Paru dans : Larrieu, B., dir., Léo Drouyn et le Bazadais méridional,
Les albums de dessin, vol. 10, 25-30.
Qu’il s’agisse d’un château aux restes imposants comme celui de Blanquefort, ou d’un ouvrage de terre dont les superstructures ont complètement disparu, l’approche de Léo Drouyn est toujours la même : il en dessine d’abord le plan avec le plus grand soin. Parfois la modestie des restes est telle qu’il n’y a ajouté aucun dessin. En Médoc, il nous a ainsi laissé sept plans accompagnés d’une notice qui permet d’en comprendre l’organisation : le château de Castillon l’un des six châteaux médocains ; un ouvrage de terre pour l’instant non documenté : Carcans ; un site fossoyé et quatre plateformes accompagnées de basses-cours : le “château” de Talais, Romefort et Saint-Genès de Meyre à Avensan, le Vieux Château à Cussac, enfin le Poujau de la Chapelle à Saint Médard-en-Jalles. Déjà, au début du XIXe siècle, il ne restait plus dans la majorité des cas que fort peu de choses de ces monuments dont certains ont aujourd’hui disparu.
Ancien château à Talais
Le site se trouve à 300 m au nord-ouest de l’église de Talais, à la limite du marais. Il s’agit d’un tertre de plan rectangulaire (42 x 30 m), entouré d’un rempart à peine apparent aujourd’hui, haut de 2,50 m par rapport au fossé, large de 15 m, qui l’entoure. Face au petit côté nord on distingue à une vingtaine de mètres un rempart de plan semi-circulaire qui pourrait être le reste d’une basse-cour.
On est probablement en présence du castrum de Thalesio qu’Olivier de Talais reconnaît tenir du roi-duc, le 19 mars 1274. Un personnage du même nom est au service d’Henri III en 1253. Bien que les Talais fussent tenants directs du roi-duc, Talais se trouvait dans la juridiction de Lesparre.
La Motte à Carcans
C’est une motte tronconique située au sud de l’église : haute de 6 à 7 mètres, son diamètre est de 60 mètres à la base pour 20 mètres au sommet. À l’origine, le tertre était protégé par un système de doubles fossés séparés par un rempart de 20 m de large pour 2,5 m de haut. Le fossé intérieur était beaucoup plus large que celui de l’extérieur alimenté par deux petits ruisseaux. En 1870, une grande partie des défenses extérieures avait déjà disparu. Léo Drouyn avait cru déceler du côté nord l’emplacement d’une ancienne cour de 70 m de côté. Au XVIIIe siècle, on avait édifié un moulin au sommet de la motte.
Castillon à Saint-Christoly
Avec Lesparre et Castelnau, Castillon est l’un des trois châteaux du Médoc attesté avant 1250. Lorsque l’on considère la modestie des vestiges visibles aujourd’hui, on mesure mal la place qu’il occupa, plusieurs siècles durant, dans l’histoire de la presqu’île.
Le site est situé à 1,250 km au sud-est de Saint-Christoly, en bordure de la Gironde. Il présentait des avantages certains pour y établir un réduit, une butte calcaire en bordure de la Gironde, bordée de marais au nord, un ruisseau au sud. Le plan dessiné par Léo Drouyn fait très bien apparaître la structure concentrique desdivers éléments constituant le château. Au centre, la butte (A) de forme ovale (70 m x 50 m), battue par les marais, dont l’assiette fut étendue et confortée par le creusement d’un fossé semi-circulaire (B B B), large de 25 à 30 m, ouvert sur l’estuaire et maintenu naturellement en eau. Grâce à une partie de la terre rejetée vers l’extérieur fut probablement édifié un rempart, transformé plus tard en basse-cour (D E) en forme de croissant, s’élargissant du nord (20 m) au sud (100 m), protégée à l’extérieur par un second rempart, long de plus de 300 m. Vers l’ouest, s’étendait une seconde basse-cour (K) ; un second fossé large d 35 m (L) et un épais rempart (M) complétaient le système défensif qui s’étendait sur près de 400 m en bordure de la Gironde et 200 m vers l’intérieur.
