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Repenser les nominations statutaires des langues
des peuples de Russie dans l’organisation de l’enseignement

par

Introduction1

Nous proposons avec ce chapitre une analyse des processus de transformation de la politique linguistique éducative en Fédération de Russie durant la période post-soviétique de 1991 à nos jours, en vue, également, de contribuer à la compréhension de la situation actuelle. Notre objectif est alors de tenter de déterminer et spécifier au mieux la place et le rôle dans le système éducatif national des catégories sociolinguistiques des langues telles que celles de gosudarstvenny âzyk (langue d’État), gosudarstvenny âzyk Respubliki Rossijskoj Federacii (langue d’État de la République de la Fédération de Russie) et rodnoj âzyk (langue native). Notre tâche n’inclut pas la définition et la conceptualisation de ces nominations, car cette question a déjà été abordée (Viaut & Moskvitcheva 2014 ; Moskvitcheva & Viaut 2019). Nous renvoyons en outre à l’analyse détaillée des nominations « rodnoj âzyk » (langue native) et « nacional’nij âzyk » (langue nationale) qui apparaît dans « Prototypical Notions of Minority Languages in the Soviet Union and Russia: “Native Language” (rodnoj âzyk) and “National Language” (nacional’nij âzyk) » (Moskvitcheva 2019), et à celle de la relation entre ces catégories et celle de minorité nationale en URSS qui est proposée dans la contribution sur les « Notions équivalentes ou proches en russe de celle de minorité linguistique » (Moskvitcheva 2021).

En 1991, la Russie a annoncé une nouvelle stratégie de développement qui avait pour objectif la création d’une société moderne accordant une place centrale à l’individu. Cette idée supposait qu’une telle société unît des individus-sujets libres et motivés pour former un ensemble civil national qui se fonderait sur les principes de liberté, d’égalité et de solidarité. L’espace où les droits civils et des libertés des individus restent juridiquement protégés de façon égalitaire est censé agir comme une condition sine qua non pour assurer l’épanouissement personnel qui apparaît comme source principale de la dynamique sociale d’une société de ce type (Kuz’min 2015). De tels processus nécessitaient des changements dans les différents domaines de la vie, y compris dans le système de l’enseignement secondaire général, en particulier dans celui des langues vivantes dont celles de la Fédération de Russie.

Stratégies de la politique d’État
dans le domaine de l’Éducation

De nos jours, la politique éducative de l’enseignement dans le domaine des langues vivantes (ci-après, politique éducative) comprend une composante relevant des compétences de l’État fédéral (composante d’État) et une composante au niveau de la société civile dont le but est de créer les conditions de la préservation et du développement des langues des peuples de Russie. La composante d’État comprend les instructions du Président de la Fédération de Russie suite aux réunions du Conseil pour les relations interethniques2 et du Conseil pour la langue russe qui siègent tous deux auprès de lui3, les décrets du Président de la Fédération de Russie, les modifications et les annexes à la législation fédérale, des actes juridiques normatifs au niveau du gouvernement fédéral et au niveau des structures administratives des Sujets de la Fédération de Russie dans le domaine de l’éducation (Zorin & Astvacaturova 2018). Approuvée par le décret n° 1666 du Président de la Fédération de Russie du 19 décembre 2012 (modifié le 6 décembre 2018), la « Stratégie de la politique nationale de l’État de la Fédération de Russie pour la période jusqu’en 2025 »4 contient également des dispositions relatives à la politique linguistique de l’État. Pour l’essentiel, ces documents réglementent la mise en œuvre de la politique éducative, et l’adoption des programmes et des calendriers de leur mise en œuvre prévoient le financement de ces activités.

Standard d’État dans le domaine de l’Éducation

En 1992, fut adoptée la loi de la Fédération de Russie Relative à l’Éducation, conformément à laquelle la restructuration du système de l’enseignement a commencé en suivant les principes de la société civile de pluralité d’acteurs organisationnels et individuels. L’école (škola)5 commença à recevoir des commandes de la part de l’État, des organisations publiques et des parents. Conformément à cette loi, le contenu de chaque niveau d’enseignement scolaire (primaire, général de base, secondaire général)6 a été construit selon le principe des composantes établies par le Standard de l’enseignement de l’État fédéral (ci-après Standard)7. Le Standard approuvé par la Douma d’État comprenait trois composantes : fédérale, régionale (nationale et régionale)8 et de l’établissement9.

La composante fédérale s’est vue allouer 60 % du temps d’étude. Elle a été développée au niveau fédéral par des instituts scientifiques au sein de l’Académie russe de l’Éducation et comprenait toutes les matières de ce tronc commun, principalement les sciences naturelles et les mathématiques. Toutes les matières de la branche littéraire furent incluses dans la composante régionale (ou régionale/nationale), qui s’est vue allouer 30 % du temps d’étude. L’élaboration du contenu de ces matières a relevé de la compétence des Sujets de la Fédération de Russie, y compris pour toutes les questions liées à la préservation et au développement des langues et cultures des peuples de Russie. Les manuels d’histoire, de géographie, de littérature édités dans les Sujets de la Fédération privilégièrent largement les questions concernant le peuple titulaire dont l’ethnonyme figurait dans le nom de la République. Les manuels de langue et de littérature russes furent aussi conçus et publiés dans les Républiques de la Fédération de Russie.

La composante de l’établissement représentait 10 % du temps d’étude et était consacrée à l’enseignement de matières répondant aux intérêts des parents et des élèves dans les limites des possibilités offertes par le système éducatif. De tels principes de la formation du Standard, et en particulier la diversité de la composante régionale (ou régionale/nationale), n’ont pas permis à la Douma d’État d’adopter le Standard fédéral unifié de l’enseignement.

En 1993, la Constitution de la Fédération de Russie (Konstituciâ 1993) fut adoptée et le paragraphe 5 de l’article 43 était en conflit avec l’élaboration du Standard basé sur le principe des composantes. Les dispositions constitutionnelles se résument au fait que le Standard est établi par la Fédération de Russie. Il est considéré comme un tout unique et il n’est pas prévu d’en réserver une partie à la compétence des Sujets de la Fédération. Pour lever cette contradiction, la loi fédérale n° 309 du 1er décembre 2007 (FZ 2007) a modifié le contenu et la structure du Standard. À partir de là, on peut parler d’une nouvelle étape du développement de la politique éducative en général et de la politique éducative dans le domaine de l’enseignement des langues en particulier. Toutes les activités de l’enseignement général secondaire (scolaire) ont été déterminées par le programme général éducatif cadre, et la langue native est entrée dans la partie obligatoire du Standard. Celui-ci ne limite plus le contenu thématique du cursus en se contentant de préciser les exigences quant à l’assimilation des disciplines. Autrement dit, il définissait des compétences acquises par les élèves ou ce qu’ils devaient savoir.

La Constitution de 1993 a proclamé l’organisation fédérale de l’État. Dans cette structure fédérale, il est prévu de délimiter la juridiction de la Fédération de Russie, la juridiction conjointe de la Fédération de Russie et des Sujets de la Fédération de Russie et celle qui relève seulement des Sujets de la Fédération de Russie (Chapitre 3, articles 71, 72, 73). L’article 68 du Chapitre 3 consacra les statuts des langues : la langue d’État de la Fédération de Russie, la langue d’État de la République de la Fédération de Russie et la langue native faisant partie des langues des peuples de la Fédération de Russie10. En même temps, malheureusement, il reste imprécis sur le statut constitutionnel des langues des peuples de Russie. Or, pour la première fois dans l’histoire de la Russie, en plus du bilinguisme langue nationale – langue russe et langue russe – langue nationale11, le bilinguisme au niveau des langues d’État a été inscrit dans la loi, ce qui aurait dû être reflété dans les réglementations des organes éducatifs, en particulier dans le Standard éducatif fédéral (Artemenko 2008). Cependant, à ce jour, la catégorie du bilinguisme des langues d’État12 n’est présentée dans aucun document officiel du Ministère fédéral de l’Éducation alors qu’elle apparaît dans les activités éducatives des écoles des Républiques, principalement au Tatarstan, au Bachkortostan, en République des Komis, en Tchouvachie et en Bouriatie. Dans ces conditions, il peut arriver que tous les élèves, quelle que soit leur origine ethnique, doivent apprendre la même langue à la fois comme langue native et comme langue d’État de la République. Tandis que le choix du russe en tant que langue native n’existait pas, cela a été introduit légalement en 2012 (cf. infra) dans le processus éducatif à l’école avec ce statut par la loi fédérale n° 273 Relative à l’Éducation (FZ 2012).

