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Le petit et le mineur à la Belle Époque. Quelques pistes de réflexion

Il n’est pas inutile de commencer notre réflexion en parlant de chronologie1. La période d’étude retenue, 1880-1914, coïncide avec ce qu’il est convenu d’appeler la Belle Époque2 – du milieu des années 1890 au déclenchement de la première guerre mondiale –, ici élargie en amont par les années 1880-1895. Ainsi défini, ce tiers de siècle a une vraie pertinence du point de vue de l’histoire culturelle française car il correspond à l’installation de la culture de masse3. Il faut cependant apporter tout de suite deux nuances importantes à cette constatation. Tout d’abord, la situation évolue beaucoup entre 1880 et la veille de la guerre. La scène littéraire et théâtrale de 1914 n’est plus la même que celle du début des années 1880 – au moment où meurent de grands créateurs tels Flaubert, Offenbach, Dostoïevski, Tourgueniev, Wagner, Hugo ou Vallès. La deuxième nuance est plus précisément un rappel, à savoir qu’il est difficile de comprendre cette période sans remonter aux années 1850-1880. C’est en effet sous le Second Empire et pendant la décennie 1870 – qui, pour l’histoire culturelle, fait corps avec le régime de Napoléon III – que se mettent en place les prémices de la culture de masse, tant du fait des progrès techniques (que l’on songe au chemin de fer, à la photogravure, aux presses Marinoni, etc.) que des effets de la politique du régime impérial4.

L’action culturelle du Second Empire se caractérise, on le sait, par une forte censure, surtout aux débuts du régime. En interdisant toute référence à la politique, le régime impérial a favorisé le développement d’une presse, d’une littérature et d’un théâtre de pur divertissement. Le Figaro de Villemessant (1854) est le symbole même de cette nouvelle presse, condamnée à une créativité perpétuelle pour alimenter ses colonnes sans recourir au débat politique. De même, en réaffirmant dans les années 1850 la validité du système du privilège théâtral, l’Empire a suscité, à son corps défendant, la création d’un nouveau genre, l’opérette. Le nom même de ce genre lyrico-théâtral en fait un objet d’étude pour toute réflexion portant sur le mineur et le petit au XIXe siècle. Qu’est-ce que l’opérette, sinon un petit opéra ? Et quand, en 1860, Offenbach met en scène dans Le Carnaval des revues une allégorie du Théâtre des Bouffes-Parisiens qu’il a créé cinq ans plus tôt, il fait chanter à celle-ci un air qui débute ainsi :

Je possède un’petite salle
De petites partitions,
Des chanteurs d’un petit mérite,
De petites prétentions.
Modestement, je ne fabrique,
Pour égayer mon petit nid,
Que de la petite musique…
Enfin, chez, moi, tout est petit,
Bien petit :
Mais on dit
Que c’qu’est petit
Est gentil.
Bon public, chez moi tu t’étouffes :
Quand je chante, à ma voix, tu viens ;
Car je suis, oui, je suis les Bouffes,
Les Bouff’, les Bouffes-Parisiens5.

Avec le décret du 6 janvier 1864 sur la liberté industrielle des théâtres, une nouvelle phase de l’histoire des spectacles s’ouvre : l’activité théâtrale est désormais régulée par la loi du marché et la concurrence accrue entre les théâtres va amener une surenchère spectaculaire : il faut « voir grand » si on veut espérer attirer le public ! On pourrait citer bien d’autres initiatives culturelles du Second Empire – initiatives souvent brouillonnes et sans esprit de suite, mais qui ont modifié en profondeur la vie culturelle, à l’exemple des musées6. Retenons en tout cas cette succession de mesures répressives puis libérales et leurs multiples effets.

Il convient donc d’ancrer notre réflexion dans la période 1850-1880, d’une part, et d’avoir en tête les évolutions qui caractérisent la période 1880-1914, d’autre part. Un seul exemple de ces évolutions suffira à en faire mesurer l’ampleur : entre 1880 et 1914, le tirage de la presse parisienne passe de 2 à 5,5 millions d’exemplaires et celui de la presse de province de 750 000 à 4 millions d’exemplaires. La France est bel et bien entrée dans un « âge de papier », illustré en 1898 par Félix Vallotton dans une célèbre lithographie. On verra plus bas d’autres évolutions concernant le monde des spectacles. Une dernière remarque sur la période 1850-1880 peut être formulée : les années 1870 sont marquées par la vogue du mot « petit » dans les titres de pièces. La mode a commencé avec Le Petit Faust (1869) et elle se poursuit avec La Petite marquise (1874), La Petite Mariée (1875), Le Petit Duc (1878), La Petite Mademoiselle (1879), Le Petit Hôtel (1881), etc. Cette vogue, grandement alimentée par Meilhac et Halévy, est peut-être à mettre en rapport avec le besoin, après les épreuves de l’Année terrible, de se replier sur un univers restreint, tout à la fois familier et rassurant. Quoi qu’il en soit, ces remarques chronologiques énoncées, il convient d’indiquer les deux premiers temps qui vont scander notre propos. Chacun est consacré à un phénomène majeur qui caractérise la période 1880-1914 : la concurrence entre théâtre et spectacle au sein d’une offre de plus en plus riche pour un public de plus en plus nombreux ; le fait que ce public est de plus en plus séduit par le « spectacle varié », ce qui conduit à un changement du régime de l’attention. Dans un troisième temps, on esquissera les conséquences pour les créateurs de cette double évolution.

