Paru dans : Les Cahiers du Bazadais, 7, 1964, 1-9.
Canton de Langon (suite)
Langon (suite)
Époque Gallo-Romaine (fin)
Découvertes du Haut-Langon : vers 1890
E. Féret est le seul à les mentionner avec sa concision accoutumée : “Débris gallo-romains consistant en médailles trouvées sur plusieurs points du haut-Langon entr’autre chez M. Goua, en briques à rebords et autres restes de construction”. Nous n’avons pu, malgré un entretien avec M. Goua, descendant du contemporain d’Édouard Féret, retrouver le site en question. M. Goua nous a déclaré n’avoir jamais entendu parler de telles découvertes et n’avoir, pour sa part, jamais rencontré de vestiges gallo-romains dans ses propriétés. Le problème reste donc entier.
Féret (E.). – Essai sur l’arrondissement de Bazas, 1893, p. 40.
Trésor de la maison Castelnau : 19 août 1822
Époque Carolingienne
Cette découverte de premier ordre était, jusqu’à ce jour, restée presque inaperçue. Le dossier qui la concerne, constitué surtout par les Notes de Me Lafargue, est suffisamment complexe pour que nous ayons cru devoir le reproduire en entier, en donnant un numéro d’ordre aux différentes pièces.
La première mention est une Note sur l’année 816, que Me Lafargue a insérée au tome V de ses cahiers (p. 71) :
a) Le 19 août 1822, en creusant un fondement dans l’ancienne maison Castelnau, à la Porte Neuve, on trouva un grand vase de terre que la pioche brisa et dont on n’a pu constater la forme. Il contenait huit livres et demie pesant de pièces d’un alliage cuivreux, blanchi en argent. Sur un côté, on voyait une espèce de porte d’église avec l’exergue : RELIGIO CHRISTIANA. Sur l’autre, était une croix à branches égales, avec l’exergue : LVDOVVICVS IMP. Louis le Pieux ou le Débonnaire est le seul de ce nom qui ait été réellement empereur d’Allemagne par succession de Charlemagne”.
b) Me Lafargue revient plus loin sur cette découverte (p. 79) sous la rubrique : “19 août 1822”.
“Dans les fondemens de la maison provenant de la famille Castelnau, à la Porte Neuve, appartenante actuelement à la demoiselle Lamarosse, ont été trouvées huit à neuf livres pesant de pièces au même type, de cuivre blanchi, qui toutes portaient en exergue d’un côté :
+ LUDOVVICVS IMP.
de l’autre :
RELIGIO XRISTIANA
et un dessin en forme de porche d’église.
“Notons que le mot Ludovicus est inscrit ainsi LVDOVVICVS, car en Allemagne, où peut-être cette fonte a eu lieu, l’‘i’ simple signifie ‘e’ et pour rendre notre prononciation on emploie le W, et que X équivalait à CH. Parmi ces pièces s’en est trouvée une au moins où on lit en exergue CARLVS REX R. Celle-là ne saurait être de Charles II ou le Chauve puisqu’il ne fut pas reconnu empereur comme son père, qui, malgré ses revers, ne manqua pas d’en prendre le titre. Si donc cette pièce ne porte que la qualité de Rex, on doit la rapporter à son grand-père, à Charles premier le Grand ou Charlemagne avant sa promotion à l’empire c’est à dire en 800”.
Me Lafargue ajoute qu’en 818 il y eut des pillages en Bordelais puis précise :
Un mur de clôture avait été bâti sur le vase qui le recelait, mais, vers 3 pouces au-dessus, un mur plus fort devait être fondé ; on est parvenu jusqu’à cette cachette inattendue. Au revers de cette seconde pièce on lit : METVLLO”.