Malgré le fait que, depuis 1993, la Constitution de la Fédération de Russie, dans son chapitre 3, paragraphe 3 de l’article 68, a établi le droit de préserver les langues natives de tous les peuples de Russie, et de créer les conditions permettant son apprentissage et son développement (Konstituciâ 1993), en réalité, la mise en place d’un contexte efficace n’est pas observée. Un certain nombre de faits témoignent de cette situation : la formation insuffisante des enseignants des langues des peuples de Russie, le manque de manuels de nombreuses langues natives et leur absence dans la liste fédérale des manuels13. De ce fait, il n’y a pratiquement pas de dictionnaires à usage scolaire et la justification scientifique des méthodes innovantes de l’enseignement des langues des peuples de Russie n’a pas été développée. Il convient également de noter qu’à ce jour, il n’existe pas de normes législatives qui coordonnent le travail des écoles, des organes de l’administration de l’enseignement, des organes du pouvoir exécutif des Sujets de la Fédération de Russie et du gouvernement de la Fédération de Russie, et qui visent à créer les conditions nécessaires pour assurer le maintien et le développement des langues des peuples de Russie.

La Fondation pour la préservation et l’étude des langues natives
des peuples de la Fédération de Russie14

La Fondation pour la préservation et l’étude des langues natives des peuples de la Fédération de Russie (ci-après, la Fondation) fut créée par le décret n° 611 du Président de la Fédération de Russie du 26 octobre 201815. Les principales orientations des travaux du Fonds devaient inclure la conception et la création de manuels, de méthodes pédagogiques, de programmes éducatifs cadres de l’enseignement général pour l’apprentissage des langues natives parmi les langues des peuples de la Fédération de Russie et aussi pour l’organisation de l’enseignement dispensé en langues natives. La Fondation devait aussi s’occuper de l’intégration de cette production sur la liste fédérale des manuels scolaires et dans le Registre des programmes éducatifs cadres.

La liste fédérale des manuels16 et le Registre des programmes-cadres
d’enseignement général secondaire17

Le 17 mars 2020, 112 programmes-cadres d’enseignement (ci-après, programme-cadres) pour les disciplines « Langue native », « Lecture littéraire en langue native », « Littérature native » en 22 langues18 furent inscrits par la Fondation dans le Registre des programmes-cadres de l’enseignement général secondaire19. Les programmes-cadres pour la discipline « Langue native » pour tous les niveaux de l’enseignement secondaire sont disponibles en dix langues (bachkir, vepse, karatchaï-balkar, carélien, tatar de Crimée, tatar, ukrainien, finnois, khakasse, tchétchène). En outre, ce Registre contient vingt programmes des langues natives (altaïque, bouriate, kabardino-circassien, kazakh, komi, russe, oudmourte, tchouvache, yakoute) pour les niveaux primaire et secondaire de base (1-4 et 5-9 années) et des langues natives moksha et erzya seulement pour le niveau primaire (1 à 4 années), et aussi sept programmes-cadres pour la discipline « Langues d’État des Républiques de la Fédération de Russie » (bachkir, tatar de Crimée, moksha, erzya, tatar, ukrainien, tchouvache).

La Liste fédérale des manuels comprend 222 manuels pour 10 langues natives (en 2018, il y avait 98 manuels en 6 langues natives). Il faut ajouter 9 manuels de russe en tant que langue native incluse dans cette Liste conformément à l’Arrêté n° 632 du Ministère de l’Éducation de Russie du 22 novembre 2019.

Perspectives du soutien scientifique et méthodologique
à l’étude des langues autochtones de la Fédération de Russie

Tout en prêtant attention à l’amélioration de la situation avec le soutien scientifique et méthodologique à l’étude – littéralement – des « langues natives parmi les langues des peuples de la Fédération de Russie »20, il est cependant impossible de reconnaître qu’elle a considérablement changé. Il existe plus de 270 langues et dialectes en Russie. Parmi ceux-ci, environ 89 langues sont enseignées dans les écoles (Artemenko 2008). Des programmes d’enseignement cadres dans la matière « Langue native » pour tous les niveaux d’enseignement secondaire général sont disponibles dans seulement 10 langues sur 70-90 au minimum. Au rythme fixé en 2020, il faudra des décennies pour répondre à une demande minimale. Dans le même temps, il convient de noter que, conformément à l’arrêté n° 254 du 20 mai 2020 du Ministère de l’Éducation de Russie21, la partie principale du programme général éducatif doit inclure des manuels de langues natives afin de garantir le droit à l’enseignement dispensé en langue native.

Suite à l’adoption de la loi fédérale n° 317-93 (FZ 2018) du 3 août 2018, une restructuration du système de l’enseignement s’avéra nécessaire en visant entre autres à organiser le processus d’apprentissage des langues des peuples de Russie. Pour la première fois dans l’histoire de la Russie, cette loi a introduit la discipline « Langue native (russe) » dans les activités éducatives scolaires et a établi le « libre choix de la langue d’enseignement et de la langue native à étudier parmi les langues des peuples de la Fédération de Russie, y compris le russe comme langue native »22 (FZ 2018). La nécessité de définir et de distinguer le contenu des disciplines telles que « langue native (russe) », « langue d’État de la Fédération de la Russie », « langue native » et « langue d’État de la République de la Fédération de Russie » est devenue évidente dans l’enseignement scolaire. Pourtant, à ce jour, le Ministère de l’Éducation de Russie n’a su ou pu trouver la solution à ces problèmes.

Dans un contexte de transformations sociales, les changements qui surviennent dans la mise en œuvre de la politique éducative de l’État liés à l’enseignement des langues ne sont pas aléatoires. Ils sont déterminés par des facteurs objectifs de modernisation de la société, de l’évolution du système des valeurs, de l’installation d’un nouveau mode de vie, et, par conséquent, de l’émergence d’un nouveau type de paradigme sociétal. Or, l’analyse du passé et du présent permet de comprendre les tendances des politiques éducatives dans l’enseignement des langues vivantes.

Période de la construction socialiste de l’URSS :
tendances du développement des politiques éducatives
dans le domaine de l’enseignement des langues

Dans les constitutions de l’URSS de 1924, 1936 et 1977, il n’y a pas d’articles définissant le statut de quelque langue que ce soit. Pourtant, les questions liées à la politique linguistique attiraient toujours vivement l’attention du pouvoir politique soviétique. Au cours de la construction socialiste de l’État soviétique, le développement de la politique linguistique se basait sur les principes de la dépendance des modèles de développement linguistique des mécanismes du développement de la société (Stalin 1951 ; Vinogradov 1952 : 40) mettant en œuvre le paradigme social dans sa version marxiste. Ces questions sont en particulier traitées en détail dans une contribution récente de S. Moskvitcheva (2021). Cette approche, tout au long de la période soviétique, a conduit à une diminution de l’usage de la langue native, avec la prédominance de la langue russe, comme en témoigne la diminution du nombre d’enfants qui étudiaient leur langue native (Bacyn & Kuz’min 1994 : 22). Dans le même temps, néanmoins, plusieurs recherches scientifiques contribuaient au développement des variétés littéraires de ces langues (Vinogradov 1958 : 58) qui furent enseignées dans les écoles jusqu’à nos jours.

Pour procéder à une description générale de la situation linguistique dans les différentes républiques de l’URSS et de la RSFSR23, il paraît important d’analyser la relation entre les langues « native », « nationale » et « russe », c’est-à-dire le bilinguisme  langue nationale-langue russe.

Le statut des langues dans les Constitutions
de l’URSS et la politique éducative

Dans la Constitution de l’URSS de 1924, il n’y a qu’une seule ligne (art. 34), qui dit :

« Les décrets et les résolutions du Comité exécutif central, de son Présidium et du Conseil des commissaires du peuple de l’Union des Républiques socialistes soviétiques sont publiés dans les langues largement utilisées dans les Républiques de l’Union (russe, ukrainien, biélorusse, géorgien, arménien, turco-tatar)24 » (Konstituciâ 1924).

La version de la Constitution de l’URSS de 1936 (article 110) énumère les catégories des langues utilisées dans les tribunaux, et c’est ainsi que la hiérarchie administrative et territoriale des langues est établie : langue de la République soviétique, langue de la République autonome, langue de l’oblast autonome. La Constitution de 1977 (article 159) ajoute une quatrième catégorie de langues, celle de la langue de l’okroug autonome. Cette hiérarchie des langues dans la Constitution correspond à l’organisation nationale et territoriale du pouvoir étatique. Évidemment, les caractéristiques sociolinguistiques réelles des langues de même rang administratif peuvent différer considérablement.

