UN@ est une plateforme d'édition de livres numériques pour les presses universitaires de Nouvelle-Aquitaine

Monuments disparus du bazadais
La vallée de la Bassanne, la vallée du Beuve
(3e partie)

Paru dans : Les Cahiers du Bazadais, 164, 2008, 5-44.

La BASSANNE

Communes d’Aillas, Savignac, Pondaurat, Puybarban, Castillon-de-Castets, Bassanne, Barie

Aillas

Sites et édifices conservés :

Avec transformations

Église et cimetière Notre-Dame de Mouchac du Grand-Aillas : cimetière déplacé.

Édifices disparus :
Église et cimetière Saint Martin de Berlin.

Église et cimetière Saint Martin de Berlin

Repérage (fig. 1)

Situation

a. Carte 1. 25000e, 1638-est, La Réole.
Lieu-dit : Berlin.
Zone : III ; Ax : 406, 375 ; Ay : 3246, 475.

b. Cartes anciennes : Carte de Cassini, n° 106 ; Carte de Belleyme, n° 35 : Berlin (église) ; Carte d’État-Major, n° 204 : Berlin ; Atlas départemental, n° 19 : 0.

Cadastre : 1963, A 1, n° 83, 130, 131, 145, 146 ; 1848, A 1 , n° 110 ; 1812, Église de Berlin, A 6, n° 869.

Repérage sur le terrain

a. Nature des parcelles : champs.
b. Conditions d’accès : de l’église d’Aillas, prendre le C.D. 9 en direction de La Réole, puis, au sommet de la côte, tourner à gauche et emprunter le chemin vicinal qui conduit à Savignac. Au lieu-dit Berlin (2,800 km), à l’endroit où la route tourne à droite à angle droit, il faut rejoindre à gauche la cour de ferme qui se trouve à quelques mètres de la route. Au nord de la ferme, une allée conduit sur le site (250 m environ vers l’ouest).

Situation administrative

Propriété privée.

Description géographique du site

a. Altitude : 110 m.
b. Relief : rebord de plateau.
c. Hydrographie : à 500 m de la rive droite de la Bassanne.
d. Géologie : sables argileux et graviers de la terrasse supérieure (Carte géol., 1.50000e, XVI-38, Langon).

Identité des vestiges

a. Période : Moyen Âge, époque moderne.
b. Nature/État : nécropole et emplacement d’un cimetière et d’une église/Église rasée, cimetière dévasté, mais il reste sans aucun doute des vestiges non négligeables.

Description

Répertoire des sources et bibliographie
Sources manuscrites

Arch. dép. Gironde : E. suppl. 1803 (GG 6) (1694).
O, Aillas, églises.

Sources imprimées

Pouillés des provinces d’Auch, de Narbonne et de Toulouse par C.-Edmond Perrin et Jacques de Font-Réaulx, Paris MDCCCCLXXI, p. 443, 453.

Bibliographie 

1. Drouyn (L.), La Guienne militaire…, t. I, p. XL.
2. Piganeau (E.), Essai d’inventaire, dans Soc. Arch. de Bordeaux, t. III, p. 102.
3. Féret (E.), Essai sur l’arrondissement de Bazas…, 1893, p. 24.
4. Piganeau (E.), Essai de répertoire archéologique du département de la Gironde, dans Soc. Arch. de Bordeaux, t. XXII, p. 69.
5. Thibault (abbé), Une paroisse rurale de l’ancien diocèse de Bazas, dans Revue catholique de Bordeaux, 1897, p. 98.
6. Brutails (A.), Carnets, A.D. 33, 3 Z 131 (15), f° 34 v°.
7. Rebsomen (A.), La Garonne et ses affluents de rive gauche de La Réole à Bordeaux, Bordeaux, Féret, 1913, p. 115.
8. Biron (Dom R.), Précis de l’histoire religieuse des anciens diocèses de Bordeaux et de Bazas, Bordeaux, 1925, p. 143, 145.

Plans et iconographie :

Abbé Lataste : neuf photographies inédites prises lors de la destruction du site en 1953, montrant ce qui restait du cimetière après le passage du bouteur.

Histoire

Berlin ne figure pas dans le compte de procuration de 1369-1370, mais serait le Brelous de la pancarte du XVe siècle : capellanus de Aurosio et de Brelous (Pouillés). Comme Berlin et Aillas ne figurent pas dans le département de 1711, les pouillés sont, on le voit, d’un piètre secours.

XVIIIe siècle : St-Martin de Berlin, ann. d’Aillas ; archiprêtré de Sadirac (commune de Grignols).

Une cloche provenant de Berlin se trouve aujourd’hui dans le clocher d’Aillas (M. H. 12. 10. 1942). L. Drouyn en avait relevé une partie de l’inscription : IE SUIS FAICTE L’AN M Vc XXVI POUR .TE DEUM LAUDAMUS… Quant aux documents fonciers et aux registres de catholicité, ils laissent supposer que Berlin fut une annexe jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Ainsi la paroisse figure-t-elle dans l’arpentement de 1678 (E. suppl. 1797, GG 10) et Berlin est encore dit annexe d’Aillas en 1706 (E. suppl. 1788, GG I). Si tel n’est plus le cas dans les registres suivants, en 1754, le nouveau curé d’Aillas prenait encore possession de l’église de Berlin qui figure d’ailleurs sur le premier cadastre de la commune qui remonte au Premier Empire.

Le 12 mai 1808, le conseil municipal d’Aillas prenant prétexte du délabrement de l’édifice et de la nécessité de réparer l’église du Grand-Aillas décida de vendre l’église de Berlin, son emplacement, celui du cimetière et 15 ormeaux (estimation 1776 F) (A. D. 33, O).

Historiographie

E. Piganeau repris par E. Féret, se fondant sur la transcription partielle de l’inscription figurant sur la cloche de 1526, fait état d’une chapelle de Moichac au quartier de Berlin. Il s’agit d’une erreur, Moichac étant l’ancien nom d’Aillas-le-Grand, aujourd’hui Aillas. Nous ne voyons pas, d’autre part, à quoi fait allusion A. Rebsomen lorsqu’il parle des murs d’une grange rappelant l’ancienne paroisse de Berlin, à moins qu’il ne s’agisse d’une maison du début du XVIIe siècle, aujourd’hui transformée en dépendance d’une ferme qui se trouve au quartier de Berlin.

Description (fig. 4-6)

Le premier plan cadastral de la commune permet de situer avec précision l’emplacement de l’église et du cimetière de Berlin. On y accédait par le chemin allant de Berlin à Mesternaut. À 200 m de l’embranchement de Berlin, un chemin conduisait sur la gauche au cimetière et à l’église. L’abside de l’église se trouvait à 75 m du chemin.

Le cimetière, enclavé au milieu des champs avoisinants, avait une forme trapézoïdale de 30/50 m (est-ouest) pour 35/55 m (nord-sud). L’église en occupait approximativement le centre. C’était un édifice élémentaire à nef unique et abside en hémicycle (23 m x 7,50 m) (fig. 2-3).

Au cours de l’été 1953, le propriétaire de la parcelle A 1 n° 83 fit procéder à un défonçage du terrain par des engins mécaniques. En raison des difficultés rencontrées – présence de nombreuses tombes bâties sinon de sarcophages, probablement aussi de fondations – il n’aurait pas mené l’opération à son terme. Les photographies prises alors par l’abbé Lataste, curé d’Aillas, permettent de se rendre compte de l’état du chantier (fig. 4). Il n’en reste que quelques spécimens de pierres à loge céphalique (fig. 6). D’après le volume de certains blocs qui apparaissent sur les photographies, il semblerait qu’il y ait eu aussi des sarcophages. Malgré les bouleversements qu’il a connus, le site renferme certainement de nombreux vestiges. On recueille encore à la surface du sol des ossements, des tessons et même, à l’occasion de la plantation d’un arbre, M. J. Brillon a-t-il découvert des squelettes. Grâce à un détecteur de métaux, un “amateur” a mis au jour des monnaies du Moyen Âge et de l’époque moderne dont nous n’avons pu faire l’inventaire. Certaines se trouvent chez M. Brillon à Berlin, d’autres à la mairie de Saint-Sauveur-de-Meilhan :

1. Denier de Raimond III ou IV, vicomte de Turenne (Poey d’Avant, n° 2336, pl. III, n° 5) ;

2. Liard à l’F. de François Ier (1541) (Lafaurie, n° 790).

Savignac

Sites et monuments conservés :

1. Église et cimetière Saint Jean de Savignac d’Auros ; cimetière déplacé.

2. Croix : À l’angle du C.D. 12 et de la voie communale n° 11 dite de “derrière le Bourg” ; elle est portée sur le plan cadastral de 1848. Il s’agit d’une croix en pierre sur colonne octogonale et socle carré (Cf. Carte 1. 25.000e 1639-est).

