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Les métaphores du vêtement dans le lexique de la peau en latin

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Introduction1

On se propose d’étudier les métaphores du vêtement relatives à la peau dans l’Antiquité romaine, depuis le IIsiècle a.C. jusqu’au IIsiècle p.C. On peut s’étonner au premier abord de voir des métaphores s’appliquer à un objet aussi familier, alors que, pour Aristote, un des rôles de la métaphore est d’acquérir de nouvelles connaissances en ramenant l’inconnu vers le connu2. Quelles sont les conceptions attachées à la peau qui nécessitent un détour métaphorique par le vêtement ?

Il convient en préambule d’examiner la forme prise par ce détour à la lumière des théories antiques, principalement développées par Aristote et Cicéron. Un premier critère d’appréciation de la métaphore donné par Aristote est la proximité entre comparé et comparant. On fait ainsi l’hypothèse que la proximité de la peau et du vêtement dans l’imaginaire antique facilite la création de ces métaphores, même si celles de la peau sont bien plus réduites en raison de la rareté des mentions de cette partie du corps dans les textes latins. D’autre part, Cicéron distingue entre formation lexicalisée, qui pallie les vides du langage, et figure littéraire : inscrire les métaphores dans cette classification constituera le second préalable à leur étude.

Proximité de la peau et du vêtement dans l’imaginaire romain

Pour Aristote, un critère pour une métaphore réussie est de choisir le comparant et le comparé dans des domaines peu éloignés3. Or le recoupement entre les lexiques respectifs ainsi que les emplois métaphoriques de la peau et du vêtement constituent deux arguments en faveur de l’hypothèse que les deux objets sont proches dans l’imaginaire romain, ce qui facilite la création de métaphores.

Proximité du lexique

À première vue, le lexique latin empêche la confusion entre la peau et le vêtement : le terme principal pour désigner la peau, cutis, renvoie à la peau humaine, vivante, qui adhère au corps, ainsi qu’à des membranes internes4. Elle est employée principalement dans des traités médicaux. En face de ce mot unique existent plusieurs termes pour désigner la peau animale : par ordre de fréquence pellis, corium, tegumentum. Corium et pellis désignent la peau animale sous ses deux états principaux : la peau vivante qui adhère au corps des animaux, ou plus fréquemment, qui recouvre un autre corps que l’animal d’origine. Dans ce cas, le signifié est donc la peau écorchée, puis transformée en cuir et en divers objets : chaussures, sacs, vêtements5. Peau et vêtement se rencontrent et se confondent dans les deux mêmes termes. On peut qualifier ces termes et l’objet qu’ils désignent de liminaires, dans la mesure où, parce qu’ils renvoient à la fois aux deux types d’enveloppe, vivante et écorchée, animale et humaine, ils permettent le passage entre les signifiés. Cependant, corium et pellis désignent parfois la peau humaine. La question est de savoir alors si ces emplois inhabituels sont métaphoriques ou constituent simplement un usage indifférent de ces termes. Pour M.-C. Rolland et S. Wyler6, il s’agit toujours d’un emploi métaphorique. Les métaphores vestimentaires de la peau, qui emploient souvent le terme pellis à propos d’une peau humaine, peuvent fournir des éléments de réponse supplémentaires à cette question.

Par ailleurs, la proximité des conceptions de la peau et du vêtement repose sur la notion d’enveloppe du corps. En effet, la peau est conçue dans les textes médicaux comme la couche externe du corps et sa surface de contact avec l’extérieur7. Or, le champ lexical de l’enveloppement en latin emprunte de nombreux termes à l’univers du vêtement : circumiicere, amicire, uelare, operire, inuoluere, sont des verbes qui décrivent une étape de l’habillement, en général la dernière, celle où l’on entoure le corps d’un pan de tissu, toge, himation, pallium ou palla. D’autres verbes génériques, comme tegere et circumdare, concernent le vêtement pour une grande partie des occurrences8. Peau et vêtement se trouvent ainsi rapprochés par ce lexique commun.

Proximité des champs métaphoriques

Un point de contact existe également dans l’emploi métaphorique de la peau et du vêtement. En effet, la conception de la peau comme enveloppe qui couvre le corps et sert d’interface avec l’extérieur est le pivot de la plupart des métaphores de la peau9. L’enveloppement est également une idée centrale pour nombre de métaphores vestimentaires, même si le champ de ces dernières est plus étendu10. En effet, le champ de la métaphore de la peau est très restreint, en raison notamment de la rareté des mentions de celle-ci hors du champ médical. On peut néanmoins mettre en parallèle, pour chaque métaphore cutanée, un correspondant vestimentaire délivrant la même signification. Ainsi, “la peau est une surface sociale : elle marque l’identité de l’individu, par ses cicatrices11, sa couleur12, son bronzage, sa texture13. De façon cohérente, la peau sert de métaphore comme surface qui révèle la vérité de l’individu, que celle-ci soit l’identité dans le domaine social, ou l’âme dans certains traités philosophiques14. Or les vêtements aussi sont des marqueurs d’identité prépondérants15, et les métaphores vestimentaires reflètent cette capacité sémiotique du vêtement à délivrer des informations sur les individus qui les portent. L’exemple le plus évident est sans doute la désignation des peuples par un vêtement emblématique : les Romains togati16 se distinguent des Gaulois revêtus de braies ou de sayons, les bracati et les sagati, ainsi que des Grecs palliati17.”

Cependant la peau est une surface qui dissimule aussi l’intérieur du corps : le médecin en est réduit à l’observer ses symptômes pour établir son diagnostic18. De ce fait, la peau sert de métaphore comme enveloppe qui recouvre l’essence ou l’essentiel, et de ce fait peut être trompeuse et dissimuler une vérité intérieure19. Le vocabulaire médical est ainsi employé pour comparer une révolte dissimulée à une plaie sous-cutanée dans une lettre de Plancus à Cicéron20. Là encore, la même représentation existe dans le domaine vestimentaire : dans une satire de Perse, les défauts moraux d’un jeune homme sont comparés à une blessure cachée sous un baudrier21. Le sème de dissimulation est d’ailleurs présent dans certains verbes du lexique de l’enveloppement : obtegere, contegere, operire22.