Sans doute le notaire langonnais fit-il part de cette découverte à F. Jouannet qui, dans le numéro du 27 août 1822 du Mémorial Bordelais, y consacra l’article que voici :
c) “Le 19 du courant, à deux pas des vieux murs de Langon et de l’autre côté de la grande route de Bazas, on a rencontré en creusant des fondemens, un vase où il s’est trouvé près de neuf livres pesant d’oboles d’argent. Toutes ces pièces sont du règne de Louis le Débonnaire. D’un côté, entre deux grenetis on lit ces mots : HLVDOVVICUS IMP. Une croix barrée aux quatre extrémités occupe le milieu de la pièce. Au revers, c’est le frontispice d’une église avec deux petites croix pattées, l’une au centre de l’édifice et l’autre au sommet du fronton : on lit à l’entour : XRISTIANA RELIGIO. Les oboles de Louis le Débonnaire sont bien connues, mais celles-ci offrent une particularité remarquable. Elles sont de deux dates différentes : les plus anciennes, plus usées, sensiblement plus petites, d’une fabrique plus barbare, puisqu’il manque même quelques lettres, sont d’argent pur ; les autres, beaucoup mieux traitées, encore à fleur de coin, plus grandes et plus pesantes, sont à un moindre titre. Ainsi, paraît se confirmer une conjecture du savant Boutroue, qui, raisonnant d’après quelques essais, présumait que Louis le Débonnaire, sur la fin de son règne avait augmenté d’un dixième le poids du denier et diminué le titre d’un dixième. Il ne fallut plus que 216 deniers pour faire la livre, avant il en fallait 240. S’il faut attribuer à la peur plutôt qu’à l’avarice le dépôt que l’on vient de découvrir, on pourrait conjecturer que ces pièces furent cachées vers la fin du règne auquel elles appartiennent, lorsque la révolte du gouverneur de l’Aquitaine força Louis le Débonnaire d’envoyer dans la province une armée qui dit-on, vint camper à Barsac et Preignac, communes voisines de Langon”.
Cet article présentait aux yeux de Me Lafargue de nombreuses erreurs. Il écrit à ce propos (p. 80-81) :
d) “On a assuré que ces pièces étaient des oboles d’argent ; elles sont en cuivre, qu’il y en avait de deux espèces, en les laissant croire sous le nom de Louis I et l’une plus petite que l’autre ; ce ne doit se dire que de celles de Charlemagne qui est plus petite que celle de son fils ; on a dit qu’elles valaient les 216e de la livre d’argent, on s’est étayé en cela de Bouteroue qui a écrit sur les monnaies de France”.
Il dut aussi faire part de ses critiques à F. Jouannet, puisque celui-ci lui écrivit une lettre dont voici le texte (p. 81) :
e) “Vos pièces de Louis le Débonnaire me parvinrent dans le temps, et le lendemain je fis insérer dans le Mémorial un petit article, vous avez pu le voir. Vous avez bien vu les légendes, hors le LVDOVVICVS (je l’avais écrit avec un seul V) et vous ne vous étiez nullement trompé en l’attribuant au fils de Charlemagne. D’un côté la croix barrée aux extrémités, entre quatre points grenelés à l’entour, et pour l’exergue LVDOVVICVS IMP., la croix avant le nom. Revers : Le fronton d’une église et à l’entour XRISTIANA RELIGIO. Cette pièce est de moindre aloi et la mieux frappée. L’autre d’argent pur et plus petite et légère est de fabrique plus barbare, l’abrégé IMP. est inscrit IIP et au mot XRISTIANA le premier A manque. Il est à remarquer que vers la fin de son règne Louis augmenta le poids du denier d’1/10 et diminua d’autant le titre. C’est une rencontre heureuse d’avoir trouvé à Langon la confirmation de cette observation de Boutroue. Le Charlemagne avec le revers METVLLO est bonne, surtout en petit module. On ne les trouve guère qu’en denier. Les pièces de Louis le Débonnaire sont des oboles ou des demi-deniers”.
À la suite de cette missive, Me Lafargue a enfin reproduit une note de M. Dumoulin, alors procureur du Roi à La Réole, et dans laquelle on peut lire (p. 89-90) :
f) “La première de ces deux pièces de monnoye remises à M. le Curé Desarnauds par M. Lafargue une + CARLUS REX R. La lettre F avant R se trouve omise par défaut de fabrication, car on ne pense pas qu’on doive lire Rex Romanorum ; ce titre ne se trouve pas mentionné par M. Le Blanc qui n’aurait pas manqué d’en parler s’il l’avait vu quelque part. Il ne cite que celui-ci de “Rex Francorum” et celui de “Rex Longobardorum” ou bien “Imperator” mais non pas “Rex Romanorum”. Et en tout cas s’il fallait prendre REX R. tel qu’il est écrit serait au moins rare.
R
Au revers le monogramme de CARLVS C ♦ S + METVLLO.
