces sources1, a mis à profit ce gisement documentaire pour étudier la procédure de justice criminelle dans les villes méridionales aux XIIIe et XIVe s.2.
On réexaminera cette même documentation du point de vue de l’histoire des lieux d’incarcération à Aurillac jusqu’au mitan du XIVe s.3. Roger Grand a considéré un peu vite que le château Saint-Étienne avait toujours été la prison principale des abbés d’Aurillac. Or l’examen attentif des sources révèle que la situation est plus compliquée et, surtout, plus mouvante. Trois phases principales, qui seront autant d’étapes de l’enquête, doivent être distinguées : dans la première moitié du XIIIe s., l’emprisonnement des prévenus se fait soit dans une prison interne à l’abbaye, soit dans la tour du château susmentionné ; par la suite et jusqu’en 1298, on assiste à une castralisation très nette des lieux de détention ; après 1298, et jusqu’au milieu du XIVe s., on revient à un système dual où la détention dans une demeure privée en ville peut servir d’alternative à l’emprisonnement dans la tour du château Saint-Étienne.
Une dualité carcérale : château Saint-Étienne
et prison dans l’enceinte monastique
L’un des rebondissements du conflit entre les habitants d’Aurillac et les moines conduit à une enquête menée par les agents du pouvoir royal : initiée en 1277, interrompue rapidement par un accord – sur lequel on reviendra –, l’enquête reprend en 1284. Les actes de procédure, les témoignages favorables à la communauté monastique et les pièces écrites qu’elle a produit ont été consignés dans un énorme rouleau de 20,4 mètres, composé de 37 peaux de parchemin4. Si l’enquête a bien été contradictoire, les assertions des témoins favorables à la cause des consuls n’ont malheureusement pas été conservées. Les précisions apportées par certains des témoins de l’abbé répondent certainement aux sollicitations des enquêteurs : comme c’est souvent le cas dans ce type de documentation5, on devine que ce sont les enquêteurs qui ont demandé aux témoins de déclarer s’ils rapportent des faits constatés de visu ou connus par ouï-dire, mais aussi de situer les faits dans le temps. En l’occurrence, les témoins situent les événements chronologiquement en indiquant le nombre approximatif d’années les séparant du moment de l’enquête ou bien l’abbatiat sous lequel ils se sont déroulés. Si beaucoup de dépositions de 1284 concernent des faits proches des années 1280, elles contiennent aussi des éléments qui permettent d’esquisser des hypothèses sur les lieux de détention en usage à Aurillac dans la première moitié du XIIIe s.
L’enquête révèle en effet l’existence d’une prison à l’intérieur de l’abbaye, servant à la détention de prévenus qui ne sont ni des moines, ni des domestiques servant ces derniers. C’est ce qui ressort du témoignage d’Hugues de Cavière, un octogénaire6. Il atteste avoir vu “en prison, à Aurillac, dans l’abbaye” (in prisione, apud Aureliacum, in abbatia) deux femmes accusées d’infanticide. Il précise ensuite avoir vu le viguier Raimond Moisset les conduire aux fourches patibulaires pour les faire brûler, même s’il n’a assisté personnellement ni au jugement ni à l’exécution. Bien que les faits rapportés soient très anciens (vers 1229), le témoignage est extrêmement précis. La mention d’une prison dans l’abbaye ne peut guère relever d’une déformation ultérieure de son souvenir, dans la mesure où, comme on le verra, aucun témoignage concernant des faits postérieurs à 1260 ne fait plus état de cette situation. Si déformation mémorielle il y avait eu, elle aurait dû conduire Hugues de Cavière à placer la prison dans le château Saint-Étienne, selon l’usage des années 1280. Le témoignage d’Hugues de Cavière est corroboré par celui du prêtre Pierre du Gué, âgé de 50 ans. Assesseur de la cour de justice abbatiale en 1273, il rapporte qu’une trentaine d’années plus tôt (donc aux alentours de 1254), deux hommes et une femme avaient été capturés en dehors d’Aurillac, conduits dans la ville et “placés dans la prison dudit abbé” (positi in prisione dicti abbatis), puis jugés coupables de meurtre et condamnés à la pendaison. S’il n’a assisté ni au jugement ni à la pendaison, Pierre du Gué dit qu’il a vu comment “le viguier de l’abbé les a extraits de l’abbaye” (viguerius abbatis extraxit de abbatia). La prison dont il est question semble donc se situer dans l’enceinte du monastère. On peut ainsi établir qu’avant 1260, une prison existait au sein de l’abbaye, qui accueillait des prévenus relevant de la juridiction seigneuriale de l’abbé. Hélas, dans l’état actuel de nos connaissances, on ignore où se situait ce lieu de détention au sein de l’enceinte monastique.
