Le contexte : les Commissions provinciales des monuments espagnols. Caractéristiques générales d’un projet national à influence française
Les Commissions provinciales des monuments étaient des institutions destinées à la gestion du patrimoine archéologique espagnol entre le XIXe et le XXe siècle1. Ces commissions ont été créées suivant les ordonnances royales du 13 juin et du 24 juillet 1844 et faisaient partie d’un projet national dépendant de l’Académie royale des Beaux-Arts de San Fernando, de l’Académie royale d’histoire et du ministère du Développement espagnol. L’un des objectifs principaux durant les premières années d’activité a été celui de créer les premiers musées provinciaux à partir des objets trouvés dans plusieurs couvents aliénés suite aux processus d’expropriation libérale du XIXe siècle : tableaux, sculptures, etc. Tous ces espaces auraient également abrité tout type de pièces archéologiques (monnaies, pierres tombales, vases, etc.) trouvées dans toute la province, provenant de différentes fouilles archéologiques menées à bien par les membres des commissions ou qui faisaient partie de collections d’antiquaires, entre autres.
Les Commissions provinciales des monuments espagnols devenaient dès lors le résultat d’un contexte où la sensibilité envers la protection du patrimoine commençait à se développer. Un contexte caractérisé par la nécessité de connaître et de récupérer les témoins matériels les plus importants du passé historique du pays. Le but était de créer un discours pour façonner l’identité nationale. Les commissions et la discipline archéologique étaient devenues des instruments pour résoudre le conflit identitaire concernant le passé de la société espagnole2 et, à la fois, fournir à la gestion de l’administration de ce patrimoine archéologique de nouvelles lois et de nouveaux outils, afin de jeter les bases nécessaires pour institutionnaliser et professionnaliser cette commission tout au long du XIXe et XXe siècles3.
Cependant, ceci n’a pas été seulement un développement exclusif du territoire espagnol, mais un mouvement européen assez large et important. Les Commissions provinciales des monuments espagnols et toute la législation autour ont été l’un des derniers maillons d’un processus dans lequel la pratique archéologique, les institutions et les normes établies pour le développement ont été utilisées pour légitimer la construction des États-nations et défendre leurs différences politiques face à d’autres pays4. Le gouvernement espagnol a pris pour exemple les mesures adoptées par la France pour la protection, la conservation et la reconnaissance de ses monuments nationaux suite à la Révolution de 1789. En raison de la similitude des processus de confiscation et de sécularisation des biens culturels que ces deux pays ont vécu, l’Espagne s’est inspirée de la France pour élaborer ses propres outils de gestion du patrimoine archéologique. Les Commissions provinciales sont dès lors devenues une imitation de ce que les chercheurs espagnols ont historiquement appelé le “modèle français”5. Un modèle façonné par l’expérience d’institutions telles que les Commissions des monuments de 1790, la Commission temporaire des Arts de 1793 et les Commissions des monuments historiques de 1837 dont l’esprit protectionniste peut être observé dans les articles créés dans le cadre législatif des commissions espagnoles tout au long des XIXe et XXe siècles6.
La “collection archéologique fondatrice”
du Musée provincial d’Alicante (1900-1932)
Les premiers antécédents
La Commission provinciale des monuments d’Alicante a vu le jour en 1844. À cette époque là, la commission a atteint son premier but, celui de disposer du premier Musée provincial au Collège Santo Domingo de Orihuela, au sud de la province7. Cette collection était composée d’œuvres (tableaux, retables et sculptures) et d’antiquités (chapiteaux, céramiques, pierres tombales…) collectées auprès des couvents. Il n’existe aucun document prouvant l’acquisition postérieure de pièces à caractère archéologique. Les collections que les membres de l’organisation auraient pu acquérir ont été conservées chez des particuliers ou bien vendues à des institutions nationales et étrangères du fait de la courte durée de vie de ce premier musée, environ 20 ans, ainsi que de la conception protectionniste des antiquaires propriétaires d’objets archéologiques et à l’instabilité institutionnelle à laquelle la commission a dû faire face dans le dernier tiers du XIXe siècle. C’était le cas des demi-frères Aureliano Ibarra Manzoni (1834-1890) et Pedro Ibarra Ruiz (1858-1934) suite aux fouilles d’Alcudia (Elche), ou encore de Joaquín de Rojas (1821-1894) et Manuel Rico García (1850-1913) avec les objets provenant du Tossal de Manises et du quartier de Benalúa (Alicante)8.