Monument disparu :

Croix. En 1848, une croix est indiquée, à la sortie du bourg, à droite du C.D. 12 actuel en direction de Pondaurat, au milieu du chemin allant à Bonnegarde. Elle a disparu.

Pondaurat

Sites et monuments conservés :

1. Église et cimetière Saint-Martin de Monphélix (édifice tombé en ruine, récemment restauré) ; 2. Commanderie et chapelle Saint-Antoine de Pondaurat (avec transformations) ; 3. Croix : En bordure du C.D. 12, vers La Réole, à l’intersection avec le C.D. 124 E I vers Puybarban. Elle a donné son nom au lieu-dit.

Puybarban

Site et monument conservé :

Église (avec modifications) et cimetière Saint Michel de Puybarban.

Castillon-de-Castets

Site et monument conservé :

Église et cimetière Saint Pierre de Castillon-de-Castets (avec modifications).

Bassanne

Site et monument conservé :

Église et cimetière Saint Pierre de Bassanne.

Barie

Sites et monuments disparus et conservés :

Église et cimetière Sainte Catherine de Barie. L’histoire des édifices religieux (églises et chapelles) et celle des cimetières de cette paroisse restent à faire. Érigée tardivement en paroisse l’île de Barie dépendait de la juridiction de Gironde sur la rive droite et, jusqu’à la Révolution, de l’archiprêtré de Rimons. En raison de sa situation dans la plaine inondable de la Garonne, plusieurs églises se sont succédé au cours des siècles, probablement en des lieux différents. Il en fut de même des cimetières situés parfois à distance de l’église. Nous aborderons cette question au terme de l’étude générale.

LE BEUVE

Communes de Marimbault, Bazas, Cudos, Sauviac, Saint-Côme, Birac, Gajac, Gans, Lados, Cazats, Brouqueyran, Auros, Brannens, Bieujac, Castets-en-Dorthe, Saint-Loubert, Saint-Pardon de Conques

marimbault

Site et monument conservé :

Église et cimetière Saint Vincent de Marimbault.

Bazas

Il convient de mettre à part le site épiscopal de Bazas, ses cathédrales, palais épiscopaux et cimetières qui a connu au cours des siècles de nombreux remaniements. Nous renvoyons nos lecteurs à la mise au point publiée dans le n° 98-99, 3e-4e trim. 1992 des Cahiers du Bazadais : J.-B. Marquette, Le site épiscopal de Bazas : état de la question (p. 3-52) ainsi qu’à deux rapports de fouille du plus grand intérêt : J.-Fr. Pichonneau, Les fouilles de la Cathédrale et du jardin du chapitre de Bazas (1990-1991), p. 53-88 ; Sylvie Fabre-Dupont, Étude d’un dépotoir médiéval en relation avec le palais épiscopal de Bazas, p. 89-98.

Sites et monuments conservés :

Église et cimetière Saint-Michel-de-La Prade.

Église et cimetière Saint Romain de Poussignac.

Couvent des Capucins (propriété privée).

Couvent des Ursulines (collège Saint-Jean auj. résidence Saint-Jean) chapelle détruite, édifice transformé.

Hôpital Saint-Antoine.

Séminaire (Lycée A. de Monzie). Chapelle désaffectée. Cf. Violaine de Saint-Julien, L’établissement des Barnabites à Bazas aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le collège et le séminaire, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 124, 1er trim. 1999.

Collège des Barnabites.

Sites abandonnés, édifices disparus :

Avant 1790 :

Nécropole de La Targue (partie), église et cimetière Saint-Martial.

Église et cimetière Saint-Vital.

Nécropole (partie) et cimetière Notre-Dame du Mercadil.

Depuis 1790 :

Nécropole, église et cimetière Saint-Martin.

Nécropole (partie) et église Notre-Dame du Mercadil considérée comme ruine.

Église et cimetière Saint-Vincent-de-Cabouzits ou -lès-Bazas.

Église et cimetière Saint Christophe de Guiron.

Église et cimetière Saint Romain de Tontoulon.

Église et cimetière Saint-Hippolyte.

Chapelle Notre-Dame de Pujau.

Chapelle Notre-Dame de Liesse de Feugas.

Couvent des Cordeliers.

Prieuré Saint-Vivien.

Pour l’étude de ces sites et de ces monuments, nous avons eu recours au :

“Plan de la ville de Bazas, arrondissement du département de la Gironde, levé en exécution de la loi du 16 septembre 1817”, fait sous l’administration de Mr de Montfort chevalier de l’Ordre royal de la Légion d’honneur, maire de ladite ville. Terminé en janvier 1819 par J. P. Lafargue, géomètre. Ce plan a été reproduit par C. Jullian dans la Revue des études anciennes. Nous ignorons s’il concerne uniquement la ville et ses faubourgs ou d’autres parties de la commune. Il a disparu.

“Plan de l’ancien Basas tel qu’il était avant la Révolution de 1789” par Vignolles, 1849, Archives départementales de la Gironde 162 T4. Ce plan reprend le précédent.

“Plan cadastral de 1831”, qui a servi de fond à l’Atlas historique des villes de France : Bazas, J.-B. Marquette, Éditions du CNRS, 1982.

Nécropole de La Targue – Saint-Martial

Repérage (fig. 7-8)

Situation

Quartier délimité au nord par le cours du Général de Gaulle (rue de l’Eyre Vieille en 1819 et 1831) et l’allée Ausone (chemin de la Fon d’Espan en 1819 et 1831) ; à l’ouest, par les allées de Juillet (sans nom en 1819 et 1831) ; au sud et à l’est par le cours du Maréchal Foch (cours du 11 mars en 1819, route de Bayonne à Bordeaux, en 1831).

Cadastre : 1978, AC n° 149-211, 301 ; 1831 : E, n° 485-514.

Repérage sur le terrain

a. Nature des parcelles : immeubles, cours, jardins, place publique.

Situation administrative

Propriétés privées et publiques (tribunal et place).

Description géographique du site

a. Altitude : 85 m.

b. Relief : Le quartier (188 m dans les deux axes nord-sud et est-ouest) se présente comme une sorte d’éperon orienté vers le sud ; il se raccorde, au nord, au quartier de l’Eyre Vieille, mais le cours du Maréchal-Foch qui le cerne à l’est et au sud-est passe de 85 à 75 m, l’allée Ausone, au nord-ouest de 85 à 79 m ; les allées de Juillet, à l’ouest (79-75 m) se trouvent de 6 à 10 m en contrebas de l’abrupt qui cerne l’éperon au-dessus de la vallée du Beuve.

c. Hydrographie : De 25 à 60 m de la rive gauche du Beuve.

Identité des vestiges

a. Période : Antiquité, Moyen Âge.

b. Nature/État : Nécropole, église, cimetière/église détruite, nécropole et cimetière bouleversés.

Description

Répertoire des sources et bibliographie

1. Dupuy (J. G.), In Chronicon Vazatense praefatio et Chronicon Vazatense, dans Arch. hist. de la Gironde, t. XV, p. 5, 16, 59 (1580).

2. Jouannet (F.), Statistique du département de la Gironde, 1874-1889, p. 235.

3. O’Reilly (P. J.), Essai sur l’histoire de la ville et de l’arrondissement de Bazas, Bazas, 1840, p. 23, 26, 34, 39, 212.

4. Des Moulins (C.), Quelques faits à ajouter à la description monumentale de la ville de Bazas, Caen, 1846 (extrait du Bulletin monumental), Tiré-à-part, p. 9-10.

5. Drouyn (L.), Notes archéologiques, t. 48, p. 343-344 (Archives municipales de Bordeaux).

6. Drouyn (L.), La Guienne militaire, t. II, 1866, p. 205-206.

7. Guillon (E.), Les châteaux historiques et vinicoles de la Gironde, t. I, 1866, p. 369.

8. Drouyn (L.), La Guyenne militaire, t. II, p. 205-206.

9. Cirot De La Ville (abbé), Histoire et description de l’église Saint-Seurin de Bordeaux, 1867, p. 198-199.

10. Jullian (C.), Inscriptions romaines de Bordeaux, 1887-1890, t. II, p. 182, n° 955.

11. Féret (E.), Essai…, p. 8, 10, 13.

12. D’Anglade (R.), Aperçu sur l’histoire de Bazas, 1912, p. 3, n. 1 ; p. 118, n. 7.

13. Biron (Dom R.), Précis d’histoire religieuse des anciens diocèses de Bordeaux et de Bazas, 1925, p. 124.

14. Marquette (J. B.), Richesses archéologiques du Bazadais, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 19, déc. 1967, p. 14-15.

