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Les faux, le régime de la preuve, la classification de Mortillet : sur la controverse de Breonio (1885-1889)

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Avant-propos

La seconde moitié du XIXe siècle est l’âge d’or des fraudes en Préhistoire. L’affaire de Moulin-Quignon est sans aucun doute la plus célèbre – elle faisait la une des journaux –, mais la production de faux a été un phénomène très répandu qui a concerné tous les pays européens et tous les matériaux1. L’intérêt pour la préhistoire était alors un phénomène social d’une certaine importance et pour quelques décennies une véritable mode auprès des collectionneurs. Il est donc naturel que le marché ait été alimenté en faux objets2.

Gabriel de Mortillet (1821-1898) avait commencé à poser la question des “fraudes” et des “falsifications” depuis l’annonce de la création en 1865 d’un bureau d’échange et de vente des publications et d’objets préhistoriques3. En 1866, dans un avertissement qui introduit un fascicule des Matériaux (fig. 1), il soulignait déjà que les faussaires agissaient aussi “dans le but de compromettre à la fois les savants et la science4”.

Avertissement sur la présence de faux.
Fig. 1. Avertissement sur la présence de faux.

Pour Mortillet, donc, la production de faux n’est pas seulement une source d’erreur, mais une véritable attaque contre la science car elle remet en cause sa crédibilité. Il était donc essentiel pour une discipline émergente en quête de reconnaissance, comme l’était l’archéologie préhistorique, de disposer de critères communs pour valider l’authenticité des objets. À ce propos, Mortillet écrit :

“La découverte de silex taillés dans le quaternaire vieillissait si fort l’homme, renversait tellement toutes les idées historiques et chronologiques jusqu’alors admises, qu’on s’est armé contre elle de tous les arguments possibles. Parmi ces arguments, il en est un dont on a usé et abusé. L’authenticité des silex taillés a été non seulement mise en doute, mais longtemps niée. Il a fallu répondre à tous les arguments, renverser toutes les objections. De là, la nécessité d’étudier avec soin les divers caractères qui peuvent garantir l’authenticité d’un instrument en silex5”.

Parmi les nombreuses controverses du XIXe siècle portant sur des faux, une place de tout premier plan revient à celle sur les “silex étranges” de Breonio. Vayson de Pradennea observé qu’il s’agit de la controverse sur un faux “qui s’est poursuivie avec le plus d’ardeur, pendant le plus longtemps6”. En effet, l’affaire, déclenchée en 1885, n’a été résolue que dans les années 1930. Célèbre à cette époque-là, elle a été presque oubliée en dehors de l’Italie7.

Je ne reviendrai que sur le début de cette affaire et notamment sur la controverse entre Gabriel de Mortillet et Luigi Pigorini (1842-1925), les chefs d’école de la préhistoire française et italienne, pendant les années 1885-1889. Il s’agit d’un cas d’étude qui nous interpelle sur ce qui fait preuve en préhistoire, sur les modes de formation et d’administration de la preuve et sur la réception de la classification de Mortillet. Ce cas montre aussi combien de facteurs, pas seulement scientifiques, sont en jeu dans une controverse.

Le déclenchement de la controverse

Breonio est un petit village dans le nord-est de l’Italie, non loin de Vérone. Il se trouve sur les Monts Lessini, dans un contexte particulièrement riche en silex où la production de pierres à briquet et à fusil était encore considérable au XIXe siècle8. Des outils préhistoriques y avaient été signalés depuis le XVIIIe siècle et des fouilles avaient été effectuées dans les années 1870.

Le 16 septembre 1881 à Venise, pendant la séance d’Anthropologie du troisième Congrès géographique international, Stefano De Stefani (1822-1892), un amateur devenu inspecteur royal des fouilles (une fonction honorifique), présente, à côté de vrais objets préhistoriques, des silex de forme étrange, principalement en forme de croix, provenant de Breonio9. Les comptes rendus du congrès ne mentionnent pas le débat suivant cette communication, mais les correspondances privées nous informent que des doutes sur l’authenticité de ces silex sont déjà exprimés à Venise par l’anthropologue et ethnologue français Ernest-Théodore Hamy (1842-1908) et par Giuseppe Bellucci (1844-1921), chimiste et préhistorien italien. À Venise, après le discours de De Stefani, Pigorini présente une résolution, approuvée tant dans la session anthropologique que dans la session générale du Congrès10, demandant que le ministère de l’Instruction publique “fasse exécuter par M. De Stefani des fouilles systématiques à l’endroit de la découverte, pour préciser le mode de gisement des objets en question”. Pigorini insiste donc sur l’importance de la découverte, mais souligne aussi ses incertitudes : il fallait en vérifier le contexte.

Cette résolution n’a pas eu de conséquences immédiates, et il n’aurait pu en être autrement sans l’implication directe de Pigorini, qui, grâce à sa position de pouvoir à Rome, pouvait décider de la destination des fonds ministériels11. D’ailleurs, le même Pigorini avait de “forts doutes”, révélés par sa correspondance privée12, et la production de faux dans les Monts Lessini lui était déjà connue avant la conférence de Venise. Quelques mois auparavant (avril 1881), De Stefani avait envoyé à Pigorini un court texte pour le Bullettino di paletnologia italiana (qui ne fut toutefois pas accepté pour la publication), consacré précisément à la production de faux outils en silex13. De Stefani écrivait que “dès l’année 1879, on m’a parlé d’armes et d’outils en silex fabriqués et vendus dans la province de Vicence par des faussaires inconnus” et qu’il avait délibérément acheté un lot de ces matériaux, ensuite soumis à l’expertise de Pigorini sans l’informer de leur véritable nature. Pigorini, raconte De Stefani, “s’est étonné de la façon dont je m’étais laissé corrompre et m’a conseillé d’être très prudent à l’avenir lors de l’achat d’objets suspects de provenance douteuse14”. L’une des fameuses croix en silex qui sera plus tard au centre de la controverse avait même été offerte en plaisantant à Pigorini en 1879 à l’occasion de son mariage, l’informant de la création d’un chimérique ordre chevaleresque de l’“Étoile de Sainte-Anne”, sans même envisager l’hypothèse que la croix puisse être un objet archéologique15.