Le spectacle à l’assaut du théâtre

Pour illustrer ce premier phénomène, on peut citer un texte de Lucien Muhlfeld intitulé « La Fin d’un art, conclusions esthétiques sur le théâtre ». Muhlfeld, qui fut romancier et critique, a développé une pensée très fine et originale que sa fin prématurée (il est mort à 32 ans) a quelque peu occultée. Il distingue bien théâtre et spectacle :

Mais le spectacle n’est pas le théâtre, et le progrès de l’un n’entraîne pas l’autre. Loin que la badauderie bon enfant d’un public pas difficile ait retardé la décadence du théâtre, elle l’a plutôt précipitée. […] [Le public] préfère porter son argent à des divertissements moins chers, plus amusants, plus nouveaux en tout cas, dont la répétition garde quelque attrait : le cirque, le concert, le bal, les arènes, c’est-à-dire le spectacle – par opposition au théâtre où l’on ne joue que des œuvres dramatiques jouées par des comédiens – le spectacle, avec toute la variété d’attractions que son cadre énorme peut enclore. Orchestres, gymnastiques, clowneries, pantomimes, Pezon, la Goulue, bars, montagnes russes, les spectacles tiennent tous ces articles, et même un autre. Or leur succès va croissant ; dans les statistiques honorables des théâtres, ils figurent pour des chiffres chaque année plus considérables. On sait la fortune du Moulin-Rouge, du Nouveau-Cirque et de ses lions, de la Plaza et de ses taureaux. Je ne gémirai pas, après Saint-Augustin et la Société protectrice, sur la grossièreté de ces spectacles. Je dois seulement constater qu’ils ne protègent pas le théâtre, qu’ils l’envahissent. […] Les excès de décoration scéniques sont autant de conquêtes du spectacle sur le théâtre : l’Ambigu, la Porte-Saint-Martin, le Gymnase sont en train d’évoluer d’un genre à l’autre. Un temps viendra où à Paris, comme aujourd’hui déjà à Londres, on comptera quatre théâtres contre vingt-cinq spectacles7.

Le critique met ici en avant des spectacles non théâtraux, comme ceux de la famille de dompteurs Pezon ou les danses qui ont rendu célèbre Louise Weber dite la Goulue. On voit que cette concurrence du théâtre par le spectacle correspond au passage de la dramatocratie à la société du spectacle, ainsi que nous avons tenté de le démontrer8. Ce passage, tout progressif qu’il a été, n’en est pas moins bien réel à la Belle Époque.

Bien sûr, dès l’Ancien Régime et dans les deux premiers tiers du XIXe siècle existent à côté des théâtres proprement dits ce qu’on nomme les « spectacles de curiosités9 ». Cependant, avec l’essor du café-concert et du cirque sous le Second Empire, puis, sous la Troisième République, avec la poursuite de cet essor et avec le music-hall, le cabaret, la fête foraine, le cinéma, le spectacle sportif10, on passe à ce que Christophe Charle a appelé dès 2008 dans Théâtres en capitales « la première société du spectacle11 ». Celle-ci, à notre connaissance, reste encore largement à décrire. Elle se caractérise avant tout par la tendance à tout transformer en spectacle, ce qui se traduit notamment par la théâtralisation des rites sociaux et culturels et par la mise en spectacle de la vie tant privée que publique. La situation est d’autant plus complexe qu’une évolution de même nature se produit également à l’intérieur même du monde du théâtre – ce qu’observe, on l’a vu, Mulhfeld, entre bien d’autres12 – avec l’essor de la mise en scène et la valorisation du spectaculaire. Un autre élément qui rend ce passage difficile à discerner est le prestige que garde malgré tout le théâtre. Ce prestige masque en quelque sorte son déclin. Face à ces faux-semblants, il est tout de même possible d’essayer de quantifier et de dater les phénomènes par l’examen des recettes. Ce travail a été entrepris par Christophe Charle13 et par Pascale Goetschel14 mais une étude systématique des recettes des théâtres et des spectacles à Paris au XIXe siècle reste à entreprendre.

Consacré à l’industrie des théâtres à Paris, un article de l’hebdomadaire L’Économiste européen se livre en 1904 à des comparaisons :

Il y a dix ans la recette annuelle des cinq music-halls désignés [Folies-Bergère, Casino de Paris, Moulin Rouge, Parisiana, Olympia] était inférieure de 28 % à celle des cinq théâtres de genre [Gymnase, Vaudeville, Variétés, Palais-Royal, Nouveautés]. En 1903, la proportion est retournée et la recette des cinq music-halls dépasse de 30 % celle des théâtres indiqués.

