Introduction
Jean Froissart, dans ses chroniques, rapportant les événements qui suivirent la victoire remportée par Bertrand du Guesclin sur les Anglais à Pontvallain (4 décembre 1370), livre à ses lecteurs d’intéressantes réflexions sur le comportement du connétable à l’égard des prisonniers.
Apriès celle desconfiture de Pont Volain, ou une partie des Englès furent ruet jus, pour quoi leur chevauchie se desrompi et deffist toute, messires Bertrans de Claiekin, qui en se nouvelleté de l’office de le connestablie de France usoit, [qui] en eut [grant] grace et grant recommendation, s’en vint en France, et li sires de Cliçon avoecques lui, et amenerent le plus grant partie de leurs prisonniers en leur compagnie en le cité de Paris. La les tinrent il tout aise et sans dangier, et les recrurent sus leurs fois courtoisement sans aultre constrainte. Il ne les misent point en buies, en fers, en ceps, ensi que li Alemant font leurs prisonniers quant il les tiennent, pour estraire plus grant finance. Maudit soient il ! ce sont gens sans pité et sans honneur, et ossi on n’en deveroit nul prendre a merci. Li François fisent bonne compagnie a leurs prisonniers, et les rançonnerent courtoisement, sans yaus trop grever ne presser1.
Dans cet extrait, le chroniqueur oppose deux comportements observés à l’égard des prisonniers de guerre : l’un courtois – celui des Français – et l’autre “sans pitié et sans honneur” qu’adoptent les Allemands ; le passage, qui se rapporte à des événements de 1370, a été écrit après 1388, année d’une expédition française contre le duc de Gueldre, appelé le “voyage d’Allemagne”, au cours duquel plusieurs nobles français furent capturés par des seigneurs allemands qui leur extorquèrent de fortes rançons2. Les remarques de Froissart sont bien propres à introduire mon propos3.
Comme on le sait, dans les usages de la guerre médiévale, faire des prisonniers était non seulement légitime mais souhaitable : Honoré Bovet, dans son célébrissime Arbre des batailles (rédigé entre 1386 et 1389), rappelle que ce principe était consacré par le droit savant : Droit escript que, depuis que un homme est en prison, misericorde lui est deue4. La capture, assortie de la mise à rançon, évitait le massacre des vaincus, mais le prisonnier était à la merci de son capteur – son “maître” pour utiliser le vocable médiéval. C’est ce que rappelle, vers 1460, Jean de Bueil dans Le Jouvencel :
Quant aucun prent ung prisonnier il lui fait ceste grace de le recevoir a la foy. Il lui donne sa vie. Il ne lui peut plus beau don faire ne plus obliger a lui […]. Depuis qu’il a donné sa foy a son maistre il est son esclave et son serf pour faire de lui tousjours a son plaisir5.
Toutefois, en principe, ce droit du maître sur le prisonnier n’était pas absolu. Il n’avait pas sur lui droit de vie et de mort et il ne pouvait le vendre au marché comme on pouvait vendre un cheval. Au contraire, le maître devait donner à son prisonnier “des vivres selon son povoir”6, comme l’affirme Honoré Bovet. Il devait lui garantir, durant sa captivité, des conditions de vie décentes. Il lui fallait, cependant, s’assurer de sa personne pour éviter évasion, rébellion ou espionnage. C’est pourquoi les modalités de la détention des prisonniers n’étaient pas absentes des préoccupations des hommes de guerre même si elles pouvaient être régies par des règles et des usages impliquant le respect du jus in bello.
Le droit d’armes prévoyait que celui qui avait capturé un ennemi sur le champ de bataille devait en avoir la garde et le surveiller ou le faire surveiller. Dans les armées anglaises, dans la seconde moitié du XIVe s., les obligations du maître firent même l’objet d’une réglementation stricte que l’on trouve, par exemple, dans l’ordonnance militaire du roi Richard II datée de 1385 :
Item, si aucuny prent prisoner, qe tantost quil est venuz en lost, quil amesne a son capitaigne ou mestre, sur peine de perdre sa part a son dit capitaigne ou mestre, et que son dit capitaigne ou mestre lamesne a nostre seignur le roy, conestable et mareschall a plus tost qil poet boenement, sanz lamesner autre part, issint qils les purront examiner des novelles et covyn des enemys […] et qe chescun garde ou face garder par les soens son dit prisoner, qil ne chivache a large en host, yant ne auxi voise a large en logement sanz avoir garde sur li, issint qil nespie les privetees en lost, sur peine de perdre son dit prisonier, […] et sur mesme la peine et aussi son corps en areste et a la volunté du roy, qil ne lesse son dit prisoner aler hors del host pur son ranceon, ne pur nulle autre cause sanz congié du roy, conestable et mareschall, ou de la chevytaigne de la bataille en quele il est7.
Ainsi, le premier lieu de détention était le camp, sous une tente ou un abri de fortune. Rapportant les épisodes de la chevauchée du comte de Buckingham en France en 1380, Jean Froissart fait le récit de la capture du chevalier Jean de Mornay pris par les Anglais alors qu’il faisait route vers Saint-Quentin et conclut :
Mais finablement il fu pris et dix hommes d’armes en se compaignie. Et soupperent celle nuit en es logeis des compaignons a [Fonsommes] a deux lieuwes de Saint Quentin, ou li avant garde se loga ; et il quidoient, au disner, soupper a Saint Quentin. Enssi va des aventures8.
La détention provisoire dans le camp était suivie du transfert du prisonnier dans un lieu de sûreté qui pouvait être, selon les circonstances, une prison improvisée, un lieu d’enfermement occasionnel ou un espace spécifiquement voué à la fonction carcérale9. Comme le récit fait par Froissart des événements de 1370 cité plus haut nous l’apprend, le lieu de détention pouvait se situer en milieu urbain : selon le chroniqueur, les Anglais capturés à Pontvallain furent conduits à Paris et détenus “tout à leur aise et sans danger”, ce qui signifie peut-être que les prisonniers furent placés dans des maisons privées. Le fait n’est pas en soi exceptionnel et Geoffroy de Charny, dans ses Demandes pour la guerre (v. 1350) évoque un cas où un prisonnier, mis en “prison ouverte”10 sous serment dans une ville avec la liberté de circuler, se voit ensuite imposer par son “maître” une assignation à résidence dans une demeure urbaine.