Malgré ces doutes, le 18 janvier 1885 Pigorini annonça lors d’une séance de la principale institution scientifique italienne, l’Accademia dei Lincei, la donation de silex de Breonio au musée préhistorique-ethnographique de Rome qu’il dirigeait lui-même. Il précisait que certains types “n’ont en aucune manière leurs semblables en Europe, excepté peut-être dans quelques-unes des pièces trouvées en Russie et illustrées par Ouwaroff (sic)16”.

Adrien de Mortillet avait déjà signalé que les matériaux publiés par Aleksej Sergeevič Uvarov comportaient des faux et Gabriel de Mortillet le rappelle dans un court compte rendu de la communication de Pigorini paru dans L’Homme : “Les objets russes cités sont malheureusement des faux qui sont représentés, c’est vrai, dans l’ouvrage d’Ouvaroff (sic), mais que le célèbre archéologue n’a pas introduits dans le musée de Moscou. Il est donc nécessaire d’examiner avec soin les silex taillés des covoli de Breonio17”.

À ce moment-là, Mortillet écrit en privé à Pigorini pour lui faire part de ses doutes, renforcés par l’examen des dessins et d’un moulage que De Stefani lui avait envoyés dans l’espoir de trouver un acquéreur au MAN. La carte postale de Mortillet crée une grande inquiétude chez De Stefani et Pigorini. Ce dernier suspend même la publication d’un article sur Breonio18. C’est alors que Gaetano Chierici (1819-1886), figure fondamentale pour la naissance de la préhistoire en Italie, décide de se rendre à Vérone pour examiner les silex trouvés par De Stefani. Il avait attribué à l’âge du cuivre italien une hache en croissant (“ascia lunata”) en pierre, qui était américaine mais qui était indiquée comme provenant du site de Cumarola, près de Modène, en raison d’une erreur dans la gestion des collections des musées19. Mortillet avait signalé cette erreur (et Pigorini en privé avait partagé cet avis20). Mais même Chierici s’était appuyé sur l’un des objets trouvés à Breonio pour confirmer la présence de ce type de hache en Italie21.

La longue lettre dans laquelle Chierici informe Pigorini des résultats de son examen rappelle une fois de plus les critères adoptés pour vérifier l’authenticité ou non des artefacts en silex. Mais ce qu’il est important de souligner ici, c’est que, bien que confronté à des doutes persistants clairement exprimés dans sa lettre, Chierici opte pour l’idée du “tout vrai ou tout faux22”, défendue avec vigueur par la suite et à la base de l’impossible solution à la controverse qui s’ouvrait alors (fig. 2).

Une planche de l'album de dessins des silex du Breonio par Stefano De Stefani, qui montre bien le mélange d'objets originaux et faux (de Salzani & de Stefani 2013).
Fig. 2. Une planche de l’album de dessins des silex du Breonio par Stefano De Stefani,
qui montre bien le mélange d’objets originaux et faux (de Salzani & de Stefani 2013).

Encouragé par la position de Chierici, Pigorini prend parti en faveur de l’authenticité des matériaux de Breonio et en avril 1885 livre à la presse le court article dans lequel il attribue une signification votive à une pointe de flèche énorme, pesant 1,7 kg (fig. 3)23. C’est alors que Mortillet publie Faux palethnologiques, article où il dénonce l’importance croissante de la falsification des collections “surtout en ce qui concerne la haute curiosité” et propose un grand inventaire des faux en préhistoire. Son propos est donc de caractère général, mais c’est sur Breonio qu’il insiste le plus (quatre pages sur quatorze). Breonio est à l’origine de cet article.

L'énorme pointe de flèche de Breonio (fausse), à laquelle Pigorini attribue une signification votive (de Pigorini 1885).
Fig. 3. L’énorme pointe de flèche de Breonio (fausse), à laquelle Pigorini attribue
une signification votive (de Pigorini 1885).

Mortillet n’entame pas ce débat à la légère. Il avait en Italie un réseau scientifique très solide, construit pendant son exil24. Il connaît Pigorini depuis le début des années 1860 et l’estime sincèrement. Se lancer dans une telle polémique signifie s’exposer au risque de voir se défaire des liens même solides. Au début de la controverse, Mortillet écrit une longue lettre à Pigorini pour “causer à cœur ouvert” et inviter à la prudence : “Réfléchissez et examinez avec soin avant de rien publier. Vous avez une grande et très légitime réputation. Ne la compromettez pas de gaîté de cœur25”.

Il faut rappeler ici que l’article de Mortillet sur les faux est paru dans le deuxième numéro de L’Homme, un journal qui “ne [craint] pas la polémique quand elle est nécessaire, qui [peut] répondre à toutes les attaques dirigées contre les études anthropologiques26”. De plus, pour Mortillet, comme nous l’avons déjà vu, la production de faux est une véritable attaque contre la science. Il savait bien que pour que la recherche en préhistoire acquière un statut scientifique reconnu, il ne fallait consentir à aucune fraude, ni laisser penser que l’on était incapable de distinguer un objet clairement faux d’un authentique, ou encore que la science préhistorique ne fût pas en mesure de démasquer les supercheries. C’est la dignité même de l’archéologie préhistorique en tant que science qui est ici en jeu. Breonio c’est aussi cela. Pendant cinq ans, de 1885 à 1889, Mortillet revient sur cette controverse à plusieurs reprises, ce qui témoigne de l’importance qu’il lui accorde27.

Dessins et uniformité de l’industrie préhistorique

Homme de musée, Mortillet dans le cas de Breonio fondait sa critique uniquement sur la forme des objets. Mortillet connaissait bien la région pour y avoir vécu trois ans pendant son exil italien28 et ne doutait pas de l’authenticité du site. Selon lui, à Breonio

“s’est produit […] la même action qu’à Concise. La localité est très riche en objets préhistoriques authentiques. Tellement riche que ses silex taillés ont déjà été signalés le siècle dernier. Comme en Suisse, c’est au milieu de ce riche mobilier que se sont glissées des pièces fausses qui, comme en Suisse, ont trompé des hommes de bonne foi et de savoir29”.

La réaction de Pigorini se veut immédiate et pour cela elle est publiée dans un quotidien30. La stratégie rhétorique est claire : en se déclarant outragé, il ne se défend pas, mais passe immédiatement à l’offensive, se transformant d’accusé en accusateur :

“M. de Mortillet n’a pas vu ces objets en original ; il n’a pas visité les localités où on les découvre ; il n’a pas étudié les terrains qui les contiennent ; il ne les a pas observés en place ; il n’a, en un mot, accompli aucun des devoirs auxquels il était strictement tenu pour pouvoir monter en chaire et prononcer la sentence31”.