Enfin, la peau protège le corps des agressions extérieures23. Sénèque mobilise l’image médicale pour établir un parallèle entre la peau et la philosophie comme enveloppe protectrice de l’âme24. Le vêtement est également vu par les auteurs latins comme une invention de l’homme pour se protéger des rigueurs du climat25. Horace déplace cette caractéristique sur le plan social pour faire du vêtement une barrière qui protège le corps de la matrone26.

Les deux réseaux de métaphores sont donc employés avec des significations très proches, ce qui peut expliquer que la métaphore du vêtement soit ensuite appliquée à la peau.

Quelles métaphores ?

Précisons à présent la nature de ce détour métaphorique. Cicéron distingue en effet deux types de métaphores27 : celles qu’on appelle aujourd’hui “lexicalisées”, qui offrent une expression vicariante pour désigner une réalité dépourvue de mot propre ; et les élaborations singulières des auteurs.

Pour la peau, les métaphores lexicalisées sont peu nombreuses : on connaît ainsi ruga, qui désigne les plis du vêtement puis passe, au deuxième siècle avant notre ère à la peau humaine pour signifier les rides28. Le terme est ensuite remotivé au premier siècle avant notre ère avec la métaphore agricole des rides qui “sillonnent” le front29. L’origine vestimentaire du terme reparaît néanmoins ponctuellement, au sens propre chez Vitruve (4.1.7), Pétrone (102) et Pline l’Ancien (35.34 [56]), de façon métaphorique chez Martial30.

Le lexique médical constitue toutefois le principal domaine d’emploi des métaphores vestimentaires à propos de membranes internes : tunica et uelamentum. Les deux termes désignent une enveloppe corporelle mince, à côté de membrana. M.-C. Rolland y voit une différence d’emploi entre les deux, puisque tunica désigne un vêtement du dessous et uelamentum, un vêtement du dessus. En réalité, les deux termes sont utilisés par Celse pour différentes membranes, sans distinction particulière31 : l’enveloppe d’un kyste32, le scrotum (7.18.2), le prépuce (7.25), une couverture d’os (8.4).

Dans le cadre restreint de cet article, on souhaite s’intéresser aux métaphores littéraires du vêtement appliquées à la peau, peu étudiées jusqu’ici33. Trois métaphores seront étudiées :

  • sur le plan physique, la maigreur est symbolisée dans la poésie latine par les plis de la peau, qui paraissent un vêtement trop grand pour le corps ;
  • dans le domaine social, la peau a pour fonction d’exprimer l’identité individuelle. Dès lors, le changement d’identité est décrit comme un déguisement, car on recouvre la peau véritable d’une autre qui ne correspond pas au rang réel de l’individu. Ces métaphores proviennent surtout de la satire, en lien avec son projet poétique de lutter contre les apparences mensongères ;
  • à l’époque classique, la vision de la mort comme le dépouillement du corps s’inscrit dans une filiation avec la métempsychose platonicienne. Sénèque relie cette conception à la peau, avant que s’impose aux auteurs chrétiens la référence des tuniques de peau de la Genèse.

Ces ensembles appartenant à différents genres littéraires nous semblent faire un usage semblable de la notion d’enveloppe présente dans ces métaphores : les métaphores du vêtement servent à dénoncer des cas limites, lorsque la peau ne correspond plus au corps qu’elle recouvre. 

La maigreur comme inadéquation entre la peau et le corps

La maigreur est vue comme un assèchement de toutes les parties liquides du corps34 : ne restent alors que la peau et les os. Horace imagine cet état dû au vieillissement prématuré infligé par la sorcière Canidia : fugit iuuentas – et uerecundus color/reliquit ossa pell(e) amicta lurida35,“la jeunesse a fui, et mon teint éclatant de santé a abandonné mes os enveloppés dans une peau blême”. L’utilisation du terme pellis avec le verbe amicio, “draper, habiller”, suggère l’idée d’une peau mal ajustée au corps amaigri. Le verbe amicio s’applique en effet uniquement à des vêtements du dessus, drapés, par opposition aux tuniques qu’on enfile, une action exprimée par le verbe induo36. Appliqué à la peau, il évoque le caractère inadapté de celle-ci au corps amaigri, et désigne également les rides qui plissent ce vêtement trop grand.

La description de la maigreur comme le fait de n’avoir plus que la peau sur les os apparaît dans les récits de famine humaine ou animale37. C’est également un topos de la maladie d’amour dans l’élégie grecque38 et latine39. Dans cette filiation, on ne trouve toutefois pas de métaphore du vêtement : la première attestation est ce passage d’Horace40. Qu’elle soit une création originale ou non41, l’auteur la remotive en associant à l’idée de maigreur de l’image de la peau ridée qui n’adhère plus au corps. L’association entre vieillesse et maigreur repose sur le fait que les deux sont décrits dans les textes médicaux comme un dessèchement du corps42. Si la maigreur du vieillard n’est pas souvent soulignée dans les sources textuelles43, le flétrissement de la peau, surtout de la vieille femme, est un objet de moquerie récurrent, qu’on trouve notamment dans la huitième épode du même recueil44. La métaphore du vêtement dépeint donc visuellement la peau comme un organe qui ne remplit plus son office, à savoir épouser la forme du corps.

Peau et vêtement pour exprimer les changements d’identité sociale

Les études récentes sur la signification sociale du corps ont souligné combien l’apparence personnelle (cicatrices, vêtements, allure, façon de parler…) détermine autant qu’elle exprime l’identité de l’individu45. Cette apparence (que le latin exprime par les termes habitus ou cultus) inclut la peau, une surface dont les signes peuvent être “lus” lorsqu’elle est exposée. De ce fait, la non-correspondance entre peau et identité véritable est relevée en particulier par Plaute et les auteurs satiriques, pour s’en moquer et parfois la dénoncer. Le détour métaphorique par le vêtement est un des moyens de souligner cette solution de continuité entre apparence et identité sociale.

Le corium bariolé d’un esclave

Dans les Bacchides, le pédagogue Lydus compare l’éducation de jadis à celle d’aujourd’hui, qui produit sur son jeune maître Pistoclère de si mauvais résultats :

Cum librum legeres, si unam peccauisses syllabam, Fieret corium tam maculosum quamst nutricis pallium.46

“En lisant un livre, si tu t’étais trompé d’une seule syllabe, ton cuir devenait aussi bariolé que le manteau d’une nourrice.”