La Constitution de l’URSS de 1977 n’utilise ni le terme « langue russe », ni la combinaison « langue de communication interethnique » ou tout autre équivalent. Il n’y a aucune identification des différences entre le statut de la langue russe et celui des langues des Républiques de l’Union soviétique. L’absence dans la Constitution de l’URSS d’une caractérisation suffisamment explicite du statut réel de la langue russe s’explique de deux façons. Premièrement, Vladimir I. Lénine était contre l’idée d’une langue d’État25. Deuxièmement, toutes les constitutions de l’URSS ont réglementé au minimum les relations entre les nations soviétiques et leurs langues. Elles ont déclaré l’égalité des citoyens de l’URSS devant la loi, quelle que soit leur langue, la possibilité d’être scolarisé en langue native, le droit de comparaître devant un tribunal en utilisant la langue native, la possibilité de l’utiliser ainsi que les langues des autres peuples de l’URSS (Konstituciâ 1936, 1977). Par rapport à ces déclarations, un article sur le statut particulier de la langue russe aurait alors paru dissonant.

Il convient de noter ici qu’en mars 1938, le Comité central du Parti communiste pansoviétique (bolchevik) et le Conseil des commissaires du peuple de l’URSS adoptèrent une résolution relative à « L’apprentissage obligatoire de la langue russe dans les écoles des Républiques et des oblasts nationales26 » (Nacionalʹnoe obrazovanie v Rossii 2002). La nécessité de l’enseignement de la langue russe comme matière à l’école dans des Républiques et des oblasts nationaux était conditionnée par trois raisons principales. Premièrement, dans un État multinational comme l’URSS, la connaissance de la langue russe allait devenir un puissant moyen de liaison et de communication entre les peuples et allait contribuer à leur épanouissement économique et culturel. Deuxièmement, une bonne maîtrise de la langue russe favorisait la formation et l’amélioration des cadres techniques et scientifiques nationaux. La troisième raison était aussi importante surtout dans la période d’avant la deuxième guerre mondiale : la maîtrise de la langue russe entrait dans les conditions nécessaires à la réussite du service militaire de tous les citoyens de l’URSS. Dans toutes les écoles, pour une certaine quantité d’élèves non russes, la matière « langue russe » fut ainsi introduite à partir de la deuxième année d’études au niveau du primaire. On peut alors affirmer qu’à partir de 1938, le bilinguisme langue nationale – langue russe a commencé à se développer.

La réalisation de ce modèle éducatif de l’enseignement des langues a contribué non seulement à la socialisation des enfants dans la culture russe mais aussi à l’intégration chez eux d’acquis pour la compétitivité sociale. Avec le développement actif du bilinguisme langue nationale – langue russe, en 1980, la langue native/nationale (titulaire) était utilisée comme l’une des deux langues d’enseignement (dont le russe) selon diverses modalités comme nous le précisons plus loin – tout au long de la scolarité ou dans les premiers niveaux selon les langues et les situations – dans toutes les Républiques soviétiques et dans onze Républiques et oblasts autonomes de la RSFSR. Dans les écoles où l’enseignement était dispensé en russe, la langue native fut utilisée en tant que discipline et pour les explications nécessaires à l’apprentissage de la langue russe et d’autres matières. Elle a été aussi utilisée dans les activités parascolaires (Čehoeva 1981).

Le taux d’utilisation des différentes langues natives en tant que langues d’enseignement n’était ainsi pas le même et dépendait des possibilités fonctionnelles réelles de telle ou telle langue. Dans les écoles bachkires et tatares, l’enseignement dispensé en langue native se faisait de la première année du niveau primaire jusqu’à la classe terminale (10e année de l’école secondaire générale), dans les écoles yakoutes et touvaines de la première année de la maternelle jusqu’aux années de 7e et 8e du secondaire de base, en tchouvache, mordve, mari, oudmourte, altaïen des montagnes, khakasse, komi, komi-permiak, et dans les écoles du Daghestan, c’était de la première aux 3e – 4années, ce qui correspond au niveau primaire. Les langues autochtones, adyguéen, bouriate, kabarde, balkar, ossète, circassien, ingouche, kalmouk et certaines langues des peuples autochtones numériquement faibles du Nord, de la Sibérie et de l’Extrême Orient, ne furent enseignées dans les écoles depuis la première année du primaire que comme matière (Kuz’min et al. 1994 : 56). Néanmoins, la Constitution de 1977 ne garantissait ni l’enseignement dispensé en langue native, ni la préservation des langues natives (nationales) au moyen de leur apprentissage. Ces garanties n’étaient pas non plus définies dans les « Principes fondamentaux de la législation de l’URSS et des Républiques Soviétiques relative à l’instruction publique27 » de 1973 (également révisés en 1979). L’article 20 de ce document précise :

« Les élèves de l’école d’enseignement général ont la possibilité de recevoir l’enseignement dispensé dans leur langue native ou dans une langue d’un autre peuple de l’URSS. Les parents ou les personnes qui les remplacent ont le droit de choisir une école avec une langue d’enseignement appropriée pour leurs enfants s’ils le souhaitent. À part la langue d’enseignement, les élèves qui le veulent peuvent apprendre une langue d’un autre peuple de l’URSS28 » (Osnovy zakonodatelʹstva 1973).

En 1985, des annexes apportées à ce document se concentraient sur l’apprentissage obligatoire de la langue russe et fixaient, comme objectif, une bonne maîtrise du russe dans les écoles où l’enseignement avait été dispensé en langue native (nationale). Dans les écoles avec le russe comme langue d’enseignement, l’apprentissage obligatoire de la langue nationale n’était pas prévu. Pendant cette période, il y avait plusieurs types d’établissement d’enseignement secondaire (écoles) en URSS. Pour la RSFS de Russie, c’était l’école d’enseignement général avec le russe comme langue d’enseignement, l’école nationale (école non russe) avec une langue d’enseignement nationale, l’école rurale29, et la petite école30. Plus tard, fut introduite l’école nationale avec l’enseignement en russe, mais avec l’apprentissage obligatoire de la langue nationale (native). Pour chaque type d’école, plusieurs versions de programmes d’enseignement furent élaborées en tenant compte de la situation linguistique (Učebnye plany 1980).

Politique de la conception des ouvrages
pédagogiques en URSS

Il convient de noter qu’à l’époque soviétique, des catégories uniformes de langues furent utilisées dans le système de l’enseignement : langue russe et langue native (nationale). Les mêmes principes furent imposés aux manuels et dictionnaires scolaires des langues natives. Les manuels de langue russe furent élaborés en tenant compte du contexte sociolinguistique et des spécificités des langues natives des élèves (abkhazo-adyguéennes, turciques ou finno-ougriennes). Le niveau de connaissance de la langue russe fut aussi pris en considération lors de l’élaboration des matériaux pédagogiques qui accompagnaient ces manuels.

En 1948, l’Institut de recherche scientifique pour les écoles nationales (NII NŠ)31 avec un réseau de filières périphériques fut créé afin d’élaborer des manuels et des méthodes appropriés aux écoles situées dans les zones d’habitation compacte de peuples de l’Union soviétique ayant un usage de la langue native (nationale, non russe) majoritaire au quotidien. Ses tâches comprenaient la mise au point de méthodes pédagogiques et didactiques pour assurer le processus d’enseignement dans les écoles dans les zones rurales où les enfants maîtrisaient mal ou pas du tout le russe. À l’époque soviétique, ces écoles portaient le nom d’« écoles nationales ». Les activités de cet Institut se sont étendues à l’ensemble des Républiques autonomes de la RSFSR. Les problèmes pédagogiques auxquels l’Institut fit face furent tout d’abord liés aux relations entre les langues natives et la langue russe, aux interactions de diverses cultures ayant comme objectif la création d’un espace étatique « supra-ethnique » unifié linguistiquement et en même temps avec le respect du principe de la Russie multinationale.

En 1991, le Ministère de l’Éducation de la Fédération de Russie procéda à une restructuration du NII NŠ. Il fut transformé en Institut des problèmes nationaux de l’Éducation (INPO)32, et il existe actuellement en tant que Centre de recherche pour les problèmes nationaux de l’Éducation33 du RANHiGS34, préservant toujours l’axe de l’étude de l’enseignement de la langue native sur la base de la connaissance de la langue russe et l’enseignement de la langue russe accompagné de la connaissance de la langue native. Les méthodes de l’enseignement de la langue russe prennent en considération les spécificités de la langue native des élèves et les difficultés qu’éprouve un élève porteur de sa langue et sa culture. L’Institut de recherche pour l’enseignement de la langue russe dans les écoles nationales (NII PRÂNŠ)35 fut créé en 1970 pour les Républiques Soviétiques (sauf la Russie) de l’URSS. Il fut chargé d’élaborer un manuel standard de russe pour toutes les écoles des Républiques Soviétiques sans tenir compte des spécificités des groupes linguistiques. L’Institut faisait partie de la structure de l’Académie russe de l’Éducation et fut réorganisé en 2002.