Mais on serait incomplètement renseigné si l’on s’en tenait aux résultats du précédent tableau. Le succès prodigieux des Folies-Bergère, de l’Olympia, du Moulin-Rouge (transformé en music-hall depuis l’année dernière), du Casino de Paris et de Parisiana ont fait naître des établissements du même genre dans presque tous les quartiers de Paris. En 1894, le nombre des spectacles parisiens, généralement désignés sous le nom de cafés-concerts, n’était que de 22 et leurs recettes totales ne furent que de 7.094.600 fr. En 1903, le nombre desdits spectacles atteint 45 et le chiffre de leurs recettes s’élève à 13.109.400 fr., soit une augmentation de 23 établissements et de 6.014.800 fr. pour les recettes brutes.

Or, entre 1894 et 1903, l’ensemble des recettes brutes de tous les théâtres et spectacles de Paris a augmenté de 9.669.000 fr. Si, de ce chiffre, on retire les recettes des concerts du Conservatoire, Colonne et Lamoureux et des cinématographes (qui n’ont figuré dans la statistique de l’Assistance publique qu’à partir de 1896 et 1897, soit 847.000 fr.), il reste une augmentation réelle de 8.822.000 fr. sur laquelle les cafés-concerts et music-hall ont absorbé, en chiffres ronds, 6.015.000 fr. ou 68,2 %, les théâtres proprement dits, 2.506.900 fr. ou 28 % et les cirques 301.000 fr. ou 3,4 %15.

Là encore, il manque un travail rigoureux sur l’évolution des recettes dans la capitale, mais la tendance est bien nette : les théâtres proprement dits sont de plus en plus concurrencés. Et cette comparaison qui porte sur une période assez courte – entre 1894 et 1903 – montre bien la rapidité des évolutions. On le voit, l’offre de spectacle à la Belle Époque se multiplie, se diversifie et surtout change de nature.

À l’ère du spectacle varié

La principale conséquence de la cohabitation des spectacles et des théâtres est à coup sûr la faveur du « spectacle varié » – une expression dont l’usage se répand sous la Troisième République. Le terme a d’ailleurs un équivalent américain, à savoir le terme « Vaudeville » emprunté au français mais qui n’a pas du tout le même sens que le mot français16. Lié à l’idée d’une industrialisation des théâtres qui est perçue, à l’époque, comme une forme d’américanisation17, il désigne tout spectacle qui présente une succession de numéros ou d’attractions. Ouvrons un journal au hasard, en l’occurrence un numéro de l’hebdomadaire La Rampe de juin 190818. La page des spectacles recense plus de soixante-dix spectacles à Paris. La mention « spectacle varié » y est présente huit fois, que ce soit pour des théâtres (Châtelet, Marigny, Apollo, Gaîté-Montparnasse) ou des cafés-concerts et music-halls (la Boîte à Fursy, l’Alhambra, Bobino, La Pépinière). Nul doute que bien d’autres établissements y ont recours sans le spécifier. Un tel mode de fonctionnement est en effet de règle au café-concert, au music-hall et au cirque. Chaque « numéro » a pour but de capter l’attention d’un public qui n’est pas concentré sur une intrigue comme au théâtre. Les promenoirs des music-halls ne sont-ils pas destinés à des spectateurs en mouvement dont les regards ne sont pas forcément tournés vers la scène ? La frontière entre intérieur et extérieur se brouille. « Le promenoir n’est séparé du boulevard que par une portière », remarque un guide à propos de Parisiana, un café-concert qui a ouvert boulevard Poissonnière en 189419. Dans les fêtes foraines20, le spectateur est avant tout un promeneur, un badaud dont les bonimenteurs21 doivent capter l’attention. Cette esthétique du fragment et du discontinu, les théâtres ne l’ignorent certes pas. Des genres comme la féerie et l’opérette parfois, ou plus encore la revue de fin d’année22, proposent des ouvrages peu structurés, composés comme des patchworks, devant des spectateurs qui sont loin d’avoir l’attitude posée et respectueuse de leurs lointains descendants du XXIe siècle. Mais la Belle Époque est justement le moment où la sortie au théâtre devient plus codifiée alors que le noir dans la salle assagit le public. Même si l’on continue à monter des spectacles dits « coupés », c’est-à-dire regroupant plusieurs pièces dans une même soirée, cette succession d’ouvrages qui durent chacun au moins trente à quarante minutes n’a rien à voir avec celle des numéros et attractions offerte par une soirée au music-hall.

Le spectacle varié est si attractif que le terme est mentionné, dès le début des années 1880, sur les affiches de différents établissements : Folies-Belleville (1880), Olympia (1885), Jardin de Paris (1899), Folies-Bergère (1900), etc. Un Chéret ou un Capiello savent combien l’expression attire les spectateurs. Voyons à présent ce qu’il signifie concrètement en examinant un programme des Folies-Bergère, choisi là encore au hasard. Nous sommes en septembre 1911. L’attraction principale de la soirée est Stella, un ballet en trois tableaux de Mme Mariquita et René Louis, avec une musique de Claude Terrasse, qui remplit la deuxième partie du spectacle, mais pas entièrement puisqu’il est précédé par une marche. Surtout, ledit ballet est encadré par deux autres parties : la première comprend huit numéros différents (cinéma, clowns, danses) et la troisième sept numéros (chiens savants, jongleurs, chant, avec notamment sur scène Maurice Chevalier et WC Field). Le spectacle est ainsi composé de dix-sept attractions, numérotées de 1 à 17 dans le programme23. Il est clair qu’il n’a pas été conçu pour être suivi de bout en bout. Pendant les deux entractes (respectivement de dix et quinze minutes), d’autres attractions sont proposées dans divers lieux de l’établissement, la scène ne concentrant pas à elle seule tout ce qui est proposé aux spectateurs.

