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Petites langues et grands problèmes :
autour des nominations du vote, de l’ingrien et du seto,
et de leurs variétés

par

Introduction

L’Ingrie (la terre des Ingriens) est le nom historique de la partie occidentale de l’actuel oblast de Léningrad, entre les rivières Narva et Neva, historiquement habitée par trois petits groupes ethniques : les Votes, les Ingriens et les Finnois-Ingriens, locuteurs de langues finno-baltiques. Ces groupes sont étroitement liés entre eux et leurs langues, dans une situation très diglossique, ayant évolué hors structures administratives et politiques propres, ont pu présenter des profils particuliers quant aux façons de les nommer, sujet qui va être abordé ici. Très proches géographiquement, les Setos du Setomaa, dont la langue, très proche de l’estonien, fait aussi partie des langues finno-baltiques, se situent à cheval sur la frontière russo-estonienne (raïon de Petchory dans l’oblast de Pskov et comtés de Põlva et Võru en Estonie). L’identification et le nom de leur langue par les Setos rencontrent dans ce contexte géographique de façon prégnante et spécifique la problématique de la proximité avec l’estonien. Cela apparaît en outre de façon encore plus particulière dans le contexte éloigné, en Sibérie, du kraï de Krasnoïarsk (village de Novaya Petchera), où les deux langues se sont retrouvées en contact.

Les groupes ethniques d’Ingrie et leurs langues

Les Votes

Les Votes forment la plus ancienne population connue de ce territoire. Dans le passé, ils habitaient le nord-ouest de la plaine d’Europe orientale, de la côte sud du golfe de Finlande au nord jusqu’aux cours supérieurs des rivières Luga et Plyussa au sud1 et de la rivière Narva à l’ouest jusqu’à la rivière Neva à l’est (Šlygina 1994 : 126). Au XIIe siècle, les Ingriens sont venus en Ingrie, et au XVIIe siècle, les Finnois. Dans les annales avant 862, le chroniqueur russe Nestor nomme les tribus finno-baltiques sous le nom de Tchoudes (чудь), qui, pense-t-on, inclut les Votes. Cependant, E. A. Ryabinin écrit que, selon les données archéologiques, la frontière de la terre des Votes avec celle des Tchoudes passe le long de la rivière Sista et de son affluent, le Suma, ce qui signifierait que les Votes et les Tchoudes ne peuvent pas être assimilés (Ryabinin 2001 : 13). Les Votes ont été mentionnés pour la première fois dans la chronique de Novgorod de 1069. Cependant, E.A. Ryabinin estime que cette mention « ne peut être interprétée ni d’un point de vue géographique (il n’y a pas d’indication de la zone de résidence) ni d’un point de vue archéologique (il n’y a pas d’anciennetés synchrones fiables). Les “Votes” du XIe siècle restent encore un mystère historique » (Ryabinin 2001 : 11). La terre qui appartenait aux Votes a intégré partiellement la République de Novgorod sous le nom de Vodskaâ Pâtina.

Les Votes ont participé à de nombreuses batailles aux côtés de Novgorod, et en 1445, après l’une d’entre elles, une partie des Votes a été faite prisonnière par l’Ordre livonien en Courlande pour construire le château de Bauska. Il n’y a pas d’autres informations sur les Votes en Lettonie. F. I. Widemann a proposé puis prouvé l’hypothèse selon laquelle le peuple qui existait en Lettonie jusqu’au début du XIXe siècle sous l’ethnonyme de Krevins était « la descendance de ces “captifs” dont parle la chronique et que, vers 1445, les troupes livoniennes ont “traînés” sur leurs terres après la campagne contre Novgorod » (Widemann 1872 : 114). En 1871, F. I. Widemann entreprit un voyage dans les lieux où les Krévins avaient vécu dans le passé et constata que la langue krevinoise avait définitivement disparu. Les personnes très âgées se souvenaient de quelques mots ; autrefois, lorsque la langue était encore vivante, les missionnaires prenaient de petites notes. Il resta un corpus de 108 phrases de la langue krévine, qui a permis à Widemann de répondre aux questions : qui étaient les Krévins, d’où ils venaient en Courlande et qui étaient leurs parents les plus proches ?

La première personne à écrire sur les Votes fut le pasteur de Narva, Trefurt, au XVIIIe siècle, qui désignait ce peuple sous le nom de Tchoudes (Trefurt 1783 ; 1785). Il put enregistrer une chanson vote de huit lignes. Plus tard, le chercheur estonien Hupel fit une analyse linguistique de cette chanson, dont il conclut que « les Ingriens et les Estoniens étaient frères » (Hupel 1785). Un peu plus tard, un autre pasteur, Cetreus, utilisa le mot suédois « Watländare ». Son œuvre fut publiée par l’éducateur finlandais Porthan (Porthan 1802). А. Sjøgren, qui a brièvement étudié la langue des Votes dans un village vote, identifie au vote le tchoude du sud, et au vepse, qu’il estime être apparenté à la langue vote, le tchoude du nord (Sjøgren 1833).

