UN@ est une plateforme d'édition de livres numériques pour les presses universitaires de Nouvelle-Aquitaine

Richesses archéologiques du Bazadais
(10e partie)

Paru dans : Les Cahiers du Bazadais, n° 13, 1967, 1-20.

Canton de Bazas (suite)

Plan hors-texte.

Bazas

Protohistoire, Époque Gallo-Romaine, Époque Mérovingienne (Suite)

II.       VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES
a.) La première enceinte
Muraille sud : tête sculptée1, (fig. 1)
Fig. 1.

Ainsi que nous l’avions indiqué dans notre dernier article2, il nous avait été difficile d’étudier comme nous l’aurions souhaité, la tête sculptée encastrée dans le mur de soutien du jardin de la cathédrale. Grâce à une photographie prise au téléobjectif la chose est devenue possible3. Il s’agit bien, ainsi que nous l’avions pensé, d’une tête aplatie de forme triangulaire, les yeux clos, les oreilles écartées du visage, le nez légèrement écrasé, les pommettes saillantes, la bouche très large, déformée, avec des lèvres épaisses. L’ensemble est assez inexpressif et de facture grossière. La tête est recouverte d’une sorte de couvercle à trois pans et paraît visiblement dégagée d’une pierre barlongue dont il manque une extrémité et qui ressemble à un linteau. Il s’agit donc, sans nul doute, d’une pièce de récupération, mais plusieurs problèmes se posent à son propos. De quelle époque date-t-elle ? Où se trouvait-elle initialement et quel était son usage ? Quand et pour quel motif l’a-t-on ainsi enchâssée dans le mur où nous la voyons aujourd’hui ?

Nous ne nous hasarderons pas à attribuer une date précise à cette pièce mais nous pouvons affirmer qu’il ne s’agit pas là, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, d’une tête antique. Elle est sans conteste d’une époque beaucoup plus récente (XII-XVe siècle), mais nous laissons à un spécialiste le soin de la préciser. Peut-être parviendrait-on à une datation assez sûre si l’on arrivait à déterminer exactement à quel usage servait l’ensemble. Nous avons cru un instant à un cul-de-lampe destiné à recevoir la retombée des nervures d’une voûte d’ogives. Le fait que la tête soit dégagée d’un linteau et non d’une pierre d’angle s’y oppose. Il pourrait donc s’agir d’un simple linteau de porte ou de fenêtre sur lequel la tête sculptée n’aurait alors eu qu’une valeur purement décorative. Tout au plus, compte tenu du “couvercle” qui la surmonte, on peut penser que cette tête constituait une console supportant peut-être une statuette.

Au cas où on ne pourrait retenir cette hypothèse, nous ne voyons guère qu’un dernier emplacement pour cet ensemble : à la base d’une corniche, dont la tête ne serait alors qu’un modillon. Quant aux raisons pour lesquelles ce morceau sculpté se trouve enchâssé dans la muraille de la ville, elles doivent être tout simplement recherchées, à notre avis, dans la fantaisie des maçons chargés, au XIXe siècle, de la réfection du mur supportant les jardins actuels de la cathédrale. Peut-être la tête provient-elle de la démolition du palais épiscopal qui eut lieu, verrons-nous, en 1840 et qui dut s’accompagner d’une restauration des remparts. C’est du moins l’hypothèse que nous suggérons.

b.) Découvertes à l’intérieur de la première enceinte
Cathédrale : statuettes égyptiennes
Fig. 2.

Nous ne pouvons que reproduire ici le rapport de M. J. Coupry, directeur de la XIIIe Circonscription des Antiquités historiques :

“Dans un caveau situé sous la cathédrale et à l’intérieur d’un morceau de béton ancien ont été mises à jour deux figurines égyptiennes du type ‘oushebti’, en terre cuite, recouvertes d’un enduit émaillé, l’une bleu clair (h. 0 m, 70, 5, larg. max. 0 m, 03, 4) ; l’autre vert jade (h. 0 m, 10, larg. max. 0 m, 02, 1). Découvertes accidentellement, ces statuettes sont actuellement en la possession de M. Lapierre, juge de paix honoraire à Bazas, qui a bien voulu nous les communiquer. D’après les photographies, M. Jacques Vandier, conservateur en chef du département des Antiquités égyptiennes au Musée du Louvre, estime que ces statuettes ‘sont certainement de très basse époque probablement gallo-romaine’, conclusion corroborée par la couleur assez délavée de l’émail qui les recouvre”.

Il ne nous a pas été encore possible de retrouver l’emplacement exact du “caveau” dont il est question dans ce rapport. D’après M. L. Cadis, on y accéderait par la tour de l’ancien palais épiscopal adossée à l’angle sud-ouest de la cathédrale. Quant au sort de ces statuettes, nous l’ignorons, mais il est probable qu’elles aient connu celui de presque tous les objets découverts à Bazas : l’abandon, puis la destruction. Nous sommes d’autant plus heureux de reproduire ici une photographie de ces deux statuettes que nous a aimablement communiquée M. L. Cadis.

Gallia, 1949, p. 131.

Sacristie de la cathédrale : monnaies

Nous avons relevé, dans les registres de délibérations de la Commission des Monuments Historiques de la Gironde, à la date du 1er juillet 1864, une note faisant état de découvertes de monnaies, sans autre indication : “M. Dulac dépose sur le bureau quelques pièces de monnaie découvertes en 1859 en creusant les fondements d’une sacristie, près de l’église de Bazas. Renvoi à M. Émile Lalanne, correspondant à Bordeaux, qui sera prié d’en rendre compte à la prochaine séance”. Le correspondant ne pouvant se rendre à celle-ci adressa à la commission un rapport que nous avons conservé et concernant un lot de dix-sept monnaies. Une seule était ancienne (n° 1 du rapport) ; en voici la description :

+ GVILELMO croix dans le champ
+ VICTORIA trois croisettes et quatre points.