Le rêve de créer une collection archéologique avec des objets montrant l’identité de la province d’Alicante a pu finalement devenir une réalité pendant les deux premières décennies du XXe siècle. Le premier à proposer cette nécessité fut Miguel Elizaicin España (1855-1932), un militaire aux aspirations politiques de caractère libéral et à la forte activité sociale parmi les classes bourgeoises et aristocratiques les plus importantes de l’époque dans la province9. En 1900, il présente un rapport devant la Mairie et le Conseil général d’Alicante avec la conception d’un projet de Musée provincial comportant des collections archéologiques provenant de dons privés. Les organisations politiques de la ville et les représentants acceptèrent l’idée sans pour autant la concrétiser. C’est en 1903 que Miguel Elizaicin, avec l’aide de quelques associations culturelles de la ville d’Alicante, créa “l’Exposition Régionale” sur le modèle des expositions universelles. Le but de cette exposition était de dévoiler et de faire connaître les avancées industrielles de la province et de créer ainsi une collection pour l’avenir du musée10. L’exposition incluait une partie consacrée à l’archéologie dans laquelle figuraient les plus anciennes manifestations artistiques de la province d’Alicante, et visait également à montrer quels objets pourraient, le cas échéant, faire partie d’une collection archéologique. Pourtant, cette exposition n’a pas connu de succès en raison d’une participation quasi nulle et du manque de réponse des collectionneurs qui n’ont pas fait preuve d’un intérêt particulier pour ces objets. La partie archéologique n’était représentée que par un morceau de sculpture ibérique zoomorphe, probablement un griffon. À ce jour, nous n’avons encore que peu d’informations sur cette pièce qui ne faisait même pas partie de la collection originelle du Musée provincial11.
Malgré cette situation, l’initiative personnelle de Miguel Elizaicin a permis de mettre en avant plusieurs questions sur le plan archéologique. Il a démontré l’intérêt de certains secteurs intellectuels d’Alicante pour que la ville dispose d’un musée dont les collections pourraient expliquer les origines et l’identité de la ville. Cette initiative était sans doute une réponse au contexte politique de l’Espagne à la fin du XIXe siècle. La Catastrophe de 98 et la fin du mythe sur l’empire espagnol, provoquée par la perte des dernières colonies espagnoles en Amérique, ont provoqué une profonde crise d’identité nationale, montrant ainsi le retard du pays par rapport au reste de l’Europe12. Ceci a donné naissance à un mouvement idéologique cherchant à moderniser l’État par des mesures touchant directement au développement économique, éducatif, culturel, etc. et l’une d’elles était la création de musées13.
Il faut également souligner l’importance d’avoir eu, pendant cette Exposition régionale, un espace dédié à l’archéologie, même si elle n’était représentée que par une pièce d’art ibérique, prouvant les avancées réalisées dans le domaine archéologique dans la province d’Alicante. Premièrement, parce que cette exposition a servi à positionner l’archéologie en tant qu’outil politique pour faire découvrir les manifestations artistiques les plus importantes du passé et élaborer, à partir d’elles, des discours identitaires. Deuxièmement, cette exposition, conçue comme un forum où montrer ces représentations, n’était qu’une imitation des expositions organisées les années précédentes dans d’autres régions espagnoles et européennes. Et troisièmement, il y a eu une assimilation rapide de la culture ibérique comme signe distinctif de la province d’Alicante. Cette assimilation et née des découvertes des sphinx d’Agost et de la Dame d’Elche, et a été influencée par les études et l’intérêt scientifique pour cette culture préromaine d’archéologues et d’hispanistes français tels que Léon Heuzey (1831-1922), Pierre Paris (1859-1931), ou Arthur Engel (1855-1935), entre autres14.