Période post-soviétique : les tendances de la politique
éducative dans l’enseignement des langues

Dans les années 1980-1990 du XXe siècle, avec une conscience nationale renforcée, on réclama le retour aux principes des années 1920 de « l’école en langue native », on demanda une amélioration du statut des langues natives, leur utilisation dans la pratique quotidienne, leur retour dans les sphères publiques, y compris à l’école, leur restitution comme langues d’enseignement et aussi la création des conditions de préservation et de développement des cultures nationales. Des modifications profondes de la législation fédérale et le développement de la législation régionale apparurent nécessaires. Il convenait également de créer les conditions d’un processus éducatif visant à répondre à ces besoins ethnolinguistiques et culturels.

Selon le recensement de 2010 en Russie, 194 peuples y résident et plus de 270 langues et dialectes y fonctionnent36. Ainsi, d’une part, pour gérer ce contingent multilingue et multiculturel d’élèves, il faudrait une politique éducative qui assurât l’organisation du processus de scolarisation dans « les langues natives parmi les langues des peuples de la Fédération de Russie », autrement dit, dans la langue native (non-russe) d’un élève. Par conséquent, il en découle le développement du contenu des disciplines littéraires en tenant compte de la culture de chaque peuple (ce qui a reçu le nom de « l’école du dialogue des cultures »). D’autre part, dans ces conditions, il faut aussi assurer l’unité organisationnelle et didactique de l’enseignement sur tout le territoire du pays. Dans la période de la Russie post-soviétique, on distingue trois étapes de changement législatif, ce qui correspond à trois étapes de mise en œuvre de la politique éducative.

Première étape : de 1992 à 2007

Dans les années 1990, durant la période de la construction d’une société civile et d’un État démocratique en Russie, le système éducatif et l’école firent l’objet d’injonctions de la part de l’État, des parents et des représentants légaux des élèves et des représentants des organisations publiques. Pour satisfaire ces différents acteurs, en 1992, une nouvelle loi de la Fédération de Russie Relative à l’Éducation fut adoptée. Suite à l’adoption de la nouvelle loi, toutes les écoles (établissements de l’enseignement secondaire général) sur le territoire de la Russie reçurent un seul statut, celui d’établissement d’enseignement secondaire général. Tels types d’écoles comme celles d’enseignement général avec le russe comme langue d’enseignement, ou bien écoles rurales, écoles nationales, petites écoles, disparaissent. Par contre, toutes les écoles se voient introduire une composante régionale (nationale et régionale)37 des programmes éducatifs. Dans ces conditions, commence à se développer dans les écoles l’enseignement des langues natives et la place des disciplines du cycle littéraire avec un volet élargi concernant la culture nationale (ethnique) locale augmente. On peut parler d’une étape fondamentalement nouvelle dans le développement du modèle scolaire, et d’abord dans les Républiques de la Fédération de Russie. Cette étape se caractérise principalement par l’expansion dynamique et croissante du rôle de la langue native dans le processus éducatif scolaire et par la croissance du rôle de la culture nationale dans le contenu des programmes éducatifs. Le volet national et régional se vit allouer jusqu’à 30 % de l’ensemble des heures d’enseignement. L’intégration de cette composante mena à l’augmentation importante des langues d’enseignement surtout dans le primaire : 21 langues en 1989, et 31 langues en 1993. Le nombre des langues étudiées comme disciplines dans les écoles passa de 44 à 68 (Kuzmin et al. 1994). En 2007, le nombre de langues étudiées passa à 89, et 29 d’entre elles ont été des langues d’enseignement (Artemenko 2008). Dans les grandes classes du secondaire (cf. niveau lycée en France), l’enseignement fut alors dispensé, en plus du russe, dans les langues natives suivantes : altaïen, bachkir, bouriate, évenk, khakasse, mari (des prairies), oudmourte, yakoute, tatar, tchouvache, youkagir. Certes, le nombre d’écoles disposant d’un enseignement en langue native était dans certains cas assez insignifiant. Par exemple, l’enseignement en langue youkaghir a été dispensé dans une seule école.

À cette époque, dans certains Sujets de la Fédération, il y eut une augmentation du nombre d’écoles, principalement dans les zones urbaines, où l’enseignement était dispensé en langue native. Dans la République de Sakha (Yakoutie), plus de 40 % des écoles étaient concernées par ce type d’enseignement, au Bachkortostan, 45 %, au Tatarstan, 59 %, en République de Touva, 80 %. En moyenne, dans les Républiques de la Fédération de Russie, le taux d’établissements d’enseignement secondaire général dispensant un enseignement en langue titulaire (native) est passé de 13,5 % en 1991 à 55 % en 2004. Le nombre d’enfants impliqués dans ce type d’enseignement augmenta en conséquence. Dans la République du Tatarstan, le nombre d’enfants qui recevaient l’enseignement en tatar passa par exemple de 12 % en 1991 à 53 % en 2008, dans la République du Bachkortostan, ce taux atteignit 43 % en 2004 (Artemenko 2011). Ce retour du système d’enseignement vers les besoins culturels des groupes ethniques fait penser à la situation des années 1920 et 1930, sauf qu’au cours de 1970, années de la période soviétique, le visage des groupes ethniques a profondément changé, ainsi que la nature de leurs besoins éducatifs et la nature de leur investissement culturel et créatif.

Toutes les questions liées à la mise en œuvre des composantes régionales (nationales et régionales, cf. p. 173, note 8) étant entièrement transférées à la compétence des Sujets de la Fédération, des manuels d’histoire et de littérature furent réalisés et édités dans les Républiques. Leur contenu ne visait pas à atteindre des objectifs conçus à l’échelle de la Fédération mais à celle des politiques propres à ces Républiques. Par exemple, la création de l’identité ethnique, la mobilisation des jeunes autour de valeurs propres à la culture qui lui est liée étaient prioritaires (Hroh 2002). Dans un certain nombre de Républiques, l’école avec l’enseignement de la culture et de la langue propres était considérée comme un instrument d’autonomisation de l’espace politique, un moyen de façonner prioritairement un citoyen du Sujet de la Fédération.

Les études sociologiques menées par notre Institut (FIRO)38 en 2004 attestaient l’absence des assertions « je vis en Russie », « je suis citoyen de la Fédération de la Russie » chez les 82 % des élèves des écoles de la République du Tatarstan (Artemenko 2020 : 14). Un sondage mené par l’Institut d’ethnologie et d’anthropologie de l’Académie des sciences de Russie auprès de la population adulte du Tatarstan a démontré qu’environ 30 % seulement des personnes interrogées, sans nier leur appartenance ethnique, pouvaient également dire « Je suis citoyen de la Fédération de la Russie » (Tiškov 2011 : 462). Même les manuels de langue russe, publiés dans des Républiques ont été utilisés pour la transmission maximale de la culture du peuple titulaire. Le Centre auquel j’appartiens39 au sein du FIRO (cf. supra) a analysé les manuels de russe publiés dans les années 1990 au Bachkortostan. Leur examen a démontré que le contenu de ces manuels fut orienté à 80 % vers l’étude de la culture bachkire. Cette approche aboutit à un décalage entre les objectifs et le contenu de l’enseignement aboutissant à un déséquilibre trop sensible entre les composantes fédérales et régionales (nationales et régionales, cf. p. 173, note 8). Cela pouvait être interprété comme étant pourvoyeur de risques de déconstruction de l’espace commun éducatif de la Russie (Artemenko 2002).

À partir de 2005, dans le cadre de la composante nationale/régionale, dans les écoles de quelques Sujets de la Fédération de Russie, l’enseignement obligatoire de la nouvelle matière « Langue d’État de la République » a été introduit, favorisant ainsi le développement du bilinguisme au niveau des langues d’État (fédérale et des Républiques). Dans ces conditions-là, les élèves pouvaient choisir entre « Langue d’État de la République » et « Langue native (non russe) », laquelle peut être, par exemple au Tatarstan, le tatar (comme langue d’État de la République et comme langue native), ou le mari ou une autre langue. Vu que le statut de la langue russe n’était pas encore défini dans les normes législatives relatives à l’enseignement, les disciplines « Langue d’État de la Fédération de Russie » et « Langue native (russe) » étaient absentes. Dans les emplois du temps scolaires, le nom d’une langue concrète était indiqué40. Dans toutes les Républiques, le russe figurant dans le programme d’enseignement comme discipline « langue russe » n’avait le statut ni de langue d’État, ni de langue native. Dans ces conditions, le nombre d’heures consacrées à son étude commença à diminuer. Dans la République du Tatarstan, ce furent 3 heures par semaine pour la langue russe et 6 heures pour la langue tatare. En général, ces processus ont conduit à un manque d’équilibre entre les intérêts des organismes et des personnes impliqués dans le processus éducatif, à une baisse de la formation linguistique des élèves russophones (majoritaires), et aussi au renforcement d’un bilinguisme déséquilibré dans les Républiques. Tout cela déboucha sur un grand mécontentement de la population russophone.