Charni demande :
Uns homs d’armes a I autre tel son prisonnier et li fait jurer qu’il tenra prison dedanz les portes de la ville11 et li donne prison d’aler par la ville et cil jure et li tient loyaument, et apres avient que le maistre de celi prison le fait mettre en une maison en la ville et li deffent et comande que il ne s’en parte sanz congié et sanz renouveler sa foy, et II jours ou III jours apres la deffense, le prison s’eschape et s’en va a sauveté, son mestre le requiert, le prison dit que non. Assez y a de bonnes raisons d’une part et d’autre. Qu’en sera il jugié par droit d’armes ?12
Même dans le cas où le prisonnier n’était pas destiné à être traité “courtoisement”, il pouvait être enfermé dans une résidence urbaine. C’est ce qui ressort, par exemple, d’un article extrait d’une supplique que Guy de Pontailler, maréchal de Bourgogne, adressa en 1372 au duc Philippe le Hardi. Se plaignant de s’être vu enlever, par ordre de la justice ducale, des prisonniers faits après une expédition contre les Grandes Compagnies, il mentionne le fait que ces hommes avaient été placés en détention dans sa résidence dijonnaise – qui devait être suffisamment vaste pour recevoir ces hôtes forcés13.
Item, quand Guillaume Pot14 fut desconfit, me furent pris, en mon hostel de Dijon, prisonniers qui povoient valoir deux a trois mille florins et les fit pendre vostre bailli de Dijon, qui est prevost de Paris15.
Faire entrer un prisonnier dans une ville n’était toutefois pas un acte sans risque. Il fallait établir son identité et veiller à ce que sa présence dans la place n’en compromît pas la sécurité. C’est ce que souligne l’auteur du Jouvencel.
Quant ung prisonnier entre en ville, chastel ou autre fortifficacion sans le sceu du cappitaine ou de ceulx qui en ont le gouvernement, ce prisonnier peut estre malicieux, homme sedicieux, escheleur, trompeur, sayeur de portes ou de faulces poternes, peut seduire aucuns de la garnison, ou de la ville, ou de la compaignie, sans ce que on eust aucune congnoissance qu’il ne sauroit qui il seroit, et beaucoup d’aultres maulx. Et pour ce est il de nécessité qu’il soit dit a l’entrée de la porte qui il est, et que on ait congié du cappitaine ou de ceulx aians pouvoir ad ce faire16.
Il était aussi nécessaire de localiser les captifs dans l’espace urbain. Après la bataille de Bulgnéville, livrée le 2 juillet 1431, qui vit la victoire des Anglo-Bourguignons sur les troupes de René d’Anjou, duc de Bar et de Lorraine, les vainqueurs ayant fait leur entrée à Dijon le 13 juillet, le maire et les échevins de la ville exigèrent que ceux qui détenaient des prisonniers en fassent une déclaration, sous peine de sanctions sévères, tout manquement étant assimilé à une trahison à l’égard de la communauté, comme l’atteste le registre des délibérations échevinales.
Deliberé que l’en criera parmi ladite ville que tous ceulx qui auront prisonniers en ceste ville qu’ilz le viengnent dire et declairer incontinent a monseigneur le maire, a penne d’estre reputez traitres envers la ville ; et ce fait, monseigneur le maire en parlera au conseil de la ville pour avoir avis17.
Dans les villes, les résidences particulières n’étaient évidemment pas des lieux de sûreté adaptés et il apparaît dans les sources que les prisons des différentes institutions judiciaires étaient très communément utilisées pour la détention de prisonniers de guerre. Un acte du lieutenant du bailli d’Évreux daté de janvier 1418 fait mention de la mort d’un prisonnier englois lequel est nagueres allé de vie a trespassement es prisons du roy nostre sire18. En 1432, à Beauvais, c’est dans la tour Beauvisage, qui faisait partie des prisons épiscopales, que fut enfermé le bailli d’Auxerre Jean Régnier après sa capture par les partisans de Charles VII19. Ce type d’incarcération pouvait s’expliquer par un souci de commodité puisque ces prisons étaient adaptées à la fonction, mais pouvait répondre éventuellement à une procédure judiciaire : ce fut le cas pour l’écuyer anglais Henri Poinfroit, prisonnier de guerre qui, dans le cadre d’un long procès l’opposant au chevalier français Jean de Melun, seigneur de La Borde-le-Vicomte, fut condamné par le Parlement en 1368, pour violation du droit d’armes, à indemniser la partie lésée ; à la suite de cette condamnation, il fut incarcéré dans les prisons du Châtelet ; s’y trouvant encore en 1380, il y était le plus ancien détenu en ce lieu et portait le titre de “prévôt des prisonniers”20, percevant les émoluments afférant à cette charge ; il semble, étant ravitaillé par un ami parisien, avoir vécu au Châtelet dans de bonnes conditions, bien habillé, bien nourri et y passant son temps à jouer aux dés et à d’autres jeux d’argent21.
Les prisons des lieux de justice se confondaient souvent avec les prisons des châteaux royaux, princiers ou seigneuriaux. Les châteaux urbains sont souvent mentionnés comme lieux de détention des prisonniers de guerre et certains semblent avoir même joué un rôle essentiel en tant que tels : c’est le cas de la Bastille Saint-Antoine à Paris où, par exemple, Arnaud-Guilhem, seigneur de Barbazan, capturé à l’issue du siège de Melun en 1420, fut enfermé jusqu’à son transfert à Château-Gaillard en 142522. À Paris, toujours, le Louvre, résidence royale luxueuse, servit de lieu d’emprisonnement pour des personnages de haut-rang ; selon un témoignage du début du XVIe s., c’était une place forte appropriée a mettre prisonniers, gens de grand renom23. Le fait est bien illustré par le cas de Jean de Grailly, captal de Buch, capturé par les Français en 1372 : le roi Charles V désirant le détacher du parti anglais lui fit d’abord tenir prison courtoise, où il pouvait recevoir de nombreuses visites, avant de le faire transférer au Louvre en raison de son refus de se rallier.