Plan du fort de Castillon-sur-Gironde 8 avril 1858. Dessin à l’encre (18 x 11,5 cm) A.M.Bx, Fonds Drouyn, Ms 289, t. 47, n) 359, p. 241. Ayant servi à réaliser la gravure sur bois de La Guienne militaire (1865), t. I, p. XXXVI.
Le plan du site décrit par Léo Drouyn est le fruit d’une histoire longue et complexe qu’en l’absence de relevé et de sondages on ne saurait reconstituer.
Les structures en terre ne sont parfois que des décombres résultant de la démolition de bâtiments et de courtines dont il ne reste pratiquement rien : une tour (A), une courtine dotée de tours (F G) datant du Moyen Âge, une enceinte (0) que Léo Drouyn datait du XVIe siècle, un bâtiment carré (P) de la fin du XVIIIe siècle. Le château de Castillon semble avoir franchi les siècles sans trop de dommage jusqu’au début du XVIIe siècle : il servit de refuge à des ligueurs et Louis XIII ordonna sa démolition.
Si le toponyme est attesté au début du XIIe siècle (1100), le château ne l’est qu’en 1274 et c’est seulement à partir de 1242 que les seigneurs de Castillon apparaissent aux côtés de ceux de Lesparre et de Lamarque comme les premiers des barons du Médoc. Prénommés Pons, on les suit jusqu’en 1420 date à laquelle l’héritière de la famille épousa Bertrand de Pardaillan, seigneur de La Mote. La seigneurie passa ensuite aux Foix-Candale puis aux d’Aydie au XVIe siècle.
Le Castet bieil à Cussac
Le Castet bieil se trouve au sud de la commune de Cussac à une cinquantaine de mètres du ruisseau de Cartillon qui sert de limite avec La Marque.
On distingue deux plateformes, côte à côte, l’une, à l’est, de plan rectangulaire (36 x 64 m), l’autre à l’ouest pratiquement carrée (64 x 64 m), séparées par un fossé de 8 m de large et enveloppées par un fossé deux fois plus large. Léo Drouyn avait cru apercevoir à l’est les restes d’un rempart qui devait se poursuivre au moins au nord du côté du plateau. La première plateforme a certainement porté un habitat, la seconde a l’allure d’une basse-cour. Les fossés étaient alimentés par un petit ruisseau qui s’écoulait dans le fossé occidental, avant de rejoindre le ruisseau de Cartillon. L’ensemble constituait un ouvrage de plan rectangulaire orienté de l’est à l’ouest de 160 m sur 110 m, soit une emprise de 1,75 ha.
La seigneurie de Cussac appartenait à la fin du XIIIe siècle à Rose de Bourg, dame de Vertheuil qui épousa en secondes noces Amanieu VII d’Albret. À sa mort, elle laissa la seigneurie de Cussac à un fils qu’elle avait eu de son premier mariage avec Ayquem Guillem IV, seigneur de Lesparre. Cussac resta dans cette famille jusqu’au début du XVe siècle pour passer après pas mal de tribulations dans celle des Foix-Candale, seigneurs de Castelnau.
Cantemerle à Ludon
Le site de Cantemerle occupe une cuvette à fond plat, au sol de sables argileux et de graviers située sur la rive droite du ruisseau de La Mouline qui sert de limite entre Ludon et Macau, avant de rejoindre la Gironde. Nous sommes à 2,5 km au nord de l’église de Ludon, et 250 m au sud-est du hameau de Lafont.
Léo Drouyn a dessiné un tertre ceinturé d’un fossé, distant de 50 m du ruisseau. De plan circulaire – 33 m de diamètre à la base , de forme hémisphérique, il est haut de plus de 3 m et son sommet est plat. Large de 15 m en 1868, le fossé s’était singulièrement rétréci au fil des ans, mais il ne semble pas avoir été très profond. Il était maintenu en eau par une source au débit abondant située au sud-est.