En 1856, August Ahlqvist, auteur de la première description grammaticale de la langue vote écrivait :

« Dans plusieurs villages des districts d’Oranienbaum et de Jamburg de la province de Pétersbourg vit une petite nation qui, par sa langue, ses coutumes et ses costumes nationaux, se distingue de ses voisins finnois et russes. Ils se nomment eux-mêmes Wadjalaiset, les Finlandais Watjalaiset, les Russes Tchoudes (Tchudya) et (dans les annales) Votes, et dans l’histoire finlandaise et suédoise ils sont connus sous le nom de Woter, Watländare »2 (Ahlqvist 1856 : I).

Il appelle lui-même son travail en suédois « Wotisk grammatik jemte språkprof och ordförteckning » (La grammaire de la langue vote avec les textes et le vocabulaire) (Ahlqvist 1856). En 1922, D. Tsvetkov, originaire du village vote Jõgõperä, situé dans la partie la plus occidentale de l’aire linguistique vote, a écrit La première grammaire du vote (Agranat 2017). D. Tsvetkov n’était pas au courant de l’existence de l’ouvrage d’A. Ahlqvist, il a donc considéré sa grammaire comme la première (Agranat 2017). Il n’utilise aucun autre nom approprié. Le même auteur a écrit qu’au début du XXe siècle, si une jeune épouse ingrienne arrivait dans une famille vote, tous les membres de la famille, y compris la génération la plus ancienne, se mettaient à parler l’ingrien. Cela a conduit à ce que la langue vote soit supplantée par la langue ingrienne. Déjà, au début du XXe siècle, selon D. Tsvetkov, les Votes s’appelaient Ingriens, quand ils parlaient en russe, bien que le nom propre des Votes, Vad’d’alaizõd, ait été conservé quand ils parlaient en vote. Les filles votes ne chantent pas à propos d’elles-mêmes qu’elles sont « vad’d’õl’aizõd – on lustiD » (littéralement, « Les Votes sont belles »), mais en russe elles chantent : « Toutes les petites Ingriennes sont jolies » (Tsvetkov 1925 : 42).

D’après le Dictionnaire des dialectes ingriens (Inkeroismurteiden sanakirja) (Nirvi 1971), dont l’auteur a commencé à rassembler les données bien avant sa publication, les locuteurs du dialecte de la péninsule de Soïkkola nommaient les Votes « Vadelain » et « Vadikkain ». Ce dialecte était moins en contact avec la langue vote. Dans le dialecte de la basse Louga, le même dictionnaire enregistre les noms « Vadjalane », « Vad’d’alaine » pour désigner les Votes. Dans ce bassin de la basse Louga, les langues vote et ingrienne sont en contact étroit, le dialecte de la basse Louga étant soumis à une très forte influence du substrat vote.

En 1929, J. J. Lensu a enregistré des textes dans presque tous les villages du territoire linguistique des Votes. Dans le village d’Itsäpäivä, il a notamment enregistré le texte suivant : « med’ďie vätṧeä kutsuas – vad’alaizet, a tara ili nurmi rannas on lüütü raia-vad’a » (Lensu 1930 : 286), littéralement : « nos gens sont appelés les Votes, et un pieu de délimitation est planté à la limite du potager ou du champ ». La traduction dans le livre est inexacte et ne reflète pas l’essence : « notre peuple est appelé “Vadjalaizet” et un pieu de délimitation (vad’ia)3 est enfoncé sur les bords du potager ou et du champ » (Lensu 1930 : 288). Apparemment, l’auteur de la déclaration a voulu montrer une homonymie : vad’ia est le nom du peuple et de sa langue, ainsi qu’un mot signifiant « pieu » et « coin ». Il existe une version selon laquelle l’ethnonyme dériverait du mot « vad’ia » avec le sens de coin4, car, dans les temps anciens, les Vad’ia attaquaient en formation en coin lors des batailles.

Dans le village de Puumala, un peu plus à l’est, J. J. Lensu a enregistré : « Nous ne sommes ni des Estoniens ni des Votes mais nous sommes des Talapans » (miä em ou viroлaiset eikä tṧudiat, miä ōm taлapantsit) (Lensu 1930 : 271). En réalité, la traduction est également inexacte : « nous ne sommes ni des Estoniens ni des Tchoudes, mais nous sommes des Talapans ». Ce dernier nom est un exonyme venu du russe (Talapancy) autrefois péjoratif qui est devenu un endonyme avec le temps.

La langue vote est toujours restée non écrite. La langue ingrienne a été écrite à partir du début des années 1930, pendant la période de construction linguistique (âzykovoe stroitelʹstvo). Elle commença à être enseignée à l’école et le resta jusqu’en 1937, date à laquelle les manuels furent détruits et les auteurs de l’abécédaire fusillés. Les enfants votes recevaient un enseignement en vote comme langue maternelle, au même titre que les enfants ingriens. Cela ne s’est produit que dans les villages les plus à l’ouest, où les Votes se sont appelés Ingriens, et leur langue, ingrienne. À l’est de ces villages, les enfants votes n’ont pas appris la langue ingrienne.