L
C’est un denier d’argent de 12 pour un sou d’argent, les 20 sous formant une livre ou 12 marcs. On se range volontiers de l’avis de M. Lafargue qui attribue cette pièce de monnoye à Charlemagne. On ne serait pas étonné de la voir attribuée à Charles le Chauve.
“La deuxième pièce, une croix + LVDOVVIVS IMP. + ; au revers le frontispice d’une église, XPISTIANA RELIGIO. On a déjà reçu deux autres pièces trouvées à Langon où il y a HLVDOVVICVS. On pense que cette deuxième pièce ne peut être attribuée qu’à Louis le Débonnaire.
On annonça dans le Mémorial bordelais qu’il avait été trouvé à Langon 9 livres pesant d’oboles d’argent toutes avec l’inscription HLVDOVVICVS IMP. et au revers XRISTIANA RELIGIO. Voilà cependant deux pièces qui attestent l’inexactitude de cette attestation. On pourrait bien en trouver d’autres types dans un grand nombre de celles qui forment cette masse de neuf livres pesant. On a dit que ce trésor avait été enfoui lors des troubles de l’Aquitaine sous le règne de Louis le Débonnaire, mais s’il s’en trouvait de postérieures, pourquoi ne pas attribuer l’époque de ce dépôt à la descente des Normands dans l’Aquitaine vers 840”.
Les dernières notes de Me Lafargue concernant cette découverte sont plus brèves. Il écrit ainsi (p. 91) :
g) “Ces monnaies étaient enfouies non loin des ruines de la Tour de Mons dans l’enceinte qu’elle occupait jadis au moins dans les dépendances”.
Il ajoute plus loin (p. 246) :
h) “Vis à vis la Porte Neuve qui fait prolongement de la rue de la Marine, à 10 mètres du mur, d’est en ouest, dans la maison actuellement Buisson, furent trouvées les monnaies de Débonnaire et de Carlus Imperator, ce qui semble indiquer le grand établissement militaire formé de tous les emplacemens qui sont depuis la Porte Neuve jusqu’au Canton, et même au-delà de la route royale”.
Notons enfin que Me Lafargue a joint à ses Notes deux empreintes de monnaies, l’une au type HLVDOVVICVS, l’autre au type CARLVS ; celle-ci est malheureusement assez médiocre.
Pour compléter ce dossier il faudrait encore signaler deux mentions. La première se trouve dans le rapport adressé encore par Me Lafargue à la Commission des Monuments historiques :
i) “De l’autre côté de la route du midi, se trouvèrent naguère des pièces de Carlus et de Louis son fils empereur”.
La seconde est contenue dans l’ouvrage de l’abbé Lacave :
j) “Ils (les archéologues) trouvèrent encore un vase renfermant huit ou neuf livres d’oboles frappées sous le règne de Louis le Débonnaire, avec cette légende : HLVDOVVICVS IMP. Ces pièces portent une croix et, au revers, un frontispice d’église et d’autres petites croix”.
Signalons enfin que M. J. Lafaurie a, dans l’ouvrage de M. Higounet, Bordeaux pendant le Haut Moyen Âge, fait mention du trésor de Langon, dans son inventaire des trouvailles de monnaies du IXe au XIIe siècle dans le département de la Gironde.
De ces renseignements parfois contradictoires et souvent assez confus, quelles conclusions peut-on tirer ? Remarquons d’abord qu’il n’y a aucun doute sur la date de la découverte, qui a eu lieu le 19 août 1822, et sur son emplacement, maison Castelnau. Ce bâtiment, nous dit Me Lafargue, se trouvait “à la Porte Neuve” (a, b), “non loin des ruines de la Tour de Mons, dans l’enceinte qu’elle occupait jadis au moins dans les dépendances” (g), “vis à vis de la Porte Neuve qui fait prolongement de la rue de la Marine, à 10 mètres du mur d’est en ouest” (h), “de l’autre côté de la route” (i). F. Jouannet précise : “de l’autre côté de la grand’route de Bazas” (c). Ces indications, à quelques détails près concordent, et l’immeuble Castelnau puis Lamarosse et enfin Buisson (a, b, h), se trouvait donc hors les murs de la vieille ville, sans doute sur l’emplacement des numéros 29-31 du cour des Fossés. (Voir plan numéro précédent, p. 6).
Il n’est pas sans intérêt de signaler que ce trésor se trouvait donc à une faible distance du trésor gallo-romain trouvé en 1788.