Ce modèle du spectacle varié ne peut que favoriser un changement du régime de l’attention24. Si l’on parle beaucoup, à notre époque, des effets d’Internet et des réseaux sociaux qui entraîneraient une moindre capacité de nos contemporains (et notamment les plus jeunes) à rester longtemps concentrés sur un même sujet, il n’est pas sans intérêt de transposer ces questionnements à la Belle Époque – certes sous forme d’hypothèse. Dans cette culture de masse désormais bien en place, on est déjà à l’âge de la rapidité et du zapping, avec une attention que les hommes et femmes de spectacle ne peuvent espérer retenir qu’un moment. Le théâtre lui-même cherche à s’adapter à cette nouvelle donne, du moins certaines scènes comme le Grand-Guignol ouvert en 1897. Son auteur-fétiche, André de Lorde, surnommé le « prince de la terreur », explique ainsi :

Pour que le sentiment de peur soit violent chez le spectateur, il ne faut pas écrire des pièces où l’intérêt puisse s’éparpiller sur plusieurs incidents, au lieu de se fixer sur un seul. Si l’on veut que le public se retire encore tout frémissant, il faut écrire des pièces courtes, ramassées, où le malaise de la peur s’empare du spectateur dès le lever du rideau pour aller toujours en croissant jusqu’à l’ébranlement de tout le système nerveux. Pas de longueurs, presque pas d’exposition ; la pièce a un acte, deux au plus, et très brefs ; on entre immédiatement dans le sujet, l’action. […] Une comparaison me vient : elle est peut-être trop familière, mais son exactitude excuse sa familiarité. Les pharmaciens sont arrivés à condenser de fortes doses de médicaments très violents dans certains « comprimés » d’un tout petit volume, faciles à absorber : de même, je m’efforce de fabriquer des « comprimés de terreur »25.

Cette appétence pour des sensations fortes et brèves explique le succès du spectacle varié et la vogue des formes courtes. Le monde des spectacles autour de 1900 est donc bien différent de ce qu’il était trente ans plus tôt, le développement des spectacles non théâtraux accompagnant et renforçant l’évolution des sensibilités et des comportements.

De nouveaux positionnements pour les créateurs

Face à cette situation – accroissement et diversification de l’offre des spectacles, besoin ressenti par les spectateurs d’un renouvellement rapide de ce qui leur est présenté –, les créateurs ne sont pas en position de force car ils doivent avant tout s’insérer dans un système marchand qui les oblige à créer des œuvres susceptibles de plaire au plus grand nombre. Il leur faut, pour cela, s’extraire de la vision hiérarchisée du monde artistique qui pourtant continue largement à prévaloir. Cette vision, on la retrouve par exemple dans la lettre qu’Ernest L’Épine – écrivain, journaliste et ancien secrétaire du duc de Morny – envoie en septembre 1876 au ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts afin de défendre les intérêts des musiciens lors de l’Exposition universelle qui se prépare. L’Épine y parle des compositeurs débutants en ces termes :

Las de chercher dans les hautes régions de l’art des succès et des ressources impossibles, les artistes descendent échelon par échelon jusqu’aux régions les plus vulgaires, où ils espèrent être plus heureux. La petite musique, les petits concerts, les petits artistes étouffent de leurs mille petits bruits la voix de la grande et belle musique. Il ne faut pas permettre que l’estrade devienne tréteau26.

Dans ce propos très moralisateur, on retrouve le paradigme du « petit » auquel seraient confrontés les débutants. L’Épine oppose les sommets aux bas-fonds, caractérisés l’un et l’autre par deux types d’exposition : l’estrade (valorisante) et le tréteau (dévalorisant). Douze ans après le décret sur la liberté des théâtres, on voit combien la hiérarchie esthétique sur laquelle reposait le système du privilège continue à structurer les esprits. De fait, les meilleurs compositeurs d’opérette, tels Offenbach et Terrasse, et les meilleurs vaudevillistes, tels Labiche et Feydeau, aspirent à la reconnaissance fournie par les scènes et institutions officielles.