Dès cette époque, le château Saint-Étienne constituait un autre lieu d’incarcération, plus conforme à ce qu’on rencontre ailleurs7, dans d’autres contextes8. C’est du moins ce qui ressort des témoignages de 1284, un peu plus nombreux à faire état du rôle carcéral du château abbatial pour la première moitié du XIIIe s. Ainsi, le prêtre septuagénaire Pierre de Boussac témoigne qu’un certain Durand Daumart, suspect de meurtre, avait été capturé par le bayle des moines et conduit au château Saint-Étienne, le temps d’être lavé de tout soupçon9. Si Pierre de Boussac ne situe pas précisément ces faits, dans sa réponse précédente, il renvoyait à des événements s’étant déroulés vers 1226, tandis que, dans la suivante, il évoque des faits situés aux environs de 1224. On peut donc supposer que les faits concernant Durand Daumart remontent à la même période. Il faut aussi compter avec les assertions d’Étienne d’Omps, qui a exercé la fonction de bayle de l’abbé, lequel rapporte qu’environ 40 ans auparavant (vers 1244), deux frères ayant blessé dangereusement un habitant d’Aurillac auraient été pris et incarcérés au château Saint-Étienne, avant d’être condamnés à mort, puis graciés par l’abbé10. Hugues de Tessières, chevalier et quinquagénaire, rapporte également le cas d’Aymar Fortet et Géraud Luc, incarcérés au même château Saint-Étienne une trentaine d’années auparavant (vers 1254) par les sergents de l’abbé et libérés par la suite11. Plus flou, le témoignage d’Étienne Bonenfant, octogénaire, situe environ 55 ans avant (vers 1229) l’action du viguier Raimond Moisset, mettant en prison un accusé de meurtre, ensuite pendu12. Si Bonenfant ne précise pas le lieu de détention, il est tentant de rapprocher son témoignage de celui de Savary Moisset, chevalier, fils et successeur de Raimond comme viguier : Savary affirme que l’abbé a “sa prison dans son château d’Aurillac” (carcerem suum in castro suo de Aureliaco)13. Il ressort de tout ceci que le château Saint-Étienne servait lui aussi de lieu d’incarcération au service de la justice abbatiale dès les années 1220, c’est-à-dire aussi loin que remonte la mémoire des témoins interrogés en 1284.
De ce qui précède, il faut conclure à l’existence de deux espaces carcéraux distincts, la prison dans l’abbaye et celle du château Saint-Étienne, ayant fonctionné de concert dans la première moitié du XIIIe s., pour le compte de la même juridiction seigneuriale, celle exercée par l’abbé sur les habitants d’Aurillac au nom de la communauté monastique. L’examen de la demi-douzaine d’individus détenus soit dans l’abbaye soit dans le château Saint-Étienne ne permet pas de repérer de différence concernant le profil des accusés (genre, niveau social), la nature des faits imputés, le déroulement de la procédure judiciaire ou encore son issue.
Si les deux prisons semblent avoir, un temps, fonctionné de manière concomitante, leur chronologie se chevauche sans se confondre : alors que le château Saint-Étienne demeure utilisé tout au long des XIIIe et XIVe s. pour incarcérer des prévenus relevant de la justice seigneuriale, aucun des témoignages à propos des faits postérieurs à 1260 ne fait plus mention de la prison localisée à l’intérieur de l’abbaye. Faut-il en conclure à l’abandon de l’usage de cette prison ou au fait qu’elle ait été désormais réservée aux moines et clercs soumis au pouvoir de correction de l’abbé ?
Ce pouvoir est évoqué dans une annexe à la deuxième paix de 1298 qui énonce les garanties (présence de deux clercs n’appartenant pas à la familia de l’abbé) protégeant les clercs de la ville d’Aurillac en cas de procédure judiciaire contre eux. Le texte rappelle en revanche que demeuraient entièrement soumis au pouvoir de l’abbé, sans restriction, les moines et les gens qui dépendent (moventium) du monastère14. Le contexte indique qu’il faut reconnaître les clercs de l’abbaye parmi ces dépendants, parmi lesquels se trouvent sans doute un certain nombre de convers et de membres de la domesticité des moines15. En revanche, le document ne précise pas dans quelle prison devait se faire l’incarcération des moines ou clercs concernés. Or, si l’on assiste au XIIIe s. à une multiplication des injonctions concernant la construction de prisons au sein des monastères, il n’en demeure pas moins que certains – et non des moindres – incarcèrent leurs moines dans des prisons extérieures à l’enceinte monastique : c’est le cas des abbés de Cluny, qui recourent à leur château de Lourdon16. Il est donc possible, mais non certain, que la prison comprise dans l’enceinte de l’abbaye ait servi aux seuls moines et clercs du monastère après 1260.