Deuxième étape : de 2007 à 2012

L’adoption de la loi fédérale n° 309-FZ (FZ 2007) du 1er décembre 2007 marqua ensuite une nouvelle étape dans le développement de la politique éducative. Elle avait pour objectif la résolution des problèmes liés à la satisfaction des besoins ethnolinguistiques, la suppression des contradictions apparues entre niveaux « régional » (regional’nij) et fédéral, la mise au point des conditions pour le développement des écoles avec un enseignement dispensé en langue native ou avec l’apprentissage de la langue native. On peut parler de la deuxième étape de la mise en œuvre de la politique éducative qui commença en décembre 2007 pour se terminer en décembre de 2012. La loi n° 309-FZ a introduit un nouveau principe pour structurer le contenu d’enseignement à travers le programme-cadre général éducatif41 (ci-après, programme-cadre), en supprimant les composantes. Le programme de l’enseignement secondaire général se composait de deux parties : une partie obligatoire (incluant les matières de base) et une partie établie par les organismes et personnes impliqués dans le processus d’enseignement42 (élèves, parents, enseignants et leurs représentants, organisations en charge des activités éducatives) (ci-après, partie variable). Cette deuxième partie comprenait des matières déterminées et ajoutées à la demande de ces participants. Le programme-cadre comprenait un plan éducatif de base43 et/ou des programmes-cadres pour chaque discipline (cours, matières, disciplines (modules))44. Conformément aux nouvelles normes législatives, il était nécessaire d’élaborer un nouveau Standard fédéral de l’Enseignement et de développer sur cette base des programmes-cadres pour chaque niveau de la formation secondaire générale. La loi définit quatre niveaux d’enseignement général : l’enseignement préscolaire, l’enseignement général primaire, l’enseignement général de base et l’enseignement général secondaire45. Enfin, chaque établissement créa son propre programme d’enseignement tenant compte du programme-cadre.

La prise en compte de l’approche culturologique de V.V. Kraevskij et son implication dans l’enseignement secondaire conditionnaient la présence d’une composante ethnoculturelle, c’est-à-dire l’expérience socio-historique significative d’une ethnie, qui comprenait des caractéristiques historiques, économiques, géographiques, culturelles, linguistiques, confessionnelles et d’autres qui façonnent l’originalité du développement historique d’un Sujet de la Fédération de Russie (Kraevskij 2003). Cette approche supposait l’intégration de la composante ethnoculturelle dans le contenu de la partie obligatoire du programme d’enseignement, laquelle incluait des matières comme la langue et littérature russes, l’histoire, la géographie, etc., qui véhiculait des valeurs culturelles universelles et russes. Par ailleurs, cette composante ethnoculturelle pouvait également être représentée dans la partie variable du programme en fonction des demandes des organismes et personnes impliqués dans le processus d’enseignement, en visant à répondre aux besoins éducatifs ethnoculturels. Aux termes de la nouvelle loi, l’école devait ainsi développer des programmes d’enseignement d’orientation ethnoculturelle, qui devaient être placés sur la liste fédérale des programmes-cadres. La nouvelle législation, reprécisons-le, supposait que l’enseignement des langues natives devait se réaliser dans la partie variable du programme d’enseignement et uniquement à la demande et selon le choix libre des élèves ou bien à la demande de leurs parents.

La loi fédérale n° 309-FZ a supprimé le monopole du pouvoir exécutif au niveau des Sujets de la Fédération (républiques, oblasts…) dans la gestion du processus d’enseignement à l’école. Renforçant les mécanismes de l’administration fédérale et de la société civile à travers la création d’une partie variable du programme d’enseignement, la loi a élargi les possibilités ouvertes à chaque individu de choisir un enseignement dispensé en russe en tant que langue d’État de la Fédération de Russie et aussi en langue ethnique (native).

Dans le cadre de la réalisation du Standard, il était nécessaire de prévoir un environnement éducatif bilingue et biculturel comme condition prégnante de la mise en place du programme éducatif principal, ce qui n’a pas encore été fait. Il est à noter que l’école avec enseignement dispensé en langue native
et/ou avec l’enseignement de cette langue comme discipline ne rentre pas dans le cadre ordinaire des établissements de l’enseignement secondaire général. Dans l’école de ce type, tous les élèves sont tenus d’étudier, en plus de la langue d’État de la République, des matières liées à la culture, à la littérature, à l’histoire, à la géographie de ce Sujet de la Fédération de Russie. Ces écoles sont incluses dans la structure générale du système de l’enseignement, quoiqu’elles soient représentatives de modèles particuliers d’établissements d’enseignement secondaire nécessitant une approche spécifique. Il faut mentionner également qu’une telle école ne peut pas être une école de masse. Or, tous les Sujets de la Fédération de la Russie modernes sont polyethniques et on doit assurer une formation civique commune fondée sur l’auto-conscience ethnique.

Le modèle d’enseignement dans ces écoles devait être bilingue et biculturel et se fonder sur des méthodes comparatives des études des cultures et des langues tout en respectant les principes du dialogue de cultures. Pour que cette école soit légitime, il convenait de la doter d’actes juridiques normatifs encore plus précis. En effet, dans la loi Relative à l’Éducation (FZ 2007), l’article sur les langues d’enseignement ne précisait pas leur statut. Cependant, comme indiqué ci-dessus, lors de l’organisation du processus éducatif, les Républiques utilisèrent les catégories de « langue d’État de la République » et de « langue native », toutes les langues des peuples de Russie étant comprises comme langues natives, à l’exception de la langue russe. Il était supposé que les nouvelles normes législatives assureraient la création de meilleures conditions pour l’apprentissage des langues des peuples de Russie. Cependant, comme nos recherches l’ont montré au cours des huit dernières années, après l’adoption de la loi, cela ne s’est pas vraiment produit. L’analyse de la situation linguistique dans la République du Tatarstan a ainsi montré que, malgré tous les efforts des autorités, la fonctionnalité de la variété littéraire tatare continuait à se dégrader (Nasilov & Artemenko 2012). Les innovations prévues par la loi n° 309 ont finalement exigé une nouvelle rédaction de la loi fédérale Relative à l’Éducation. Cette nouvelle version de 2012 intitulée « loi fédérale relative à L’Éducation dans la Fédération de Russie » allait ouvrir une nouvelle étape de la politique éducative linguistique.

Troisième étape : de décembre 2012 à 2021

C’est en décembre 2012 que fut adoptée la loi fédérale n° 273-FZ Relative à l’Éducation dans la Fédération de Russie (FZ 2012). On peut parler de la troisième étape de la mise en œuvre de la politique éducative linguistique. Elle se caractérise par l’introduction dans son article 14 « Langue d’enseignement » de l’appareil conceptuel (liste des termes) qui détermine le statut des langues. Conformément à cet article, l’enseignement et l’apprentissage de la langue d’État de la Fédération de Russie, des langues d’État des Républiques de la Fédération de Russie, de la langue native parmi les langues des peuples de Russie sont conformes aux Standard de l’Enseignement de l’État fédéral.

Le système scolaire prévoit l’enseignement et l’apprentissage de ces catégories de langues comme disciplines. Par conséquent, dans les documents ministériels fédéraux, tels que le Standard fédéral, le Plan d’études de base, le Programme-cadre d’enseignement, les matières intitulées comme indiqué ci-dessus devraient ensuite y figurer. De fait, dans les actes normatifs de certains Sujets de la Fédération (Komi, Tatarstan, Bachkortostan, Tchouvachie), les catégories suivantes ont été utilisées : « la langue d’État de la République de la Fédération de Russie », « la langue native parmi les langues des peuples de Russie ». Dans le même temps, le statut de la langue russe n’était déterminé ni comme celui de la langue d’État de la Fédération de Russie, ni comme celui de langue native vis-à-vis de ceux qui la considèrent comme telle. Malgré le fait que le statut constitutionnel des langues ait été inscrit dans la législation fédérale relative à l’Éducation, dans les règlements ministériels au niveau fédéral publiés en 2013-2017, les anciennes catégories de la période soviétique continuent, en plus, à être employées : langue russe et langue native46, langue russe non-native47, russe langue étrangère48. Lorsqu’on employait la catégorie « langue russe » et « langue native », la langue russe n’avait point le statut de langue native et fut opposée à toutes les langues des peuples de Russie. En fait, le terme « langue russe non native » ne devait pas être utilisé dans le système éducatif, car, dans ce cas, il s’agit soit de son statut de langue d’État valable pour tous les citoyens de la Fédération de Russie, soit de sa prise en considération comme « langue native » par ceux qui le considèrent comme telle. En ce qui concerne la nomination « russe langue étrangère », celle-ci est applicable pour l’enseignement de la langue russe aux étrangers, et, dans ce cas, cela ne comporte pas l’objectif lié à la formation de l’identité civique.