15. Vialatte (M.), Le palais de Justice de Bazas, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 107, 4e trim. 1994, p. 24.

16.Fabouet (A.-C.), Marquette (J.-B.), Catalogue des sarcophages mis au jour à Bazas, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 153, juin 2006, p. 32, 34-35.

Histoire, historiographie et description (fig. 9)

Le site de La Targue a été occupé dès l’Antiquité, mais les découvertes qui y ont été faites ont donné lieu à des commentaires parfois erronés, aussi avons-nous jugé utile de reprendre entièrement ce dossier.

a. Les informations apportées par le chanoine J.-G. Dupuy (v. 1600)

Les sources

Notre premier informateur est le chanoine J. G. Dupuy. Dans sa préface à la Chronique de Bazas il déclare : “moneta vetus aurea, argentea et aerea quae quotidie hinc illinc et in suburbiis in fundo cui nomen La Targue effoditur. Varia id genus habeo penes me, ut Antonini sed innumera Diocletiani, Maximini, Constantini et filiorum ejusdem”. “On trouve chaque jour, ici et là et, dans les faubourgs, dans le domaine appelé La Targue, des monnaies d’or, d’argent et de bronze. J’en ai à mes côtés de types variés, des Antonins (96-192) et un grand nombre de Dioclétien (284-305), de Maximien (286-316), de Constantin (306-337) et de ses fils”. J. Géraud Dupuy revient sur le site de La Targue à la rubrique de l’an 56 de la Chronique. Il rapporte comment saint Martial, alors qu’il prêchait à Bordeaux pour y faire connaître les dogmes de la religion chrétienne, se rendit à Bazas pour y poursuivre son apostolat et y consacra dans l’enceinte (pomœrium) de la vieille cité un cimetière destiné à la sépulture des Chrétiens que l’on appelle depuis lou segrat de Sent Marsau. Martial, nous dit-il, jouissait d’une telle vénération qu’après sa mort, on éleva en son honneur à cet endroit un édifice sacré.

Saint Martial, considéré comme le premier évêque de Limoges (IIIe siècle), fut vénéré à l’époque mérovingienne à l’égal de Martin de Tours. Son apostolat en Aquitaine tire son origine de l’histoire hagiographique du saint qui s’est développée du IXe au XIe siècle. Adhémar de Chabannes, moine de Saint-Martial de Limoges en a donné une des versions les plus élaborées. Martial, contemporain de Jésus, aurait été envoyé par Pierre évangéliser la Gaule et serait venu à Bordeaux. Tout cela est pieuse légende, mais le chroniqueur y ajoutant foi fait venir Martial à Bazas en 56.

Le chroniqueur ajoute que c’est probablement à l’église et au cimetière Saint-Martial que furent ensevelis plusieurs de ceux qui, sous la conduite de Roland, tombèrent à Roncevaux dans les Pyrénées, alors qu’ils combattaient les Sarrazins. En effet, ajoute-t-il, on découvrit en ce lieu, il y a quelques années, des sarcophages en marbre et en pierre (varia enim sepultura marmorea et lapida effosa sunt).

Le chanoine Dupuy précise à l’année 1580 les circonstances de ces découvertes : “Alors que les Calvinistes établissent des retranchements autour de la ville à travers vignes et champs, ils découvrent des sarcophages de marbre, des urnes et d’autres antiquités aux environs du cimetière de Saint-Martial”.

Il existait ainsi à la fin du XVIe siècle, à La Targue, un cimetière dit de Saint-Martial, qui, même s’il était désaffecté, était connu des Bazadais. En revanche, l’église n’est pas citée, mais son existence est implicitement attestée par celle du cimetière. On considère que les églises dédiées à saint Martial datent des VIe-VIIIe siècles. Ce doit être le cas de celle de Bazas.

De la découverte de monnaies, on ne saurait conclure à une occupation antique du site de La Targue. Il y existait bien, par contre, une nécropole du haut Moyen Âge à laquelle avait succédé un cimetière autour d’une chapelle ou d’une église dédiée à saint Martial.

Leur commentaire (fig. 10-11)

Il faut attendre 1840 pour qu’il soit à nouveau question de ce site sous la plume de l’abbé P. J. O’Reilly qui va rendre confus un dossier parfaitement clair. En 1776, l’autorité municipale fit faire, nous dit-il, dans les anciens cimetières de Bazas, des fouilles considérables qui la dédommagèrent par leur résultat des peines qu’elle y avait prise. Outre des monnaies anciennes et des tombes en marbre, on trouva à La Targue beaucoup de médailles romaines, des Antonins, des Dioclétien, des Constantin etc. Quelques pages plus loin, l’abbé évoque “des urnes, des vases curieux, des ustensiles culinaires d’un travail fini trouvés lors des fouilles faites à La Targue” (p. 34). Il ne fait aucun doute que P. J. O’Reilly ne fait que reprendre les faits rapportés par le chanoine J. G. Dupuy. Car on ne voit guère pour quel motif les autorités municipales auraient, en 1776, entrepris des fouilles dans un cimetière hors les murs dont il ne restait que le souvenir. Si fouilles il y eut alors dans des cimetières, ce ne fut que dans ceux intra muros lors de leur désaffection. Mais l’abbé P. J. O’Reilly qui n’est pas à une contradiction près prétend ailleurs (p. 39) que les fouilles ordonnées par les jurats en 1776 avaient pour objet d’agrandir la promenade (allées Saint-Sauveur aujourd’hui). Il n’est donc plus question de fouilles au cimetière Saint-Martial.

Il faut donc écarter définitivement ces prétendues fouilles de 1776 ainsi qu’un certain nombre d’autres affirmations erronées faites par l’abbé P. J. O’Reilly se rapportant au site de La Targue. Il est faux de dire que l’église Saint-Martial fut “détruite et rebâtie à plusieurs reprises et enfin entièrement démolie en 1577 par les calvinistes de Nérac” (p. 22). Il ne s’agit là que d’une extrapolation à partir des destructions qui concernent la cathédrale, les églises intra muros et les Cordeliers. D’ailleurs, l’abbé P. J. O’Reilly cultivant la contradiction prétend que l’église Saint-Martial disparut pendant la Révolution et que des maisons s’élèvent dessus, ce qui est doublement faux car l’église avait disparu plusieurs siècles auparavant. En 1831, La Targue était encore en majeure partie vide d’habitat. Ce n’est pas à La Targue que fut découverte une pierre sur laquelle était gravé le nom du consul Gruminitus (p. 26) pas plus que le “grand cachet d’airain portant les armoiries de Bazas” (p. 39). Selon le chanoine Dupuy, la pierre gravée fut découverte dans une vigne proche de la ville, mais il ne dit pas où.

C. des Moulins dont la brochure est à peine postérieure à l’ouvrage de P. J. O’Reilly prétend pour sa part que l’église Saint-Martial fut entièrement démolie vers 1577-1579 et remplacée par la promenade de la plate-forme plantée par Mgr J. B. de Saint-Sauveur. Il s’agit là encore d’une double erreur car le chanoine Dupuy ne fait pas état de la destruction de l’église Saint-Martial par les protestants. Quant à son emplacement, il convient de le situer, nous allons le voir, au sud des allées du palais de justice et non sur les allées.

b. Les découvertes de 1862

Le témoignage de Léo Drouyn

Près de quatre siècles s’écoulèrent avant qu’il ne soit une nouvelle fois question de découvertes sur l’emplacement de l’ancien cimetière Saint-Martial. C’est Léo Drouyn qui nous les fait connaître dans ses Notes archéologiques à la date du 25 avril 1862 : “À La Targue on vient d’exhumer des sarcophages en marbre blanc dont les pieds sont aussi larges que la tête. On avait établi pour les caler quatre briques épaisses qui, rapprochées l’une de l’autre, forment un cercle. Le sarcophage est indiqué par le pointillé (un croquis accompagne cette note). Ces tombeaux paraissent appartenir à l’origine du christianisme à Bazas. Le propriétaire, ancien soldat enrichi, n’a pu nous fournir aucune espèce de renseignement sur ce qui a été trouvé avec les ossements”. Nous n’avons pas encore identifié le soldat enrichi, propriétaire du terrain en 1862 et nous ignorons dans quelles circonstances eut lieu la découverte. Il est certain, en revanche, que ces découvertes ne furent pas faites lors de la construction du palais de Justice puisqu’il avait été édifié quelques années auparavant de 1855 à 1857. Léo Drouyn publia cette note sans modification dans la Guienne militaire en précisant seulement qu’on n’a pu lui “faire voir aucun couvercle de ces tombeaux ; il paraît qu’il n’y avait pas d’inscription”. Nous ignorons aussi combien de sarcophages furent mis au jour. Selon E. Féret, l’un d’entre eux aurait été déposé au collège de Bazas (le Lycée actuel) où l’on pouvait encore le voir en 1893. Nous ignorons ce qu’il est devenu. Il n’est pas impossible que celui qui se trouvait dans la propriété du Dr Soubiran à Bagatelle, aujourd’hui en dépôt au Musée municipal, provienne de La Targue. Il en est de même de celui qui fut retrouvé dans une tour méridionale de l’enceinte à laquelle on accède depuis la cour de l’hôtel Mauvezin, aujourd’hui conservé dans un alvéole de la Halle. Par leurs caractères, ces deux sarcophages pourraient appartenir au lot découvert à La Targue (voir bibliographie n° 15).