Léo Drouyn avait cherché en vain les traces de fossés délimitant une éventuelle basse-cour. Le caractère marécageux du lieu et probablement l’abondante végétation qui entourait le tertre ne lui permirent pas d’identifier une basse-cour que l’on repère sans difficulté sur le plan cadastral ancien. C’était un vaste quadrilatère de forme trapézoïdale (130 x 105 m), situé entre le tertre et le ruisseau, délimité par des fossés reliant ceux du tertre à la Mouline. Il existait enfin, au sud-est du tertre, une sorte de barbacane, en bordure du chemin ancien de Ludon à Macau.
Léo Drouyn avait noté la présence au sommet du tertre de fondations qu’il attribuait à un “ancien château”. Lorsqu’en 1523 Jean de Lalanne vendit la maison noble de Cantemerle, celle-ci était en ruine. C’est sur son emplacement que fut édifié, au XVIIe siècle probablement, un bâtiment que Léo Drouyn qualifie de “chambre”·Cantemerle appartient donc au groupe des maisons fortes à plateforme et basse-cour.
Peu après la visite de Léo Drouyn, le site dont l’emprise au sol était d’environ 2,4 ha fut écorné lors de l’implantation de la voie ferrée de Bordeaux au Verdon, puis en 1991, lors d’une opération de défrichement, le tiers du tertre fut éventré. Qu’en reste-t-il ?
La plus ancienne mention d’un seigneur de Cantemerle en la personne de Pons de Cantemerle remonte à 1141 (cartulaire de Saint-Seurin). Il faut attendre ensuite 1242 pour faire connaissance avec Pons, un de ses descendants. Peu après le milieu du XIVe siècle, la seigneurie passa par alliance à la famille de Caupenne qui, mis à part un intermède en 1369 puis un autre en 1423 elle était alors détenue en même temps que Parempuyre et Romefort par Bérard de La Mota, seigneur de Roquetaillade , la conserva au moins jusqu’en 1461. Propriété de la famille de Laroque au début du XVIe siècle, puis de Jean de Lalanne jusqu’en 1543, la seigneurie était dans la mouvance de Blanquefort.
Bien que la famille de Cantemerle soit connue dès 1141, ce n’est qu’en 1543 qu’il est fait explicitement mention de la maison. On peut dater les vestiges décrits par Léo Drouyn du XIIIe siècle.
Romefort à Avensan
Le site de Romefort se trouve à 1 km au sud-ouest de l’église d’Avensan et 1 km au sud de la Jalle de Castelnau, sur une terrasse alluviale dominée par le hameau du même nom.
Lorsque, le 5 septembre 1860, Léo Drouyn découvrit ce qu’il appelle une “petite forteresse”, le site était déjà très sensiblement dénaturé. Aujourd’hui il le reconnaîtrait à peine, car il a été en presque totalité arasé et complanté en vigne. Seule une vue aérienne lui permettrait de repérer le plan du tertre, mais elle lui ferait aussi découvrir l’emplacement d’une basse-cour. Le plan que nous a laissé Léo Drouyn est celui d’un tertre de 92 x 65 m à la base pour 82 x 55 m au sommet, présentant, par rapport au sol environnant, une dénivellation de 2 à 3 m à la périphérie pour 3 à 4 m au sommet. Un fossé continu de 10 à 20 m de large, alimenté par une source située en A et doublé d’un rempart entourait ce tertre de chaque côté.
Or Léo Drouyn n ‘avait pas remarqué l’existence, côté est, d’une basse-cour elle aussi entourée d’un fossé se raccordant au précédent, conservé jusqu’au début des années 80 dans sa partie méridionale. De plan trapézoïdal (70 x 60 m), sa surface atteignait plus de 4 000 m2. L’accès à l’ouvrage se faisait par un chemin tangent à l’est à la basse-cour. L’ensemble tertre basse-cour recouvrait environ 1 ha.
On a trouvé sur le tertre des tuiles, des galets et de la céramique des XIIIe-XVe siècles, des objets en métal, enfin du laitier sur l’emplacement de la basse-cour. En 1986-1987, les fossés nord et ouest ont été comblés par arasement du tertre, puis de la vigne y a été plantée. Seuls les fossés est et sud, alimentés par la source, restent visibles.