Les conditions dans lesquelles eut lieu la découverte sont elles aussi assez claires. C’est en creusant des fondements (a, b, c) pour construire un mur qu’on trouva le trésor ; mais sa situation exacte est assez difficile à préciser : “Dans l’ancienne maison Castelnau” (a), “dans les fondements de la maison provenant de la famille Castelnau” (b), nous dit Me Lafargue. Il ajoute que la cachette se trouvait sous un mur de clôture (b) dont il est impossible de dire s’il était contemporain ou postérieur au dépôt. Quant à la hauteur de 3 pouces (7 cm) on ne sait si elle se rapporte exactement à la profondeur à laquelle le trésor était enfoui (b). Il était contenu dans un vase en terre (a, c, j) qui fut malheureusement brisé par la pioche et dont on ne put ainsi reconnaître la forme (a). Il y avait dedans entre 8 et 9 livres de pièces (a, b, c, f, j), soit entre 3,2 kg et 3,6 kg. Ce qu’elles devinrent après la découverte nous l’ignorons au juste, mais elles furent vraisemblablement dispersées à la façon de souvenirs. Me Lafargue en conserva sans doute plusieurs, mais il ne parle que de deux ou trois et M. Dumoulin en cite d’autres (f) dont il eut connaissance par ailleurs. Il n’y a pratiquement aucun espoir d’en retrouver aucune. C’est dans la description du contenu du trésor que les renseignements manquent le plus de précision, quand ils ne sont pas contradictoires. Contrairement à ce qu’affirme d’abord F. Jouannet dans son article du Mémorial (c), il est certain que toutes les monnaies n’étaient pas au même type, “une au moins” (b) différant totalement des autres. Sans prétendre élucider ici un problème, où seul un spécialiste pourra avancer des conclusions, il semble possible cependant de préciser quelques points :
Monnaies à la légende CARLUS REX et à la croix.
Atelier de Melle (Poitou).
Elle est mentionnée par Me Lafargue (b, d, h, i) dans la lettre de F. Jouannet (e) et surtout dans la notice de M. Dumoulin qui en donne une bonne description. Me Lafargue en a fait une empreinte de médiocre qualité. En combinant ces renseignements on peut rétablir la description suivante :
A :
+ CARLVS REX R
(F omis avant R)
Entre deux grenetis. Croix.
R :
+ METVLLO
Entre deux grenetis.
Monogramme de Carolus.
Il existe, d’autre part, de sérieuses divergences entre Me Lafargue et F. Jouannet sur la nature du métal et le type de monnaie. Me Lafargue prétend en effet que toutes les pièces du trésor étaient faites “d’un alliage cuivreux blanchi en argent” (a) ou de “cuivre blanchi” (b) et s’inscrit en faux contre F. Jouannet (d) qui déclare que toutes les monnaies étaient en argent (c, e). M. Dumoulin, dont l’étude est la plus sérieuse, est, quant à lui, formel : la pièce à la légende CARLVS est en argent et il est probable que c’est lui qui ait raison. Me Lafargue a été probablement induit en erreur par l’état de la pièce et peut-être le souvenir du trésor du IIIe siècle, en alliage médiocre.
On ne sait que penser d’autre part de l’expression de F. Jouannet qui déclare cette pièce de “petit module” (e) et qui précise “on ne la trouve guère qu’en dernier”. Veut-il dire par là qu’il s’agit d’une obole ? Tel n’est pas l’avis de M. Dumoulin qui y voit une pièce d’un denier (h). Là encore il faudrait pour trancher le débat avoir sous les yeux l’objet du litige et peser la pièce, car l’empreinte, d’ailleurs médiocre, que nous en avons, est loin d’être un élément suffisant pour en juger.
Quant à l’attribution chronologique elle présente encore plus de difficultés. Me Lafargue (b, d, i) et F. Jouannet (e) pensent qu’on peut attribuer cette pièce à Charlemagne († 814), mais M. Dumoulin, avec prudence, ne croit pas impossible d’en faire une monnaie de son petit-fils, Charles le Chauve (840-877). C’est à cet avis que nous nous rangeons.
Monnaies à la légende LVDOVVICUS IMP.,
et XRISTIANA RELIGIO.
Type à la croix et au temple.