Et Yewains de Galles, au commandement et ordenance dou roy, prist le chemin de Paris24, et la amena le captal de Beus, dont li rois eut grant joie, et le quel bien cognissoit, car il l’avoit vu aultrefois ; se li fist grant chiere et lie, et le tint en prison courtoise, et li fit prommettre et offrir grans dons et grans hiretages et grans pourfis, pour li rattraire a sen amour par quoi il se fust retourné françois ; mes li captaus n’i volt onques entendre, mais bien disoient as barons et as chevaliers de France qui le visetoient et qui de chou l’aparloient, que il se ranceneroit volentiers si grandement que cinc ou sis fois plus que se revenue par an ne li valoit, mes li rois n’avoit point conseil de ce faire. Si demora la cose en cel estat, et fu de premiers mis ou chastiel dou Louvre, et la gardés bien songneusement ; et le visetoient souvent li baron et li chevalier de France25.
Le captal, sur lequel on voulut sans doute faire pression, fut finalement transféré dans la tour du Temple, un lieu de détention bien moins agréable que le Louvre, où il mourut en septembre 137626. Son premier internement dans un grand château royal peut être rapproché de la détention de René d’Anjou, capturé sur le champ de bataille de Bulgnéville en 1431, et logé au palais ducal de Dijon, où la Tour Neuve lui fut assignée comme résidence et fut ensuite désignée comme la “Tour de Bar”27. Le prince captif pouvait y recevoir des visites, y compris celle d’Isabelle de Lorraine, sa femme, que le duc de Bourgogne reçut joyeusement à Dijon28.
À Paris, le Louvre, le Châtelet, le Temple, la Bastille constituaient un ensemble de forteresses permettant de tenir un nombre important de prisonniers répartis entre ces différents lieux de sûreté : en 1420, après la capitulation de Melun, de cinq a six cens nobles hommes et aucunnes gentilz femmes et grant partie des plus notables et plus puissans bourgois de la ville furent menez par le commandement du roi d’Angleterre a force de gens d’armes a Paris et la emprisonnez en Chastellet, en la maison du Temple, en la bastille Saint Anthoine et ailleurs29. Il est vrai que Paris disposait d’un ensemble important de lieux d’incarcération : l’auteur anonyme du Journal d’un bourgeois de Paris rapporte qu’en 1418, après l’entrée des Bourguignons à Paris, les prisonniers armagnacs furent enfermés dans toutes les prisons publicques de Paris, dépendant tant des justices laïques que des justices ecclésiastiques : la Conciergerie du Palais, Saint-Éloi, le Petit-Châtelet, le Grand-Châtelet, le For-l’Évêque, Saint-Magloire, Saint-Martin-des-Champs, le Temple30.
Disposer d’un réseau de châteaux offrait la possibilité de répartir les captifs en petits groupes s’ils étaient nombreux : c’est ainsi qu’en juillet 1422, après la prise du Marché de Meaux, le roi Henri V fit expédier en Angleterre 170 prisonniers qui, après avoir transité par la Tour de Londres, furent répartis dans dix châteaux royaux anglais ou gallois31. Le duc de Bourgogne, pour sa part, disposait, en Flandre, de divers châteaux domaniaux très souvent mentionnés comme lieu d’internement de prisonniers de guerre et d’État, ce qui permettait, là encore, une éventuelle répartition des détenus : ainsi le château de Courtrai, à Lille32, le château de Rupelmonde33, ou le château de Vilvorde34.
Le château, urbain ou non, est le lieu le plus fréquemment mentionné dans les sources concernant l’incarcération d’un prisonnier de guerre : en juillet 1351, le chevalier français Ingerger, seigneur d’Amboise, capturé par trois écuyers anglo-gascons, reconnait que ces derniers l’ont amené [comme] leur prisonnier et mis ou eulz au dedens du chasteau de Loudeun35. Capturé par Jean, dit le Galois d’Achy en 1364, le chevalier anglais Robert Chesnel fut détenu par son maître au château d’Alençon36. En août de la même année, un acte passé devant un notaire de Dijon mentionne le fait que l’écuyer bourguignon Jean de Rougemont ait estey pris par Symon Buquet, escuier, et longuement detenuz es prisons de la fourteresce de Damperre sur Saulon et d’anqui translatez darreroment en la fourteresce de Montot37. En 1435, un homme de guerre français capturé en Artois fut emprisonné au château comtal de Bellemotte, situé non loin d’Arras.
A Regnault de Lupart, garde du chastel de Bellemotte, pour les despens d’un nommé Guichart de La Genemoye, escuier, lequel avoit esté prins par l’un des archiers de monseigneur a certaine course que ses gens firent sur les François quant ilz vindrent courre en Artois, mondit seigneur estant a la dicte convencion d’Arras38, lequel a esté delivré a la requeste de monseigneur de Bourbon, sans aucuns despens. Pour ce XVIII livres39.
En 1440, le château de Saint-Omer fut aussi utilisé pour la détention de prisonniers de guerre.
A Thomas Le Cambre, thourier du chastel de mondit seigneur a Saint Omer, sur certaine despense par lui faicte en avoir gardé ung prisonnier anglois nagueres prins ou chastel d’Oye et mis prisonnier oudit chastel de l’ordonnance de mondit seigneur, X livres40.
Dans un château, la “grosse tour” était fréquemment le lieu de détention privilégié : Jean Séguinat, secrétaire de Jean sans Peur, après l’assassinat de son maître, le 10 septembre 1419, capturé sur le pont de Montereau, fut de cette ville mené à Melun où on l’emprisonna “en la grosse tour du chastel”. Il fut ensuite transféré, les piés liés sous le cheval, jusques a Bourges ou il fut mis en la grosse tour41. Cette tour de Bourges est du reste plusieurs fois citée dans les sources dans un contexte semblable : dans les actes d’un procès au Parlement en date de mars 1427, il est question d’un personnage nommé Jean Dynadam, prins des ennemis et mené en la grosse tour de Bourges42. C’est dans cette même “grosse tour de Bourges” qu’en 1475, sur ordre de Louis XI, le maréchal de Bourgogne Antoine de Luxembourg fut tenu prisonnier après avoir été capturé lors de la bataille de Montreuillon43.
