Paru dans : Les Cahiers du Bazadais, 3, 1962, 9-13.
Canton de Langon
Langon
Champetié, Simon, trente-quatre ans, breveté en 1812, 38 élèves, enseignement mutuel.
Champetié, Jean, quarante ans, breveté en 1825, 42 élèves, enseignement ancien.
Forgens Jean, vingt-neuf ans, breveté en 1826, 16 élèves, en enseignement ancien.
(Tableau général de Laroche, curé de Langon du 22 février 1828).
“Quoique parmi les curés de votre diocèse je sois un de ceux qui sont le mieux partagés en instituteurs (je ne parle pas de quelques contrebandiers que l’esprit de parti soutient et que la Sainte Académie ne veut pas voir), ceux que je vous ai signalés sont des hommes religieux et dévoués au Roi. Je suis cependant intimement convaincu que l’instruction primaire a besoin d’une grande réforme et je crois que par le temps qui court on ne peut l’attendre sans se faire une grande violence. Vous voyez, Monseigneur, que mon espérance est bien chancelante. Si elle pouvait se raffermir, je hasarderais quelques réflexions qui dans ma façon de penser ne serviraient de rien pour le moment. Je me borne donc à proposer pour les fonctions d’inspecteur pour mon canton MM. les Curés de Castets et de Sauternes”. (Lettre de Laroche, curé de Langon du 22 février 1828.)
Toulenne
Tauzin, âgé d’environ quarante ans, enseignement : lecture et écriture, sept ou huit enfants pauvres ses voisins. (Tableau.)
“Vous me permettrez, Monseigneur, de vous faire observer que la paroisse de Toulenne n’est habitée que par de malheureux vignerons qui reçoivent des propriétaires forains le pain et un très modique salaire, ce qui les met hors d’état d’envoyer leurs enfants dans une école primaire. Le particulier qui donne des leçons de lecture et d’écriture à sept ou huit enfants pauvres est doué de qualités morales et animé de bons sentiments religieux. Ses leçons ne se continuent que pendant trois ou quatre mois de l’année car à l’époque où les travaux de l’agriculture s’ouvrent ils les gardent chez eux pour les employer à la culture des biens qui leurs sont confiés”. (Lettre de Devignes, curé de Toulenne du 2 février 1828.)
Sauternes et son annexe de Bommes
Dupernaud Jean, soixante et un ans, breveté le 7 février 1817, approuvé le 30 janvier 1828 par l’Académie de Bordeaux pour Bommes et Sauternes, approuvé le 5 septembre 1827 par l’archevêché de Bordeaux, demeurant sur la commune de Bommes, une dizaine d’élèves de Bommes, une dizaine de Sauternes, enseignement ancien et ordinaire, instituteur depuis 1787. (Tableau.)
“Le sieur Jean Dupernaud instituteur de ma paroisse demeurant sur la commune de Bommes laisse bien quelque chose de plus à désirer sous le rapport religieux mais cependant on doit dire :
1° Que ses principes religieux sont bons et ses principes monarchiques ne méritent aucun reproche,
2° Que sa conduite publique n’est blâmable en rien,
3° Que ses moyens d’enseigner paraissent suffisants, il peint bien, connait assez bien le calcul, mais cependant il ne lit point merveilleusement bien, il commence à être vieux et sa vue est un peu affaiblie,
4° Qu’il est exact à son service,
5° Et enfin qu’il jouit d’une confiance raisonnable dans la paroisse.
Le nombre des élèves n’est nullement en rapport avec la population de Bommes et de Sauternes puisque la commune de Bommes se compose de 800 âmes et celle de Sauternes de 1050 et que le nombre des élèves de Mr. Dupernaud dans le moment actuel n’est que de 16.
Je crois qu’on peut assigner trois raisons de cette disproportion.
La première c’est que les deux tiers des familles des deux communes sont des familles de valets et qu’ils ne peuvent mettre leurs enfants à l’école.
La deuxième c’est que le fils du sieur Jean Dupernaud est établi instituteur primaire à Boutoc sur les limites de Preignac et de Sauternes, qu’il jouit d’une grande confiance et enlève un certain nombre d’élèves à son père.
La troisième, c’est que l’instituteur de Bommes se faisant vieux quelques personnes le croient moins propre à l’instruction de leurs enfants”. (Lettre de Verminhac, curé de Sauternes du 28 janvier 1828).
Fargues et son annexe de Roaillan
Eyt Simon, né à Béost, département de Pau, le 8 août 1802, âgé de vingt-six ans, titulaire du brevet de capacité, délivré par le recteur de l’Académie de Pau, le 31 octobre 1826, 30 élèves, enseignement ancien et ordinaire, exempté par le sort depuis six ans du service militaire. (Tableau.)
“Depuis treize mois que le sieur Eyt Simon est instituteur dans ma paroisse sa conduite est irréprochable. Il a donné des marques de catholicité et je ne doute nullement qu’il ne donne pas les mêmes principes à ses élèves. Son brevet de capacité que lui a donné M. Jourdan, recteur de l’Académie de Pau dans le département duquel résident ses parents est un titre glorieux pour lui. Si sa conduite est toujours la même il s’attirera l’estime générale de mes paroissiens et je l’exhorterai toujours à la mériter”. (Lettre de Courier, curé de Fargues du 2 février 1828).
Léogeats
Lamothe Pierre, né à Aramits, Basses-Pyrénées, le 29 juin 1766, breveté le 10 février 1817, non approuvé par l’archevêché, 10 élèves garçons, 5 petites filles, le soir après souper 8 autres élèves la plupart grands, 23 en tout, ce nombre varie plus ou moins à raison du plus ou moins de besoin de bras pour l’agriculture, enseignement ancien et ordinaire. (Tableau.)
