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Multilinguisme à Dimé (Fayoum)

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La mise à jour de cet article a bénéficié des travaux sur les papyrus inédits étudiés dans le cadre du projet franco-allemand DimeData, financé par l’ANR et la DFG : ANR-17-FRAL-0004-01 et 02 – DFG 389429869.

La conquête romaine de l’Égypte n’a pas entraîné l’éviction de la langue grecque au profit de la langue des nouveaux conquérants, le latin. Si le latin a été employé dans la haute administration, dans l’armée et dans des milieux romains, le grec est resté la langue de prestige ainsi que la langue de l’administration courante qui s’est même définitivement imposée au détriment de l’égyptien démotique. Mais l’égyptien n’a pas disparu et il était toujours employé pour l’administration interne d’un temple égyptien comme celui de Soknopaios à Dimé dans le Fayoum. La masse de rouleaux comptables et administratifs démotiques découverts dans les archives du temple, encore largement inédits, permet d’étudier la vitalité de la langue égyptienne jusqu’à la fin du IIe siècle p.C. La présence, dans le même village, d’une documentation grecque tout aussi considérable, contrastant avec la quasi-absence de papyrus latins1, offre un cadre intéressant pour l’étude du multilinguisme dans l’Égypte romaine.

Le village de Dimé était, à l’époque romaine, un poste de douane au nord du Fayoum, sur les routes du désert menant à Alexandrie au nord, et à l’oasis de Bahariya au sud. Les traces de cette activité sont connues par un grand nombre de reçus de taxes de douane, en grec, datés de la moitié du Ier au début du IIIe siècle p.C.2 Le village était surtout un centre religieux avec son temple principal consacré au dieu crocodile local appelé Soknopaios, “Souchos seigneur de l’îleˮ, et à sa parèdre Isis Néphersès. Le temple existait peut-être avant l’époque hellénistique mais le village semble s’être développé au IIIe siècle a.C. au moment de la mise en valeur du potentiel agricole du Fayoum3. À l’époque romaine, le temple de Soknopaios était un temple de premier rang4. Le village semble avoir été abandonné dans la deuxième moitié du IIIe siècle p.C., pour des raisons que l’on ignore, mais des traces d’occupation ponctuelle sont encore visibles après cela5.

Dimé est l’un des sites qui a livré le plus de papyrus en grec et en égyptien pour les trois premiers siècles de l’occupation romaine. Majoritairement découverts dans des fouilles clandestines menées à la fin du XIXe siècle dans le Fayoum, beaucoup de ces papyrus sont aujourd’hui conservés dans des collections à Berlin, Vienne, Londres ou Paris avec peu d’informations sur leur provenance, ou avec des confusions par rapport aux trouvailles sur d’autres sites comme Karanis ou Crocodilopolis, la métropole du Fayoum6. Ces papyrus sont surtout en grec et en égyptien7, et l’on peut se demander si cette documentation bilingue reflète le bilinguisme de la population. 

L’évaluation de la langue parlée à partir de sources écrites est cependant malaisée. Le matériel écrit provient en effet du travail de scribes professionnels ou de personnes lettrées qui ne représentent pas la majorité de la population. D’autre part, le contexte et la nature des sources sont essentiels : certains textes sont destinés à être conservés plus que d’autres. D’où proviennent les textes qui nous sont parvenus ? D’archives privées, publiques, de dépotoirs ?8 Si l’on ne possède, par exemple, presqu’aucune lettre en démotique pour l’époque romaine, alors qu’on en trouve dans les archives de prêtres de l’époque ptolémaïque, est-ce le fait du hasard de la conservation et des trouvailles, ou de la disparition d’une pratique à cause d’une “crise de l’expression écrite égyptienneˮ9 ?

L’objectif de cet article est d’examiner où et de quelle manière les traces d’un éventuel multilinguisme peuvent s’exprimer. Il s’agira ainsi d’envisager la question du multilinguisme à l’échelle du village, puis au sein du temple, l’institution principale du village et, enfin, à l’échelle plus spécifique des individus, en l’occurrence les prêtres de ce village sacerdotal.

Le village de Dimé n’est certainement pas le cas le plus représentatif de la situation multilingue en Égypte à l’époque romaine puisque sa situation, au nord du Fayoum, de l’autre côté du lac au bord du désert, le plaçait à l’écart des autres villages du Fayoum. Il y avait, en outre, peu de terres cultivables, si bien que les colons grecs et égyptiens ne s’y sont pas installés10. La population était surtout composée des prêtres en activité dans le temple de Soknopaios.

