Alors que nous avons consacré jusqu’à présent notre étude aux récepteurs que sont les artistes et les spectateurs, il nous semble nécessaire de prendre de la hauteur afin d’analyser le phénomène de reprises de thèmes et d’œuvres artistiques de l’Antiquité grecque et romaine dans son ensemble. Il s’agit de penser ici une histoire globale de la réception, dans le temps (de 1980 à nos jours) et dans l’espace (de l’Europe aux Amériques en passant par l’Asie). Envisager le devenir de l’art néo-néo se révèle primordial afin de comprendre les tenants et les aboutissants de ces pratiques hyperartistiques.
La globalisation affecte les sociétés en redessinant l’espace économique planétaire et la configuration des pouvoirs ; elle s’immisce aussi dans notre quotidien par la circulation des images, d’objets de consommations, circulation qui n’a que faire des frontières et des distances. L’échange généralisé, le triomphe de l’économie de marché ont pour conséquence le fait que, d’un bout à l’autre du monde, on partage le même attrait pour des types de nourriture, des vêtements ou de musique1.
Les mots de Marc Abélès, dans l’Anthropologie de la globalisation paru en 2012, nous offrent l’opportunité de penser nos testimonia sous un nouveau jour. Il ne s’agit pas seulement d’observer les œuvres et de comprendre leur sens, que de les considérer comme les témoins privilégiés de la globalisation culturelle.
Le chapitre VII (Un art néo-néo global. Ou l’Odyssée de la référence antique) résulte d’une analyse de la base de données dans laquelle les nationalités des artistes et les dates de réalisation des œuvres permettent d’observer l’intérêt progressif d’artistes extra européens pour l’Antiquité grecque et romaine, durant ces quarante dernières années. Ce chapitre questionnera ainsi les notions d’appropriation, de métissage et de transfert culturel. En ce sens, les travaux menés par des spécialistes du sujet tels que Béatrice Joyeux-Prunel, Michel Espagne ou bien encore Serges Gruzinski se révéleront indispensables pour tenter d’expliquer un phénomène éminemment actuel.
Le chapitre VIII (De la passion désintéressée à l’investissement calculé. Une Antiquité à faire fructifier) a pour ambition d’envisager les œuvres néo-néo dans leur dimension marchande. Les acteurs qui gravitent autour d’elles (galeries, collectionneurs, acheteurs) contribuent à leur visibilité, mais participent aussi à leur multiplication. En effet, les productions d’œuvres en série répondent à une forte demande.
Enfin, le chapitre IX (L’avenir de l’Art néo-néo à « l’ère afterpop ») vise à analyser ce que la culture dite de masse fait à la perception de l’Antiquité. D’une culture d’élite à une culture davantage populaire, il s’agira, in fine, de penser l’art néo-néo dans une culture mainstream et son futur