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Richesses archéologiques du Bazadais
(7e partie)


Paru dans : Les Cahiers du Bazadais, 9, 1965, 1-22

Canton de Langon (suite)

Léogeats

Protohistoire

Tumulus de Lamothe

C’est pour la première fois en 1954 qu’a été révélée, par M. Cadis, l’existence de ce tumulus. Au cours d’une excursion faite en sa compagnie en 1959, nous avons pu localiser son emplacement avec précision (fig. 1).

Il faut, pour y accéder, gagner d’abord le hameau de Prat, situé sur la R. D. 114, allant de Villandraut à Budos, à l’embranchement du V. O. allant vers La Saubotte. Entre le hameau de Prat et celui de Laulan plus au nord, un chemin de terre mène, à droite, à la ferme de La Fontaine de Laulan (une fontaine aménagée, non loin de la route, peut servir de repère). Face à la maison d’habitation, vers l’est se trouve une vaste prairie que l’on traverse en diagonale vers le nord-est, pour parvenir au tumulus de Lamothe situé à l’orée d’un bois. Ce tumulus (Plan cadastral : section A 2, N° 488), de forme hémisphérique très aplatie, haut de 3 m environ, a un diamètre approximatif de 20 m.

Fig. 1.

Cadis (L) : “Le Bazadais préhistorique, celtique, gallo-romain et mérovingien”, dans Bulletin de la Société préhistorique française, t. LI, fasc. 9-10, novembre 1954, p. 397 (carte).
Le tumulus y est désigné sous le nom de tumulus de Prisut.
J. B. Marquette : “Le peuplement du Bazadais méridional de la préhistoire à la conquête romaine” dans Revue historique de Bordeaux t. IX, avril-septembre 1960, p. 113 (carte) et dans Actes du XIIIe Congrès d’études régionales, p. 23.
C’est par erreur que nous avons dans cet article rapporté ce tumulus à la commune de Noaillan.

Époque Gallo-Romaine

Villa de Cameillac

Cameillac, ancienne paroisse placée sous le patronage de Saint-Laurent, n’est plus aujourd’hui qu’un simple lieu-dit de la commune de Léogeats, situé sur le bord du chemin vicinal reliant le bourg de Léogeats au carrefour de la Saubotte. Il n’est pas douteux cependant qu’il y ait là, sous une maison ruinée entourée de prairies, une villa gallo-romaine. Bien que depuis plus d’un siècle déjà elle ait beaucoup fait parler d’elle, elle attend encore une fouille systématique. C’est cette histoire que nous voudrions présenter ici, en même temps que le résultat de nos propres recherches.

Les découvertes du XIXe siècle

C’est dans la Statistique du Département de la Gironde de F. Jouannet, datant de 1837, que nous avons trouvé pour la première fois mentionnée la villa de Cameillac. Au chapitre des Antiquités et Monuments il signale la “villa de Camillac à Léogeats”, et dans l’étude consacrée aux communes il déclare : “Dans la plaine, au lieu de Camaillac, nous avons reconnu des restes de construction antique et une mosaïque gallo-romaine”. P. J. O’Reilly dans son Essai sur l’arrondissement de Bazas, publié en 1840, se contente de reprendre cette notice. La même année, la commission des monuments historiques de la Gironde ouvrait le dossier de Cameillac, un des plus importants et des plus navrants dont elle eut à débattre. Lors de sa séance du 1er août 1840, la commission prit en effet connaissance d’une lettre de Me Virac, notaire à Sauternes, dans laquelle il signalait “l’existence de mosaïques à Cameillac, avec un aqueduc” (159 T1). Il fut alors décidé d’envoyer sur place deux membres de la commission MM. Rabanis et Duphot. Me Lafargue, notaire à Langon déclarait de son côté “qu’au lieu de Cameillac, à Léogeats, on trouve des mosaïques presque semblables à celles de Toulenne” (157 T2 B et 161 T2 rapport N° 26). Au tome V de ses notes, le notaire langonnais apporte d’autre part quelques précisions complémentaires : “C’est au bord du Ciron que se trouve une métairie qui se nomme encore Cameillac ou La Hargue… se trouvent des débris d’albâtre travaillé, production d’un sol étranger et lointain à Cameillac… se trouve aussi une grande étendue de pavé mosaïque, dessiné avec entente, semblable par la forme des cubes et leur couleur à ceux trouvés à Toulenne”.

C’est munis cependant des seuls renseignements fournis par Me Virac que les deux membres désignés par la commission se rendirent à Léogeats au mois de septembre et établirent le rapport ci-dessous qui fut présenté par M. Rabanis :

“Les ruines romaines de Cameillac, commune de Léogeats, que nous devions visiter M. Duphot et moi, d’après le vœu de la commission, ne consistent plus aujourd’hui qu’en un fragment de mosaïque de 3 mètres 50 centimètres de long sur 1 mètre 50 centimètres de large, qui se trouve sur le terrain et devant la maison d’un particulier, et 40 centimètres au-dessous du sol actuel. Les constructions auxquelles ce fragment appartenait, auraient occupé une vaste surface, d’après la tradition locale, fondée sur des découvertes faites en divers tems. Mais, les sondages opérés en ma présence sur divers points de la prairie qui occupe l’aire présumée des anciens bâtiments, n’ont mis à découvert que des parties de fondations, dont l’âge ne saurait être exactement déterminé, et je n’ai pu retrouver le prolongement de la mosaïque. Les habitants m’ont assuré qu’au moment de la fenaison, c’est-à-dire lorsque l’herbe des prairies a atteint sa plus grande hauteur, il est facile de reconnaître et de suivre les diverses lignes de constructions antiques à cause de la différence de teinte et de hauteur que présente la végétation qui croit sur le tracé des anciens fondements. Mais, comme il est évident que ce terrain a été souvent remué et que des bâtimens de diverses époques s’y sont succédés, ces indications seraient tout à fait suspectes par rapport au monument primitif. Quant au canal pratiqué sous la mosaïque on doit croire, d’après la nature et la disposition du terrain, qu’il n’était destiné qu’à l’écoulement des eaux et à l’assainissement du local ; du reste, les fouilles ont donné une grande quantité de tuiles romaines et quelques fragments de sculpture en marbre.