Des ostraca démotiques conservent des listes de prêtres répartis par équipes (phylai) en charge à tour de rôle du culte quotidien, ce qui permet d’avoir une idée du nombre de ces prêtres11. Sachant qu’il y avait cinq équipes de prêtres et que les ostraca donnent des chiffres allant de 20 à 30 prêtres par équipe, il devait y avoir au moins 130 prêtres dans le temple au Ier siècle p.C.12 Un compte démotique inédit de l’an 6 et 7 de Néron mentionne des chiffres encore plus élevés pour chaque phylè : 97 personnes (1ère phylè), 45 personnes (2e phylè), 78 personnes (3e phylè), 72 personnes (4e phylè), 68 personnes (5e phylè), soit un total de 360 personnes13. Un registre fiscal en grec indique qu’il y avait encore 169 prêtres dans le village en 179 p.C., après l’épidémie de peste qui, dans les années 160, aurait pourtant fait 80 morts parmi les prêtres14. Enfin, un papyrus daté après 186 fait connaître le nombre de 160 prêtres15. Les estimations du total de la population, fondées sur ces registres fiscaux, tournent donc autour de 900 à 1100 habitants à la fin du IIe siècle p.C.16 Les prêtres et leur famille (femmes et enfants) représentaient sans doute la moitié de la population.

D. Hobson a étudié, en 1980, 217 documents grecs (contrats de vente, de prêt, de mariage, recensement et autres) dans le but d’identifier le statut ethnique (Grecs et Romains), des propriétaires de biens immobiliers (maisons) et mobiliers (esclaves, chameaux, ânes) dans le village de Dimé17. Dans son étude de l’onomastique, elle ne trouve aucun nom romain, à l’exception d’un Sempronius fils de Panas fils de Sempronius, dans un papyrus de 208 p.C.18 Mais ce Sempronius est un prêtre, son frère porte le nom de Stotoètis, typique du village, et il y a peu de chance qu’il s’agisse là d’un citoyen romain. Du côté de l’onomastique grecque, D. Hobson ne recense qu’un seul Artémidoros, fils d’Artémidoros19. Les autres noms grecs et grécisés sont ceux de douze individus qui ont tous des parents avec un nom égyptien. Le reste des propriétaires portent des noms égyptiens. En regardant, de mon côté, dans les 41 contrats bilingues égyptiens/grecs publiés par S. Lippert et M. Schentuleit, les quatre noms grecs qui apparaissent parmi les contractants sont également imbriqués, d’après la filiation, dans des familles égyptiennes. Il y a par exemple un Lampôn, fils de Psenamounis (nom égyptien) et d’Isidôra (nom grec)20. On trouve aussi quelques noms sémitiques comme Sara, fille de Konnos21. Mais là encore, le reste de la famille porte des noms égyptiens et Sara pourrait être un nom égyptien abrégé. D. Hobson avait également étudié les fonctionnaires villageois (chefs de police ou percepteurs d’impôts). Là encore, les noms égyptiens prédominent. Seuls les fonctionnaires de passage pour le contrôle du travail sur les digues portent des noms grecs et romains, mais ce ne sont pas des habitants du village.

Enfin, parmi les employés du grapheion, l’office notarial local, le responsable (ὁ πρὸς τῷ γραφείῳ) porte, à l’époque d’Auguste, un nom grec : Ptolémaios, Sotérichos, Léonidès ou Tryphôn22. Il travaille avec un partenaire égyptien. À partir du règne de Tibère, le notaire égyptien qui rédigeait les actes en démotique semble seul responsable du grapheion. Mais en l’an 10 de Claude (50 a.C.), le responsable du grapheion de Soknopaiou Nèsos, Nilopolis et Hérakleia s’appelle Hermias fils de Neilos23. Après lui et jusqu’au dernier acte conservé datant des alentours de 83 p.C., les papyrus sont lacunaires. Il est logique qu’il y ait eu des Grecs, ou des Hellénophones, dans l’office notarial du village, puisque l’enregistrement des actes en grec était obligatoire24. Parmi les assistants (hypographeis) qui rédigeaient les souscriptions grecques dans les actes bilingues se trouve un certain Zoilos fils de Léonidès, actif sous le règne de Claude, dont le fils est actif sous le règne de Domitien25. Il y avait aussi cependant, parmi les hypographeis, des Égyptiens capables d’écrire en grec pour la population qui ne savait pas écrire. La qualité du grec permet, parfois, de reconnaître un Égyptien, en particulier l’indistinction des consonnes sourdes et sonores (δ/τ, β/π, γ/κ)26. Dans ce cadre, donc, le bilinguisme est perceptible. En dehors de cela, la langue orale pratiquée dans les familles sacerdotales, qui composaient la moitié de la population, était sûrement l’égyptien.