Il est en revanche établi qu’à partir des environs de 1260, les habitants d’Aurillac ne sont plus susceptibles d’être incarcérés à l’intérieur de l’abbaye. Il est tentant de mettre ce fait en relation avec l’existence d’un premier accord entre la population et les moines en 1260, à propos des droits seigneuriaux exercés sur la ville : malheureusement, ce document, mentionné par un inventaire de la fin du XVIIe s., est perdu et l’analyse qui en est faite est trop floue pour nous renseigner sur le contenu précis de l’accord17. La coïncidence n’en est pas moins troublante et soulève une question : pour quelle raison les habitants auraient pu demander à être incarcérés dans le château Saint-Étienne plutôt que dans la prison à l’intérieur de l’abbaye ? Il est envisageable que l’incarcération dans un château ait été considérée par ces mêmes habitants comme plus honorable. De fait, dans le Massif Central, la tour castrale est d’abord et avant tout le lieu où l’on détient des membres de la chevalerie aux XIe et XIIe s.18 ; c’est encore fréquemment le cas dans les Miracles de Notre-Dame de Rocamadour, rédigés vers 117219. Être détenus au château Saint-Étienne permettait aux bourgeois d’Aurillac de se distinguer de la domesticité monastique et d’être assimilés à la chevalerie locale, à laquelle appartenait d’ailleurs un certain nombre d’entre eux.
Du côté des moines et de l’abbé, d’autres considérations ont pu jouer. Le fait d’emprisonner à l’intérieur de l’abbaye des prévenus n’étant ni des moines ni des membres de la familia pouvait poser des problèmes : dans ce cas, leur incarcération se faisait à proximité des espaces particulièrement sacrés constitués par l’église et le cimetière, voire le cloître20. Or il semble, qu’à partir du milieu du XIIIe s., certaines autorités ecclésiastiques aient été assez hostiles au fait que des délinquants extérieurs à la clôture soient incarcérés à proximité des lieux polarisant la sacralité à l’intérieur des espaces monastiques. C’est du moins ce que suggère un compte-rendu de visite de l’archevêque de Rouen Eudes Rigaud. En 1259, il dénonce le fait que les moines du prieuré bénédictin de Juziers tenaient leurs assemblées judiciaires (placita) dans le cloître et incarcéraient des “malfaiteurs et brigands” (malefactores et latrones) dans une prison placée trop près du cloître. Au contraire, il prescrit de construire une nouvelle geôle “à l’extérieur du lieu saint et à l’extérieur du cimetière” (extra locum sanctum et extra cimiterium), c’est-à-dire loin de l’église et de l’espace d’inhumation21. Nous sommes certes bien loin de l’Auvergne, mais on peut au moins avancer l’hypothèse que les deux faits normand et auvergnat sont corrélés à un même mouvement, cherchant à éloigner des espaces sacrés l’exercice de la justice seigneuriale, ainsi que les lieux d’incarcération de délinquants et criminels en relevant22.
On peut alors se risquer à proposer une ébauche de récit de l’évolution de la topographie de l’emprisonnement à Aurillac, nécessairement imparfaite et fragile, au vu des lacunes de la documentation, lesquelles conduisent à enchaîner les hypothèses. Ne serait-ce pas le développement de la procédure inquisitoire, au cours du XIIIe s., qui a accru le recours à l’incarcération23 ? Plusieurs témoins lient explicitement la détention de prévenus à la nécessité de l’enquête préalable au jugement24. Or on sait que, si l’usage de la prison comme peine infligée aux moines criminels se généralise à partir du XIIIe s., l’incarcération punitive est un phénomène très ancien dans le monachisme, dont les origines remontent à l’Antiquité tardive elle-même25. Il est ainsi parfaitement envisageable qu’une prison monastique ait existé au sein de l’abbaye d’Aurillac préalablement au développement de la procédure inquisitoire en matière de justice criminelle. On a pu prendre l’habitude d’y recourir, y compris pour des cas ne relevant pas du pouvoir de correction de l’abbé, mais de la justice seigneuriale rendue au nom des moines. Construite en deux temps, à la fin du XIIe et dans le premier tiers du XIIIe s.26, la tour du château Saint-Étienne manifestait, quant à elle, la domination seigneuriale de la communauté monastique sur la ville : physiquement, le château étant situé sur une hauteur surplombant tant le monastère que la ville, mais aussi symboliquement. La tour fut d’ailleurs la première cible des émeutiers révoltés contre la seigneurie monastique en 1233, comme l’attestent tant une lettre du comte de Toulouse Raimond qu’une bulle de Grégoire IX27. Ce n’est que dans un second temps, à l’issue d’un processus d’escalade, que les bourgeois révoltés s’en prirent aux bâtiments monastiques eux-mêmes. La tour a pu également servir aux abbés à détenir des seigneurs hostiles, capturés lors des guerres seigneuriales locales28. Dans ces conditions, le château Saint-Étienne a pu également faire office de lieu de détention pour les prévenus soumis à des enquêtes exercées par les agents de justice de l’abbé. Ainsi pourrait s’expliquer l’existence, dans la première moitié du XIIIe s., à Aurillac, de deux prisons, une au sein du monastère et l’autre dans la tour castrale, aux usages mal distingués. À partir des environs de 1260, on assiste à une évolution notable de la situation : désaffectée ou bien réservée aux seuls moines et clercs du monastère, la prison interne à l’abbaye ne sert plus pour les habitants de la ville, qui relèvent désormais du château Saint-Étienne et d’autres tours.