Fig. 2. Plan cadastral de Cameillac

Le fragment de mosaïque dont il s’agit est supporté par une couche de ciment de 35 centimètres d’épaisseur. Il présente la moitié d’un grand compartiment, entouré d’une bordure à torsades et qui est divisé lui-même en trois compartiments parallèles, mais de dimensions inégales et de dessins différens. Les deux extrêmes sont carrés et offrent des losanges croisés. Celui du milieu plus élevé que les deux autres est terminé dans sa partie supérieure par une ligne légèrement cintrée en forme de portail, et représente un arbuste, peut-être un cep de vigne, dont les feuilles sont traitées avec une précision remarquable.

La mosaïque de Cameillac se distingue de celles qui ont été trouvées jusqu’à ce jour dans la Gironde, et en particulier de celles d’Hure, par la petitesse des cubes et par le fini du travail. Les couleurs actuellement apparentes sont le blanc, le rouge, le noir. Les cubes de couleur blanche paraissent…” (161 T2, rapport N° 5).

L’intérêt de ce rapport eût sans doute beaucoup gagné, s’il avait été accompagné d’un relevé. Nous n’en avons trouvé aucune mention. Un certain nombre de points méritent cependant d’être, dès maintenant, soulignés.

La mosaïque décrite se trouvait exactement devant le seuil de la maison d’habitation actuelle, ce qui a été plus tard confirmé par E. Piganeau. Le problème du “canal” ou “aqueduc” nous laisse assez perplexes. Les fouilles que nous avons effectuées nous amènent plutôt à penser qu’il s’agit d’une conduite d’hypocauste. La tradition locale concernant les variations de pousse de végétation est parfaitement exacte. De nos jours, le phénomène est visible surtout au mois de septembre après un été sec, comme ce fut le cas en 1962. L’abondance de tuiles et même la présence de fragments de sculpture ont été eux aussi confirmés par la suite. Il est certain aussi qu’avant 1840 des fouilles, plus ou moins nombreuses, certainement faites par des curieux, ont eu lieu et que MM. Rabanis et Duphot ont eux-mêmes procédé à des sondages. Il ne reste malheureusement rien, à notre connaissance, de toutes ces fouilles. La reconstitution de la mosaïque, et une étude comparative avec les mosaïques actuellement connues en Gaule ne serait pas, enfin, sans intérêt et permettrait peut-être d’assigner une date approximative à la villa ou, du moins, à une de ses parties.

À la fin de son rapport, M. Rabanis déclarait en outre, à propos des mosaïques : “Ce débris qui offre un véritable intérêt sous le rapport de l’art disparaîtra probablement bientôt, à moins que la commission n’en ordonne l’acquisition et le dépôt dans le Musée qu’elle a le dessein de former”. Il ajoutait que le Maire de Léogeats et Me Virac, qui avaient assisté aux fouilles qu’il avait entreprises, avaient promis de faire des démarches auprès des propriétaires et de prendre toutes précautions pour le transport. Il terminait enfin, en demandant à la commission de procéder à l’achat de la mosaïque. Cette question fut examinée lors de la séance du 26 septembre 1840. Dans une lettre en date du 22 octobre, Me Virac était informé de la décision favorable qui avait été prise. La commission lui demandait donc de bien vouloir se mettre en rapport avec le propriétaire et de s’enquérir du prix qu’il exigerait en espérant que ce prix pourrait s’accorder avec les ressources de la commission (158 T1, N° 58). D’après la réponse fournie le 30 octobre par Me Virac la somme demandée par le propriétaire était de 100 francs. Lors de sa réunion du 26 novembre la commission, après avoir accepté la proposition, décida qu’un architecte se rendrait sur place pour résoudre le problème de l’enlèvement et du transport des mosaïques à Bordeaux et, qu’en attendant, Me Virac en assurerait la conservation, ce qui lui fut notifié le 12 décembre (159 T1 et 158 T1 N° 88).

La modicité des ressources dont disposait la commission ne lui permit de procéder ni à l’achat, ni à l’enlèvement de la mosaïque. Aussi décida-t-elle, dans sa séance du 7 juillet 1841, de faire appel au Maire de Bordeaux (159 T1). Dans la lettre qu’elle lui adressa le 13 septembre, elle l’invitait donc à acquérir la mosaïque de Cameillac et à la faire déposer au Musée de la ville. Elle le priait, en outre, de bien vouloir charger des opérations pratiques M. Jouannet, alors conservateur du Musée de Bordeaux (158 T1 N° 165). Bien que nous en ignorions les détails, cette démarche fut positive. Le 12 novembre Me Virac était en effet informé par la commission que M. Jouannet avait reçu du Maire de Bordeaux l’autorisation d’acheter pour la somme de 100 francs la mosaïque de Cameillac et de la faire enlever. Elle lui demandait en outre de bien vouloir indiquer à L. Jouannet les mesures qu’il y avait à prendre pour effectuer cette dernière opération (158 T1 N° 180). Un rapport sur ces démarches fut d’ailleurs publié dans les comptes rendus de la commission de 1841. Notons enfin que le 20 août la mosaïque de Cameillac avait été inscrite comme monument historique de première classe sur la liste départementale établie par la commission et adressée au Préfet (158 T1 N° 144).

