UN@ est une plateforme d'édition de livres numériques pour les presses universitaires de Nouvelle-Aquitaine

Circulation et architecture de passage : les propylées classiques et hellénistiques d’Asie Mineure

par

Bâtiments participant de l’architecture de passage, les propylées en milieu cultuel permettent de rendre compte de la circulation du pèlerin dans le sanctuaire. Il ne s’agira pas ici de s’attarder sur l’édifice en lui-même mais, à travers un regard diachronique sur les propylées classiques et hellénistiques en contexte cultuel, de mettre en exergue l’importance du choix de son emplacement au sein du sanctuaire auquel il donne accès. 

Les propylées

Lieux de passages obligés, les accès monumentaux participaient pleinement à la circulation au sein d’un complexe. Cette architecture de passage offrait la dualité d’une fonction courante – celle d’un espace à travers lequel on passe pour rentrer (et pour sortir) – mais aussi la qualité éphémère mais essentielle de la première impression, de la première image donnée de ce qui se trouve “à l’intérieur”. Leur monumentalisation, en termes de grandeur et d’impact visuel qui dépassent les nécessités de toute fonction pratique1, nous rend compte des rapports visuels et volumétriques entre le monument et son environnement. Ainsi, apprécier l’intégration environnementale des entrées monumentales, d’un point de vue horizontal, i.e. le rapport du monument avec les aires fonctionnelles urbaines et extra-urbaines, et d’un point de vue vertical, i.e. le rapport visuel avec le paysage naturel ou le paysage urbain, nous permet d’appréhender les angles d’approche préférés et les circuits de circulation privilégiés au sein du complexe auquel elles donnaient accès et, au-delà, de la trame urbaine2. Pour définir ces angles et circuits, il est donc essentiel de prendre en compte l’emplacement et le cadre des propylées.

Les propylées classiques

À l’époque classique, en Asie Mineure, l’approche volumétrique ou tridimensionnelle – i.e. qui permet d’appréhender temple et autel de trois-quarts afin de rendre compte de leur volume – régissait la conception architecturale des sanctuaires comme en témoignent les quelques exemples de propylées connus, que ceux-ci soient un ajout ultérieur à un sanctuaire préexistant ou qu’ils fassent partie d’un seul et même projet architectural. Cette approche de trois-quarts depuis le propylon avait été préférée pour les sanctuaires par les architectes grecs depuis l’époque archaïque3.

À Larissa sur L’Hermos4[4], le propylon du sanctuaire de Cybèle faisait partie de la nouvelle parure monumentale que reçut le sanctuaire vers 430-420 a.C. Le sanctuaire de Cybèle, qui occupait le secteur sud-est de l’acropole, était ancien. La première limite du temenos, le temple et l’autel de Cybèle ainsi qu’une stoa remonteraient aux environs de 600 a.C. Vers 500 a.C., l’acropole ressemblait à une citadelle entourée d’un rempart muni de plusieurs tours. Le sanctuaire de Cybèle était alors accessible par une voie qui partait de la porte de la citadelle, au nord – i.e. sur le côté opposé à la ville –, traversait l’acropole et arrivait vers l’arrière de la stoa et du temple du sanctuaire de Cybèle où des marches permettaient d’accéder à la terrasse de celui-ci. Un accès direct entre la ville et le sanctuaire – une voie processionnelle (?) – pourrait être identifié avec la porte protégée par une petite tour rectangulaire, à l’angle sud-est du temenos. Lorsque la cité a été reconstruite, au plus tôt durant le troisième quart du Ve siècle a.C., l’acropole fut réaménagée et le secteur sacré modifié (fig. 1). Le sanctuaire de Cybèle fut notamment pourvu d’un accès solennel avec l’édification d’un propylon et d’une belle rampe en dalles de calcaire blanc, provenant du sud-est, construite sur le côté ouest du temple5. Le propylon a été construit à l’emplacement même de l’ancienne petite porte fortifiée mais selon une orientation différente de celle-ci. En effet, il était axé plus vers l’ouest et présentait ainsi la même orientation est-ouest que la stoa. Le propylon ainsi orienté permettait à celui qui pénétrait dans le sanctuaire de saisir l’ampleur du sanctuaire et d’avoir une approche de trois-quarts du temple et de l’autel qui étaient alors appréhendés sur leur angle nord-est6

Fig. 1. Larissa sur l'Hermos. Plan du sanctuaire de Cybèle et du propylon 
(d’après Boehlau & Schefold 1940, pl. 36).
Fig. 1. Larissa sur l’Hermos. Plan du sanctuaire de Cybèle et du propylon
(d’après Boehlau & Schefold 1940, pl. 36).

À côté du cas de Larissa sur l’Hermos, nous connaissons pour l’époque classique en Asie Mineure, un ensemble unique constitué de propylées hécatomnides qui appartiennent à de grands projets architecturaux7. En effet, sous les Hécatomnides, la Carie connut au IVe siècle a.C. une véritable effervescence architecturale notamment sous l’impulsion de Mausole et de son successeur Idrieus, avec, en quelques décennies, la construction ou le réaménagement de grands sanctuaires. Dans cette architecture hécatomnide, terrasses monumentales, propylées et escaliers monumentaux étaient indissociables et formaient un ensemble unitaire. Au sein de l’aménagement de ces grands sanctuaires-terrasses, les propylées occupaient une position clé qui nous apprend beaucoup sur la façon dont les circuits d’approche et de circulation de ces sanctuaires étaient pensés.

Lorsque Mausole, quitta Mylasa, ancienne “capitale” de Carie, pour s’installer à Halicarnasse qui présentait de nombreux avantages, il refaçonna tout l’urbanisme de la cité à une échelle plus monumentale et la dota d’une trame orthogonale8. Dès le départ, l’emplacement de la grande terrasse du Mausolée (fig. 2), au vu de sa taille et de sa forme rectangulaire, avait été réservé au sein de ce réseau orthogonal9. La terrasse du mausolée était l’ensemble prédominant d’Halicarnasse qui devait être visible de loin pour qui approchait de la cité depuis la mer. Le mausolée, qui occupait l’angle nord-est de sa terrasse monumentale, a été construit au centre de la cité, dominant l’agora située en contrebas, à l’est10. Une voie processionnelle, large de 15 m, traversait la ville de part en part depuis la Porte de Mylasa, à l’est, jusqu’à la Porte de Myndos, à l’ouest, et flanquait, au nord, la grande terrasse du mausolée. Le terrain sur lequel celle-ci était établie descendant fortement vers le sud, la zone a été terrassée avec un puissant mur de soutènement au sud – de 6,76 m de haut – et nivelée afin de s’aligner au niveau de la grande voie est-ouest. De ce fait, l’aspect des côtés sud et est présentait le grand mur de terrasse, en calcaire bleu, couronné par le mur de temenos, en marbre blanc, qui délimitait l’ensemble de la terrasse. Le propylon11 s’ouvrait non pas sur la grande voie processionnelle, mais sur le côté oriental de la terrasse du mausolée où il faisait saillie par rapport au beau mur de temenos en marbre blanc. Ainsi, on accédait à la terrasse du mausolée depuis l’agora et ce, grâce à un escalier monumental – haut de 6,40 m environ et comprenant 32 degrés – qui menait au propylon monumental12. Détail particulièrement intéressant, le bâtiment d’entrée ne se situait pas au milieu du mur d’enceinte oriental, mais son axe était décalé de 2,10 m vers le sud par rapport à l’axe longitudinal de la terrasse. Il ressort clairement que la position du propylon par rapport au mausolée n’était pas due au hasard ou à une quelconque contrainte topographique. Pour qui venait de l’agora et pénétrait par le propylon, le tombeau monumental apparaissait de trois-quarts et son angle sud-est tombait au centre de l’axe de vue (fig. 3). Le côté sud, le plus long, était alors réduit par la perspective jusqu’à ce qu’il ne paraisse pas plus large que le côté est, plus étroit. Ces éléments indiquent que les côtés sud et est du mausolée devaient être les deux façades principales du tombeau. La position du propylon, prévue dans un souci de scénographie, permettait ainsi au visiteur de voir ces deux côtés du mausolée et d’en admirer tout le décor. En outre, le visiteur qui entrait par le propylon voyait, sous le même angle, la hauteur totale du mausolée mais la pyramide, qui le couronnait, disparaissait à cette distance derrière le bord du toit du tombeau et, de ce fait, le quadrige, sans doute tourné vers l’est, semblait reposer sur l’entablement des colonnes du péristyle13. Nous voyons donc ici que le regard du visiteur, son angle de vue, avait été pris en considération dès la conception du projet qui comprenait la terrasse du mausolée, l’emplacement du tombeau monumental sur cette terrasse et la position précise du propylon par rapport à celui-ci. Les proportions et les dimensions avaient été calculées afin d’obtenir un effet d’optique, constitué par le jeu de perspective entre le propylon et le tombeau. Il ne faut pas non plus oublier l’impression que devaient donner le propylon et l’escalier monumental à celui qui se trouvait sur l’agora.

Fig. 2. Halicarnasse. Plan schématique de la terrasse du Mausolée (d’après Pedersen 1991, fig. 92).
Fig. 2. Halicarnasse. Plan schématique de la terrasse du Mausolée
(d’après Pedersen 1991, fig. 92).
Fig. 3. Halicarnasse. Relation visuelle entre le propylon et le Mausolée (Hoepfner 1996, fig. 11).
Fig. 3. Halicarnasse. Relation visuelle entre le propylon et le Mausolée
(Hoepfner 1996, fig. 11).

Une configuration similaire se trouve à l’Artémision d’Amyzon (fig. 4)14. Le sanctuaire d’Artémis, qui se dressait à 680 m d’altitude, comprenait deux terrasses contiguës à angle droit et d’orientations différentes. C’était sur la plus petite terrasse, à l’est, que se dressaient le temple et l’autel d’Artémis. Ces terrasses étaient supportées au nord, au sud et à l’est, par de hauts et beaux murs en appareil rectangulaire à bossage rustique, en calcaire bleu veiné, de 6 m de haut. Une rampe, qui arrivait au point d’intersection des deux terrasses, menait à la grande terrasse occidentale. Le propylon15, qui donnait accès à la terrasse orientale, ouvrait sur le côté oriental du sanctuaire, non pas au milieu de celui-ci mais avec son axe décalé de 8 m environ vers le sud par rapport à l’axe longitudinal de la terrasse. La façade principale serait dans l’alignement du mur de temenos et le corps de bâtiment se dresserait sur la terrasse du sanctuaire, à l’intérieur du temenos. Ici aussi un escalier monumental d’une vingtaine de marches, large de 7,40 m et long de 12 m, menait au propylon. La position de ce dernier créait ainsi une approche tridimensionnelle du temple et de l’autel qui – étant donné que nous sommes ici face à un seul et même programme architectural16 – avait été prise en compte dès la conception du projet. Ici aussi, pour qui arrivait au sanctuaire par l’est (Alinda), la vue des hauts murs de terrasse à bossage rustique couronnés par le mur de temenos et du propylon ionique, en marbre blanc, auquel menait l’escalier monumental, devait être saisissante.

Fig. 4. Amyzon. Plan schématique du sanctuaire d'Artémis (d‘après Robert 1983, fig. 36).
Fig. 4. Amyzon. Plan schématique du sanctuaire d’Artémis
(d‘après Robert 1983, fig. 36).

Au sanctuaire de Zeus à Labraunda (fig. 5), la mise en scène était quelque peu différente du fait de la configuration même du site aux multiples terrasses étagées. Le sanctuaire, qui se situait sur une colline escarpée dans les Beşparmak Dağları, à une altitude d’environ 700 m, était un sanctuaire ancien et sans doute le plus important des Hécatomnides. La période la plus marquante du sanctuaire apparaît avoir été le IVe siècle a.C., sous Mausole et Idrieus, qui le transformèrent considérablement. Le sanctuaire fut alors agrandi jusqu’à sa taille actuelle avec l’ajout de quatre terrasses inférieures supplémentaires17. Ce sanctuaire et celui de Zeus Karios à Mylasa étaient reliés par une grande voie processionnelle pavée, coupant à travers les flancs de montagnes, que fit construire en premier Mausole, en même temps que les grands murs de soutènement des grandes terrasses. Cette voie sacrée, assez célèbre durant l’Antiquité18, menait depuis Mylasa jusqu’au Propylon Sud du sanctuaire de Zeus à Labraunda. Cette large et spectaculaire voie permettait ainsi au satrape d’arriver en grande pompe19. Des traces d’une autre route pavée menant au Propylon Est ont été découvertes, ce qui laisse supposer qu’une seconde voie processionnelle partant de là reliait le sanctuaire aux cités d’Alinda et d’Alabanda, dans la vallée au nord et au nord-est de Labraunda20. La situation de ce sanctuaire indépendant, isolé, en faisait un lieu de pèlerinage visité aussi bien par des processions que par des particuliers venant ainsi de toutes les directions. Le long de la voie sacrée venant de Mylasa, des fontaines21 permettaient au pèlerin, à l’approche du sanctuaire, de boire l’eau sacrée afin de se nettoyer ou se purifier. Certaines de ces fontaines se trouvaient le long de la voie, mais la grande majorité était assez éloignée et peu visible depuis celle-ci par volonté de construire les fontaines à l’endroit de la source. Cet éloignement laisse supposer de la présence d’un système de signalisation. Ces fontaines et la voie sacrée – voire les deux voies ? – feraient partie du même programme de construction parrainé par les Hécatomnides. Il faut imaginer que parcourir cette longue et difficile voie entre Mylasa et Labraunda devait être une expérience physique mais aussi spirituelle qui faisait partie du processus de pèlerinage et qui permettait de renforcer l’esprit de communauté22. Les deux propylées23, en position perpendiculaire l’un par rapport à l’autre, ouvraient sur une place rectangulaire, l’un se trouvait sur le côté est, l’autre sur son côté sud (fig. 6). Du côté ouest de cette petite place, un grand escalier processionnel de plusieurs degrés, large de 12 m, face au Propylon Est, menait vers les terrasses supérieures du sanctuaire où les bâtiments sacrés se trouvaient. Du côté nord de la place, face au Propylon Sud, un haut mur percé de plusieurs ouvertures servait en quelque sorte de toile de fond à ce secteur d’entrée monumental. Faisant partie du même programme architectural du secteur d’entrée, nous trouvons, à l’est du Propylon Sud, le dit “Bâtiment Dorique”, très probablement une fontaine et, à l’extérieur du sanctuaire, près du mur de terrasse sud et le long de la voie processionnelle, la Fontaine Hypostyle24. Cet aménagement (en considérant que les deux propylées soient contemporains et qu’ils aient fonctionné simultanément pendant un certain temps) créait ainsi une aire d’entrée monumentale qui accueillait les nombreux pèlerins venant des deux voies processionnelles25. Ici se présentait donc à la fois un aspect extérieur monumental des propylées et un agencement intérieur scénographié du secteur d’entrée. Depuis les propylées, le pèlerin, arrivant au pied des terrasses supérieures, pouvait appréhender du regard toute l’ampleur et la monumentalité du sanctuaire, et de ses divers bâtiments, au travers d’un échelonnement de plans successifs et étagés avec en point de mire le temple de Zeus qui était ainsi entraperçu de trois-quarts, sur son angle sud-est. Tout est fait pour diriger le regard du pèlerin, dès l’entrée vers l’objet central du culte et, depuis l’ère d’entrée, le conduire au moyen de plusieurs escaliers successifs jusqu’à la terrasse du temple de Zeus. Il faut d’ailleurs mentionner l’existence d’un propylon qui se dressait à l’angle nord-est de cette terrasse de Zeus (fig. 5). Ce dit “propylon Y” aurait été probablement construit dès le début de la période classique en même temps que le temple lui-même, vers la fin du VIe siècle ou au début du Ve siècle a.C. La position du propylon pourrait également témoigner de cette volonté d’une approche volumétrique du temple26.