Romefort était mouvant de Blanquefort au XIVe siècle, de Castelnau au siècle suivant. Les seigneurs de Romefort sont connus à partir de 1274 à l’occasion des reconnaissances faites à Édouard Ier. Arnaud Guillaume de Romefort déclare ne rien tenir du duc d’Aquitaine. On suit tout au long des XIVe et XVe siècles la lignée des Romefort, Bernard Amanieu, Comtor qui, semble-t-il, épousa Guilhem Bernard de Caupenne et qui eut une fille, elle aussi prénommée Comtor. Comme on l’a vu à propos de Cantemerle, Romefort était en 1423 aux mains de Bérard de La Mote, puis de 1457 à 1474 il passa dans celles de Huguet Viaut, seigneur de Saint-Genès-de-Meyre, et de son épouse Alemane de Laurensane.
Depuis le milieu du XIVe siècle Romefort, qui appartient au groupe des maisons fortes à plateforme et basse-cour, est désigné par les termes de capdulh et d’hostau, parfois associés. On peut dater les vestiges visibles encore vers 1860 de la fin du XIIIe siècle.
Saint-Genès-de-Meyre à Avensan
Léo Drouyn visita le même jour le site de Romefort et celui de Saint-Genès-de-Meyre, situé lui aussi dans la paroisse d’Avensan à 1,250 km de l’église, mais sur la rive opposée de la Jalle de Castelnau. On se trouve au bas de la pente de la vallée alluviale, en bordure d’un bras secondaire de la Jalle.
L’ouvrage sommairement décrit par Léo Drouyn n’a pas connu de modification depuis près de 150 ans. Il s’agit d’un tertre de plan rectangulaire ceinturé d’un fossé profond, puis d’un second, chacun précédé d’un rempart lorsqu’on aborde l’ensemble depuis l’extérieur. Arrondi aux angles, le tertre mesure 80 x 60 m à la base pour 70 x 50 m au sommet ; il se présente comme une sorte de pyramide tronquée de 2 m de haut par rapport au sol environnant. Le rempart extérieur est large de 2 m pour une hauteur de 3 m. Il est séparé du second par un premier fossé en eau de 8 m de large environ. Le second rempart, plus imposant que le premier – 4 m de large pour 4 m de haut est séparé du tertre par un second fossé large de 10 m pour une profondeur de 2 m. L’ensemble fait environ 24 m de large. On observe d’autre part, au nord, la présence d’une sorte de barbacane en forme de demi-cercle qui devait protéger l’accès au tertre qui se faisait par un chemin traversant les lignes de défense. L’emprise au sol doit atteindre 1,2 ha. Nous sommes ici en présence d’un site fossoyé sans bassecour apparente.
Or, sur le tertre, on peut voir les ruines de plusieurs constructions. Il s’agit, tout d’abord, d’un bâtiment orienté de l’ouest à l’est (10 x 6 m), sur cave voûtée en berceau, à étage et toit en bâtière dont les murs en petit appareil ont un mètre de large. La porte se trouve au nord-est dans l’axe de l’accès au tertre. À l’angle sud-est on distingue une sorte de tourelle (3 x 2 m). Dans le prolongement du bâtiment, vers l’est, communiquant à l’origine avec lui, se trouvent les restes d’un second bâtiment (10 x 4 m), s’achevant en forme d’abside – ce qui avait conduit Léo Drouyn à conclure un peu hâtivement qu’il s’agissait d’une chapelle.
Au premier bâtiment est appuyé, au sud-ouest cette fois, une seconde construction (15 x 8 m), orientée sud-ouest-nord-est, divisée en trois pièces. Le sol s’enfonce vers le nord-est pour atteindre le niveau de la cave du premier bâtiment. Par une porte au linteau du XVe siècle, on pénètre dans la pièce du sud-ouest. Rectangulaire (4 x 7 m), celle-ci possède une cheminée formant un saillant à l’extérieur ; l’étage, éclairé par une fenêtre à meneaux, en possède aussi une. La seconde pièce (5 x 7 m) s’ouvre au nord-ouest par une porte du XVIIe siècle, et possède deux meurtrières tirant vers le sud. La dernière travée triangulaire communiquait avec le bâtiment précédent par la cave et l’étage. Il existe enfin un puits à l’ouest et, sur le rempart extérieur, près de l’angle ouest, les restes d’une construction carrée (4 x 4 m).