Il semble que, malgré toutes ces décisions, rien ne fut fait en 1842. Il ne faut pas croire en particulier F. Leroy, secrétaire de la commission, lorsqu’il écrit à M. de Caumont, le 22 juin, une lettre publiée dans les Actes de l’Académie de Bordeaux, où l’on peut lire : “La mosaïque de Cameillac vient d’être achetée par la ville de Bordeaux et on en opère le transfert en ce moment”. Ce problème revint en effet devant la commission lors de la séance du 21 décembre 1842. Me Virac l’informait en effet que la propriétaire de la mosaïque, Mme Vve Latrille, désirait disposer de l’emplacement. M. Jouannet, qui avait été chargé de l’enlèvement de concert avec M. Durand, donna alors des explications sur le retard qui s’était produit, mais nous ignorons au juste lesquelles (159 T1).

On demanda seulement le même jour au propriétaire de bien vouloir accorder un délai supplémentaire jusqu’à la belle saison (158 T2 N° 91) ce dont Me Virac fut informé le 6 janvier 1843 (158 T2 N° 106).

C’est le 5 avril 1843 que le problème des mosaïques de Cameillac fut remis à l’ordre du jour, sur l’intervention du secrétaire de la commission. Celle-ci décida qu’il était urgent de terminer l’affaire, et le 8 avril, elle écrivait à M. Durand pour lui demander quelles dispositions il avait prises pour l’enlèvement et le transport (159 T1 et 158 T2 N° 171). La réponse qu’il fit était des plus curieuses : “J’avais cru, dit-il, que la mission relative au transport de la mosaïque au sujet de laquelle vous m’avez fait l’honneur de m’écrire m’était commune avec notre honorable collègue, M. Jouannet. En conséquence, je me suis concerté avec lui, j’ai choisi un ouvrier intelligent auquel j’ai donné les instructions en mon pouvoir, et je l’ai mis à la disposition de M. Jouannet qui a bien voulu se charger de compléter ce qu’il manquait encore pour qu’il s’acquittât convenablement de sa tâche. Là finit ce que je sais de cette affaire sur laquelle notre collègue vous donnera probablement des détails plus étendus”. Cette missive fut adressée le 20 avril à M Jouannet avec la mention suivante : “Il résulterait de la réponse de M. Durand que c’est vous que cette affaire concerne en ce moment” (158 T2 N° 177). Ce chassé-croisé n’était pas encore terminé, puisque le 3 mai la commission était informée, par M. Jouannet, qu’à la suite d’une conversation avec M. Durand ils avaient convenu que ce serait ce dernier seul qui s’occuperait de la mosaïque de Cameillac (159 T1). La querelle de ces deux personnages ne présenterait aucune sorte d’intérêt si elle n’avait eu pour effet de livrer la mosaïque à l’abandon. Me Virac, scandalisé sans doute par l’attitude des deux archéologues préoccupés avant tout de leurs susceptibilités et beaucoup moins d’archéologie intervint, en personne, à la séance de la commission du 4 octobre. “Me Virac correspondant a la parole. Il fait connaitre l’état de la mosaïque de Cameillac à Léogeats, acquise depuis longtemps par la commission et qui, contre son vœu, n’a pas encore été transportée à Bordeaux. Cette mosaïque, mise à découvert, a considérablement souffert par suite des pluies de l’hiver qui l’ont souvent couverte. Aujourd’hui les cubes se détachent sans le moindre effort”. Il n’est pas question, dans le compte rendu de la séance, des motifs pour lesquels M. Durand n’avait rien fait durant l’été 1843. Sans doute la commission jugea-t-elle qu’il n’en ferait guère davantage l’année suivante, pas plus d’ailleurs que M. Jouannet, aussi confia-t-elle à Me Virac le soin de faire enlever et transporter la mosaïque (159 T1). Il semble qu’il y ait eu une certaine lenteur dans le déroulement des travaux puisque, lors de la séance du 17 juillet 1844, M. Grellet-Balguerie demandait des renseignements sur la mosaïque de Léogeats “qu’on n’a pas encore enlevée depuis deux ans” (159 T1).

Il est probable cependant que c’est au printemps ou durant l’été 1844 que Me Virac s’occupa de l’enlèvement de la mosaïque. Le 12 août, la commission accusait, en effet, réception de travaux adressés par Me Virac dont une “notice relative à une nouvelle mosaïque à Cameillac” (158 T3 N° 48). Dans les comptes rendus imprimés la même année, on trouve des renseignements qui doivent se rapporter à cette mosaïque. “Une nouvelle découverte de mosaïque à Cameillac a été signalée par Me Virac : à côte de celles déjà connues. Les fouilles exécutées au mois d’avril dernier en ont fait connaitre de nouvelles dont les dessins sont aussi beaux, les couleurs aussi vives et la superficie bien plus considérable ; un de ces derniers fragments compose le parquet complet d’une petite chambre ayant trois mètres sur chaque côté”. Peut-être Me Virac avait-il fourni, en même temps, des précisions sur les opérations de l’enlèvement de la première mosaïque, mais il faut attendre 1864 pour avoir là-dessus quelques renseignements. Notons cependant, que conformément au vœu formulé en 1841, la mosaïque de Cameillac figurait sur la liste des monuments historiques de la Gironde, en date du 14 août 1845.