Dans les lieux d’emprisonnement, les détentions collectives étaient monnaie courante. Par mesure de sécurité et aussi probablement en raison de capacités d’accueil réduites, les effectifs importants de prisonniers étaient scindés et les captifs répartis par petits groupes dans diverses forteresses : ainsi en alla-t-il, comme on l’a vu, des 170 prisonniers envoyés en Angleterre en 1422, placés dans différents châteaux par groupes ne dépassant pas trente individus44. En 1445, le cepier des prisons du château de Gand devait veiller à l’entretien de douze détenus qui avaient été capturés en Hollande.
A Jehan Henry, cheppier des prisons du chastel de mondit seigneur a Gand, la somme de quatre vins douze livres huit solz de XL gros monnoie de Flandres la livre pour la despense de bouche de douze prisonniers du duchié de Lembourg que mondit seigneur avoit fait prendre ou païs de Hollande et iceulx garder et gouverner esdictes prisons par l’espace de cinquante et ung jours entiers finissans le XXVIIIe jour de janvier l’an mil CCCC quarante cinq [1446, n. st.], au pris de trois solz par jour pour chacun prisonnier et d’un solt que ledit cheppier prent pour son droit de l’entree et yssue de chacun d’iceulx prisonniers, comme il appert par mandement donné le XXIXe jour de mars l’an mil CCCC XLV avant Pasques, cy rendu garny. Pour ce icy ladicte somme de IIIIXX XII l. VIII s. de XL gros45.
En 1435, le capitaine de Montbard était responsable de vingt-huit prisonniers de guerre, ennemis et adversaires du duc de Bourgogne.
A Huguenin, bastard de Chyssey, huissier d’armes de monseigneur et capitaine de Montbar, la somme de cent cinquante frans, monnoie royal, que mondit seigneur a ordenné lui estre bailliee comptans pour avoir gardé par son ordonnance oudit chastel de Montbar et gouvernez a ses despens, par l’espace de IX mois entiers et plus, XXVIII prisonniers prins a Coursan, ennemiz et adversaires d’icellui seigneur, et pour ses missions et peines desdictes nourreture et garde desdiz prisonniers et pour tous autres fraiz que pour ceste cause puet avoir soustenuz, si comme appert par mandement d’icellui seigneur donné audit Dijon ledit XIXe jour de fevrier oudit an mil IIIIC XXXIIII [1435 n. st.] cy rendu et quittance dudit Huguenin. Pour ce,CL fr. royale46.
Toutefois, concentrer des groupes importants de prisonniers de guerre en un même lieu n’était pas sans risques et des révoltes sont attestées à différentes reprises : ainsi à Saint-Omer en 1370, dans un contexte, il est vrai, particulier puisque les prisonniers anglais qui se trouvaient dans cette ville avaient une certaine liberté de mouvement et étaient gardés dans des lieux mal adaptés avec des portes disjointes faciles à forcer47. Une autre révolte de prisonniers est signalée en 1419 à Coucy, où des gens de guerre bourguignons qui estoient leans prisonniers en grant nombre, purent s’emparer du château grâce à la complicité de quelques serviteurs du capitaine armagnac. Le récit que fait Enguerrand de Monstrelet de cet épisode montre que plusieurs groupes de captifs avaient été répartis dans les différentes tours du château et que l’un des prisonniers, un gentil homme nommé Burteul de Humereules, était incarcéré, avec l’un de ses valets, dans la basse chambre de la grosse tour, que l’on peut identifier comme le célèbre “donjon” de Coucy. Le chroniqueur signale qu’en outre soixante prisonniers étaient enfermés en dehors du château, es prisons de la ville48.
Les conditions de détention variaient en fonction de la qualité du prisonnier, des circonstances et du caractère même de la guerre. La prison courtoise, conforme à l’éthique chevaleresque, pouvait permettre, comme on l’a vu avec les Demandes de Geoffroy de Charny, un régime de “prison ouverte”, c’est-à-dire une absence de réclusion et une certaine liberté de circulation dans un périmètre fixé, un espace emmuraillé, par exemple, la seule contrainte étant un serment exigé du captif49 ; ce dernier avait un statut comparable à celui de prisonnier eslargy50. Toutefois, les risques d’évasion, et donc pour le maître de perte d’une rançon, et les risques de subversion, comme à Saint-Omer en 1370 ou à Coucy en 1419, engageaient à opter pour l’enfermement. En principe, le jus in bello imposait de traiter le prisonnier de manière à lui assurer des conditions de vie humaines. Nous avons vu qu’en 1445, dans les prisons du château de Gand, le cepier devait affecter 3 sous par jour pour la nourriture de chaque prisonnier. On sait que cette somme était suffisante pour assurer le ravitaillement quotidien d’un individu et qu’elle était, par exemple, le montant minimum des gages des membres de l’hôtel du duc de Bourgogne51. Lorsque le captif était d’un rang élevé, son entretien pouvait représenter un investissement plus important. Pour le capitaine Robert Malortie, détenu à Vilvorde entre 1459 et 1461 à la suite d’une accusation de trahison, la dépense quotidienne était de 4 sous par jour52. Au même moment, c’est-à-dire à l’automne 1459, Jean d’Ailly, vidame d’Amiens, lui aussi prisonnier au même endroit, fut particulièrement bien traité : le capitaine et châtelain de Vilvorde dépensa près de 39 livres de 40 gros de Flandre pour lui faire confectionner une robe de drap gris de Rouen doublée de toile noire, une robe d’hiver de drap gris de Lille fourrée de IIIIXX X aigneaulx noirs, quatre paires de chausses de drap de Menin, trois bonnets doublés et huit paires de souliers, dont quatre à doubles semelles53.