Aujourd’hui, les derniers locuteurs de la langue vote vivent dans la partie ouest de la région au confluent de la rivière Louga et du golfe de Finlande. Ailleurs, la langue a disparu au milieu du XXe siècle. Quand, à la fin du XXe siècle je suis venu chez les Votes pour la première fois, ils se sont tous nommés « Ingriens », et leur langue, « ingrienne », alors qu’ils ont démontré leur différence avec l’ingrien proprement dit en termes de langue, présentant un dicton dans les deux langues avec une différence dans la phonétique faisant fonction de diagnostic. Dans le discours vote, l’ancien nom de soi et le nom de la langue ont été conservés.

Au début du XXIe siècle, je me trouvais dans le village de Puumala, où vivait une famille ingrienne qui avait été réinstallée de la zone côtière vers l’intérieur des terres, après la Seconde Guerre mondiale. Ils s’appelaient eux-mêmes du mot russe « Talapancy »5, tout comme les informateurs votes de J. J. Lensu. À l’époque où Lensu y travaillait, il n’y avait pas d’Ingriens dans le village. Les Ingriens qui y vinrent ensuite adoptèrent cet ethnonyme de « Talapans » porté par les Votes alors que ces derniers avaient disparu de cette terre lorsque j’y ai enquêté.

Les Ingriens

Les ancêtres des modernes Ingriens ont quitté l’isthme de Carélie au tournant du premier millénaire de notre ère, séparés des autres Caréliens, et sont partis vers l’ouest, le long de la côte sud du golfe de Finlande. Au XIIe siècle, ils ont atteint ce que sont aujourd’hui les lieux où vivaient les Votes. Et des Ingriens se sont installés parmi les Votes.

L’ancien nom propre des Ingriens, « karjala » (« Caréliens », en fait), a été conservé jusqu’au milieu du XXe siècle ; dans les textes enregistrés à cette époque auprès des locuteurs, on ne trouve que cet ethnonyme, voir par exemple dans ce recueil de textes (Ariste 1960). Au même endroit, ils se nommaient autrefois « Caréliens », et maintenant, généralement, « Ingriens » (Ariste 1960 : 57). Les Ingriens appelaient leur langue « maa keeli » (langue de la terre), comme les autres peuples finno-baltique, et aussi « karjala » (carélien). Le nom « karjala » est également enregistré dans le dictionnaire (Nirvi 1971). Dans le passé, les Votes désignaient également la langue ingrienne par les termes « karjala » et « karjakko », et les Ingriens « karjalainõ », ceci est enregistré partout, comme le reflète le dictionnaire de la langue vote (Vadja keele sõnaraamat 2013). Le même dictionnaire enregistre ižorilainõ, ižora, mais dans un nombre très limité de localités. De nos jours, l’ethnonyme « Karjala » (Caréliens) n’est pas utilisé, de même que les anciens noms de la langue. Nos informateurs se sont appelés « Inkeriläin » (Ingrien), « šuomalain » (Finnois), « Talapancy » (Talapanais). Ils appelaient également leur propre langue de différentes manières : « ižorin keeli » (langue ingrienne), « inkerin keeli » (langue de l’Ingrie), « oma keeli » (propre langue), « šuomen keeli » (langue finnoise).

Les recherches sur la langue ingrienne ont été lancées par le linguiste finlandais V. Porkka au XIXe siècle. Il a rédigé un ouvrage intitulé Ueber den ingrischen Dialect mit Berücksichtigung der übrigen finnisch-ingermanländischen Dialekte. Helsingfors (Sur le dialecte ingrien en comparaison avec les dialectes ingriens-finnois) (Porkka 1885). Bien que le titre se réfère au dialecte ingrien au singulier, il a néanmoins étudié les quatre dialectes qui étaient encore vivants à l’époque, et il n’utilise pas d’autre nom pour cet idiome. Au milieu du XXe siècle encore, les linguistes finlandais ne reconnaissaient pas l’ingrien comme une langue indépendante et utilisaient le terme de « dialectes ingriens », sans toutefois préciser de quelle langue étaient ces  dialectes. Le linguiste estonien A. Laanest, qui effectue des recherches sur cet idiome depuis les années 1960, a insisté sur le fait qu’il s’agit d’une langue distincte, un point de vue qui s’est fermement établi scientifiquement.

Il existe plusieurs points de vue sur l’origine de l’ethnonyme « Ižora » (Ingrien) et du nom « Ingermanlande ». En 1220, dans les chroniques d’Henri Letton, ce territoire est appelé pour la première fois « Ingria » (Ingrie), et ses habitants « Ingaros » (Ingriens). Plus tard, le pays fut appelé « Ingermanlandia » ; « Ižora », « Ižera » dans les chroniques russes de 1240-1241 ; « Ingermanland » dans les chroniques suédoises et allemandes. R. A. Ageeva pense que l’ethnonyme moderne était lié au nom d’un affluent de la rivière Neva, la rivière Izhora (nom finno-baltique de la rivière Inkerijoki, littéralement : rivière Inkeri) près de laquelle ils vivaient (Ageeva 2002 : 75). Elle est basée sur l’opinion de l’archéologue V. V. Sedov selon laquelle, au XIIIe siècle, les Ingriens ont commencé à se déplacer vers l’ouest à partir de la rivière Izhora (Sedov 1953). Selon cette hypothèse, l’Ingermanlandia tire son nom du nom de la tribu Izhora, qui, à son tour, tire son nom de la rivière Izhora. Certains chercheurs (par exemple, Saressalo 2003) pensent que l’explication liée au nom de la rivière est la plus crédible.