Dans le cadre du temple, la question du multilinguisme peut être étudiée à travers un ensemble de textes qui faisaient peut-être partie des archives du temple. Il s’agit de fragments de registres contenant la copie de reçus émis par l’ensemble du clergé égyptien27. Certains de ces reçus étaient encore enroulés quand ils ont été découverts28. D’autres fragments de registres conservent des accords-hn.w, accords passés entre le temple et des particuliers, en vue d’exercer un travail dont les obligations sont précisément définies et détaillées29. Enfin, un grand nombre de comptes sont également conservés30. Le fait que plusieurs de ces documents aient été rédigés par des scribes des prêtres ou au nom de l’ensemble du clergé invite à penser qu’il s’agit d’archives du temple, mais il pourrait aussi s’agir des archives de plusieurs scribes des prêtres.

Des textes non documentaires faisaient certainement partie de la bibliothèque sacerdotale des prêtres. Si l’on suit Martin Stadler dans l’identification des textes attribuables à l’école scribale de Dimé, on constate que, du point de vue du contenu, le temple semble s’être spécialisé dans la copie d’ouvrages rituels ou techniques : il y a, en effet, peu de narrations et aucun texte funéraire31. Du point de vue de la langue, les compositions sont en démotique ou en égyptien de tradition. Enfin, du point de vue de l’écriture, l’écriture démotique domine, et les papyrus en hiératique ou en hiéroglyphes sont peu nombreux32.

Des documents grecs appartenaient peut-être aux archives du temple, mais le travail de rassemblement des textes reste encore à mener33. Par rapport à la masse de documents grecs provenant du village, les textes concernant le temple ne sont pas nombreux : ils représentent moins de 10 % de l’ensemble de la documentation grecque34. Néanmoins les fouilles menées sur le site par l’université de Lecce, sous la conduite de Paola Davoli et de Mario Capasso, ont mis au jour, dans l’enceinte du temple, une centaine de fragments de papyrus grecs, majoritairement des textes documentaires35. Les textes grecs publiés jusqu’ici concernent les relations entre le temple et l’administration centrale : pétitions, déclarations, listes. Des questions oraculaires en grec ont également été découvertes dans l’enceinte du temple, mais ces textes étaient probablement rédigés en dehors du temple par des scribes publics et apportés en deux exemplaires dont un seul était rendu à la personne qui venait consulter l’oracle ; l’autre était peut-être conservé dans les archives ou bien simplement jeté. Le passage du démotique au grec pour ces sources, entre l’époque ptolémaïque et l’époque romaine, vient probablement du fait que les écrivains publics à l’époque romaine n’étaient plus formés en démotique36.

Quant aux éventuels textes littéraires et exercices scolaires grecs, il est difficile de savoir s’ils proviennent du temple. Mario Capasso mentionne un fragment possiblement littéraire dans les papyrus découverts en fouille37. D’autres textes littéraires apparaissent au recto ou au verso de textes égyptiens et pourraient, s’ils n’ont pas été récupérés d’ailleurs, provenir du temple. Un fragment littéraire avec un extrait d’Homère et deux problèmes géométriques (peut-être scolaires) ont été remployés pour des comptes démotiques au verso38. Peut-être un prêtre égyptien avait-il remployé ses cours de grec pour la comptabilité du temple. À l’inverse, un fragment de compte en démotique a été remployé pour un horoscope grec39. Si le fragment fait partie des archives du temple, ou d’un prêtre, le remploi pourrait montrer un intérêt pour l’astrologie grecque. Mais la question des remplois est compliquée et plus complexe encore quand on sait peu de chose sur la provenance des documents40. Il est également difficile d’identifier des mains qui auraient écrit à la fois le grec et l’égyptien dans ces textes bilingues.

Les reçus démotiques de décharge (Entlastungsquittungen) conservent, quant à eux, une trace certaine de prêtres du temple écrivant en grec, mais il s’agit seulement de signatures. Le grec est maladroitement tracé et la déclinaison (pour le patronyme) est erronée, ce qui est caractéristique de l’écriture des scribes illettrés (bradeôs graphontes). Dans les neuf reçus du même type rédigés entre 11 et 5 a.C., sept prêtres signent, à plusieurs reprises, en grec41. Dans les cinq reçus postérieurs, de 84/85 p.C. au règne d’Antonin le Pieux ou Marc Aurèle, un seul prêtre signe une seule fois en grec42. Le titre de ces prêtres qui signent en grec n’est pas indiqué : deux pourraient être des hégoumènoi des prêtres qui émettent une pétition au préfet Caius Turranus sous Auguste, au nom de l’ensemble du clergé de Soknopaios43. Mais les noms Tésès et Hérieus, dans cette pétition grecque, sont tellement courants que l’identification ne saurait être assurée. Dans tous les cas, dans le contexte de documents administratifs internes au temple, de telles signatures en grec sont un signe distinctif, une volonté d’afficher un certain bilinguisme en utilisant l’écriture de prestige.