Plaute compare et qualifie la peau de l’esclave de corium, un cuir qui serait tanné par les coups du maître47. L’emploi de corium est l’occasion d’une série de métaphores48, parmi lesquelles celle du vêtement est la plus représentée : le corium peut être arraché ou teint comme un vêtement49. Ici, la dimension comique ne se situe pas dans le châtiment corporel en lui-même, même si celui-ci fait partie des scènes comiques qu’on a conservées50. Le rire naît du décalage entre la description du châtiment et la naissance libre de l’élève. L’école romaine pratique régulièrement les châtiments corporels51, mais ici la sanction est décrite avec la formule typique des punitions d’esclave, et la comparaison fait d’ailleurs intervenir un personnage servile. Ce trait de langue peut être dû à l’origine servile du locuteur.

La tromperie métaphorisée par un travestissement de sa peau

Le cas inverse des personnages qui adoptent une apparence plus flatteuse que leur identité véritable constitue une cible privilégiée de la satire romaine. Tenir sa juste place est décrit par des expressions métaphoriques utilisant la peau : intra pelliculam manere/se continere52, in propria pelle quiescere53. Dans cette perspective, l’usurpation de sa place sociale est décrite comme un travestissement : une peau factice qui recouvre la véritable, et doit être arrachée pour découvrir la vraie nature de l’individu. Ainsi Horace décrit-il le projet poétique de Lucilius :

Quis ? Cum est Lucilius ausus

primus in hunc operis conponere carmina morem

detrahere et pellem, nitidus qua quisque per ora

cederet, introrsum turpis… ?54

“Comment ? Quand Lucilius osa le premier composer des vers dans ce genre d’œuvre et arracher la peau, sous laquelle chacun s’avançait, resplendissant en façade, mais hideux à l’intérieur ?”

Le verbe detrahere désigne à la fois l’action d’arracher un vêtement et d’écorcher un animal55. De ce fait, il peut renvoyer à deux menaces inégales : le simple dévoilement ou l’écorchement. L’image de la peau adventice, suggérée par l’emploi de pellis, exprime cette discordance entre l’enveloppe et la vérité de l’individu56. L’usage de peaux pour se travestir est connu dans l’Antiquité grecque et romaine : l’épisode de la Dolonie au chant XI de l’Iliade montre les guerriers se couvrir de peaux pour infiltrer le camp ennemi57 ; le costume de peau, de dimension variable, est également un accessoire essentiel du théâtre comique58 ; enfin, à Rome, certaines pratiques cosmétiques consistent à appliquer de fins morceaux de cuir sur le visage pour corriger un défaut cutané59 ou cacher des tatouages d’esclaves. Dans ce dernier cas, il s’agit littéralement de masquer son origine sociale par une seconde peau60. Tous ces éléments soutiennent l’association entre déguisement et peau de bête, entre tromperie et seconde peau qu’on enfile comme un vêtement.

Les métaphores ne remettent donc pas en cause la distinction entre cutis, la peau humaine qu’on ne peut soustraire, et pellis, la peau animale qui s’enlève facilement. Bien au contraire : pour parler d’une peau interchangeable, on utilise l’image de la peau animale. Le modèle du vêtement montre donc en creux que la peau humaine est indépassable. La peau comme vêtement, c’est-à-dire comme pure enveloppe extérieure que l’on peut retourner à loisir est donc renvoyée en définitive au fantasme : à la métamorphose, apanage des dieux, des sorcières et des loups-garous61.

Se dépouiller de l’enveloppe corporelle chez Sénèque

Lorsque la métaphore vestimentaire est employée en philosophie, on passe souvent à un autre comparé : le vêtement n’est plus la métaphore de l’enveloppe d’un corps particulier, mais du corps humain en général, opposé à l’essence ou à l’âme de l’individu. La métaphore se complexifie, car si la peau est toujours l’enveloppe du corps, le corps lui-même est conçu comme une enveloppe de la partie immatérielle de l’individu. La peau devient donc le moyen d’étudier le manque de correspondance entre le corps et l’âme, causée par la différence de nature entre les deux entités.

Sénèque file la métaphore de la mort comme une deuxième naissance dans l’immortalité. À cet effet, le moment de la mort est décrit comme le dépouillement du corps couche par couche. On trouve ailleurs l’idée du corps comme métaphore du vêtement62, mais notre passage constitue le seul endroit où la métaphore est aussi précise et s’étend à la peau. La métaphore vestimentaire permet d’imaginer le dépouillement progressif du corps lors de la mort, grâce à l’anaphore du verbe detrahetur, qui est rapproché du vêtement au début de la phrase :

Non licet plus efferre quam intuleris, immo etiam ex eo quod ad uitam adtulisti pars magna ponenda est : detrahetur tibi haec circumiecta, nouissimum uelamentum tui, cutis ; detrahetur caro et suffusus sanguis discurrensque per totum; detrahentur ossa neruique, firmamenta fluidorum ac labentium.63

“Tu n’emporteras pas plus que tu n’as apporté. Bien plus, tu devras laisser une grande partie de ce que tu as apporté dans la vie : il te sera arraché, le premier voile qui t’enveloppe, ta peau ; arrachés, la chair et le sang qui l’irrigue et qui court dans tout ton corps ; arrachés, les os et les nerfs, la charpente des parties molles et fluides.”

Le champ lexical de l’habillement est présent à travers les termes detrahere, circumiectus, et uelamenta. Le dernier terme est plus exactement lareprise d’une métaphore lexicalisée désignant ici les membranes amniotiques, qui enveloppent le nouveau-né à la naissance. L’usage médical est explicite, car Sénèque emploie le terme dans ce sens juste après :

Pereunt semper uelamenta nascentium. Quid ista sic diligis quasi tua ? Istis opertus es : ueniet qui te reuellat dies et ex contubernio foedi atque olidi uentris educat64.