Si le propos de L’Épine peut sembler bien caricatural, il n’en est pas moins vrai que les spectacles non-théâtraux, bien plus que les scènes officielles ou privées, offrent aux créateurs (auteurs dramatiques, musiciens) la possibilité de travailler et de gagner leur vie, certes en bridant leur liberté créatrice. Ce dernier aspect doit d’ailleurs être nuancé, car le cadre qu’offrent les cafés-concerts et les music-halls peut en effet, paradoxalement, permettre des expérimentations qu’un théâtre établi ne permettrait pas. En 1897, Feydeau, qui triomphe au Palais-Royal et aux Nouveautés, donne à l’Eldorado Dormez, je le veux !, une pièce sur le magnétisme et l’inconscient27. Et c’est en partie sur des petits théâtres – un nouveau type de salles de spectacle, tels la Comédie-Royale et le Théâtre Fémina – qu’il fait jouer de 1908 à 1916 ses cinq fameuses farces conjugales. Ce retour du maître des « grandes machines vaudevillesques » en trois actes aux tableaux de mœurs en un acte, joués de surcroît dans des spectacles « coupés », est du reste fort révélateur de la part d’un auteur dramatique si doué pour s’attirer les faveurs du public.

Dans ces conditions, le choix peut être de se positionner délibérément en marge du système commercial. C’est ce que permet le monde des amateurs – nébuleuse complexe dont les frontières avec le monde des spectacles professionnels sont poreuses et changeantes. Cette nébuleuse amateure est notamment précieuse pour les créateurs débutants. Les salons leur permettent ainsi de se faire connaître grâce à des monologues, un procédé utilisé par exemple précisément par le jeune Feydeau28. Les théâtres de société comme le Cercle funambulesque, fondé en 1888 et si important pour le renouveau de la pantomime, sont tout aussi utiles aux apprentis auteurs et artistes. Ces structures se produisent dans de « vrais » théâtres quand il est possible de les louer mais aussi dans des salles spécifiques, comme celle de La Tour d’Auvergne, qui ferme dès 1881, ou au Théâtre de la Bodinière, en activité de 1888 à 1909. Ce dernier lieu mérite d’être évoqué en quelques mots tant il est symptomatique des évolutions de la Belle Époque. Créé sous le nom de Théâtre d’Application par un ancien secrétaire général de la Comédie-Française, Charles Bodinier, il a d’abord pour mission de permettre aux élèves du Conservatoire de s’exercer devant des spectateurs, ce qu’ils faisaient jusque-là en cachette en allant se produire en banlieue. Bodinier trouve un local au 18 rue Saint-Lazare. Cependant, les exercices d’élèves sont assez vite abandonnés, ce dont témoigne Marguerite Moreno : « Et le Théâtre d’Application devint “La Bodinière”. Une galerie de tableaux fut installée dans le petit hall qui précédait la salle, on donna des conférences, on organisa des réunions mondaines et nous dûmes, pauvres élèves dépossédés, reprendre […] le chemin des banlieues29. »

Bodinier fait de sa salle un des centres de la vie mondaine : il organise des « matinées-causeries », accueille les représentations de différents cercles, multiplie les expositions de peinture et monte des pièces inédites, des spectacles de chansons et des revues. Un chroniqueur écrit en 1894 : « Ainsi le veut Paris, dont la Bodinière est un des plus amusants caprices. Il lui a plu d’élever cette salle au rang de favorite, d’en faire le centre de toutes les attractions mondaines et d’y venir goûter des plaisirs délicats et subtils que les autres théâtres ne sauraient lui offrir30 ».

Tous ces lieux et tous ces groupements31 forment pour ainsi dire une vie théâtrale parallèle qui échappe, plus ou moins, au contrôle de la censure et qui se cantonne, vu son peu de ressources financières, à des formes courtes. Le peu de moyens matériels est compensé par une forte inventivité. Notons qu’il est malaisé de séparer ces entreprises de certains lieux dont le caractère professionnel est avéré mais qui se situent en marge (cabarets artistiques, théâtres d’ombres, etc.). Un bel exemple de lieu amateur qui fut un fécond laboratoire artistique est le Théâtre des Pantins dont l’existence fut très brève, de décembre 1897 au printemps 1898. Ses créateurs sont Alfred Jarry, Franc-Nohain, Pierre Bonnard et Claude Terrasse, soit deux écrivains, un peintre et un musicien. Les représentations ont pour cadre un atelier dans le jardin de la maison de Claude Terrasse au 6 rue Ballu. Un journaliste témoigne : « Sans avoir les proportions de la Bodinière, cette salle est cependant assez vaste puisqu’elle peut contenir près de cent personnes. Les murs, tendus d’étoffes, sont ornés de panneaux peints par MM. Pierre Bonnard, E. Vuillard, P. Ranson, K.-X. Roussel32 ». Tout le groupe des Nabis fait donc partie de l’aventure. A priori, seuls trois spectacles ont été donnés, les deux premiers, chacun, plusieurs fois. On retiendra surtout le deuxième spectacle, en janvier 1898, qui comprend la reprise d’Ubu roi, créé en décembre 1896 au Nouveau Théâtre par la troupe du Théâtre de l’Œuvre et qui, rue Ballu, est joué avec des marionnettes. Le troisième spectacle subit les foudres de la censure qui apprécie peu, en pleine Affaire Dreyfus, Vive la France !, « trilogie à grand spectacle » de Franc-Nohain et Claude Terrasse. La représentation doit être donnée dans un cadre privé afin d’échapper à l’interdiction. Le critique de L’Écho de Paris observe : « Il est peu probable que cette aimable folie fasse jamais les délices des saisons académiques ou des five o’clock de la Bodinière ; le sel en est trop menu et saupoudre trop délicatement des vanités éminemment françaises33 ».