Selon une autre version, avancée par A. Sjøgren, le prince de Kiev Yaroslav le Sage, ayant épousé la fille du roi de Suède Olof Skotkonung, Ingegerd, en 1019, lui offrit en cadeau de mariage la région de Staraya Ladoga et ses environs. C’est ainsi qu’au début, les faubourgs de cette ville portaient le nom de son propriétaire, et plus tard, avec l’expansion du territoire, toute la région a reçu le même nom (Sjøgren 1833). M. Vasmer soutient le point de vue de A. Sjøgren comme étant le plus étayé (Vasmer 1986 : 119). Le fait que l’ethnonyme « karjala », comme indiqué ci-dessus, a été conservé jusqu’à récemment, et l’autonyme, « Ižorcy » (Ingriens) signifie très probablement « habitants d’Ingermanlandia », plaide en faveur de la deuxième version. Autrement dit, ce n’est pas la région qui a tiré son nom de l’ethnonyme, mais l’inverse. Un autre argument en faveur de cette dernière version est le nom des Finnois ingermanlandais ou Finnois ingriens, discuté ci-dessous.

Outre les dialectes ingriens historiquement attestés et répandus en Ingrie, on sait depuis peu que l’ingrien était parlé dans plusieurs villages des rives du lac Peipus jusqu’au milieu du XXe siècle. Jusqu’à présent, la littérature ne mentionne pas que l’ingrien était parlé dans la région de Pskov quoiqu’il ne soit guère possible d’établir la filiation dialectale de cet idiome aujourd’hui disparu. Nous avons réussi à faire un petit nombre d’enregistrements audio du dernier informateur qui a quitté son pays natal lorsqu’il était enfant et avait des difficultés à se souvenir de la langue (Agranat 2019a). Il se référait à sa langue comme étant l’ingrien et le matériel linguistique collecté le confirme.

Les Finnois d’Ingrie

Après le traité de Stolbov en 1617, la côte sud du golfe de Finlande etait passé à la Suède. La côte sud du golfe de Finlande tomba aux mains de la Suède, et le roi de Suède tenta de convertir la population du territoire conquis au luthérianisme. Cette tentative provoqua des retraits massifs en Russie, non seulement des Slaves, mais aussi des Votes et des Ingriens, qui, bien que pratiquant encore de nombreux rites païens, étaient devenus depuis longtemps orthodoxes. Après la rétrocession de l’Ingrie à la Russie, certains des colons revinrent :

« Voisins, puis sujets de Novgorod, les Votes prirent part aux interminables batailles que les Russes livrèrent constamment sur leur territoire, jusqu’à ce que finalement, ayant construit en 1280 la forteresse de Koporje (en finnois : Kaprio), ils installent pour longtemps leur domination sur la côte méridionale du golfe de Finlande, ce qui répandit l’orthodoxie parmi les populations vote et ingrienne »6 (Ahlqvist 1856 : I).

Les Finlandais ont migré vers la zone libérée depuis la côte nord du golfe de Finlande. Parmi les colons, il y avait deux groupes ethniques : celui des Savakot (pluriel, le singulier est « Savakko ») et celui des Äyrämöiset (également au pluriel), qui venaient de lieux différents, Savo et Äyräpää respectivement, et qui parlaient des idiomes différents. Apparemment, pour la première fois, des informations sur ces idiomes furent présentées (Porkka 1885). V. Porkka utilise les noms de « Savakot » et d’« Äyrämöiset » et le nom général de « dialectes ingriens-finnois ». Les deux groupes ethniques ont été différenciés dès la première moitié du XXe siècle, au moins les Savakot sont mentionnés par Prytkova (1930) et Gabe (1930).

Suite à la réinstallation des Savakot et des Äyrämöiset dans les mêmes villages, les groupes ethniques et leurs idiomes se sont mélangés ; ces noms sont complètement tombés en désuétude et ont été perdus. Aujourd’hui, seul l’exonyme commun est conservé, « Finnois-Ingriens » ou « Finnois d’Ingrie », en finnois « Inkerilaiset », cela signifie « les habitants de l’Ingrie », c’est-à-dire que l’ethnonyme est dérivé du nom du territoire. Eux-mêmes se nomment simplement Finnois, et nomment « finnois » leur langue. Nos répondants ont déclaré qu’ils considéraient les Finnois vivant en Finlande comme un peuple apparenté mais qu’ils ne s’identifiaient pas pour autant à eux.

Nomination et prestige

Dans le cadre d’une enquête sociolinguistique en Ingrie, nous avons notamment demandé aux personnes interrogées : « Quelles sont les ethnies qui vivent dans votre quartier ? ». Tous les enquêtés finnois ont nommé les Ingriens, mais seuls certains s’en sont souvenus par eux-mêmes et d’autres en étant solicités par une proposition du nom. Il est cependant possible que les Ingriens aient également été compris comme étant des Votes. Quant au vote, seuls 47 % des Finnois l’ont nommé, et la moitié a déclaré n’en avoir jamais entendu parler. Les Votes identifient à la fois le peuple ingrien et les Finnois, le peuple ingrien identifient les Finnois, la moitié des répondants ingriens ont nommé les Votes, et une partie de la population vote se considérait comme ingrienne. Il ressort de la réponse à cette question des éléments intéressants du point de vue du prestige de la langue et de l’identification de l’ethnicité des voisins.