Vers une castralisation de l’emprisonnement
Les témoignages se multiplient concernant l’emprisonnement des prévenus dans le château Saint-Étienne après 1260. On retrouve celui de Pierre de Boussac, qui rapporte des cas se situant à l’époque de l’abbé Aymard, vers 1264, ou plus récemment encore, une douzaine d’années auparavant29. C’est aussi le cas d’Astorg Laconques, recteur de Crandelles, quinquagénaire, qui a vu, vers 1259, un bourgeois d’Aurillac conduit au château Saint-Étienne et détenu six ou sept mois, avant d’être libéré30. De même, Girard Conci, 55 ans, raconte des événements s’étant produits à l’époque de l’abbé Aymard, vers 1258. Raymond du Gué, sexagénaire, mentionne le cas d’Étienne Cademal, décédé, vers 1251, dans la prison du château Saint-Étienne, après avoir été arrêté pour vol et autres méfaits par le sergent Hugues des Montagnes. Ce dernier confirme31. Le même Raimond du Gué atteste avoir, en tant que bayle de l’abbé, emprisonné au château Saint-Étienne un prévenu, qui s’en évada d’ailleurs. Ce témoin rapporte aussi un autre cas de détenu dans la même prison, à la même époque32. Tous ces témoignages établissent solidement l’usage continu du château Saint-Étienne comme lieu d’emprisonnement au service de la justice seigneuriale des moines et de l’abbé, de part et d’autre de 1260.
D’autres témoignages, plus flous, évoquent “la prison (prisio) de l’abbé”, sans précision. Ainsi Géraud Couci (à ne pas confondre avec Girard Conci), quinquagénaire, raconte comment, vers 1270, Bernard de Coubz, accusé de viol, a été emprisonné sur ordre de l’abbé, avec son complice, le temps de l’enquête33. Hugues de Valettes, chevalier de 56 ans, rapporte avoir eu connaissance de la mort d’un voleur dans la prison de l’abbé vers 125934. Le sexagénaire Guillaume de l’Hostise fait état d’une enquête contre une femme pour vol de blé, vers 1270, elle aussi emprisonnée sur ordre de l’abbé35. Savary Moisset, 28 ans, écuyer de l’abbé, mentionne également cette prison de l’abbé36. Étienne Bonenfant, octogénaire que nous avons déjà croisé, est tout aussi flou à propos de faits situés vers 127237. Toutefois, il faut recouper ces témoignages avec d’autres : celui, déjà mentionné, de Savary Moisset, indiquant que la prison de l’abbé se situait dans le château Saint-Étienne38 ; celui de Géraud de l’Ostal, octogénaire, qui lui aussi associe explicitement “prison de l’abbé” et “château Saint-Étienne”39. Ajoutons le cas de Giraud Conci, 55 ans. Ce dernier dit qu’un certain Cademar est mort vingt-huit ans auparavant dans la prison de l’abbé, après avoir été capturé pour le vol d’un calice dans une église40. Or Étienne Bonenfant mentionne également le décès de ce même Cademar dans la prison de l’abbé, même s’il situe les faits vingt-cinq ans auparavant. Il ajoute que c’est Hugues des Montagnes, le sergent déjà évoqué, qui a capturé et emprisonné Cademar41. S’il situe les faits trente-trois ans auparavant, Raimond du Gué rapporte, lui aussi, la mort d’un certain Cademal, voleur et malfaiteur, arrêté par Hugues des Montagnes : il localise cependant explicitement sa détention à l’intérieur du château Saint-Étienne. Il y a tout lieu de croire que Cademar et Cademal ne font qu’un, le flou de la chronologie fournie par les témoins étant une des caractéristiques de la mémoire. On a donc confirmation que les mentions non déterminées de prison de l’abbé renvoient bien au château Saint-Étienne, manifestement devenu le lieu d’incarcération usuel des prévenus soumis à la justice seigneuriale des moines, au point qu’il n’était pas toujours nécessaire de le préciser.