Conceptualisation et périodisation
La réorganisation de la Commission provinciale des monuments d’Alicante en 1922, après plusieurs années d’absence institutionnelle dans l’administration du patrimoine archéologique, a permis de reprendre avec plus de soutien le projet présenté quelques années plus tôt par Miguel Elizaicin. À cette époque, ledit militaire était le président de l’organisation et le maire d’Alicante. Lors de la première réunion avec la commission d’Alicante, le 16 février, il est apparu clairement que l’une des principales raisons de la nouvelle formation de cette organisation était de réunir la première collection d’antiquités et de créer finalement le musée. Les termes “collection archéologique fondatrice” ou “fonds archéologique fondateur” font donc référence à la collection de lots et d’objets rassemblés par la commission entre 1922 et 1932 selon plusieurs méthodes dans le but de créer le Musée provincial et d’élaborer ainsi le discours historique de la province d’Alicante.
La collection peut être divisée en deux périodes, en fonction du travail effectué pour rassembler ces objets. La première, entre 1922 et 1927, est principalement caractérisée par le don de pièces privées et la collecte d’objets issus des recherches archéologiques15. Ce fonds n’a pas reçu de nouveaux objets pendant de nombreuses années car l’institution percevait très peu d’argent pour développer ses travaux. En outre, les membres de la Commission ne touchaient aucune rétribution mensuelle, ce qui rendait difficile la poursuite du projet. Afin d’inverser cette situation, ils ont dû développer auprès des différentes administrations du pays tout un processus d’intégration et de mise en valeur de l’archéologie à Alicante. Ce processus visait à démontrer que les fouilles archéologiques menées par les membres de cette institution étaient suffisamment importantes pour favoriser la connaissance et la construction de l’histoire nationale16.
L’autre période du fonds originel se situe entre 1927 et 1932, une poursuite sur le plan archéologique des travaux commencés préalablement. Au cours de cette période, la collection a acquis une plus grande importance et a été consolidée pour étayer un discours historique dans la province d’Alicante grâce aux fouilles systématiques réalisées par l’organisation, et au soutien politique reçu pour les mener à bien17.
La collection : méthodologies et critères d’action
Les modes de collecte des objets étaient les prospections et les fouilles archéologiques. Une méthodologie et un critère d’action spécifique ont pu contribuer à configurer la procédure archéologique de l’institution pendant des années (fig. 1).
Les visites des lieux et les prospections s’effectuaient dans des endroits déjà connus des membres de la Commission grâce à des études précédentes et parce qu’ils avaient été informés par des associations ou des particuliers. Le but était d’explorer la surface des terrains, de recueillir des objets et d’obtenir le plus d’informations possible. Si cette visite se faisait dans des sites archéologiques préhistoriques, l’équipe était également accompagnée d’un géologue, d’un naturaliste ou d’un paléontologue chargés de donner des informations sur la composition des sédiments, le développement stratigraphique du terrain ou les matériaux géologiques18.
Si les objets étaient mis au jour sur une propriété privée, les membres de la Commission devaient demander aux propriétaires du terrain la cession ou l’achat des fragments trouvés. Après accord, les objets étaient temporairement stockés dans des entrepôts jusqu’à la création d’un musée (cf. infra). Si les découvertes avaient lieu sur un terrain public, il fallait également déterminer si les pièces devaient être conservées et si les données obtenues pendant la prospection étaient suffisamment importantes pour poursuivre les travaux archéologiques (fig. 2)19.
Les autorisations de fouille devaient être sollicitées auprès de la Commission supérieure de fouilles archéologiques et des antiquités du ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, l’organisme responsable du contrôle administratif et de la gestion du patrimoine archéologique au niveau national20. Si cette commission considérait que les données présentées étaient scientifiquement pertinentes pour la construction de l’Histoire générale de l’Espagne, les fouilles étaient légalement autorisées. Elles se sont améliorées sur le plan méthodologique au fil des années et ont permis d’augmenter de manière qualitative et quantitative le fonds et les connaissances de l’archéologie dans la province d’Alicante (fig. 3).