Il s’agit selon toute vraisemblance d’un denier de la fin du règne de Guillaume X, duc d’Aquitaine (1126-1137) dont la fille et héritière Aliénor épousa, on le sait, Louis VII, puis Henri Plantagenêt.

Arch. dép. de la Gironde, 159 T 2 (Procès-verbaux des séances 1863-1866) – 157 T I A (Dossiers par commune).
J. Lafaurie : “La monnaie bordelaise du Haut Moyen Âge” dans Histoire de Bordeaux, t. III, p. 307, 317.

Palais épiscopal : monnaies, tête sculptée

Ces découvertes n’ont jamais été publiées jusqu’à ce jour et c’est à un concours de circonstances que nous devons d’en avoir encore aujourd’hui connaissance. Le 23 septembre 1841 Francisque Michel, Inspecteur des Bâtiments historiques, au cours d’une visite qu’il fit alors à Bazas, parcourut le chantier de démolition du palais épiscopal. Cet édifice dont il faudra toujours regretter la disparition, occupait l’emplacement du bâtiment de la sous-préfecture devenu de nos jours le presbytère. Malheureusement, au lieu d’un rapport circonstancié, Francisque Michel se contenta de rédiger quelques notes : “Cette démolition (de l’évêché) a produit une découverte de médailles sans importance et d’une tête gallo-romaine d’un bon style et comparable, pour le type, à celles des esclaves barbares qui se voient dans l’antichambre des salles du Musée du Louvre à Paris”. Nous ne saurons bien sûr jamais ce qu’étaient ces monnaies jugées “sans importance”. Quant à la tête sculptée qui a dû passer dans quelque collection bazadaise de l’époque, il ne faut pas désespérer de la retrouver un jour. Nous espérons d’ailleurs obtenir des précisions sur son style d’après la comparaison faite par Francisque Michel avec les statues d’esclaves se trouvant en 1840 au Louvre, dans “l’antichambre des salles”. Nous aurons donc l’occasion de revenir sur cette question dans nos suppléments.

Arch. dép. de la Gironde, 161 T 2 (Rapports), folio 44 verso, rapport n° 32.

Note : Il existe une élévation et un plan du rez-de-chaussée de l’ancien palais épiscopal de Bazas dressé par R. Thiac et édité dans la Revue historique de Bordeaux, t. XV, 1922, p. 213, dans l’article de R. Bordessoules : “Raymond Lavenue, député de la sénéchaussée de Bazas aux États-généraux de 1789”.

Ancien cimetière Saint-Jean : fondations

Il est fait mention de ces fondations dans la Préface de la Chronique de Bazas en ces termes : “Extant… murorum variorum et latissimorum fundamenta, partim intra urbem, ut quae ab episcopali palatio per cemeterium divi Joannis cernuntur”, “Il subsiste des fondations de murs divers et considérables, les unes dans l’enceinte de la ville, comme celles que l’on aperçoit depuis le palais épiscopal, dans le cimetière Saint-Jean”. S’il est impossible d’attribuer à ces ruines une date précise, nous ne sommes pas parvenus non plus malgré nos recherches à identifier l’emplacement exact du cimetière Saint-Jean. En tenant compte de la situation de l’ancien palais épiscopal dont l’angle nord-est était attenant à l’angle sud-ouest de la cathédrale du XIIIe siècle ce cimetière pouvait, tout en étant visible du palais, se trouver au sud, à l’ouest ou au nord de la cathédrale. Il est difficilement concevable qu’il ait pu se trouver, au moins en totalité, sur la face ouest sur laquelle ouvrent les trois grands portails. Deux hypothèses peuvent donc être retenues pour l’emplacement de ce cimetière : soit le jardin public actuel au sud, soit le terre-plein en bordure de la nef au nord. Notons d’ailleurs que dans les deux cas il se pose des problèmes. Si l’on admet que le cimetière se trouvait au sud, comment faisait-on pour y accéder ? Si l’on suppose qu’il était au nord, les substructions dont il est ici question seraient les mêmes que celles dont nous parlerons à la rubrique suivante, alors que d’après le texte de G. Dupuy il semble bien qu’on soit en présence de deux sites différents. La traduction de la préposition “per” dans le texte de G. Dupuy n’est pas d’ailleurs très facile : faut-il la transcrire par “dans” ainsi que nous l’avons fait, ou bien par “à travers” ? Dans ces conditions, les fondations se trouveraient au-delà du cimetière, ce qui, on le voit, rend leur localisation encore plus difficile.