Traiter un prisonnier de guerre conformément aux règles posées par le droit d’armes n’était pas, cependant, un principe universellement observé ; le “maître” avait parfois intérêt à appliquer un régime rigoureux pour obtenir le paiement d’une rançon dans des délais raisonnables. Le chevalier anglais Robert Chesnel, lorsqu’il fut capturé par le Galois d’Achy, subit une incarcération particulièrement dure et, par peur d’y laisser la vie, fut contraint d’accepter les conditions qui lui furent imposées.
Dictus Galoisius ipsum Thesnel [sic] ad castrum de Alenconio transtulerat et ibi eundem in gravibus carceribus tenuerat, quapropter metu mortis oportuerat quod dictus prisionarius se redimeret et pro redemptione sua solveret quinque mille florenos francos Galoisio supradicto54.
La dureté de l’emprisonnement était un moyen délibéré de convaincre un captif récalcitrant d’accepter les conditions de ses maîtres et, au bout d’un délai plus ou moins long, pouvait briser la résistance d’un individu. Dans une lettre de rémission de septembre 1372, relatant des événements vieux de trois ans, il est fait mention de l’incarcération, par les officiers de justice de l’abbé de Savigny, d’un complice des Grandes Compagnies : conduit au château de L’Arbresle, il y fu detenu prisonnier en fers et en chartre dure et orrible l’espace de trois mois ou environ, et avant qu’il en partist composa avecques lesdis bailli et lieutenant a la somme de soixante frans d’or55.
Jean Régnier, bailli d’Auxerre et poète, capturé par les partisans de Charles VII et emprisonné en la tour de Beauvisage à Beauvais entre janvier 1432 et mai 1433, décrivit avec un humour noir, les rudes conditions de détention que ses maîtres lui imposèrent parce qu’il ne parvenait pas à réunir l’argent de sa rançon :
Gesir me font dessus la paille,
Pain et eaue si est ma vitaille
Helas, vecy trop dure vie.
Je souloye manger volaille
Et le poisson a grosse escaille,
Mais il convient que je l’oublie.
Poulx et puces me font bataille,
Car j’en ay plaine ma drapaille,
Desquelz ma chair est assaillie.
Ainsi fault que mon temps s’en aille,
Et tout par faulte de cliquaille
Ma vie si sera faillie56.
Le risque de mourir en prison, lié aux mauvaises conditions d’hygiène, au froid, à l’humidité, à une alimentation insuffisante et aux mauvais traitements, est souvent évoqué dans les sources. En mars 1415, Guillaume de Crannes, capturé par les Armagnacs à Soissons un an plus tôt, reçut du duc de Bourgogne, dont il était écuyer d’écurie, une somme de 80 francs pour l’aider à supporter les frais qu’il avait eus es prisons du roy, ou Chastellet a Paris et ailleurs ou il a esté longuement detenu prisonnier pour le fait de la guerre, a grant painne et danger de son corps57. En 1455, dans le cours d’un procès, énumérant ses états de service, l’écuyer bourguignon Jean Ryolet rapporte :
Durant le temps de ladite conqueste et guerre dudit [duché de] Luxembourg [en 1443] ledit suppliant fut prins et fait prisonnier des gens du roy qui se disoit vouloir mettre le siege devent Mex, et esdites prisons fut moult durement traictié, et y eust perdu la vie se ne feust ce que ledit feu monseigneur le bastard58 s’emploia grandement a la delivrance dudit suppliant59.
La crainte de l’évasion et la volonté de faire pression sur le prisonnier conduisaient éventuellement à l’entraver en lui faisant porter des chaînes au pied : les actes d’un procès venu devant le Parlement en 1426 mentionnent ainsi, à propos de l’incarcération du bâtard de La Baume, mis à rançon à 2 000 écus, qu’il fut mis en une chambre en la tour de Sens qui est bien forte, et que celui qui avait la responsabilité de le garder le fist enferrer60. Le port de chaînes pouvait être combiné avec l’enfermement du prisonnier en “fond de fosse”, ce qui était aussi un moyen de pression61. Une lettre de rémission de cette même année 1426 cite le cas du chevalier Tassin Gaudin, capturé à Castres par ordre de Jacques II de Bourbon, comte de La Marche, mis en prison fermee […] en fin fond de la fosse et en fers, puis conduit en ung chastel pres de Rabastains, et ung neveu qui le servoit ; là, de nouveau, ils furent mis en la fosse et en fers, ou ilz on demouré, et en especial ledit Tassin, l’espace de quatre ans ou environ62. Ce rude traitement était clairement destiné à lui extorquer une lourde rançon puisque le comte de La Marche lui avait juré que jamais ledit Tassin ne partiroit de la fosse jusques a ce qu’il lui auroit baillé cinquante mil ducas63.
Les mesures de sûreté pouvaient être plus complexes comme le montre le cas bien documenté du chevalier bourguignon Simon de Quingey, capturé par les Français, en juin 1478, lors de la prise de Verdun-sur-Saône, dont il était capitaine. Conduit à Tours, il fut, avec d’autres prisonniers, placé sous la responsabilité d’un des maîtres d’hôtel du roi, Étienne Le Loup, qui le fit enchaîner ; dans un document comptable, on conserve la trace d’une dépense effectuée pour trois fers fermés a locquetz, a chacun une longue chesne et une sonnette au bout, pour enferrer des prisonniers que le maistre d’ostel Estienne avoit en garde64. Une tentative d’évasion qui échoua fut suivie d’un ordre de Louis XI de placer Simon de Quingey dans une cage a mettre prisonniers. Cette cage fut réalisée par un “maréchal natif du pays d’Allemagne” nommé Hans Fer-d’Argent, spécialiste qui avait reçu des commandes royales du même type depuis 1471. La fabrication nécessita l’utilisation de 3 457 livres ½ de fer65 et d’une quantité non précisée de bois de charpente.