Ainsi, dans cette masse documentaire concernant le temple, que j’appelle “archives du templeˮ, l’égyptien est beaucoup plus employé que le grec. L’égyptien sert surtout à l’administration interne (reçus, accords, comptes) et à la copie de textes rituels et techniques. Le grec est employé pour la correspondance administrative externe. On le trouve aussi, pendant une petite période au tournant du millénaire, dans les signatures de certains prêtres dans des documents démotiques.

Une étude plus précise du multilinguisme à l’échelle des individus peut être menée à partir de trois études de cas : un dossier d’inscriptions sur des statues privées datées de la fin de l’époque ptolémaïque et du début de l’époque romaine ; la famille de Satabous fils de Hérieus le jeune, une famille sacerdotale bien identifiée au Ier siècle a.C. et p.C. ; enfin, chez un prêtre qui a vécu à la fin du deuxième siècle et au début du IIIe siècle p.C.

La population égyptienne de Dimé et les prêtres égyptiens étaient nécessairement en contact avec la langue grecque pour des questions administratives, commerciales (notamment la vente de chameaux, importants pour les caravanes qui empruntaient la voie du désert) et judiciaires (dans le cadre de conflits). Le grec était également, comme à l’époque ptolémaïque, et même dans ce village plutôt conservateur des traditions égyptiennes, la langue de prestige, que l’on retrouve dans la statuaire privée et qui traduit, à défaut d’un bilinguisme réel, un multiculturalisme certain. En témoignent plusieurs statues de prêtres qui ont été étudiées par J. Bingen et qui sont datées de 50 a.C. à 50 p.C., soit une période de temps assez limitée44. Ces statues reprennent des formes traditionnelles égyptiennes, mais elles sont dotées d’inscriptions en grec qui se distinguent par l’emploi d’abréviations, caractéristiques des papyrus documentaires. Cet emploi, contraire à la tradition épigraphique, s’explique sans doute parce que c’était le grec le plus familier aux Égyptiens qui faisaient rédiger les inscriptions. Il s’agirait là, selon J. Bingen, d’un exemple de cet art hybride gréco-égyptien qui s’est développé à la fin de l’époque hellénistique et a fleuri surtout sous les Romains45.

L’une de ces statues pourrait être rattachée aux documents qui concernent la famille de Satabous, fils de Hérieus le jeune, dont Maren Schentuleit a commencé à rassembler les archives46. Satabous était prêtre de la 2e phylè. Il a exercé la fonction de scribe des prêtres de 11 à 5 a.C. Il est le copiste d’une œuvre littéraire et signe sous la copie d’une autre œuvre qui n’est pourtant pas copiée de sa main. Il est mentionné dans des contrats démotiques sur des biens immobiliers qu’il achète, avec souscriptions grecques, et dans les traductions grecques de ces contrats rédigées pour un procès (pour des juges hellénophones). Satabous est, en effet, surtout connu par les papyrus grecs, à cause d’un procès où il a été accusé d’appropriation illégale de biens. Il est connu aussi dans d’autres affaires, où il est lui-même pétitionnaire (pour vol, et pour absence de remboursement d’un prêt)47.

Ce prêtre, lettré en démotique, passait par l’administration grecque pour les transactions liées à des biens, et pour des plaintes auprès de fonctionnaires de l’administration centrale. Sans doute maîtrisait-il le grec, à l’oral, mais il est difficile de déterminer s’il savait écrire en grec. Dans le contrat concernant la maison qu’il achète au prophète et archistoliste de Souchos, Chairèmon fils de Herodès, un prêtre égyptien avec un nom grec, originaire d’un autre village du Fayoum, mais propriétaire à Dimé, Satabous signe en démotique après la souscription en grec de Chairemon48. La signature en grec était, à cette époque, obligatoire pour la première partie (le vendeur) mais pas pour la deuxième partie (l’acheteur) : Satabous n’avait donc pas besoin de signer en grec. Pour deux de ses fils, la maîtrise du grec est perceptible : Hérieus l’aîné est, en effet, hypographeus pour sa sœur dans l’acte de mariage de celle-ci en 28(?) p.C.49 ; Hérieus le jeune, en 54 p.C., emprunte avec sa femme 260 dr. à un tisserand de Nilopolis, et signe en grec : 