Son commentaire

Les auteurs qui ont évoqué par la suite le site de La Targue se sont inspirés de P. J. O’Reilly ou de Léo Drouyn ou des deux et ont de ce fait reproduit les erreurs de l’abbé. E. Féret parle de “cercueils en marbre blanc ou en pierre trouvés au quartier de La Targue et sur l’emplacement de l’église Saint-Martial établis sur des disques en briques de 4 cm d’épaisseur et sans rebord”. Il reprend Léo Drouyn, sauf lorsqu’il parle de cercueils de pierre et de l’église Saint-Martial. Dom R. Biron prétend que Saint-Martial fut détruite en 1577 par les Huguenots et R. d’Anglade attribue aussi la destruction de l’église aux protestants, sans avancer de date. Les deux auteurs ont manifestement repris O’Reilly. En revanche, R. D’Anglade ne fait état que des découvertes de sarcophages rapportées par L. Drouyn.

Ainsi, mis à part les découvertes mentionnées par Léo Drouyn, le dossier de La Targue reste pratiquement ouvert à la page où l’avait laissé le chanoine J. G. Dupuy. Si l’existence d’une nécropole est assurée, nous ignorons son extension, l’emplacement de l’église et du cimetière Saint-Martial, de même que l’emplacement précis de la découverte de 1862.

Apparemment, aucune autre découverte n’aurait été faite depuis près de cent cinquante ans ! Or, depuis 1862 une bonne douzaine d’édifices de toutes tailles ont été édifiés ou remaniés sur le site de la Targue sans que jamais n’ait filtré la nouvelle d’une découverte. Qu’il n’y en ait pas eu, on ne peut sérieusement le penser. Camille Jullian s’était étonné du peu de témoignages archéologiques recueillis à Bazas. On est encore plus étonné aujourd’hui.

Église et cimetière Saint-Vital

Repérage

Situation

a. Cartes anciennes : carte de Cassini, n° 106 (couvent) ; carte de Belleyme n° 36 (couvent).

b. Adresse : 2008 : rue de la Taillade ; allée de Tourny ; 1831 : route de Bazas à Casteljaloux, allées de Tourny, chemin de Trasits.

Cadastre :1976 : Les Capucins, AB, n° 496-499 ; 1831 D2.

Repérage sur le terrain

a. Nature des parcelles : immeubles, cours, jardin.

b. Conditions d’accès : de la place de la Cathédrale prendre la rue Taillade puis la place.

Situation administrative

Propriété privée.

Description géographique du site

a. Altitude : 80 m.

b. Relief : extrémité de l’éperon ; pentes abruptes du côté nord et nord-est.

c. Hydrographie : à 75 m du ruisseau de Saint-Vincent (vers le nord) et 125 m du Beuve (vers le sud).

Identité des vestiges

a. Période : Haut Moyen Âge

b. Nature/État : église et cimetière/disparus.

Description

Répertoire des sources et bibliographie

Sources imprimées

Le livre de raison de la famille Servière, dans Bazas et le Bazadais, Actes du XIIIe Congrès d’études régionales tenu à Bazas les 7 et 8 mai 1960, p. 203.

Bibliographie

Dupuy (J. G.), In Chronicon Vazatense praefatio, dans Arch. Hist. de la Gironde, t. XV, p. 5.

Des Moulins (C.), Quelques faits…, p. 10.

Drouyn (L.), La Guienne militaire…, 1866, t. II, p. 207.

Féret (E.), Essai…, p. 12, 13.

Rebsomen (A.), La Garonne et ses affluents de la rive gauche…, 1913, p. 123.

D’Anglade ( R.), Aperçu, p. 5, n. 1 ; p. 118, n. 1 ; p. 234-235.

Marquette (J. B.), “Richesses archéologiques”, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 15, déc. 1967, p. 17.

Historiographie et description

Tous les auteurs qui ont évoqué le couvent des capucins n’ont pas manqué de souligner les particularités du site. Il s’agit de la pointe de l’éperon hors les murs de l’ancienne ville, séparée du rempart, à l’ouest, par une coupure correspondant aux allées Tourny. Cette coupure paraissait ancienne à Léo Drouyn. E. Guillon, repris par A. Rebsomen, n’hésite pas d’ailleurs à voir dans le site un “fort détaché”. Il s’agit d’une surface à peu près plane de 50 m de côté, bordée au nord et à l’est par des pentes relativement fortes (dénivellation de 10 à 30 m au nord), délimitée au sud par la place Taillade.

En fait on ne sait que bien peu de choses de l’occupation du site, avant que les Capucins ne s’y installent au début du XVIIe siècle. Le seul auteur qui ait apporté quelque lumière n’est autre que le chanoine J. G. Dupuy. Dans sa préface à la Chronique il fait état de “fondations de murs divers et très larges hors les murs de la ville au cimetière de Saint-Vital, là où on a construit le couvent des Capucins”. Il est probable que les fondations dont parle J. G. Dupuy furent découvertes à l’occasion de la construction du couvent après 1613. J. G. Dupuy est le seul auteur à avoir signalé la présence d’un cimetière Saint-Vital aux portes de la cité, en bordure du chemin qui conduisait à Toulouse. On ne saurait, cependant, mettre en doute son témoignage. Mais le fait que ce cimetière porte le nom de Saint-Vital autorise à y voir l’emplacement d’une église du haut Moyen Âge dédiée à ce saint. Il n’est pas impossible que les fondations signalées par J. G. Dupuy aient été celles de cette église. Il est d’ailleurs probable que ce fut la présence d’un cimetière sinon abandonné, du moins peu utilisé qui conduisit l’évêque de Bazas à y installer les Capucins, le fait aussi que la cité était proche et que les Cordeliers étaient établis à l’autre extrémité de la ville.

À la différence de Saint-Martial où l’on a retrouvé à deux reprises des sarcophages et des sépultures on n’a conservé le souvenir d’aucune découverte semblable à Saint-Vital. En partie probablement à la suite de la construction du couvent, alors que le site de Saint-Martial était encore libre de constructions au début du XIXe siècle.

Notre-Dame du Mercadil

Repérage

Situation

Adresse : 2008 : rue du Mercadilh ; 1978 : Place Notre-Dame (ouest), petite rue Notre-Dame ; 1831 : Place Notre-Dame, rue Notre-Dame.

Cadastre : 1978, AB n° 131, 135-136, 569-571, 589-590 (église) ; n° 138-139 (îlot ouest) ; n° 140-145 (îlot sud) ; 1831 : E n° 420-424 (église), n° 443-445 (îlot ouest) ; n° 417-420 (îlot sud).

Repérage sur le terrain

a. Nature des parcelles : immeubles, place, rues.

b. Conditions d’accès : à l’ouest de la place de la cathédrale.

Situation administrative

Propriétés privées (église) et communale (voirie).

Description géographique du site

a. Altitude : 86-88 m.

b. Relief : Le site sur lequel a été bâtie l’église Notre-Dame correspond à l’amorce d’un éperon secondaire orienté vers le sud-ouest qui culmine à Saint-Martin. La pente est, en revanche, sensible en direction du nord-est (83 m à l’entrée de la rue Bragoux, 81 m à l’entrée de la rue Pallas).

c. Hydrographie : position de butte.

Identité des vestiges

a. Période : Antiquité, haut Moyen Âge, Moyen Âge, époque moderne.

b. Nature/État : nécropole, cimetière, église/Nécropole détruite en grande partie ; cimetière disparu ; église et cimetière lotis.

Description

Sources et bibliographie

Sources manuscrites

Arch. Dép. Gironde. E. suppl. 1658. BB2 : registres des délibérations : 12 sept. 1767, 21 janvier 1768, 9 mai 1771.