Fig. 5. Labraunda. Plan général du sanctuaire de Zeus (Henry et al. 2015, 302, fig. 1).
Fig. 5. Labraunda. Plan général du sanctuaire de Zeus
(Henry et al. 2015, 302, fig. 1).
Fig. 6. Labraunda. Secteur de l'entrée au IVe s. a.C. (Westholm 1963, fig. 66b).
Fig. 6. Labraunda. Secteur de l’entrée au IVe s. a.C.
(Westholm 1963, fig. 66b).

Nous sommes ainsi en présence de grands sanctuaires hécatomnides de Carie qui se dressaient sur de vastes terrasses aménagées accessibles par un propylon monumental auquel menait un escalier monumental. Cette architecture introduit la conception de domestication du paysage et de scénographie, qui sera plus tard au cœur de l’urbanisme hellénistique. Le paysage est ainsi aménagé de manière expressive avec ces terrasses monumentales qui plantent le décor et jouent avec les points de vue du visiteur afin d’amener le regard vers le temple (et l’autel) qu’elles abritent. Le terrain est alors exploité pour un effet théâtral et une plus grande attention est donnée à sa configuration – qui se doit d’être plus dynamique – et celle du paysage afin de jouer avec les hauteurs pour créer des vues théâtrales. Ce concept développe une approche en trois dimensions qui exploitait les composantes horizontales et verticales et, de cette manière, rendait apparentes les qualités tridimensionnelles du temple et de l’autel ou du Mausolée, dans le cas d’Halicarnasse. Ainsi, l’importance des axes visuels et l’angle d’approche du visiteur étaient pris en compte dès la conception du projet, et par la même, les circuits de circulation décidés. L’architecture guidait la circulation du pèlerin et amenait son regard vers ce qui focalisait toute sa ferveur27

Les propylées hellénistiques

À l’époque hellénistique, l’image projetée par le sanctuaire dans son ensemble était prise en compte et la place allouée au propylon – désormais associé aux portiques qui venaient créer un véritable écrin autour du temple et de l’autel – jouait un rôle prépondérant dans l’appréhension d’ensemble des sanctuaires davantage traités en tant qu’unité. Les sanctuaires-terrasses hécatomnides préfiguraient cette conception. Certains sanctuaires hellénistiques présentaient encore une conception architecturale liée à une approche volumétrique dans leur aménagement, principalement car il s’agissait d’anciens sanctuaires qui reçurent une nouvelle parure monumentale à l’époque hellénistique28. D’autres sanctuaires vont présenter une conception architecturale fondée sur l’axialité, accompagnée de la fermeture de l’espace au moyen des stoai et d’une approche nouvelle depuis le propylon.

À Cnide29 (fig. 7), la partie continentale a été construite selon une trame urbaine orthogonale appliquée sur un terrain en relief entrainant l’aménagement de terrasses. C’est dans le secteur nord-ouest de cette partie continentale, au-dessus du port nord, que se trouvaient les sanctuaires les plus importants de la cité qui semblaient former un quartier autonome. À l’ouest, ils étaient bordés par la falaise surplombant la mer, au nord, par une forte pente escarpée, et à l’est, par la rue en escalier nord-sud qui montait depuis le port nord. Ils étaient répartis sur un ensemble de trois terrasses étagées les unes au-dessus des autres. Le sanctuaire d’Apollon Karneios30 occupait la terrasse médiane qui était la plus vaste. Entre la terrasse d’Apollon Karneios et la terrasse supérieure – peut-être dédiée à Athéna31 –, s’intercalait une petite terrasse intermédiaire, très étroite et en forme de corniche, dont toute la partie orientale était occupée par des gradins formant un theatron qui donnait vue directement sur l’autel monumental d’Apollon Karneios en contrebas. C’est dans ce sanctuaire d’Apollon Karneios que se tenaient les Karneia locales, i.e. le festival national dorien qui avait lieu chaque année en l’honneur de cette divinité pré-dorienne, plus tard connectée à Apollon et qui devait ainsi rappeler à tous l’origine dorienne des Cnidiens32. Le festival pouvait ainsi être suivi depuis les gradins de la petite terrasse intermédiaire. L’approche de ce secteur sacré occidental de Cnide se faisait depuis l’est par une grande voie processionnelle rectiligne, orientée est-ouest, de 10 m de large, qui venait de la porte urbaine orientale et qui aboutissait au propylon du sanctuaire d’Apollon Karneios, dont le niveau était un peu plus bas. Cette grande voie créait ainsi un lien spatial direct entre les secteurs sacrés occidentaux et la zone orientale de la ville avec, en point de mire, le sanctuaire d’Apollon33. Perpendiculaire à cette voie, la rue en escaliers, montant depuis le port nord, passait devant le propylon et continuait plus haut. Le croisement des deux routes créait, à l’avant du propylon, une petite place rectangulaire dallée, d’environ 10 x 7 m34. Il semblerait que ces sanctuaires occidentaux aient connu deux phases de construction principales : une première phase d’établissement tardo-classique, à la fin du IVe/au début du IIIe siècle a.C., et une phase de monumentalisation, durant la première moitié du IIe siècle a.C.35. Durant la première phase auraient été construits le propylon – daté des environs de 300-280 a.C. – qui donnait accès au sanctuaire depuis le sud-est et, au nord-ouest, un grand temple et un autel36. Enfin, une vaste place se déployait sur la partie sud, face au propylon, lieu d’installations d’abris semblables à des tentes pendant les Karneia. Durant la première moitié du IIe s. a.C. – phase de monumentalisation – un nouveau temple et un nouvel autel monumental en marbre remplacèrent les édifices précédents37. Le propylon, quant à lui, ne subit aucune modification. Ainsi, quelque soit la période, le pèlerin qui passait par le propylon avait : face à lui, la grande place avec le paysage en toile de fond et, sur sa droite, le temple et l’autel vus de trois-quarts. Nous pouvons clairement constater que toute l’installation urbaine répondait à un besoin de scénarisation du culte rendu à Apollon Karneios. Au-delà de l’aménagement de la terrasse médiane avec propylon, temple et autel monumental, auxquels il faut rattacher le theatronsur la petite terrasse intermédiaire, il y a la grande voie processionnelle rectiligne traversant toute la partie orientale de la trame urbaine. Tous ces éléments architecturaux constituaient un cadre monumental et prestigieux adapté aux rites du culte voué à Apollon Karneios et, en même temps, indiquaient clairement l’importance de celui-ci pour la cité38. Le choix de la forme architecturale du propylon – un portique39 – de par sa simplicité, associée à des formes archaïsantes détaillées40, aurait fait comprendre aux visiteurs qu’il s’agissait ici de l’entrée monumentale coûteuse mais en apparence “modeste” de l’ancien et vénérable sanctuaire d’Apollon41

Fig. 7. Cnide. Restitution du secteur sacré avec le sanctuaire d'Apollon Karneios sur la terrasse médiane [Bankel (2009), fig. 1].
Fig. 7. Cnide. Restitution du secteur sacré avec le sanctuaire d’Apollon Karneios sur la terrasse médiane
[Bankel (2009), fig. 1].

À Pergame, le sanctuaire d’Athéna42 (fig. 8), situé sur une terrasse juste au-dessous du point culminant de la citadelle, prit une importance particulière sous les Attalides puisqu’Attale I rajouta l’épithète Nikephoros à la dédicace faite à Athéna sur le temple dorique construit par Philétairos, suite à sa victoire sur la tribu galate des Tolistoagii en 323 a.C. En mémoire de sa victoire et pour remercier Athéna Nikephoros, Attale fit construire la grande base circulaire dédicacée qui se trouvait presque au centre du sanctuaire43. Ce sanctuaire – situé sur l’acropole à un emplacement particulièrement prééminent de la cité – était visible depuis la ville et la plaine, reflétant certainement une démonstration de la prétention au pouvoir des fondateurs du culte (Barsine et son fils Heraclès, prétendant à la succession d’Alexandre le Grand) et par la suite des Attalides. Le sanctuaire d’Athéna – richement décoré de sculptures et de reliefs et qui servait également de lieu de représentation – et la terrasse du théâtre – avec le stade et le xyste (pour les concours) – seraient à identifier comme le Nikephorion de Pergame qui formait le cadre architectural pour les célébrations périodiques des Nikephoria44. Comme les autres principaux édifices de l’acropole, le sanctuaire d’Athéna Nikephoros fut complètement réarrangé sous Eumène II. Il reçut une nouvelle parure ornementale qui comprenait un portique en forme de L à deux niveaux, encadrant le temple d’Athéna sur les côtés nord et est, et un propylon45. Le temenos fut alors réorienté dans la direction du nouveau palais royal (“Palais IV”) et venait ainsi contredire l’orientation de biais du temple. Le propylon se situait à l’extrémité sud du portique oriental auquel il était connecté et se présentait comme une façade très élaborée à deux niveaux, au même titre que les portiques46. La riche décoration architecturale du propylon occupait une place prépondérante et devenait le véhicule de messages idéologiques transformant cet édifice en un véritable outil de propagande47. Plusieurs raisons pourraient expliquer la position de cet édifice : la présence du palais en face, de l’autre côté de la voie, aurait empêché le développement d’un propylon sur les trois quarts nord du portique est; un petit édifice d’entrée préexistait à cet endroit ; ou la position du propylon a été précisément planifiée et prise en compte dans un système de rapports visuels avec le temple et l’ensemble du sanctuaire. Le réaménagement du sanctuaire par Eumène II, avec l’ajout des portiques et du propylon, avait modifié la physionomie de l’ensemble et créé un cadre qui venait modifier le champ de vision du visiteur. En effet, il fallait désormais pénétrer par le propylon pour pouvoir voir le temple, la base circulaire et le paysage au-delà. Il est évident que l’emplacement du propylon jouait un rôle important dans la vision d’ensemble du sanctuaire et des divers éléments qui le composaient : le temple d’Athéna apparaissait de trois-quarts, dans toute sa majesté, siégeant sur l’extrémité de la terrasse avec le paysage en arrière-plan ; la grande base circulaire se présentait dans toute sa splendeur et gardait toute son intégralité et son indépendance puisque elle ne venait pas se superposer au temple et, pour elle aussi, le paysage servait de toile de fond ; enfin, apparaissaient les portiques à deux niveaux avec leurs balustrades ornées de reliefs d’armes formant un écrin pour le temple. Toutes les composantes du sanctuaire étaient ainsi liées entre elles, avec le temple et le portique nord encadrant la relation entre la base dédiée à la victoire sur les Tolistoagii et, au loin en arrière-plan, le Bayir Teke (dans la plaine du Caïque), lieu de la bataille. La relation entre le paysage, le concept de victoire et la connotation sacrée était alors révélée par l’inscription sur la base circulaire, dans laquelle Attale I offrait ses remerciements à Athéna48. Le paysage devenait une composante supplémentaire à part entière du sanctuaire. Ainsi le champ de vision du pèlerin était délibérément encadré et contrôlé. 

Fig. 8. Pergame. Plan du sanctuaire d'Athéna (Kästner 2004, fig. 12).
Fig. 8. Pergame. Plan du sanctuaire d’Athéna
(Kästner 2004, fig. 12).