La collection fondatrice en tant que “musée itinérant” :
dans l’attente de sa consolidation muséale
Le Musée provincial fut inauguré le 17 janvier 1932 et se trouvait dans l’une des salles du rez-de-chaussée du Palais provincial d’Alicante (fig. 4). Ce bâtiment fut construit en 1928 pour abriter les bureaux administratifs et le registre du Conseil général d’Alicante21. Cependant, avant de recevoir la confirmation de la création d’un espace muséal dans le Palais provincial, cette collection, créée quelques années plus tôt, a dû être exposée dans différents endroits de la ville en attendant d’avoir son emplacement définitif.
Le premier lieu fut la maison de Miguel Elizaicin. Les jardins de sa maison ont été transformés en un véritable “musée” entre 1922 et 1927. Les objets trouvés au cours de ces cinq années coïncident avec la période à laquelle la commission a commencé à contrôler la gestion du patrimoine archéologique, de sorte que toutes les pièces provenaient de dons privés et de trouvailles effectuées par les membres de cette institution. C’est le cas de la sculpture d’un taureau ibérique découverte sur le site du Molar d’Elche en 1908 par Pedro Ibarra Ruiz et d’autres fragments de céramique ibérique et de l’âge du Bronze trouvés lors de fouilles dans les versants du Château de Santa Barbara d’Alicante en 192722.
En 1926, Miguel Elizaicin présenta sa démission à la Commission provinciale des monuments. Cette situation, conjuguée au fait que le nombre de pièces conservées dans les jardins de sa maison ne cessait d’augmenter, obligea l’institution d’Alicante à chercher un nouvel espace pour stocker en toute sécurité tout ce patrimoine. Daniel Jiménez de Cisneros (1863-1941), membre de la commission et directeur du lycée d’enseignement secondaire d’Alicante, offrit les étagères de la “salle d’histoire” de l’établissement pour y stocker les pièces. Cette salle abritait des collections paléontologiques et géologiques, qu’il avait lui-même constituées à l’occasion de courtes excursions à la campagne, et il les utilisait comme outil pédagogiques de sciences naturelles23. Entre 1927 et 1931, la “salle d’Histoire” s’accrut considérablement grâce aux acquisitions de la Commission et, en particulier, grâce au développement de plans de fouilles systématiques intégrés dans la mission archéologique des administrations du pays (fig. 5). Cette situation favorable a permis à la Commission de recevoir les premières aides économiques officielles pour le développement de ses travaux.
Il faut souligner les objets du Paléolithique trouvés dans la grotte des Calaveres en 1931 par José Senent Ibañez (1883-1948), ou encore ceux de l’âge du Cuivre et de l’âge du Bronze obtenus à la Illeta dels Banyets par Francisco Figueras Pacheco (1880-1960) la même année24. En 1929, une plaque en bronze a également été découverte au sanctuaire punique d’Es Cuyeram à Ibiza et, en 1931, José Belda Dominguez (1890-1969) a fait un don de plusieurs objets préhistoriques qu’il a trouvés au fil des ans sur le site archéologique du mont de la Barsella ou au Freginal de Torremanzanas25. Toute une série d’objets a été transférée au lycée dans des sacs ou des boîtes, pour les stocker ensuite dans les armoires de la “salle d’Histoire” pour l’étude et la conservation.
Une fois que le président du Conseil général d’Alicante, Juan Grau Vilalta, a confirmé que le palais disposerait d’un espace dédié au musée, toute la collection du lycée y a été définitivement déplacée. Le palais a été réorganisé en utilisant tous les fonds pour élaborer une exposition permanente et un discours historique. L’exposition a été créée en moins d’un an et, parallèlement, de nouvelles fouilles archéologiques ont permis d’ajouter des données et des objets à cette grande collection. Les nouvelles pièces étaient intégrées au musée suivant un contrôle plus exhaustif grâce aux outils d’inventaire et de catalogage développés après sa création.
Au niveau muséal, des fiches ont été créées pour inclure des informations sur le directeur de la fouille, la commune où le site se trouvait, les dimensions de la pièce trouvée, les anciens propriétaires, etc. L’élargissement des connaissances, la consolidation d’un plan systématique des fouilles archéologiques et l’expérience accumulée par les membres de la Commission au cours des années ont permis, en complément de ces actions muséographiques, de développer de nouveaux instruments de documentation ayant une influence nettement positive sur l’étude : l’inventaire et la classification des objets dans le musée (fig. 6)26.