C’est donc seulement à la séance de la commission du 7 octobre 1864, à laquelle il assistait, que Me Virac rappela la découverte faite jadis à Cameillac, d’un fragment de mosaïque :

“Sur la proposition de la commission, nous dit le compte rendu, le Maire de Bordeaux acquit cette mosaïque, moyennant une somme de 100 francs que Me Virac fut chargé de remettre au propriétaire. La mosaïque payée, des ouvriers furent envoyés pour l’enlever. Me Virac dut faire suspendre le travail, entrepris de telle façon que la destruction de ce fragment antique en eût été la conséquence. Les ouvriers ne revinrent pas et la mosaïque a dû demeurer en place” (159 T2).

Avant d’entreprendre toute démarche pour savoir ce qu’il en était advenu la commission décida de s’informer auprès de son correspondant à Langon, Me Moissac, auquel elle écrivit dès le 22 octobre (157 T2 B). Cinq jours plus tard, le notaire langonnais répondait à la commission en la priant de bien vouloir lui faire connaitre le nom du propriétaire de la mosaïque en 1847 (157 T2 B). Le 21 novembre enfin, il l’informait que d’après des renseignements fournis par Me Virac la “mosaïque existait chez une dame Latrille-Bastone dont le fils Fort-Latrille habite tantôt Léogeats tantôt Villandraut. Cette dame s’est remariée à une Sieur Dupeyron” (157 T2 B). L’affaire en resta là durant l’hiver, mais dès le 5 avril 1865, toujours sur proposition de Me Virac, la commission jugea opportun de rappeler au Maire de Bordeaux l’existence de la mosaïque de Cameillac “acquise et payée depuis plusieurs années sans que la ville en ait pris possession”. Ceci fut fait le 23 mai et dès le lendemain rendez-vous était pris entre un adjoint et M. Durand architecte de la commission (157 T2 B). Nous ignorons ce qu’il en résulta car les archives de la commission s’arrêtent apparemment en 1866. Il faut donc nous rabattre sur d’autres sources pour savoir ce qu’il advint des mosaïques de Cameillac, après cette date. Pendant 20 années nous n’en savons, à vrai dire, rien, mais il ne semble pas que cette période fut marquée par un quelconque changement. En 1869, E. Guillon se contente de signaler qu’on a “trouvé à Cameillac des mosaïques assez belles que la commission des monuments historiques a cru devoir classer ; elles ont même, paraît-il, été achetées par M. Rabanis, président de cette commission, mais elles n’ont jamais été livrées et appartiennent encore à M. Latrille.” Il ajoute plus loin “Il ne reste plus que peu de traces des villas romaines établies à Cameillac”. Cependant, lors du classement officiel des monuments historiques de 1887, publié par la Société Archéologique de Bordeaux, on trouve encore dans l’arrondissement de Bazas la “mosaïque de Cameillac” et la “mosaïque d’Aléogeats” (sic).

En fait, à cette date les mosaïques de Cameillac existaient encore, mais dans un état assez lamentable. Au printemps 1889, en effet, E. Piganeau fit en compagnie de M. de Mensignac et de l’abbé Bert, curé de Noaillan, une excursion à Cameillac. Il en présenta le compte rendu devant la Société Archéologique de Bordeaux, le 10 mai 1889. L’insertion de son rapport fut décidée et son contenu est édifiant : “Il ne reste rien, que je sache du moins, de cette église paroissiale de Saint-Laurent (de Cameillac), mais nous avons vu un groupe de maisons assez anciennes dans la cour d’une desquelles fut trouvé, il y a plus de 40 ans, un ensemble de mosaïques qui fut alors jugé digne de la première classe du classement départemental de 1845”. E. Piganeau relate ensuite la seconde découverte faite, vers la même époque, par Me Virac et dont nous avons parlé plus haut, puis il ajoute : “Une bonne vieille que nous avons interrogé nous a dit parfaitement se rappeler la trouvaille (la première ou la seconde ?). C’était magnifique, nous disait-elle. Il y avait des fleurs, des carottes (sic), des vases de toutes couleurs, etc. etc. On avait essayé de la lever, mais cela s’abîmait et puis on a laissé tout ça ici. L’aire de la cour étant couverte de fumier, le paysan en a écarté quelque peu avec son instrument et nous avons aperçu en effet, à fleur de terre, quelques-uns des carreaux devenus presque méconnaissables ; les cubes de pierre formant des rangées alternativement noirâtres, rouges et blanches se détachaient au simple toucher. Bien que la bonne vieille nous affirmât que toute l’aire de la cour en était couverte nous nous sommes contentés de ce simple échantillon, qui nous indiquait le lieu précis de la découverte et nous a convaincus que le séjour prolongé du fumier et des liquides érosifs en provenant avait dû anéantir à jamais ces restes d’une villa gallo-romaine. Si quelques fragments ont pu être emportés à Bordeaux par les soins de M. Rabanis alors président de la commission, que sont-ils devenus ? D’après Guillon, bien qu’achetées par M. Rabanis, ces mosaïques n’ont jamais été livrées”.