Pour autant, même après les environs de 1260, le château Saint-Étienne ne constitue pas l’unique lieu de détention de ceux qui ont affaire à la justice de l’abbé. En effet, certains témoins attestent du recours à d’autres tours relevant de la seigneurie des moines. Girard Conci, déjà mentionné, rapporte que huit ans auparavant (vers 1276), alors qu’il était bayle de la tour de Belbex42, l’abbé y a fait conduire et emprisonner des délinquants43. Si ce cas de figure est unique, l’usage de la tour de Naucelles est plus documenté44. Pierre de Boussac raconte comment, 26 ans auparavant (donc vers 1258), Bernard de Conques aurait été emprisonné à Naucelles, où il serait mort45. Son récit est corroboré et complété par celui d’Astorg de Messac, damoiseau de 45 ans. Si ce dernier situe les faits environs 28 ans plus tôt, Astorg de Messac ajoute que Bernard de Conques avait été pris pour brigandage. Il précise que son père et son oncle, Hugues de Messac, chevalier, étaient les gardiens du château de Naucelles pour l’abbé46. Hugues des Montagnes, ancien sergent de l’abbé, sexagénaire, évoque, lui aussi, d’après ouï-dire, le cas d’un voleur incarcéré à Naucelles et qui y serait mort, vingt-deux ans auparavant, sans que l’on sache s’il s’agit de Bernard de Conques ou d’un autre47. Or les tours de Belbex, de Naucelles et du château Saint-Étienne ont fait l’objet de précieuses analyses castellologiques par Bruno Phalip48. Il démontre que leur construction s’est opérée en deux temps : si le niveau inférieur des tours date de la fin du XIIe s., les étages ont été bâtis au cours du premier tiers du XIIIe s. De surcroît, ces trois tours présentent entre elles et avec d’autres, relevant du même monastère, des ressemblances fortes dans le plan (carré), l’appareillage et la morphologie (latrines sans encorbellement). Il semble donc que l’on ait affaire à un véritable programme architectural initié par les abbés de Saint-Géraud d’Aurillac. Pourvues d’une très faible valeur défensive, ces tours ne pouvaient guère jouer un rôle militaire autre que de pure circonstance. En revanche, comme les autres tours de même type dans la région, elles étaient d’abord destinées à être vues, marquant de façon verticale et pétrifiée l’emprise seigneuriale dans le paysage49. En l’occurrence, installée sur une éminence voisine, la tour du château Saint-Étienne dominait le bourg d’Aurillac, organisé autour du monastère, en contre-bas du site castral, au bord de la Jordanne. Les tours de Naucelles et de Belbex, situées à quelques kilomètres, respectivement au nord et au sud-ouest de l’abbaye, marquaient le paysage rural de l’empreinte seigneuriale de la communauté monastique et de ses abbés.
On assiste dans la seconde moitié du XIIIe s. à Aurillac à un mouvement de castralisation de l’incarcération, liée à l’exercice de la justice seigneuriale exercée au nom de l’abbaye bénédictine. Cette castralisation des lieux d’emprisonnement paraît être la conséquence d’une métamorphose de l’expression de la seigneurie monastique. En effet, vers 1119, lors de l’hommage vassalique prêté par le vicomte de Carlat aux abbés, auxquels assistent des bourgeois d’Aurillac, l’enceinte monastique sert encore de cadre spatial à la matérialisation des rapports seigneuriaux50 : c’est devant la chambre de l’abbé, dans le cloître, et dans l’église Saint-Clément, toutes deux comprises dans la clôture, que le vicomte fait hommage, puis jure fidélité à l’abbé. L’érection de tours seigneuriales par l’abbaye à la fin du XIIe et dans le premier tiers du XIIIe s. conduit à une extériorisation ainsi qu’à une pétrification verticale de la domination monastique51. Il n’est pas surprenant que ces tours aient dès lors pu également servir de lieux de détention de ceux sur qui pesait la justice exercée au nom de la seigneurie des moines.
Le texte de la première paix, conclue en 1280, confirme le lien entre castralité, seigneurie et exercice de l’incarcération. Rappelons que la procédure d’enquête en 1277 sur le conflit entre la communauté monastique et les bourgeois fut interrompue au bout de quelques jours, un accord ayant été trouvé par les deux parties pour choisir comme arbitre Eustache de Beaumarchais, sénéchal du roi de France. La période de négociation dura deux ans et demi, avant que la première paix entre moines et habitants soit conclue à l’été 128052. Cette paix ne parle pratiquement pas d’emprisonnement, un sujet qui n’était manifestement pas considéré comme un enjeu crucial de l’affrontement entre la population aurillacoise et la communauté monastique qui en était le seigneur53. Seul un article l’évoque rapidement, interdisant aux consuls et à la commune de construire “aucune fortification, tour ou bien prison” (nullum fortalicium, turrim vel cercerem)54. On ne saurait mieux souligner le rapport qu’établissent les deux parties entre le fait de disposer du pouvoir d’incarcérer et celui de bâtir une fortification ou une tour.
Ainsi, à partir des environs de 1260, on assiste à Aurillac à une castralisation des incarcérations exercées dans le cadre de la justice seigneuriale de la communauté monastique. Les prévenus sont désormais systématiquement emprisonnés dans le château Saint-Étienne ou dans d’autres tours relevant de l’abbaye ; la pratique existait auparavant, mais c’est son caractère exclusif qui constitue la nouveauté. Le phénomène est à relier à un mouvement général de castralisation de la seigneurie monastique, dont les différents acteurs avaient parfaitement conscience, si l’on se fie à l’analyse de la première paix de 1280. Toutefois, la prison ne paraît pas avoir constitué un enjeu prioritaire des revendications de la population, contrairement à ce qui se passe par la suite.