Mortillet répond qu’en effet il ne s’est pas rendu sur place et qu’il n’a pas vu les originaux, mais ajoute :

“j’ai pu étudier les dessins faits et publiés. J’ai même eu entre les mains le moulage peint de la plus grande pièce en forme de pointe de flèche. Cela suffit pour apprécier certaines pièces ; ou alors il faudrait tristement avouer que descriptions et figures ne servent à rien32”.

Pour Mortillet l’illustration scientifique a valeur de preuve : ce sont les dessins qui permettent d’évaluer les nouvelles découvertes et de faire des comparaisons. D’ailleurs, en 1880-81 il avait publié un grand album (Le musée préhistorique) qui se voulait “un musée portatif33”. En traçant les grandes lignes de sa stratégie éditoriale, Mortillet précise le rôle assigné aux dessins dans la construction de la discipline :

“La littérature ou bibliographie essentielle d’une science nouvelle se compose d’un Journal, d’un Traité didactique et d’un Album. Le Journal vient le premier. Il est destiné à poser le problème, à discuter les questions, à réunir toutes les observations, à rassembler tous les faits. […] Lorsque les faits sont bien connus, bien étudiés, il faut les coordonner. C’est alors que doit apparaître le Traité didactique […]34. Mais pour bien apprendre, bien connaître une science se rapportant à l’archéologie et aux sciences naturelles, lire ne suffit pas, il faut voir les objets et les choses. Les traités illustrés d’un plus ou moins grand nombre de figures sont eux-mêmes insuffisants. Un Album aux nombreuses planches, aux figures plus nombreuses encore est indispensable35”.

L’illustration scientifique, la reproduction des matériaux archéologiques, est donc étroitement liée aux modalités de construction du savoir. Les dessins sont réputés essentiels pour l’établissement de la nouvelle discipline, la préhistoire.

Mortillet connaissait bien les critères utilisés pour valider l’ancienneté d’un silex taillé : un chapitre de son manuel de 1883 y était consacré36. Mais dans le cas de Breonio, l’analyse des dessins lui semblait suffisante pour prouver leur non-authenticité. Les dessins montraient des objets aux formes inhabituelles. Et, écrivait Mortillet,

“il faut grandement se méfier de tous ces types nouveaux et insolites. Les industries primitives sont très uniformes, c’est un de leurs caractères essentiels ;au contraire, les faux brillent généralement par leurs allures bizarres, imprévues, toutes nouvelles37”.

Mortillet reprend ici un argument qui avait marqué le débat autour de l’authenticité des découvertes de Boucher de Perthes (il avait été utilisé à la fois par Paul Broca et John Evans en 1859 pour reconnaître et soutenir la validité de ses découvertes38) et se retrouve dans d’autres controverses39. Le caractère répétitif d’un type peut donc acquérir valeur de preuve : il est considéré comme garantie d’authenticité.

Présence de l’archéologue
et validation des faits d’expérience

L’importance des dessins était largement partagée par Pigorini lui-même, qui avait plaidé en faveur d’un album national en 1877 et qui, quelques mois après la parution des premiers numéros du Musée préhistorique de Mortillet, exhortait à nouveau le ministère italien40. Ces années-là, De Stefani a également investi des ressources considérables dans la création d’un album de dessins consacré précisément aux matériaux de Breonio, destiné toutefois (ce n’est sûrement pas un hasard) à rester inédit41. Pourtant, dans sa réponse, Pigorini avait déjà déplacé la construction de la preuve à un autre niveau :

“Je suis revenu il y a peu de semaines des montagnes de la commune de Breonio, où j’ai assisté moi-même à des fouilles qui confirment pleinement les découvertes de M. de Stefani42”.

À une époque où les fouilles étaient menées par des ouvriers avec une présence occasionnelle de l’archéologue, la simple participation de celui-ci au moment de la découverte certifiait en soi la validité de l’observation43. La présence de l’archéologue sur le terrain fonctionnait donc comme un argument d’autorité, idéal pour ceux qui – comme Pigorini – voulaient éviter une confrontation directe.

Au contraire, Mortillet plaide la nécessité de soumettre les silex de Breonio à la validation de la communauté scientifique par leur examen direct. Il écrit à Pigorini :

“Dans l’intérêt de la science il faut savoir qui a raison. Un moyen bien simple se présente. Je vous adresse le programme d’une Exposition internationale des sciences anthropologiques qui aura lieu à Paris en 1889. Pendant cette exposition il y aura une session de nos Congrès préhistoriques. Exposez la série de Breonio. Nos collègues de toutes les nations la jugeront. Mais direz-vous peut-être attendre 1889 est bien long. Et bien provoquez une réunion du Congrès, à Rome, pour l’année 1887. Vous n’aurez pas besoin de déranger les séries. Nous les verrons d’une manière plus complète. Je me mets entièrement à votre disposition pour l’organisation de ce Congrès44”.

C’était, après tout, une pratique très répandue durant les décennies fondatrices de la préhistoire : l’examen direct des objets pendant les congrès n’était pas rare et, dans les cas les plus controversés, comme celui de Moulin-Quignon, il a même été délégué à une commission internationale.

Par ailleurs, une confrontation publique autour des silex de Breonio aurait lieu peu de jours après la lettre citée, à l’insu de Mortillet et Pigorini. Le 16 août 1886, à la séance de la Section d’Anthropologie du Congrès de l’Association française pour l’avancement des sciences à Nancy, Thomas Wilson (consul des États-Unis à Nice) avait présenté certaines pièces qu’il avait ramassées sur le terrain à Breonio45. Philippe Salmon au cours de la discussion qui suivit chercha à définir les critères utiles pour distinguer les originaux des faux :

“Les arêtes de ces pièces toutes neuves sont vives, tandis que dans les vraies pièces, elles, sont plus ou moins adoucies par l’usage ou le roulage. Les instruments antiques sont déshydratés ou présentent d’autres patines facilement reconnaissables ; tantôt c’est du cacholong et tantôt un vernis”.

Mais il n’y avait aucune de ces caractéristiques sur les pièces de Breonio. Au contraire, Salmon remarque que “le maquillage au moyen d’argile” est très suspect. En effet, il montre au public que les pièces apportées par Wilson laissent sur son costume noir des “marques blanches” qui viennent de la carrière où a été extraite la matière première. Au contraire, les objets antiques ont depuis longtemps perdu les traces “de leur carrière d’origine46”.