E. suppl. 1675-1688, registres bapt., mar., sép. de l’église Notre-Dame de Mercadil : 1680-89 (GG 17) ; 1690-99 (GG 18) ; 1700-1709 (GG 19) ; 1710-1720 (GG 20) ; 1720-1730 (GG 21) ; 1730-1739 (GG 22) ; 1710-1749 (GG 23) ; Cahiers de baptêmes et mariages 1750-1759 (GG 24) ; registre des sépultures 1750-1758 (GG 25) ; cahier des bapt., mar., et sép. 1760-1768 (GG 26) ; 1769-1777 (GG 27) ; 1778-1785 (GG 28) ; 1780-1792 (GG 29).

Archives communales de Bazas : lettre de M. Lapierre du 31 mars 1949.

Sources imprimées

Nécropole : In Chronicon Vazatense praefatio, dans Arch. hist. de la Gironde, t. XV, p. 6.

Église Notre-Dame : Pouillés des provinces d’Auch…, 1972, p. 443.

Bibliographie

Nécropole :

O’Reilly (P. J.), Essai…, p. 26.

Des Moulins (C.) (et L. Drouyn), Quelques faits à ajouter à la description monumentale de la ville de Bazas, dans Bulletin monumental, 1846, tiré à part, p. 10.

Abbé Cirot De La Ville, Histoire et description de l’église Saint-Seurin de Bordeaux, 1867, p. 157, 198-199.

Jullian (C.), Inscriptions romaines, t. II, p. 182, n° 955 et p. 259, n° XX.

D’Anglade (R.), Aperçu sur l’histoire de Bazas, 1913, p. 118-119.

Marquette (J. B.), Richesses archéologiques du Bazadais, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 13, décembre 1967, p. 10-11.

Fabouet (A.-C.) et Marquette (J.-B.), Catalogue des sarcophages mis au jour à Bazas, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 153, 2e trim. 2006, p. 17-40, sarcophages n° 21-28 et dessin p. 33.

Église :

O’Reilly (P. J.), Essai…, p. 313, 321-322.

Drouyn (L.), La Guienne militaire, t. II, p. 206.

Féret (E.), Essai…, p. 11.

Rebsomen (A.), La Garonne…, p. 128.

Biron (Dom R.), Précis…, p. 123.

Des Moulins (C.), Quelques faits…, p. 7, 23, 30.

Brun (abbé), La cathédrale de Bazas pendant la Révolution (1787-1793), 1906, p. 32, n. 1.

Biron (Dom R.), Guide archéologique illustré du touriste en Gironde, 1928, p. 29.

D’Anglade (R.), Aperçu, p. 90, n. 1 , p. 118-119.

Gardelles (J.), Aquitaine gothique, 1992, p. 151-152.

Plans et documents figurés

Des Moulins (C.), Quelques faits, pl. III, p. 18-19 : façade ouest, marques de tâcherons, détails d’architecture, pl. VI : façade sud. Eaux-fortes de L. Drouyn.

Rebsomen (A.), La Garonne…, fig. 121 : Notre-Dame du Mercadil. Vue de la façade sud en direction de l’ouest.

Histoire (fig. 14-16)

Il convient de rejeter sans hésitation l’affirmation de C. des Moulins selon laquelle la première église de Notre-Dame du Mercadil aurait été fondée par saint Martial, détruite par les Normands, reconstruite au Xe siècle par Gombaud, évêque-duc de Gascogne, une nouvelle fois détruite à une époque qui reste inconnue à notre auteur, pour être reconstruite au début du XIIIe siècle (p. 7, 24).

C’est au XIIe siècle que se développe, au nord-ouest de la cité, un bourg marchand qui devint au début du siècle suivant suffisamment important pour être érigé en paroisse. L’église Notre-Dame du Mercadil est le symbole de l’ascension de la bourgeoisie bazadaise qui constitue désormais l’élément le plus actif de la ville.

Édifiée probablement au début du XIIIe siècle, au moins en deux campagnes relativement proches, l’église ne connut pas de transformation notable aux siècles suivants. Il semblerait d’ailleurs qu’elle ne fut jamais achevée. En revanche, les Protestants la mirent sérieusement à mal en 1577, comme en témoigne le dessin de Jean de Weert de 1612. L’église y apparaît entièrement découverte et réduite à des pans de mur dont l’interprétation n’est pas aisée. Il doit s’agir de la façade sud reconnaissable à ses fenêtres et de la façade ouest (fig. 14). L’examen de l’édifice révèle que seuls le mur méridional et une partie du mur nord remontent au XIIIe siècle, le reste du bâtiment, sauf la façade ouest, appartenant à la restauration du XVIIe siècle.

C’est certainement à cette occasion que l’on mit au jour un sarcophage en marbre en faisant une fouille dans le cimetière ainsi que le rapporte le chanoine J. G. Dupuy.

Par délibération de la jurade du 21 janvier 1768, le cimetière fut désaffecté en même temps que ceux de Saint-Jean et de Saint-Martin et transporté aux Capucins. Le 9 mars 1771, les jurats examinaient un projet de construction de maisons sur l’ancien emplacement du cimetière et contre les murs de l’église.

En 1794, l’édifice fut réquisitionné par les “Subsistances militaire de l’armée des Pyrénées” pour y déposer des fourrages (Bibl. n° 7). À une date que nous ignorons pour l’instant, l’édifice fut vendu à des particuliers. Sur le plan de 1831 l’intérieur de l’église apparaît divisé en trois lots. Lors de l’arrêté de classement de 1923 l’édifice appartenait à MM. Duverger, Dubory et Cadilloné. Aujourd’hui, on ne compte pas moins de huit parcelles cadastrales de dimensions variées. Le mur nord de l’église a été largement percé afin de permettre la communication entre la partie antérieure des immeubles donnant sur la place et la partie postérieure appartenant à l’église. À l’intérieur de l’église, chaque immeuble possède deux étages, le second étant aménagé en grenier mais sans que les cloisons séparatives montent jusqu’à la toiture. Notons enfin qu’au rez-de-chaussée, sur la façade ouest se trouve un four de boulanger. Ce four remonte à la première moitié du XIXe siècle, car P. J. O’Reilly le mentionne en 1840. E. Féret signale, en 1893, une horlogerie, un café et une boucherie qui existe toujours, appuyée à l’abside dont elle occupe une partie. Selon E. Féret, “à l’occasion de réparations faites dans les magasins”, on découvrit “deux dallages superposés à 1,20 m et des pierres sculptées”. Nous ignorons en quel point de l’église ces fouilles furent faites et à quelle échelle.

Sépultures : le 23 juillet 1660, de Madeleine de Baulos, dans l’église (GG 8) ; le 2 janvier 1705, d’Isabeau Barès “au bas des marches de l’entrée du santuaire, soubs les deux grandes pierres y aboutissantes” (GG 19).

On a toujours considéré que la paroisse Notre-Dame du Mercadil avait été fondée au XIIe siècle : le titre de l’église, sa situation, son plan, la structure et le décor de l’édifice constituent autant d’arguments en faveur de cette hypothèse. Or cette église est implantée sur une nécropole chrétienne du VIe-VIIe siècle. La chose en soi ne soulève pas de problème étant donné l’oubli dans laquelle celle-ci aurait pu tomber. Mais il n’est pas impossible que le choix de l’implantation de l’église Notre-Dame n’ait pas été guidé précisément par la présence de cette nécropole dont le souvenir n’aurait donc pas été effacé au XIIe siècle. Peut-être y avait-il eu d’ailleurs durant le haut Moyen Âge une église contemporaine de celles qui sont dédiées à Martial, Vital et Martin, dont la dédicace aurait été effacée par celle de Notre-Dame.

Historiographie

La nécropole

Depuis le XVIIe siècle presque tous les auteurs qui se sont intéressés à l’histoire de Bazas ont mentionné la découverte d’un sarcophage en marbre décoré d’un Chrisme, décrit par le chanoine J. G. Dupuy. Seul C. Jullian a reproduit le texte de la description, mais les historiens bazadais n’ont pas pris la peine de le traduire et il n’en est pas un qui n’ait commis une erreur dans la description. L’abbé P. J. O’Reilly, le premier, en 1840, parle d’une “pièce de marbre blanc” et complète la description du chanoine en précisant, fruit de son imagination, qu’au-dessous du chrisme, on ne voyait plus que les deux mots “signo vinces” de l’antique inscription “IN HOC SIGNO VINCES”. C. des Moulins reproduit cette double erreur transformant au passage la “pièce” en “plaque”. L’abbé Cirot de la Ville dans son Histoire de Saint-Seurin, citant la Chronique de Bazas, P. J. O’Reilly et Léo Drouyn, confond la découverte faite au Mercadil au XVIIe siècle avec celles de La Targue en 1862. C. Jullian dans ses Inscriptions romaines fit l’honneur à l’abbé P. J. O’Reilly et à C. des Moulins, son émule, d’être cités à la rubrique des Inscriptions fausses. Le seul historien qui ait évoqué correctement cette découverte est Roger d’Anglade.