Le discours historique des objets :
l’historiographie, l’identité et l’érudition européenne
La fonction première du Musée provincial était bien évidemment de présenter aux citoyens, grâce aux objets archéologiques, le discours identitaire de la province. Malheureusement, nous disposons de peu de photographies de la première organisation matérielle pouvant confirmer le développement de l’exposition muséographique (fig. 7). Nous n’avons pas non plus de documentation pour justifier cette organisation. Pourtant, en tenant compte des caractéristiques mentionnées à propos de la collection, nous pouvons reconstruire les aspects les plus importants du discours, reconnaître les différentes étapes historiques exposées et comprendre toute leur signification pour la reconnaissance du passé historique de cette région.
Le discours a été articulé autour de deux grandes périodes d’intérêt : la préhistoire et la protohistoire. L’intégration des avancées et des connaissances de l’archéologie préhistorique surgies en Europe tout au long du XIXe siècle27, comme la périodisation du Paléolithique par Gabriel de Mortillet (1821-1898) en 188328 ou encore la définition de la culture d’El Argar proposée par les frères Siret à partir des années 188029, ont contribué à créer une section centrée sur le développement technologique des premières sociétés qui se sont installées dans la province d’Alicante entre l’âge de la Pierre et l’âge du Bronze : les sections “Aurignacien”, avec des objets provenant de la Cueva de las Calaveras à Benidoleig, “Moustérien”, avec des ossements de la nécropole d’El Molino à Torremanzanas, ou “Culture Argar”, avec des céramiques et d’autres objets provenant de la Serra Grossa à Alicante, entre autres sections30. En utilisant des haches en pierre, des racloirs, des flèches, etc., on a montré quels outils les habitants de l’époque utilisaient pour leurs activités. Les premières manifestations artistiques ont été étudiées grâce aux ornements votifs, aux petites idoles ou encore aux grains de colliers qui nous ont révélé la vie religieuse des communautés (fig. 8).
Par ailleurs, les avancées de Gabriel de Mortillet se reflètent dans le débat scientifique de la province d’Alicante au cours de ces années. La périodisation du Paléolithique permet à José Belda Domínguez, dans les rapports archéologiques qu’il adresse à la Commission supérieure des fouilles archéologiques et des antiquités, de s’appuyer sur les travaux du préhistorien français pour argumenter ses conclusions quant aux attributions chronologiques de ces sites31. Ses théories sont également mentionnées dans les articles de presse qu’il publie sur le site du Monte de la Barsella de Torremanzanas, comme par exemple dans le Diario de Alicante du 11 février 1927 et La Voz de Levante du 14 juin 1930.
La fonction des pièces de la période protohistorique ou préromaine de cette collection première était de situer les véritables origines de la population d’Alicante entre la colonisation grecque et la domination carthaginoise. Ces interprétations à ambition historique trouvent leur origine dans une tradition consolidée dans l’imaginaire archéologique européen à la fin du XIXe siècle et au début du XXe autour de deux questions principales : la première, le soutien apporté par les chercheurs tels que Emil Hübner (1834-1901), Adolf Schulten (1870-1960) ou Roque Chabás Llorens (1844-1912) aux témoignages d’historiens et de géographes gréco-latins ayant mentionné dans leurs écrits l’existence de trois colonies grecques dans la partie littorale du territoire des Contestani ibériques (Akra Leuké, Hemeroscopeion et Allonis)32. Les découvertes faites au nord d’Alicante au fil des ans et l’idée selon laquelle elle faisait partie d’une de ces colonies, ont contribué à justifier de manière empirique leurs théories. La deuxième question concernait les conséquences des fouilles archéologiques de la colonie grecque d’Empuries (Gérone, Espagne) pendant le mouvement nationaliste catalan du Noucentisme33. Cette découverte a eu une énorme influence sur l’interprétation archéologique faite par les membres de la Commission pendant les deuxième et troisième décennies du XXe siècle. Ils ont situé l’origine de la province d’Alicante autour de ces premières colonisations, et se sont appuyés pour cela sur la tradition historiographique et les découvertes qu’ils avaient eux-mêmes faites34. Les sites archéologiques tels que le Château de Santa Bárbara, au Mont Benacantil, ou encore Lucentum, au Tossal de Manises, ont été considérés comme des colonies grecques qui auraient été ensuite occupées par les Carthaginois. Nous possédons des preuves de ce passé oriental sous forme d’objets ; notamment des amphores, des pots, des pièces de monnaie ou encore plusieurs brûle-parfums (fig. 9).
