UN@ est une plateforme d'édition de livres numériques pour les presses universitaires de Nouvelle-Aquitaine

Monuments disparus du bazadais
La vallée du Beuve
(5e partie)

Paru dans : Les Cahiers du Bazadais, 166, 2009, 37-56.

Cudos

Extrait de la Carte de Belleyme.

Sites et édifices conservés :

1. Église – avec transformation – et cimetière Saint Jean de Cudos. Cf. J. B. Marquette, Notices, dans Léo Drouyn et le Bazadais méridional, 2000, p. 116-117 ; 2. Église et cimetière Saint Laurent d’Artigueville.

Site abandonné et édifice disparu :

Église et cimetière Notre-Dame de Conques.
Église et cimetière Notre-Dame de Conques

Repérage

Situation

a. Carte 1.25000e, Bazas, 1639 Ouest ; Ax : 396, 550 ; Ay : 3236, 925.
b. Cartes anciennes : Carte de Cassini, n° 105 : Conques (église) ; Carte de Belleyme, n° 40 : Conques (église) ; Carte d’État-Major, n° 204 : Mononc ; Atlas départemental de la Gironde dressé par le service départemental d’après la minute de la carte d’état-major, 1888, n° 19 : Monom.

Cadastre : 1957 : Monon, F 2, n° 270, 271, 275 ; 1831 : Monom, F 2, n° 192-194.

Extrait du plan cadastral de 1831 (DAO N. Pexoto).
Extrait du plan cadastral de 1957 (DAO N. Pexoto).

Repérage sur le terrain

a. Nature des parcelles : prairie.
b. Conditions d’accès : du bourg de Cudos prendre le CD 12 E1 allant à Sauviac, puis, à 500 m (calvaire), tourner à gauche sur le chemin vicinal n° 4. À 1,150 km, 150 m avant d’arriver au ruisseau de Conques, un chemin conduit sur la gauche à la ferme de Monon. Le site se trouve à l’ouest de la ferme.

Situation administrative

Propriété privée.

Description géographique du site

a. Altitude : 114 m.
b. Relief : plateau, pente très légère d’un vallon.
c. Hydrographie : à 150 m au sud du ruisseau de Conques.
d. Géologie : sable des Landes sur calcaires et marnes (carte géol. 1.80000e, n° 204, Grignols).

Identité des vestiges

a. Période : Antiquité, Moyen Âge, époque moderne.
b. Nature/État : cimetière et église/cimetière désaffecté et église démolie depuis près de deux siècles. Site bouleversé par la mise en culture, devenu une prairie. Emplacement probable d’un établissement gallo-romain.

Description

Répertoire des sources et bibliographie
Sources manuscrites

Arch. dép. Gironde, E suppl. 1690-1696 (Bazas GG 31-37) : registre et cahiers des bapt. mar. sép. de Saint-Martin de Bazas et de Notre-Dame de Conques, son annexe : 1660-1792.

Sources imprimées
  1. Pouillés des provinces d’Auch, de Narbonne et de Toulouse par Ch.-Edmond Perrin et Jacques de Font-Réaulx, Paris MCCCCCLXXI, p. 444, 454.
  2. Marion (M.), Benzacar (J.), Documents relatifs à la vente des biens nationaux, t. II, p. 20.
Bibliographie
  1. O’Reilly (P.-J.), Essai sur l’histoire de la ville et de l’arrondissement de Bazas, 1840, p. 154-155, 342-343.
  2. Féret (E.), Essai sur l’arrondissement de Bazas, 1893, p. 16.
  3. Piganeau (E.), Essai de répertoire archéologique du département de la Gironde, dans Soc. Arch. de Bordeaux, 1897, t. XXII, p. 68.
  4. Biron (Dom R.), Précis de l’histoire religieuse des anciens diocèses de Bordeaux et de Bazas, 1925, p. 124, 127.
  5. Cadis (L.), Le Bazadais préhistorique, celtique, gallo-romain et mérovingien, dans Bulletin de la Société préhistorique française, t. LI, fasc. 9-10, nov. 1954, p. 397 (carte).
  6. Id., Notes manuscrites.
Histoire

1369-1370 : capellanus Sancti Luperchii de Conchis ; archiprêtré de Bernos (Pouillés).