La même configuration se présentait à Aigai49 (fig. 9) au sanctuaire de la terrasse supérieure – sanctuaire d’Athéna ? – qui n’est pas sans rappeler celle du sanctuaire d’Athéna à Pergame. Les frappantes similitudes entre Aigai et Pergame témoignent d’une relation étroite entre les deux cités. Pergame semble avoir influencé aussi bien l’urbanisme que l’organisation des ensembles de constructions d’Aigai : sur la partie nord-ouest de l’acropole, se trouvait le secteur occupé par un ensemble composé d’une longue terrasse, du théâtre et du temple de Déméter, que surplombait une grande terrasse rectangulaire sur laquelle se dressait un temple. La ressemblance avec la terrasse supérieure de Pergame est saisissante. Sur les côtés nord et est, cette terrasse supérieure était bordée par des portiques à deux niveaux. Un propylon50 ouvrait à l’arrière du portique nord et, comme à Pergame, reflétait l’architecture à deux niveaux des portiques intérieurs. Il se situerait à l’arrivée d’une route venant de la porte de ville nommée Demir kapı. Il était orienté perpendiculairement à l’axe du temple – et à celui de la terrasse – de ce fait, le pèlerin qui pénétrait par ce propylon avait une approche volumétrique du temple (de trois-quarts), appréhendant les faces est et nord de celui-ci et, au-delà, voyait le paysage face à lui. Il y avait là une véritable mise en scène du temple, perché sur cette terrasse, avec le paysage comme toile de fond. Ceci expliquerait la position du propylon, près de l’ancien rempart (encore présent), à un endroit étriqué, coincé dans l’angle entre le sanctuaire et le terrain en pente. 

Fig. 9. Aigai. Plan du théâtre et de la terrasse supérieure (Bohn & Schuchardt 1889, fig. 40).
Fig. 9. Aigai. Plan du théâtre et de la terrasse supérieure
(Bohn & Schuchardt 1889, fig. 40).

Le sanctuaire d’Athéna Ilias à Ilion51 (Troie) (fig. 10), témoigne lui aussi de cette conception architecturale qui conditionnait le regard du visiteur – et donc son angle d’approche – au moyen d’un cadre architectural. Le sanctuaire qui se dressait sur l’acropole se composait d’un vaste téménos, bordés de portiques sur trois côtés (ouest, sud et est) tandis que le côté nord (face au propylon) était délibérément laissé ouvert pour ne pas obstruer la vue panoramique vers les Dardanelles et les plaines de Troie. Le propylon52 ouvrait dans le portique sud mais pas exactement au milieu de celui-ci. Lorsque le pèlerin entrait dans le sanctuaire, il appréhendait le temple par son long côté sud et l’autel de trois-quarts avec le paysage qui servait de toile de fond et qui tenait une place importante dans ce sanctuaire, véritable matérialisation de la mémoire homérique de la cité, où toutes les composantes étaient reliées entre elles par un réseau d’axes visuels soigneusement pensés53. Ici aussi l’influence de l’acropole pergaménienne dominée par le sanctuaire d’Athéna Niképhoros se faisait sentir. La parure monumentale de l’Athénaion était visible depuis le nord, lorsque l’on approchait de la cité depuis les Dardanelles. 

Fig. 10. Ilion. Plan général du sanctuaire d'Athéna (Rose 2003, pl. 1).
Fig. 10. Ilion. Plan général du sanctuaire d’Athéna
(Rose 2003, pl. 1).

Au sanctuaire d’Hécate à Lagina (fig. 11), l’ancienneté exacte du culte n’est pas connue54. Lagina entra dans l’orbite de Stratonicée à la fin du IIIe et au début du IIe s. a.C. Une grande voie sacrée, dallée et longée de tombes et de fontaines, reliait le sanctuaire de Lagina à Stratonicée. Le festival d’Hécate était célèbre pour la pompe de kleidos – i.e. la procession de la clé – durant laquelle la clé sacrée d’Hécate était portée, depuis Lagina jusqu’à Stratonicée, par la kleidophoros, une jeune fille ou jeune femme, souvent la fille du prêtre. L’origine de cette procession rituelle est inconnue mais il est vraisemblable que cette procession ait commencé avec les festivals majeurs des Hekatesia55. Le sens de la procession était ici inversé puisque habituellement elle allait du centre urbain vers le sanctuaire rural. Le sanctuaire connut divers aménagements, il reçut notamment une parure architecturale monumentale, de la seconde moitié du IIe siècle a.C. au début de l’époque impériale. L’enceinte du sanctuaire occupait une superficie d’environ 130 x 120 m et était ainsi capable d’accueillir une foule assez considérable. Un grand complexe de portiques doriques, en forme de Π, délimitait les côtés nord, est et sud du sanctuaire et était orienté sur le temple56. Le côté ouest était, quant à lui, occupé par un portique, sur les trois-quarts ouest, qui venait rompre l’harmonie rectangulaire par son obliquité. Ce portique était adossé à la pente et présentait un soubassement haut de plus de 5 m (au-dessus du niveau de la place et des autres portiques) muni de onze degrés qui constituaient les gradins d’un theatron pour assister aux célébrations. Au centre de la place se dressait le temple d’Hécate et l’autel monumental, d’une orientation différente. Le propylon, libre, marquait l’entrée officielle du sanctuaire, à l’extrémité sud de ce portique ouest. Il semblerait qu’il ait été construit à l’époque tardo-hellénistique57. Aucun mur ne venait fermer l’espace entre le propylon et l’extrémité ouest du portique sud. Cet édifice d’entrée adoptait une forme particulière avec un porche extérieur – façade que le pèlerin voyait en arrivant au sanctuaire – qui présentait l’apparence d’une tholos58. Ici aussi, passé le propylon, le temple était vu de trois-quarts. En fait, le temple (et l’ensemble du sanctuaire) suivait une orientation sud-est inhabituelle. L’axe du temple pointerait directement vers la montagne de l’Aladağ alors que celui du propylon, perpendiculaire à celui du temple, visait l’Akdağ. Ces deux montagnes, qui encadraient le passage entre Lagina et Stratonicée, pourraient avoir déterminé l’orientation du complexe et du temple. Cette orientation pourrait aussi être liée à des activités rituelles qui impliquaient certains phénomènes astronomiques, comme un cycle lunaire – la déesse était généralement couronnée d’un croissant de lune59.

Fig. 11. Lagina. Plan général du sanctuaire d'Hécate (Tirpan & Söğüt 2007, 403, fig. 2).
Fig. 11. Lagina. Plan général du sanctuaire d’Hécate
(Tirpan & Söğüt 2007, 403, fig. 2).

À l’époque hellénistique, à côté de cette persistance d’une approche volumétrique, apparaît une tendance nouvelle à l’axialité et à la hiérarchisation des plans dans la conception architecturale des sanctuaires. Le point de vue du visiteur reste une donnée essentielle. Ainsi d’un étagement vertical, comme nous avons pu le voir notamment avec les propylées hécatomnides, nous passons en quelque sorte à un étagement “horizontal” des plans, dans une notion de profondeur de champ. Depuis l’entrée, les plans sont désormais échelonnés, les lignes de fuites accentuées et les symétries clairement définies. 

Le Sanctuaire de Déméter60 à Pergame (fig. 12), situé au-dessus du gymnase hellénistique, fut construit sur une terrasse rectangulaire de 110 m de long sur 50 m de large. La présence d’un lieu de culte remonterait au Ve ou IVe siècle a.C. Le sanctuaire profita des largesses des Attalides61. Sous Apollonis (220-186 a.C.), le grand programme édilitaire mis en place entraina la fermeture du sanctuaire désormais bordé de portiques sur trois côtés tandis que le côté oriental était clos par un mur sur lequel ouvrait, entre autres, le propylon (au sud) précédé d’une petite avant-cour62. Celle-ci était accessible par deux accès : celui du sud menant vers le gymnase et celui du nord, vers une ruelle en escalier formant l’accès à la ville fortifiée63. Le sanctuaire apparaissait désormais comme un espace plus refermé et monumentalisé. Malgré la place assez restreinte de l’avant-cour, il a été décidé de construire une entrée monumentale. Le propylon64 se dressait au sud-est du complexe. Décalé vers le sud de la terrasse, il présentait un axe parallèle à celui du temple et du sanctuaire. Ainsi, le pèlerin qui pénétrait par le propylon voyait les différents éléments architecturaux au travers de plans échelonnés – l’autel puis le temple et enfin le portique ouest à l’arrière – avec les lignes de fuite des longs portiques. Les portiques créaient un véritable écrin autour du temple.

Fig. 12. Pergame. Plan général du sanctuaire de Déméter (Kohl 2009, 163, plan 2).
Fig. 12. Pergame. Plan général du sanctuaire de Déméter
(Kohl 2009, 163, plan 2).

Le sanctuaire d’Athéna à Priène65 (fig. 13) était situé sur une terrasse, dont le terrain a été nivelé et agrandi vers le sud grâce à la construction d’un puissant mur de soutènement, qui surplombait d’environ 16 m, l’agora à l’est. Dès la fondation de la ville, au milieu du IVe siècle a.C., la zone du sanctuaire d’Athéna avait été prévue au sein de la trame urbaine orthonormée, dans un endroit bien en vue au centre de la ville et la construction du temple d’Athéna – commandée à Pythéos – commencée66. Le sanctuaire aurait connu trois grandes phases de construction : la phase initiale de conception tardo-classique (le temenos comprenait le temple, sa place avant pavée avec un premier autel67) ; durant la seconde moitié du IIe siècle a.C., le sanctuaire connut un développement monumental (construction de l’autel monumental et création du portique au sud qui fermait désormais ce côté du sanctuaire)68 ; enfin, au début du Ier siècle a.C., le sanctuaire fut agrandi vers l’est (avec, dans une planification conjointe, l’édification de la partie orientale du mur de soutènement de la terrasse du sanctuaire, le “propylon” (phases 0 et 1) et le mur de soutènement de la rue menant à la Stoa Sacrée de l’agora)69. La dernière modification concernera le propylon de l’époque romaine (phase 2). Lors de la phase 0, début du Ier siècle a.C., l’entrée du sanctuaire devait probablement consister en une simple porte accessible par des marches qui empiétaient sur la largeur de la rue en escaliers venant de l’agora70. Lors d’une seconde phase de construction (phase 1) – troisième quart du Ier s. a.C.71 – un soubassement à degrés fut construit. Ce propylon72 constituait l’entrée monumentale du sanctuaire d’Athéna, sur le côté est, face à la Rue d’Athéna – la voie processionnelle qui menait en ligne droite au sanctuaire – dont il constituait le point final magistral. Le propylon était plus large que la Rue d’Athéna et, qui plus est, il empiétait largement sur la rue en escaliers venant de l’agora. En passant par le propylon, le visiteur avait une vue en plans successifs des monuments du culte : au premier plan, l’autel monumental et, au second plan, le temple. La terrasse longue et exigüe, la scénographie par plans successifs et la voie processionnelle, ont certainement étaient les raisons qui ont amené à cette position du propylon. Précisons, que bien que le propylon semble avoir été construit selon un axe parallèle à l’axe longitudinal de la terrasse et du temple, il est légèrement tourné de 1 degré vers l’autel et le temple. Cette phase 1 n’a pas été achevée. Le propylon sera enfin agrandi vers l’ouest (phase 2), vers la terrasse, à l’époque romaine.

Fig. 13. Priène. Plan du sanctuaire d'Athéna (avec le propylon romain) (Wiegand & Schrader 1904, pl. IX).
Fig. 13. Priène. Plan du sanctuaire d’Athéna (avec le propylon romain)
(Wiegand & Schrader 1904, pl. IX).

Cette conception axiale va atteindre son apogée à l’Artémision de Magnésie du Méandre73 (fig. 14), une des œuvres majeures de l’architecte théoricien Hermogène et probablement parmi les sanctuaires les plus importants de l’Hellénisme. Inséparable du sanctuaire d’Artémis Leucophryène, la vaste agora de Magnésie du Méandre était un ensemble remarquable, exemple même du type dit de “l’agora ionienne”. Il ne s’agissait pas d’une simple place commerciale, mais plutôt d’une agora sacrée, qualifiée à différentes reprises de Hieron74. L’agora et le sanctuaire d’Artémis n’étaient pas perpendiculaires mais l’enceinte d’Artémis venait s’accoler à l’agora de façon oblique. Un propylon ionique faisait la liaison entre cette agora et le sanctuaire d’Artémis Leucophryène75. L’axe central du propylon coïncidait avec celui de temple et de l’autel qui occupaient le centre du sanctuaire d’Artémis. Ils étaient encadrés sur trois côtés (arrière et latéraux) de portiques doriques. Entre le propylon et l’autel monumental, lors du dégagement du dallage du sanctuaire, a été découverte une source sacrée – dans l’axe du temple et de l’autel (et parallèle à la façade du temple) et à l’extrémité de la zone sacrificielle – à laquelle menait un escalier descendant vers l’ouest sous le niveau du dallage. Le dégagement total du dallage du sanctuaire a fait apparaître des différences de matériau – marbre et calcaire – et d’orientation des dalles. Il semblerait que ces différentes orientations aient été mises en place volontairement dans le but de délimiter visuellement, par le dallage, les diverses zones du sanctuaire et de les différencier selon leur fonction : la zone sacrificielle, la zone de la source sacrée et la place de rassemblement juste devant le propylon (où le pavement, orienté sur le propylon, est constitué de dalles de marbre avec des inscriptions de topoi à droite et à gauche de la voie processionnelle menant à l’autel)76. Hermogène a donné à ses aménagements de places une monumentalité, avec une symétrie stricte et une accentuation des axes, ni connue ni voulue jusqu’alors. Du propylon, qui menait depuis l’agora à l’enceinte d’Artémis Leukophryène, le visiteur découvrait au premier plan l’autel monumental, avec ses hauts-reliefs représentant les douze dieux de l’Olympe, puis le temple à l’arrière, dont seule la partie supérieure de la façade, à partir de la moitié des colonnes, était visible et, enfin, tout autour, les colonnades des portiques, qui formaient un véritable écrin pour le temple et l’autel. Il n’y a pas de portique, côté sanctuaire, à l’arrière du mur de fond du portique est de l’agora, ce qui démontre que le point de vue privilégié du sanctuaire était celui depuis le propylon. Vision strictement frontale et axiale de l’autel et du temple, avec en même temps échelonnement des plans autel-temple-portique du fond de la place et longues lignes de fuite des portiques latéraux. Ceci créait aussi une certaine compression des volumes et des distances, notamment entre l’autel et le temple. Hermogène avait aussi calculé les distances entre les différentes composantes du sanctuaire et leur hauteur de sorte que, vus depuis le propylon – dont les colonnes créaient un cadre monumental –, les hauts-reliefs de plus de 3 m de haut de l’autel monumental semblaient avoir la même largeur que les colonnes de la façade du temple et de même, temple et autel semblaient être de même largeur. Remarquons enfin que la conception architecturale du propylon (fig. 15) – entièrement intégré au portique dorique est, à deux nefs, de l’agora – s’adapte parfaitement à la circulation du grand nombre de participants à la procession des Leukophryena, permettant une plus grande fluidité77. Ainsi la position du propylon, de l’autel et du temple a été précisément déterminée selon un même axe. La différence de ce type d’aménagement est l’axialité stricte qui propose une approche nouvelle par rapport à la vision volumétrique qui régissait précédemment la conception architecturale. Le propylon et l’aménagement du sanctuaire d’Artémis Leucophryène présentent clairement les tendances qui caractérisent les compositions architecturales hellénistiques, où la composition scénographique de l’ensemble du complexe était privilégiée, et dans laquelle le temple et l’autel – centres de cette composition – étaient insérés dans un cadre architectural monumental créé avec propylon et stoai. Cette tendance à l’axialité et à l’échelonnement de plans a aussi été appliquée sur des terrains en pente (l’Asclépiéion de Cos78 et de l’Acropole de Lindos79) ce qui a accru la monumentalité et la scénographie de ces ensembles.