“Les membranes des nouveau-nés périssent toujours. Pourquoi tant chérir ces débris comme s’ils étaient à toi ? Ils n’ont fait que te couvrir. Voici venir le jour où tomberont tes voiles, où tu seras tiré de ton immonde et infecte demeure.”

La métaphore filée du vêtement relie les deux passages, et dessine la mort comme une nouvelle naissance.

On a vu dans ce passage une référence à la création du corps comme une succession de couches qu’on trouve dans deux ouvrages de Platon : dans le Phédon (87c-88b), où la comparaison du tisserand assimile le corps à un vêtement qu’on retirerait à la mort, ainsi qu’au Timée (76a), où le corps est décrit comme une superposition d’enveloppes avec des connotations médicales65. Tout se passe comme si Sénèque conjoignait les deux ici et utilisait la génération du Timée pour décrire la “dissolution” du corps évoquée dans le Phédon66. Toutefois, le statut de cette référence par rapport au discours des Lettres pose problème67.

Sans nous prononcer sur la doctrine reprise par Sénèque à propos de l’immortalité de l’âme, il nous semble que l’inspiration de l’image n’est pas clairement platonicienne.  Le seul point de contact lexical réside dans le participe circumiectus, qui traduirait le περιημφιέννυμι du Phédon. Par ailleurs, la fonction des os dans le Timée est celui de protection du cerveau et de la moelle68, tandis qu’ici, le squelette a une fonction de charpente, exprimée par la métaphore architecturale du firmamentum, que Sénèque est le premier à utiliser pour l’anatomie humaine69. Le mouvement de dépouillement progressif couche par couche pourrait être influencé, au-delà de Platon, par la structure de l’habit romain, qui consiste en une superposition de tuniques, manteaux, voiles, toges70. Par ailleurs, avant Sénèque, Ovide a également représenté le corps de Marsyas dépouillé de sa peau, même s’il ne mentionne pas exactement les mêmes éléments71. Un indice secondaire de l’originalité de ce passage est l’emploi du lexique médical, qui offre à Sénèque un vaste réservoir d’images72 et pourrait suffire à fournir l’inspiration de celle qui nous occupe73. Le détail du sang se répandant librement se trouve de plus fréquemment dans l’œuvre sénéquienne, en particulier tragique74. Quant à l’idée d’abandonner son corps à la mort, elle est exprimée par Horace dans l’ode d’Archytas d’inspiration pythagoricienne75 ; l’image des os et de la peau, qui synthétise le corps par les parties dures et molles, est complexifiée ici par l’ajout du liquide76. Si Sénèque a donc repris les théories platoniciennes, l’image reflète bien plus son esthétique, ses sources d’inspiration habituelles, ainsi que sa tendance à se laisser porter par l’enchaînement des métaphores, excédant de la sorte ses sources éventuelles.

Conclusion

La métaphore du vêtement manifeste un aspect particulier de la peau comme enveloppe : le caractère indésirable de l’enveloppe qui ne correspond pas à l’intériorité de l’individu. Pour cela, elle utilise justement le caractère détachable et séparé du corps que possèdent les termes corium et pellis, à l’inverse de cutis qui est inamovible. Cette utilisation souligne que la peau qui ne correspond pas à ce qu’elle recouvre – corps, identité sociale ou âme – est considérée comme déficiente par rapport à sa fonction normale : ainsi, lors de la vieillesse ou la maigreur, elle ne couvre plus le corps correctement ; dans la satire, la peau qui cache l’identité sociale de l’individu ne remplit pas la fonction sémantique qu’on attend d’elle. Dans le passage de Sénèque, la peau est disqualifiée par l’importance accordée à l’intériorité et à l’âme, qui conduit à la nécessité de se débarrasser de tout ce qui recouvre cette intériorité.

Malgré les différences de référence et de genre littéraire, tous les auteurs emploient la peau animale comme référent pour une enveloppe interchangeable. C’est aussi le cas à l’époque chrétienne, alors même que le référent principal devient le passage de la Genèse dans lequel Dieu donne à Adam et Ève des tuniques de peau au moment de leur expulsion du jardin d’Éden77. Ces tuniques de peau servent de point de départ aux premiers auteurs chrétiens pour situer le corps par rapport à la création divine et à la question de l’immortalité. En fonction de la position défendue, les tuniques de peau sont interprétées de façon radicalement différente. Ainsi, Tertullien conteste l’interprétation gnostique en associant l’image de la peau à celui du vase d’argile : le corps mortel aurait été littéralement revêtu d’une peau lors de la Chute78. Augustin, au contraire, fait des tuniques de peau un symbole de la mortalité humaine ; pour cela, il insiste sur l’origine animale de ces tuniques79. Cette interprétation se retrouve également chez Origène avant lui80. Même si le référent a changé, la distinction entre pellis et cutis, absente des textes hébreu et grec,est toujours signifiante : Tertullien veut unir étroitement le corps à sa peau et utilise cutis, tandis qu’Augustin ne l’emploie jamais, afin de souligner le caractère temporaire et inadapté de cette enveloppe, première d’une série dont l’homme doit se débarrasser pour retrouver la condition originelle de vérité et de proximité à Dieu. Si les métaphores vestimentaires de la peau existent dans plusieurs cultures antiques, le latin leur donne une profondeur inégalée en exploitant ses distinctions lexicales propres.

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  • Rolland, M.-C. (2018) : La peau humaine dans la littérature romaine : physiologie, pathologie, thérapeutique, esthétique, sémiologie, Thèse de doctorat, Université Rennes 2, France.
  • Rothe, U. (2020) : The toga and Roman identity, Londres.
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Notes