Vers un nouveau dédoublement des lieux de détention à Aurillac
Si la question des incarcérations n’apparaissait pas dans la paix de 1280, il n’en est plus de même dans celle de 1298 : un article entier leur est consacré, qui vient en deuxième position, avant même celui consacré à la procédure d’enquête, ce qui donne une idée de son importance55. Ce changement peut être mis en relation avec le processus qui a conduit à l’élaboration de la deuxième paix. Les menées de l’abbé d’Aurillac avaient conduit le Parlement à rejeter la validation de l’accord de 1280. L’enquête royale reprit donc en 1284, conduisant à l’enregistrement des témoignages exploités ci-dessus. Malgré les témoins et les pièces écrites présentées, l’abbé ne parvint pas à obtenir une décision du Parlement en sa faveur. Une sentence valida la paix de 1280 en 1286 ou 1287, confirmée encore en 1288.
Mais la querelle entre l’abbé et les consuls rebondit au cours de la décennie 1290 en raison des prétentions de l’abbé à exercer une domination spirituelle sur les habitants, allant jusqu’à les menacer d’excommunication, ainsi que de la volonté des consuls de doter leur hôtel d’une tour. Or, si la paix de 1280 autorisait les consuls à disposer d’un bâtiment officiel, elle prohibait toute construction d’une tour ou de tout autre élément fortifié de leur part. C’est dans ces circonstances que les deux parties, abbé et communauté monastique, d’une part, consuls et bourgeois, de l’autre, décidèrent de recourir à l’arbitrage du bailli des Montagnes, Guillaume d’Echilleuses, assisté de trois jurisconsultes. Lequel déboucha sur le compromis connu sous le nom de deuxième paix, en 129856. Le rappel de ces faits conduit à faire l’hypothèse que l’emprisonnement est devenu un enjeu central du fait de l’enquête de 1284 : en mettant en avant l’incarcération comme une prérogative majeure de la domination seigneuriale exercée par les moines et leur abbé, l’enquête a pu conduire en réaction les bourgeois à se saisir de cet enjeu. Hélas, nous ne disposons pas des témoignages de ceux qui parlèrent en faveur des consuls, ce qui empêche d’asseoir plus solidement cette conjecture.
L’article de la paix de 1298 consacré aux questions d’emprisonnement livre une multitude d’informations sur les conditions concrètes de détention, le salaire des gardiens et le coût des repas57, ainsi que ceux à qui incombent ces dépenses. Le plus intéressant en ce qui nous concerne tient à la manière dont la paix prescrit que toute personne prise par le bayle ou les sergents de l’abbé “ne soit pas incarcérée ni tenue aux arrêts, si ce n’est à Aurillac ou au château Saint-Étienne” (non incarceretur nec in arresto tenatur, nisi in villa Aureliaci aut in castro Sancti Stephani). On remarque tout d’abord que l’article interdit la détention dans les tours relevant de la seigneurie des moines quand elles sont situées à l’extérieur d’Aurillac (Naucelles et Belbex). Quelques lignes après, il est précisé que l’emprisonnement doit se faire “dans la ville d’Aurillac, à l’intérieur des murs, ou dans le susdit château” (in villa Aureliaci, infra muros, aut in castro predicto). Surtout, la paix crée un double régime d’emprisonnement. Si l’incarcération au château Saint-Étienne n’a rien d’une nouveauté, l’article institutionnalise la possibilité d’une détention dans une des maisons de la ville58. Un peu plus loin, on précise que la détention dans une maison de la ville constitue une alternative possible à l’emprisonnement dans le “fond de la tour dudit château” (in fundo turris dicti castri), en fonction du type de délit et de la condition du prévenu. Hélas, le texte ne donne pas de précision supplémentaire, peut-être parce que chaque cas était examiné en fonction de normes communes restées tacites. En revanche, l’article précise qu’une demeure choisie comme lieu d’incarcération dans la ville devra être gardée59.
La possibilité d’être emprisonné en ville constituait un compromis entre la volonté des consuls de disposer de leur propre lieu d’incarcération et le maintien du monopole judiciaire de la seigneurie monastique. Tout en ne cédant pas aux revendications des consuls sur un partage des prérogatives judiciaires, l’abbé satisfaisait à d’éventuelles requêtes de la population concernant les lieux et les conditions de détention. Dans cet article, des mesures visent également à réduire l’arbitraire seigneurial, sans remettre en cause les droits des moines : l’obligation pour l’abbé (et ses officiers) de prévenir deux consuls ou deux proches de l’incarcéré de sa détention, la fixation de tarifs pour les dépenses liées à l’emprisonnement (frais de bouche, salaire des gardiens), la montre régulière du détenu à deux prud’hommes, ne pouvant appartenir à la familia de l’abbé, afin de vérifier qu’il ne manque de rien. À n’en pas douter, les cas de prisonniers morts au cours de leur détention, rapportés et consignés dans l’enquête de 1284, avaient marqué la mémoire des Aurillacois. Il était en outre permis aux proches du prisonnier d’améliorer son ordinaire, à leurs frais : c’est un enjeu important et récurrent du fonctionnement des prisons médiévales60. Les nouveaux droits concédés, et notamment la possibilité d’être incarcéré dans une maison de la ville, et non dans le château, paraissent manifester l’aspiration des habitants d’Aurillac, à commencer par les plus aisés (capables de payer), d’obtenir un meilleur traitement que dans les geôles abbatiales.