Pigorini repousse toutefois la proposition de Mortillet. Il insiste pour certifier l’authenticité des “étranges silex” par le seul fait de leur découverte in situ et joue la carte de la création, en 1888, d’une commission ministérielle nationale, chargée d’une fouille officielle de contrôle. C’est la même stratégie suivie deux ans plus tôt en Pologne pour les faux de Mnikow, également dénoncés par Mortillet et avec lesquels Pigorini avait mis en parallèle les faux de Breonio47. Dans la pratique des procédures de contrôle, la création de commissions nationales de contrôle constitue un renversement de la perspective internationale qui avait servi à légitimer la préhistoire à ses débuts, selon une stratégie dont Gabriel de Mortillet avait été le principal architecte.

La commission italienne est composée de Pigorini lui-même, De Stefani et Pompeo Castelfranco48 : c’est-à-dire, trois savants qui avaient soutenu l’authenticité des silex de Breonio. Le procès-verbal de la commission est très instructif49. Il déclare que la controverse est terminée et confie la validation de la preuve apportée par les fouilles de la commission à un groupe de témoins fiables : deux carabiniers royaux, un courrier et le secrétaire municipal (fig. 4). À la signature du procès-verbal, bien entendu, le maire de Breonio apposa un “visa pour authenticité”.

Les fouilles de la Commission ministérielle dans les Monts Lessini (1888). Luigi Pigorini est debout, portant un chapeau blanc ; à côté de lui, sur le sol, se trouve P. Castelfranco. S. De Stefano, vêtu de blanc, se trouve devant les carabiniers, convoqués (avec le courrier et le secrétaire municipal) comme témoins de la régularité du travail (de Salzani & de Stefani 2013).
Fig. 4. Les fouilles de la Commission ministérielle dans les Monts Lessini (1888). Luigi Pigorini est debout, portant un chapeau blanc ; à côté de lui, sur le sol, se trouve P. Castelfranco. S.
De Stefano, vêtu de blanc, se trouve devant les carabiniers, convoqués (avec le courrier et le secrétaire municipal) comme témoins de la régularité du travail (de Salzani & de Stefani 2013).

Même si elle nous fait sourire aujourd’hui, la recherche de témoins pour certifier l’authenticité d’une découverte est une pratique loin d’être inhabituelle, du moins dans la préhistoire italienne de ces années-là et, évidemment, avant la généralisation de l’utilisation de la photographie en archéologie. De nombreux exemples de cette pratique se trouvent dans les publications de Gaetano Chierici, notamment le relevé de la fouille de Castellarano “signé par quatorze témoins” et la reproduction de la coupe stratigraphique des carrières de S. Ilario d’Enza, avec “reconnaissance des signatures” par un conseiller municipal50.

Dominique Pestre a mis en évidence comment “ces modes de validation des faits d’expérience” grâce à des témoins, cette manière de faire preuve que “tel phénomène s’est bien produit hic et nunc”, renvoie à une pratique de démonstration de la preuve dans laquelle c’est “une assemblée de témoins” qui certifie la validité des faits observés, tout comme lors des spectacles expérimentaux, typiques des sciences de la seconde moitié du XIXe siècle, qui remplissaient parfois les théâtres51. La mise en scène de Breonio nous rappelle que les formes de validation d’une preuve scientifique varient au fil du temps, et la préhistoire ne fait pas exception.

Patriotisme et rivalité franco-italienne

La première réponse de Pigorini se conclut avec une attaque directe et personnelle contre Mortillet. Il porte le débat sur le patriotisme et la classification de la préhistoire :

“Il [Mortillet] a crié à la mystification uniquement parce qu’au-delà des Alpes il n’est jamais arrivé de faire des découvertes semblables et parce qu’à cause d’elles se trouvent modifiées ses théories sur la division, sur la succession et sur les caractères des divers âges préhistoriques52”.

Donc Mortillet, d’après Pigorini, a nié l’authenticité des découvertes de Breonio pour des raisons de fierté nationale. Mais c’est l’archéologue italien qui fait du patriotisme (un “patriotisme exagéré”, selon Mortillet53) un élément central de sa stratégie rhétorique dans un contexte social et politique caractérisé par une hostilité croissante envers la France.

Après la création en 1881 d’un protectorat français sur la Tunisie – qui était alors la principale cible des ambitions coloniales de l’Italie – un sentiment anti-français s’était développé en Italie, sanctionné par la Triple alliance avec l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne, signée en 1882 et renouvelée en 1887. Mais les tensions entre les deux pays latins ne se limitaient pas à des questions géopolitiques, elles avaient un caractère beaucoup plus répandu. La France était la principale destination de l’émigration de masse italienne et cette présence massive (en 1881 on comptait environ 240 000 Italiens en France), lorsque se déclenche la crise économique des années 1880, a attiré “les réactions hostiles produites par le syndrome de l’invasion, la concurrence du travail étranger et la tension internationale54”. De nombreux épisodes témoignent de la montée d’un sentiment xénophobe à l’encontre des Italiens. Certains ont eu un large retentissement, comme celui qui s’est déroulé à Marseille en juin 1881 à l’occasion du retour de Tunisie du corps expéditionnaire, avec de graves incidents qui ont duré quatre jours et une véritable chasse à l’Italien, suivie de violentes manifestations antifrançaises dans les principales villes italiennes55.

Il convient ici de rappeler que l’un des thèmes de la propagande catholique libérale, particulièrement forte dans les décennies suivant l’unification italienne, était précisément “la tradition italienne, le ressentiment contre l’étranger56”. D’où les appels répétés à se référer à la tradition italienne des études plutôt qu’à des modèles étrangers57, ou la revendication du droit des Italiens à étudier ce qui est présent dans leur propre patrie, en limitant la présence d’étrangers58.

Il n’est donc pas étonnant que Pigorini vise à transformer la controverse de Breonio en une affaire de défense de la dignité scientifique italienne et une revendication de souveraineté nationale59. Il s’agit de “l’honneur des palethnologues italiens60”. La création de la commission de contrôle, par exemple, avait été sollicitée par Pigorini auprès de la Direction générale des antiquités et des beaux-arts du ministère de l’Instruction publique comme réponse au discrédit que les Français jetaient, selon lui, sur les chercheurs italiens61. Il revendique la compétence des Italiens sur la préhistoire italienne (et souligne l’ingérence des étrangers, en particulier des Français), en la plaçant dans le cadre d’une opinion plus large selon laquelle il valait mieux que chaque savant ne s’occupe que de ce qui se trouvait dans son propre pays62. En 1888, dans un article critique (cette fois à raison) envers l’opinion d’Adrien de Mortillet sur des silex de l’âge du cuivre, Pigorini déclare par exemple :

“Dans l’état général où se trouvent nos études, je crois, en règle générale, que chacun ne devrait parler que de ce qu’il trouve chez lui63”.