Les objets d’art du monde ibérique ont également fait partie de ce discours, comme la reproduction de la Dame d’Elche, acquise en 1930 auprès du Musée du Louvre35. Cependant, la répercussion et la signification identitaire que ces pièces protohistoriques ont adoptées dans la collection et pendant l’exposition était différente de celle d’autres objets préhistoriques (fig. 10). La reproduction de la Dame d’Elche occupait probablement l’espace central de la salle principale du musée, comme en témoignent les photographies prises à partir de 1940. Le musée a été organisé autour de cette pièce afin de créer une configuration stratégique et de la mettre en avant, pour en faire l’objet le plus important de l’exposition. Cela ne voulait pas pour autant dire que les membres de cette institution voulaient consciemment utiliser les objets du monde ibérique trouvés sur les sites d’Alicante comme la racine de l’origine de cette province, oubliant en quelque sorte les premières colonies mentionnées. Le lieu choisi pour installer la reproduction de la Dame d’Elche répond à la combinaison d’aspects identitaires, artistiques et même revendicatifs. Les premières études sur le monde ibérique, comme celle de Pierre Paris publiées entre 1903 et 190436 ou celle du professeur de préhistoire Pedro Bosch Gimpera (1891-1974) en 191537, n’ont fait qu’influencer la manière d’interpréter l’histoire de l’archéologie d’Alicante de certains membres de la Commission. Ainsi Pedro Ibarra fut un défenseur de cette approche dès le début, suite à ses travaux à l’Alcudia et à des discussions avec les hispanistes français qui avaient également travaillé sur ce site archéologique38. Les thèses carthaginoises ou helléniques, en revanche, ont été adoptées par la plupart des membres de la Commission en raison de leur formation philologique et de l’importance et du poids de la tradition historiographique. Cette tradition intellectuelle fut la raison principale pour laquelle l’interprétation des peuples colonisateurs, en termes d’identité alicantine, a toujours été plus importante que les interprétations fondées sur le monde ibérique. La culture ibérique a été interprétée pendant des années comme s’il s’agissait d’un peuple indigène du sud-est de la péninsule ibérique subordonné aux traditions de la Méditerranée orientale. Sa présence dans la construction du récit historique n’a guère été significative.
Conclusion
La gestion institutionnelle du patrimoine archéologique dans la province d’Alicante entre le XIXe et le XXe siècles a été principalement marquée par les actions de la Commission provinciale des monuments. Cette organisation s’inscrivait dans le cadre d’un projet national lancé par les Académies royales et dans un contexte archéologique européen caractérisé, entre autres, par la naissance de la discipline, la professionnalisation de l’archéologie dans les universités et centres d’enseignement, la protection des trésors nationaux par l’étude, la conservation et la mise en valeur des découvertes. L’archéologie pratiquée par la commission dans la province d’Alicante a évidemment été influencée par ces changements. L’assimilation des nouveaux concepts a eu un effet direct sur l’institutionnalisation et l’histoire de l’archéologie dans cette région, ainsi que sur la création de la collection à l’origine de de son Musée provincial autant que sur l’élaboration de son discours historique.