L’application du texte s’avéra difficile. Dès la fin du XIIIe s., un mémoire juridique en faveur des moines, préparant leur défense contre une procédure intentée par les consuls au sujet de très nombreux différents, indique que les consuls s’en seraient pris à la prison abbatiale, avec le concours de la foule61. En 1309, une sentence arbitrale rendue par Étienne de Neyrestang, bailli des Montagnes d’Auvergne, rappelle les garanties prévues par la paix de 1298, précisant que les consuls doivent être convoqués à chaque élargissement ou déplacement de prisonnier. Le texte précise que cela s’applique tant en cas d’incarcération qu’en cas de mise aux arrêts62. Sans doute faut-il reconnaître dans cette dualité celle repérée dans l’article de 1298, prévoyant deux cas de détention possible, au château Saint-Étienne ou en ville. C’est ce que confirme une protestation des consuls en 1320, faite sous le sceau du baillage des Montagnes d’Auvergne, contre l’emprisonnement, par deux fois, d’un savetier dans la tour Saint-Étienne, sans qu’il ait été fait appel aux consuls et sans que le prévenu ait eut le choix d’être mis en détention en ville avec des gardiens (dont il aurait eu à payer le salaire). Le fait que le savetier ait été relaxé deux fois sans consultation des consuls, tout comme un autre prévenu (détenu en ville), faisait également partie des griefs consignés63. L’existence d’une alternative à l’incarcération au château Saint-Étienne apparaît ici clairement et le choix du lieu d’emprisonnement semble pour partie relever du prisonnier : s’il le désire et s’il en a les moyens, il peut préférer un emprisonnement dans une maison de la ville plutôt qu’au château. La même opposition entre mise aux arrêts en ville et incarcération au château réapparaît l’année suivante dans un procès-verbal de protestation des consuls, lui aussi passé sous le sceau du baillage des Montagnes d’Auvergne : les consuls dénoncent, entre autres, le fait que des prévenus de violences, aux arrêts dans la maison de Philippe d’An Capela, aient ensuite été transférés au château Saint-Étienne, puis relaxés, sans qu’il ait été fait appel aux consuls64. Par la suite, c’est encore et toujours la question de l’appel aux consuls, effectivement prévu par la deuxième paix, qui est au cœur des récriminations contre la justice abbatiale en 1333, en 1334, puis en 133865. Ces documents soulignent combien les abbés et leurs agents essayaient de rogner sur les garanties qu’ils avaient été obligés d’accorder en 1298.
Conclusion
Le long conflit entre habitants d’Aurillac et communauté monastique, qui connaît maints épisodes au cours des XIIIe et XIVe s., a généré une documentation éclairant l’évolution de la topographie carcérale dans la ville née de l’abbaye Saint-Géraud. Si le château Saint-Étienne est resté un lieu stable d’incarcération tout au long des XIIIe et XIVe s., cette continuité ne doit pas dissimuler des changements dans l’organisation des espaces carcéraux. Dans un premier temps, jusqu’aux environs de 1260, une prison située au sein de l’abbaye, constitue un autre lieu d’emprisonnement, parallèle à celui de la tour Saint-Étienne. Par la suite, cette prison ne sert plus pour les délinquants n’appartenant pas au monastère et l’on assiste à une castralisation de la détention quand elle est liée à l’exercice seigneurial de la justice : si le château Saint-Étienne joue alors un rôle central, d’autres tours peuvent servir de prisons comme Naucelles ou Belbex. La deuxième paix de 1298 produit un nouveau basculement. La prison de la tour Saint-Étienne reste en usage, mais la détention peut aussi avoir lieu en ville, au sein de demeures particulières, à condition qu’elles soient gardées, aux frais du prisonnier. Il faut aller plus loin. Le lien entre les changements dans la topographie carcérale et les conflits entre consuls et moines n’est pas seulement documentaire : ce sont les positions adoptées par les différents acteurs antagonistes, les stratégies qu’ils déploient, leurs tentatives de faire adopter leur point de vue ou de satisfaire leurs intérêts qui ont produit les dynamiques décrites ici.
Sources éditées •••
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Bibliographie •••
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- Telliez, R. (2011) : “Geôles, fosses, cachots… Lieux carcéraux et conditions matérielles de l’emprisonnement en France à la fin du Moyen Âge”, in : Heullant-Donat et al., dir. 2011, 169-182, [en ligne] https://books.openedition.org/psorbonne/72994 [consulté le 20 déc. 2021].