G. Dupuy : In Chronicon Vazatense Praefatio, dans A. H. G., t. XV, p. 5.

Secteur nord de la cathédrale : fondations ⑧

C’est dans la préface de la Chronique que Géraud Dupuy fait une première allusion à ces fondations lorsqu’il évoque des “muri veteres antiquae ecclesiae proximae aedi sacrae divi Joannis ad septentrionem”, “des murs d’une ancienne église à proximité du temple sacré du divin Jean au nord”. Il y revient dans la Chronique proprement dite, à la rubrique de l’année 71. Parlant de la matrone bazadaise qui, selon la légende, aurait introduit le Christianisme à Bazas, l’auteur de la Chronique déclare : “Tres aedes sacras aedificat in crucis formam ; ac primam quidem in honorem divi Johannis-Baptiste, ibique, sacrum sanguinis ejusdem depositum locat ; alteram in honorem divorum Petri et Pauli apostolorum, et tertiam in gratiam divi Stephani ; harum exstant ruinae et monumenta juxta ecclesiam cathedralem a septentrione”, “Elle fait édifier trois temples sacrés en forme de croix ; le premier en l’honneur du divin Jean-Baptiste dont elle fait le dépôt sacré de son sang ; l’autre en l’honneur des divins Pierre et Paul apôtres et le troisième en hommage au divin Etienne ; il reste des ruines et des vestiges de ces édifices près de l’église cathédrale au nord”. Il est d’ailleurs une autre fois question de ces trois monuments à la même rubrique, mais sans qu’on y trouve de précisions complémentaires. Si la bonne foi de Géraud Dupuy ne peut être mise en doute quant à l’existence de ces ruines, leur attribution aux premières cathédrales de Bazas reste à première vue très hypothétique. Il peut, en effet, tout aussi bien s’agir des restes de la cathédrale romane du XIe siècle qui précéda immédiatement l’édifice actuel ou des ruines d’un autre bâtiment. L’attribution donnée par le chanoine Dupuy à ces vestiges peut cependant, nous allons le voir, être considérée comme une base de recherches tout à fait valable. En effet, nous savons par le chanoine Garcias, auteur du Baptista Salvatoris, rédigé dans la première moitié du XIIe siècle, que le souvenir de ces trois premières cathédrales était encore bien vivant à son époque et sans doute G. Dupuy a-t-il puisé à cette source les interprétations qu’il nous donne sur l’origine des ruines dont il nous parle. L’auteur du Baptista Salvatoris, relatant le transport à Bazas du sang du Précurseur par une dame bazadaise, nous dit en effet : “Unde factum est ut, pia sollicitante devotione, tres admodum sibi contiguas construeret infra maenia ejusdem urbis, ad Africum, non disparibus a se invicem distantes interstiis, formae non dissimilis, ejusdemque quantitatis. Quarum scilicet basilicarum Borealem quam et ipsi vidimus, in honore beatissimi Apostolorum principis consecrari voluit, mediam sacer protomartyr Stephanus obtinuit, Austrinam vero almifluus Praecursor sibi vindicavit”, “C’est ainsi que poussée par une pieuse dévotion elle fit édifier au pied des murailles de la ville, au sud, trois églises presque contiguës, séparées les unes des autres par une distance égale, semblables par leur plan et d’une même importance. Celle des basiliques élevée au nord, que nous avons vue de nos propres yeux, elle voulut qu’elle fût construite en l’honneur du très bienheureux Prince des Apôtres, le saint protomartyr Étienne occupa celle du centre, quant au glorieux Précurseur, il se fit octroyer celle du sud”. Si l’on compare ce texte avec celui de G. Dupuy, quelques remarques s’imposent. Les premières concernent l’emplacement de ces édifices que le chanoine Garcias situe au pied des murailles, au sud de la ville. Il faut sans doute entendre par là que les églises se trouvaient à l’intérieur de l’enceinte, en bordure des remparts. Si nous reprenons l’hypothèse que nous avons précédemment émise sur la limite ouest de la ville du Bas-Empire, légèrement à l’ouest des portails de la cathédrale, il est possible, sinon probable, que ces églises se trouvaient sensiblement à l’angle sud-ouest des remparts, sur l’emplacement de la cathédrale actuelle. Il y aurait là une situation analogue à celle de la Cathédrale Saint-André à Bordeaux. Quant à l’existence même de ces trois édifices, rigoureusement semblables et situés les uns à côté des autres, elle n’a rien d’étonnant. M. J. Gardelles a en effet souligné qu’il avait existé des groupes semblables à Bordeaux, Aix ou Fréjus. Soulignons par contre que le plan en croix, dont parle G. Dupuy, ainsi que la dédicace de l’église du nord à St-Paul, paraissent bien sortis de son imagination. Ce qui est aussi très intéressant, c’est la remarque faite par le chanoine Garcias qui écrivait vers 1146 et déclare avoir vu de ses propres yeux l’église du nord, celle dédiée à Saint-Pierre. La question que l’on se pose immédiatement est de savoir pourquoi il ne voyait plus les deux autres. C’est, pensons-nous, très probablement parce que la cathédrale romane élevée au XIe siècle et dont il reste la base du clocher actuel, avait été bâtie sur leur emplacement. (Nous estimons d’ailleurs que la cathédrale actuelle qui date du XIIIe et du XIVe siècle a succédé sur le terrain à l’édifice roman). Cela corrobore d’ailleurs l’hypothèse que nous avons émise plus haut sur l’emplacement des trois églises à l’angle sud-ouest du castrum, l’église du sud étant la plus proche de l’angle.

Il reste cependant deux problèmes à examiner. Lorsque Garcias déclare que les ruines qu’il a vues sont celles de l’ancienne église Saint-Pierre sur quoi se fonde-t-il ? Une tradition ou la vue d’un édifice sur la destination duquel il ne pouvait y avoir aucun doute. Lorsque le chanoine Dupuy déclare d’autre part qu’il a vu les ruines de cet édifice au nord de la cathédrale actuelle, on peut lui faire confiance, car nous ne croyons pas qu’il ait ici recopié le chanoine Garcias. Mais s’agissait-il des mêmes ruines ? C’est vraisemblable compte tenu des indications topographiques.

Il est donc, en conclusion, certain que sous le terre-plein actuellement situé au nord de la cathédrale se trouvent les fondations d’un édifice, encore debout au XIIe siècle, dont les ruines étaient visibles au XVIIe siècle et qui, selon une solide tradition assez bien confirmée par la topographie des lieux, l’histoire des cathédrales de Bazas et des exemples semblables en d’autres lieux, pourraient bien être celles d’une des églises du premier ensemble cathédral de Bazas. Puissent un jour des fouilles venir confirmer ou infirmer cette hypothèse.