Une fois terminée, la cage de Simon de Quingey fut installée dans une chambre située au rez-de-chaussée de la résidence du maire de Tours. La pièce fut elle-même équipée pour permettre de garder le captif : la fenêtre fut dotée de grilles de fer, les portes reçurent des verrous et des serrures solides. Dans la cage elle-même, le prisonnier était enchaîné, ce qui provoqua une blessure à la jambe dont très fort se plaignoit et qu’il fallut soigner66. Ce mode d’incarcération, que l’on a attribué parfois à la volonté sadique de faire souffrir un adversaire vaincu, ce qui est un motif qui n’est pas forcément à rejeter, était probablement d’abord vu comme un moyen de renforcer la surveillance par crainte des évasions. Dans le cas de Simon de Quingey, comme nous l’avons dit, la “mise en cage” avait été la conséquence de la découverte d’un projet visant à faire évader le gentilhomme bourguignon.
Conclusion
Il est temps de conclure. De la “prison ouverte” à “l’encagement” d’un prisonnier de guerre, il est possible de distinguer tout un éventail de situations et plusieurs degrés dans la privation de liberté. Cette réalité révèle des tensions entre des comportements et des objectifs contradictoires. L’éthique chevaleresque impliquait un traitement “courtois” qui ne s’imposait, d’ailleurs, qu’entre adversaires jouissant du statut nobiliaire ; toutefois, même dans ce cas, les mesures de sûreté nécessaires, l’appât du gain, voire la haine de l’ennemi, dans l’hypothèse d’une “guerre mortelle”, conduisaient à oblitérer les principes d’un code moral qui restait théorique.
Les règles qui régissaient les conditions de détention des prisonniers de guerre étaient dictées par des considérations qui influaient notablement sur le traitement qui leur était réservé. Il fallait garder et surveiller un captif qui était un combattant susceptible d’espionner, de tenter de s’évader, de prendre les armes et de mettre en péril l’armée, le château ou la ville au sein duquel il était retenu. Mis à part les “prisonniers élargis” qui pouvaient bénéficier d’une assez grande liberté de circulation, les autres devaient être nécessairement contraints de demeurer dans un espace clos : ce pouvait être le périmètre emmuraillé d’une “ville fermée”, d’une forteresse, d’un château, mais c’était plus fréquemment un espace moins vaste. On a vu que, les différents lieux de détention rencontrés correspondent assez bien à la typologie qu’a établi G. Geltner ; une maison particulière, la résidence urbaine d’un capitaine sont des espaces inadaptés car insuffisamment équipés pour la fonction carcérale : il faut y renforcer les portes, poser de forts verrous et serrures, placer des barreaux aux fenêtres, boucher les trous des murs. À côté de ces lieux de détention improvisés, les prisons publiques, pour reprendre l’expression de l’auteur du Journal d’un bourgeois de Paris, présentaient l’avantage d’être adaptées et équipées, et de disposer d’un personnel dévoué de touriers et de cepiers rompus à leur métier et capables de veiller à l’entretien des détenus. Il n’empêche que le contexte de guerre et le caractère militaire des prisonniers, parfois aussi leur grand nombre, expliquent l’utilisation largement attestée des châteaux, urbains ou non, comme lieux d’incarcération. L’inconvénient d’une telle formule était, comme à Coucy en 1419, que la fonction stratégique et défensive du château pouvait être compromise par son rôle de prison en raison des risques que la présence d’ennemis, même désarmés, faisait courir à la garnison. Quoi qu’il en soit, en ces châteaux, les tours, et singulièrement les “grosses tours”, semblent choisies pour y placer les captifs : lieux forts, munis d’un nombre d’accès réduits, faciles à surveiller, elles présentaient aussi l’avantage d’être des constructions dont la hauteur pouvait rendre une tentative d’évasion hasardeuse – le saut de Jeanne d’Arc du haut de la tour du château de Beaurevoir illustre bien ce fait67 ; il est vrai, toutefois, que certains témoignages montrent des personnages emprisonnés dans une “chambre basse” d’une tour.
Les précautions prises en raison de possibles tentatives d’évasion ou de subversion, pouvaient se combiner avec des mesures de coercition permettant d’exercer une pression physique et psychologique sur le captif. Les moyens de cette coercition résidaient tout entier dans l’aménagement des conditions de détention. La suppression de tout confort et de toute hygiène, les restrictions alimentaires, le choix d’un lieu malsain comptent parmi les méthodes les plus souvent attestées et dont se plaint, par exemple, le bailli Jean Régnier pendant sa captivité à Beauvais. Le placement “au fin fond de la fosse” qu’ont subi Tassin Gaudin et Jean Ryolet est source d’angoisses et de sentiment de mort imminente. La mise aux fers, occasionnant éventuellement des blessures aux membres inférieurs, renforçait encore la détresse du prisonnier. Enfin l’encagement, tant reproché à Louis XI comme un signe de sa cruauté et de sa “tyrannie”, en restreignant au strict minimum l’espace carcéral, réduisait presque le détenu à l’état animal. Il semble que toutes ces mesures de sûreté aient été d’une redoutable efficacité pour extorquer une rançon ou obtenir un ralliement.
Sources éditées •••
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- Honoré Bovet, L’arbre des batailles (2017) : Honoré Bovet. L’arbre des batailles. Édition critique, éd. R. Richter-Bergmeier, R. Genève.
- Jean de Bueil, Le Jouvencel. (2018) : Jean de Bueil. Le Jouvencel suivi du Commentaire de Guillaume Tringant, éd. Szkilnik, M. Paris.
- Jean Froissart, Chroniques. (1869-1975) : Chroniques de Jean Froissart publiées pour la société de l’Histoire de France, éd. Luce, S., Raynaud, G., Mirot, L. et Mirot, A. 15 vol. Paris.
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Bibliographie •••
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- Timbal, P.-C., dir. (1961) : La guerre de Cent ans vue à travers les registres du Parlement (1337-1369), Paris.
Notes •••
- Jean Froissart, Chroniques, éd. Luce et al. 1869-1975, t. VIII, 1-5.