Pigorini arrive jusqu’à proposer une sorte de manifeste d’une archéologie national(ist)e :

“Chaque pays a sa propre histoire ancienne et son propre matériel archéologique qui en est l’expression, de telle sorte que pour établir et nommer les périodes de l’une et les classifications de l’autre, nous devons en Italie procéder avec nos critères, ne pas suivre le même chemin que les savants outre-alpins, ni adopter des noms étrangers qui sont pour nous vides de sens quand ils ne nous induisent pas en erreur64”.

Dans un autre article de 1886 Pigorini affirme que, “avant d’écrire un traité général”, il faut procéder à une “illustration palethnologique particulière” pour chaque pays. Mais cette idée n’était pas partagée partout :

“En France, par exemple, beaucoup considèrent la palethnologie comme presque une branche des sciences naturelles, et voudraient que les antiquités primitives portent dans chaque nation des noms égaux à ceux inventés sur les bords de la Seine65”.

Cela nous amène au véritable objectif de Pigorini : une critique radicale de la classification de Mortillet et de la possibilité de son application en dehors de la France, motivée non seulement par le patriotisme mais aussi par une divergence méthodologique et épistémologique, précédant l’affaire de Breonio.

Critique de la classification de Mortillet

En 1884, Pigorini avait publié une mise au point de la méthode de “l’école palethnologique italienne” qui était, en même temps, une critique du Préhistorique de Mortillet. Pigorini écrit qu’en Italie “une théorie mal comprise de l’évolution […] introduite dans l’étude des antiquités primitives” a été désormais abandonnée et que l’on ne croit plus à “un progrès graduel et uniforme de toutes les populations anciennes de notre pays66”. “Seulement certains étrangers – ajouta-t-il – peuvent penser qu’il est légitime de rassembler les éléments les plus différents afin de trouver la matière pour composer un volume67”. La référence à Mortillet est évidente.

Dans son manuel, Mortillet reconnaît en Italie la succession Chelléen – Moustérien et notait l’absence des Magdaléniens comme “étonnante”, proposant d’interpréter certaines industries autour de Rome et de la Sicile comme magdaléniennes68. Pigorini n’était pas d’accord. Il avait soutenu, bien que de manière non organique, la continuité entre la hache chelléenne et les bifaces trouvés dans certains contextes néolithiques69. Et en 1884, Pigorini propose d’identifier des cultures contemporaines différentes dans le Néolithique, dont l’une est considérée comme le développement direct du Chelléen70. La ‘découverte’ d’un culte de la flèche, attesté par la pointe de flèche géante de Breonio et mise en opposition à un culte de la hache néolithique, servait à renforcer cette thèse71.

Pigorini donc, comme d’autres en Europe72, ne reconnaissait pas la signification chronologique des types lithiques, auxquels il attribuait plutôt une signification ethnique. En 1876, Pigorini avait écrit :

“Il y a toujours de nouveaux arguments qui montrent qu’il est impossible de déterminer l’âge géologique d’un outil en silex en le jugeant uniquement par la façon dont il a été façonné73”.

Cela relève d’une difficulté de lecture des outils lithiques et en particulier des bifaces. Cependant, la non-distinction entre bifaces paléolithiques et néolithiques est inscrite par Pigorini dans un cadre interprétatif qui repose sur la persistance des objets et des techniques dans le temps, et sur la coexistence des cultures à différents niveaux de développement74 ; autrement dit, la non-distinction entre l’industrie lithique paléolithique et du Néolithique est expliquée par le principe de survivance, l’un des fondements de l’ethnographie comparée du XIXe siècle. Dans le même article de 1876, Pigorini, qui plaide pour une étude de la préhistoire fondée sur l’ethnographie comparée, cite l’anthropologue Giustianiano Nicolucci (1819-1904) :

“Les outils lithiques des premiers âges n’ont pas été oubliés ou négligés dans les âges suivants, et leur utilisation a continué même dans les périodes les plus récentes75”.

Après le déclenchement de la controverse sur Breonio et le déplacement du débat vers la classification de Mortillet, Pigorini propose une nouvelle lecture du Paléolithique italien. En 1886 il publie à ce sujet un article visant à montrer l’absence en Italie de l’âge du Renne.

L’interprétation proposée par Pigorini n’est pas sans rappeler le cadre dualiste de Dupont pour la Belgique. Pigorini considérait le Moustérien et le Chelléen comme deux phyla parallèles, deux populations différentes qui coexistent dans les mêmes endroits. À l’arrivée des populations néolithiques dans les plaines, le Moustérien persiste, mais bien différent de la culture néolithique, tandis que les populations chelléennes se retirent dans les montagnes, comme en témoigne justement Breonio, où elles survivent jusqu’à l’époque romaine… (“âge de la pierre historique”, selon la définition donnée par Pigorini à Ossowski)76.

Pigorini s’appuie sur des bases documentaires très fragiles. La recherche sur le Paléolithique en Italie souffrait d’un retard considérable, dû en partie au désintérêt ou à la résistance du monde catholique. Il faut rappeler que même Chierici, à qui l’on doit plus qu’à d’autres la première classification du Néolithique et des âges du Cuivre et du Bronze en Italie, et qui était le principal point de référence de Pigorini, estimait que “le Quaternaire en Italie est un rêve, et je ne vois pas la probabilité implicite de son existence dans les régions occidentales77”.