  1. Je remercie M.-C. Rolland pour m’avoir permis de m’appuyer sur sa thèse sur la peau humaine dans la littérature latine. Merci également à mon directeur R. Robert, à J. Trinquier, J. Delalande et M. Krafft pour leurs relectures fructueuses. Toutes les traductions, sauf précision, sont personnelles.
  2. La fonction d’apprentissage revient dans les deux passages consacrés à la métaphore : Poet., 21.1457b6 sqq. ; Rh., 3.2.1412 a 11-13. Cf. Armisen-Marchetti 1990, 337.
  3. Arist., Rh., 3.2.12, 1405a 34-37 : ἔτι δὲ οὐ πόρρωθεν δεῖ ἀλλ᾽ ἐκ τῶν συγγενῶν καὶ τῶν ὁμοειδῶν μεταφέρειν ἐπὶ τὰ ἀνώνυμα ὠνομασμένως ὃ λεχθὲν δῆλόν ἐστιν ὅτι συγγενές… “En outre, il ne faut pas tirer de loin les métaphores, mais les emprunter à des objets de la même famille et de la même espèce, de façon que, si les choses ne sont pas nommées, on leur donne l’appellation qui se rattache manifestement au même ordre d’idées”.
  4. Rolland 2018, 31 : sur 446 attestations de cutis, 368 font référence à la peau humaine, au sens propre ou de manière figurée, soit 82,5 %.
  5. Même si les vêtements romains sont plutôt en lin, le cuir était régulièrement utilisé pour les vêtements destinés aux travaux d’extérieur ou à se protéger du froid. Cf. Leguilloux 2004, 85-94.
  6. Wyler 2015, 58 : “Il est enfin à noter que ces emplois humains de pellis ne se trouvent qu’en poésie, comédie, satire ou épopée, à l’exception des quelques cas où la peau humaine a subi au sens propre les mêmes traitements que la peau animale, travaillée par le tanneur ou le cordonnier. Cette spécificité poétique, alliée à la rareté, est à comprendre comme la volonté des auteurs de créer une image mentale forte, associant toutes les acceptions de la pellis animale à des personnages humains. Finalement, on peut en conclure que pellis ne désigne pas la peau humaine et que lorsque les auteurs l’attribuent à l’homme c’est de manière imagée, métaphorique.”
  7. Hippocrate (Carn., 9.3-6) Platon (Ti., 76a) et Aristote (Gen. an., 2.743b6) attribuent la formation de la peau à un durcissement à l’air de la couche extérieure de la chair ; la peau est donc formée par le contact entre intérieur et extérieur. Cf. Rolland 2018, 83‑94. Platon, au même endroit, ajoute l’idée d’enveloppement, en voyant la peau comme une couche qui recouvre le corps et dont les sutures sont ramenées au sommet du crâne.
  8. Thesaurus Lingae Latinae, s.u.
  9. Rolland 2018, 77-79.
  10. Le champ des métaphores du vêtement est très large, et commence tout juste à être exploré. Il prend en compte également les différents stades de fabrication du vêtement : le champ métaphorologique s’étend du tissage (Scheid et Svenbro 1994), aux métaphores du déchirement ou du vêtement mis en pièces. Pour le vêtement entier, le voilement et dévoilement constitue un aspect important (pour les émotions notamment, Ferrari 1990 ; Cairns 2012).
  11. Baroin 2002.
  12. Boudon-Millot et Pardon-Labonnelie 2018.
  13. Perse (4.18) et Juvénal (11.203) raillent la cuticula, la peau fine d’hommes trop soignés.
  14. On reviendra sur cette caractéristique de la peau.
  15. Voir les ouvrages principaux à ce sujet : Bodiou et al. 2011 ; Gherchanoc et Huet 2007, 2012, 2017 ; Olson 2015 ; Bonnard et Blonce 2019 ; Sansone di Campobianco 2016 ; Rothe 2020.
  16. Amiotti 1992.
  17. Par exemple, Cic., Font., 33 ; Val. Max. 2.6.10.
  18. Boehm 2003.
  19. Quint., Inst., 10.2.15-16 ; Gell. 18.4.2.
  20. Cic., Ep., 11.889.3 : Sed non possum non exhorrescere, si quid intra cutem subest uulneris, quod prius nocere potest, quam sciri curarique possit. “Toutefois je ne puis réprimer un frisson d’effroi à l’idée que se cache sous la peau une lésion susceptible d’avoir des effets funestes avant qu’on ne puisse la déceler et la soigner.” (trad. J. Beaujeu). Cf. aussi Tac., Hist., 2.77.
  21. Per. 5.43-45 : Sic nouimus : ilia subter/Caecum ulnus habes ; sed lato balteus auro/Praetegit. “Nous le savons : sous le flanc, tu as une obscure blessure ; mais un ceinturon d’or recouvre ton côté.”
  22. Thesaurus Linguae Latinae, s. u.
  23. Lucr. 4.932-6, cité par Rolland 2018, 101.
  24. Sen., Ep., 8.72.5 : Aliquando extrinsecus quo admoneatur mortalitatis interuenit, sed id leue et quod summam cutem stringat. Aliquo, inquam, incommodo afflatur ; maximum autem illud bonum fixum est. Ita dico, extrinsecus aliqua sunt incommoda, uelut in corpore interdum robusto solidoque eruptiones quaedam pustularum et ulcuscula, nullum in alto malum est. “Parfois il survient de l’extérieur un événement qui rappelle [au sage] sa mortalité, mais de façon légère, en égratignant à peine sa peau. Quelque désagrément, disais-je, vient à souffler contre lui, mais sa félicité parfaite est inébranlable. Ainsi, dis-je qu’il rencontrera ces quelques désagréments extérieurs comme un corps robuste et solide recevra des éruptions boutonneuses ou des plaies légères, il ne sera pas touché en profondeur.” (trad. M.-C. Rolland).
  25. Varro, Ling., 8.16 ; Cic., De or., 3.38. Cf. Harlow zr Nosch 2015.
  26. Sat., 1.2.94-5 : matronae praeter faciem nil cernere possis, / cetera, ni Catia est, demissa ueste tegentis. “Tu ne peux voir que le visage d’une matrone, car, sauf Catia, elle couvre le reste en faisant tomber sa robe jusqu’à terre.” Cf. Curran 1970.
  27. Cic., De or., 3.38 (155-156) : …quem necessitas genuit inopia coacta et angustiis, post autem iucunditas delectatioque celebrauit. Nam ut uestis frigoris depellendi causa reperta primo, post adhiberi coepta est ad ornatum etiam corporis et dignitatem, sic uerbi translatio instituta est inopiae causa, frequentata delectationis. (…) Quod enim declarari uix uerbo proprio potest, id translato cum est dictum, inlustrat id, quod intellegi uolumus, eius rei, quam alieno uerbo posuimus, similitudo. Ergo hae translationes quasi mutuationes sunt, cum quod non habeas aliunde sumas, illae paulo audaciores, quae non inopiam indicant, sed orationi splendoris aliquid arcessunt.
  28. “Il a dû sa naissance à la nécessité, sous la contrainte du besoin et de la pauvreté, puis l’agrément et le plaisir l’étendirent. De même que les vêtements, imaginés pour préserver du froid, en virent peu à peu, dans la suite, à donner au corps plus d’élégance aussi et de noblesse, ainsi la métaphore, créée par besoin, fut répandue parce qu’elle plaisait. (…) L’expression propre a peine à bien exprimer la chose ; au contraire l’expression métaphorique éclaire ce que nous voulons faire comprendre et cela grâce à la comparaison avec l’objet, exprimée au moyen d’un mot qui n’est pas le mot propre. Donc ces métaphores sont des espèces d’emprunts, grâce auxquelles nous prenons ailleurs ce qui nous manque. Il en est d’autres un peu plus hardies, qui ne sont pas une preuve d’indigence, mais ajoutent un certain éclat au discours ;” (trad. E. Courbaud et H. Bornecque). Je remercie C. Baroin pour m’avoir signalé ce terme. Plaut., Cas., 245, Frg., 149.30 ; Titinius, Frg., 173 : tentipellium/Inducitur, rugae ore extenduntur. “On utilise une forme de cordonnier, on retend les rides sur le visage”.