XVe siècle : capellanus de Conqua ; arch. de Bernos (Pouillés).

XVIIIe siècle : Notre-Dame de Conques, ann. de Saint-Martin de Bazas ; arch. de Bernos.

L’abbé P.-J. O’Reilly dont on connaît l’esprit imaginatif prétendait que le nom de Conques provenait de concha, nom du reliquaire dans lequel se trouvait la relique du sang de saint Jean-Baptiste. Lors de l’invasion des Normands (853) (!) un prêtre aurait caché en ce lieu la précieuse relique ; cette anecdote dont on ne retrouve aucune trace dans la tradition bazadaise a été reprise par E. Féret qui transforme d’ailleurs les Normands en Wisigoths !

Il convient de se débarrasser définitivement de ces élucubrations et de s’attacher, au contraire, au patron de la paroisse Loubert – il existe deux Saint-Loubert dans le sud du Bazadais, Saint-Loubert de Loutrange (cne de Grignols) et Saint-Loubert de Colhac (cton de Langon) – qui permet de faire remonter sa fondation au haut Moyen Âge. Loubert doit être probablement le même que Luperc, martyrisé au IIIe siècle et dont une tradition fait le premier évêque d’Éauze.

Ce n’est probablement qu’au XVe siècle, sinon plus tard, que le vocable de saint Loubert fut remplacé par celui de Notre-Dame. À la veille de la Révolution, Conques qui dépendait de la paroisse Saint-Martin de Bazas était selon l’abbé O’Reilly, desservie par les Barnabites. Lors de la constitution des communes, la paroisse de Conques fut partagée entre celles de Bazas et de Cudos, l’emplacement de l’église et du cimetière étant attribué à celle de Cudos. L’église ne se trouvait qu’à quelques dizaines de mètres de la nouvelle limite. Ses matériaux furent vendus le 16 prairial an II, pour 1700 l. à Descornes qui se porta aussi acquéreur du cimetière pour 500 l. (S. Impr. 2). Il n’en reste aucune trace sur le plan cadastral de 1831.

Il existait, non loin de l’église, une fontaine de Sainte-Rufine qui faisait l’objet de processions. En 1736, une demoiselle Biroat qui prétendait que cette fontaine se trouvait dans son fonds la fit démolir pour empêcher que la procession n’eût lieu. À la suite de l’intervention de l’évêque, la demoiselle Biroat accepta de rebâtir la fontaine et de laisser passer les processions (Bazas, GG 33).

Le site de Conques aujourd’hui (photo Pierre Barbe).
Historiographie

La chapelle de Conques n’était plus qu’un vague souvenir dès la fin du XIXe siècle. E. Féret supposait que son emplacement se trouvait dans le domaine de Monon. En 1949, à l’époque où il effectuait des sondages à Taleyson, L. Cadis eut l’attention attirée sur le site par le fermier de Monon M. Andel qui lui fit part de la découverte de monnaies qui s’avérèrent être des bronzes romains du IVe siècle. De 1949 à 1957, L. Cadis reçut ainsi de M. Andel d’autres monnaies trouvées à l’occasion de labours. Mais, en 1954, à la suite d’une visite qu’il fit sur le site en compagnie de M. Grimal, L. Cadis aurait entrepris un sondage. La correspondance qu’il échangea avec la propriétaire de Monon, Mme Cabanne, le caractère laconique des notes qu’il a laissées suggèrent d’ailleurs que ce fut le fermier qui effectua le sondage (!). Les travaux portèrent sur la parcelle F, n° 271. Ils révélèrent:

L’existence de trois niveaux de squelettes séparés les uns des autres par 0,30 m de terre environ ; mais il n’est pas impossible qu’il y en ait eu au moins un quatrième. Au niveau supérieur on découvrit dans une sépulture, une bague, une croix, des grains de chapelet et une monnaie du règne de Louis XIII. Ce niveau a également donné des grains épars de chapelet ou de collier en verre, en buis et en jais ainsi que des traces de dépôt de cuivre ou de bronze sur des crânes, sans doute des restes de monnaies. Au niveau intermédiaire L. Cadis recueillit une monnaie du règne de Louis XIII, ainsi que des tessons dans une sépulture à coffre en pierres de chant encadrant le squelette et loge céphalique (Cf. Bernos, site de Taleyson).