Ἔγραψεν ὑπὲρ αὐτν Ζωίλος Λεονίδου δ̣ιὰ τὸ µὴ εἰδέναι αὐτοὺς γράµ̣µ̣ατα ἀλλὰ Ἑριεὺς πλατύτερος γράφι{ς}. (3e main) Ἑρηος Σαταβους ἐπι⟨τε⟩τα⟨χα⟩ γράφι⟨ν⟩. (4e main) Ψενάµουνις Παουτ̣ο̣ς δεδάνικα καθὼς πρόκιται. Ἔγραψεν̣ ὑ̣π̣ὲ̣ρ̣ αὐτοῦ Ἥρων Ἑρµίου διὰ τὸ µὴ εἰδένε αὐ̣τ̣ὸ̣ν̣ γράµµατα.

A écrit pour eux Zôilos fils de Leônidès, parce qu’ils ne connaissent pas le grec, mais Hérieus écrit lentement. Moi, Hérieus, j’ai ordonné d’écrire. Moi, Psenamounis, fils de Paous, j’ai prêté, comme ci-dessus mentionné. A écrit pour lui Hérôn fils de Hermias car il ne connaît pas le grec.50

Hérieus a pu signer en grec, mais il a néanmoins eu recours à un hypographeus pour la souscription qu’il n’était pas en mesure d’écrire lui-même.

Pour finir, l’exemple du prêtre Pékysis fils de Tésénouphis, dont on a conservé les archives qui s’échelonnent entre 212 et 230 p.C., permet d’observer le multilinguisme d’un individu au IIIe siècle p.C.51 Pékysis était stoliste du temple, ce qui indique un haut rang dans la hiérarchie sacerdotale. Ses archives contiennent des comptes, rédigés en grec, sur des papyrus remployés, provenant certainement des archives du temple devenues obsolètes. Deux d’entre eux contiennent, au recto, des textes en démotique52. Un autre compte contient, au recto, une pétition en grec que Pékysis a signée en grec et qui concerne un vol de ses biens dans la maison de sa belle-fille à Pisaïs53. Enfin, des comptes en grec sont remployés pour d’autres comptes. Pékysis est un prêtre qui écrit ses comptes en grec, même si son écriture est inhabile : les lettres sont, en effet, larges, peu ligaturées et peu homogènes, mais c’est la preuve d’une maîtrise certaine de la langue. 

Pékysis écrit en grec à une époque où les textes démotiques sont de plus en plus rares. À Dimé, le dernier reçu date au plus tard de 180 p.C.54 Cette disparition des sources écrites a souvent été attribuée au déclin des écritures égyptiennes traditionnelles qui seraient devenues trop éloignées de l’égyptien parlé55. Cependant, on a du mal à comprendre pourquoi une écriture employée pendant des siècles pour une langue qui a forcément évolué pendant la même période serait soudainement devenue inadaptée. Sans doute est-ce plutôt l’abandon de cette écriture pour les actes notariés au profit du grec qui en a restreint l’emploi et qui a incité, même les prêtres, à pratiquer le grec. Pékysis était-il un prêtre égyptien capable d’écrire en grec, mais pas en égyptien ? Étant donné que les textes démotiques dans ses archives sont des remplois, on ne peut savoir s’il maîtrisait lui-même le démotique.

Une double compétence en grec et en égyptien, difficile à trouver à Dimé en dehors du grapheion, existe dans les clergés d’autres villages, et en particulier à Narmouthis où des ostraca de la fin du IIe siècle-début du IIIe siècle montrent des mélanges d’écriture, et l’insertion de mots grecs dans des textes égyptiens qui révèlent à la fois le bilinguisme des prêtres mais peut-être également la volonté d’inventer une nouvelle écriture qui finira par se produire avec le copte. 

Pour conclure, en favorisant le grec dans l’administration externe, les Romains n’ont pas fait disparaître l’égyptien écrit qui est resté, pendant deux siècles, employé dans les archives des prêtres du village de Dimé, où la communauté religieuse formait le gros de la population. La maîtrise du grec par les prêtres égyptiens était peut-être fluide à l’oral, mais à l’écrit, elle n’atteignait certainement pas le niveau des assistants du grapheion même si, au début du IIIe siècle le stoliste du temple pouvait tenir ses comptes en grec. Le conservatisme des prêtres égyptiens de Dimé n’est cependant pas représentatif de la situation des clergés dans d’autres villages du Fayoum comme Tebtynis ou Narmouthis. Néanmoins, partout l’écriture démotique est en perte de vitesse et les textes démotiques disparaissent presque entièrement dans le courant du IIIe siècle p.C.56 La disparition de l’écriture ne signifie pas la disparition de la langue puisqu’à partir du IVe siècle, la vitalité de la langue est visible à travers le copte, un système d’écriture fondé sur l’alphabet grec augmenté de lettres issues de signes démotiques, pour transcrire un égyptien où se trouve un nombre important de termes grecs, ce qui n’était pas le cas du démotique57.