Depuis ce rapport les mosaïques de Cameillac sont tombées dans un oubli presque total. E. Piganeau les mentionne encore dans l’inventaire archéologique de 1897 et précise “restes d’une belle mosaïque qui se perd de jour en jour sous les fumiers provenant de l’étable de l’ancienne habitation voisine”. E. Féret en parle aussi dans son ouvrage sur l’arrondissement de Bazas de 1893 : “Mosaïque romaine et ruines d’une villa gallo-romaine (M. H. de 1 cl.) à Cameillac”. Il faut ensuite attendre 1913 pour trouver quelques précisions dans le volume consacré à la rive gauche de la Garonne par E. Rebsomen : “Si nous entrions dans la cour de la métairie de Villetorte et que nous demandions au métayer de dégager un peu le tas de fumier qui s’y étale nous pourrions voir les restes d’une mosaïque gallo-romaine qui, peu à peu, se désagrège et se perd… À quelques mètres de là, à l’ouest dans une prairie, des fouilles pratiquées il y a peu de temps pour le forage d’un puits ont mis à jour des cercueils en briques et la tradition locale y fixe l’emplacement de l’ancienne église paroissiale, dénommée au XIVe siècle, St-Laurent de Cameillac”. Dom R. Biron, puis M. L. Cadis sont, à notre connaissance, le premier en 1922, l’autre en 1955, les seuls qui aient depuis fait allusion aux mosaïques de Cameillac.

Si nous avons cru devoir rapporter dans ses détails cette navrante histoire, c’est parce qu’elle constitue un exemple de l’archéologie mal comprise. Ce qui nous reste du volumineux dossier dont nous venons de faire état, c’est une profusion de détails sur des disputes d’archéologues. Par contre aucun rapport précis. Les seuls faits certains sont la découverte de mosaïques avant 1840 puis en 1844, l’échec de la tentative d’enlèvement, leur abandon et leur destruction. Il n’est pas inutile non plus de noter la découverte de pièces en marbre, de tessons ou de tombeaux qui, à l’époque, furent considérés sans grand intérêt.

Les découvertes de 1959

C’est avec les seuls renseignements d’E. Piganeau et des derniers auteurs que nous avons mentionnés que, le 3 janvier 1959, nous nous sommes rendus au hameau de Cameillac.

Fig. 3. Vue générale de la fouille prise en février 1962. Vers la gauche, Sondage N° 2. Vers la droite, Sondage N° 1.

Après avoir expliqué le but de notre visite aux habitants du hameau, ceux-ci nous ont déclaré tout ignorer de l’emplacement de la villa. Ils nous ont ensuite conduits vers un ensemble de bâtiments en cours de démolition, situés dans une prairie, à une centaine de mètres du hameau encore habité. Le propriétaire de ces bâtiments est M. Laporte de Landiras. Il faisait alors procéder à la démolition de diverses dépendances attenantes à un bâtiment d’habitation abandonné, en vue de la vente de la pierre. Les personnes chargées de ces travaux avaient déjà démoli une étable et fouillé les fondations des murs. Aussitôt, nous avons pu apercevoir, au milieu de débris divers, des pièces sans rapport aucun avec les murs en démolition et visiblement extraites au cours de la fouille des fondations : briques à rebord, tessons et même un chapiteau mutilé. Tous ces objets étaient partiellement recouverts d’un enduit noirâtre. En descendant au fond de la tranchée occupant les anciennes fondations, nous avons pu apercevoir, sous une couche de terre de 50 à 80 centimètres d’épaisseur, une couche archéologique. Elle se présentait sous forme d’une bande noirâtre dans laquelle étaient enrobés tuiles et tessons.

Nous nous sommes contentés, ce jour-là, après avoir soigneusement examiné les déblais, d’extraire toutes les pièces dignes d’intérêt. Nous avons, d’autre part, pris contact avec le propriétaire qui s’est rendu avec nous sur les lieux et a pris connaissance des objets que nous avions dégagés. Peu de jours après, il fit, à la Préfecture, une déclaration de ces découvertes accidentelles et arrêta les travaux de démolition. Il est probable cependant que de nombreuses pièces, tuiles, tessons, plaques de marbre, aient été emportés par les démolisseurs.

Nous sommes revenus sur le champ de fouilles au mois d’avril 1959 en compagnie de M. L. Cadis, afin de découvrir l’emplacement des mosaïques. Sur la foi d’un habitant du voisinage qui tenait ces renseignements d’une personne fort âgée, nous avons fait plusieurs sondages sur l’emplacement de l’ancienne cour. Ces indications concordaient d’ailleurs avec celles contenues dans le rapport de E. Piganeau. En creusant une tranchée de 50 centimètres de profondeur, nous avons atteint un sol en béton, mais nulle trace de mosaïques. Erreur de fouille ou détérioration définitive du pavement ? Nous ne pûmes le préciser alors. La personne qui nous accompagnait nous montra cependant quelques cubes de mosaïques trouvés à cet emplacement.

Mobilier. ‒ Les pièces découvertes au mois de janvier 1959 comprenaient :

  • 4 fragments de tuile à rebord, dont une presque entière, large de 34 centimètres, épaisse de 2 et une autre avec décor de 3 ondes en creux.
  • 1 fragment de tuile creuse de 12 centimètres de diamètre extérieur et 2 centimètres d’épaisseur.
  • 3 fragments, dont un très important de pièces en terre cuite, provenant de conduites verticales pour l’évacuation de l’air chaud. La pièce complète avait 22 centimètres de large et 37 centimètres de haut et une épaisseur de 3 centimètres. La partie externe était décorée de rainures faites avec un peigne à 8 branches, suivant le schéma suivant : une croix de St-André, 3 traits dans le sens de la largeur, en bas, au milieu, en haut, 2 dans le sens de la longueur, de chaque côté.
  • 21 tessons tous en pâte grise commune, dont 1, enduit sur ses 2 faces d’un vernis noir.
  • 1 fragment de métal de forme triangulaire de 13 centimètres de base, 5 centimètres de haut et 3 millimètres d’épaisseur, avec un trou près de la base.
  • 1 chapiteau mutilé, en marbre blanc, de style composite, haut de 23 centimètres.
Les fouilles de 1961
Fig. 4. Chapiteau découvert en 1959.