- Entre de multiples exemples, on peut signaler que le duc de Bourgogne Philippe le Hardi fit verser 2 000 francs d’or à Geoffroy Boucicaut, mentionné comme son chambellan, pour l’aider à payer sa rançon de ce qu’il fut pris ou service dudit monseigneur ou voiage qu’il a fait dernierement en Alemaigne (quittance du 18 juin 1389). Il fit aussi un don de 2 000 francs à Pierre de Giac, chancelier de France, pour l’aider à payer la rançon de Louis de Giac, son fils, capturé lors de ce même voyage (quittance du 30 septembre 1389) et 1 000 francs à Jean, seigneur de Montcavrel, là encore pour contribuer au paiement de sa rançon et celle de ses compagnons “au pays d’Allemagne” (quittance du 17 mai 1394) (A.D. Côte-d’Or, B 1479, fol. 54r et 60v et B 1500, fol. 66v).
- D’emblée, on me permettra de renvoyer à quelques études essentielles : Keen 1965 ; Contamine 1978 ; Bériac-Lainé & Given-Wilson 2002 ; Geltner 2008 ; Ambühl 2007 et 2013.
- Honoré Bovet, L’arbre des batailles, éd. Richter-Bergmeier 2017, 314 ; Contamine 1978, 242.
- Jean de Bueil, Le Jouvencel, éd. Szkilnik 2018, 422.
- Honoré Bovet, L’arbre des batailles, éd. Richter-Bergmeier 2017, 317.
- The Black Book of the Admirality, 1871-1876, I, 456-457 : “Item, si quelqu’un fait un prisonnier, dès qu’il sera arrivé en l’ost, qu’il le conduise devant son capitaine ou son maître sous peine de perdre sa part [de rançon] au profit de son dit capitaine ou maître, et que son dit capitaine ou maître le conduise devant notre seigneur le roi, le connétable et le maréchal le plus tôt que faire se pourra, sans le conduire ailleurs, et ainsi ils pourront l’interroger et obtenir des informations et connaître les intentions de l’ennemi […] ; et que chacun garde son prisonnier, ou le fasse garder par les siens, afin qu’il ne puisse s’éloigner de l’ost et qu’il ne puisse circuler librement dans le camp sans être gardé, pour éviter qu’il n’espionne l’ost, sous peine de perdre son prisonnier […] ; et sous la même peine et sous peine d’arrestation et d’être mis à la volonté du roi, que nul ne laisse son prisonnier quitter l’ost pour réunir le montant de sa rançon ou pour une autre cause sans l’autorisation du roi, du connétable et du maréchal ou du chef de la bataille à laquelle il appartient”.
- Jean Froissart, Chroniques, ed. Luce et al. 1869-1975, IX, 251. Fonsommes, Aisne, arr. et cant. Saint-Quentin.
- Voir la typologie établie par Geltner 2008, 29-30.
- Sur ce régime, voir Ambühl 2013, 121.
- C’est-à-dire intra muros.
- Bibliothèque Royale de Belgique (Bruxelles), ms 1125, fol. 71v. Forster 2008, 277.
- Dumay 1907, 138.
- Guillaume Pot, aliasGuillampot, capitaine de Grandes Compagnies. Guigue 1886, 98.
- Hugues Aubriot, bailli de Dijon de 1363 à 1366 puis prévôt de Paris de 1367 à 1380. Périer 1908 ; Bouault 1930, 19.
- Jean de Bueil, Le Jouvencel, éd. Szkilnik 2018, 284-285.
- A.M. de Dijon, B 153, fol. 7r ; Schnerb 1993, 94.
- 6 janvier 1418. BnF, ms. français 26 042, n° 5241.
- Jean Regnier, Les fortunes et adversitez de Jean Regnier, éd. Droz 1923, XVI.
- […] adhuc erat antiquior prisionarius et prepositus aliorum prisionariorum. Timbal, dir. 1961, 307-315 (citation 314).
- […] et adhuc erat in dicto Castelleto bene et decenter vestimentis et victualibus ac ceteris sibi neccessariis munitus, ad taxillosque frequens luserat et cotidie ludebat et ad dictum ludum plures pecunie summas lucratus fuerat. Timbal, dir. 1961, 314.
- Schnerb 1993, 50.
- Ambühl 2013, 118.
- Capturé à Soubise, le captal de Buch fut d’abord détenu sur un navire ancré à proximité de l’île d’Oléron, avant d’être transféré à La Rochelle, puis à l’abbaye de Saint-Maixent et finalement à Paris. Jean Froissart, Chroniques, éd. Luce et al. 1869-1975, VIII, XLVI, n. 2.
- Jean Froissart, Chroniques, éd. Luce et al. 1869-1975, VIII, 84-85.
- Jean Froissart, Chroniques, éd. Luce et al. 1869-1975, VIII, p. 189.
- La “Tour de Bar” ne fut pas le premier lieu de détention de René d’Anjou : après sa capture, il fut détenu d’abord au château de Talant (Côte-d’Or, arr. Dijon, cant. Fontaine-lès-Dijon), puis à Salins (Jura, arr. Lons-le-Saunier, ch. l. cant.), puis à Bracon-sur-Salins, puis à Rochefort (Jura, arr. Dole, ch. l. cant.), enfin à Dijon. Lecoy de la Marche [1875] 1969, I, 94-95.
- A.D. Nord, B 1945, fol. 175r, Mandement du duc donné à Anvers le 16 septembre 1432 : A La Barbe, cousturier demourant a Dijon, pour avoir fait ung habit pour mondit seigneur, icellui seigneur estant derrenierement audit Dijon, pour aler mommer en l’ostel de la duchesse de Bar et de Lorraine, alors venue audit lieu de Dijon pour veoir le duc de Bar, son mari, prisonnier de mondit seigneur, XXXVIII s.
- Enguerrand de Monstrelet, Chronique, éd. Douët-d’Arcq 1857-1862, IV, 13.