Nous n’avons, en revanche, conservé aucun souvenir des découvertes qui ont dû être faites lors de la désaffection du cimetière puis de son lotissement. Celles qui l’ont été à la fin du XIXe siècle ont eu deux échos : l’un chez E. Féret qui signale, en 1893, l’existence de “tombeaux en pierre aux alentours de cette église ainsi qu’à l’intérieur” ; l’autre, chez M. Lapierre qui, dans une correspondance, signale la découverte vers 1880 de deux sarcophages en marbre et quatre en calcaire, lors de l’abaissement du niveau de la Petite rue Notre-Dame longeant l’édifice au sud. Il s’agit probablement des travaux évoqués par E. Féret. Maurice Lapierre rapporte d’autre part, la présence de sarcophages dans l’ancienne boucherie Dubory qui correspond à l’abside de l’église.

On trouvera dans le catalogue des sarcophages de Bazas établi en 2006 toutes les informations sur les circonstances dans lesquelles ont été faites de nouvelles découvertes en 1982.

L’église

C. des Moulins, le premier auteur à s’être intéressé aux monuments de la ville, a donné une description relativement précise de l’édifice. Mais deux congrès archéologiques sont passés par Bazas sans que Notre-Dame du Mercadil retienne l’attention des historiens de l’art. Jacques Gardelles est le seul à lui avoir consacré quelques lignes dans Aquitaine Gothique. Faut-il en trouver la raison dans l’état du monument et la difficulté que l’on rencontre si l’on souhaite le visiter ? Nous nous sommes interrogé pour savoir si nous devions ou non réserver une place à Notre-Dame du Mercadil dans ce catalogue des édifices disparus. Certes, le monument existe toujours, comme les églises d’Auzac et de Monclaris, mais, comme elles, il est considéré comme une “ruine” selon l’arrêté de classement du 15 janvier 1923.

Bazas, ville d’art et d’histoire, un visiteur peut-il le croire lorsqu’il passe par la rue Notre-Dame ?

Description

Nécropole

On voudra bien se reporter au Catalogue des sarcophages de Bazas (Bibl. n° 4) où sont décrits :

N° 21 : le sarcophage en marbre découvert au XVIIe siècle.

N° 24 : le sarcophage en calcaire découvert en 1982, au nord-est de l’église.

N° 25-28 et dessin fig. 8 : les quatre couvercles de sarcophages découverts lors des travaux du percement de la rue reliant la place de la cathédrale au cours du Maréchal Foch.

Sous la rubrique sites n° 22 et 23 nous avons réuni les informations sur les découvertes faites à l’intérieur de l’église et en 1880.

Cimetière et église (fig. 16-20)

Le cimetière : Le plan de 1819 et la restitution du plan de l’ancien Bazas par Vignolles en 1849 sont d’un maigre secours pour en préciser ses limites. Nous pensons qu’il occupait une bonne partie de l’espace compris entre le mur nord de l’église et les façades de l’îlot situé plus au nord, laissant entre les deux une voie de circulation ; il enveloppait probablement aussi l’abside de l’église vers l’est.

L’église : (fig. 17-18). Nous en donnerons une description sommaire à partir de celle de C. des Moulins et des observations que nous avions pu faire en compagnie de Jacques Gardelles.

Elle n’a jamais possédé qu’une nef se terminant, depuis le XVIIe siècle, par une abside polygonale à trois pans, l’ensemble faisant approximativement 32 m de long pour 8 m de large.

La configuration du site a sans aucun doute imposé ce parti. Ainsi que nous l’avons déjà signalé seul le mur méridional et une petite partie – un quart environ – de celui du nord appartiennent à la construction primitive. Le mur méridional, haut de 14 m, est percé de sept fenêtres. Cinq sont en arc brisé, hautes de 9 m ; fortement ébrasées à l’extérieur, elles sont larges de 1,50 m pour un jour de 0,50 m. L’arête externe de l’arc est soulignée par un tore retombant sur des chapiteaux carrés à décor de quatre crochets ou de têtes, dont C. des Moulins a donné une description précise, supportés par une colonnette torique. Le tympan est très court. L’arc est couronné d’une archivolte composée d’un gros tore et de trois petits qui retombent sur des culs-de-lampe dont le décor est identique à celui des chapiteaux. Il existe cependant une légère différence entre les trois fenêtres les plus orientales et les deux qui leur font suite à l’ouest : les trois premières n’ont pour pied-droit qu’une colonnette torique entre deux gorges ; aux deux autres la colonnette se détache sur deux angles de pilastres accompagnés d’une gorge étroite au côté externe. Plus vers l’ouest, là où on s’attendrait à trouver deux autres fenêtres, il n’y en a qu’une, moins haute (8 m environ) et plus large que les précédentes, à tympan plus aigu et plus long, couronnée par un arc brisé plus aigu. Les colonnes toriques rappellent celles des autres fenêtres, mais les chapiteaux sont décorés cette fois de deux rangs de feuillage. Cette fenêtre est aujourd’hui aveugle. Il existe, enfin, à proximité de la façade occidentale, une septième fenêtre qui ressemble aux cinq premières par son allure générale – largeur, profil torique des colonnettes et de l’archivolte – mais elle est de même niveau et de même hauteur que la fenêtre précédente. Les chapiteaux sont décorés de deux rangées de bouquets et les culs-de-lampe sont à décor d’animaux.

Les cinq premières fenêtres sont séparées par des contreforts très simples, de 1,25 m de saillie, larges de 0,75 m à 1,05 m avec larmier ; de hauteur inégale, ils arrivent de la moitié aux deux tiers des fenêtres. Les deux premiers – mais le second a été arasé depuis 1840 – sont contemporains des trois premières fenêtres, les deux suivants des fenêtres quatre et cinq. Le cinquième contrefort qui précède la grande fenêtre, le plus élevé, au chaperon plus incliné est décoré d’un cordon à larmier qui se prolonge le long du mur de la nef jusqu’au contrefort qui soutient le mur de la façade ouest. En outre, ce bandeau sert d’appui aux colonnettes des deux dernières fenêtres, mais il s’interrompt à hauteur de l’emplacement de deux contreforts arasés entre la sixième et la septième fenêtre et l’angle de la façade ouest. Compte tenu du nombre de contreforts il aurait dû y avoir huit fenêtres. Or on n’aperçoit aucune trace d’une fenêtre obstruée entre les deux contreforts arasés. C’est probablement pour cette raison que fut ouverte une fenêtre plus grande après le cinquième contrefort.

À hauteur des cinq premières fenêtres, la corniche est supportée par des modillons “en forme de protomes humains coiffés à la mode du XIIIe siècle” (J. Gardelles). Les quatre contreforts conservés présentent les mêmes marques de tâcherons en forme de marteau ou de A, seulement au-dessous du larmier pour le cinquième.

Près de l’angle sud-ouest, entre la dernière fenêtre et l’emplacement du dernier contrefort, on a ouvert une porte en arc brisé dont l’archivolte présente un profil en biseau, un filet et un tore ; à l’intérieur, elle est ornée de deux chapiteaux à feuilles de chêne. On peut la dater du XIIIe siècle.

Le mur septentrional présente à l’extrémité ouest les restes d’une corniche sur modillons identique à celle de la façade sud ; elle devait à l’origine se prolonger jusqu’à l’abside (fig. 6). On distingue, enfin, dans ce mur, à l’extrémité ouest, une saillie en forme de demi-cercle qui correspond à l’intérieur à un creux. Il s’agit probablement des restes d’une tourelle d’escalier qui devait permettre d’accéder au clocher. Tout le reste de la façade appartient à la reconstruction du XVIIe siècle. Sur le dessin de J. de Weert on distingue un pan de mur percé de deux baies qui ressemble à un clocher-mur, mais appartenait-il à Notre-Dame ?

L’abside à trois pans aux angles empâtés par des contreforts appartient à la reconstruction du XVIIe siècle. Elle était éclairée par une fenêtre aménagée dans le pan central (fig. 20).

La façade occidentale, scandée par un larmier, possède une fenêtre haute en arc brisé qui date au plus tard du XIVe siècle. Au-dessus de ce larmier l’appareil est identique à celui des angles de la façade, mais au-dessous on est en présence d’un appareil médiocre dans lequel ont été ouverts le portail d’entrée et une fenêtre en plein cintre. Il s’agit d’une réfection du XVIIe siècle consécutive probablement au début de démolition de la façade par les Protestants. Les ouvertures modernes sont autant de meurtrissures (fig. 21).

