Paru dans : Larrieu, B., dir., Léo Drouyn et le Bazadais méridional,
Les albums de dessin, vol. 6, 2000, 21-27.
Pierre Lacour fils (né en 1778) occupa une place de premier plan dans le monde artistique bordelais de 1814 – date de son retour à Bordeaux – à 1859.
Formé par son père puis par Vien et Vincent à Paris, il se fit d’abord connaître dans la capitale comme graveur-illustrateur. Au déces de son père, il lui succéda à la direstion de l’école gratuite de dessin de la Ville de Bordeaux et à la conservation du musée des tableaux. À partir de 1823, il adopta le procédé lithographique apparu à Bordeaux quelques années auparavant.
Les monuments et paysages de Bordeaux et de sa région sont bien représentés dans l’œuvre du dessinateur. Pierre Lacour avait ainsi envisagé de consacrer un album aux vues pittoresques et monumentales du département. Dès 1821 il s’était intéressé au cycle de la Genèse du portail nord de la cathédrale de Bazas. Il collabora en 1833-1835 – et probablement les années suivantes – à la revue La Gironde à laquelle il offrit des lithographies dont les sujets étaient empruntés en particulier au portail sud dédié à la Vierge. Mais il semble bien que ce soit à la suite de sa démission de l›école de dessin de Bordeaux en 1838 qu’il porta à nouveau son regard sur les portails de la cathédrale. En effet, Pierre Lacour fut de 1842 à 1844 professeur de dessin au collège diocésain de Bazas. C’est à cette occasion, semble-t-il, qu’il confia à Jules Tessier ses dessins du Zodiaque et du portail nord dédié à saint Pierre : les lithographies en furent publiées en 1843 et 1844 dans des brochures confidentielles.
En l’absence d’un catalogue raisonné de l’œuvre de Pierre Lacour et des difficultés rencontrées pour accéder à celle-ci, nous nous sommes contenté de présenter sommairement les gravures de Lacour et Tessier et les dessins de Léo Drouyn. On ignore d’ailleurs dans quelles circonstances Léo Drouyn réalisa ces travaux sur table. Ce fut probablement en 1844-45, peu de temps avant qu’il ne se consacre à l’illustration de l’étude de Charles des Moulins sur Bazas (1846). Nous y verrions volontiers une sorte d’exercice préparatoire. On pourra comparer la vision de Lacour transcrite par Tessier et celle de Léo Drouyn du tympan du portail de Saint-Pierre (p. 21, 90, 91).
Portail nord
Quatrième et cinquième arcs de la voussure scènes de la genèse
Il s’agit d’une série de dix dessins au crayon sur calque blanc d’après des gravures de Pierre Lacour publiées pour la première fois dans son ouvrage intitülé Fragmens. Essais sur les Hiéroglyphes Égyptiens, Bordeaux, Brossier, 1821, in-8°, 296 pages dont 24 planches et 12 pages de figures hiéroglyphiques. Pierre Lacour publia une seconde fois les dix planches de la Genèse en complément à son ouvrage Aeloïm ou les Dieux de Moïse, Bordeaux, Técheney, 1839, deux vol. in-8°. Mais il doit exister d’autres éditions, probablement dans La Gironde après 1833-1835. Ces gravures figurent ainsi dans le recueil Vignettes et dessins faits pour La Gironde par M. Lacour (Bibliothèque de Bordeaux). Le cycle devait comprendre douze scènes consacrées à la Chute, la première à la création d’Adam, la dernière à la mort de Caïn. Ces deux scènes ont disparu lors de l’incrustation des dais appuyés aux contreforts mis en place au XVIe siècle.
Les titres figurant sur les dessins sont ceux des gravures de Lacour, repris par Léo Drouyn.
1 – Adam créé à l’image de Dieu Création d’Eve. Dieu à gauche, Adam à droite. “Alors Yahvé fit descendre le sommeil sur Adam.” “Et Yahvé Dieu fit une femme qu’il avait détachée d’Adam et il la lui amena” (Gn., 2, 21).
2 – Dieu défend à Adam et Eve de toucher à l’arbre de la science du bien et dumal. “Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas, vous n’y porterez pas la main de peur que vous ne mouriez” (Gn., 3, 3)(29,5 x 18 cm) VIII – 44/45 n° 9.
4 – Adam et Eve après leur désobéissance. “Et leurs yeux à tous deux s’ouvrirent en même temps et ils connurent qu’ils étaient nus ; ils attachèrent ensemble des feuilles de figuier et s’en firent des ceintures” (Gn., 3, 7) (29,5 x 18,3 cm) VIII – 44/45 n° 10.
5 – Adam et Eve chassés du Paradis terrestre “Yahvé Dieu fit aussi à Adam et à sa femme des tuniques de peau, il les en vêtit.” (Gn., 3, 21). “Et Yahvé Dieu le fit sortir du jardin d’Eden pour aller travailler la terre dont il avait été tire”
(Gn., 3, 23).