G. Dupuy : ln Chronicon Vazatense Praefatio, dans A. H. G., t. XV, p. 6.
Dom Aurélien : La Gaule catacombaire. L’apôtre saint Martial et les fondateurs apostoliques des églises des Gaules. Baptista Salvatoris ou le sang de saint Jean à Bazas peu d’années après l’Ascension de Notre Seigneur, 1880, p. 275.
J. Gardelles : La Cathédrale Saint-André de Bordeaux, 1964, p. 43, note 9.  

c.) Découvertes à l’intérieur de la seconde enceinte
Quartiers sud-ouest : le mercadilh, Saint-Martin : sarcophages

la découverte de sarcophages sous le sol de la ville de Bazas n’a apparemment rien d’étonnant puisque trois églises, chacune entourée de son cimetière se trouvaient jusque vers la fin de l’époque moderne à l’intérieur de l’enceinte médiévale : Saint-Jean, Notre-Dame-du-Mercadilh et Saint-Martin. Ces deux dernières églises et leur cimetière furent certainement, avons-nous vu, hors les murs de la première enceinte pendant le Bas Empire et durant tout le Haut Moyen Âge. Ce n’est en effet qu’au XIIe siècle, selon toute vraisemblance, que ces deux paroisses furent rattachées à la cité épiscopale par la construction d’une seconde enceinte. Des deux paroisses, celle de Saint-Martin était sans conteste la plus ancienne car, si l’on considère le nom de son patron, on peut la faire remonter au Ve ou au VIe siècle. Notre-Dame-du-Mercadilh, par contre, ne doit pas dater plus haut que la fin du XIe ou le début du XIIe siècle. Sa création n’est d’ailleurs que le reflet du développement d’un bourg marchand au nord-ouest de la vieille cité et qui, en s’étendant, se souda au quartier de Saint-Martin hors-les-murs. On conçoit ainsi parfaitement le rattachement, simultané sans doute, des deux paroisses à la cité épiscopale par une muraille commune. Il est certain aussi, dans ces conditions, que du IIIe au Xe siècle tout ce secteur fut peu ou pas habité et cela nous explique qu’aux époques gallo-romaine et mérovingienne une nécropole ait pu s’étendre dans un triangle dont les extrémités furent Le Mercadilh, Saint-Martin et, hors de la seconde enceinte, qui n’était pas alors construite, Saint-Martial de La Targue. Peut-être le chanoine G. Dupuy songeait-il à ce quartier lorsqu’il déclare : “His adjunge sepulchra excavata in petris quaeque in cellis vinariis passim in urbe reperiantur”, “Ajoutez-y les sarcophages creusés dans la pierre que l’on découvre un peu partout en ville dans les caves”. De toute façon, le cimetière médiéval et moderne de Notre-Dame-du-Mercadilh n’a eu certainement de commun avec la nécropole que l’identité du site. Par contre, celui de Saint-Martin apparaît bien comme l’héritier de la nécropole dont l’existence motiva la construction de cette église de même que celle de Saint-Martial à La Targue, à moins que les deux faits n’aient été simultanés : création de la nécropole et édification des églises.

G. Dupuy : In Chronicon Vazatense Praefatio, dans A. H. G., p. 6.

  • Sarcophage du Mercadilh   XVIIe siècle

Le Titulus Vasatensium fut, jusqu’à une époque très récente, notre seule source sur cette partie de la nécropole, mais, nous allons le voir, notre dossier est dernièrement venu s’accroître à la suite de découvertes fortuites. Laissons tout d’abord la parole au chanoine G. Dupuy : “Nec praetereundum quod dum nuper foderetur terra in cimeterio beatae Mariae de Mercadilh, repertum marmor candidissimum in quo sculpta erant prima religionis christianae elementa, quae a Constantino et reliquis imperatoribus in labaro pingebantur [signe en image à insérer], longitudinis quinque pedum, latitudinis duorum pedum”, “Il ne faut pas oublier que dernièrement, en faisant une fouille dans le cimetière de Notre-Dame-du-Mercadilh, on découvrit un sarcophage en marbre remarquable par sa blancheur, Iong de cinq pieds (1,65 m) et large de deux (0,66 m), sur lequel on avait sculpté les premiers symboles de la religion chrétienne en forme de [signe en image à insérer] tels qu’ils étaient peints sur l’étendard des empereurs depuis Constantin”. Depuis le XVIIe siècle, presque tous les historiens qui ont parlé de Bazas et même d’autres ont évoqué cette découverte dont l’intérêt est certain, mais seul C. Jullian a reproduit le texte du chanoine G. Dupuy, aucun n’a cru devoir le traduire et il n’en est pas un qui n’ait commis d’erreur ! L’abbé P. J. O’Reilly commence en 1840 par parler d’une “pièce de marbre blanc” et se croit obligé de compléter G. Dupuy en précisant que sous le symbole on ne voyait plus que ces deux mots de l’antique inscription “signo vinces”, “par ce signe tu vaincras”. Léo Drouyn et Charles Desmoulins, on ne sait pourquoi, transformèrent la “pièce” en “plaque” et reprirent l’inscription. Léo Drouyn n’en reparla pas dans la Guyenne Militaire mais il évoqua d’autres découvertes faites à La Targue, sur lesquelles nous reviendrons. Cela précipita l’abbé Cirot dans un impossible exposé que l’on peut lire dans son Histoire de Saint-Seurin, où il cite la Chronique de Bazas, P. J. O’Reilly et Léo Drouyn et confond la découverte du Mercadilh et celles de La Targue. C. Jullian, dans ses Inscriptions romaines, fit à l’abbé O’Reilly et à C. Desmoulins qui l’avait trop fidèlement suivi, le triste honneur d’une rubrique au chapitre des Inscriptions fausses, mais il ne releva pas l’erreur de l’abbé Cirot. Le seul historien qui ait depuis évoqué correctement cette découverte est R. d’Anglade. Aucune des études consacrées aux sarcophages aquitains en marbre n’a fait mention, à notre connaissance, de cette découverte.

G. Dupuy : ln Chronicon Vazatense Praefatio, dans A. H. G., t. XV, p. 6.
P. J. O’Reilly : Essai sur l’arrondissement de Bazas…, p. 26.
C. Desmoulins et L. Drouyn : “Quelques faits à ajouter à la description monumentale de la ville de Bazas”, dans Bulletin monumental, 1846, tiré à part p. 10.
Abbé Cirot de La Ville : Histoire et description de l’église Saint-Seurin de Bordeaux, 1867, p. 157, 198, 199.
C. Jullian : Inscriptions…, t. II, p. 182, n° 955, et p. 259, n° XX.
R. d’Anglade : Aperçu sur l’histoire de Bazas, 1913, p. 118, 119.