L’existence de fondations, en particulier celle d’empierrements compacts de 10 à 15 cm d’épaisseur reposant sur un lit de moellons de même nature, peut-être la base d’un pilier.

Dans le champ, la présence, à fleur de terre ou mêlées aux squelettes, de monnaies romaines ou modernes. Nous sommes renseigné sur ces monnaies grâce à une lettre de M. Ducasse à L. Cadis du 25 octobre 1955, par les notes de fouille de L. Cadis et par celles que nous prîmes au cours d’une visite chez L. Cadis. À l’exception d’une monnaie d’attribution douteuse tous les exemplaires trouvés datent du IIIe siècle et du IVe siècle : Valérien (253-260) : 1 ex. ; Tetricus père (268-273) : 4 ex. ; Claude II (268-270) : 1 ex. ; Constantin Ier (306-337) : 1 ex. ; Constance II (337-361) : 1 ex. ; Gratien (375-383) : 1 ex., ainsi que deux autres monnaies des IIIe siècle-IVe siècle non identifiées.

Certaines de ces monnaies sont conservées au Musée de Villandraut. Nous ignorons ce que sont devenues les autres.

Parmi les autres monnaies se trouvaient : un denier d’argent de Louis le Pieux à la légende CHRISTIANA RELIGIO ainsi que des monnaies modernes d’Henri IV : denier ; de Louis XIII ; de Louis XIV : liard de France ; pièce de six deniers, ainsi que d’autres pièces non identifiées.

L. Cadis n’a laissé ni plan ni photographie du sondage sur lequel nous ne ferons pas d’autre commentaire. Il a prouvé : l’existence d’un cimetière médiéval – mais avec une seule monnaie médiévale – encore utilisé au XVIIe siècle ; celle de constructions – non identifiées – qui pourraient aussi bien être celles de l’église que d’un autre édifice contemporain ou plus ancien ; celle d’un établissement antique dont il n’est pas possible de préciser la nature.

On distinguait naguère – dans les années 80 du siècle dernier – un léger renflement à la surface de la prairie correspondant à l’emplacement de l’ancienne église et de son cimetière. Il n’en reste plus rien aujourd’hui.

Sauviac

Site et édifice conservés :

1. Église et cimetière Sainte Praxède de Sauviac. Cf. Sophie Ponson, L’église Sainte Praxède de Sauviac, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 152, 4e trim. 2006, p. 29-55.

Saint-Côme

Sites et édifices conservés :

1. Église et cimetière de Saint-Côme. Cf. J. B. Marquette, Notices dans Léo Drouyn et le Bazadais méridional, p. 116-117 ; 2. Fontaine du Bourg.

Birac

Sites et édifices conservés :

1. Église et cimetière Saint Laurent de Birac ; 2. Église et cimetière de Notre-Dame de Bijoux. 3. Croix : Il existe un lieu-dit La Croix-Rouge (Carte de Belleyme), à l’embranchement d’un ancien chemin partant de la route de Bazas à Casteljaloux, en direction d’Artiguevieille.

Site abandonné, édifice disparu :

1. Église et cimetière Saint Laurent de Sauros.

Église et cimetière Saint Laurent de Sauros

Repérage

Situation

a. Carte 1.25000e, Grignols, 1639 Est ; Ax : 400, 425 ; Ay : 3237, 72.
Lieu-dit : Sauros.
b. Cartes anciennes : Carte de Cassini, n° 105 : Sauros (église) ; Carte de Belleyme, n° 40 : Sauros (église) ; Atlas départemental, n° 19 : Sauros, Chapelle Saint-Louis.