А. Ahlquist écrit à propos des Votes :

« Ce peuple était une minorité en 1848 et (selon Köppen) ne comptait que 5 148 hommes et femmes. Dans le passé, la plupart de l’Ingrie leur appartenait, c’est pourquoi lorsque ces terres sont passées progressivement sous la domination de la République de Novgorod, la Vodskaya Pyatina a été instaurée » (Ahlqvist 1856 : I).

P. I. Köppen est le premier à avoir recueilli des données exactes sur le nombre d’habitants de la région vote. En 1848, il y en avait 5 148 au total, vivant dans 32 villages (Köppen 1851). Selon le même chercheur, le nombre d’Ingriens à la même époque était de 17 800 (Köppen 1867). Probablement en raison de la supériorité numérique des Ingriens, la langue ingrienne a-t-elle été, jusqu’au début du XXe siècle, la lingua franca pour la communication entre les Ingriens et les Votes. Il semble que cette fonction de lingua franca ait été la cause et non la conséquence du prestige croissant de la langue ingrienne par rapport à la langue vote. Il existe des situations où une langue plus prestigieuse est choisie comme lingua franca mais, dans ce cas, la langue ingrienne ne présentait aucun avantage, hormis celui du nombre de locuteurs. Comme on l’a vu plus haut, cela a contribué non seulement au changement de glossonyme, mais aussi à l’évincement du vote par l’ingrien.

À la fin du XXe siècle, dans la communication entre Votes et Ingriens, le changement de code ne se produisait qu’en faveur de la langue ingrienne en raison du plus grand prestige de cette dernière (Agranat 2020). Les contacts linguistiques entre Votes et Ingriens étaient intenses, les mariages mixtes étant fréquents et les groupes ethniques étaient proches non seulement linguistiquement mais aussi confessionnellement : tous deux étaient orthodoxes, contrairement aux Finnois ingriens qui conservaient le luthérianisme et s’impliquaient rarement dans des mariages interreligieux. Les Finnois se tenaient à l’écart.

Les écoles finnoises étaient déjà établies en Ingrie depuis le XVIIIe siècle, soit un siècle plus tôt qu’en Finlande. Jusqu’aux années 1930, il y avait en Ingrie des écoles finnoises, des salles de lecture et des bibliothèques, une presse (au cours de la période 1925-1937, environ 20 journaux et almanachs) et de la littérature imprimée étaient publiées et des églises paroissiales fonctionnaient. La politique nationale menée au cours des années suivantes a eu pour effet de restreindre artificiellement la langue finnoise et de la réduire à une simple langue domestique. Dans les autres sphères, seule la langue russe fonctionnait (Eliseev & Koppaleva 2005). Il se pourrait également que, dans le passé, le degré de développement fonctionnel nettement plus élevé du finnois ingrien, comparé aux langues de ses voisins, ait contribué au prestige dont il jouissait auprès de ses locuteurs, permettant à ces derniers de faire abstraction des langues parlées dans leurs villages les plus proches. On peut également rappeler que le prestige d’une langue est souvent renforcé lorsqu’elle est utilisée comme langue officielle dans un autre pays, bien que, comme mentionné ci-dessus, nos répondants considèrent les Finnois vivant en Finlande comme un peuple apparenté, mais ne s’identifient pas pour autant à eux.

Fig. 1. Carte réalisée par Yuri B. Koryakov (Institut de Linguistique de l’Académie des Sciences de Russie, Moscou), avec son autorisation et nos remerciements.
Fig. 1. Carte réalisée par Yuri B. Koryakov (Institut de Linguistique de l’Académie des Sciences de Russie, Moscou),
avec son autorisation et nos remerciements.

Le cas du seto

Les Setos constituent quant à eux un petit groupe ethnique, locuteur d’un idiome finno-baltique étroitement lié à la langue estonienne. Il s’agit de la population autochtone de la région de Petchory de l’oblast de Pskov et de la partie sud-est de l’Estonie. La région historiquement habitée par les Setos est appelée Setomaa (littéralement terre des Setos).

Des théories divergentes ont été formulées au sujet d’origine des Setos. À la fin du XIXe siècle, des intellectuelles russes de Pskov voyaient dans cette population le résultat de l’estonisation de vieux croyants russes qui auraient fui la Russie pour échapper aux persecutions dont ils avaient été victimes à cause de leur foi. Plusieurs auteurs estoniens ont soutenu l’hypothèse que les Setos étaient les descendants d’immigrants venus de l’Estonie du sud. D’autres auteurs ont défendu la thèse d’une origine autochtone. Le débat entre ces deux dernières hypothèses n’est toujours pas tranché. On s’accorde toutefois sur le fait que la population seto aurait été augmentée de façon régulière, jusqu’au XIXe siècle, d’un flux migratoire en provenance de l’Estonie du sud, les nouveaux venus s’assimilant à la population locale. Ce processus d’assimilation aurait cessé de fonctionner au XIXe siècle car les nouveaux migrants avaient désormais une conscience nationale plus développée et la volonté plus forte qu’auparavant de conserver leur religion luthérienne (Chalvin 2011 : 120).