  • Sarcophages, 1960, 1965  ⑪

À deux reprises, des sarcophages ont été découverts au cours de travaux de démolition qui ont précédé la reconstruction des immeubles situés aux n° 1 et 2 de l’actuelle rampe Saint-Martin. Ces deux bâtiments occupent en partie l’emplacement des anciens fossés et sont adossés, au moins sur la hauteur du rez-de-chaussée, au rocher qui naguère supportait le rempart. Depuis la rue Lucien Rozié (N° 2, 4, 6, 8) on accède ainsi de plain-pied au premier étage des maisons. Nous ignorons combien de sarcophages furent découverts vers 1960 au n° 2 et quelle était leur disposition, mais en 1964, nous nous souvenons avoir aperçu au cours des travaux de démolition effectués au n° 1 trois sarcophages au moins. Ils étaient apparemment en calcaire et reposaient sur le rocher ; une couche de débris d’au moins 0,50 m d’épaisseur les recouvrait. La nuit tombait, l’excavatrice avait déjà brisé les sarcophages et il ne nous fut pas possible de faire une photographie. Au mépris de la réglementation en vigueur, l’entrepreneur se hâta de faire disparaître les sarcophages dont le contenu était peut-être semblable à celui retrouvé lors des fouilles de l’église Saint-Martin.

Renseignements inédits.

  • Fouilles de l’église Saint-Martin, 1935, 1949-1951  ⑫ 

Un rapport définitif sur ces fouilles et une étude des sarcophages et du mobilier qu’ils contenaient a fait l’objet d’une communication au Congrès de la Fédération Historique du Sud-Ouest tenu à Bazas en 1960. Un article a été publié dans les Actes du Congrès. Nous n’avons pas cru bon de le reproduire car il fait autorité en la matière. Nous nous permettrons seulement, dans nos suppléments, de donner une reproduction photographique des pièces conservées.

L. Cadis, J. Coupry, J. B. Marquette : “La nécropole mérovingienne de la place Saint-Martin de Bazas”, dans Revue historique de Bordeaux, t. IX, p. 126-140 et dans Actes du XIIIe Congrès d’études régionales : Bazas et le Bazadais, 1960, p. 36-50.

d.) Découvertes hors les murs médiévaux
Découvertes de La Targue  ⑬

À l’ouest de l’ancienne ville close, sur l’emplacement occupé actuellement par la gendarmerie, le palais de justice et les maisons voisines, se trouve un ancien quartier connu sous le nom de La Targue. Il est bâti sur une hauteur légèrement moins élevée que celle du Mercadilh et de Saint-Martin dont il est séparé par l’actuel cours du maréchal Foch aménagé sur le tracé des anciens fossés. Selon la tradition, une église dédiée à Saint-Martial aurait été élevée dans ce quartier à une époque relativement ancienne (Ve siècle), mais aurait disparu en 1579. Ce qui est certain, par contre, c’est qu’il y avait à cet endroit une nécropole comme en témoignent les découvertes qu’on y a faites à différentes époques. Compte tenu de la dénivellation qui sépare le quartier de Saint-Martin de celui de La Targue, il est possible que les deux nécropoles aient été distinctes mais on ne saurait l’affirmer.

  • Monnaies : XVII-XVIIIe siècle

C’est le chanoine Dupuy qui, le premier, a mentionné ces découvertes : “moneta vetus aurea, argentea et aerea quae quotidie hinc, illinc et in suburbiis in fundo cui nomen La Targue effoditur ; varia id genus habeo penes me, ut Antonini sed innumera Diocletiani, Maximini Constantini et filiorum ejusdem”, “on trouve des monnaies d’or, d’argent et de bronze ici et là et dans les faubourgs, dans le quartier appelé La Targue ; j’en ai à côté de moi d’espèces variées : des Antonin et un grand nombre de Dioclétien (284-305), Maximien (286-316), Constantin (306-337) et ses fils”. Bien que le quartier de La Targue n’ait pas été peut-être le seul à livrer à cette époque des monnaies antiques, il n’est pas douteux que dans l’esprit de G. Dupuy ce secteur ait été particulièrement riche en découvertes de ce genre. F. Jouannet reprit ces indications en écrivant que G. Dupuy possédait dans ses collections “beaucoup de médailles dans les trois métaux, des règnes d’Antonin, de Dioclétien, des Constantin, de Maximien… qui provenaient de l’enclos des Capucins de Bazas ou d’une terre nommée Lafargue située dans les faubourgs”. Il faut rectifier Lafargue par La Targue et rejeter l’attribution de ces trouvailles à l’enclos des Capucins car il n’en est fait aucune mention explicite dans la Préface de la Chronique. Cette erreur devait être reprise par C. Desmoulins qui attribue indistinctement toutes sortes de découvertes à ces deux anciens cimetières. Quant à l’abbé P. J. O’Reilly, il semble bien avoir commis une assez grave confusion d’ordre chronologique. Voici en effet ce qu’il écrit : “Vers la fin du dernier siècle (1776), l’autorité municipale fit faire, dans les anciens cimetières de Bazas, des fouilles considérables qui la dédommagèrent par leur résultat des peines qu’elle avait prises. Outre des monnaies anciennes et des tombes en marbre, on trouva à La Targue beaucoup de médailles romaines, des Antonin, des Dioclétien, des Constantin, etc.” Les fouilles dont parle P. J. O’Reilly et sur lesquelles nous ne possédons pas d’autre renseignement sont vraisemblablement celles qui eurent lieu lors de la désaffection des cimetières urbains. Mais on ne voit pas très bien alors comment des fouilles auraient pu, à cette occasion, être faites à La Targue où aucun cimetière n’existait plus au XVIIIe siècle et certainement depuis fort longtemps. Il n’est pas douteux, d’autre part, que les allusions aux monnaies romaines sont des réminiscences du texte du chanoine G. Dupuy. Nous n’ajoutons donc qu’un très faible crédit aux déclarations de P. J. O’Reilly et nous en tenons, pour l’instant, aux seules découvertes de monnaies du XVIIe siècle dont le dernier auteur à en avoir parlé est E. Piganeau.