  29. Hor., Epod.,8.4 ; Verg., Aen., 7.417 ; Ov., Ars am., 2.118.
  30. 3.93.4 : rugosiorem cum geras stola frontem, “quand tu as le front plus plissé qu’une étole”.
  31. Velamentum apparaît simplement plus tard dans la langue latine, avec Varron.
  32. Celsus, Med., 7.2.2-3 : interdum enim fit, sed raro, ut, quicquid abscedit, uelamento suo includatur : id antiqui tunicam nominabant. Meges, quia tunica omnis neruosa est, dixit non nasci sub eo uitio neruum, quo caro consumeretur ; sed subiecto iam uetustiore pure callum circumdari. Quod ad curationis rationem nullo loco pertinet, quia <quic> quid, si tunica est, idem, si callus est, fieri debet. Neque ulla res prohibet, etiamsi callus est, tamen quia cingit, tunicam nominari. “Car parfois, bien que rarement, il arrive que l’abcès soit enveloppé dans sa propre membrane, que les anciens appelaient ‘tunique’. Mégès, parce que toute tunique est de nature nerveuse, a dit qu’un tissu nerveux ne naît pas d’une maladie qui consume la chair ; mais qu’un cal se crée à partir du pus qui stagne dessous depuis trop longtemps. Cette explication n’a rien à voir avec la définition du traitement, parce que celui-ci est le même qu’il s’agisse d’une tunique ou d’un cal. D’ailleurs rien n’empêche de l’appeler tunique même si c’est un cal, parce qu’elle enveloppe de toute façon.” cf. aussi 7.13, où il emploie aussi bien tunica que uelamentum pour désigner cette enveloppe.
  33. Les métaphores vestimentaires appliquées à la pilosité juvénile ont été mentionnées par Cordier 2005, 89‑93. On peut également signaler une métaphore de Martial (8.33.21-22) pour une membrane : hac cute Ledaeo uestitur pullus in ouo, / talia lunata splenia fronte sedent. “C’est d’une pellicule semblable qu’était revêtue la pulpe de l’œuf de Léda ; telles sont les menues bandelettes qu’on applique sur le front en forme de croissant.”. La métaphore est appelée à la fois par l’énumération d’accessoires cosmétiques, qui sert de comparant à la finesse du fragment d’or que le narrateur a reçu, et par la nature humaine des petits de Léda.
  34. Bettini 2016. Dieu 2020, 42 et 47, rappelle que l’un des deux adjectifs principaux signifiant la minceur en grec, ἰσχνός, signifie à l’origine “sec, desséché”, et qu’en latin, aridus peut prendre le sens de “maigre”.
  35. Hor., Epod., 7.20. Sur la maigreur dans l’Antiquité, voir aussi les autres contributions du volume de Galbois et Rougier-Blanc 2020.
  36. Val. Max. 2.7.9 ; cf. ThLL, s.u. Une exception chez Cicéron (Cat., 2.22) constitue un contre-emploi du verbe.
  37. Chez Plaute (Aul., 561-566) et Théocrite (Id., 2.87-89). La question d’une connaissance de Plaute des œuvres de Théocrite a été posée, qui va plutôt dans le sens d’un original commun (Fantuzzi et Hunter 2005, 260 n. 64 et 258 n. 36), ou plus prudemment d’une tradition comique commune (Philippides 2018). On trouve le même détail dans l’Ancien Testament : Lam., 4.8.2.
  38. La maladie d’amour est décrite comme une consomption : Dioscor., AP, 7.31 : Σμερδίῃ ὦ ἐπὶ Θρῃκὶ τακεὶς καὶ ἐπ᾽ ἔσχατον ὀστεῦν. “ô toi, consumé pour le Thrace Smerdis jusqu’à la moelle des os” ; Theoc., Id., 4.15-16 : τήνας μὲν δή τοι τᾶς πόρτιος αὐτὰ λέλειπται τὠστία. μὴ πρῶκας σιτίζεται ὥσπερ ὁ τέττιξ ; “À cette génisse ne sont restés que les os. Est-ce qu’elle se nourrit de rosée comme la cigale ?”. Cf. Lawall 1966.
  39. Ov., Tr., 3.8.24-5 ; Verg., Ecl., 3.101-2 : idem amor exitium pecori pecorisque magistro. Menalcas : His certes – neque amor causa est  uix ossibus haerent. “Le même amour cause la perte du troupeau et de son maître. / Ménalque : Il est vrai (et l’amour n’en est pas la cause) que leur corps tient à peine à leurs os”.
  40. Après lui, Silius Italicus (2.466-468) reprend le motif pour décrire un siège par Hannibal. Il emploie toutefois le mot cutis, sans doute à cause de la différence de genre et d’effet (ici pathétique).
  41. Ovide (Tr., 3.8.24-25), et Silius Italicus (14.605) décrivent des symptômes identiques avec le verbe tegere, qui constitue également une métaphore vestimentaire mais moins marquée, car le verbe tegere ne concerne pas uniquement les vêtements même s’il est fréquemment employé avec eux.  Ces attestations postérieures toutefois ne permettent pas de trancher la question de l’originalité ou non d’Horace, qui excède le cadre de notre réflexion.
  42. Arist., Gen. an., 5.3.783b5-9 ; Gal., Temp., 1.582.17-18 ; Sympt., 7.215.2 ; Cf. Byl 1988 ; Parkin 2003, 251.
  43. La maigreur du vieillard est moins souvent mise en avant que sa calvitie (une exception : Lucil. 331). Elle est plus visible dans l’iconographie, pour laquelle la sculpture de vieillards constitue un genre hellénistique répandu. Ce genre exagère les symptômes de la vieillesse (rides, poitrine tombante, peau qui pend, veines marquées). Cokayne 2003, 20‑21 et 147-148 pour un exemple iconographique.