Par l’envergure de ses protagonistes, le Théâtre des Pantins a assurément bien plus d’importance que celle que lui ont accordée ses contemporains. Il s’inscrit dans la mouvance du théâtre d’avant-garde – un mouvement dans lequel bien des hommes et femmes de spectacle du XXe siècle iront puiser les racines de leur art. Le phénomène est bien connu : au sein du « théâtre à côté », le Théâtre Libre, le Théâtre de l’Œuvre et leurs épigones ont radicalement modifié à long terme la vie théâtrale en proposant une nouvelle esthétique et un nouveau répertoire34. C’est ici qu’il est utile de revenir au texte de Lucien Muhlfeld, le critique ne manquant pas de questionner les rapports entre théâtre, littérature et spectacle :

Cependant que se meurt notre théâtre, notre littérature reste forte. Or, il y a des sujets qui, littérairement, gagnent à être traités dans la forme du dialogue […]. D’autre part, le contact de quelques esprits raffinés toujours échauffa la griserie des plaisirs d’art. Cela étant, on entrevoit, non une salle de spectacle, mais un cénacle où des œuvres littéraires seraient lues ou jouées devant un groupe d’élite. Le Théâtre Libre, et c’est, qu’on sache, sa seule raison d’être, nous fournit un plaisir de cet ordre, avec des publics et des programmes trop mélangés. Il y aura mieux. […] Seulement, pas plus que le spectacle, cette littérature ne sauvera le théâtre, parce qu’elle aussi est autre chose. Des œuvres que seuls quelques délicats pleinement pénètrent, et pour qui seuls elles sont écrites, n’appartiennent pas plus à cet art populaire et en plein air du théâtre que les Dialogues philosophiques. Sarcey gémit : « Ce n’est pas du théâtre. » Sarcey a raison. Mais nous ajouterons : c’est heureux, car le théâtre ne saurait plus être artistique, et ces œuvres sont des œuvres d’art, d’art littéraire, bien que de forme dramatique. Ainsi les auteurs qui tentent de se soustraire à la tradition stérile et au spectacle vulgaire, qui veulent se réfugier en un asile d’art, quittent en même temps le domaine du théâtre35.

On pourrait voir dans ces quelques lignes la préfiguration d’un monde des spectacles écartelé aux XXe et XXIe siècles entre des productions destinées à un public d’initiés et d’autres qui jouent la carte du divertissement de masse. Contentons-nous plutôt d’y lire les effets des évolutions que nous avons décrites plus haut et qui font de la Belle Époque une période de profonds bouleversements pour tout ce qui touche au spectacle36.

Concluons avec un autre texte, légèrement hors période puisqu’il date de 1917. Il est dû à Alfred Capus qui fut en son temps aussi connu comme journaliste et romancier que comme auteur dramatique37. Capus est interrogé sur le théâtre et le public « de demain », c’est-à-dire d’après-guerre. Notre citation comprend la réponse de l’écrivain et quelques mots de conclusion de l’auteur de l’article, un certain G. Latouche :

« Le public d’après-guerre sera avide d’amusements, de distractions, de spectacles variés, faciles et, je le crains, d’une qualité inférieure. Tout ce qui pourra lui procurer ces distractions sera mis en œuvre par les entrepreneurs de spectacle : nous assisterons à des combinaisons bizarres de cinéma, de cirque et d’art dramatique, si cela pourra s’appeler encore de l’art dramatique. Un public de plus en plus nombreux se précipitera à ce genre de spectacle, lui demandera des émotions continuelles : un monde d’auteurs et d’artistes les créeront.

Auteurs et artistes seront obligés d’être habiles et médiocres, et parfois auront assez d’ingéniosité pour que cela ressemble à du talent. L’industrie théâtrale atteindra un degré de prospérité, mais hélas ! aussi de vulgarité qu’elle n’a pas encore connu.

Ceci, c’est la note pessimiste, mais il y a une contrepartie où l’optimisme trouvera son compte. À côté de ce public, pressé d’oublier les difficultés de la vie dans n’importe quelle fiction, il en existera, j’en suis sûr, un autre, instruit par les prodigieuses leçons de la guerre et qui aura puisé dans la plus grande expérience de l’histoire, un renouvellement de son émotion et de sa pensée. Ce public sera certes moins nombreux que le premier, mais il aura beaucoup plus d’influence sur les vrais artistes […]. »

Donc d’une part, de grands théâtres populaires, consacrés plutôt à des spectacles saisissants qu’à l’art dramatique même. D’autre part, un petit nombre de scènes choisies où cet art sera cultivé. Il y aura donc une séparation très nette et peut-être très féconde par cette distinction entre le médiocre et le beau38.