Cadastre : 1979 : Sauros, C 2, n° 311, 312 ; s. d. : Sauros, C 2, n° 111.

Extrait du plan cadastral de 1831 (DAO N. Pexoto).
Extrait du plan cadastral de 1979 (DAO N. Pexoto).

Repérage sur le terrain

a. Nature des parcelles : taillis et broussailles.
b. Conditions d’accès : de l’église de Birac prendre le chemin vicinal qui rejoint le CD 655 en direction de Bazas. Après l’avoir traversé, prendre le chemin qui se dirige sur Sauviac. À 900 m environ, après un chemin rural, on aperçoit sur la gauche un petit bois : c’est là que se trouvaient le cimetière et l’église de Sauros.

Situation administrative

Propriété privée.

Description géographique du site

a. Altitude : 95 m.
b. Relief : sur la pente d’un vallon orientée vers le sud-ouest.
c. Hydrographie : à 100 m de la rive droite du ruisseau de Sauros qui rejoint celui de Sauviac, affluent de rive droite du Beuve.
d. Géologie : marnes et calcaires de l’Aquitanien (carte géol. 1.80000e, n° 204, Grignols).

Identité des vestiges

a. Période : Moyen Âge, époque moderne.
b. Nature/État : emplacement d’un ancien cimetière et d’une église/Église démolie, cimetière abandonné.

Description

Répertoire des sources et bibliographie
Sources manuscrites
  1. Archives départementales, Gironde : E suppl., 1774-1781 (Sauviac GG 1-8). Reg. des bapt. mar. et sép. de l’église Sainte Praxède de Sauviac et de Saint Laurent de Sauros, son annexe : 1668-1792.
  2. Brutails (A.), Carnets, Arch. dép. Gironde, 3 Z 131(22), f° 17 v°.
  3. L. Cadis, Notes.
Sources imprimées

Pouillés, p. 454.

Bibliographie
  1. O’Reilly (P.-J.), Essai…, p. 337.
  2. Guillon (E.), Les châteaux historiques et vinicoles de la Gironde, t. I, 1866, p. 390.
  3. Drouyn (L.), La Guienne militaire, t. II, p. 318.
  4. Piganeau (E.), Monographie de la commune de Birac, dans Société archéologique de Bordeaux, t. VI, 1879, p. 24.
  5. Soc. Arch. de Bordeaux, t. VII (séance du 9 janv. 1880).
  6. Féret (E.), Essai…, p. 15.
  7. Piganeau (E.), Essai…, dans Soc. Arch. de Bordeaux, t. XXII, 1897, p. 68.
  8. Biron (Dom R.), Guide…, p. 141.
  9. Biron (Dom R.), Précis…, p. 124.
  10. Laroza (O.), Guide touristique, historique et archéologique de la Gironde, 1975, p. 213.
Plans et documents figurés
  1. Drouyn (L.), La Guienne militaire, t. II, p. 319 : plan.
  2. Piganeau (E.), Monographie…, p. 23 : façade ouest. Dessin ; p. 24 : vue intérieure. Dessin ; p. 25 : plan de l’édifice ; hors-texte pl. VIII : vue de l’abside et de la façade sud (bas-côté, porche).
  3. Brutails (A.), Archives départementales, Gironde, Carnets, (22) f° 17 v° : plan sommaire de l’édifice ; f° 19 r° : fonts baptismaux. Dessins.
Histoire

XVe siècle : capellanus Sancte Praxedie de Sauviaco et de Saurossio ; archiprêtré de Bernos (Pouillés).

XVIIIe siècle : Saint Laurent de Sauros, ann. de Sauviac ; Arch. de Bernos. Mais, tous les auteurs du XIXe siècle (P. J. O’Reilly, E. Piganeau, E. Féret) disent qu’elle est dédiée à saint Louis. Il y a donc eu changement de dédicace, selon toute probabilité à l’époque moderne (XVIIe siècle ?)

Il est fait mention de son interdiction en sept-oct. 1750 (E suppl. 1777).