G. Dupuy : In Chronicon Vazatense Praefatio, dans A. H. G., t. XV, p. 5.
C. Desmoulins : art. cit., p. 10.
F. Jouannet : Statistique du département de la Gironde, 1837, p. 235.
Abbé P. J. O’Reilly : op. cit., p. 25, 26.
E. Piganeau : “Essai de répertoire archéologique du département de la Gironde” dans Société archéologique de Bordeaux, t. XXII, 1897, p. 66.

  • Découvertes diverses, 1776

Comme nous venons de le voir, on aurait, selon P. J. O’Reilly, découvert à cette époque à La Targue, outre des monnaies, des “tombes en marbre”, mais un peu plus loin le même auteur précise : “On a trouvé dans les fouilles faites à La Targue… des urnes, des vases curieux, des ustensiles culinaires d’un travail fini et qui attestent le haut degré de perfectionnement auquel était porté dans ce pays ce genre d’industrie”. Comme cet historien est le seul à parler de ces découvertes et ne donne pas de précisions sur ses sources, nous accueillons ses déclarations avec réserve. Ne faudrait-il pas voir d’ailleurs dans ce texte une allusion à un passage de la Chronique concernant des urnes funéraires sur lequel nous reviendrons plus bas, et se rapportant aux Capucins ? C’est très vraisemblable et nous aurions ainsi une nouvelle preuve de la fantaisie avec laquelle le vénérable abbé maltraitait les textes ou laissait courir son imagination.

P. J. O’Reilly : op. cit., p. 34.

  • Découverte de sarcophages : XVII-XIXe siècle

Le premier auteur à avoir fait mention de la découverte de sarcophages à La Targue est encore le chanoine Dupuy. Après avoir rapporté la légende relative à saint Martial et aux compagnons de Roland, il déclare : “varia enim sepulchra marmorea et lapida effosa sunt proximis his annis”, “En effet des sarcophages variés en marbre et en pierre ont été exhumés ces dernières années”. D’autres découvertes de tombes en marbre auraient eu lieu, nous venons de le voir, selon P. J. O’Reilly en 1776, à moins qu’il ne s’agisse des mêmes que celles dont parle G. Dupuy. Mais c’est sur les trouvailles faites au XIXe siècle que nous avons seulement quelques précisions. Elles eurent lieu après 1840, puisque P. J. O’Reilly n’en parle pas, et avant 1862. À la date du 25 avril 1862, Léo Drouyn écrit, en effet, dans ses “Notes archéologiques” : “A La Targue, on vient d’exhumer des sarcophages en marbre blanc dont les pieds sont aussi larges que la tête. Sous ces sarcophages et à chaque bout, on avait établi pour les caler quatre briques épaisses qui, rapprochées l’une de l’autre, forment un cercle. Le sarcophage est indiqué par le pointillé. Ces tombeaux paraissent appartenir à l’origine du Christianisme à Bazas. Le propriétaire, ancien soldat enrichi, n’a pu nous fournir aucune espèce de renseignement sur ce qui a été trouvé avec les ossements”. Léo Drouyn devait publier cette note sans changement dans la Guyenne militaire en précisant seulement qu’on n’a pu lui faire voir aucun couvercle de ces tombeaux et que, paraît-il, “il n’y avait pas d’inscription”. Ces indications ont été reprises par la plupart des historiens locaux : C. Jullian qui reprend Léo Drouyn, l’abbé Cirot qui, nous l’avons vu, confond ces découvertes avec celles faites au XVIIe siècle à Notre-Dame-du-Mercadilh, E. Piganeau, E. Féret et R. d’Anglade.

Fig. 3. Disposition d’un sarcophage et des briques qui le supportaient d’après L. Drouyn.

Nous ignorons ce qu’il est advenu de ces sarcophages dont un, selon E. Féret, était encore visible en 1893 au collège de Bazas, mais il n’est pas impossible que celui que l’on peut encore voir chez M. le Dr P. Soubiran, dans sa propriété de Bagatelle, provienne des fouilles de La Targue. M. le Dr P. Soubiran se souvient aussi de sarcophages ou du moins de couvercles appuyés autrefois à la rampe du Gisquet et qui ont disparu. Ce qui est certain c’est que, lors d’éventuels travaux dans l’ancien quartier de La Targue (gendarmerie, palais de Justice, esplanade), il faudrait absolument faire des recherches pour savoir quel était l’emplacement exact de la nécropole dans ce secteur. Peut-être retrouverait-on d’ailleurs des sarcophages qui auraient échappé aux fouilles précédentes et qui nous permettraient de dater avec plus de précision cet ensemble.

G. Dupuy : In Chronicon Vazatense Praefatio, dans A. H. G., t. XV, p. 16.
P. J. O’Reilly : op. cit., p. 25, 26.
Arch. mun. de Bordeaux, L. Drouyn, Notes archéologiques, t. 48, p. 343, 344.
L. Drouyn : La Guyenne militaire, t. II, p. 205, 206.
Abbé Cirot de La Ville : op. cit., p. 198, 199.
C. Jullian : Inscriptions romaines, t. II, p. 182, n° 955.
E. Féret : Essai sur l’arrondissement de Bazas…, p. 8.
E. Piganeau : art. cit., p. 66.
R. d’Anglade : op. cit., p. 5, note I, p. 118, note 7.

Découvertes de la route d’Espagne ⑭

Elles nous sont rapportées par F. Jouannet : “Les seules découvertes qu’on y ait faites de nos jours se bornent à quelques urnes et à plusieurs médailles du Haut Empire, rencontrées aux portes de la ville en travaillant à la route d’Espagne”. Il ne fait pas de doute que la route d’Espagne correspond au Cours du 11 mars devenu de nos jours les Cours Foch et Ausone, mais il est difficile de préciser en quel endroit exact les découvertes ont été faites. C’est la raison pour laquelle nous les avons indiquées sur le plan en deux endroits différents aux extrémités des cours.