- Par prisons publicques,l’auteur désigne les lieux de détention dépendant d’une autorité ayant droit de justice. Journal d’un bourgeois de Paris, éd. Tuetey 1881, 96-97. Voir l’article de Julie Claustre et Pierre Brochard dans le présent ouvrage.
- Ambühl 2013, 76 et n. 125.
- A.D. Nord, B 1923, fol. 129v : Mention de l’achat d’un cheval livré aux archers de corps du duc de Bourgogne pour mener Poton de Xaintrailles, fait prisonnier lors de la bataille de Mons-en-Vimeu, du château d’Hesdin au château de Lille (septembre 1421). A.D. Nord, B 1951, fol. 161v : En août 1433, Jean, seigneur de Roubaix, chastellain du chastel de Lille, reçut 8 l. 5 s. pour la despence faicte oudit chastel par Gilles de Potelles que illec mondit seigneur avoit pour certains cas et temps fait detenir prisonnier et depuis naguere, pour ses mauvaiz faiz et demerites fait executer.
- C’est à Rupelmonde que Lourdin, seigneur de Saligny, soupçonné de trahison, fut incarcéré sur ordre du duc de Bourgogne en 1412. Schnerb 2004, 180. Au printemps de 1435, Jean de Luxembourg fit transférer au château de Rupelmonde le capitaine français Pierre de Cramailles, capturé à l’abbaye de Saint-Vincent-lès-Laon, et lui fist coper le chief et son corps esquarteler a Riplemonde (Rupelmonde, Belgique, prov. Flandre orientale, arr. Sint-Niklaas) (Enguerrand de Monstrelet, Chronique, éd. Douët-d’Arcq 1857-1862, V, 86).
- A.D. Nord, B 2040, fol. 253r et B 2045, fol. 282r-283r, frais de détention au château de Vilvorde du capitaine Robert de Malortie et du vidame d’Amiens (1459-1461) (Vilvoorde, Belgique, prov. Brabant flamand, arr. Hal-Vilvorde).
- Timbal, dir. 1961, 332.
- Timbal, dir. 1961, 315. Loudun, Vienne, arr. Châtellerault, ch. l. cant.
- A.D. Côte-d’Or, B 11 257. Dampierre-sur-Salon, Haute-Saône, arr. Vesoul, ch. l. cant. ; Montot, Haute-Saône, arr. Vesoul, cant. Dampierre-sur-Salon.
- La conférence de paix qui déboucha sur la conclusion du traité d’Arras de septembre 1435.
- A.D. Nord, B 1957, fol. 310r.
- A.D. Nord, B 1969, fol. 302r-v, Mandement ducal du 9 juillet 1440. Oye-Plage, Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer, cant. Audruicq.
- Aubrée 1729, 1ère partie, 275-276.
- Allmand & Armstrong, éd. 1982, 177. Un procès de 1426-1427 mentionne l’emprisonnement du bâtard de La Baume dans la “grosse tour” de Sens (Allmand & Armstrong, éd. 1982, 149-150 cf. infra n. 60).
- Schnerb 2000b, 80.
- 30 prisonniers à Harlech, 24 à Nottingham, 20 à Kenilworth, 20 à Caernarfon, 20 à Rhuddlan, 15 à Chirk, 15 à Holt, 12 à Conwy, 8 à Flint, 6 à Pontefract. Ambühl 2013, 76, n. 125.
- A.D. Nord, B 1988, fol. 208r.
- A.D. Nord, B 1954, fol. 145r-v. Coursan-en-Othe, Aube, arr. Troyes, cant. Ervy-le-Châtel.
- Alban 1974 ; Ambühl 2013, 116 et 123.
- Enguerrand de Monstrelet, Chronique, éd. Douët-d’Arcq 1857-1862, III, 310-311. Voir aussi le cas survenu à La Ferté vers 1448, où 43 prisonniers anglais se révoltèrent et furent massacrés (Keen 1965, 160).
- Cf. supra note 10.
- Le statut de “prisonnier élargi” est attesté dans les sources et implique une liberté de circulation plus ou moins importante. En novembre 1407, par exemple, le duc de Bourgogne fait verser 100 francs à son échanson, l’écuyer Henri de Chauffour, pour l’aider à supporter les dépenses qu’il a dû faire en Lorraine où il est prisonnier eslargy. De toute évidence, l’écuyer ne pouvait quitter le pays (A.D. B 1554, fol. 67v-68r). Un exemple plus célèbre est celui d’Arthur de Bretagne, comte de Richemont qui, capturé à Azincourt en 1415, se vit octroyer par le roi d’Angleterre, cinq ans plus tard, le statut de prisonnier élargi, avec une grande liberté de circulation, mais des conditions politiquement très contraignantes, précisées par le traité conclu entre Henri V et lui à Corbeil le 22 juillet 1420 (Cosneau 1886, 57). Voir aussi les nombreux cas d’élargissements de prisonniers après la bataille de Poitiers de septembre 1356 (Bériac-Lainé & Given-Wilson 2002, notamment 97-107 et 118-119).
- Sommé 1999.
- A.D. Nord, B 2045, fol. 282r, septembre-octobre 1459.
- A.D. Nord, B 2045, fol. 282r-v, septembre-octobre 1459. La dépense s’éleva à 39 l. 19 s. de 40 gros.
- Timbal, dir. 1961, 315.
- Guigue 1886, 355. Savigny, Rhône, arr. Lyon, cant. L’Arbresle.
- Jean Regnier, Les fortunes et adversitez, éd. Droz 1923, 99.
- A.D. Côte-d’Or, B 1588, fol. 190r.
- Corneille, bâtard de Bourgogne, mort en 1452. Sur ce personnage, voir Marchandisse 2015.
- Richard 1957, citation à la page 123.
- Allmand & Armstrong, éd. 1982, 149-150.
- Richard 1957, 123.
- A.N., JJ 173, n° 373. Sur le personnage, voir Schnerb 2000a. Rabastens, Tarn, arr. Albi, ch. l. cant.
- A.N., JJ 173, n° 373.
- Salmon 1853, 378, n.1.
- Ibid., 378 et 383-384.
- Ibid., 380 et 392.
- Contamine 2012.