Lorsque E. Piganeau visita l’église en 1879 elle était encore en état, mais à peu près abandonnée ; en 1893, elle tombait en ruines (E. Féret). En 1913, elle était encore debout mais enveloppée de lierre et le cimetière existait toujours (A. Rebsomen). Elle aurait été démolie vers 1928 et sa cloche, vendue pour 1500 F, le 19 sept. 1942 transportée au Rivet (Note L. Cadis).

O. Laroza laisse croire qu’elle est toujours debout.

Description
Cimetière

Le cimetière et l’église de Sauras se trouvaient autrefois entourés de chemins qui ont aujourd’hui disparu ou ont été modifiés et dont seule une comparaison entre les plans cadastraux ancien et nouveau peut donner une idée exacte. Le cimetière de forme rectangulaire (65 m nord-ouest/sud-est x 35 m) occupe par rapport à l’église une position singulière : l’axe de l’église qui se trouve dans l’angle nord-ouest et qui est convenablement orienté vers l’est est différent de celui du cimetière dont les limites originelles ont été modifiées.

On note la présence d’une croix.

Église
Le site de l’église. Vue prise en direction du nord-ouest (photo P. Barbe).

L. Drouyn, E. Piganeau et A. Brutails nous ont laissé de cet édifice des plans, dessins et descriptions qui permettent de s’en faire une idée relativement précise.

Église Saint-Louis de Sauros (Société archéologique de Bordeaux, t. VI, 1879).

L’église comprenait une nef sur laquelle s’ouvraient, à l’est, une abside et, au sud-est, une chapelle. Dans le prolongement de celle-ci et sur toute la longueur de la nef se trouvait un vaste porche faisant corps avec l’église (mur occidental dans le prolongement de celui de la nef, même toit).

La nef (15,6 m x 8 m) carrelée, bordée, semble-t-il, de bancs en pierre au nord et au sud, présentait des amorces d’arcs doubleaux dont les extrémités supérieures étaient masquées par un lambris en anse de panier. A. Brutails avait noté l’absence de formerets et estimait que ces doubleaux devaient supporter la charpente. La nef était éclairée, au nord, par deux fenêtres dont une à linteau droit.

Elle était séparée de l’abside par un arc plein cintre. L’abside pentagonale était couverte d’une voûte d’ogives aux nervures en amande retombant sur des culs-de-lampe et éclairée de deux fenêtres ; au nord, une porte donnait accès à une petite sacristie. La chapelle sud, rectangulaire (4,6 m x 4 m), était lambrissée.

Le portail ouvrait sur la façade sud de la nef, mais il devait être des plus simples car aucun auteur n’en a parlé. Il était précédé d’un vaste porche, entièrement fermé à l’ouest, mais ouvert au sud. La façade ouest de l’église était surmontée d’un clocher-mur sans pignon, percé de deux baies plein cintre. Quatre contreforts d’angle à chaperon étayaient les murs du chevet.

C’est sans aucun doute la nef qui constituait la partie la plus ancienne de l’édifice et nous nous demandons si l’abside ne fut pas tout simplement rajoutée à la fin du XVe siècle ou au début du siècle suivant. La chapelle et le porche devaient dater de l’époque moderne. De la modestie du monument et du voisinage d’une maison forte du XIVe siècle il ne faudrait pas conclure hâtivement à un site relativement jeune.

Gajac

Sites et monuments conservés :

1. Église et cimetière Saint Martin de Gajac ; 2. Église et cimetière Saint Christophe de Trazits ; 3. Croix : toutes en bordure du CD 9 de Bazas à la Réole :