Dans ces années-là Giuseppe Bellucci avait publié ses recherches sur les industries lithiques paléolithiques de l’Italie centrale, louées dans L’Homme78. Il reconnaît que le coup-de-poing chelléen et les pointes moustériennes se rapportent à des époques différentes et n’ont pas de continuité avec le Néolithique79. Pas étonnant, alors, que Bellucci ait pu avouer à Hamy tout son embarras concernant la position de Pigorini sur Breonio :

“Vous aurez vu que M. Pigorini a annoncé la découverte d’objets lithiques dans le Véronais, correspondant aux types américains. Vous vous rappelerez [sic] qu’à Venise nous avons examiné ces objets et nous avons trouvé qu’ils étaient des représentations modernes des types susdits ; la mistification [sic], le trucage, étaient bien évidentes [sic] et pour cette raison nous faisions non seulement des réserves sur l’authenticité de ces objets, mais nous déclarions ouvertement leur fausseté. Or il faut bien de [sic] courage ou de l’hardiesse à proclamer la découverte et à fabriquer des théories pour donner un’explication [sic] de l’étrangeté des types ; je me trouve bien embarassé [sic] car je serai contraint à manifester mon opinion sur l’argument80”.

Il ne s’agit alors pas simplement d’une question de retard de la recherche paléolithique italienne. Breonio était utile aux théories de Pigorini, apportant (parmi d’autres) la “preuve” – qu’il utilisait sans scrupule, comme cela était déjà arrivé dans d’autres cas81 – que tous les types paléolithiques se trouvent dans la même couche et donc qu’il n’était pas possible d’établir une division en phases du Paléolithique. La sériation définie au-delà des Alpes n’était pas valable en Italie. Breonio montrait aussi que certains types ont persisté jusqu’à l’époque romaine, confirmant l’absence de signification chronologique des types lithiques.

Ces interprétations inquiètent Mortillet, d’autant plus qu’elles viennent d’un savant qui fait autorité. “Faut-il, pour faire plaisir aux cléricaux, rajeunir l’âge de la pierre ?”, se demande-t-il82. Ses craintes étaient fondées. La découverte de Breonio est justement instrumentalisée dans les milieux catholiques conservateurs. Dans la Revue des sciences ecclésiastiques, l’abbé Pierre-Julien Hamard, un des concordistes le plus actifs83, qui venait de publier un grand ouvrage sur l’âge de la pierre qui s’attaquait précisément aux opinions de Mortillet, utilise le cas de Breonio pour montrer la supercherie méthodologique de l’archéologie préhistorique qui prétend diviser l’âge de la pierre taillée en différentes phases84. Le mélange de matériaux de périodes différentes et la négation de la valeur chronologique des types lithiques étaient en effet des arguments utilisés par ceux qui, comme Hamard, se préoccupaient de maintenir l’antiquité de l’Homme dans les limites de la chronologie biblique.

Épilogue

Dans la préface du catalogue de l’exposition L’âge du faux. L’authenticité en archéologie, Marc-Antoine Kaeser soulignait à raison comment les débats autour des faux ont largement contribué à la mise en place de critères de scientificité en archéologie85. Martin Rudwick a parlé de “constructive controversies86”. Peut-on en dire autant de la controverse de Breonio ? Elle n’a pas donné lieu à des procédures partagées de vérification et de contrôle scientifiques, elle n’a pas permis la résolution d’un doute, elle a même créé une impasse dans la préhistoire italienne. Par ailleurs, la création d’une commission nationale de validation des résultats a marqué une rupture dans les pratiques de cette communauté scientifique internationale dont la construction avait été au cœur de la stratégie de Mortillet pour la reconnaissance de la préhistoire comme discipline.

L’affaire de Breonio n’a pas eu de conclusion du vivant de ses protagonistes. C’est seulement dans les années 1930 que l’absence de silex étranges dans le mobilier archéologique mis au jour par des fouilles ciblées ont montré que la production de ces pièces avait été liée aux recherches des années 1880. On a alors aussi recueilli le témoignage du fils de l’un des faussaires, qui a raconté comment les faux avaient été produits et quelles précautions étaient prises pour que les artefacts aient l’air anciens (“immergé longtemps dans l’eau bouillante, souillé de terre [et] enterré à l’avance à l’endroit où la fouille devait être faite87”).

Cette supercherie se justifiait par des raisons économiques. Bien que Pigorini l’ait nié, parce que c’était un argument contre lui, nous savons à travers sa correspondance que les ouvriers étaient payés à la fois par jour et à la pièce, et que le montant consacré à l’achat de matériaux était plus élevé que celui consacré aux journées de travail88.

Mais dans le témoignage du fils du faussaire il y a également un élément qui renvoie à la dimension sociale dans la production des faux. Dans la mémoire collective du pays, le succès des faux reste en effet comme “une moquerie des montagnards incultes au détriment des citoyens savants89”. En somme, Mortillet avait bien raison lorsqu’il rappelait aux lecteurs de Matériaux en 1866 que la production de faux risque de “compromettre à la fois les savants et la science”.


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Remerciements

Les documents d’archive utilisés dans cet article ont été relevés au cours d’une bourse de recherche “Research in Paris” dont cet article est un produit tardif. Je tiens à remercier Alain Schnapp pour le soutien qu’il m’a apporté à l’époque. Je remercie aussi Noël Coye, Arnaud Hurel et Nathan Schlanger pour nos échanges  autour de l’histoire de la préhistoire. Enfin, je remercie Anaïs Delivre pour la relecture du texte en français.