Lorsque nous fîmes à M. J. Coupry, directeur de la XIIIe circonscription des Antiquités historiques, un rapport sur ces découvertes accidentelles, celui-ci nous suggéra de faire des fouilles afin de préciser l’importance de la villa de Cameillac et d’essayer de retrouver l’emplacement des mosaïques. Le propriétaire du terrain, M. Laporte, ayant donné son accord, la demande de fouille que nous avions introduite fut acceptée par décision du 9 août 1961. Nous les entreprîmes aussitôt, grâce aux crédits qui y étaient annexés et au concours de l’entreprise Farbos de Bazas.

Travaux. ‒ Ils ont porté sur la parcelle, section C, N° 156 du plan cadastral de Léogeats, correspondant à l’étable et à l’ancienne cour de la ferme abandonnée. Nous avons été guidés par le désir d’obtenir le maximum de résultats en fonction des crédits dont nous disposions et compte tenu de la médiocrité des renseignements que nous avions sur les découvertes précédentes.

Première période : août 1961

Fig. 5. Première période de fouilles : Sondage N° 1 : Sol de la salle B. À droite, mur N° I. Au fond, mur N° III et mur récent A. On aperçoit sur la partie gauche de la tranchée, au contact du sol, la couche noire.
Fig. 6. Première période de fouilles : Sondage N° 1 : conduite verticale d’évacuation de chaleur, engagée dans le mur N° II (c). Noter le décor extérieur au peigne.

Sondage N° 1 :

Il a été fait à partir d’une tranchée ouverte deux ans auparavant par les démolisseurs, suivant un axe nord-sud, sensiblement perpendiculaire au pan de mur encore debout (A). Cette tranchée occupait, semble-t-il, l’emplacement des fondations d’un mur moderne détruit en 1959. Sur le flanc ouest de cette tranchée, apparaissait dans sa partie inférieure, une épaisse couche de terre noire, surmontée de tuiles à rebord.

Après un nettoyage en surface des alentours, envahis par les ronces et les orties, les ouvriers ont procédé à un nouveau déblaiement de la tranchée dont les parois s’étaient en partie effondrées. Ils ont ensuite dégagé la couche de terre noire et ont atteint un sol de ciment. Ce sondage a eu lieu à 1,50 m environ au sud du pan de mur (A) encore debout.

L’élargissement de la fouille, dans toutes les directions, a permis :

  1. De trouver un mur nord-sud que l’on a suivi sur 5 m en direction du sud (Mur N° I).
  2. À cette distance de rencontrer un mur apparemment perpendiculaire au précédent, orienté est-ouest, et que l’on a suivi sur 2,50 m vers l’ouest (Mur N° II).
  3. De déblayer la partie comprise le long du mur N° I sur une largeur de 1,20 m à 1,60 m vers l’ouest (a) et le long du mur N° II sur 1 m de large vers le nord (b). Les déblais ont révélé un mobilier dont l’inventaire se trouve plus bas. L’épaisseur de la couche de terre noire allait en s’amincissant vers le sud.
  4. De dégager, dans l’angle des murs N° I et N° II et encastré dans le mur N° II, un conduit de chaleur vertical, constitué par une brique creuse, décorée au peigne à l’extérieur (c).
  5. Par une saignée faite dans l’épaisseur du mur N°I (d), à proximité du conduit de fumée, de constater l’existence, sous le ciment du sol de la salle, de conduits de chaleur.
  6. De mettre à jour un mur N° III perpendiculaire, comme le mur N° II, au mur N° I et, comme le mur N° II, allant de l’est vers l’ouest. Dans sa partie nord, ce mur est sous le pan de mur moderne encore existant (e).
  7. Dans l’angle formé par ces mêmes murs N° I et N° III, une brèche ouverte, en 1959, a permis de constater l’existence, sous le sol de la salle, de trois conduits de chaleur horizontaux se rejoignant dans cet angle. Deux longent respectivement les murs N° I et N° III, le troisième est sur la bissectrice de l’angle qu’ils forment (e).

Il est donc certain que les objets trouvés, deux ans auparavant, épars dans la prairie, provenaient, y compris le chapiteau, des déblais de la tranchée. Nous avons pu aussi identifier les fragments de brique avec décor au peigne que nous avions recueillis au même moment, comme provenant du conduit de fumée vertical de l’angle des murs N° I et N° III, dont nous avons trouvé le correspondant à l’angle des murs N° I et II.

Fig. 7. Première période de fouilles : Sondage N° 2 : Sol de la salle C. Par une brèche ouverte dans le mur N° II (f) on aperçoit la suspensura.
Fig. 8. Même vue prise de plus près.

Sondage N° 2 : 

Nous avons simultanément fait procéder à un autre sondage à la surface de la prairie située au sud de la maison d’habitation encore debout, et à 10 m, à l’ouest, du sondage N° 1.