Fig.
Fig. 14. Magnésie du Méandre. Plan général de l’agora et du sanctuaire d’Artémis
(Hoepfner 1990, fig. 29).
Fig. 15. Magnésie du Méandre. Plan et élévations du propylon de sanctuaire d'Artémis.
Fig. 15. Magnésie du Méandre. Plan et élévations du propylon de sanctuaire d’Artémis.
Plan et façade occidentale (Humann 1904, fig. 134 et 133) ;
façade orientale (Bingöl & Kökdemir 2005, 397, fig. 7).

Propylées, processions et ritualisation de l’espace public

Le propylon faisait partie de la parure architecturale du sanctuaire, monumentalisant l’entrée du lieu de culte, i.e. le point d’arrivée du cortège lors des célébrations. Il faisait ainsi partie des embellissements permanents de l’espace cultuel visible depuis le domaine public. D’étroites relations reliaient la dynamique des changements dans les rituels religieux et les adaptations architecturales et structurelles mises en place dans l’espace concerné par leur accomplissement.

À l’époque hellénistique notamment, la procession – la pompe – va prendre beaucoup plus d’importance, surtout en matière de faste et de richesse. L’élément éphémère qu’était la procession venait au premier plan, alors que les édifices religieux permanents, notamment le temple, étaient relégués au second plan, la pièce centrale du cérémoniel restant tout de même l’autel qui se monumentalisait et apparaissait de plus en plus au premier plan dans le champ de vision du pèlerin à travers la conception architecturale régie par l’axialité. Une des nouvelles caractéristiques des rites cultuels à l’époque hellénistique était l’aspect quantitatif, ce qui est particulièrement évident avec la procession (et sa mise en scène) : un grand nombre de participants (citoyens de la polis, étrangers venus des villes voisines, invités) était vu comme un signe de la prospérité et de l’importance de la cité. Les itinéraires des processions étaient tracés avec précision et il fallait strictement les respecter. Pour pouvoir attirer autant de participants que possible formant une foule compacte dans une procession qui traversait la ville vers le sanctuaire, il fallait avoir des infrastructures adaptées80. À Cnide, il ressort clairement, du fait de la grande voie processionnelle menant en ligne directe au propylon ionique de la terrasse médiane, que c’était le culte d’Apollon Karneios qui avait la primeur et qui attirait toute l’attention. La présence des gradins sur la terrasse intermédiaire va dans ce sens. Qui plus est, nous sommes ici face à une scénographie délibérée d’apparence archaïsante, où les formes de l’architecture archaïsante associées au culte d’Apollon Karneios pourraient être vues comme des éléments de l’auto-expression historique et mythique de Cnide. Au sanctuaire d’Hécate à Lagina, le côté où se dressait le propylon n’était pas entièrement fermé. Le propylon apparaît davantage comme une “porte cérémonielle” par laquelle passait le cortège processionnel, notamment celui de Kleidos menant la clé sacrée d’Hécate de Lagina jusqu’à Stratonicée. À Magnésie du Méandre, le propylon donnant accès au sanctuaire d’Artémis Leukophryène, est l’exemple le plus abouti d’intégration du propylon dans un portique à deux nefs qui s’adaptait au passage d’un grand cortège processionnel.

 Propylées et conception architecturale

Le dessin architectural, à travers des tracés réfléchis, permettait à l’architecte de raisonner dans l’abstrait et de concevoir son œuvre. C’était très certainement dès cette phase qu’était pris en compte le sens de circulation voulu au sein du sanctuaire avec une importance donnée aux axes visuels et ainsi aux angles d’approche. Les Grecs anciens employaient un système uniforme dans la disposition des édifices dans l’espace, système basé sur les principes de la cognition humaine. Ce dessin architectural était en adéquation avec la pensée de chaque époque qui influait ainsi sur la position du propylon et au-delà des angles d’approche et des circuits de circulation privilégiés au sein des sanctuaires. Le point de vue du pèlerin était alors pris en considération puisque l’entrée constituait le point de référence pour toutes les perspectives81. Ainsi lorsqu’une vue tridimensionnelle était privilégiée, des rayons partant depuis l’entrée définissaient la position de trois angles des édifices principaux afin qu’ils puissent être vus de trois-quarts (et vice versa), la position des édifices étant aussi déterminée par la distance depuis ce point. La géométrisation de la conception architecturale suivait ainsi des lignes conceptuelles dans l’espace. Les trames orthogonales utilisées dans les plans des édifices et plus largement dans l’urbanisme suggèrent une prise de conscience de l’espace qui est ordonné selon des lignes invisibles qui toutefois se reflètent parfaitement en élévation (notamment avec les stoai) et sont donc visibles pour l’observateur. La géométrie sous-jacente, qui ordonnait les plans, impliquait également les lignes courbes. À Pergame, le réaménagement du sanctuaire d’Athéna par Eumène II a refaçonné la physionomie de l’ensemble et a créé un cadre qui venait modifier le champ de vision du visiteur. Il fallait pénétrer par le propylon pour pouvoir voir le temple, la base circulaire et le paysage au-delà. Ainsi le champ de vision de celui qui entrait était désormais encadré et contrôlé. Une analyse d’un système géométrique sous-jacent du sanctuaire de Pergame (fig. 16) révèlerait ainsi que des lignes conceptuelles – rectilignes et curvilignes – auraient relié le point de vue privilégié du pèlerin avec toutes les caractéristiques architecturales du sanctuaire. Selon cette théorie, depuis le propylon partaient des lignes rayonnantes et des arcs de cercle et, de même, depuis l’entrée secondaire partaient des lignes droites. L’emplacement du propylon aurait donc été conditionné par le temple – placé en oblique sur l’extrémité de la terrasse – et la base circulaire pour que le pèlerin – en entrant par le propylon – voit toutes les composantes du sanctuaire liées entre elles : le temple d’Athéna à la base circulaire, donc à l’idée de victoire et à l’intervention divine d’Athéna au Bayir Teke82. Ainsi le paysage sacré du sanctuaire d’Athéna, selon la pensée platonicienne, devenait un paysage d’un ordre supérieur83.

Fig. 16. Pergame. Plan analytique du sanctuaire d'Athéna (Senseney 2009, 38, fig. 2A).
Fig. 16.Pergame. Plan analytique du sanctuaire d’Athéna
(Senseney 2009, 38, fig. 2A).

Conclusion

L’étude des propylées micrasiatiques en contexte cultuel durant les époques classique et hellénistique montre que la position des propylées procède d’un choix mûrement réfléchi, influencé par la volonté d’une approche tridimensionnelle du temple et de l’autel dès l’époque classique, puis par une prédominance de plus en plus marquée de la ritualisation de l’espace à l’époque hellénistique, qui va aboutir à une conception architecturale dominée par l’axialité menant à la hiérarchisation des plans, aux lignes de fuites accentuées et aux symétries clairement définies. L’emplacement des propylées était ainsi conditionné par les angles d’approche – et par la même les circuits de circulation – privilégiés pour les pèlerins en tant que point d’arrivée du cortège et point d’entrée dans le sanctuaire. À ce titre, le propylon apparaît comme indissociable des autres composantes du sanctuaire et ce, qu’il soit un ajout ultérieur ou qu’il fasse partie d’un seul et même projet. Car, au-delà de monumentaliser l’entrée, de créer un passage entre la sphère profane et la sphère sacrée et de permettre un contrôle de l’entrée du sanctuaire, son emplacement était dicté par l’importance des axes visuels qui servaient de point de référence pour l’ensemble de la conception architecturale du sanctuaire. L’architecture et l’implantation de ces entrées monumentales dans le complexe auquel elles appartiennent répondaient à des considérations religieuses – ritualistes – et sociales qui laissent ainsi entrevoir la conceptualisation architecturale de chaque époque.