Notes •••
- Grand 1945. Archives municipales d’Aurillac, FF2, déposées aux Archives départementales du Cantal (E DEP 1500/132).
- Grand 1941, 51-108.
- Pour une mise en perspective historiographique, Carbonnières 2011, 183, n. 1.
- Grand 1945, 51.
- Charageat 2003, 149-169.
- Grand 1945, 102.
- Voir dans ce même volume les cas étudiés par Sidonie Bochaton.
- Telliez 2011, 170.
- Grand 1945, 71.
- Ibid., 81.
- Ibid., 89.
- Ibid., 90.
- Ibid., 64.
- Ibid., 246 (première annexe à la deuxième paix, 1298) : carceratio autem ac punitio monachorum vel moventium ad dominum abbatem pertineat, nec de eisdem teneatur aliquid, nisi voluerit communicare ac etiam adhibere.
- Sur ces catégories, Racinet 1996, 19-34.
- Lusset 2017, 263-266.
- Il s’agit d’un inventaire de titres très importans à recouvrer: Archives Départementales du Cantal, 4 G 1. Grand 1945, LXVIII le mentionne sous la cote erronée 4 G 31. La juste cote est donnée par Fourniel 2011, 180 n. 647.
- Bonnassie 1982, 435-452, à relire à la lueur de Barthélemy 2004, 93-102.
- Albe 1996, I, 18, II 17, III, 18, III, 22, III, 23.
- Sur les polarités sacrales internes à l’espace monastique, voir Lusset 2017, 135-148.
- Bonnin 1852, 350. Je remercie chaleureusement Élisabeth Lusset de nos échanges à ce sujet et de m’avoir signalé ce document. Je lui suis également grandement redevable de nombreuses améliorations apportées au texte initial de cette contribution.
- Au contraire, l’article de Sidonie Bochaton dans ce même volume, donne l’exemple d’un prieuré où les jugements étaient rendus à l’intérieur de la clôture, devant l’église, au pied de la tour. Il se pourrait donc que le mouvement envisagé ici n’ait pas forcément fait l’unanimité.
- La bibliographie étant très abondante à ce sujet, je renvoie à Grand 1941, 51-108 et Carraz 2007, 241-266.
- Grand 1945, 71 (Pierre de Boussac), 89 (Hugues de Teissières).
- Lusset 2011, 153-167 et Lusset 2017, 260-273.
- Phalip 1990, 76. Voir aussi Fray à paraître.
- Grand 1945, 5-6 et 7-8.
- Fray 2019, 11-30.
- Grand 1945, 73.
- Ibid., 81.
- Ibid., 108 et 114.
- Ibid., 102.
- Ibid., 134.
- Ibid., 126.
- Ibid., 135.
- Ibid., 166.
- Ibid., 97.
- Ibid., 64.
- Ibid., 125.
- Ibid., 101.
- Ibid., 96.
- Belbex, comm. et arr. Aurillac, Cantal.
- Grand 1945, 99.
- Naucelles, comm., arr. Aurillac, Cantal.
- Grand 1945, 73.
- Ibid., 87.
- Ibid., 114.
- Phalip 1990, 76 (château Saint-Étienne), 137 (Belbex), 860 (Naucelles).
- Phalip 1993. Voir aussi Fray, à paraître.
- Saige et Dienne 1900, t. 1, no II. Voir aussi Fray 2016.
- On retrouve, avec un décalage chronologique d’un demi-siècle, le même phénomène concernant le prieuré savoyard de Meillerie, dépendant d’Abondance : Bochaton 2020. Je remercie chaleureusement l’autrice de m’avoir fourni un exemplaire de son ouvrage.
- Grand 1945, LXXIV-LXXVI.
- Ibid., 28-50.
- Ibid., 44.
- Ibid., 205-207.
- Ibid., LXXXVIII-XCIII.
- Ibid., 205-206. Le texte évoque d’abord une somme de cinq sous tournois, uniquement si le prévenu est reconnu coupable. Puis il indique quinze deniers tournois par jour. Faut-il comprendre que la première mention constitue un plafond dans lequel s’inscrirait la seconde, ou s’agit-il au contraire de deux situations distinctes ? L’absence d’élément discriminant clair entre les deux situations (si ce n’est que l’un des deux tarifs paraît global et l’autre quotidien) pousse dans la première direction, mais sans certitude.
- Ibid., 66 : Savary Moisset mentionne, vers 1244, l’incarcération de deux prévenus dans une maison particulière, aboutissant à leur évasion. Le fait paraît être resté isolé jusqu’en 1298, d’après les témoignages dont on dispose.
- Ibid., 205-207.
- Telliez, 179.
- Grand 1945, 262.
- Ibid., 285.
- Ibid., 290-291.
- Ibid., 293.
- Ibid., 295, 299, 300.