  • Au lieu dit Tronc, mais indiqué La Croix dans Belleyme et encore dans l’Atlas de 1888, à l’embranchement d’un chemin conduisant à Trazits : la croix actuelle est moderne mais on peut être assuré qu’elle en remplace une autre plus ancienne.
  • À l’embranchement – en venant de Bazas – du chemin conduisant à l’église de Gajac : croix en fer forgé sur socle et emmarchement de deux degrés (XIXe siècle).
  • À Saunon, à gauche du CD en venant de Bazas, à l’extrémité orientale de la commune, en bordure de la route. Cette croix qui devait servir de limite entre Gajac et Sendets est, avec celle de Taleyson à Bernos, l’une des plus anciennes du Bazadais : il s’agit très probablement d’une croix des Rogations. Haute de 1,80 m, elle présente des bras aux contours arrondis et la colonne de plan carré qui la supporte possède aux arrêtes des éléments décoratifs qui permettent de la dater du début du XVIe siècle. L’emmarchement dégradé qui l’entoure est certainement plus récent : à l’origine, la colonne était plus haute qu’aujourd’hui.

Gans

Site et monuments conserves :

1. Église et cimetière Saint Pierre de Gans : cimetière déplacé ; 2. Château-Neuf des évêques de Bazas (restes).

Monument disparu :

Vieux-Château épiscopal. Les Cahiers publieront prochainement un article de M. Marc Favreau consacré à cet édifice.

Lados

Site et monument conservés :

Église et cimetière Saint Martin de Lados.

Site abandonné, monument disparu :

Église et cimetière de Mazères.

Mazères

Repérage

Situation

a. Carte 1.25000e, La Réole 1638 Est : Ax : 401, 625 ; Ay : 3244, 75. Lieu-dit : Barbon.
b. Cartes anciennes : Carte de Cassini, n° 105 : 0 ; Carte de Belleyme, n° 34 : Mazères (église ruinée ) ; Carte d’État-Major, n° 192 : 0 ; Atlas départemental, n° 19 : 0.

Cadastre : a. 1934 : Barbon, A I, n° 445 ;  b. 1848 : Navarrotte, A I, n° 168 ; Mazère, A I, n° 180 ; c. 1810 : Mazères, n° 7-12 ; 106-118 ; 137-140.

Extrait du plan cadastral de 1848 (DAO N. Pexoto).
Extrait du plan cadastral de 1934 (DAO N. Pexoto).

Repérage sur le terrain

a. Nature des parcelles : taillis et fondations de murs.
b. Conditions d’accès : de l’église rejoindre le CD 125 (250 m), tourner à gauche et descendre dans la vallée du Beuve. À environ 1,250 km, dans la vallée, prendre à droite le CD 12 (Auros-Bazas). À 250 m, à droite, un chemin de terre conduit à travers champs, à une maison neuve à l’orée d’un bois (175 m). L’emplacement de l’ancienne église de Mazères se trouve à l’est en arrière de la maison.

Situation administrative

Propriété privée.

Description géographique du site

a. Altitude : 50/55 m.
b. Relief : replat sur le rebord d’un éperon découpé par le ruisseau de Bouet affluent de rive droite du Beuve.
c. Hydrographie : à 275 m de la rive droite du Beuve.
d. Géologie : affleurement des calcaires et marnes de l’Aquitanien (Carte géol. 1.50000e, XVI-38, Langon).

Identité des vestiges

a. Période : Moyen Âge, époque moderne.
b. Nature/État : site d’un cimetière et d’une église/L’église a été détruite, le cimetière abandonné. Des “fouilles” ont permis la mise au jour des fondations et du sol de l’église et celle de sépultures et de mobilier.

Description

Répertoire des sources et bibliographie
Sources imprimées

Pouillés…, p. 443, 453.

Bibliographie 
  1. Féret (E.), Essai., p. 28.
  2. Piganeau (E.), Essai., Soc. Arch. de Bordeaux, t. XXII, p. 70.
Plans et documents figurés

Coudroy De Lille (P.), Rapport., Plan sommaire de l’église, avec indication des sépultures découvertes ; coupe est-ouest (Voir croquis).

Histoire

1369-1370 : capellanus de Ladossis et de Maseriis, archiprêtré de Gajac.

XVe siècle : capellanus de Ladossio et de Mazeriis prope Ladossium.

XVIIIe siècle : Mazères, r. ; Arch. de Cuilleron.