À l’origine du nom « Seto » se trouve un terme péjoratif utilisé par les Estoniens. Les Setos eux-mêmes s’appelaient les « gens du pays » ou « gens de la campagne » (maarahvas), comme les Estoniens avant le milieu du XIXe siècle, ou utilisaient des désignations comportant un pronom de première personne du pluriel : « möö » (nous), « möö rahvas » (notre peuple), « möö kiil » (notre langue). Mais dès la fin du XIXe siècle, une partie d’entre eux commencèrent à utiliser le mot « Seto » pour se différencier des Russes et des Estoniens, selon un processus assez classique par lequel un peuple adopte pour se designer lui-même le nom que les autres lui donnent, c’est-à-dire convertit un exonyme en endonyme (Chalvin 2011 : 122).

Nos informateurs demandent à être appelés « Setus », considérant que la prononciation « Seto » est incorrecte, estonisée. Néanmoins, jusqu’à récemment, l’ethnonyme et glossonyme « Setu » était utilisé dans la littérature scientifique. Selon une explication répandue, le mot viendrait d’une déformation du partitif du pronom démonstratif (seta/setä). Il aurait été formé dans la première moitié du XVIIIe siècle. Les habitants du raïon de Petchory achetaient à cette époque des pots et autres récipients en terre cuite à une fabrique de Petchory, et allaient les échanger contre des chiffons dans d’autres régions d’Estonie. Après quoi, ils vendaient les chiffons à la fabrique de Räpina. Lors de ces tournées, les contacts avec les autres Estoniens se heurtaient parfois à des difficultés linguistiques, et pour préciser les souhaits des clients, les vendeurs de pots devaient demander : « Kas taht setä vai setä? » (Est-ce que tu veux ça ou ça ?). Le mot setä, qui revenait sans cesse dans leur discours, a été modifié par contamination avec une autre particularité de leur langue (la présence de la voyelle o ailleurs que dans la première syllabe), pour donner le mot seto, par lequel les Estoniens ont commencé à les désigner (Chalvin 2011 : 122).

Avant 1917, les Setos étaient des sujets de l’Empire russe ; après l’indépendance de l’Estonie, le territoire seto (Setomaa) en a fait partie. En 1940, l’Estonie fut annexée à l’Union soviétique. En 1944, la frontière administrative entre la RSS d’Estonie et la RSFSR a été démarquée et la région de Petchory a été annexée à l’oblast de Pskov. Une partie des Setos vivait donc en Estonie, l’autre en Russie. Jusqu’en 1991, cela n’a pas posé de problèmes mais, aujourd’hui, les gens se sont retrouvés séparés par la frontière entre deux États. Sur les problèmes quotidiens du peuple Seto causés par l’établissement de la frontière de l’État on pourra consulter Dautancourt (2010). Une grande partie du peuple seto a émigré en Sibérie entre les années 1890 et 1914 à la suite des réformes agraires de Stolypine. La migration prit fin avec le début de la Première Guerre mondiale, car de nombreux jeunes des terres setos d’origine furent enrôlés dans l’armée. Le nombre exact de Setos qui ont migré est inconnu. Nigol (1918) parle de 5 000 à 6 000 personnes, tandis que Piho (1995) suggère que le nombre total aurait été supérieur à 8 000. Selon Buk (1909), pour la seule année 1906, un total de 3 569 passeports avait été délivré dans les trois municipalités du Setomaa. Le fait est que les Setos, tout comme les autres paysans de l’Empire russe, n’avaient pas de passeports, ni de noms de famille. Les passeports étaient nécessaires comme document de voyage, les noms de famille setos, qui devaient être écrits dans le passeport étant orthodoxes, étaient donnés par les Russes. Les Setos qui restèrent sur le territoire autochtone, lorsqu’ils se sont retrouvés dans l’Estonie bourgeoise, ont pris des noms de famille estoniens.

Aujourd’hui encore, le centre culturel et religieux le plus important qui unit tous les Setos est le monastère de la Sainte Dormition de Pskov-Petchersk à Petchory. Le monastère fut fondé en 1473 et les Setos furent alors convertis à l’orthodoxie et devevinrent des paysans monastiques. Néanmoins, la plupart des Setos n’avaient pratiquement aucune connaissance de la langue russe et ne comprenaient pas le service religieux. En revanche, ils continuaient à pratiquer des rituels païens, ce qui leur valut le surnom de « demi-croyants » (полуверцы) qu’ils ne considéraient pas comme insultant et qu’ils utilisent encore parfois comme endonyme, apparemment sans en ressentir le sens profond.