Face à cet exercice de prospective artistico-littéraire, à chacun d’apprécier si Capus et son intervieweur ont fait ou non œuvre de prophètes…

Notes

  1. Notre propos est celui d’un spécialiste d’histoire culturelle, plus précisément d’un historien des spectacles, ce qui va nous conduire à écarter certains aspects du sujet. Il sera avant tout question de la scène, beaucoup moins de littérature. L’espace envisagé sera la France, même si l’ouverture vers l’étranger (certes encore timide) caractérise la période étudiée – plus encore dans certains lieux comme les music-halls. Si Paris sera principalement évoqué, la province est également touchée, à des degrés divers et selon des modalités propres, par les phénomènes que nous allons citer.
  2. Voir Dominique Kalifa, La Véritable histoire de la Belle Époque, Paris, Fayard, 2017.
  3. On nous permettra de renvoyer à notre Histoire culturelle de la France au XIXe siècle, Armand Colin, 2e édition revue et augmentée, 2021, en particulier la 3partie « Les débuts de la culture de masse (années 1880-1914) ».
  4. Nous avons développé cette question dans la 3partie « Le rayonnement culturel » de notre ouvrage Le Second Empire, politique, société, culture, Paris, Armand Colin, 3e édition revue et augmentée, 2022.
  5. Le Carnaval des revues, revue de carnaval en deux actes et huits tableaux d’Eugène Grangé et Philippe Gille, musique d’Offenbach, créée le 10 février 1860 au Théâtre des Bouffes-Parisiens. L’air cité est tiré du prologue. Il était chanté par Lise Tautin, la créatrice d’Eurydice dans Orphée aux Enfers deux ans plus tôt. Nous traiterons de cet ouvrage dans un article en cours de publication intitulé « Offenbach et la revue. Aux marges de l’opérette ».
  6. Voir Arnaud Bertinet, Les musées de Napoléon III. Une institution pour les arts (1849-1872), Paris, Mare et Martin, 2015.
  7. Ce texte a été publié dans La Revue blanche puis repris dans la Revue d’art dramatique, livraison du 1er octobre 1890 ; l’extrait cité ici se trouve p. 17-18. Nous l’avons cité dans notre livre Une histoire du théâtre à Paris de la Révolution à la Grande Guerre, Paris, Aubier, 2012, p. 354-355.
  8. Voir Jean-Claude Yon, « Théâtromanie, dramatocratie, société du spectacle. Une analyse alternative de l’histoire des spectacles », Dix-huitième siècle, 49, 2017, p. 351-363.
  9. Philippe Bourdin et Cyrille Triolaire (dir.), Les spectacles de curiosités en Europe de la Révolution française à la fin du XIXe siècle, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2024. Le terme recouvre une multitude de spectacles : lanternes magiques, exhibitions d’animaux et de phénomènes, tours de physique et de mécanique, aérostats, spectacles optiques, marionnettes, figures de cire, etc.
  10. Voir Sylvain Ville, « Comment se comporter dans un spectacle sportif. Le cas des spectacles de boxe au tournant du 20e siècle », 20&21. Revue d’histoire, 153, 2022, p. 121-136.
  11. Christophe Charle, Théâtres en capitales. Naissance de la société du spectacle à Paris, Berlin, Londres et Vienne, 1860-1914, Paris, Albin Michel, 2008, p. 7.
  12. L’attitude de la critique face à ce phénomène est étudiée en détail dans le livre de Marianne Bouchardon, Une histoire d’œil. La critique dramatique face à la mise en scène (1870-1914), Paris, Eurédit, 2022.
  13. Christophe Charle, Théâtres en capitales., op. cit., passim.
  14. Pascale Goetschel, Une autre histoire du théâtre. Discours de crise et pratiques spectaculaires, France, XVIIIe-XXIe siècles, Paris, CNRS Éditions, 2020, passim.
  15. L’Économiste européen, numéro du 6 mai 1904, « L’industrie des Théâtres à Paris » par Edmond Théry, p. 484-586. On voit bien ici la complexité des données à manier. Notons par ailleurs que les établissements cités comme music-halls (une appellation qui fait débat, du reste) ont été fondés entre 1869 et 1894 alors que les théâtres cités ont été fondés de 1791 à 1831, les Nouveautés exceptés (l’établissement date de 1878).
  16. Voir Don B. Wilmeth with Tice L. Miller, The Cambridge Guide to American Theatre, Cambridge, Cambridge University Press, 1996, p. 390-391.
  17. On a vu que Muhlfeld prédisait à Paris un avenir faisant ressembler la capitale française à Londres. Cette « américanisation », vécue comme une menace, a pour tête de pont la capitale anglaise, jusque-là perçue comme une ville sans capacité créatrice en matière de spectacle. À partir des années 1900, l’opérette française subit de plein fouet la concurrence des opérettes anglo-saxonnes (voir « Les théâtres d’opérette : déclin et concurrence », Hervé Lacombe (dir.), Histoire de l’opéra français. De la Belle Époque au monde globalisé, Paris, Fayard, 2022 p. 168-173).
  18. La Rampe, théâtrale, artistique, littéraire et mondaine, nouvelle série, 13 du 14 juin 1908, p. 1.