Notes

  1. Sur le faux en préhistoire le point de départ est toujours Vayson de Pradenne 1932. Pour une mise à jour, voir le catalogue de l’exposition L’âge du faux. L’authenticité en archéologie (Kaeser 2011). Sur la supercherie de Moulin-Quignon : Hurel & Coye2016. Sur le rapport entre faux et régime de la preuve en préhistoire : Cohen 2011, 197-224.
  2. En 1866 John Evans expliquait le développement des fraudes par la loi de l’offre et de la demande (Schlanger 2011, 469). Sur “le marché de l’objet préhistorique” : Coye 1997, 126-127.
  3. Mortillet 1865, 8.
  4. “Collectionneurs, prenez garde à vous ! […] On annonce qu’un fabricant d’objets antéhistoriques bien connu n’a pas renoncé à ses habitudes. Grand mystificateur, dans le but de compromettre à la fois les savants et la science, il sème des faux un peu partout” (Mortillet 1866, 369).
  5. Mortillet 1883, 151.
  6. Vayson de Pradenne (1932, 231-277) consacre le chapitre le plus long de son ouvrage précisément à Breonio. Il fait référence pour une reconstruction “interne” de détail de la controverse sur la base des sources imprimées.
  7. En Italie l’étude de la controverse Breonio a été relancée par un congrès consacré au découvreur des “silex étranges”, Stefano De Stefani (Salzani & Brugnoli 2002). Boaro 2002 fournit une excellente reconstitution de la controverse côté italien et de la manière dont les découvertes de Breonio s’inscrivent dans le cadre interprétatif général proposé par Pigorini. Contributions et documents inédits sont aussi dans Salzani & de’ Stefani 2013. Philippe Roux a dédié un chapitre de sa thèse (Roux 2008, 403-417) à la controverse de Breonio et particulièrement aux voyages d’Adrien de Mortillet dans la région.
  8. Sur cette question, cf. Longo & Chelidonio 2002, avec bibliographie.
  9. De Stefani 1884 et De Stefani 1886 ; voir aussi Chierici 1881a. Sur la nomination de De Stefani comme inspecteur honoraire et sa relation fiduciaire avec Pigorini, voir Boaro 2002, 46-47.
  10. Voir Atti 1884, vol. I, 284 et Atti 1884, vol. II, 357 (trad. de Vayson de Pradenne 1932, 233).
  11. Rappelons que Pigorini était alors titulaire de la seule chaire permanente de préhistoire en Italie et directeur de l’unique musée national de préhistoire.
  12. Luigi Pigorini à Gaetano Chierici, 17 avril 1885 (“les doutes que nous avions déjà au moment de notre réunion à Venise”) et 21 avril 1885 (les remarques de Chierici “détruisent même l’ombre de forts doutes que j’avais”). Lettres reproduites dans Magnani 2010, 180 (trad. de l’italien).
  13. Pour l’histoire de ce manuscrit, voir Boaro 2002, 55 ; Macellari 2002, 111.
  14. De Stefani [1881] 2013, 54 (trad. de l’italien).
  15. Brugnoli 2006 ; Boaro 2002, 54.
  16. Pigorini 1885a, 64 (trad. de Vayson de Pradenne, 1932). La donation a été faite par l’orientaliste suédois Carlo Landberg (1848-1924), qui avait séjourné en Italie pendant longtemps et avait reçu le titre de comte par le gouvernement italien (à la suite de cette donation selon Mortillet 1889a, 468).
  17. Mortillet 1885a, 154.
  18. Voir la lettre déjà citée de Pigorini à Chierici datée du 17 avril 1885 (dans Magnani 2010, 180), ainsi que les lettres de De Stefani à Chierici (dans Macellari 2002, 112-113 et 117).
  19. Sur la question de Cumarola, cf. Vayson de Pradenne 1932, 234 et 238-244.
  20. L. Pigorini à G. Chierici, 8 avril 1885 (reproduit dans Magnani 2010, 185).
  21. Chierici 1885, 134-136.
  22. Boaro 2002, 61-62.
  23. L. Pigorini a G. Chierici, 21 avril 1885 (Magnani 2010, 180-181).
  24. C’est grâce à ce réseau que Mortillet a pu promouvoir la fondation du Congrès international d’anthropologie et archéologie préhistoriques lors du congrès de la Société italienne des sciences naturelles en 1865. Voir Kaeser 2001. Sur les rapports entre Mortillet et Pigorini dans les années 1864-1878, voir maintenant Cupitò & Donadel 2024.
  25. G. de Mortillet à L. Pigorini, 6 août 1886 (Fonds Pigorini, Dipartimento dei beni culturali dell’Università di Padova). Le brouillon de cette lettre est dans Roux 2008, 404-405.
  26. “Programme”, L’Homme 1884, 2 (cité par Richard 1989, 233).
  27. Mortillet 1885a, 1885b, 1885c, 1886a, 1886b, 1887, 1889a, 1889b.
  28. Mortillet 1889a, 469.
  29. Mortillet 1885b, 524-525. Sur Concise cf. Fischer et al. 2011.
  30. Il s’agit de L’opinione, à cette époque-là un grand quotidien national. L’article est ensuite reproduit ainsi dans le Bullettino di paletnologia italiana. Sur la stratégie de Pigorini voir aussi Vayson de Pradenne 1932, 244.
  31. Pigorini 1885c (trad. de Vayson de Pradenne 1932).
  32. Mortillet 1885c, 664 (italique ajouté).
  33. Mortillet 1881, “Introduction” (non paginée).
  34. La publication d’un manuel est toujours un passage fondamental dans la définition d’un nouveau champ disciplinaire.
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  36. Mortillet 1883, 151-157. Voir aussi le chapitre consacré aux “Caractères de la taille intentionnelle” (ibid., p. 79-85).
  37. Mortillet 1885b, 523-524.
  38. Richard 2008, 74-75 ; Coye & Hurel 2011, 413. Sur la procédure d’authentification dans Evans, voir Schlanger 2011, 468-470.
  39. Le même argument se retrouve par exemple utilisé en 1867 par l’abbé Bourgeois à propos des silex de Thenay (“la reproduction multipliée de certaines formes”, cit. dans Mortillet 1883, 86).
  40. Macellari & Tirabassi 2014.
  41. Il a été publié par Salzani & de’ Stefani 2013.
  42. Pigorini 1885c (trad. de Vayson de Pradenne 1932, 245).
  43. Coye 1997, 131-135.
  44. G. de Mortillet à L. Pigorini, 6 août 1886 (Fonds Pigorini, UniPD). L’invitation fut renouvelée dans une lettre du 30 septembre 1886, cette fois à propos d’un congrès à tenir à Toulouse en 1887.
  45. Wilson 1886.
  46. Débat dans L’Homme, 3 (1886), 181 ; compte rendu critique dans le Bullettino di paletnologia italiana, 12 (1886), 259.