Dans l’Estonie bourgeoise, les Setos étaient considérés comme des Estoniens. La jeune république s’employa à mettre en quelque sorte en pratique la conception que les intellectuels estoniens se faisaient de l’origine et de l’identité des Setos, conception que l’on pourrait résumer en ces termes : les Setos sont les Estoniens, mais ils ne le savent pas, il faut donc les aider à en prendre conscience (Chalvin 2011 : 123). Nos informateurs, qui vivent maintenant dans la région de Pskov, nous ont raconté que, depuis l’indépendance de l’Estonie, l’organisation sociale du peuple seto a été modifiée de force. Les Setos vivaient dans de petits villages, mais dans les années 1920, ils ont été déplacés dans des fermes, car ce type d’habitat était propre aux Estoniens. Le fait est que les Setos sont beaucoup plus grégaires que les Estoniens et qu’ils préfèrent donc vivre de manière plus compacte. Le tempérament et le rythme d’élocution du Seto sont également différents de ceux de l’Estonien, ce qui se reflète dans le dicton : « Le Seto coud comme une machine à coudre ». Les Setos eux-mêmes se distinguent nettement des Estoniens non seulement par leur religion, mais aussi par leur langue, leur culture et leurs coutumes.

La constitution estonienne de 1920 garantissait aux membres des minorités nationales le droit à une éducation dans leur langue native. Mais, pour les Setos, cette disposition ne put s’appliquer. D’abord parce qu’il n’existait pas de langue écrite seto qui aurait pu servir de langue d’enseignement. Et ensuite parce que, de toute façon, les Setos étaient considérés comme des Estoniens. On les obligea donc à fréquenter l’école estonienne, où l’enseignement était dispensé en estonien standard, fondé sur les dialectes estoniens du nord, très différents de la langue parlée par les Setos. Celle-ci est plutôt un dialecte de l’estonien du sud, lequel est aujourd’hui considéré par les linguistes comme une langue distincte de l’estonien du nord, et l’incompréhension est effectivement très difficile. De fait, les enfants setos avaient de grandes difficultés avec l’estonien standard (Chalvin 2011 : 128-129).

Les dialectes finnois considérés comme des dialectes estoniens dépendent en grande partie de l’histoire politique et ethnique de l’Estonie et de ses régions voisines et ne sont pas basés sur des critères linguistiques. Par exemple, la langue vote et le dialecte seto diffèrent de l’estonien standard dans la même mesure. Pourquoi le vote est une langue et le seto ne l’est pas peut s’expliquer par des histoires ethniques et politiques différentes (Pajusalu 2003 : 232).

Dans le raïon de Petchory, dans l’oblast de Pskov, malgré le fait que pendant la période soviétique il s’agissait officiellement d’un territoire de la RSFSR, il y avait des écoles avec l’estonien comme langue d’enseignement, où les enfants setos étudiaient. Après l’effondrement de l’Union soviétique, jusqu’en 2005, l’une des écoles de Petchory enseignait en estonien. Dans les années 1990, les enfants des villages frontaliers étaient autorisés à traverser la frontière et à fréquenter quotidiennement les écoles estoniennes. À partir de 2005, tout l’enseignement scolaire est passé au russe. Bien qu’ils aient reçu des noms de famille estoniens et qu’ils aient reçu un enseignement en estonien, les Setos ont conservé leur identité ethnique et leur langue. Sur la répartition fonctionnelle des trois langues dans de telles conditions, on renverra à notre contribution sur ce peuple (Agranat 2019b).

Frontière Estonie-Russie et le territoire seto (Dautancourt 2010 : 163).
Fig. 2. Frontière Estonie-Russie et le territoire seto (Dautancourt 2010 : 163).

Pour ceux des Setos qui se retrouvèrent en Sibérie, la première génération d’immigrants était analphabète. Les écoles ne sont pas apparues immédiatement. Plus tard, des enseignants estoniens y furent invités. La langue d’enseignement pour le peuple seto était alors l’estonien, la langue la plus proche de leur langue maternelle. Mais, en 1938, presque tous les enseignants estoniens ont été fusillés, les manuels scolaires estoniens ont été détruits et la langue d’enseignement pour les enfants estoniens et setos est devenue le russe. Ces Setos sibériens, bien qu’ils aient également reçu un enseignement en estonien pendant un certain temps, et que, de plus, ils portaient des noms de famille russes, ne s’identifiaient néanmoins pas aux Estoniens.