Attestée seulement à la fin du XIVe siècle, l’annexe de Mazères appartient à la dernière génération paroissiale et ne remonte probablement qu’au XIIe siècle. Compte tenu de l’emplacement de l’église à mi-pente et sur le flanc méridional d’un éperon découpé de ce côté par le ruisseau de Bouet et au nord par celui de Lados, tous deux affluents du Beuve, à seulement 1,200 km au sud-ouest de l’église de Lados, son territoire ne devait pas dépasser 900 m de côté.

On ignore quel était son vocable mais, si la tradition selon laquelle la Vierge à l’enfant (XVIe siècle) de l’église de Lados proviendrait de Mazères a quelque fondement, l’église de Mazères était probablement dédiée à Notre-Dame. Le toponyme pourrait être beaucoup plus ancien que l’annexe ; on le rattache parfois à la présence de constructions antiques en ruines, ce que semblerait confirmer la présence de tegulae sur le site de l’église et celle de tessons entraînés par les pluies dans le chemin d’accès. Il faudrait donc rechercher l’emplacement de cet établissement antique probablement plus haut sur le versant. L’église encore mentionnée au début du XVIe siècle (1519, 1523, 1537) n’a dû être abandonnée qu’au XVIIe ou au XVIIIe siècle, car elle figure encore mais en ruines sur la carte de Belleyme.

Il n’est pas du tout impossible, enfin, qu’un hameau se soit développé en bordure du chemin qui reliait l’église au plateau de Lados et qui figure sur le plan cadastral de 1810. Sur ce plan on constate, en effet, de part et d’autre du chemin, la présence de petites parcelles au nord sur deux profondeurs – et au nombre de cinq côtés sud ; il en existe deux autres de chaque côté du chemin qui descend vers le fond de la vallée. Certaines de ces parcelles – six sur onze – sont d’ailleurs prolongées par une autre, plus grande, qui pourrait bien correspondre à un jardin. Si tel était le cas, le site de Mazères présenterait un intérêt archéologique accru, d’autant que la présence d’un habitat groupé et, à plus forte raison structuré, est exceptionnelle en Bazadais. À notre grand regret nous n’avons pu joindre un extrait du plan de 1810 qui n’a pas été pour l’instant retrouvé.

Emplacement de l’église de Mazères. Vue prise en direction de l’est (photo P. Barbe).
Description

Bien qu’elle ne figure plus sur le plan cadastral de 1848, l’église de Mazères n’avait pas encore complètement disparu à la fin du XIXe siècle. En 1893, E. Féret notait qu’il en restait “un pan de mur de 1,60 m et quelques dalles”. Vingt ans plus tard, A. Rebsomen notait encore “des traces de fondation noyées dans le taillis d’un petit bois”. Il semble que le souvenir de l’église se soit maintenu grâce à une tradition selon laquelle la statue de la Vierge de l’église de Lados proviendrait de celle de Mazères (A. Rebsomen ; Dom R. Biron).

C’est en 1980, dans des circonstances assez curieuses, que le site de Mazères fit parler de lui. Les nouveaux propriétaires qui connaissaient l’existence des fondations et d’une partie des murs de l’église enfouies sous les colluvions et les gravats entreprirent de faire déblayer l’intérieur de l’édifice afin d’y aménager une piscine en y amenant l’eau d’une fontaine. Informé de la chose M. P. Coudroy de Lille découvrit, dégagée par des engins mécaniques, la base d’un bâtiment de forme rectangulaire dont le sol avait été défoncé, ainsi que des ossements humains épars dans les terres rejetées.

En raison de la minceur des murs (0,60-0,80 m), de leur appareillage médiocre et de la faible assise du mur sud les propriétaires renoncèrent à leur projet et autorisèrent M. P. Coudroy de Lille à procéder à un examen des lieux. À la suite de l’autorisation qui lui avait été accordée le 17 mars 1980, celui-ci procéda au mois d’août et de septembre à une fouille qui donna lieu à un rapport dont voici les principales conclusions.