Les ouvriers ont trouvé un remblai, constitué de gravats et de rares fragments de briques à rebord. À 45-50 cm de profondeur, la pioche a rencontré un sol de ciment dans lequel se trouvent noyés des cailloux et qui s’est révélé en parfait état. Nous avons fait procéder, suivant un axe nord-sud, donc parallèle au sondage N° 1 et sur une largeur de 1,30 m, à un prolongement de la fouille.

Vers le sud, nous avons rencontré les fondations (f) d’un mur de 0,45 m de large mais présentant, vers le sud, un élargissement de 0,30 m, à 0,25 m de profondeur par rapport à la surface du reste de la fondation.

Vers le nord, le sol en béton se prolonge sur 5 m environ jusqu’à un nouveau mur de 0,40 m de large (g). Plus au nord, mais à un niveau supérieur au sol précédent, on a dégagé un autre sol en ciment plus grossier.

Ce sondage nous a permis, d’autre part, de constater qu’il y avait un hypocauste sous le sol de la salle. Ce sol résonnant, nous avons fait procéder à une saignée dans le mur (i). Nous avons pu constater que le sol de béton, épais de 10 cm, reposait sur des briques de 5 cm d’épaisseur, elles-mêmes reposant sur des piliers ou des murs noircis par la fumée.

Nous avons, en outre, sur la face nord (g), vers l’ouest, mis à jour le départ d’un conduit d’évacuation (k).

D’après les résultats donnés par le relevé topographique, il nous a alors semblé que le mur (g) était le prolongement du mur N° III et le mur (f) le prolongement du mur N° II.

Fig. 9. Plan des fouilles faites en 1961-1962.

Deuxième période : La seconde période de fouilles s’est déroulée, par beau temps, le 16 février 1962.

Fig. 10. Seconde période de fouilles : Sondage N° 1. Vue prise de l’ouest vers l’est. De bas en haut : tranche du mur N° II. Vers la gauche, sol de la salle C (eau), mur N° IV, sol de la salle B, mur N° I.

Nous avons pu constater, en premier lieu, que la fouille N° 2 était entièrement recouverte par les eaux. Dès l’été, par une chaleur exceptionnelle, et après une longue période de sècheresse, la suspensura baignait d’ailleurs complètement dans l’eau. Il s’agit donc d’un relèvement de ce niveau et non de l’accumulation d’eaux de ruissellement.

Le sondage N° 1, légèrement plus élevé, étant relativement sec, nous avons donc repris la fouille à cet endroit. Nous avons :

  • Dégagé la tranche du mur N° II, de l’est vers l’ouest, sur une longueur de 7 m environ. Nous avons pu constater que le mur découvert au sud du sondage N° 2, se trouvait exactement dans son prolongement. Ce mur N° II a une largeur de 0,50 m et est bâti en moellons de médiocre qualité.
  • À 4,60 m vers l’ouest du mur N° I et parallèlement à celui-ci, nous avons mis à jour un mur de refend de 1 m de large (mur N° IV) s’appuyant sur le mur N° II.
  • À 0,45 m de ce mur, vers l’ouest, se trouve, encastrée dans le mur N° II, une conduite de chaleur semblable à celle trouvée plus à l’est (1).
  • Il existe une différence de niveau, que nous n’avons pu apprécier exactement vu l’état de la fouille, entre le sol de la salle B et celui de la salle C, auquel semble appartenir le sol de la fouille N° 2.
  • Un sondage fait dans le sol de la salle B, en (m), a révélé qu’il était constitué par un béton avec fragments grossiers de céramique, reposant sur un lit de moellons. Il ne semble pas qu’il y ait eu de suspensura dans cette salle, mais seulement des conduites de chaleur disposées en diagonale et le long des murs.
  • Dans la partie sud-est de la fouille, nous avons en outre dégagé la tranche du mur N° I sur 1 m environ vers le nord. Il mesure 0,65 m de large (n). Après son croisement avec le mur N° II (o), ce mur N° I se prolonge vers le sud, mais avec une largeur de 0,80 m (p).

À 0,55 m du mur N° II, vers le sud, s’appuyant sur le mur N° I, part un mur N° V qui se dirige vers l’ouest, avec un léger biais par rapport au mur N° II. Il a une largeur de 0,40 m et semble s’interrompre après 1,60 m.

Fig. 11. Seconde période de fouilles : Sondage N° 1 Au premier plan : sol de la salle B la flaque d’eau correspond à l’emplacement de la conduite (c) (cf. fig. 5). De bas en haut, mur N° II. De gauche à droite, mur N° I. À l’extrême droite, mur N° IV.

Mobilier. ‒ Il a été dans l’ensemble assez modeste. Il comprenait :

  • de nombreux fragments de tuiles à rebord, dont certaines avec décor d’ondes en creux.
  • des fragments de conduite verticale pour l’évacuation de l’air chaud, avec décor au peigne sur la paroi extérieure. Nous avons recueilli, en particulier, une pièce complète qui a la forme d’un parallélépipède dont les deux petites bases seraient absentes.
  • des tessons de poterie commune, à pâte grise, dont 9 fragments de col différent et quelques tessons, à pâte rose.
  • des fragments de plaque de marbre vert (Campan ?) et rose de 24 mm d’épaisseur.
  • un fragment de plaque de schiste (?) de couleur noir verdâtre épais de 4 mm.
  • un pied de verre, très irrégulier, en pâte verdâtre.
  • quelques fragments d’objets en fer dont un clou et l’extrémité d’une cuiller.