À l’intérieur de l’église, depuis l’étage supérieur de l’appartement de l’ouest, on aperçoit, aux angles nord et sud de la façade ouest, un faisceau de trois colonnettes couronnées de chapiteaux. On les retrouve à l’est, à l’amorce des pans coupés de l’abside. C. des Moulins n’avait pu les observer car, à son époque, un lambris datant des restaurations du XVIIe siècle dissimulait la partie supérieure de l’édifice et la charpente. Autre découverte que nous avions faite en compagnie de J. Gardelles, celle des “arrachements des nervures sexpartites des quatre travées doubles”.

L’église de Notre-Dame du Mercadil a été édifiée au début du XIIIe siècle en plusieurs étapes comme nous le révèle l’examen de la façade méridionale. Cette façade possédait, lorsqu’elle fut achevée, sept fenêtres séparées par sept contreforts. La construction a commencé par l’est : d’abord les trois premières fenêtres et les deux premiers contreforts, puis deux autres fenêtres et trois autres contreforts. Comme le prouve, à partir de la grande fenêtre, la présence d’un bandeau qui se prolonge jusqu’au contrefort d’angle la partie occidentale de la façade a été sinon construite du moins reprise dans un second temps.

Deux questions majeures se posent : quels étaient le plan et l’élévation de l’abside ? Comment se présentait l’élévation du mur nord ? Y retrouvait-on sept ou huit fenêtres et les contreforts qui les séparaient ? En ce qui concerne le mur nord, nous pensons qu’il possédait, comme celui du sud, des contreforts et probablement des fenêtres. Un examen de la partie occidentale de ce mur couronnée d’une corniche devrait nous éclairer sur ces deux points. Ce qui nous conduit à envisager un aménagement identique des deux façades, ce sont les arrachements de voûtes sexpartites repérées par J. Gardelles. De telles voûtes possèdent en effet de chaque côté de la nef trois retombées qui peuvent être contrebutées par trois contreforts encadrant deux fenêtres. La nef de Notre-Dame aurait pu ainsi être couverte de quatre travées. En admettant que l’on en retrouve le dispositif cela ne signifierait pas d’ailleurs que l’église ait été voûtée.

Nous ne pensons pas, par contre, que l’on doive accorder trop d’importance à l’arasement des deux derniers contreforts occidentaux de la façade méridionale. Sans doute a-t-on voulu faciliter la circulation dans la rue qui longe l’église. Le second contrefort oriental a été arasé depuis 1840, comme on peut le constater en comparant le dessin de L. Drouyn à la situation actuelle (fig. 18).

Puissent ces quelques remarques susciter une étude approfondie de ce monument, classé aujourd’hui comme “ruine”, mais symbole de l’essor pris par la ville marchande au XIIIe siècle.

Nécropole, église et cimetière Saint-Martin

Repérage

Situation

Adresse : 2008 : Place Saint-Martin et n° 13-14.

1831 : Place Saint-Martin.

Cadastre : 1978 : B n° 227-231 et sans n° ; 1831 : E n°383-385 et sans n°.

Repérage sur le terrain

Nature des parcelles : place et immeubles.

Situation administrative

Propriété communale et privée.

Description géographique du site

a. Altitude : 93 m.

b. Relief : sommet de l’éperon secondaire orienté vers le sud. À 75 m en direction du sud-est, on descend à 75 m.

c. Hydrographie : à 120 m de la rive gauche du Beuve.

Identité des vestiges

a. Période : haut Moyen Âge ; Moyen Âge.

b. Nature/État : église et cimetière/cimetière nivelé, église démolie ; nécropole du haut Moyen Âge en partie fouillée.

Description

Répertoire des sources et bibliographie

Sources manuscrites

Arch. dép. Gironde, E. suppl. 1689-1696 : reg. bapt. mar. sép. de l’église Saint-Martin de Bazas, 1629-1667 (GG 30) ; de l’église Saint-Martin et de Notre-Dame de Conques, son annexe, 1660-1677 (GG 31) ; cahiers, 1773-1724 (GG 32) ; 1725-1743 (GG 33) ; 1744-1754 (GG 34) ; 1735-1764 (GG 35) ; 1765-1776 (GG 36) ; 1777-1792 (GG 37).

E. suppl. 1658. Registre des délibérations BB2 : 12 sept. 1767, 21 janvier 1768, 9 mars 1771, 18 mai 1780 ; 1809, 1822.

Sources imprimées

Baptista salvatoris, éd. Dom Aurélien, p. 292-293.

Chronicon Vazatense, dans Arch. hist. de la Gironde, t. XV, p. 26-27.

Regesta Clementis papae V, Bibl. École française d’Athènes et de Rome, n° 5488 (15 juillet 1210).

Bibliographie 

O’Reilly (P. J.), Essai…, p. 312.

Des Moulins (C.), Quelques faits…, p. 9.

Drouyn (L.), La Guienne militaire…, t. II, p. 205, 206.

Féret (E.), Essai…, p. 10.

Rebsomen (A.), La Garonne…, p. 124.

D’Anglade (R.), Aperçu…, p. 31, n. 1.

Biron (Dom. R.), Précis…, p. 123, 127.

Soc. Arch. de Bordeaux, t. LVII, p. 31 (Séance du 14 octobre 1949).

Cadis (L.), Coupry (J.), Marquette (J. B.), “La nécropole mérovingienne de la place Saint-Martin de Bazas”, dans Revue hist. de Bordeaux et de la Gironde, t. IX, p. 126-140 et Actes du XIIIe Congrès d’études régionales : Bazas et le Bazadais, 1960, p. 36-50.

Marquette (J. B.), “Note sur la lutte entre les évêques d’Agen et de Bazas au XIIe siècle”, dans Revue historique de Bordeaux, juillet-décembre 1962, p. 145-146.

Marquette (J. B.), “Richesses archéologiques du Bazadais”, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 13, décembre 1967, p. 11.

Marquette (J. B.), “Le site épiscopal de Bazas. État de la question”, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 98-99, 3e-4e trim. 1992, p. 30.

Fabouet (A.-C.), “Les sarcophages de Bazas”, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 153, 2e trim. 2006, p. 5-16.

Fabouet (A.-C.) et Marquette (J.-B.), “Les sarcophages de Bazas”, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 153, 2e trim. 2006 , p. 17-40.

Plans et documents figurés

Bibl. n° 9. Actes, p. 36 : fig. 1. Plan des fouilles exécutées en 1949-1950, 1951 ; fig. 2. Types de décors de la tête des sarcophages (cuves et couvercle) ; fig. 3. Vue de la fouille ; sarcophages n° 8, 10, 11, 12, 13 ; fig. 4. Verre apode ; fig. 5. Contre-plaque de plaque-boucle ; fig. 6. Boucle, ardillon , attaches ; fig. 7. Boucle de ceinture en bronze ; fig. 8. Plaque-boucle en bronze. Ces illustrations sont reprises dans Bibl. n° 13.

Histoire

1369-70 : capellanus Sancti Martini Vasati, Arch. de Gajac.

XVe s. : capellanus Sancti Martini.

XVIIIe s. : Saint-Martin de Bazas, v. p., archiprêtré de Bernos.

Mention de la chapelle Saint-Louis (1679) (GG 32).

Bénédiction d’une cloche (1728) (GG 33) ; carrelage et établissement de marches à l’entrée (1734) (GG 33).

L’église Saint-Martin est mentionnée pour la première fois en 1136 lorsqu’elle fut incendiée par les hommes de l’évêque d’Agen. Un sarcophage contenant le corps de saint Alain fut, à cette occasion, brisé mais le corps du saint resté miraculeusement indemne fut alors transporté dans la cathédrale. D’après le chanoine Garcias témoin des événements, la mort du saint remontait alors à plus de quatre siècles. Il ne saurait donc s’agir d’une “invention” de ses reliques. Cependant, on ne peut manquer de rapprocher la présence du sarcophage contenant le corps du saint de l’existence d’une vaste nécropole autour de Saint-Martin. À une époque antérieure, elle aurait pu faciliter une invention du corps.

Malgré l’absence de toute mention jusqu’au XIIe siècle, il ne fait aucun doute que l’église Saint-Martin, comme celles de Saint-Martial et Saint-Vital remonte au VIe-VIIe siècle. Peut-être fut-elle à l’origine de la nécropole, mais elle peut aussi bien s’y être superposée. L’église fut, au même moment que la cathédrale et Saint-Martin, en grande partie détruite par les Protestants en 1577. Le cimetière fut, comme celui de Notre-Dame, désaffecté à partir de 1768 (BB2), mais nous ignorons si l’abandon fut immédiat. En tout cas, le 18 mai 1780, la jurade somma le curé d’interrompre les travaux qu’il avait entrepris sur l’emplacement de l’ancien cimetière : “Non seulement il fait creuser des fondemens, mais encore sans aucun respect pour les cendres des morts qui y ont été enterrés il en ôte la terre et les ossemens et les fait transporter sur la rue Saint-Martin” (BB2). Nous ignorons à quel usage le curé destinait l’emplacement de l’ancien cimetière. C’est le 14 mai 1809 que la municipalité décida de mettre en vente l’église, mais il n’est pas certain que ce fut en vue de sa démolition. C’est à tort que C. des Moulins attribue sa disparition à la période révolutionnaire. En 1822, la ville racheta le terrain et une maison en vis-à-vis pour en faire une place publique destinée en particulier au marché aux cochons (Registre des délibérations). C’est donc à cette époque que la place prit l’allure que nous lui connaissons aujourd’hui.