“Pour avoir l’honneur de répondre à la circulaire de Votre Grandeur en lui faisant connaître mon opinion sur l’instituteur de ma paroisse, je dirais que déjà j’avais donné à votre vénérable prédécesseur les plus complets renseignements qui pourraient peut-être encore se trouver dans les Archives de l’Archevêché, renseignements que je n’avais donnés, ainsi que l’avait demandé feu Monseigneur, qu’après les avoir mûrement réfléchis devant le seigneur. Aujourd’hui que puis-je dire pour satisfaire votre Grandeur ? Mon instituteur est porteur d’un brevet qui prouve la suffisante capacité pour exercer les fonctions d’instituteur primaire du troisième degré et qui dit qu’on s’est assuré qu’il possède une connaissance suffisante des principes et des dogmes de la religion ; il n’est pas parlé de ses principes monarchiques, mais j’ai déjà témoigné que je le croyais manifestant des sentiments favorables à la monarchie.
Je disais sans doute dans son temps, qu’il était marié et sans enfants, ayant pris en troisième noce une veuve âgée et n’en ayant pas eu non plus de ses deux premières femmes ; ainsi deux femmes successivement après la mort de la première n’ont pas craint de devenir ses épouses. Cela n’empêche pas que son ménage comme les autres peut produire des tribulations.
Quant à sa conduite publique nous avons l’avantage de l’avoir pour chantre d’office et il l’était dans mon église quand j’y suis entré il y a plus de 21 ans. Il possède une très forte voix, a été enfant de chœur à Aire, je crois, et chapier ensuite dans deux cathédrales : Toulouse et Bayonne, si je ne me trompe. Tout cela n’empêche pas qu’il a une grande inclination à aller arroser son gosier de la liqueur bachique mais avec la faculté d’en supporter grande quantité sans trop le faire connaître quoique cela ait paru, mais rarement (et je le dis avec douleur), pendant l’exercice de ses fonctions comme chantre. J’ai fait part autrefois de vive voix à feu Monseigneur de son vice dont il est bien difficile comme le juge Votre Grandeur qu’il se défasse, mais qu’il combattrait mieux s’il savait se priver de la fréquentation du cabaret. Malgré cela il fait grand vide à notre chœur quand il est obligé d’y manquer ou par maladie ou par voyage nécessaire à ses affaires, ayant affermé le bien de sa femme à Préchac, dont elle est.
Comme instituteur, il est peut-être assez exact sur son service, à moins d’occupations hors de la paroisse. On connait sa suffisance pour la campagne. Il a fait bien des élèves sur la paroisse, on lui en envoie même d’ailleurs ; et d’ici certains chefs de familles préfèrent certains instituteurs voisins qui ont plus de talent et ils les remettent ensuite à l’instituteur d’ici parce que c’est bien commode pour eux et pour les enfants. Étant donc très ancien dans la paroisse comme instituteur et comme chantre il jouit d’une certaine considération et on lui donne une certaine confiance”. (Lettre de Coutures, curé de Léogeats du 31 janvier 1828).
Mazères
Benquet André, né à Bordeaux le 7 avril 1786, breveté par l’Académie de Bordeaux le 7 février 1817 ; dans le mois d’octobre 1824, j’ai eu l’honneur d’envoyer à Mgr d’Aviau des notes sur son compte et sa Grandeur les a trouvées suffisantes pour l’autoriser ; 10 élèves, enseignement ancien et ordinaire, non exempté de service. (Tableau.)
“Je n’ai point de reproche à faire à M. André Benquet, instituteur de Mazères sur ses principes religieux et politiques. J’aurais cependant l’honneur de vous représenter que pour ce qui regarde sa profession il n’inspire pas aux pères de famille toute la confiance qu’on pourrait désirer. Il me semble que le nombre de ses élèves n’est pas en rapport avec la population de la paroisse”. (Lettre de Vechambre, curé de Mazères, du 3 février 1828).
Le Nizan (canton de Bazas mais relevant de Mazères)
Sarret François, né à Gayan, Hautes-Pyrénées, le 20 février 1809, breveté instituteur primaire de troisième classe le 3 septembre 1827, n’a pas encore reçu sa lettre d’autorisation de Mgr l’Archevêque, 20 élèves, enseignement ancien et ordinaire, pas encore exempt de service, mais a le dessein de prendre l’engagement de se vouer dix ans à l’instruction publique.
“Quant à M. François Sarret, arrivé depuis peu au Nizan dont je suis provisoirement chargé, il me paraît posséder toutes les qualités d’un bon instituteur. Je n’ai qu’à lui rendre des témoignages très flatteurs. Je supplierai Votre Grandeur de vouloir bien lui envoyer une lettre d’autorisation. Il n’est pas encore exempt de service militaire et il aurait dessein de se consacrer à l’enseignement tout le temps que demande la loi pour en exempter… Je vous demanderai… quelles démarches il aurait à faire pour se mettre à l’abri de la conscription et pour continuer paisiblement ses fonctions dans la succursale du Nizan”. (Lettre de Vechambre, curé de Mazères, du 3 février 1828).
Dans sa réponse du 29 février, l’archevêché précise les pièces à fournir pour solliciter une exemption de service. Il faut pour cela :
1° Que M. Sarret soit muni du brevet universitaire de capacité ;
2° Qu’il obtienne une attestation que lui délivrerai sur votre demande, laquelle autorisation porterait que ce jeune homme appartient avec l’autorisation à l’enseignement primaire ;
3° Qu’il contracte auprès de M. le Recteur, l’engagement de s’employer à l’enseignement pendant dix années consécutives.
(À suivre)