  44. Archil. 235 (Lasserre – Bonnard = 113 D) ; Hor., Epod., 8.1-11. L’AP (5.20.4) compare une vieille femme à un raisin sec, image reprise par une Priapée (32.1) pour une jeune fille trop maigre. Cf. Gourevitch 2018.
  45. Bettini 2001 ; Bodiou et al. 2011 ; Baroin 2012 ; Gherchanoc et al. 2017 ; Bodiou et Mehl 2019.
  46. Plaut., Bacch., 433-434.
  47. La peau de l’esclave est la plus exposée aux coups, mais aussi aux regards dans la société romaine : Baroin 2002.
  48. On trouve aussi le cuir de l’éléphant, et la peinture : Epid., 625-6. Dans ces cas, la peau de l’esclave devient une peau-objet, qui adhère moins bien (pour l’éléphant) ou plus du tout au corps (dans le cas de la peinture).
  49. Pseud., 228-229 : Nisi hodie mihi ex fundis tuorum amicorum omne huc penus adfertur, / Cras, Phoenicium, poenicio corio inuises pergulam. “Mais s’il ne me vient aujourd’hui des domaines de tes amants des provisions de toute espèce, demain, Phénicie, tu visiteras le cabinet avec une peau à la phénicienne.”
  50. Hdn., Mim., 3.
  51. Bloomer 2015, 184‑192.
  52. Mar. 3.16 : continere <se> inter pelliculam suam. “Se contenir à l’intérieur de sa petite peau”.
  53. Hor., Sat., 1.6.22 : quoniam in propria non pelle quiescem. “Parce que je ne serais pas resté tranquille dans ma peau”.
  54. Hor., Sat, 2.1.62-68.
  55. ThLL, s. u.
  56. Un contraste fréquent dans la satire : Hor., Epist., 1.16.44-45 : Sed uidet hunc omnis domus et uicinia tota / Introrsum turpem, speciosum pelle decora, “Mais toute sa maison et son voisinage tout entier le voit comme hideux à l’intérieur, et splendide grâce à une peau sans tache.” L’hémistiche est repris par Perse à propos d’Alcibiade (4.14-16) : Quin tu igitur, summa nequidquam pelle decorus, / Ante diem, blando caudam iactare popello / Desinis, Anticyras melior sorbere meracas ?“Donc, qu’attends-tu, toi qui n’es sans tache, vainement, qu’à la surface de la peau, pour cesser de remuer la queue dès l’aube pour t’attirer les flatteries du vulgaire, et pour plutôt boire de l’hellébore pure ?”
  57. Plichon 2013.
  58. Wyler 2015 : le mallôtos chitôn, combinaison intégrale de poils, désigne d’habitude Silène. Les autres ont des pagnes en peaux avec les poils.
  59. Ov., Ars am., 3.302 : Paruaque sinceras uelat aluta genas. “Et un fin morceau de cuir voile vos joues naturelles” L’aluta désigne du cuir très fin traité à l’alun pour obtenir un cuir souple et clair.
  60. Mart. 2.19.9-10 : Et numerosa linunt stellantem splenia frontem. Ignoras quid sit ? Splenia tolle, leges. “Et de nombreuses bandelettes recouvrent son front d’étoiles. Tu ignores pourquoi ? Enlève les bandelettes, tu le liras.” cf. 8.33.22 : talia lunata splenia fronte sedent. “Aussi fines sont les bandelettes en forme de lune posées sur son front”. cf. Plin., Ep., 6.2.2 ; Dubourdieu et Lemirre 2002, 107-108.
  61. Le uersipellis, une variation folklorique du loup-garou, désigne en latin la capacité à se transformer à volonté pour Jupiter, dans Amph., 119-123,et pour les sorcières dans les Métamorphoses d’Apulée (2.22). Le mot est composé du verbe uertere et de pellis : un uersipellis est donc littéralement un être qui peut “retourner sa peau” à volonté, changeant ainsi d’identité. Cf. Bettini 2012.
  62. Marc., 25.1 ; Ep. 92.12. Cités par Husner 1924, 87-89 ; Marc., 24.5 : obductam cutem, l’adjectif pouvant se dire d’un vêtement (voirTac., Ann., 4.70).
  63. Sen., Ep., 17.102.25 et 27.
  64. Sen., ibid., voir chez Celse également (7.29) : eas, quas secundas uocant (quod uelamentum infantis intus fuit)… “ce qu’ils appellent ‘secondines’ (c’était l’enveloppe du nourrisson dans l’utérus)…”.
  65. Voir les communications de M. Krafft et de M. Jabin dans cet ouvrage.
  66. 88a-b : …τοῦτον δὲ τὸν θάνατον καὶ ταύτην τὴν διάλυσιν τοῦ σώματος… “la mort et la dissolution du corps”.
  67. Natali 1992 et Reydams-Schils 2010 soutiennent tous deux l’idée d’une conversion temporaire et incomplète au platonisme. Pour Natali, non esce realmente dallo Stoicismo, perché non arriva mai all’accettazione piena ed esplicita di un’ontologia del tipo di quella platonica ; pour Reydams-Schils, ce passage constitue seulement une propédeutique au service de la doctrine stoïcienne. Pour une analyse précise de l’arrière-plan platonicien de cette lettre, Wildberger 2010.
  68. Bolens 1999, 154‑155.
  69. Une comparaison du De ira (2.1.1) offre en quelque sorte le chemin inverse, des os au color (à la fois la chair et la peau) : nam et in corpore nostro ossa neruique et articuli, firmamenta totius et uitalia, minime speciosa uisu, prius ordinantur, deinde haec, ex quibus omnis in faciem adspectumque decor est ; post haec omnia, qui maxime oculos rapit, color ultimus perfecto iam corpore adfunditur. “En effet, dans notre corps aussi, les os, les nerfs et les articulations, la charpente et le principe de vie de tout le reste, d’un aspect très disgracieux, sont articulés en premier, puis viennent les parties qui donnent toute la beauté au visage et à l’apparence : après tout cela, le teint, qui attire le plus le regard, qui se répand en dernière sur un corps déjà achevé”.