Conclusion

Les résultats que nous avons obtenus lors des fouilles effectuées en 1961-1962 peuvent paraitre modestes si l’on considère le peu d’importance des parties dégagées, la médiocrité du mobilier découvert, et surtout le fait que nous n’avons pu retrouver les mosaïques. Sur ce problème, que nous considérons maintenant comme secondaire, nous ne pouvons nous prononcer encore avec certitude. Nous pensons, cependant, que les premières mosaïques découvertes au XIXe siècle se trouvaient devant la maison d’habitation encore visible (peut-être la salle C), mais qu’elles ont disparu. Cela ne signifie d’ailleurs pas qu’on ne puisse en découvrir d’autres. En effet, il est maintenant certain qu’il y a, à Cameillac, une villa gallo-romaine dont nous avons retrouvé les lignes directrices du plan, des salles et des éléments du chauffage. Il serait d’autant plus intéressant de procéder à des fouilles systématiques qu’on aurait la chance de retrouver, presque intact, l’ensemble des fondations et des sols. Mis à part le secteur occupé encore par la maison d’habitation abandonnée, le reste de l’emplacement de la villa n’est d’ailleurs recouvert que par 45 cm de terre végétale au plus. Quant au plan d’ensemble, une photographie aérienne le donnerait immédiatement surtout si elle est prise à la fin de l’été. Les fouilles seraient donc faciles. Outre le problème financier, le plus important à résoudre, reste celui de l’accord éventuel du propriétaire du terrain. Dans la situation actuelle, il semble qu’il faudra patienter encore longtemps. Il est vrai que la villa de Cameillac attend d’être fouillée depuis plus d’un siècle. C’est sans doute regrettable, car on aurait là un exemplaire complet d’une villa du Bas-Empire et dans cet état, ils ne sont pas si nombreux dans notre région.


Bibliographie et sources

Les renvois sont indiqués dans le texte.

  • F. Jouannet : Statistique du département de la Gironde, 1837, vol. I p. 234 ; vol. II, 1re partie, p. 110.
  • P. J. O’reilly : Essai sur l’histoire de la ville et de l’arrondissement de Bazas, 1840, p. 421.
  • Archives Municipales de Langon : Me Lafargue, Notes manuscrites, t. V, p. 57, 60, 61.
  • Archives Départementales de la Gironde : Série T. Commission des monuments historiques.
  • Dossiers par commune : 157 T2 B : 10 août 1840 ; 22, 27 octobre, 21 novembre 1864 ; 23,24 mai 1865.
  • Registres de correspondance : 158 T1 (N°58, 88, 144, 165, 180) ; 158 T2 (N°91, 106, 171, 177) ; 158 T3 (N° 48).
  • Procès-verbaux des séances : 159 T1 (1er août 1840, 26 septembre 1840, 26 novembre 1840, 7 juillet 1841, 21 décembre 1842, 5 avril 1843, 3 mai 1843, 4 octobre 1843, 17 juillet 1844) 159 T2 (7 octobre 1864, 7 avril 1865).
  • Rapports : 161 T2, N° 5 (septembre-octobre 1840), N° 26 : 10 août 1840.
  • F. Leroy : “A. M. de Caumont”, lettre publiée dans Actes de l’Académie de Bordeaux, 1842, p. 266.
  • Comptes rendus de la commission des monuments historiques de la Gironde, 1841, p. 68, 69 ; 1844, p. 12, 13 ; 1845, p. 51.
  • E. Guillon : Les châteaux historiques et vinicoles du département de la Gironde, 1869, t. IV, p. 367, 392.
  • Tableau des monuments historiques de la Gironde, dans Société archéologique de Bordeaux, t. XII, 1887.
  • E. Piganeau : “Excursions en Bazadais : Noaillan et Léogeats”, dans Société archéologique de Bordeaux, t. XIII, 1888, p. 115, 116.
  • Compte rendu de la séance du 10 mai 1889, dans Société archéologique de Bordeaux, t. XIV, 1889, p. LX.
  • E. Piganeau : Essai de répertoire archéologique du département de la Gironde, dans Société archéologique de Bordeaux, t. XXII, 1897, p. 73.
  • E. Féret : Essai sur l’arrondissement de Bazas, 1893, p. 48.
  • A. Rebsomen : La Garonne et ses affluents, 1913, p. 227, 228.
  • Dom R. Biron : Guide archéologique, 1928, p. 98.
  • L. Cadis : Le Bazadais préhistorique, celtique, gallo-romain et mérovingien dans Bulletin de la Société préhistorique française, t. LI, 1954, fasc. 9, 10, p. 395-398 (carte).
  • Gallia : t. XIX, 1961, fasc. 2, p. 376 ; t. XXI, 1963, fasc. 2, p. 513, 514.

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Chapitre de livre
EAN html : 9782356136572
ISBN html : 978-2-35613-657-2
ISBN pdf : 978-2-35613-658-9
Volume : 4
ISSN : 2827-1912
Posté le 15/11/2025
2 p.
Code CLIL : 3385
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Licence ouverte Etalab

Comment citer

Marquette, Jean Bernard, “Richesses archéologiques du Bazadais (7e partie)”, in : Boutoulle, F., Tanneur, A., Vincent Guionneau, S., coord., Jean Bernard Marquette : historien de la Haute Lande, vol. 2, Pessac, Ausonius éditions, collection B@sic 4, 2025, 1041-1056. [URL] https://una-editions.fr/richesses-archeologiques-du-bazadais-7
Illustration de couverture • D’après Villandraut : ruine de la tour située à l’angle sud-est de l’ancienne collégiale
(dessin, 1re moitié du XIXe siècle. Arch. dép. Gironde 162 T 4).
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