De fait, les Setos de Petchory et de Sibérie refusent fermement de s’identifier aux Estoniens, mais, même si cela paraît complexe, ils se réfèrent assez souvent à eux-mêmes en tant qu’Estoniens et à leur langue en tant qu’estonienne, ce qui signifie le seto pour eux. Or d’où provient leur endonyme ? Les passeports soviétiques indiquaient la nationalité, mais dans le registre des nationalités, « Seto » manquait et renvoyait en définitive à « Estonien ». L’Encyclopédie des peuples de Russie (Tiškov 1994), de son côté, ne contient pas l’entrée « Seto ». « Seto » y apparaît simplement comme l’un des groupes ethniques d’Estoniens qui professent le christianisme orthodoxe. Dans l’un des villages du kraï de Krasnoïarsk, Novaya Petchera, des Setos et des Estoniens se sont installés. Selon les informateurs, au milieu du village, il y avait une clôture entre les deux extrémités seto et estonienne, qui a existé jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Il était strictement interdit de franchir inutilement la clôture d’un côté ou de l’autre, et cette règle était strictement appliquée, même si les enfants étaient dans la même école. L’interdiction était liée à la désapprobation des mariages entre Estoniens et Setos, en tant que représentants de confessions différentes. Il y avait une école dans ce village au milieu des années 1950 jusqu’au milieu des années 1980 (les écoles ont été ouvertes et fermées plusieurs fois, cette école était la dernière). La bibliothèque du village conserve le « Livre alphabétique des dossiers des élèves », qui contient des informations sur tous les élèves qui y ont étudié. La colonne « langue maternelle » nous intéresse particulièrement. Dans les premières entrées de ce livre, la grande majorité des élèves ont l’estonien comme langue maternelle, mais il faut comprendre que cela signifie que c’est du seto, au moins dans certains cas. Le seto, par opposition à l’estonien, n’est jamais mentionné, ce qui semble avoir découlé d’une prescription officielle et influencé deux ethnonymes et leur double glossonymisation propre. Les Setos se sont habitués au nom officiel et l’utilisent comme synonyme de leur endonyme, alors que, du moins dans ce village, ils n’appellent les Estoniens proprement dits qu’avec l’exonyme péjoratif « mõči » (sauvages), qui existe depuis longtemps comme, aussi, chez les Setos de Petchory.

Conclusion

Les langues minoritaires, en raison des contacts inévitables avec leurs voisins, fournissent un vaste matériel pour l’étude des modalités de changement et d’évolution des noms des groupes ethniques et de leurs langues, et permettent d’esquicer une typologie de ces variations. En outre, nombre d’entre elles se caractérisent par l’utilisation en parallèle de plusieurs glossonymes et ethnonymes, y compris des endonymes, ce qui n’est guère possible pour les grands groupes ethniques et leurs langues.


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Notes

  1. Les Votes du sud, qui habitaient dans la région de Gdov, ont été assimilés à la population slave avant les autres, il n’y a aucune information sur leur l’idiome.
  2. Traduit du suédois : « Uti några byar i Oranienbaumska och Jamburgaka kretsarna af Petersburgska guvernementet lefver ett folk, som i språk, seder och klädedrägt skiljer sig från sina finska och ryska grannar, och sjelft kallar sig Watjalaiset, af Ryssarne Чудья och i (krönikorna) Водь samt i Svenska och Finska historien förekommer under namnet Woter, Watländare».
  3. En vote, le mot vad’ia a le sens de « pieu, piquet », et « groupe de guerriers en formation en coin ».
  4. Cf. deux remarques de M. Vasmer : 1) водь (« Vote » en russe) < Vad’d’a (« pieu » et « coin », en vote) (Vasmer 1986 : 331). Matthias A. Castrén fait remonter les noms des tribus finlandaises aux noms des rivières le long desquelles elles se sont installées, et il fait également remonter certains d’entre eux au mot « eau ». Du nom donné à l’eau vient, selon lui, le nom des Votes, puisque, dans les langues finno-ougriennes, la racine d’un mot signifiant « eau » contient le son [v] + voyelle (Castrén 1856 : 15-16).
  5. Cet exonyme « Talapans » (Talapancy) avait été le nom donné par les Russes dans cette région avec le sens péjoratif de « barbare » dont on ne comprend pas le langage. Ce nom avait ensuite été repris à leur compte et intériorisé par les Votes.
  6. Traduit du suédois : « Uti några byar i Oranienbaumska och Jamburgaka kretsarna af Petersburgska guvernementet lefver ett folk, som i språk, seder och klädedrägt skiljer sig från sina finska och ryska grannar, och sjelft kallar sig Watjalaiset, af Ryssarne Чудья och i (krönikorna) Водь samt i Svenska och Finska historien förekommer under namnet Woter, Watländare ».
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EAN html : 9791030008395
ISBN html : 979-10-300-0839-5
ISBN pdf : 979-10-300-0840-1
ISSN : 3000-3563
15 p.
Code CLIL : 3153
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Comment citer

Agranat, Tatiana B., « Petites langues et grands problèmes : autour des nominations du vote, de l’ingrien et du seto, et de leurs variétés », in : Moskvitcheva, Svetlana, Viaut, Alain, éd., Les noms des variantes de langue minoritaire. Études de cas en France et en Russie, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux , collection Diglossi@ 2, 2024, 295-310 [en ligne] https://una-editions.fr/petites-langues-et-grands-problemes [consulté le 15/04/2024].

http://dx.doi.org/10.46608/diglossia2.9791030008395.15
Illustration de couverture • L'illustration de la première de couverture a été réalisée par Ekaterina Kaeta (École académique des Beaux-Arts de Moscou - Département de Création graphique). Deux textes y apparaissent en arrière-plan : à gauche, un extrait d'une poésie en mordve de Čislav Žuravlev (1935-2018), recopié manuellement par l'illustratrice à partir de Žuravlev Č. (2000), Večkemanʹ teše [Étoile d’amour] (tome 2, Sarans, Tipografiâ Krasnyj Oktâbrʹ, p. 139), et, à droite, un extrait d'un poème inédit en occitan de l'écrivain Bernard Manciet (1923-2005), avec l'aimable autorisation de sa famille.
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