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  • Lippert, S. L. (2010) : “Seeing the Whole Picture. Why Reading Greek Texts from Soknopaiou Nesos is not Enoughˮ in : Gagos & Hyatt, éd. 2010, 427‑434.
  • Lippert, S. L. et Schentuleit, M. (2010) : “Stoetis in geheimer Mission – Der Brief pBerlin P 8092ˮ, in : Knuf et al., éd. 2010, 357-381.
  • Lloyd, A. B., éd. (2010) : A Companion to Ancient Egypt, Oxford.
  • Maehler, H. et Strocka, V. M., éd. (1978) : Das Ptolemäische Ägypten, Akten des internationalen Symposions 27.-29. September 1976 in Berlin, Mayence.
  • Messerer, C. (2017) : Corpus des papyrus grecs sur les relations administratives entre le clergé égyptien et les autorités romaines, vol. 1, Paderborn.
  • Messerer, C. (2019) : Corpus des papyrus grecs sur les relations administratives entre le clergé égyptien et les autorités romaines, vol. 2, Paderborn.
  • Messerer, C. (2020) : Corpus des papyrus grecs sur les relations administratives entre le clergé égyptien et les autorités romaines, vol. 3, Paderborn.
  • Messeri Savorelli, G. (1989) : “La popolazione di Soknopaiou Nesos nel 178/9 d.C.ˮ, Analecta Papirologica, 1, 7-14. 
  • Otto, W. G. A. (1905/1908) : Priester und Tempel im hellenistischen ÄgyptenEin Beitrag zur Kulturgeschichte des Hellenismus, Berlin, I-II.
  • Pestman, P. W. (1978) : “L’agoranomie : un avant-poste de l’administration grecque enlevé par les Égyptiensˮ, in : Maehler & Strocka, éd. 1978, 203-210.
  • Riggs, C., éd. (2012) : The Oxford Handbook of Roman Egypt, Oxford. 
  • Ripat, P. (2006) : “The language of Oracular Inquiry in Roman Egyptˮ, Phoenix, 60.3/4, 304-328.
  • Schentuleit, M. (2007) : “Satabus aus Soknopaiu Nesos: Aus dem Leben eines Priesters am Beginn der römischen Kaiserzeitˮ, Chronique d’Égypte, 82, 101-125.
  • Sijpesteijn, P. J. (1987) : Customs Duties in Graeco-Roman Egypt (Stud. Amst. XVII), Zutphen.
  • Stadler, M. (2012) : “Interpreting the Architecture of the Temenos: Demotic Papyri and the Cult in Soknopaiou Nesosˮ, in : Capasso & Davoli, éd. 2012, 379-386.
  • Stadler, M. (2017) : Théologie et culte au temple de Soknopaios. Études sur la religion d’un village égyptien pendant l’époque romaine, Paris.
  • Tallet, G. et Zivie-Coche, C., éd. (2014) : Le myrte et la rose. Mélanges offerts à Françoise Dunand par ses élèves, collègues et amis, Cahiers de l’EniM 9, Montpellier.
  • Vandorpe, K., Clarysse, W. et Verreth, H., éd. (2015) : Graeco-Roman Archives from the Fayum, Collectanea Hellenistica, KVAB VI, Louvain.
  • Van Minnen, P. (1995) : “Deserted Villages : Two Late Antique Town Sites in Egyptˮ, Bulletin of the American Society of Papyrologists, 32, 41-56.