F. Jouannet : Statistique du département de la Gironde, t. I, p. 234.

Découvertes de la maison de M. de Malescot, 1827 ⑮

Un seul auteur, l’abbé P. J. O’Reilly, a fait état de ces découvertes. Il déclare ainsi “qu’en creusant les fondemens de la maison de M. de Malescot en 1827, on trouva aussi des médailles romaines”. Il ne nous a pas été possible de localiser avec précision la maison de M. de Malescot, faute de connaître encore la société bazadaise du XIXe siècle, mais nous savons que cet immeuble se trouvait hors les murs, dans le faubourg nord-ouest. En effet, dans le rapport qu’il adressa en 1845 à la Commission des monuments historiques de la Gironde, M. Ardusset déclare que le premier mur d’enceinte renfermait selon lui les emplacements occupés aujourd’hui par le jardin et par les bains Salviat, le jardin et la maison de M. de Malescot, l’enclos des Cordeliers, le Collège, la promenade Saint-Sauveur et La Targue. Nous avons rejeté cette hypothèse mais l’exposé de M. Ardusset nous permet de situer la maison de M. de Malescot à peu près dans l’axe de la rue Pallas, hors les murs.

P. J. O’Reilly : op. cit., p. 26.
“Les enceintes de Bazas” dans C.R.C.M.H., 1846, p. 45.

Fosses nord : amphore, mai 1826 ⑯

Bien qu’il ne se soit en général intéressé qu’au canton de Langon, maître Lafargue signale parfois des découvertes dont il a eu connaissance et qui, sans lui, auraient été complètement oubliées. Il nous rapporte ainsi qu’en “mai 1826, en fouissant les fossés nord de la ville entre Pallas et Bragoux, on trouva une amphore de terre cuite de fabrique ce semble grecque, parfaitement conservée”. La découverte eut donc lieu sans aucun doute en bordure de l’ancien chemin de Pichebin qui longeait en cet endroit les remparts de la ville, de la porte Pallas à la porte Bragoux ; quant à la date, elle suggère un rapprochement avec les découvertes faites en 1827 lors de la construction de la maison de M. de Malescot. M. Lafargue, qui fut peut-être témoin de la découverte ou qui du moins en eut connaissance, a dessiné l’amphore en regard de sa note.

Arch. mun. de Langon : Maitre Lafargue, Notes manuscrites, t. VIII.

Écoles : poteries ⑰

Le seul auteur à avoir fait mention de découvertes en cet endroit et sans autre commentaire est E. Féret qui signale “des poteries anciennes découvertes sur l’emplacement des nouvelles écoles, à plusieurs mètres de profondeur”. Il s’agit sans aucun doute de l’actuelle école des garçons située dans l’ancien faubourg Saint-Antoine. Bien que la qualité “d’anciennes” ne permette pas de leur attribuer de date, il n’est pas impossible qu’il se soit agi de poteries gallo-romaines ou mérovingiennes.

E. Féret : op. cit., p. 8.

Ancien cimetière Saint-Vital-les Capucins 
  • Fondations

C’est encore le chanoine Dupuy qui a le premier parlé de ces constructions dont il ne reste certainement plus rien, car le cimetière Saint-Vital où elles furent découvertes et qui correspond à la pointe avancée de l’éperon de Bazas servit, au XVIIe siècle, d’assise au couvent des Capucins : “(Extant) murorum variorum et latissimorum fundamenta…, partim extra urbem ut quae in cemeterio Sancti Vitalis, ubi conventus Capucinorum aedificatus est”, “On trouve des fondations de murs variés et très larges… les autres hors les murs comme celles qui se trouvent dans le cimetière de Saint-Vital, là où l’on a construit le couvent des Capucins”.

G. Dupuy : In Chronicon Vazatense Praefatio, dans A. H. G., t. XV, p. 5.

  • Fragment de poterie sigillée

M. Escoubet a remis en 1964 à M. L. Cadis, conservateur du musée de Villandraut, un fragment important de poterie sigillée, actuellement conservé au musée. Il aurait fait cette découverte dans la cave de son domicile, aux Capucins.

e.) Découvertes dont l’emplacement n’a pu être précisé
Mosaïques

Le seul auteur qui, à notre connaissance, ait fait mention de façon précise de découvertes de mosaïques à Bazas est le chanoine G. Dupuy, mais il reste vague sur leur localisation. “(Extant) pavimenta tessellata quae hinc inde eruuntur. Extat penes me fragmentum insigne repertum non longe ab urbe”, “Il subsiste des pavages en mosaïque que l’on découvre ici et là. J’ai là un fragment remarquable trouvé non loin de la ville”. F. Jouannet a repris cette mention mais de façon erronée, car il déclare que les fragments de mosaïque ont été trouvés à l’intérieur de la ville.

G. Dupuy : In Chronicon Vazatense Praefatio, dans A. H. G., t. XV, p. 5.
F. Jouannet : op. cit., t. I, p. 235.

Fondations et inscription

C’est toujours au chanoine G. Dupuy que nous devons la mention de cette découverte, la seule du genre que l’on ait jamais faite à Bazas : “In vinea urbi vicina conspiciuntur ruinae veteris aedificii, quas dum fodit vineae dominus reperit defosum lapidem in quo scripta legebantur nomina consulum : ut GRUMINITI sub cujus consulatu ceptum fuerat aedificium illud, quem quia translatus est Burdigalam, in aedes domini Raymundi, senatoris Burdegalensis, videre aut saltem agnoscere non licuit”, “Dans une vigne voisine de la ville, on voit les ruines d’un ancien édifice où le propriétaire de la vigne, un jour où il procédait à une fouille, découvrit une pierre enfouie sur laquelle on lisait sculptés des noms de consuls dont celui de Gruminitus sous le consulat duquel la construction de cet édifice avait été entreprise. Comme elle a été transportée à Bordeaux dans l’Hôtel de Raimond, notable Bordelais, il ne nous a pas été possible de la voir, ou du moins de la reconnaître”. Aucun auteur n’a, par la suite, fait mention explicite de cette découverte, à l’exception de P. J. O’Reilly qui la rapporte de façon erronée à l’année 1776 et à La Targue et Alexandre Ducourneau qui se contente de l’évoquer. Cette inscription fut restituée de façon hypothétique par C. Jullian sous la forme GRUMINITO COS (???), mais l’auteur des Inscriptions Romaines avoue ne donner cette inscription que par acquit de conscience, l’identification du personnage qui y figure étant très difficile, sinon impossible. Ainsi que l’indique l’archidiacre Dupuy, l’inscription fit vraisemblablement partie de la collection de Florimond de Raymond, dont l’Hôtel se trouvait à Bordeaux, rue du Temple. Nous ignorons ce qu’elle est devenue.