En 1950, suite à la découverte de sarcophages dans l’atelier de M. Belloc, dès 1935, des fouilles eurent lieu sur la place sous la direction de Louis Cadis. Dix-neuf sarcophages furent mis au jour et un intéressant mobilier recueilli. On trouvera un compte rendu de cette fouille dans les Actes du Congrès de Bazas de 1960 (Bibl. n° 9).

Ces découvertes sont à mettre en relation avec celles faites en 1964, lors des travaux de démolition qui ont précédé la reconstruction des immeubles situés aux n° 1 et 2 rampe Saint-Martin. Ces bâtiments occupent l’emplacement des anciens fossés de la ville et sont adossés, jusqu’au premier étage, au rocher qui servait d’assise au rempart. Depuis la rue Maubec (n° 2-8) on accède ainsi de plain-pied au premier étage des maisons. En 1964, au cours des travaux de démolition effectués au n° 1 de la rampe nous en avons identifié trois établis sur le rocher – en réalité il en avait cinq – au moment où ils étaient tranchés par une pelle. Une partie de ces sarcophages se trouverait encore sous le rempart (Bibl. n° 14, p. 26). Nous ne sommes qu’à 25 m de la place Saint-Martin. Il est donc vraisemblable que la nécropole s’étendait jusque-là. De nombreux sarcophages doivent donc se trouver sous les immeubles de la façade nord de la place Saint-Martin et du début de la rue Maubec à moins, mais ce n’est qu’une hypothèse, qu’il n’y ait pas solution de continuité entre cette nécropole et celle de Notre-Dame de Mercadil.

Description

Nécropole

Les sarcophages trouvés place Saint-Martin ont été décrits en 2006 (Bibl. n° 13-14).

Un a disparu (n° 1) ; sept (n° 2 à 8) sont conservés sous la halle (n° 2, 3, 4), aux ateliers municipaux (n° 5, 6, 7) et à l’entrée du musée (n° 8). Quatre ont été laissés in situ (n° 9, 10, 11, 12). Plusieurs ont été repérés à hauteur du n° 1-2, rampe Saint-Martin. Enfin, sept d’entre eux (n° 14-20) ont disparu ou sont réduits à l’état de fragments en dépôt aux ateliers municipaux, mais au moins l’un d’eux (n° 14) a été “prélevé”. Il convient de noter que des fragments appartenant à treize sarcophages différents, conservés aux ateliers municipaux appartiennent pour certains aux sarcophages n° 14-20.

Église et cimetière (fig. 22-23)

Le plan cadastral de 1819 permet de situer avec précision l’emplacement de l’église et celui du cimetière qui, bien que désaffecté, continua d’exister sous forme d’espace public. Depuis la démolition de l’église après 1817 – mais nous ignorons à quelle date – les contours de la place n’ont pas connu de modification. D’après ce plan, l’extrémité occidentale de l’église se trouvait dans le prolongement des façades des maisons donnant sur le côté est de la rue Canet, en venant de la place du Prêche. Le mur sud de l’édifice servait apparemment d’appui aux immeubles portant les numéros E 383, 384 et 385, auj. AB 227-228.

Nous ignorons si, en 1819, l’emplacement qui se trouvait entre le chevet de l’église et la rue Saint-Martin était bâti, mais les façades de l’immeuble du 15, rue Saint-Martin (E 385, devenu AB 229-230) semblent bien reproduire le parcellaire de 1819. On remarque aussi sur ce plan que le passage entre le mur nord de l’église et la façade méridionale des maisons en vis-à-vis se rétrécissait vers l’est, à hauteur des immeubles n° 1, 2, place Saint-Martin. On est frappé par l’exiguïté du cimetière situé au nord de l’église, réduit à un espace de 20 m de long environ sur 4 à 5 m de large et peut-être à un ombilic vers la rue Saint-Martin. On comprend dès lors que le curé ait fait transporter dans cette rue des terres en provenant. Il est clair aussi que lorsqu’on voulait aller de la rue Saint-Martin à la rue Canet on traversait le cimetière. On peut tenir pour certain que le cimetière s’étendait à l’origine sur l’emplacement des immeubles situés au sud de l’église. La découverte, en 1935, dans l’atelier de serrurerie du n° 14 (AB n° 228) de quantité d’ossements disséminés comme en un charnier, rapportée par Louis Cadis, le prouve. Au-dessous de ces ossements se trouvaient des sarcophages (E 380, AB 171-172).

De nos jours encore la place s’achève en entonnoir au débouché sur la rue Saint-Martin. Contrairement à ce qu’affirme l’abbé O’Reilly nous ne pensons pas que l’on ait construit des maisons sur l’emplacement de l’église après sa destruction. C. des Moulins déclare d’ailleurs que l’église fut remplacée par une petite place et un passage qui communique avec la route royale. La maison achetée par la municipalité pour agrandir la place devait être l’immeuble appuyé aux n° 9, 10, place Saint-Martin, sur la façade ouest de la place. Le passage ouvert correspond aujourd’hui à la rampe Saint-Martin (fig. 24).

L’église était un édifice à nef unique de 6 m de large environ pour une longueur de 28 m. Mais, contre le mur nord, faisant saillie, on note l’existence d’au moins deux appentis correspondant probablement à une chapelle et peut-être une sacristie. Le dessin de Jean de Weert nous apporte d’intéressantes précisions. Le mur nord était soutenu par deux contreforts et percé de trois fenêtres. Il était couvert par un toit à deux eaux aux versants en forte pente. C’est en tout cas ce que suggère le dessin des deux pignons dans chacun desquels on avait ouvert une fenêtre. En fait Saint-Martin n’était, à la différence de Notre-Dame, qu’une petite église rurale incluse dans les remparts du XIVe siècle (fig. 25).

Lorsqu’en 1949-1950 eurent lieu des fouilles sur la place, on découvrit, en bordure nord de l’excavation, à une distance de 4 à 5 m de la façade sud de la place un mur-fondation ou arasement que L. Cadis identifia sur le plan qu’il releva comme celui de l’église. On notera, néanmoins, qu’une sépulture à coffre bâti (n° 16) reposait sur une partie maçonnée de ces fondations. Compte tenu de la date présumée de cette sépulture, il y a solution de continuité entre ces fondations et le mur présumé de l’église. On serait donc en présence non du mur de l’église médiévale mais de celui d’un édifice plus ancien.

Bien que modeste l’église accueillit les sépultures de personnalités bazadaises. Ainsi, le 15 juillet 1310, Clément V autorisa Bernard Aiz de Ladils ainsi que ses frères, leurs épouses et leurs enfants à être ensevelis dans la sépulture de son père dans l’église Saint-Martin puis dans une autre sépulture qu’il ferait construire. On relève aussi les inhumations suivantes : dans le chœur, celle de R. de Lucmajour, commandeur de Baulac (24 juin 1664) (GG 30), dans l’église, celle de Pierre Literie, jurat (12 mai 1674), dans la chapelle Saint-Louis, celle de Jacques Laboyrie, sieur du Boscage (12 septembre 1679) (GG 32).

Rechercher
Pessac
Chapitre de livre
EAN html : 9782356136572
ISBN html : 978-2-35613-657-2
ISBN pdf : 978-2-35613-658-9
Volume : 4
ISSN : 2827-1912
Posté le 15/11/2025
26 p.
Code CLIL : 3385
licence CC by SA
Licence ouverte Etalab

Comment citer

Marquette, Jean Bernard, “Monuments disparus du bazadais. La vallée du Lisos (2e partie)”, in : Boutoulle, F., Tanneur, A., Vincent Guionneau, S., coord., Jean Bernard Marquette : historien de la Haute Lande, vol. 2, Pessac, Ausonius éditions, collection B@sic 4, 2025, 1465-1490 [URL] https://una-editions.fr/monuments-disparus-du-bazadais-deuxieme-partie
Illustration de couverture • D’après Villandraut : ruine de la tour située à l’angle sud-est de l’ancienne collégiale (dessin, 1re moitié du XIXe siècle. Arch. dép. Gironde 162 T 4).
Retour en haut