Bibliographie

  • Aslan, C.C. et Rose, C. B. (2013) : “City and Citadel at Troy from the Late Bronze Age through the Roman period”, in : Redford & Ergin, éd. 2013, 7-38.
  • Aylward, W. (2005) : “The Portico and Propylaia of the Sanctuary of Athena Ilias at Ilion”, Studia Troica, 15, 127-175. 
  • Bachmann, M. (2009) : Bautechnik im antiken und vorantiken Kleinasien, Byzas 9.
  • Bankel, H. (1997) : “Knidos. Der hellenistische Rundtempel und sein Altar”, AA, 51-71.
  • Bankel, H. (1999) : “Scamilli impares at an Early Hellenistic Ionic Propylon at Knidos”, in : Haselberger 1999, 127-138. 
  • Bankel, H. (2004) : “Knidos. Das Triopion. Zur Topographie des Stammesheiligtums der dorischen Hexapolis“, in : Macht der Architektur – Architektur der Macht, Diskussionen zur Archäologischen Bauforschung Bd. 8, 100-113. 
  • Bankel, H. (2009) : “Versatzmarken am Propylon des Heilgtums für Apollon Karneios in Knidos“, in : Bachmann 2009, 323-341. 
  • Baran, A. (2011) : “The Sacred Way and the spring houses of Labraunda sanctuary”, in : Karlsson & Carlsson 2011, 51-98. 
  • Bergquist, B. (1967) : The Archaic Greek Temenos, A study of Structure and Function, Acta Institutit Atheniensis Regni Sueciae 4e , XIII, Lund.
  • Bingöl, O. et Kökdemir, G. (2005) : “Magnesia Ad Maeandrum 2004 Yılı Kazısı (21. Yıl)”, KST, 27.1, 273-288. 
  • Bingöl, O. et Kökdemir, G. (2006) : “Magnesia Ad Maeandrum 2005 Yılı Kazısı (22. Yıl)”, KST, 28.1, 203-222. 
  • Bingöl, O. et Kökdemir, G. (2012) : “Menderes Magnesia’sı (Magnesia ad Maeandrum) (1984-2010)”, in : Bingöl et al., éd. 2012, 391-404. 
  • Bingöl, O. (1996) : “Magnesia ad Meaendrum (1995)”, KST, 18.1, 577-591. 
  • Bingöl, O. (1998) : “Magnesia ad Meandrum (1996-1997)”, KST, 20.2, p. 15-31. 
  • Bingöl, O. (1999) : “Magnesia Ad Maeandrum Menderes Magnesiası (1998)”, KST, 21.2, 57-68. 
  • Bingöl, O. (2000) : “Menderes Magnesiası (1999) Magnesia ad Maeandrum”, KST, 22.2, 15-26. 
  • Bingöl, O. (2001) : “Magnesia Ad Maeandrum 2000 Yılı Kazısı (17. Yıl)”, KST, 23.2, 461-474. 
  • Bingöl, O. (2002) : “Magnesia Ad Maeandrum 2001 Yılı Kazısı (18. Yıl)“, KST, 24.2, 91-104. 
  • Bingöl, O. (2006a) : “Die Agora von Magnesia am Mäander”, in : Hoepfner & Lehmann, éd. 2006, 59-65. 
  • Bingöl, O. (2006b) : “Magnésie”, in : Radt, W., Stadtgrabungen und Stadtforschung im westlichen Kleinasien, BYZAS, 3, 215-226. 
  • Bingöl, O., Öztan, A. et Taşkıran, H. (2012) : DTCF 75. Yıl Armağanı, Arkeoloji Bölümü Tarihçesi ve Kazıları, Anadolu Supplements III.2., Ankara.
  • Blümel, W. (1992) : Inschriften griechischer Städte aus Kleinasien. Die Inschriften Von Knidos I.
  • Boehlau, J. et Schefold, K. (1940) : Larisa Am Hermos – Die Ergebnisse der Ausgraben 1902-1934, Bd I : Die Bauten, Berlin. 
  • Boehlau, J. et Schefold, K. (1942) : Larisa am Hermos – Die Ergebnisse der Ausgraben 1902-1934, Bd III. Die Kleinfunde, Berlin.
  • Bohn, R. (1885) : Das Heiligtum der Athena Polias Nikephoros, AvP II, Berlin.
  • Bohn, R. et Schuchardt, C. (1889) : Altertümer von Aegae, Berlin.
  • Bohtz, C. H. (1981) : Das Demeter-Heiligtum, AvP XIII. 
  • Bruns-Özgan, C. (1995) : “Fries eines Hellenistischen Altars in Knidos”, JdI, 110, 239-276.
  • Carstens, A. M. (2009) : Karia and the Hekatomnids. The creation of a dynasty, BAR Int. Ser. 1943.
  • Chaniotis, A. (1995) : “Sich selbst feiern? Städtische Feste des Hellenismus im Spannungsfeld von Religion und Politik“, in : Zanker & Wörrle 1995, 147-172.
  • Clerc, M. A. (1886) : “Les ruines d’Aegae en Éolie”, BCH, 10, 275-296. 
  • Corlàita-Scagliarini, D. (1979) : “La situazione urbanistica degli archi onorari nella prima età imperiale”, Studi sull’arco onorario romano, Rome, 29-72.
  • Coulton, J. J. (1976) : The Architectural Development of the Greek Stoa.
  • Davesne, A. (2000) : “La région des portiques du Létôon de Xanthos”, CRAI, 144,2, 615-631.
  • Des Courtils, J. (2003) : Guide de Xanthos et du Létôon, Istanbul.
  • Diehl, C. et Cousin, G. (1887) : “Inscriptions de Lagina”, BCH, 11, 145-163.
  • Diehl, C. et Cousin, G. (1890) : “Inscriptions d’Halicarnasse“, BCH, 14, 90-121. 
  • Diets, S. et Papachristodoulou, I. (1988) : Archaeology in the Dodecanese, Copenhague. 
  • Doxiadis, C. A. (1972) : Architectural space in ancient Greece, Cambridge.
  • Dörpfeld, W. (1902) : Troja und Ilion 1. Ergebnisse der Ausgrabungen in den vorhistorischen und historischen Schichten von Ilion 1870-1894. 
  • Dörpfeld, W. (1910) : “Die Arbeiten zu Pergamon 1908-1909”, AM, 35, 357-368.
  • Dyggve, E. (1960) : Lindos. Fouilles de l’Acropole III, 1.
  • Ehrhardt, W. (2009) : “Hellenistische Heiligtümer und Riten : Die westlichen Sakralbezirke in Knidos als Fallbeispiel”, in : Matthaei & Zimmermann 2009, 93-115.
  • Etienne, R. et Varène, P. (2004) : Sanctuaire de Claros – L’architecture. Les Propylées et les monuments de la Voie Sacrée. Fouilles de L. et J. Robert et R. Martin 1950-1961, Paris.
  • Graf, F. (1996) : “Pompai in Greece. Some Considerations about Space and Ritual in the Greek Polis”, in : Hägg 1996, 55-65.
  • Gruben, G. [1966] (2001) : Griechische Tempel und Heiligtümer, Munich.
  • Hägg, R. (1996) : The Role of Religion in the Early Greek Polis, Stockholm.
  • Haselberger, L. (1999) : Appearance and Essence. Refinements of Classical Architecture Curvature, Philadelphia.
  • Hellström, P. (1994) : “Architecture. Characteristic building-types and particularities of style and techniques. Possible implications for Hellenistic architecture”, in : Isager 1994, 36-57.
  • Hellström, P. (2007) : Labraunda: A Guide to the Karian Sanctuary of Zeus Labraundos, Ege Yayinlari.
  • Hellström, P. (2009) : “Sacred Architecture and Karian Identity”, in : Rumscheid 2009, 267-290.
  • Hennemeyer, A. (2006), Athenaheiligtum von Priene. Die Nebenbauten – Altar, Halle und Propylon – und die bauliche Entwicklung des Heiligtums, Thèse de Doctorat (publiée en 2013).
  • Henry, O., Anderson, E., Bost, C., Çakmaklı, Ö., Cederling, F., Commito, A., Cormier-Huguet, M., Coutelas, A., Dolea, A., Ergenç, D., Freccero, A., Frejman, A., Lebouteiller, P., Lesguer, F., Lowenborg, D., Lungu, V., Marchand-Beaulieu, F., Sitz, A., De Staebler, P. et Vergnaud, B. (2016) : “Labraunda 2015“, Anatolia Antiqua, XXIV, 339-457. 
  • Henry, O., Anderson, E., Bost, C., Çakmaklı, Ö., Commito, A., Cormier-Huguet, M., De Staebler, P., Dupont, P., Ergenç, D., Frejman, A., Kepenek, B., Lebouteiller, P., Nilsson, H., Rojas, F. et Vergnaud, B. (2015) : “Labraunda 2014”, Anatolia Antiqua, XXIII, 301-394.
  • Henry, O., Bilgin Altınöz, A.G., Blid, J., Çakmaklı, Ö., Dufton, A., Freccero, A., Gosner, L., Hedlund, R., Lebouteiller, P., Lungu, V., Rojas, F., Tobin, F., Vergnaud, B. et Waters, A. (2014) : “Labraunda 2013”, Anatolia Antiqua, XXII, 255-325.
  • Henry, O., Karlsson, L., Bild, J., Hedlund, R., Vergnaud, B., Hellström, P., Thieme, T., Freccero, A., Durusoy, E., Bilgin Altınöz, A.G., Bağdatli-Cam, F., Frejma, A. et Lebouteiller, P. (2013) : “Labraunda 2012 – Rapport préliminaire”, Anatolia Antiqua, XXI, 285-355.
  • Hepding, H. (1910) : Die Arbeiten zu Pergamon 1908-1909 – II. Die Inschriften, AM 35, 439-442. 
  • Hoepfner, W. et Lehmann, L., éd. (2006) : Die Griechische Agora, Mainz.
  • Hoepfner, W. (1990) : “Bauten und Bedeutung des Hermogenes”, in : Hoepfner & Schwandner 1990, 1-34. 
  • Hoepfner, W. (1996) : “Zum Maussoleion von Halikarnassos”, Archäologischer Anzeiger, Hof 1, 95-114.
  • Hoepfner, W. et Schwandner, E. L. (1990) : Hermogenes und die hochhellenistische Architektur. Internationales Kolloquium in Berlin vom 28. und 29. Juli 1988 im Rahmen des XIII. Internationalen Kongresses für Klassische Archäologie, Mainz.
  • Holtzmann, B. (2003) : L’Acropole d’Athènes – monuments, cultes et histoire du sanctuaire d’Athéna Polias, Paris.
  • Humann, C. (1904) : Magnesia am Maeander, Berlin.
  • Isager, J. (1994) : Hekatomnid Caria and the Ionian Renaissance, Acts of the international Symposium at the Depa rtment of Greek and Roman Studies, Odense University, 28-29 November 1991, Odense.
  • Jeppesen, K. (1955) : The Propylaea, Labraunda I, 1, Lund.
  • Jeppesen, K. (1967) : “Explorations at Halicarnassus. Excavations at the site of the Mausoleum”, Acta Archaeologica 38, 29-58.
  • Jeppesen, K. (1992) : “TOT OPERUM OPUS – Ergebnisse der danischen Forschungen zum Maussolleion von Halikarnass seit 1966”, Jahrbruch des Deustschen Archaologischen Instituts 107, 59-102. 
  • Karlsson, L. et Carlsson, S. (2011) : Labraunda and Karia. Proceedings of the International Symposium Commemorating Sixty Years of Swedish Research in Labraunda,Uppsala.
  • Kästner, V. (2004) : “Klassisches Vorbild und Hellenistische Form – Die Rekonstruktion des Athena-Nikephoros-Propylons auf der Pergamenischen Burg”, Macht der Architektur – Architektur der Macht, Diskussionen zur Archäologischen Bauforschung Bd. 8, 132-143.
  • Kohl, M. (2002) : “Das Nikephorion von Pergamon”, RA, 2002/2 n° 34, 227-253. 
  • Kohl, M. (2009) : “Le sanctuaire de Déméter à Pergame et son culte – De la tutelle à l’indépendance des femmes hellénistiques et l’émancipation des hommes sous m’empire romain ?”, Numismatica e Antichità Classiche, 38, 139-167.
  • Kökdemir, G. (2011) :“Menderes Magnesiası – Propylon : mimari bezemeler”, Anatolia, 37, 97-141.
  • Künzl, E. (1997) : “Waffendekor im Hellenismus”, Journal of Roman Military Equipment, 8, 61-89. 
  • Laumonier, A. (1958) : Cultes indigènes en Carie, BEFAR 188.
  • Lauter, H. (1971) : “Reisenotizen aus Karien”, BJb, 171, 133-149.
  • Lauter, H. (1986) : Die Architektur des Hellenismus, Darmstadt.
  • Le Roy, C. (1986) : “Un règlement religieux au Létôon de Xanthos”, RA, 279-300.
  • Le Roy, C. (1987) : “Rapport sur les fouilles et restaurations à Xanthos et au Létôon en 1986”, KST, IX.2, 215-224.
  • Linders T. et Hellström P. (1989) : Architecture and Society in Hecatomnid Caria. Proceedings of the Uppsala Symposium 1987, Uppsala.
  • Livadiotti, M. (2008) : “Processi di standardizzazione del cantiere ellenistico : il caso di Kos”, in : XVII Congresso Internazionale di Archeologia Classica, Roma, 22-26 settembre 2008, Bollettino di Archeologia On Line, Volume special, 23-42.
  • Love, I. C. (1972) : “A Preliminary Report of the Excavations at Knidos, 1970”, AJA, 76.1, 61-76. 
  • Love, I. C. (1973) : “Preliminary Report of the Excavations at Knidos, 1972”, AJA, 77. 4, 413-424. 
  • Martin, R. (1974) : L’urbanisme dans la Grèce antique, Paris.
  • Matthaei, A. et Zimmermann, M. (2009) : Stadtbilder im Hellenismus, Frankfurt am Main. 
  • Ohlemutz, E. (1940) : Die Kulte und Heiligtümer der Götter in Pergamon, Würzburg.
  • Pedersen, P. (1988) : “Town-planning in Halicarnassus and Rhodes”, in : Diets & Papachristodoulou 1988, 98-103.
  • Pedersen, P. (1989) : “Some General Trends in Architectural Layout of 4th Caria”, in : Linders & Hellström 1989, 9-14.
  • Pedersen, P. (1991) : The Maussolleion at Halikarnassos : reports of the Danish archaeological expedition to Bodrum. Volume 3.1. The Maussolleion terrace and accessory structures, Aarhus. 
  • Pirson, F. (2012) : Manifestationen von Macht und Hierarchien in Stadtraum und Landschaft, BYZAS 13. 
  • Radt, W. (1999) : Pergamon : Geschichte und Bauten einer antiken Metropole, Darmstadt.
  • Radt, W. (2001) : The urban development of PergamonJRA Suppl. 45, 43-56. 
  • Redford, S. et Ergin, N., éd. (2013) : Cities and Citadels in Turkey : from the Iron Age to the Seljuks, Ancient Near Eastern Studies Suppl. 40.
  • Robert, L. (1949) : “Nouvelles de la mission archéologique en Turquie de M. et Mme Robert”, CRAI, 93, 4, 304-306. 
  • Robert, L. (1953) : “Le sanctuaire d’Artémis à Amyzon”, CRAI, 97, 4, 403-415.
  • Robert, L. (1983) : Fouilles D’Amyzon en Carie I, 63-92. 
  • Rose, C. B. (2003) : “The temple of Athena at Ilion”, Studia Troica, 13, 27-88. 
  • Rose, C. B. (2012) : “Architecture and Ritual in Ilion, Athens, and Rome”, in : Wescoat & Ousterhout, éd. 2012, 152-174. 
  • Rose, C. B. (2013) : The Archaeology of Greek and Roman Troy, Cambridge.
  • Rumscheid, F. (1994) : Untersuchungen zur kleinasiatischen Bauornamentik des Hellenismus. Beiträge zur Erschließung hellenistischer und kaiserzeitlicher Skulptur und Architektur, Mainz.
  • Rumscheid, F. (2009) : Die Karer und die Anderen, Internationales Kolloquium an der Freien Universität, Berlin 13. bis 15. Oktober 2005, Bonn. 
  • Schazmann, P. (1932) : Kos I, Asklepieion, Baubeschreibung und Baugeschichte, Berlin.
  • Schede, M. (1964) : Die Ruinen von Priene, Berlin.
  • Schober, A. (1933) : Der Fries des Hekateions von Lagina, IstForsch 2. 
  • Schober, A. (1940) : “Zur Datierung Eumenischer Bauten”, ÖJh, 32, 158-168.
  • Senseney, J. R. (2007) : “Idea and Visuality in Hellenistic Architecture: A Geometric Analysis of Temple A of the Asklepieion at Kos”, Hesperia, 76, n° 3, 555-595.
  • Senseney, J. R. (2009) : “Vision and the Ordered Invisible: Geometry, Space, and Architecture in the Hellenistic Sanctuary of Athena Nikephoros in Pergamon”, in : Sacred Landscapes in Anatolia and Neighboring Regions, BAR Int. Ser. 2034, 35-46. 
  • Stevens, G. P. (1936) : “The Periclean Entrance Court of the Acropolis of Athens”, Hesperia, vol. 5, n° 4, 443-520.
  • Stillwell, R. (1954) : “The Sitting of Classical Greek Temples”, Journal of the Society of Architectural Historians, Vol. 13, No. 4, 3-8.
  • Thieme, T. (1989) : “Metrology and planning in Hekatomnid Labraunda”, in : Linders & Hellström 1989, 77- 90.
  • Tirpan, A. et Gider, Z. (2010) : “Lagina ve Börükçü 2009 yılı çalışmaları”, KST, 32.2, 373-395.
  • Tirpan, A. et Söğüt, B. (2000) :“Lagina Hekata temenosu 1999 yılı çalışmaları”, KST, 22.2, 299-310.
  • Tirpan, A. et Söğüt, B. (2003) : “2002 yılı Lagina kazıları”, KST, 25.2, 87-100. 
  • Tirpan, A. et Söğüt, B. (2007) : “Lagina ve Börükçü 2006 yılı çalışmaları”, KST, 29.3, 387-410.
  • Tirpan, A. (1996) : “Lagina Hekata temenosu 1995 “, KST, 18.2, 309-336. 
  • Tirpan, A. (1997) : “Lagina Hekate propylonu 1996”, KST, 19.2, 173-194.
  • Tirpan, A. (1998) : “Lagina Hekata temenosu, propylon ve altardaki kazı çalışmaları 1997”, KST, 20.2, 237-256.
  • Trigger, B. G. (1990) : “Monumental Architecture : A Thermodynamic Explanation of Symbolic Behavior”, World Archaeology, 222, 119-132.
  • Trümper, M. (2008) : Die “Agora des Italiens” in Delos, Baugeschichte, Architektur, Ausstattung und Funktion einer späthellenistischen Porticus-Anlage, Internationale Archäologie Bd. 104, Rahden.
  • Voigtländer, W. (1990) : “Vorklassische Baugedanken in Spät- und Nachklassischer Architektur Kleinasiens”, in : Hoepfner & Schwandner 1990, 414-416. 
  • Wescoat, B. et Ousterhout, R., éd. (2012) : Architecture of the Sacred: Space, Ritual, and Experience from Classical Greece to Byzantium, Cambridge.
  • Westholm, A. (1963) : The Architecture of the Hieron, Labraunda I, 2.
  • Wiegand, T. et Schrader, H. (1904) : Priene: Ergebnisse der Ausgrabungen und Untersuchungen in den Jahren 1895-1898, Berlin. 
  • Williamson, C. (2012) : “Sanctuaries as turning points in territorial formation. Lagina, Panamara and the development of Stratonikeia”, in : Pirson 2012, 113-150.
  • Zanker, P. et Wörrle, M. (1995) : Stadtbild und Bürgerbild im Hellenismus, Munich.