  19. Guide des plaisirs à Paris […], Paris, Édition photographique, 1899, p.60. Lors de l’ouverture du lieu, un journaliste observe en outre que le café-concert « vient de prendre possession du vrai cœur de Paris en s’installant en plein boulevard Poissonnière, entre le Gymnase et les Variétés, en plein centre du plaisir parisien » (Le Mot d’ordre, numéro du 12 septembre 1894, « La Soirée » non signé).
  20. Voir Marion Bergogne, « Les Fêtes foraines parisiennes (1874-1938) », mémoire de master d’histoire sous la direction de Dominique Kalifa, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2012. Delphine Foch, « Les Décors de foire ou la grande parade de la condition foraine (1879-1914) », mémoire de master d’histoire de l’art sous la direction de Jérémie Cerman, Sorbonne Université, 2019.
  21. Voir Agnès Curel, Le Grand Théâtre du bonimenteur. Pratiques spectaculaires et imaginaires culturels (1845-1914), Lyon, PUL, 2025.
  22. Voir Fanny Urbanowiez, Bruxelles sur scène. Luc Malpertuis et l’histoire de la revue théâtrale en Belgique (1880-1930), Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2022 et Romain Piana, La revue théâtrale de fin d’année en France au XIXe siècle. Un spectacle de l’ère médiatique, Paris, Hermann, 2024.
  23. Cette liste occupe trois pages de la douzaine de pages du « programme officiel » publié par les Folies-Bergère. On y trouve aussi un résumé de l’intrigue de Stella, une photographie de Mme Mariquita et surtout de très nombreuses publicités. Un exemplaire de ce programme est conservé à la Bibliothèque nationale de France, au département Arts du spectacle, sous la cote 8-RO-10992.
  24. Voir Jonathan Crary, Suspensions of Perception: Attention, Spectacle and Modern Culture, Cambridge, The MIT Press, 1999.
  25. Comoedia, numéro du 18 février 1908, « La peur au théâtre » par André de Lorde.
  26. Lettre reprise dans Le Ménestrel, numéro du 26 septembre 1876, « Exposition universelle de 1878. Et la musique ? » et citée par Etienne Jardin, Exposer la musique. Le Festival du Trocadéro (Paris, 1878), Paris, Éditions Horizons d’attente, 2022, p. 99.
  27. Violaine Heyraud la qualifie toutefois de « pièce sans risque » dans son Georges Feydeau, Paris, Gallimard, coll. « Folio Biographies », 2023, p. 136.
  28. « Le monologue comique, en vers ou en prose, est l’ancêtre du sketch. […] C’est un format pratique pour faire ses armes : un jeune auteur y travaille la construction narrative, la formule choc, et approche, par la parodie, les procédés des comédies et vaudevilles » (Ibid., p. 59-60).
  29. Marguerite Moreno, Souvenirs de ma vie, Paris, Éditions de Flore, 1898, p. 94.
  30. Le Temps, numéro du 17 juillet 1894, « Théâtres – La Bodinière », article non signé (mais sans doute d’Adolphe Aderer).
  31. Ils sont répertoriés dans l’ouvrage d’Adolphe Aderer, Le Théâtre à côté, Paris, Librairies-imprimeries réunies, 1894.
  32. La Patrie, numéro du 28 décembre 1897, « Théâtre des Pantins – Avant la première » par Gaston Senner.
  33. L’Écho de Paris, numéro du 1er avril 1898, « Visions de notre heure. Choses et gens qui passent » par « La Cagoule ».
  34. Au sein d’une bibliographie abondante, on mettra en avant les travaux de Jean-François Dusigne, par exemple sa synthèse Le théâtre d’art aventure européenne du XXe siècle, Paris, Les Éditions théâtrales, 1997.
  35. Lucien Muhlfeld, article cité, p. 19 et p. 20.
  36. Il faudrait bien sûr prendre en compte la naissance du cinéma dont les conséquences sur la vie théâtrale sont immenses.
  37. Capus a été récemment remis en lumière par un ouvrage collectif : Marie-Ange Fougère (dir.), Alfred Capus ou le sourire de la Belle Époque, Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, coll. « Écritures », 2022.
  38. La Lecture, numéro du 8 juillet 1917, « Le Théâtre et le Public de demain » par G. Latouche.
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Pessac
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EAN html : 9791030011333
ISBN html : 979-10-300-1133-3
ISBN pdf : 979-10-300-1134-0
Volume : 33
ISSN : 2741-1818
Posté le 04/06/2025
12 p.
Code CLIL : 3677
licence CC by SA

Comment citer

Yon, Jean-Claude, « Le petit et le mineur à la Belle Époque. Quelques pistes de réflexion », in : Charlier, Marie-Astrid, Thérond, Florence, dir., Écrire en petit, jouer en mineur. Scènes et formes marginales à la Belle Époque, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, collection PrimaLun@ 33, 2025, 19-30 [en ligne] https://una-editions.fr/petit-et-mineur-a-la-belle-epoque/ [consulté le 04/06/2025].
Illustration de couverture • Dessin de Raphaël Kirchner, dans Félicien Champsaur, Le Bandeau, Paris, La Renaissance du Livre, 1916.
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