  70. Cleland et al. 2007 ; Lee 2015.
  71. Ov., Met., 6.382-400, particulièrement 387-391 : Ovide mentionne son sang, ses nerfs, ses veines, ses entrailles, soit des parties molles, omettant les os et préparant ainsi la transformation de Marsyas en fleuve.
  72. Armisen-Marchetti 1989. Sur le lexique médical de Sénèque, voir Courtil 2019.
  73. Cutis et caro n’apparaissent ensemble et ne sont clairement distinguées que chez Celse (par exemple en 5.26 ; 5.28 ; 7.2) avant Sénèque. Les deux sont d’habitude confondues sous le terme de color ou de caro. C’est le cas en grec également : Carastro 2009.
  74. Sen., Ag., 44 (le palais royal nage dans le sang) ; 222 (la terre inondée de sang) ; Œd., 483
    (le Cithéron inondé) ; 624 (le fantôme de Laïos) ; 979 (Œdipe quand il se crève les yeux) ; Thy., 741 (feu d’un autel éteint par un flot de sang). Le mot sanguis apparaît dans son œuvre complète à 175 reprises.
  75. Hor., Carm., 1.28.13-14 : nihil ultra/neruos atque cutem morti concesserat atrae. “Il n’avait abandonné que les nerfs et la peau à la sombre mort”.
  76. Sur les liquides vitaux dans la culture romaine, Bettini 2016.
  77. Gen., 3.21 : “L’Éternel Dieu fit à Adam et à sa femme des habits de peau, et il les en revêtit”. (Trad. Louis Segond).
  78. Tert., Resur., 7.6 : Quam postea pelliciae tunicae, id est cutes, superductae uestierunt : usque adeo, si detraxeris cutem nudaueris carnem. Ita quod hodie spolium efficitur si detrahatur, hoc fuit indumentum cum superstruebatur. Hinc et apostolus circumcisionem despoliationem carnis appellans tunicam cutem confirmauit. “[vases d’argile] que revêtirent ensuite des tuniques de peau, c’est-à-dire l’épiderme. Pour vous en convaincre, enlevez cette peau, vous mettez à nu la chair. Ainsi, cette peau, sanglante dépouille aujourd’hui, si on l’enlève, fut dans le principe un vêtement extérieur. De là, quand l’Apôtre appelle la circoncision ‘la dépouille de la chair’, il prouve que cette tunique n’est autre chose que la peau.”
  79. Aug., Man., 2.21.7 : Quo enim maiore indicio potuit significari mors quam sentimus in corpore, quam pellibus quae mortuis pecoribus detrahi solent ? “Et quel signe plus frappant de la mort corporelle qui nous attend pouvait leur être donné, que ces peaux ordinairement arrachées aux bêtes qui ont perdu la vie ?” ; 2.27.2-3. Voir aussi Trin., 12.11 ; Ps., 103.2.8 ; Serm., 362.11.
  80. Lev., 6.2 : ‘fecit enim’ inquit ‘Deus tunicas pellicias, et induit Adam et mulierem eius’. Illae ergo tunicae de pellibus erant ex animalibus sumptae. Talibus enim oportebat indui peccatorem, ‘pelliciis’, inquit, ‘tunicis’, quae essent mortalitatis, quam pro peccato acceperat, et fragilitatis eius, quae ex carnis corruptione ueniebat, indicium. Si uero iam lotus ab his fueris et purificatus per legem Dei, induet te Moyses indumento incorruptionis, ita ut nusquam ‘appareat turpitudo tua’ et ‘ut absorbeatur mortale hoc a uita’. “‘Dieu a fait’, dit [la Genèse], ‘des tuniques de peau, et en a revêtu Adam et sa femme’. C’étaient des tuniques de peau prises à des animaux. Il fallait en effet que le pécheur soit vêtu de tels oripeaux, de ‘tuniques de peaux’, dit-elle, qui fussent un signe de leur mortalité, qu’il avait reçu en punition de son péché, et de sa fragilité, qui provenait de la corruption de la chair”. Le débat sur le fragment du Commentaire sur la Genèse est exposé par Pârvan 2012, 57-59.
ISBN html : 978-2-35613-387-8
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EAN html : 9782356133878
ISBN html : 978-2-35613-387-8
ISBN pdf : 978-2-35613-389-2
Volume : 30
ISSN : 2741-1818
Posté le 03/06/2024
16 p.
Code CLIL : 3385
licence CC by SA
Licence ouverte Etalab

Comment citer

Sanfilippe, Floriane, “Les métaphores du vêtement dans le lexique de la peau en latin”, in : Delalande, Juliette, Enfrein, Barthélémy, Jabin, Misel, Mézière, Dimitri, Sanfilippo, Floriane, Rates, Pauline, éd., Himation. Métaphores du vêtement dans l’Antiquité classique et tardive, Pessac, Ausonius éditions, collection PrimaLun@ 30, 2024, 255-270 [en ligne] https://una-editions.fr/les-metaphores-du-vetement-dans-le-lexique-de-la-peau-en-latin/ [consulté le 03/06/2024].
doi.org/10.46608/primaluna30.9782356133878.14
Illustration de couverture • Achille assis, enveloppé dans un himation, représenté sur une kylix datant d'environ 500 ans avant J.-C.
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