Notes

  1. Trigger 1990.
  2. Corlàita-Scagliarini 1979.
  3. Stillwell 1954 ; Bergquist 1967, 64-66. Au temple d’Aphaia à Égine, au début du Ve s. a.C., le propylon avait une orientation perpendiculaire à celle du temple et de l’autel. Ainsi pour qui pénétrait par ce propylon voyait : face à lui, l’espace entre les deux édifices ; sur sa gauche, le temple de trois-quarts et, sur sa droite, l’autel de trois-quarts. Cette approche existait déjà pour le premier temple (Bergquist 1967, 15-18 et pl. 1-3). À Athènes, les Propylées de Mnésiclès présentaient un changement d’axe de 27° par rapport à l’“Ancien Propylon” archaïque (qui était orienté sur le noyau primitif du plateau) afin de s’orienter sur un axe parallèle à celui du Parthénon, ce qui permettait de révéler l’Acropole sur toute sa largeur, d’en appréhender toute l’ampleur, et surtout de voir – entre autres – le Parthénon de trois-quarts, sur son angle nord-ouest, afin d’en apprécier tout son volume (Stevens 1936 ; Stillwell 1954 ; Holtzmann 2003, 147-148).
  4. Boehlau & Schefold 1940 ; Boehlau & Schefold 1942.
  5. Boehlau & Schefold 1940, 30-34.
  6. Boehlau & Schefold 1940, 34, 81-82, 127, 145. Seules les fondations sont conservées ce qui rend la reconstruction de l’édifice difficile et les éléments architecturaux conservés sont très rares. D’après le plan des vestiges, l’édifice mesurait un peu plus de 4,75 m de large sur environ 8,50 m de long. Il présenterait un plan en forme de H avec la façade principale – extérieure – prostyle distyle d’ordre dorique.
  7. Cet ensemble de propylées présentait clairement des caractéristiques communes : ils constituaient l’entrée des grands sanctuaires-terrasses hécatomnides de Carie; ils occupaient une position clé dans l’aménagement de ces sanctuaires; ils étaient d’ordre ionique; et deux d’entre eux (Propylon du sanctuaire d’Artémis à Amyzon et Propylon Sud de Labraunda) portaient une dédicace faite par Idrieus.
  8. Vitr., De Architectura, 2.8.11 ; Pedersen 1988, 98.
  9. Jeppesen 1992 ; Pedersen 1991. La terrasse avait la forme d’un grand rectangle de 105 m de large sur 242,5 m de long.
  10. Selon la description de la cité faite par Vitruve (De Architectura, 2.8.11), l’agora était située juste au-dessus du port et le temenos du mausolée était limité à l’ouest par celle-ci, en contrebas de la terrasse. La position de l’agora à cet endroit est confortée par la découverte, à l’angle sud-est de la terrasse du Mausolée, d’un fragment de l’Édit de Dioclétien (Diehl & Cousin 1890 ; Jeppesen 1967, 53 ; Jeppesen 1992, 62 ; Pedersen 1991, 78).
  11. Pedersen 1991, 63-71, pl. I-II, fig. 76, 89, 92, 100. Le propylon, en tant que partie intégrante du projet de la terrasse du Mausolée, aurait été construit soit par Mausole, soit par Artémise à la mort de celui-ci ou achevé par Idrieus lorsqu’il prit la succession et fit aussi d’Halicarnasse son siège en tant que capitale de la satrapie. Il serait le plus ancien des propylées hécatomnides connus. Il présentait un plan en forme de H avec, de part et d’autre du mur de refend aligné avec le mur de terrasse, deux portiques à façade tétrastyle in antis. Il mesurait 15,40 m de large pour une longueur de 16,15 m (30,50 m escalier monumental compris). Ce propylon était d’une taille assez considérable mais sa monumentalisation était proportionnelle à l’importance architecturale et symbolique du tombeau.
  12. Pedersen 1991, 67, n. 112 et 113 et fig. 78.
  13. Jeppesen 1992, 62, pl. 30, 1 et 2 ; Hoepfner 1996, 111-112, fig. 11.
  14. Robert 1949 ; Robert 1953 ; Robert 1983, 63-92, fig. 36 ; Pedersen 1991, 66-67 et 100-101, fig. 100.
  15. Robert 1983 ; Pedersen 1991. Le propylon était large de 7,45 m et long de 11 m environ et présentait un plan en forme de H avec deux façades distyles in antis. Il était d’ordre ionique alors que le temple était dorique. Bien que construit principalement en marbre blanc, comme tous les édifices du sanctuaire, plusieurs blocs inscrits attribués au propylon pourraient témoigner d’un jeu de polychromie avec emploi de marbre blanc et de marbre bleu gris : un bloc d’ante (en marbre blanc) (Robert 1983, 195-196, n°18); un bloc d’ante (en marbre bleu-gris) (Robert 1983, 196-199, n°19 et 200-201, n°20). Voir Hellström 2009, 282-284.
  16. Robert 1983, 93-96, n°1 : L’inscription dédicatoire présente sur l’architrave en marbre du propylon, due à Idrieus, a permis de dater le propylon (et donc l’ensemble du sanctuaire) de 351-344 a.C.
  17. Carstens 2009, 80. Le sanctuaire de l’époque archaïque et du début de l’époque classique se composait d’une seule terrasse supérieure où un petit temple distyle in antis a été construit vers 500 a.C. avec un autel.
  18. Str., Géographie, 14.2.23, mentionne une longueur de 60 stades (environ 10,6-11,6  km) ; Claude Élien, De la nature des animaux, 12.30, plus proche de la réalité, parle de 70 stades, soit 12,4-13,5 km.
  19. La voie présentait une largeur de 7-8 m et était pavée de grandes dalles de pierre.
  20. Westholm 1963, 9-10, fig. 2 ; Hellström 2007, 17-21 ; Carstens 2009, 80 ; Baran 2011 : seuls dix tronçons sur les 6 derniers kilomètres de la voie sacrée et deux sections de la voie dallée menant à Alinda sont conservés.
  21. Baran 2011, 42 fontaines ont ainsi été découvertes et étudiées.
  22. Henry et al. 2013, 342-350.
  23. Jeppesen 1955 ; Westholm 1963, 96-99, 108-112 ; Pedersen 1989, 9-14 ; Thieme 1989 ; Pedersen 1991, 67, 101-102, fig. 75 et 102 ; Hellström 1994, 43-57, fig. 15-17 ; Hellström 2007 ; Carstens 2009, 80-82, fig. 105, 109. Les deux propylées étaient de plan et dimensions quasi identiques. Le Propylon Sud, en marbre, large de 10,63 m et long de 11,45 m environ, présentait un plan en forme de H avec un mur de refend percé de trois portes, la porte centrale étant plus large que les latérales, et des façades distyle in antis ioniques – colonnes hautes de 5,40 m. Ce propylon est daté de manière certaine de 351-344 a.C. grâce à l’inscription dédicatoire d’Idrieus qu’il portait sur le bloc d’architrave. Le Propylon Est présentait aussi un plan en forme de H, large de 10,83 m et long d’environ 11,45 m, distyle in antis des deux côtés, avec trois portes dans le mur de refend, la porte centrale étant plus large que les latérales. Les deux propylées étaient libres et semblaient n’avoir aucune liaison organique avec un quelconque mur de temenos. Cependant, comme l’indiquent les trous de gonds et de verrou sur les blocs de seuils et sur les linteaux des deux propylées, des portes ouvrant vers l’intérieur du sanctuaire pouvaient être fermées.
  24. Henry et al. 2014, 304-316 ; Henry et al. 2015, 366-384 ; Henry et al. 2016, 437-438 ; La Fontaine Hypostyle offrait ces eaux aux pèlerins qui arrivaient depuis le sud et l’est avant qu’ils ne pénètrent à l’intérieur du sanctuaire.
  25. Alors que le Propylon Sud du sanctuaire est daté de manière certaine, la datation du Propylon Est fait débat par manque d’inscription et du fait que les éléments de l’entablement soient rares et assez endommagés. Alors que certains pensent que le Propylon Sud a été construit en premier, d’autres au contraire, proposent que se soit le Propylon Est.
  26. Henry et al. 2014, 295 ; Henry et al. 2015, 315-316. Le propylon fut successivement réparé et reconstruit au cours des périodes hellénistique (IIIe s. a.C.) et romaine (IIe s. p.C.) puis durant l’Antiquité tardive. Il semblerait que l’espace entre le propylon Y et la terrasse M (au sud) ait été laissé vide jusqu’à l’époque impériale lorsque fut construite la Stoa BY.
  27. L’origine de l’utilisation de ces terrasses monumentales dans l’architecture hécatomnide est toujours sujet à discussion : tradition perse (Martin 1974, 150-151) ou tradition urbanistique hippodaméenne (Pedersen 1989, 9 et n. 1 ; Pedersen 1991, 109-115). Cette utilisation extensive de terrasses monumentales – outils essentiels dans la réalisation des projets de construction – caractéristiques de l’architecture hécatomnide deviendra une caractéristique et un élément notable de ce que les modernes nomment la “Renaissance Ionienne”. 
  28. Les sanctuaires de Claros et du Létôon furent pourvus, à l’époque hellénistique, de nouveaux propylées monumentaux à l’emplacement des anciens ce qui ne modifia pas la configuration architecturale de ces sanctuaires. Dans les deux cas, l’axe des propylées était presque perpendiculaire à l’axe “temple-autel”. Les propylées étaient orientés sur la voie processionnelle qui passait entre le temple et l’autel. Claros : Étienne et Varène 2004. Létôon : Le Roy 1986 ; Le Roy 1987 ; Davesne 2000 ; Des Courtils 2003.
  29. Love 1972 ; Love 1973 ; Bankel 1997; Bankel 1999 ; Bankel 2004; Bankel 2009 ; Ehrhardt 2009.
  30. Cette terrasse a été attribuée à Apollon Karneios grâce aux inscriptions découvertes, notamment celles présentes sur les faces des antes encadrant l’escalier de l’autel monumental (Bankel 2004, 104-105, fig. 10-11 ; Blümel 1992, 107-110, Nr 164 et Nr. 165) et qui portaient les signatures de deux sculpteurs, Théon d’Antioche (en Cilicie) et Zenodotyos, fils de Ménippe, de Cnide, tous deux de célèbres sculpteurs du milieu du IIe s. a.C. Avec ces signatures, ils revendiquaient la responsabilité de l’ensemble du monument, mais ils avaient probablement également sculpté des parties particulières de la frise ornant l’autel, comme en témoigne, au-dessus d’une des scènes, la signature de Théon d’Antioche (Love 1973, 422 ; IK Knidos I, Nr. 168, première moitié du IIe s. a.C.). Pour l’autel monumental : Love 1973, 421-423 ; Bankel 1997, 53 et fig. 1, 9-11. De plus, à l’intérieur du temple in antis d’Apollon a été découverte une statue colossale d’Apollon kitharodos, de 3 m de haut, datant du milieu du IIe s. a.C. (Bruns-Özgan 1995, 239-276 ; Bankel 2004, 104).
  31. Bankel 1997, 51-71 : la terrasse supérieure était dominée par une grande tholos corinthienne avec, à l’est, un autel et, sur le reste de la terrasse, des trésors, un naïskos et un édifice de banquet. Sur la terrasse inférieure, la moins bien connue, se dressait un temple périptère dorique.
  32. Ce festival des karneia est connu notamment grâce à une dédicace, datée de 180-170 a.C., à Apollon Karneios en l’honneur d’un certain Klearchos qui a participé au Staphylodrome (IK Knidos I, Nr. 165; Love 1973, 422 et n. 37 ; Bankel 2004, 105-106). Les Karneia avaient lieu plusieurs jours en août et, de ce fait, dans les régions doriennes, ce mois s’appelait donc aussi Karneios. Un récit d’Hérodote (Hist., Livre I, 144) et la découverte de deux consécrations de trépieds pour Apollon (IK Knidos I, Nr. 163 ; IK Knidos I Nr. 170 ; Bankel 1997, 69 ; Bankel 2004, 105) ont amené H. Bankel à se demander s’il ne fallait pas identifier ce sanctuaire d’Apollon Karneios avec le fameux Triopion, i.e. le sanctuaire central du héros fondateur de la confédération dorienne, Triopas. L’Hexapole dorienne, qui comprenait Lindos, Cos, Cnide, Ialysos, Kamiros et Halicarnasse, devint, après l’exclusion d’Halicarnasse (suite au vol du trépied), la Pentapole dorienne. Le Triopion a été situé dans la région de Cnide, lui conférant, parmi les villes de cette confédération, une position privilégiée. Pour H. Bankel, l’évocation de Cnide et du Triopion par Thucydide (Histoire de la guerre du Péloponnèse, Livre VIII, 35), correspondrait bien à la topographie de Cnide avec le Triopion à la pointe de la péninsule et la configuration particulière de la cité avec les deux ports séparés par un isthme (Bankel 2004, 107-110 et fig. 13).
  33. Ehrhardt 2009, 95.
  34. Love 1972, 69-70 et fig. 5.
  35. Love 1972, 70 et fig. 6 ; Ehrhardt 2009, 93 ; Bankel 2009, 340.
  36. Bankel 1999, 127 ; Bankel 2004, 104 ; Ehrhardt 2009, 96 et fig. 5.
  37. Ehrhardt 2009, 97-98.
  38. Un bloc de seuil assez usé, retrouvé in situ dans l’angle nord de la façade ouest du propylon, témoigne d’une voie piétonnière très utilisée (Bankel 1999, 131).