La plus grande partie des pièces appartenait cependant au type ci-dessus mais avec de nombreuses variantes. Me Lafargue rapporte au début tous les exemplaires à un même type (a, b) mais F. Jouannet en distingue deux variantes dans le module, le type et la légende (c). Me Lafargue le conteste (d), mais F. Jouannet y revient ensuite (e) et M. Dumoulin insiste sur les variétés (f) de légende. Nous ignorons malheureusement combien d’exemplaires Me Lafargue conservait dans sa collection. Mais il est certain qu’il en avait plusieurs. Il ne nous a laissé cependant qu’une seule empreinte, d’assez bonne qualité d’ailleurs, avec la variante H (?) initiale. S’il envoya plusieurs exemplaires à F. Jouannet, il en a adressé un seul à M. Dumoulin, par l’intermédiaire de l’abbé Désarnauds. Voici la description de la pièce dont l’impression est conservée dans les Notes de Me Lafargue :
A :
HLVDOVVICVS IMP.
Entre deux grenetis.
Croix pâtée cantonnée de quatre globules.
R :
XPISTIANA RELIGIO
Temple tétrastyle sous deux degrés.
Le fronton triangulaire surmonté d’une croix ;
au centre du temple, une croix, grenetis au pourtour.
Il existait aussi des exemplaires avec les variantes suivantes :
- IIP au lieu de IMP et premier A de XPISTIANA manquant (e) signalé par F. Jouannet.
- LVDOVVIVS – C manquant (f).
- HLVDOVVICVS – H initial (f).
signalées par M. Dumoulin. (Cet exemplaire provenant d’une collection différente de celle de Me Lafargue.)
Autant que pour la monnaie au type CARLVS REX il se pose ici de nombreux problèmes. Il n’est pas nécessaire de reprendre la controverse qui a opposé Me Lafargue et F. Jouannet, le premier soutenant que les pièces du trésor n’étaient faites que d’un alliage (a, b, d), le second déclarant qu’elles étaient en argent (c, e). Mais F. Jouannet, outre les variétés de légende, a distingué deux types de monnaies différant par leur module et leur titre, bien qu’il les considère toutes comme des oboles (c). La première catégorie serait constituée de pièces petites, de fabrique grossière, avec lettres manquantes, mais d’argent pur ; la seconde, de pièces d’un module plus grand, à fleur de coin, bien dessinées, de moindre titre, mais plus lourdes (c).
Dans la lettre qu’il écrivit à Me Lafargue il revient sur cette distinction. Il y décrit une pièce bien frappée et de moindre aloi qui appartient à la seconde catégorie, et une autre plus petite, plus légère, plus barbare, avec la variante IIP et dont nous avons parlé (c). M. Dumoulin, pour sa part, ne fait mention que de deux variantes de légende, mais Me Lafargue ne lui avait transmis avons-nous vu, qu’un seul exemplaire.
S’il paraît peu probable que les pièces étaient toutes des oboles, comme le pense F. Jouannet, il est possible qu’il y en ait eu. Ne pourrait-on pas alors les identifier avec les pièces de module plus petit dont il parle, plutôt que de faire intervenir une réforme monétaire de Louis le Pieux ? Comme pour la monnaie au type CARLVS, il faudrait avoir les objets du litige pour trancher. Nous en laissons dans ces conditions, le soin aux spécialistes. Il est très vraisemblable, par contre, que ces monnaies datent du règne de Louis Ier le Pieux ou le Débonnaire (814-840).
Il resterait enfin à préciser dans quelles circonstances le trésor a été enfoui. Le problème est en général résolu par l’inventaire des pièces constituant le trésor. Celui-ci manquant, on ne peut qu’avancer quelques dates, celles d’invasions ou de troubles attestés par des chroniques. Il est très probable dans ces conditions que l’enfouissement du trésor ait eu lieu lors des troubles ayant marqué le règne de Louis le Pieux, ou à la suite de invasions normandes du milieu du IXe siècle.
Archives municipales de Langon : Me Lafargue, Notes manuscrites, t. V, p. 71, 79, 81, 89-90-91, 246.
Arch. dép. Gironde : 157 T2B et 161 T2, Reg., p. 37, rapport n° 26.
Le Mémorial bordelais, n° 3617, du 27 août 1822.
Lacave (Abbé). – Histoire de Langon, 1903, p. 148-149.
Higounet (C.). – Bordeaux pendant le Haut Moyen Âge, 1963. Appendice second, J. Lafarie : La Monnaie bordelaise pendant le Haut Moyen Âge, p. 318.
(À suivre)