Les projets du Standard fédéral de l’enseignement secondaire général, élaborés de 2013 à 2018, ne prévoyaient pas l’apprentissage des matières telles que « langue d’État de la Fédération de Russie », « langue native (russe) ». L’apprentissage des matières comme « langue d’État de la République » et « langue native (non russe) » fut inclus dans ces versions en projet du standard éducatif. En même temps, l’enseignement de la langue native (non russe) était prévu dans la partie obligatoire du programme d’enseignement. Dans cette situation, davantage de temps a été alloué aux langues natives, qui avaient également le statut de langues d’État des Républiques, que pour l’étude de la langue russe (langue commune de Fédération) (Afanas’ev 2015). Cette situation ne satisfaisait pas les besoins éducatifs de la population d’un certain nombre de Républiques de la Fédération de Russie. La population russophone s’identifiant comme telle dans ces Républiques affirmait que le nombre d’heures alloué à l’étude de la langue russe était nettement inférieur à celui qui lui était consacré dans les écoles des oblasts sans composantes nationales et régionales et des villes fédérales (Moscou, Saint-Pétersbourg, Sébastopol). Le nombre d’heures consacré à l’apprentissage de la langue d’État de la République augmentait au détriment de l’apprentissage de la langue russe. Une autre partie de la population souhaitait étudier la langue native littéraire non-russe et elle s’est également montrée insatisfaite du processus éducatif.

Cette situation donna lieu à de nombreuses réclamations des citoyens adressées au Président de la Fédération de Russie. Afin de changer cette situation, en août 2018, la loi fédérale n° 317 – FZ (FZ 2018) fut adoptée pour apporter des modifications et des annexes à l’article 14 de la loi Relative à l’Éducation dans la Fédération de Russie. Conformément à cette loi :

« Les parents et les représentants légaux des élèves choisissent librement la langue d’enseignement et la langue qui sera apprise tout en ayant le statut de la langue native, dont le russe, ou celui de la langue d’État de la République de la Fédération de Russie. Les parents rédigent une demande pour que leurs enfants étudient la langue lors de l’admission (transfert) pour une formation de l’enseignement préscolaire, primaire général et général de base49 » (FZ 2018).

Avec cette loi de 2018, pour la première fois la langue russe fut légalement inscrite en tant que matière avec le statut de langue native. Conformément à la Constitution de la Fédération de Russie, la langue russe peut être soit langue d’État de la Fédération de Russie, soit langue native pour tous ceux qui la considèrent comme telle. C’est pourquoi la langue russe se retrouve enfin légalement inscrite avec le statut de langue native. Selon la loi, les parents sont obligés de choisir la langue qui sera apprise parmi les options suivantes : langue native ou langue native (russe), ou langue d’État de la République. Le russe en tant que la langue d’État reste obligatoire. Une fois la ou les langue(s) choisie(s), les élèves pourront recevoir cet enseignement pour la durée d’un cycle ou plus selon la demande et la capacité de réponse en termes de formation d’enseignants notamment. La mise en œuvre des nouvelles dispositions de la loi n’est pas une tâche facile, car la présence d’une nouvelle matière scolaire « langue native (russe) » nécessite l’élaboration du nouveau Standard éducatif pour tous les niveaux d’enseignement secondaire, aussi bien que des créations de manuels pour toutes les années d’étude, ainsi que des programmes-cadres. De toute évidence, puisqu’il existe deux matières Langue russe (russe d’État de la Fédération de Russie, et langue native (russe)), elles doivent donc différer par les objectifs pédagogiques et par le contenu du programme d’enseignement.

Nous supposons que la matière « langue d’État de la Fédération de Russie » devrait viser à assurer les bases de l’unité civique du peuple plurinational (et pluriethnique) de Russie, soutenir la diversité culturelle par l’enrichissement mutuel, préserver les valeurs culturelles de la société de toute la Russie tout en contribuant à former une identité civique qui permette de voir le peuple russe comme une nation civique et politique. La matière « Langue native (russe) » devrait, elle, viser à approfondir les connaissances de la culture traditionnelle écrite russe. La matière vise à montrer le rôle de la langue et de la culture russes en tant que fondement historique de l’État russe, son rôle décisif dans la formation de l’identité et en même temps le rôle dans le renforcement de l’unité du peuple plurinational de Russie (la nation russe) dans le contexte du fédéralisme russe. Il convient de noter que la matière « langue native », quelle que soit la langue concrètement étudiée, doit remplir les tâches mentionnées ci-dessus.

Pour la nouvelle matière « langue native (russe) », des manuels ont été mis au point pour tous les niveaux de l’enseignement (années d’études de première à onzième), ainsi que des programmes-cadres. Ils sont inclus dans la liste fédérale des manuels et dans le registre des programmes-cadres. La nouvelle matière devrait effectivement prétendre à une étude approfondie de la langue russe, la préparation et la réussite de l’examen d’État, contenir une composante linguistique et culturologique qui assurerait la connaissance et la transmission d’une culture russe partagée. Or, les parents ne furent guère satisfaits de la qualité des manuels de langue native (russe) estimant qu’ils contenaient de nombreuses informations non structurées, aléatoires et compliquées. Notre expertise de ces manuels avait constaté ces défauts et nous avons conclu qu’ils n’étaient pas satisfaisants. Le programme-cadre de la discipline « langue native (russe) » proposé par le ministère de l’Éducation de la Fédération de Russie est fait, à notre avis, également sans logique apparente, ce qui déroute les élèves. Les auteurs des manuels eux-mêmes confirment qu’il s’agit plutôt de matériaux qui s’ajoutent à la discipline « russe comme langue d’État ». Pourtant, la loi prévoit l’introduction du « russe comme langue native » comme une matière à part entière. Le programme pour la 4ème année de langue native (russe) est particulièrement critiqué, car il propose une analyse détaillée des unités phraséologiques, une comparaison entre celles-ci et celles des langues étrangères et une analyse des emprunts. Ce matériel trop difficile ne convient pas à tous les élèves. De nombreux parents notent, en outre, le faible niveau de l’enseignement de la langue russe dans le statut de langue native.

Nous avons décidé d’analyser les plans d’études des écoles pour comprendre combien d’heures sont effectivement consacrées à l’apprentissage de cette nouvelle discipline langue native (russe). Dans chaque okroug fédéral, nous avons pris 2 Républiques et 2 okrougs autonomes pour cette recherche. Dans chaque unité nationale et territoriale, 5 établissements éducatifs urbains et 5 établissements ruraux ont été sélectionnés de façon aléatoire. Et nous avons analysé les plans d’études de tous les niveaux de l’enseignement secondaire général. Le résultat obtenu indique qu’on accorde de 0,5 à 1 heure par semaine dans les écoles primaires et secondaires niveau collège (cf. France) à l’apprentissage de la langue native (russe), et de 0 à 1 heure dans l’école secondaire générale niveau lycée (cf. France). Mais, selon la loi, il s’agit d’une matière à part entière et les élèves sont notés, et la note figure dans le brevet des études secondaires générales. De fait, l’émergence de cette matière comme étant obligatoire a entraîné une diminution du nombre de cours consacrés à l’étude de la langue russe comme langue d’État de la Fédération de Russie : 5-6 heures par semaine à l’école primaire et 4-5 heures par semaine à l’école secondaire, dans certains cas de 16 à 20 (21) heures. Cette situation encourage les parents russophones de tous les Sujets de la Fédération de Russie à refuser la matière « langue native (russe) », bien que l’école soit obligée de l’organiser selon la loi.

Lors de la session scientifique en ligne que nous avons organisée le 25 décembre 2020, « Territoire des discussions : orientation ethnoculturelle dans l’enseignement scolaire », les participants ont évoqué les difficultés surgissant en lien avec l’enseignement et l’apprentissage des langues des peuples de Russie. Voici quelques questions particulièrement controversées qui y ont été entendues : « Pourquoi était-il nécessaire d’introduire une nouvelle matière indépendante Langue native (russe) ? », « Quelle est la différence entre la langue d’État de la Fédération de Russie et la langue native (russe) ? », « Pourquoi, jusqu’à présent, ces catégories n’avaient-elles pas été utilisées dans les actes normatifs fédéraux, bien qu’elles aient été consacrées par la loi ? », « Comment organiser un enseignement général pour préserver la qualité linguistique du discours délivré en langue russe aussi bien que dans les langues des peuples de Russie ? ».