Cependant, le développement et la consolidation de cette collection ont nécessité une décennie à partir du moment où elle a été officiellement présentée au XXe siècle, et presque un siècle depuis qu’elle a été rassemblée pour la première fois au XIXe siècle, suite à la création de la Commission des monuments d’Alicante. Ce retard a relégué la région d’Alicante presque à la dernière place parmi les autres provinces espagnoles qui avaient déjà formé leurs propres Musées d’antiquités. C’est le cas des villes de Merida, Barcelone ou Albacete, entre autres, dans les années 180039. Mais aussi en relation avec d’autres musées européens à caractère national et provincial créés à ces dates, comme le musée de Saint-Germain-en-Laye en France, le musée Pigorini à Rome ou le musée de la préhistoire et de la protohistoire à Berlin, en Allemagne40. La vision protectionniste prédominante chez les antiquaires pendant la seconde moitié du XIXe siècle, surtout après la vente de la Dame d’Elche, a fait que le musée archéologique provincial d’Alicante ne s’est pas développé avant les premières décennies du XXe siècle. Les changements apportés par la loi de 1911 sur les fouilles archéologiques et les antiquités et son ordonnance de 1912, la recherche politique du facteur identitaire et l’intégration de la discipline archéologique au sein des administrations territoriales ont permis à la commission de transférer la plupart de ses ressources à la formation de sa collection fondatrice.
Les travaux réalisés par cette organisation, afin d’atteindre les objectifs proposés, ont mis en pratique plusieurs avancées en archéologie, déjà utilisées en Europe et en Espagne à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. En particulier, tous ceux liés à la périodisation des âges préhistoriques à travers leur développement technologique, comme la périodisation du Paléolithique par Gabriel de Mortillet en 1883, ainsi que ceux liés à la connaissance des différentes civilisations préromaines qui ont habité la péninsule ibérique. La collection archéologique s’est principalement concentrée sur les critères de collecte de ce type d’objets préromains et a développé un discours historique en accord avec les progrès de l’époque en matière de préhistoire et d’archéologie. D’autre part, il est intéressant de souligner, dans tout ce processus, le degré d’assimilation de certaines théories et leur application dans la méthodologie de recherche par les membres de la Commission. Alors que pour la période préhistorique, les théories provenant des pays européens ont été reçues et acceptées sans problème ni objection et adaptées aux différents cas d’études trouvés dans la province d’Alicante, la période protohistorique, quant à elle, a plutôt accepté les théories développées en Espagne au cours des siècles précédents et non celles d’autres pays. La découverte du monde ibérique, qui avait eu un impact important sur la scène scientifique européenne à cause des questions soulevées par les objets découverts41, n’a pas été aussi décisive que prévu pendant ces années-là à Alicante. Son identité avec le monde ibérique est un processus qui sera lentement assimilé tout au long de la seconde partie du XXe siècle42. Par conséquent, à la lumière des découvertes archéologiques faites par la commission et à l’appui des textes classiques, les origines de la province d’Alicante ont été interprétées dans une perspective “orientale”.
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Notes
* Ce travail a été réalisé dans le cadre d’un projet de recherche avec contrat du Vice-rectorat de la Recherche et du Transfert de Connaissances de l’Université d’Alicante, dans le cadre du groupe de recherche “Archéologie et Patrimoine Historique”, lors d’un séjour de recherche à l’Institut d’Archéologie de Mérida, CSIC-Junta de Extremadura.
- Tortosa Rocamora & Mora Rodríguez 2021 ; Tortosa Rocamora & Mora Rodríguez 1996 ; Marín Hernández 2013 entre autres.
- Álvarez Junco 2011 ; Álvarez Junco 2013.
- Mederos Martín 2010 ; Mederos Martín 2014 ; Díaz-Andreu 1993-1994 ; Maier Allende 2003 ; Ayarzagüena Sanz & Salas Álvarez 2017 ; Tortosa Rocamora & Mora Rodríguez 1996 entre autres.
- Schnapp 1993 ; Díaz Andreu 2008 ; Díaz-Andreu 2004 ; Díaz-Andreu 2002 ; Daniel 1978 ; Gran-Aymerich 1998.
- Mutiloa Oria 2019, 452 ; Rodríguez Domingo 1997, 172 ; Martínez Pino 2012, 15 ; Tortosa Rocamora & Mora Rodríguez 2021, 27.