  47. Cf. Pigorini 1887 et la réponse de Mortillet (1887). Sur les faux de Mnikow voir Bogucki 1979. Le Museo nazionale preistorico-etnografico de Rome (MPR) conserve la correspondance entre Pigorini et Gotfryd Ossowski (1835-1897), le découvreur de Mnikow. Les lettres, limitées aux années 1886-87, portent précisément sur la comparaison entre les deux sites et sur l’échange d’objets. Les références aux positions critiques de Mortillet, parfois très sévères, ne manquent pas (e.g. : “Les Messieurs de Mortillet et C., qui nous appellent des mistifiès [sic], sont des fous, de véritable fous !”, L. Pigorini à G. Ossowski, 24 novembre 1886 ; “M. Mortillet joue vraiment dans cette affaire de Breonio-Mnikow le rôle très comique d’un véritable bouffon”, G. Ossowski à L. Pigorini, 23 fevrier 1887). Je remercie Mario Mineo de m’avoir facilité la consultation de ces lettres.
  48. Pompeo Castelfranco (1843-1921) était un savant de grande envergure, en contact direct avec Gabriel de Mortillet. Après un scepticisme initial, il s’est convaincu, à la suite de fouilles personnelles, de l’authenticité des étranges silex de Breonio, informant personnellement et avec enthousiasme Mortillet, qui publie cette lettre dans L’Homme (1886, 578). Voir Vayson de Pradenne 1932, 251-254 ; Boaro 2002, 64-66 ; Roux 2008, 405-407.
  49. Publié sur le Bullettino di paletnologia italiana, 14 (1888), 142-145.
  50. Voir, respectivement, Chierici 1877, 168 et Chierici 1881b, tav. VIII.
  51. Pestre 2006, 67-68. On relève aussi une certaine théâtralité dans le geste de Philippe Salmon, évoqué plus haut, de passer les silex de Breonio sur son costume noir. Sur l’administration et la réception de la preuve voir aussi Pestre 2013, 19-42.
  52. Pigorini 1885c (trad. de Vayson de Pradenne 1932, 245, partiellement révisée).
  53. Mortillet 1886a, 393.
  54. Milza [1993] 2004, 118 et 70. Sur la rivalité franco-italienne en Tunisie, voir Milza 1981, 32-44 ; ibid., p. 176 pour les statistiques sur la présence d’immigrés italiens en France.
  55. Sur les événements de Marseille, voir Milza [1993] 2004, 128-131.
  56. Landucci 1977, 97.
  57. Voir par exemple le souhait exprimé par Ariodante Fabretti (1878, 23) que le modèle du grand archéologue Gian Carlo Conestabile (1824-1877) incite “la jeunesse italienne à pénétrer dans la connaissance des antiquités avec des intentions nationales, et non en acceptant avec un amour sans bornes des formes et des concepts étrangers”.
  58. L’alpinisme scientifique, pour ne citer qu’un exemple important, trouve ses origines (aussi) dans le désir de mettre en valeur les capacités scientifiques des Italiens et, en même temps, de revendiquer leur domaine de compétence sur le territoire national.
  59. La perception de Mortillet comme “ennemi” par certains chercheurs italiens est bien illustrée par une lettre d’Antonio Parazzi datant de 1886 (cité par Trevisan 2020, 271).
  60. Pigorini 1886a, 63.
  61. Pessina 2002, 91.
  62. Voir aussi l’attaque contre Cartailhac dans Pigorini 1886c (Cartailhac répondra en privé, rejetant de manière résolue les arguments de Pigorini : E. Cartailhac à L. Pigorini, 18 octobre 1886, Fonds Pigorini, UniPD).
  63. Pigorini 1888, 3 (trad. de l’italien). Presque deux ans après leur dernière lettre, Mortillet écrit à Pigorini pour protester précisément contre cette affirmation (G. de Mortillet à L. Pigorini, 11 mars 1888, Fonds Pigorini, UniPD).
  64. Pigorini 1886b (trad. de l’italien).
  65. Pigorini 1886d, 19 (trad. de l’italien).
  66. Pigorini 1884b, 435-436 (trad. de l’italien).
  67. Pigorini 1884b, 437 (trad. de l’italien).
  68. Mortillet 1883, 449-450.
  69. Pigorini 1876.
  70. Pigorini 1884a et 1886b ; Boaro 2002, 59.
  71. Pigorini 1885b ; Boaro 2002, 60.
  72. Voir les positions de Louis Rioult de Nauville, Salomon Reinach et Édouard Dupont (Coye 1997, 145 et 149).
  73. Pigorini 1876, 123 (trad. de l’italien). Cette opinion était partagée par Gaetano Chierici (1878). Sur la conception ethnique de la culture matérielle de Pigorini, voir aussi Boaro 2002, 70-71. Il faut noter que la même difficulté de lecture des bifaces conduisit Capitan à se prononcer pour la survivance de types paléolithiques dans le Campignien (Coye 1997, 233).
  74. Pigorini 1884b, 435-436.
  75. Cit. in Pigorini 1876, 123 (trad. de l’italien).
  76. L. Pigorini à G. Ossowski (brouillon), 24 novembre 1886 (MPR, f. 357).
  77. G. Chierici à P. Strobel, 23 juin 1876 (Magnani 2010, 185).
  78. Bellucci 1884. Voir le compte rendu de E. Marceti dans L’Homme,I (1884), 567-568.
  79. Voir la critique plus tardive dans Pigorini 1887.
  80. G. Bellucci à T. Hamy, 29 juin 1885 (Archive du MNHN, Fonds Hamy, Ms 2256).
  81. Voir par exemple le cas de Bovolone : Peroni 1992, 35-36.
  82. Mortillet 1886a, 385.
  83. Sur Hamard, cf. Defrance-Jublot 2021, 128-132.
  84. Hamard 1887a, 233-234 ; Hamard 1887b, 394-395.
  85. Kaeser 2011. Voir aussi Richard 2008, 93.
  86. Rudwick 2017.
  87. Témoignage écrit cité par Salzani 2002, 150 (trad. de l’italien).
  88. Boaro 2002, 57.
  89. Salzani 2002, 149 (témoignage recueilli par l’ethnologue Olindo Falsirol en 1933) (trad. de l’italien).
ISBN html : 978-2-35613-552-0
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Article de colloque
EAN html : 9782356135520
ISBN html : 978-2-35613-552-0
ISBN pdf : 978-2-35613-554-4
ISSN : 2741-1508
14 p.
Code CLIL : 4117; 3494;
licence CC by SA

Comment citer

Tarantini, Massimo, “Les faux, le régime de la preuve, la classification de Mortillet : sur la controverse de Breonio (1885-1889)”, in : Cicolani, Veronica, Lorre, Christine, Hurel, Arnaud, dir., Le printemps de l’archéologie préhistorique. Autour de Gabriel de Mortillet, Pessac, Ausonius Éditions, collection DAN@ 11, 2024, 139-152 [en ligne] https://una-editions.fr/mortillet-sur-la-controverse-de-breonio-1885-1889 [consulté le 17/07/2024]
doi.org/10.46608/DANA11.9782356135520.12
Illustration de couverture • • Gabriel de Mortillet, excursion aux carrières de Chelles (Seine-et-Marne) en 1884 (Fonds photographique ancien, fondation Institut de paléontologie humaine, Paris)
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