Avec l’introduction de nouveaux amendements à la loi fédérale Relative à l’Éducation dans la Fédération de Russie, un problème sérieux lié au libre choix de toute langue parmi les langues des peuples de Russie ayant le statut de langue native s’est posé. Puisque chacun a le droit d’apprendre sa langue native dans les limites proposées par le système éducatif, les parents sont souvent incités à choisir la langue native de leurs enfants parmi seulement deux langues proposées. C’est sûrement la langue russe et une autre langue des peuples de Russie. Pour ces dernières langues, les suivantes ont, par exemple, été proposées dans les écoles du Tatarstan en fonction de la répartition ethnique : tatar, bachkir, mari (des prairies), oudmourte, tchouvache, ukrainien, yiddish. Dans les écoles du Bachkortostan, il s’est agi des suivantes : bachkir, tatar, tchouvache, oudmourte, mari. D’autres langues n’étaient pas proposées car il y avait un manque d’enseignants et de manuels dans les Républiques en question. Il faut souligner que dans les grandes villes de Russie, presque toutes les classes ont une composition pluriethnique. La situation où les parents sont obligés de choisir la langue native parmi seulement deux langues donne l’impression à un certain nombre de représentants d’autres peuples qu’ils ne sont pas autorisés à étudier leur langue native, ce qui ne contribue pas à l’harmonisation des relations interethniques. Étant donné que, conformément au Standard fédéral, la discipline « langue native » est incluse dans la partie obligatoire du programme-cadre, l’école est obligée d’organiser un cours à part entière de langue native, mais pour des raisons objectives, cela est impossible pour de nombreuses langues parmi les langues des peuples de Russie. Pratiquement pour toutes les langues, à l’exception de 10 (bachkir, vepse, karachay-balkar, carélien, tatar de Crimée, tatar, ukrainien, finnois, khakasse, tchétchène), on constate un manque de manuels dans la liste fédérale des manuels. Dans cette situation, de nombreuses écoles utilisent de nouveaux manuels publiés en 2018 par la filière de la maison d’édition Prosveŝenie de Saint-Pétersbourg, qui se spécialise principalement dans la publication des manuels et de supports pédagogiques pour des langues des peuples autochtones du Nord. Dans l’Okroug autonome des Khantys-Mansis, existe déjà une collection de manuels « Langue mansi. Années 1-4 », et une gamme de manuels pour les années d’études 5-9 est en préparation. Sur le territoire du Kamtchatka, des manuels en langue koryak, sur le territoire de Khabarovsk, des manuels innovants de langue nivkhe (dialecte de l’Amour) et de langue oultche, et des manuels de langue nanaï sont également en cours de préparation. Dans l’Okroug autonome des Yamalo-Nenets, des manuels sont utilisés le nenet, le khanty (dialecte shuryshkar) et le selkoupe pour les années 5-7, et pour les années 8 et 9 ils sont en cours de préparation.

Pour la République de Crimée, des manuels de tatar de Crimée et de littérature tatare de Crimée pour les classes 3-11, des manuels de langue ukrainienne et de lecture littéraire en ukrainien pour les classes 1 à 4 ont été publiés. Les éditions Prosveŝenie de Saint-Pétersbourg ont également publié des manuels pour les années d’études de 1 à 4 pour 6 langues des peuples habitant dans la République du Daghestan : avar, dargine, lezghien, koumyk, lak et tabassaran. En 2019, pour les écoles du Daghestan, il était prévu de publier des abécédaires, des manuels de base en avar, dargin, lezghien, koumyk, lak et tabassaran, ainsi que des manuels de nogaï. Ces manuels devaient permettre d’organiser l’enseignement des langues natives en pleine conformité avec les exigences de la norme éducative de l’État fédéral.

Conclusion

Il faut noter que, pendant toute la période post-soviétique, il n’a malheureusement pas été possible de créer une école du dialogue des cultures à part entière avec l’enseignement dispensé en langue native, une école qui formerait à la fois un citoyen moderne de la Russie et un locuteur en langue native, porteur de sa culture maternelle. En analysant l’expérience de la mise en œuvre des nouvelles normes législatives en matière d’apprentissage des langues parmi les langues des peuples de la Fédération de Russie, nous pouvons en conclure que, pour éliminer les problèmes qui se posent dans l’organisation de l’enseignement secondaire général, le ministère de l’Éducation de la Fédération de Russie doit apporter un certain nombre d’amendements aux documents règlementant des activités pédagogiques, y compris : le Standard éducatif de l’État fédéral, les programmes-cadres généraux d’enseignement pour tous les niveaux de formation, les variantes des plans-cadres d’études, qui prennent en considération des spécificités du modèle de l’enseignement secondaire général portant le nom d’« école de dialogue des cultures », qui cherche à préserver les langues et les cultures des peuples de Russie et à créer les conditions favorables pour leur apprentissage. Dans le Standard éducatif de l’enseignement secondaire général, il faudrait introduire des critères pour l’évaluation des disciplines suivantes : « Langue d’État de la Fédération de Russie », « Langue native », « Langue native (russe) ». Il convient aussi de créer les conditions pour que des programmes des disciplines ethnoculturelles apparaissent au registre des programmes-cadres d’enseignement.

L’expérience des dix dernières années montre que, probablement, il ne faut pas attendre de grands changements dans le domaine de l’amélioration de l’enseignement des langues des peuples de Russie avant que la stratégie de la politique linguistique de l’État de la Fédération de Russie ne soit davantage élaborée et approuvée par le décret du Président de la Fédération de Russie.