Notes

  1. La base de données Trismegistos mentionne neuf textes latins qui proviendraient de Dime, mais l’origine est incertaine : P.Aberdeen 61 (TM 20224), 130 (TM 63954) ; ChLA IV 225 (TM 63955), 226 (TM 63060), 227 (TM 63956), 229 (TM 28305), 230 (TM 69876), 231 (TM 69877), X 410 (TM 63048).
  2. Sijpesteijn 1987 ; Jördens 2005, 48.
  3. Voir Davoli 2014, 51.
  4. Otto 1905/1908, 18.
  5. Voir, en particulier, le témoignage de la céramique : Dixneuf 2012, 315‑325. 
  6. Stadler 2017, 47-63.
  7. Chaufray 2016a, 1739. 
  8. Le site de Trismegistos recense dix archives provenant de Dimé (consultation novembre 2017).
  9. Bingen 1998, 319. Voir néanmoins Lippert & Schentuleit, 2010, 357-381. Mark Depauw recense 11 lettres démotiques aux Ier-IIe siècle p.C. : Depauw 2006, 92.
  10. Hobson 1984a, 89-108.
  11. Voir O.Dime I 1-23 et Caputo, Cowey 2018.
  12. Les ostraca n’énumèrent pas l’ensemble des prêtres de chaque équipe mais seulement les prêtres présents un jour précis, lors d’un événement sans doute.
  13. P. Wien D. 10, col. 1, l. 4 ; col. 6, l. 2 ; col. 8, l. 2 ; col. 13, l. 1 ; col. 15, l. 1.
  14. SB XVI 12816 (TM 14676). Voir Hobson 1984b, 847-864.
  15. PSI VIII 927 (TM 13819).
  16. Clarysse 2005, 22. W. Clarysse s’appuie sur les études de Messeri Savorelli 1989, 7-14 et Van Minnen 1995, 43.
  17. Hobson 1981, 389-403.
  18. SPP XXII 41 (TM 15109), 8-9.
  19. Chr.Mitt. 159 (TM 9864) : 52 a.C. Artémidore fils d’Artémidore est également mentionné dans un acte de vente (PSI XIII 1320), parmi les voisins du bien vendu, en 82-88 a.C. : sa maison appartient alors à ses enfants. 
  20. P.Dime III 25 (TM 45754).
  21. P.Dime III 8 (TM 45600).
  22. Voir P.Dime III, p. 103-110 et pl. 9.
  23. BGU I 297, l. 3.
  24. Au IIe siècle a.C. à Pathyris, des notaires égyptiens prennent des noms grecs quand ils exercent leur fonction d’agoranomes : voir Pestman 1978, 203-210. Depuis 146 a.C., l’enregistrement des contrats démotiques était obligatoire pour qu’ils soient valides ; avec les Romains, l’enregistrement de tous les contrats semble avoir été obligatoire, ainsi que l’ajout de souscriptions en grec, ce qui a fini par faire disparaître la rédaction égyptienne des contrats. Voir Lewis 1993, 276-281.
  25. Voir P.Dime III, p. 110, pour les sources où Zoilos est hypographeus. Son fils est l’hypographeus dans les actes notariés grecs suivants : BGU I 183, BGU II 526, BGU XIII 2330, PSI XIII 13201. Je remercie S. Lippert d’avoir attiré mon attention sur cette famille de Grecs probablement implantée à Dimè.
  26. Pour plus de détails sur les spécificités du grec dans les actes bilingues, voir P.Dime III, p. 79-101.
  27. P.Dime II.
  28. P. Sorb. Inv. 1448 (TM 130906) : 147 p.C. : voir Chaufray 2016b.
  29. Un seul de ces textes a été publié jusqu’ici. Il réglemente et décrit le rôle du scribe des prêtres, une charge annuelle importante liée essentiellement à la comptabilité du temple. Voir Lippert 2007, 145-155. Les autres accords sont en cours d’édition par S. Lippert et M. Schentuleit.
  30. Chaufray 2016a, 1737–1749. Une sélection de comptes sera publiée de façon numérique sur la plateforme DimeData : https://dimedata.huma-num.fr
  31. L’absence de ce type de textes est peut-être liée au hasard des découvertes ; la fouille de la nécropole de Dimé pourrait faire surgir des textes funéraires.
  32. Un seul papyrus en hiéroglyphes (le livre du Fayoum) dont la provenance est cependant incertaine, et quatre papyrus en hiératique, voir Stadler 2017, 163.
  33. Les textes grecs concernant les rapports entre les temples égyptiens et l’administration romaine ont été rassemblés par C. Messerer, qui a cependant adopté un classement typologique et non pas archivistique, voir Messerer 2017, 2019, 2020.
  34. Lippert 2010, 429.
  35. Voir Capasso 2012, 231-247.