6 – Le mauvais Génis conseille Caïn. Cette scène est très mutilée, mais on reconnaît Eve à sa quenouille et la position d’Adam suggère qu’il est en train de bêcher (29,5 x 18,5 cm) VIII- 44/45 n° 11.
7 – Sacrifice offert par Abel “Abel offrit, pour sa part, des permiers nés de son troupeau choisis parmi les plus gras” (Gn., 4, 4).
8 – Sacrifice offert par Caïn “Il advient longtemps après que Caïn offrit à Yahvé des fruits de la terre” (Gn., 4, 3) Dans cette scène Caïn est conseillé par Satan. (25,5 x 14,7 cm) VIII- 44/45 n°12.
9 – Caïn tue son frère Abel “Mais Caïn dit à son frère Abel : “Allons dehors”. Et lorsqu’ils furent dans les champs Caïn se dressa contre Abel son frère, et le tua. (Gn., 4, 8). Caïn lève sa Pioche. Abel porte la main à sa tête comme s’il ressentait déjà le coup.
Portail méridional
Troisieme et quatrieme arcs de la voussure. Zodiaque
L’archivolte externe du portail méridional est décorée des douze signes du zodiaque accompagnés du cycle des travaux de chaque mois.
Le cycle commence en bas à gauche mais, comme au portail nord, la mise en place de nouveaux dais au XVIe siècle a entraîné la disparition du premier et du dernier voussoir. Le signe du Verseau (janvier) et celui du Capricorne (décembre) ont ainsi disparu.
Léo Drouyn a réalisé ces dessins d’après des lithographies par Jules Tessier de dessins de Pierre Lacour. Ces lithographies ont été publiées pour la première fois, semble-t-il, en 1843, dans Etudes lithographiques. Collège de Bazas. Classe de dessin. Souvenir de 1843, puis en 1844 dans le tome II de la Guienne historique et monumentale d’Alexandre Ducourneau.
Tous les dessins sont à la mine de plomb sur calque blanc.
Il convient de noter la différence d’échelle entre le dessin du signe et celui de la scène qui l’accompagne.
janvier-février. Février : les Poissons (29 x 9,5 cm) VIII· 44/45 n° 8/1. Personnage assis, encapuchonné, vêtu d’un manteau doublé extérieurement d’une peau de brebis, se chauffant les pieds et tenant dans sa main ses chaussures – une botte (?). Le pinacle du dais a aujourd’hui disparu.
mars. Mars : le Bélier VIII – 44/45 n° 8/2. Cette scène est mutilée. Un bélier devant un arbre portant de jeunes rameaux. Un vigneron (?) encapuchonné taillant la vigne (?) dont il ne reste qu’un tronc mutilé.
avril. Avril : le Taureau (9,5 x 31 cm) VIII – 44/45 n° 7/1. Ce qu’il tenait à la (main ?) Si c’est une coupe il tenait un verre de l’autre main. Un taureau au pied d’un arbre couvert de feuilles Un personnage debout vêtu d’une robe longue. Il tenait de sa main gauche un objet indéterminé, peut-être aussi un autre objet de la main droite.
mai. Mai : les Gémeaux VIII – 44-45 n° 7/2. Un cavalier, le faucon au poing.
juin. Juin : le Cancer (9,5 x 16 cm) VIII – 44/45 n° 6. Le signe est illisible. Il ne reste plus que le corps d’un homme, peut-être un faucheur.
Juillet. Juillet : le Lion (7, 5 x 21,8 cm) -VIII – 44/45 n° 5. Il coupe les épis lentement et laisse la paille. Un lion, debout de face. C. des Moulins déclare :“Lacour s’était trompé, le lion n’est pas “blasonné de Guienne avec la couronne ducale”. Il a seulement deux oreilles”. Un moissonneur debout coupe les épis avec une faucille laissant la paille derrière lui ; à ses pieds une gerbe debout.
août. Août : la Vierge (6,5 x 21,8 cm) VIII – 44/45 n° 4. Les pieds nus il bat du blé. Une femme debout.Un homme en chemise qui a perdu ses bras ;sur sa droite, une gerbe,entre ses pieds un tas de grain.
7bre. Septembre : la Balance (12 x 15,8 cm) VIII – 44/45 n° 3. Un fouleur debout dans un cuveau. Un vendangeur coupe les grappes d’une vigne haute. À ses pieds, un couffin rempli de raisin.
Bbre. Octobre : le Scorpion. Il s’agit en fait d’une salamandre. Le semeur vêtu d’une tunique courte a perdu son bras droit ; du gauche, il tient la besace contenant le grain.
Le Sagittaire est représenté par une centaure chassant de son arc (disparu) des oiseaux ; en revanche, l’oiseau est bien visible. Un paysan, encapuchonné, vêtu d’une long manteau, semble regarder un arbre ; à ses pieds un animal. On a vu dans cette scène un porc à la glandée, mais cela ne semble pas possible, l’animal étant dressé sur son arriere-train.