  39. Le propylon se présentait sous la forme d’un simple portique, fermé sur les côtés, avec une façade tétrastyle in antis ionique et, dans le mur de fond, trois portes qui permettaient l’accès à l’intérieur du sanctuaire. Les fondations de plan rectangulaire mesurent 11,20 × 8,10 m. Il serait le premier exemple d’un ordre ionique à Cnide (Bankel 1999, 127). L’édifice jouait sur la polychromie avec l’emploi de trois matériaux différents : du calcaire gris-bleu dense pour la crépis et les orthostates des murs limitrophes (uniquement côté intérieur), du marbre blanc pour l’élévation de la façade principale et du marbre gris pour le reste des éléments de la construction. Jeu de polychromie et en même temps de contraste entre l’arrière-plan en calcaire gris-bleu et la façade en marbre blanc. Ce qui nous renvoie au Mausolée d’Halicarnasse et à sa terrasse, ainsi qu’au temple B de l’Asclépiéion de Cos, détail intéressant puisque les trois cités sont proches géographiquement. Ce goût pour la polychromie remonterait à Eleusis sous Pisistrate. D’Athènes, ce phénomène se serait propagé, durant le IVe s. a.C., à Delphes et au Péloponnèse (tholoi de Marmaria et d’Épidaure), aux îles égéennes (Chios jouera un rôle important dans cette transmission) et, d’Halicarnasse, aurait touché l’Asie Mineure (Schazmann 1932, 34 ; Bankel 2009, 338 et fig. 30 et 35 ; Livadiotti 2008, 26-27 et fig. 8 pour les matériaux).
  40. Sur la façade orientale, les quatre colonnes ioniques en marbre blanc, à 20 cannelures seulement, se dressaient sur des bases samiennes archaïsantes, avec un disque cylindrique concave (avec méplat inférieur et supérieur) et un tore assez plat, tous les deux ornés de cannelures horizontales. Il n’y a pas de plinthe (Bankel 2009, 334 et fig. 29).
  41. Ce propylon était une construction d’une exceptionnelle qualité qui, au-delà d’être un exemple de l’utilisation des Scamilli impares – mentionnés par Vitruve (De Architectura, 3.4.5) – pour la réalisation de la courbure de sa crépis (Bankel 1999, 133-137 et fig. 6.10 à 6.16 ; Bankel 2009, 327-329 et fig. 8-19), présentait de nombreuses lettres d’assemblage sur la centaine d’éléments architecturaux conservés, dont la plupart étaient bien gravées et visibles, voire spécifiquement destinées à être vues, ce qui leur conférait un caractère ostentatoire qui semblait indiquer fièrement aux yeux de tous que le propylon était une construction coûteuse (Bankel 2009, 337). Ceci pourrait expliquer le fait qu’il soit le seul édifice qui n’ait pas été modifié durant la phase de monumentalisation.
  42. Bohn 1885, 49-56, pl. 3, 18-19, 29-31 et 51 ; Radt 2001 ; Kohl 2002 ; Kästner V. 2004.
  43. AvP, VIII, Nr. 21. Kohl 2002 ; Senseney 2009.
  44. Kästner 2004, 132 ; Kohl 2002, 229-235 : La première inscription relative aux Nikephoria à Pergame apparaît sous Eumène II en 182/181 a.C. Une inscription de Cos démontre que dès 184 a.C. Eumène II considérait déjà Athéna avec l’épiclèse Niképhoros. Les inscriptions, se référant à la victoire d’Eumène II, en alliance avec la Confédération achéenne, sur Nabis de Sparte, en 195 a.C., seraient la première preuve épigraphique de l’épiclèse Nicéphore pour Athéna, ce qui nous donne un terminus post quem soutenant la datation euménide. Sur des inscriptions de Telmessos, de novembre ou décembre 184, la cité s’engage à tenir des célébrations sacrificielles régulières pour Athéna Nicéphore à l’occasion de la victoire d’Eumène II sur Prusias Ier de Bithynie ainsi que sur Orthiagos et les Galates (victoire qui le conduit à prendre le titre de Soter). Certainement après cela, en 184 a.C., les cérémonies officielles en l’honneur d’Athéna qui existaient à Pergame furent réorganisées par Eumène II et appelées Nikephoria.
  45. Bohn 1885, 52-54 ; Radt 2001, 48 ; L’inscription dédicatoire sur l’architrave du niveau inférieur a permis de dater le propylon du règne d’Eumène II (197-159 a.C.) et, par la même, le portique en forme de L puisqu’ils appartenaient, avec la tour de porte quadrangulaire ouest et la construction avec la cage d’escalier, à un ensemble architectural complexe et homogène. Plus tard, à une date inconnue, fut ajouté le portique sud, contre la paroi ouest de la cage d’escalier.
  46. Ainsi la façade prostyle tétrastyle avait un niveau inférieur d’ordre dorique, un étage ionique – avec les entrecolonnements fermés par des balustrades ornées de reliefs – et un fronton triangulaire. Le propylon se dresserait sur une crépis à trois marches. Une rampe menait à la travée centrale, à laquelle répondait, à l’intérieur du sanctuaire, une autre rampe à l’avant du second entrecolonnement (à partir du sud) du portique est. Les axes des rampes étaient légèrement décalés l’un par rapport à l’autre.
  47. La façade du propylon présentait une iconographie assez riche. Il a longtemps été admis que les balustrades de l’étage étaient, comme celles des portiques, ornées de reliefs d’armes. Il faudrait en fait y replacer les reliefs dits de la “petite gigantomachie” – i.e. les panneaux des scènes de Zeus et Athéna combattant les Géants, de la construction du cheval de Troie en présence d’Athéna et du mythe de Télèphe – ainsi les reliefs des balustrades du propylon renvoyaient directement à la mythologie d’Athéna, alors que les reliefs d’armes des portiques se référaient à la victoire. De même, la frise ionique de l’étage du propylon était décorée d’aigles alternant avec des têtes de taureau entre lesquels est suspendue une guirlande de feuilles d’olivier et de chêne mélangées avec des fruits. Zeus et Athéna, représentés par leurs attributs ou leurs symboles respectifs, apparaissent étroitement liés. Au-dessus de chaque arceau convexe de la guirlande alternaient un emblème étoilé macédonien – avec seize pointes sur un bouclier hémisphérique – et une chouette aux ailes déployées. Les boucliers ronds ornés de l’étoile macédonienne symbolisaient l’assurance grandissante du jeune royaume. L’étoile macédonienne illustrait la puissance nouvellement acquise de la dynastie attalide et caractérisait ce bâtiment comme une fondation/un don royal(e). Dans les reliefs de la balustrade, Athéna, omniprésente dans les diverses scènes représentées, apparaissait immortalisée comme une figure apportant la victoire et invoquée comme puissance protectrice de l’empire pergaménien (Schober 1940 ; Ohlemutz 1941, 43 ; Künzl 1997, 62 ; Kästner 2004, 136-139).
  48. Senseney 2009, 42-45.
  49. Clerc 1886 ; Bohn & Schuchardt 1889.
  50. Bohn & Schuchardt 1889, fig. 36 et 40. Les fondations conservées sont de plan rectangulaire et mesurent environ 7,90 m de large (en façade) sur 5,85 m de profondeur (soit environ 7 m avec le mur de fond du portique compris). Le mur de fond du portique nord servirait de mur de refend (percé de trois portes) au propylon qui se composerait ainsi d’un grand porche. Sur la reconstitution de R. Bohn, le propylon, en façade, présenterait un rez-de-chaussée distyle in antis surmonté d’un étage tétrastyle avec des balustrades entre les colonnes et, au-dessus, un fronton. Le propylon était accessible par un escalier à quatre degrés menant à la travée centrale. Les portiques ont été datés par J. J. Coulton du troisième quart du IIe s. a.C. (Coulton 1976, 213, fig. 47, 3).
  51. Dörpfeld 1902, 211 et fig. 79 ; Rose 2003 ; Aylward 2005; Aslan & Rose 2013 ; Rose 2013. Le temenos et les portiques font partie d’un grand programme touchant l’acropole qui a été planifié et réalisé à Ilion entre 250 a.C. et 150 a.C. La composante essentielle de ce programme était la mise en place d’une grande terrasse rectangulaire au sommet de la citadelle préhistorique, afin de soutenir l’Athénaion et les portiques, en liaison avec la construction d’un nouveau rempart autour de la Ville Basse. La décoration de l’entablement du temple daterait du milieu du IIe s. a.C. La construction des propylées et des portiques a commencé pas plus tard que le second quart du IIe s. a.C. La longueur des travaux est difficile à déterminer, certaines parties semblent ne jamais avoir été achevées.
  52. Aylward 2005. Les fondations (en marne et calcaire) étaient de plan rectangulaire et mesuraient 12,80 m de longueur, 8,55 m de largeur pour le portique intérieur et 10,50 m pour le porche extérieur. Le propylon présentait un plan en forme de H, avec un mur de refend percé de trois portes et deux façades différentes : à l’extérieur, il présentait une façade prostyle tétrastyle, tandis qu’à l’intérieur il s’agissait d’une façade distyle in antis. Le monument était d’ordre dorique. Le propylon s’intégrait dans le portique du sanctuaire, le porche avant faisait saillie à l’arrière du mur de fond du portique tandis que les antes et les colonnes de sa façade intérieure étaient dans l’alignement des colonnes du portique.
  53. Rose 2003, 56-57 ; Rose 2012 ; Une particularité du sanctuaire d’Ilion est la présence, entre le temple et l’autel, d’une petite construction circulaire surmontant un puits qui donne sur une chambre souterraine qui n’est accessible que depuis l’extérieur du sanctuaire. Le puits était aligné axialement avec la statue du culte et l’autel. Le lieu était peut-être destiné aux jeunes filles de Locride,
    une des caractéristiques de ce sanctuaire étant de rappeler la fameuse guerre de Troie.
  54. Schober 1933 ; Laumonier 1958, 344-425 ; Lauter 1971 ; Voigtländer 1990 ; Tɩrpan 1996 ; Tɩrpan 1997 ; Tɩrpan 1998 ; Tɩrpan & Söğüt 2000 ; Tɩrpan & Söğüt 2003 ; Tɩrpan & Söğüt 2007 ; Tɩrpan & Gider 2010 ; Williamson 2012. Les plus anciennes découvertes liées au sanctuaire datent du IVe s. a.C. (décret sacrificiel) et du IIIe s. a.C ou du début du IIe s. a.C.(céramiques et objets divers).
  55. Williamson 2012, 129-135.
  56. Ce grand péribole était nommé péripolion dans les inscriptions (Laumonier 1958, 346).
  57. Lauter 1971, 139-141 ; Un monument honorifique oblong découvert à l’est du propylon donne un terme ante quem pour la datation de ce dernier puisque il a été construit par-dessus le premier degré de l’escalier monumental du propylon. Ce monument honorifique porte deux inscriptions datées de 50 a.C. (Tɩrpan 1997, 178-178 et dessins 2-3, fig. 13-20 ; Tɩrpan & Söğüt 2003, 87-88). Sur le linteau de la porte se trouve une dédicace d’Auguste (I.Stratonikeia 511 ; Diehl – Cousin 1887, 151-152, n°56 ; Schober 1933, 14-16, n. 7 ; Lauter 1971, 140). Dans cette inscription, il n’est pas fait mention si le propylon appartenait au début du Ier s. a.C., a été restauré ou rénové sous Auguste, mais elle témoigne seulement du fait que le Divus Augustus a entrepris des mesures pour rétablir les droits du sanctuaire d’Hécate. Ainsi, l’inscription donne seulement un terme ante quem pour la datation du propylon.
  58. Tirpan 1997, 180, dessin 1. L’édifice mesurait 10 × 15 m et l’espace compris entre les orthostates 7,25 × 8,20 m. Le propylon, d’ordre ionique, adoptait un plan assez particulier, en forme de H, avec deux façades totalement différentes. Du côté “extérieur”, à l’ouest, le porche avait la forme d’un cercle outrepassé, avec quatre colonnes ioniques entre les antes, qui se pliaient vers l’intérieur pour s’adapter à la forme absidiale. Une crépis à quatre degrés donnait accès à ce porche. Du côté “intérieur”, à l’est, il présentait un porche profond, distyle in antis ionique, auquel menait un escalier monumental de dix degrés. Le mur de refend était percé de trois portes, la porte centrale (encore en place aujourd’hui) étant plus haute et plus large que les portes latérales. D’après les trous présents sur les blocs de seuil, ces portes pouvaient être fermées (Lauter 1971, 139-143 ; Tɩrpan 1996, 311-313 ; Tɩrpan 1997, 192, fig. 20-21).
  59. Williamson 2012, 140 et fig. 13-14. 
  60. Bohtz 1981, 17-20 ; Radt 1999, 180 ff ; Kohl 2009. Au moment de sa fondation il se trouvait, hors les murs, près d’une ancienne porte urbaine de la cité. Dès le milieu du IIe s. a.C., il fut englobé dans l’agrandissement de la ville et fut ainsi éloigné de la grande voie de la citadelle.
  61. Sous Philetairos (283-263 a.C.) furent construits : au nord, la stoa inférieure et les gradins du theatron, sur l’esplanade, le temple et le grand autel et à l’est, un mur percé d’une entrée simple au sud, avec un escalier côté intérieur. Sous Apollonis (220-186 a.C.) un grand programme édilitaire fut mis en place et le sanctuaire fut alors doté de nouveaux aménagements : la stoa supérieure nord, dominant la stoa inférieure et les gradins, la stoa ouest sur laquelle ouvraient trois oikoi, la grande stoa sud à deux nefs (une ouvrant vers l’intérieur, l’autre, vers l’extérieur) et, sur le côté est, un nouveau mur sur lequel ouvrait le propylon (au sud) et des oikoi (au nord) et enfin la petite avant-cour.