  36. Contra Ripat 2006, 304-328, qui part du présupposé que les questions oraculaires sont nécessairement rédigées par les prêtres, mais rien ne le prouve. Dans le village de Tebtynis au sud du Fayoum, les questions oraculaires sont en grec dès l’époque ptolémaïque, cf. Clarysse 2014, 287. A Dimé, les questions oraculaires démotiques de l’époque ptolémaïque (P.Oxf.Griffith 1-12 et P.Zauzich 44-48) ont vraisemblablement été découvertes dans les archives du temple (ou d’un scribe du temple), mais rien n’indique qu’elles ont été rédigées par un prêtre du temple. A cette époque, l’écriture démotique n’était pas confinée dans les temples comme à l’époque romaine. La dernière question oraculaire en démotique de Dimé est ST 05/256/1369 publiée par M. Stadler et datée probablement de la fin de l’époque ptolémaïque, voir Stadler 2012, 383.
  37. Papyrus n° 102, voir Capasso 2012, 241.
  38. P. Vienna G 26740 r° (TM 60599 ; MP3 2644.1).
  39. P. Berl. P. 6864 (inédit).
  40. Dans les comptes, j’ai pour l’instant recensé 82 cas de remploi (recto grec, verso démotique et inversement) : en général, ce sont plutôt des textes comptables qui sont remployés, mais parfois aussi des contrats. 
  41. P.Dime II 56-64 (TM 100267, 47530, 46343, 47533, 100269, 47529, 100270-271, 46342).
  42. P.Dime II 65-69 (TM 100273-275, 101250, 100276). Stotoètis fils de Pa[ signe dans le P.Dime II 66 (TM 100274). Mais les textes sont incomplets.
  43. CPR VII 1 (TM 9877).
  44. Bingen 1998, 311-319.
  45. Bingen 1998, 319 ; voir également Depauw 2012, 497.
  46. I.Fayoum I 78 (TM 47192). Le Satabous mentionné dans la dédicace n’est cependant pas à comprendre comme le dédicataire de la statue. Il s’agit du dieu à qui la statue est offerte (“À Satabous le grand dieuˮ), cf. von Lieven, 2010, 3 ; ce Satabous divinisé est mentionné dans P.Zauzich 12, 3, 3. Sur les archives de Satabous fils de Hérieus le jeune, voir Schentuleit 2007, 101-125, et Hoogendijk, Feucht 2015, 340-349.
  47. Scribe des prêtres : P.Dime II 56-64 (cf. supra n. 000) ; copiste du texte prophétique sur l’agneau de Bocchoris (P. Vienne D 10000, TM 48888), et signataire usurpateut de la copie d’un hymne à Sobek et Harsièsis (D 6951, TM 56173) ; propriétaire de biens immobiliers à Dimé : CPR XV 1 (TM 9899), P.Dime III 5 (TM 44702) ; accusé ou pétitionnaire (SB I 5232-33, 5235-40, 5954, X 10308, CPR XV 5-11, P.Lond. II 276a, 355, M.Chr. 68).
  48. P.Dime III 5 (TM 44702).
  49. P.Dime III 40, GH, l. 8.
  50. P.Dime III 27 (TM 48588), 34-41.
  51. Voir Geens 2015, 267-268.
  52. P.Louvre I 61 (TM 32224) contient un accord-hn.w au recto (TM 58196) ; P.Louvre I 64 (TM 32227) contient un compte en démotique avec des versements réguliers (TM 58201).
  53. P.Louvre I 3 (TM 11842).
  54. P.Dime II 41 (TM 100254), daté du règne de Marc Aurèle et Lucius Verus (161-169) ou de Marc Aurèle et Commode (177-180).
  55. Depauw 2012, 498. 
  56. On trouve encore des graffiti en démotique jusqu’à 452 : Graff.Dodec.Philae 365 (TM 50864).
  57. Des textes en vieux copte montrent que l’égyptien écrit n’a jamais véritablement disparu : pour une liste de ces textes, voir Bosson & Aufrère 1999, 69-77. Les mots empruntés au grec représentent 20 % du vocabulaire copte, voir Fewster 2002, 227-228. 
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EAN html : 9791030008265
ISBN html : 979-10-300-0826-5
ISBN pdf : 979-10-300-0827-2
ISSN : en cours
11 p.
Code CLIL : 4117
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Comment citer

Chaufray, Marie-Pierre, “Multilinguisme à Dimé (Fayoum)”, in : Roure, Réjane, avec la collaboration de Lippert, Sandra, Ruiz Darasse, Coline, Perrin-Saminadayar, Éric, éd., Le multilinguisme dans la Méditerranée antique, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux , collection Diglossi@ 1, 2023, 153-164 [en ligne] https://una-editions.fr/multilinguisme-a-dime [consulté le 02/05/2023]
10.46608/diglossia1.9791030008265.10
Illustration de couverture • Relevés de divers graffitis en phénicien, ibère, étrusque, gallo-grec, grec, latin, hiéroglyphes (DAO par Réjane Roure, Coline Ruiz-Darasse, Sandra Lippert, Bruno d'Andrea) sur une photo d'Alix Barbet (thermes de Stabies à Pompéi).
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