Bibliographie

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Notes

  1. L’article fur préparé dans le cadre de la mise au point des projets scientifiques conformes à la mission d’état du RGSU (Université russe des sciences sociales).
  2. Sovet po mežnacionalʹnym otnošeniâm pri Prezidente Rossijskoj Federacii : organe consultatif auprès le Président de la Fédération de la Russie, créé par décision du Président de la Fédération de Russie le 5 juin 2025.
  3. Sovet po russkomu âzyku pri Prezidente Rossijskoj Federacii, un organe consultatif créé par décision du Président russe le 07 décembre 1995.
  4. « Strategii gosudarstvennoj nacionalʹnoj politiki Rossijskoj Federacii na period do 2025 goda » http://base.garant.ru/70284810/ (consulté le 14/05/2021).
  5. En Russie moderne, à partir de 1987, l’école de l’enseignement général secondaire (ci-après, école) est un établissement de l’enseignement secondaire général qui comprend trois niveaux : enseignement primaire général (1-4 années d’étude), enseignement général de base (5-9 années d’études) ce qui correspond au I cycle de l’enseignement secondaire en France, enseignement secondaire général (10-11 années d’études) ce qui correspond au II cycle de l’enseignement secondaire en France. À l’époque soviétique (sauf les années 1958-1964), la période de la scolarisation dura 10 ans : 1-3 école primaire, 4-8 école générale de base et 9-10 école secondaire générale.
  6. Correspond aux niveaux primaire, collège et lycée en France.
  7. Gosudarstvennyj federalʹnyj obrazovatelʹnyj standard.
  8. La différence entre la composante régionale et la composante nationale et régionale est liée à la structure administrative de la Fédération de Russie qui comprend des entités formées selon le principe territorial (oblasts) et des entités formées selon le principe national et territorial (Républiques).
  9. Federalʹnyj, regionalʹnyj (nacionalʹno-regionalʹnyj) i školʹnyj komponenty.
  10. Gosudarstvennyj âzyk Rossijskoj Federacii, gosudarstvennyj âzyk Respubliki Rossijskoj Federacii i rodnoj âzyk iz čisla âzykov narodov Rossijskoj Federacii.
  11. Dans l’idée d’un bilinguisme symétrique, traduction littérale de : Nacionalʹno-russkoe i russko-nacionalʹnoe dvuâzyčie.
  12. Cette catégorie comprend le russe comme langue d’État (officielle) de la Fédération de Russie et les langues d’État (coofficielles à côté du russe) des sujets de la fédération de Russie ayant rang de républiques. C’est effectivement le cas des différentes langues titulaires ou éponymes de ces républiques hormis le carélien tant que le Parlement de ce sujet de la Fédération n’a pas voté cette possibilité.
  13. Le décret n° 254 du Ministère de l’Éducation de la Fédération de Russie du 20 mai 2020 Relatif à « La validation de la liste des manuels pour l’utilisation lors de la réalisation des programmes éducatifs de l’enseignement primaire, secondaire de base et secondaire général dans les établissements ayant l’accréditation d’État » [Ob utverždenii federalʹnogo perečnâ učebnikov, dopuŝennyh k ispolʹzovaniû pri realizacii imeûŝih gosudarstvennuû akkreditaciû obrazovatelʹnyh programm načalʹnogo obŝego, osnovnogo obŝego, srednego obŝego obrazovaniâ organizaciâmi, osuŝestvlâûŝimi obrazovatelʹnuû deâtelʹnostʹ] (enregistré le 14 septembre 2020 numéro 59808) http://publication.pravo.gov.ru/Document/View/0001202009140015?index=0&rangeSize=1http://publication.pravo.gov.ru/Document/View/0001202009140015?index=0&rangeSize=1 (consulté le 14/05/2021).
  14. Fond sohraneniâ i izučeniâ rodnyh âzykov narodov Rossijskoj Federacii.
  15.   https://www.garant.ru/products/ipo/prime/doc/71988258/ (consulté le 14/05/2021).
  16. Federalʹnyj perečenʹ učebnikov.
  17. Reestr primernyh osnovnyh obŝeobrazovatelʹnyh programm.
  18. La liste fédérale des manuels : www.fgosreestr.ru (consulté le 21/04/21).
  19. Primernye osnovnye obrazovatelʹnye programmy načalʹnogo obŝego obrazovaniâ https://fgosreestr.ru/registry/primernaya-osnovnaya-obrazovatelnaya-programma-nachalnogo-obshhego-obrazovaniya-2/ (consulté le 28/04/2021).
  20. En russe : Rodnye âzyki iz čisla âzykov narodov Rossijskoj Federacii. Cette nomination demeure opaque et ambigüe. Elle est mentionnée dans deux documents juridiques de première importance. L’article 68 de la Constitution de la Fédération de Russie garantit à tous les peuples de la Fédération le droit au maintien de la langue native et la création des conditions pour leur apprentissage et le développement (Konstituciâ 1993). L’article 14 paragraphe 4 de la loi Relative à l’Éducation en Fédération de Russie dit que « Les citoyens de la Fédération de Russie ont le droit à l’éducation aux niveaux maternel, primaire, secondaire général de base dispensée en langue native parmi les langues des peuples de la Fédération de Russie… » (FZ 2012). Tous les autres documents s’appuient sur ces deux articles. Néanmoins, on peut considérer que ce qui est identifié comme « les langues natives parmi les langues des peuples de la Fédération de Russie » n’est, en fait, pas défini. La liste exacte avec les noms de ces peuples et leurs langues n’existe pas non plus.
  21.   https://rg.ru/2020/09/15/minpros-prikaz254-site-dok.html (consulté le 09/07/201).
  22. « Svobodnyj vybor âzyka obrazovaniâ, izučaemyh rodnogo âzyka iz čisla âzykov narodov Rossijskoj Federacii, v tom čisle russkogo âzyka kak rodnogo âzyka ».
  23. RSFSR : République socialiste fédérative soviétique de Russie (Rossijskaâ Sovetskaâ Federativnaâ Socialističeskaâ Respublika).
  24. « Dekrety i postanovleniâ Centralʹnogo Ispolnitelʹnogo Komiteta, ego Prezidiuma i Soveta Narodnyh Komissarov Soûza Sovetskih Socialističeskih Respublik pečataûtsâ na âzykah, obŝeupotrebitelʹnyh v soûznyh respublikah (russkij, ukrainskij, belorusskij, gruzinskij, armânskij, tûrko-tatarskij) ».
  25. Pour les détails voir Moskvitcheva 2021.
  26. Ob obâzatelʹnom izučenii russkogo âzyka v školah nacionalʹnyh respublik i oblastej.
  27. Osnovy zakonodatelʹstva Soûza SSR i soûznyh respublik o narodnom obrazovanii.
  28. Učaŝimsâ obŝeobrazovatelʹnoj školy predostavlâetsâ vozmožnostʹ obučatʹsâ na rodnom âzyke ili âzyke drugogo naroda SSSR. Roditeli ili lica, ih zamenâûŝie imeût pravo vybiratʹ dlâ detej po želaniû školu s sootvetstvuûŝim âzykom obučeniâ. Krome âzyka, na kotorom vedetsâ prepodavanie, učaŝiesâ po želaniû mogut izučatʹ âzyk drugogo naroda SSSR.
  29. Selʹskaâ škola.
  30. Malokomplektnaâ škola. Une école primaire où il y a plus de classe que des instituteurs et chaque instituteur travaille avec plusieurs classes (commentaires des éditeurs).
  31. Naučno-Issledovatelʹskij institut nacionalʹnyh škol.
  32. Institut nacionalʹnyh problem obrazovaniâ.
  33. Naučno-issledovatelʹskij centr nacionalʹnyh problem obrazovaniâ (FIRO).
  34. RANHiGS — Rossijskaâ akademiâ narodnogo hozâjstva i gosudarstvennoj služby (Académie russe de l’économie nationale et des services publics).
  35. Naučno-issledovatelʹskij institut prepodavaniâ russkogo âzyka v nacionalʹnyh školah.
  36. Oficialʹnye itogi Vserossijskoj perepisi naseleniâ 2010 goda [Données officielles du recensement de toute la Russie de 2010] https://www.gks.ru/free_doc/new_site/perepis2010/croc/perepis_itogi1612.htm (consulté le 08/07/2021).
  37. Cf. supra, p. 173, note 8.
  38. Institut fédéral pour le développement de l’éducation de l’Académie de l’économie nationale et du service public auprès du Président de la Fédération de Russie (Federal’nyj Institut razvitiâ obrazovaniâ (FIRO) – Rossijckaâ akademiâ narodnogo ozâjstva igosudarstvennoj spužby pri Prezidente RF).
  39. Centre de recherche scientifique pour les problèmes de l’Éducation nationale (Naučno-issledovatel’skij Centr nacional’nyh problem obrazovaniâ).
  40. Par exemple, langue d’État – Bachkir : 2 heures ; langue native – Bachkir : 3 heures.
  41. Primernaâ osnovnaâ obrazovatelʹnaâ programma.
  42. Častʹ, formiruemaâ učastnikami obrazovatelʹnyh otnošenij.
  43.   Bazisnyj učebnyj plan.
  44. Primernye programmy učebnyh kursov, predmetov, disciplin (modulej).
  45. Doškolʹnoe obrazovanie, načalʹnoe obŝee obrazovanie, osnovnoe obŝee obrazovanie i srednee obŝee obrazovanie.
  46. Russkij i rodnoj âzyk.
  47. Russkij ne rodnoj âzyk.
  48. Russkij kak inostrannyj.
  49. «Roditeli i zakonnye predstaviteli obučaûŝihsâ svobodno vybiraût kak âzyk obrazovaniâ, tak i âzyk izučeniâ v statuse ili rodnogo, v tom čisle russkogo âzyka, ili gosudarstvennogo âzyka respubliki Rossijskoj Federacii. Roditeli pišut zaâvlenie na izučenie ih detʹmi âzyka pri prieme (perevode) na obučenie obrazovatelʹnym programmam doškolʹnogo, načalʹnogo obŝego i osnovnogo obŝego obrazovaniâ».
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EAN html : 9791030008395
ISBN html : 979-10-300-0839-5
ISBN pdf : 979-10-300-0840-1
ISSN : 3000-3563
25 p.
Code CLIL : 3153
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Comment citer

Artemenko, Ol’ga I., « Repenser les nominations statutaires des langues des peuples de Russie dans l’organisation de l’enseignement », in : Moskvitcheva, Svetlana, Viaut, Alain, éd., Les noms des variantes de langue minoritaire. Études de cas en France et en Russie, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux , collection Diglossi@ 2, 2024, 171-196 [en ligne] https://una-editions.fr/repenser-les-nominations-statutaires-des-langues-des-peuples-de-russie [consulté le 15/04/2024].

http://dx.doi.org/10.46608/diglossia2.9791030008395.10
Illustration de couverture • L'illustration de la première de couverture a été réalisée par Ekaterina Kaeta (École académique des Beaux-Arts de Moscou - Département de Création graphique). Deux textes y apparaissent en arrière-plan : à gauche, un extrait d'une poésie en mordve de Čislav Žuravlev (1935-2018), recopié manuellement par l'illustratrice à partir de Žuravlev Č. (2000), Večkemanʹ teše [Étoile d’amour] (tome 2, Sarans, Tipografiâ Krasnyj Oktâbrʹ, p. 139), et, à droite, un extrait d'un poème inédit en occitan de l'écrivain Bernard Manciet (1923-2005), avec l'aimable autorisation de sa famille.
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