  62. Le propylon portait une inscription sur la frise (Hepding 1910, 439-442, n° 24). La datation exacte du programme mis en place par Apollonis fait débat (Dörpfeld 1910, 360-361 ; Radt 1999, 182 ; Kohl 2009, 147).
  63. Radt 1999, 183.
  64. Le propylon présentait un plan en forme de H, avec deux colonnes prostyles en façade et deux antes sur la face arrière. Dans son intégralité, il mesurait 8,28 m de long sur 5,04 m de large. Des deux côtés, un entablement supportait un fronton triangulaire. Du fait de la différence de niveau, d’environ 1,50 m entre l’avant-cour et l’intérieur du sanctuaire, le porche avant était au même niveau que l’avant-cour, tandis qu’à l’arrière, un escalier à dix degrés menait à l’esplanade du sanctuaire. Le porche était très développé et débordait tant sur l’avant-cour que l’espace de celle-ci était très diminué. Le mur de refend, très mal conservé, était percé d’une seule baie et n’était pas dans l’alignement du mur de temenos est, mais empiétait sur l’avant-cour. Le propylon avait un entablement ionique mais la façade extérieure présentait la particularité d’avoir les deux colonnes – dont la base du fût est facettée sur quelques centimètres de haut – couronnées d’un chapiteau à couronnes de feuilles tandis que les antes de la façade intérieure – sans base – avaient un chapiteau dorique. Le décor architectural de l’élévation de la façade extérieure du propylon se retrouve à la Stoa Sud, la Stoa Ouest et la Stoa Supérieure Nord.
  65. Wiegand & Schrader 1904 ; Schede 1964 ; Hennemeyer 2006.
  66. L’expansion de l’ensemble du sanctuaire aurait duré jusqu’à la dernière intervention observée, qui est le renouvellement du propylon peut-être durant le IIe s. p.C.
  67. Le naos du temple était fini au moment où fut gravée, sur une ante du pronaos, la dédicace du temple à Athéna Polias par Alexandre le Grand (334/323 a.C.) (IvPriene 156). Certaines observations suggèrent que plusieurs accès menaient au sanctuaire : par l’est, depuis la Rue d’Athéna où plus tard sera construit le propylon, mais aussi par les rues en escaliers 11 (nord) et 12 (sud).
  68. L’autel monumental est daté de 200 a.C. À la même époque ou immédiatement après, la place à l’est du temple a été pavée avec des dalles de marbre sur toute la largeur de l’euthynteria et jusqu’à l’arrière de l’autel.
  69. À l’intérieur du sanctuaire, l’autel se retrouvait dorénavant au milieu d’une place pavée puisque la limite du temenos arrivait à la limite de l’insula. L’ancienne rue en escalier menant depuis le marché aux viandes et aux poissons arrivait maintenant contre le mur de terrasse prolongé. Quant à la rue en escaliers 10, venant de l’agora, le soubassement à degrés du propylon empiétait sur pratiquement toute sa largeur.
  70. La construction (phase 0) n’a probablement pas dépassé les fondations et les marches sans doute du fait des Guerres Mithridatiques.
  71. Le propylon (phase 1) a été daté d’après l’étude stylistique du chapiteau d’ante corinthien.
  72. Le propylon (phase 1) se dressait sur un soubassement rectangulaire, à six degrés à l’est et un seul degré à l’ouest. Il présentait un plan en forme de H, avec deux portiques, de profondeurs différentes, délimités par des antes et un mur de refend percé de trois portes. En façade, soit les deux façades étaient prostyles tétrastyles, soit avec la façade extérieure prostyle tétrastyle et la façade intérieure avec deux piliers extérieurs et deux colonnes centrales [comme au propylon du Bouleutérion de Milet (175-164 a.C.)], schéma qui s’adapterait alors à la connexion à des portiques latéraux (dont le projet de construction aurait été abandonné). Le propylon d’Athéna et celui de Milet sont par ailleurs comparables par l’utilisation de chapiteaux corinthiens sur la façade extérieure. Le propylon du Bouleutérion de Milet aurait probablement servi de modèle pour le propylon (phase 1)du sanctuaire d’Athéna à Priène.
  73. Humann 1904 ; Hoepfner 1990 ; Bingöl 1996 ; Bingöl 1998 ; Bingöl 1999 ; Bingöl 2000 ; Bingöl 2001 ; Bingöl 2002 ; Bingöl & Kökdemir 2005 ; Bingöl & Kökdemir 2006 ; Bingöl 2006a ; Bingöl 2006b ; Kökdemir 2011 ; Bingöl & Kökdemir 2012.
  74. Bingöl 2006a, 59-65 ; Bingöl 2006b, 224-226, fig. 9-12. En effet, une partie des jeux des Leukophryena y étaient organisés et, après le sacrifice d’une chèvre à Artémis et d’un bouc à Apollon sur l’autel d’Artémis, la procession se rendait sur l’agora, pour sacrifier un bélier et un taureau à Zeus
    sur son autel.
  75. La datation du propylon fait débat et varie entre le IIe s. a.C. et le début l’époque romaine (Rumscheid 1994, 25-28 et 170-175, cat. Nr 140-142 ; Hoepfner 1990, 1-34 ; Kökdemir 2011, 119-122). L’agora semble être la première construction connue de la “nouvelle Magnésie”, et les portiques sud et ouest ont été datés, d’après les inscriptions, de la période précédant la seconde moitié du IIe s. a.C. Les fouilles du propylon et du portique est de l’agora, ont mis en évidence qu’ils étaient contemporains, puisqu’en façade ouest, une demi-colonne dorique engagée dans le pilier du propylon faisait la liaison entre propylon ionique et stoa dorique. Il en a donc été déduit, par O. Bingöl, qu’ils ne dataient pas de la première phase de construction de l’agora, comme les portiques sud et ouest, mais qu’ils appartenaient à la fin de l’époque hellénistique ou au début de la période romaine(Bingöl 2006a, 65).
  76. Bingöl 2006b, 221-222 ; Trümper 2008, 66-67. La différence d’orientation du dallage la plus marquée est celle de la zone de rassemblement entre le propylon et le secteur de la source sacrée, ce qui pourrait aussi s’expliquer par la mise en place du nouvel urbanisme orthonormé dans lequel s’intègre l’agora. L’ancienne limite occidentale du sanctuaire se trouvait peut-être à cet endroit.
  77. Humann 1904, 129, fig. 133-134 ; Bingöl 2006a, 61-62. Le propylon mesurait 17 m de large sur 14 m de profondeur et se dressait sur une crépis à deux degrés. Il possédait deux façades identiques tétrastyles in antis. Du côté est, les quatre colonnes ioniques se dressaient, dans l’alignement du mur de fond du portique, dont les têtes prirent la forme d’antes. Du côté ouest, les quatre colonnes ioniques étaient entre deux antes avec, pour faire la connexion avec la colonnade du portique, des demi-colonnes doriques engagées. Des deux côtés, il y avait cinq travées, avec la travée centrale plus large que les latérales. Le propylon n’avait pas de mur de refend, mais deux colonnes entre deux piliers qui étaient dans la continuité de la colonnade interne du portique. Toutes les colonnes (extérieures et intérieures) du propylon différaient de celles du portique car elles étaient rudentées dans la partie inférieure, ce qui servait ainsi à une différenciation visuelle. Le propylon était couvert par un toit à deux pans qui était perpendiculaire à celui des portiques. Ainsi tout en s’intégrant à l’architecture du portique, il s’en détachait tout de même visuellement. N’ayant pas de mur de refend, des portes ont été aménagées aux entrecolonnements de la façade côté sanctuaire.
  78. Schazmann 1932 ; Lauter 1986, 106 ; Livadiotti 2008 ; Ehrhardt 2009, 104-105. Depuis le milieu du IIIe s. a.C., avec la transformation du sanctuaire d’Asclépios en sanctuaire panhellénique, Cos connut une grande phase de monumentalisation. L’Asclépiéion de Cos occupait trois terrasses échelonnées. Du haut d’un escalier monumental, le propylon donnait accès, dans le mur de fond du portique à la terrasse inférieure, bordée aussi sur les deux côtés latéraux côtés de portiques. En face, un second escalier (qui n’est pas dans l’axe du premier) menait à la terrasse médiane puis un escalier monumental, axial cette fois-ci, conduisait à la terrasse supérieure, bordée sur trois côtés de portiques. Ce n’est qu’au IIe s. a.C. que fut construit le temple A au centre de la terrasse supérieure, dans l’axe de l’escalier monumental. Nous retrouvons ainsi ici l’étagement des plans ascendants, les lignes de fuite des portiques (ici coupées par l’absence de portiques de la terrasse médiane) et une tendance axiale (même si les escaliers ne formaient pas une ligne droite du fait que les terrasses ne soient pas strictement parallèles les unes par rapport aux autres) dont le point de mire, visuellement et spirituellement parlant, était le temple A, juché ainsi sur la terrasse supérieure et ceint par le portique en Π. Rien ne venait entraver la vision du temple qu’avait le pèlerin dès l’entrée.
  79. Dyggve 1960, 81-131 ; Lauter 1986, 106 sq., fig. 30 et pl. 45 a ; Gruben 2001, 449-456 ; Ehrhardt 2009, 104. Le sanctuaire d’Athéna Lindia (Rhodes) fut réaménagé aux IIIe et IIe s. a.C. L’ensemble du sanctuaire se répartissait sur deux terrasses superposées dont la superficie décroît. Depuis le bas de l’acropole, le temple n’était pas visible. Le pèlerin, empruntait un premier escalier axial pour arriver sur la première terrasse rectangulaire, la plus vaste, bordée au fond (donc face au pèlerin) par un long portique dorique avec des avant-corps en saillie aux extrémités. Alors que la façade du portique était ininterrompue, la paroi arrière de ce portique était brisée en son centre par un escalier monumental axial, qui menait à la seconde terrasse, sur laquelle un propylon monumental dorique qui, reprenant la forme du portique de la terrasse inférieure, donnait accès à l’avant-cour du temple bordée de portiques. Ce n’est que arrivé à cet endroit que le pèlerin apercevait
    la façade du temple d’Athéna (plus ancien), dans le coin arrière gauche, de la petite place, dont le centre était occupé par l’autel. La scénographie du sanctuaire était spectaculaire. Nous retrouvons l’axialité, l’échelonnement des plans ascendants et la frontalité des façades. Dans cette conception d’ensemble la scénographie met clairement davantage l’accent sur l’accès et le cheminementdu pèlerin – et de la procession – à travers le sanctuaire jusqu’au temple et à l’autel.
  80. Chaniotis 1995 ; Graf 1996 ; Ehrhardt 2009, 99-103.
  81. Doxiadis 1972, 104-105 et fig. 61.
  82. Senseney 2009, 35 et 38, fig. 2A : “l’importance cultuelle des éléments aussi bien naturels qu’artificiels gagne en cohérence en tant que composants des espaces sacrés à travers la connaissance
    d’un certain sens de l’ordre qui les unit”.
  83. Senseney 2009, 42-45. Ainsi c’est la Forme, ou l’Idée (eidos), qui est à l’origine du mimétisme que les yeux voient. La conception architecturale suit la géométrie sous-jacente et la forme bâtie du sanctuaire reflète cette Idée (eidos). Ce concept n’a pu être créé que dans un milieu où philosophie et géométrie formaient un tout avec architecture et sculpture. Les souverains de Pergame ont montré un grand intérêt envers la pensée philosophique. Les Attalides ont fourni un soutien généreux à l’Académie d’Athènes et à la pensée platonicienne selon laquelle la géométrie se positionne comme une vérité allant au-delà des expériences incarnées. De ce fait, les masses visibles peuvent être moins privilégiées que l’élément invisible qui donne son sens de l’ordre.
ISBN html : 978-2-35613-376-2
Rechercher
Pessac
Article de colloque
EAN html : 9782356133762
ISBN html : 978-2-35613-376-2
ISBN pdf : 978-2-35613-377-9
ISSN : 2741-1818
Posté le 30/04/2021
30 p.
Code CLIL : 3669 ; 3679
licence CC by SA
Licence ouverte Etalab

Comment citer

Cayre, Émilie (2021) : “Circulation et architecture de passage : les propylées classiques et hellénistiques d’Asie Mineure”, in : Dromain, Marietta, Dubernet, Audrey, éd., Les ruines résonnent encore de leurs pas. La circulation matérielle et immatérielle dans les monuments grecs (VIIe s. – 31 a.C.). Actes de la journée d’étude pluridisciplinaire à Bordeaux les 3-4 novembre 2016, Pessac, Ausonius éditions, collection PrimaLun@ 6, 2021, 31-61, [En ligne] https://una-editions.fr/propylees-classiques-et-hellenistiques-asie-mineure [consulté le 25 avril 2021].
doi.org/10.46608/primaluna6.9782356133762.3
Accès au livre Les ruines résonnent encore de leurs pas. La circulation dans les monuments grecs (VIIe s.-31 a.C.)
Retour en haut
Aller au contenu principal