- Cependant, une partie de l’historiographie française relativise, au contraire, le succès réel de ce moment de l’histoire de la protection du patrimoine, et tout particulièrement en ce qui concerne l’archéologie, dont la préhistoire. Voir, par exemple : Hurel 2007.
- Balsalobre García 2011, 155-162 ; Olcina Lagos 2017, 43-52 ; Olcina Lagos 2019.
- Ibarra Manzoni 1879 ; Ibarra Ruiz 1926 ; Rico García [1892] 1984 ; Papí Rodes 2008, 221 ; Castaño García 2002, 170 ; Olcina Lagos 2021.
- Olcina Lagos 2018 ; Soler Díaz 2000.
- Aimone & Olmo 1993.
- Roa Erostarbe 1894, 55-60.
- Giménez Valdivieso [1909] 1989.
- Salavert Fabiani & Suárez Cortina, éd. 2007.
- Paris 1897 ; Paris 1903-1904 ; Engel 1892 ; Engel 1896 ; Huezey 1897 ; Rouillard 1995 ; Rouillard 2018 ; Gran-Aymerich 1991.
- Soler Díaz & Olcina Doménech 2001, 11-13 ; Llobregat Conesa 1988, 19-20 ; Olcina Lagos 2017, 122 ; Rosser Limiñana 2015, 108.
- Olcina Lagos 2017 ; Gracia Alonso 2018 ; Gracia Alonso 2021, 489-539.
- Soler Díaz 2000 ; Soler Díaz & Olcina Doménech 2001, 12-13 ; Llobregat Conesa 1988, 23 ; Olcina Lagos 2017, 122 ; Rosser Limiñana 2015, 114-115.
- Llobregat Conesa 1988, 18-19 ; Olcina Lagos 2023, 310-311.
- Olcina Lagos 2023, 313.
- Gracia Alonso 2021, 489-607 ; Díaz Martín 2001.
- Olcina Lagos, 2017, 122 ; Soler Díaz 2000 ; Llobregat Conesa 1988, 12 ; Soler Díaz & Olcina Doménech 2001, 13.
- Soler Díaz & Olcina Doménech 2001, 11-12 ; Rosser Limiñana 2015, 92-96.
- Catalá Gorgues 2004 ; Galisteo Guerra et al. 2004.
- Figueras Pacheco 1934 ; Soler Díaz & Belmonte Mas 2006, 27-30 ; Soler Díaz 2007, 15-16 ; Olcina Doménech et al. 2009, 35-40.
- Belda Domínguez 1929 ; Belda Domínguez 1931 ; Borrego et al. 1992, 15-16 ; Soler Díaz & Olcina Doménech 2001, 12.
- Roca de Togores Muñoz 2006, 161 ; Olcina Lagos 2023, 79.
- Thomsen 1836 ; Lubbock 1865 ; Hurel 2007.
- Mortillet 1872 ; Mortillet 1883 entre autres.
- Siret & Siret 1888 ; Siret, L. 1888 ; Siret & Siret 1889.
- Belda Domínguez 1929 ; Belda Domínguez 1930 ; Belda Domínguez 1944.
- Voir note précédente.
- Martín Ávila 1968, 24-36.
- Gracia Alonso 2018, 199 ; Puig Griessenberger 2007, 39 ; Buscató Somoza 2002 ; Guinart López 2014.
- Lafuente Vidal 1932 ; Figueras Pacheco 1932.
- Rouillard 1995 ; Tortosa Rocamora & Olmos Romera 1997 ; Papí Rodes 2005 ; Aranegui Gascó 2018 entre autres.
- Paris 1903-1904.
- Bosch Gimpera 1913 ; Bosch Gimpera 1915.
- Castaño García 2002, 168.
- Álvarez Martínez & Nogales Basarrate 2017 ; Rueda Torres 2017 ; Sanz Gamo & Gamo Parras 2017.
- Brizzi 1976 ; Briere & Olivier 2013 ; Mortillet 1869 ; Olivier 2009 entre autres.
- Aranegui Gascó 2020 ; Tortosa Rocamora & Suárez Martínez 2020 ; Chapa & González 2013 ; Reimond 2021.
- Figueras Pacheco 1952 ; Llobregat Conesa 1972.