G. Dupuy : In Chronicon Vazatense Praefatio, dans A. H. G., t. XV, p. 5.
P. J. O’Reilly : op. cit., p. 26.
A. Ducourneau : La Guyenne historique et monumentale, 1842, t. I, IIe partie, p. 194.
C. Jullian : op. cit., t. II, p. 181.

Urnes funéraires, intaille

Ces découvertes sont aussi rapportées par le chanoine Dupuy dans son Introduction à la Chronique de Bazas : “(Extant) urnae ad capiendos cineres, oniches variis figuris efformati. Extat apud me unus, anulo inclusus in quo civitatis genius expressus est…”, “Il nous reste des urnes cinéraires, des onyx décorés de diverses figures. J’en ai un sous mes yeux, monté sur un anneau et sur lequel est représenté le génie de la cité”. Il n’y a, on le voit, aucune précision d’ordre topographique sur les lieux où furent trouvés ces objets. Or, F. Jouannet, à la suite d’une mauvaise interprétation du texte du Titulus, a cru pouvoir les attribuer, soit au cimetière de La Targue, soit à l’ancien cimetière de Saint-Vital, devenu l’enclos des Capucins. Il a même écrit que “Dupuy possédait dans sa collection des urnes, des vases d’une jolie fabrique et d’une argile rouge, très fine”, ce qui est, on le voit encore, en grande partie erroné. P. J. O’Reilly va jusqu’à déclarer : “On fit d’autres découvertes dans le petit cimetière de Saint-Vital, Aux Capucins, qui consistaient en pierres précieuses, en urnes funéraires, en pierres sépulcrales et en boîtes élégamment sculptées, etc.”. A. Ducourneau parle de son côté de “vases d’une argile rouge très fine” et de “pierres précieuses” trouvées à La Targue ! Il faut donc une fois de plus rejeter définitivement tous ces textes qui ne sont que dissertations de mauvais historiens et s’en tenir au texte du chanoine Dupuy qui pose déjà de nombreux problèmes. Qu’étaient au juste en effet ces urnes funéraires ? Toutes les pierres précieuses étaient-elles des onyx ? La pierre signalée par G. Dupuy était vraisemblablement un sceau ou une intaille montée sur anneau. On en a découvert une lors des fouilles de la place Saint-Martin et peut-être ces pierres, du moins leur monture, étaient-elles plus récentes que ne le pensait G. Dupuy.

G. Dupuy : In Chronicon Vazatense Praefatio, dans A. H. G., t. XV, p. 5.
F. Jouannet : op. cit., t. I, p. 235.
P. J. O’Reilly : op. cit., p. 26.
A. Ducourneau : op. cit., t. I, IIe partie, p. 194.

Brique avec inscription

C. C. O.

Dans son supplément aux Inscriptions Romaines, C. Jullian signale une brique avec inscription provenant de Bazas : “Nous connaissons déjà, dit-il, des poteries au nom du même potier (n° 590, 493, 959, 965) mais c’est la première brique qu’il ait livrée. Le potier paraît bien d’origine aquitaine”. Les autres pièces ont en effet été découvertes à Bordeaux et à La Réole.

C. Jullian : op. cit., t. II, p. 641, n° 495.
A. Nicolaï : “Le Mas d’Agenais à l’époque de la domination romaine et le cimetière gallo-romain du plateau Saint-Martin” dans Société archéologique de Bordeaux, 1896, t. XX, p. 164, 165 et planche I, n° 8.

Monnaies

M. le Dr P. Soubiran possède plusieurs monnaies romaines dont la plupart proviendraient de découvertes faites à Bazas. Elles n’ont jamais fait l’objet d’une publication.

(À suivre)

Notes

  1. Les numéros entourés d’un cercle renvoient au plan hors-texte, sur lequel sont indiqués approximativement le lieu des découvertes ou l’emplacement actuel de l’objet étudié.
  2. “Richesses archéologiques du Bazadais” dans Les Cahiers du Bazadais, n° 11, décembre 1966, p. 11-12.
  3. Cette photographie, ainsi que celles qui illustrent les Cahiers du Bazadais, sont dues au talent de M. Pierre Bardou, photographe du C.R.D.P., auquel nous tenons à adresser ici nos plus vifs remerciements.
Rechercher
Pessac
Chapitre de livre
EAN html : 9782356136572
ISBN html : 978-2-35613-657-2
ISBN pdf : 978-2-35613-658-9
Volume : 4
ISSN : 2827-1912
Posté le 15/11/2025
16 p.
Code CLIL : 3385
licence CC by SA
Licence ouverte Etalab

Comment citer

Marquette, Jean Bernard, “Richesses archéologiques du Bazadais (10e partie)”, in : Boutoulle, F., Tanneur, A., Vincent Guionneau, S., coord., Jean Bernard Marquette : historien de la Haute Lande, vol. 2, Pessac, Ausonius éditions, collection B@sic 4, 2025, 1113-1128. [URL] https://una-editions.fr/richesses-archeologiques-du-bazadais-10
Illustration de couverture • D’après Villandraut : ruine de la tour située à l’angle sud-est de l’ancienne collégiale
(dessin, 1re moitié du XIXe siècle. Arch. dép. Gironde 162 T 4).
Retour en haut