Dessin de la fouille réalisée par M. P. Coudroy de Lille.
Histoire

L’église de Mazères était constituée d’une nef (12,7 m x 7,3 m intérieur) prolongée par un chœur à chevet plat de 6,30 m de large pour 6,50 m de profondeur et précédée probablement d’un clocher-mur sur la face ouest : ce mur a, en effet, une épaisseur de 1,10 m alors que les murs gouttereaux de la nef n’ont que 0,70 m et le mur oriental du chœur 0,55/0,60 m.

Le sol de la nef avait été défoncé par les engins mécaniques mais aucune trace de carrelage ne fut relevée. Probablement les carreaux avaient-ils été enlevés lorsque l’édifice fut abandonné. Le chœur n’ayant pas été attaqué par les pelleteuses M. P. Coudroy de Lille put entreprendre une fouille dans ce secteur. Le chœur était surélevé par rapport à la nef. On y accédait par trois marches ; une seconde marche, à 3 m de là, divisait le chœur en deux niveaux. Il subsistait à proximité des murs des carreaux de 0,22 m de côté qui doivent dater du XVIe siècle. Au second niveau, la fouille révéla le soubassement de l’autel (1,80 x 1,20 m) en moellons liés au mortier.

Mobilier

Chevet : La fouille des remblais qui remplissaient encore le chœur n’a fourni que peu de mobilier, sauf en bordure des murs. Il s’agit de tuiles, de fragments de carreaux, plus un empilement de carreaux dans l’angle nord-est, des tessons.

Parmi les autres objets on relève :

  • une fiole en verre (h. : 7 cm), cassée (burette ?), trouvée près du mur sud ;
  • un disque “en pierre” : diam. : 5 cm ; ép. 1 cm ;
  • une monnaie médiévale très oxydée ;
  • un anneau de bronze avec deux chatons plats coulissants, celui du haut (?) plus large, à décor de fleur à trois pétales avec tige et deux feuilles, trouvé au centre, au niveau du sol.

Nef : L’examen des remblais de la nef a livré des tessons, des fragments de tegulae, des moellons à “queue d’aronde” qui témoignent d’une occupation du site au moins à la fin de l’antiquité.

Sépultures

Plusieurs sépultures furent découvertes sur lesquelles on ne dispose que d’informations sommaires :

Chœur : dans la partie inférieure, en avant de l’autel, du côté nord, le fouilleur a dégagé en inhumation libre, cinq squelettes orientés est-ouest. Ces sépultures n’ont livré aucun mobilier, mais la fouille n’a pas été poursuivie vers le sud (carrelages) ni vers l’abside.

Nef : une dizaine de sépultures auraient été, selon le propriétaire, défoncées par la pelleteuse. M. P. Coudroy de Lille en a signalé deux orientées est-ouest, proches du mur de façade et une autre au pied des marches du chœur.

Aucune fouille n’a été faite en dehors du bâtiment.

Selon une tradition locale, les moellons des murs auraient été utilisés pour la construction de la ferme de Barbon, aujourd’hui en ruine, située à 250 m au nord-est.

Rechercher
Pessac
Chapitre de livre
EAN html : 9782356136572
ISBN html : 978-2-35613-657-2
ISBN pdf : 978-2-35613-658-9
Volume : 4
ISSN : 2827-1912
Posté le 15/11/2025
20 p.
Code CLIL : 3385
licence CC by SA
Licence ouverte Etalab

Comment citer

Marquette, Jean Bernard, “Monuments disparus du bazadais. La vallée du Beuve (5e partie)”, in : Boutoulle, F., Tanneur, A., Vincent Guionneau, S., coord., Jean Bernard Marquette : historien de la Haute Lande, vol. 2, Pessac, Ausonius éditions, collection B@sic 4, 2025, 1565-1584 [URL] https://una-editions.fr/monuments-disparus-du-bazadais-cinquieme-partie
doi.org/10.46608/basic4.9782356136572.47
Illustration de couverture • D’après Villandraut : ruine de la tour située à l’angle sud-est de l’ancienne collégiale (dessin, 1re moitié du XIXe siècle. Arch. dép. Gironde 162 T 4).
Retour en haut