Les parties les plus anciennes de cet ensemble qualifié d’hostau en 1451 pourraient appartenir au XIIIe siècle. Il s’agit de la fortification et du premier bâtiment.
Le premier seigneur connu de Saint-Genès est Bernard, attesté en 1265, auquel ont succédé Arnaud (1274-1294) et plusieurs personnages prénommés Guiraud, de 1294 à 1368. À partir de 1395 au moins, la seigneurie appartient aux Lartigue, Guilhem, puis Gaillard ; elle passe en 1451 dans les mains de Jean de Foix-Candale, seigneur de Castelnau, puis dans celles de Pierre de Grailly (1452-1458). C’est alors qu’apparaissent Huguet Viaud et son épouse Alemane de Laurensane, captal et captalesse de Romefort. Comme l’attestent les hommages rendus en 1423 par Guillaume de Lartigue, puis, en 1473, par Huguet Viaud, la seigneurie était mouvante de Castelnau.
Le Poujau de la Chapelle et le Château du Tilh à Saint-Médard-en-Jalles
Si Durand, en 1850, puis Léo Drovyn, onze ans plus tard, ne s’étaient pas rendus sur les bords de la Jalle de Blanquefort, nous ne saurions rien du Poujau de La Chapelle. En effet, là où s’élevait un important ouvrage de terre, il n’en reste rien aujourd’hui.
Le site occupait la boucle d’un méandre de la rivière, 400 m en amont du Thil, et 250 m au nord du village de Gajac. Léo Drouyn, aidé d’un plan du XVIIIe siècle, nous en a laissé une intéressante description.
Il s’agit d’un ensemble constitué d’un tertre, d’une enceinte et d’un enclos qui, jusqu’au XVIIIe siècle, était entouré par deux bras de la Jalle. Le tertre (B) de plan ovale (diam. : 47 m, hauteur : 8 m), bordé au nord par un marais, était contigu à l’est à un bras de la Jalle, au sud et à l’ouest à l’enceinte et à l’enclos dont il était séparé par un fossé. L’enceinte (A) en forme de demi-cercle aux angles arrondis (44 x 23 m), était délimitée par un rempart de terre et un fossé extérieur, relié d’une part à la Jalle à l’ouest et au fossé du tertre à l’est. Le sol était en terrasse au nord. Quant à l’enclos (C) de plan trapézoïdal (140 x 96 m), au sol légèrement bombé dans sa partie est, il était délimité par la Jalle à l’ouest, et un fossé au sud et à l’est. Au nord, on distinguait les restes d’un rempart dominant le fossé qui le séparait du tertre et de l’enceinte.
Nous avons pu identifier le site du Poujau avec la résidence des seigneurs de Tiran dont il est question dans l’hommage rendu en 1268 à Henri III par Gombaud de Tiran pour ses biens détenus jusque-là en alleu puis, dans le testament de sa fille Aude, en 1337. Dans ce document sont évoquées “la mota gran e la patita e la capera e los molins de Tiran” délimités par un gué sur la Jalle jusqu’au lieu des Caussirons, la Jalle vieille au nord, des bois au sud. Sur la rive opposée de la Jalle se trouvait jusqu’à la fin du XVIIIe siècle le village de Tiran. Quant au nom, Poujau de la Chapelle, il fait référence à la chapelle attestée en 1337, probablement transférée au Tilh au siècle suivant.
Les Tiran sont connus depuis la première moitié du XIIIe siècle, en particulier Gombaud et sa fille Aude dont les démêlés avec les représentants du roi-duc ont duré plus d’un demi-siècle (1272-1320). Jeanne de Caupenne, fille d’Aude, épouse de Gassion de Lamarque, avait reçu de son aïeul Gombaud les seigneuries de Tiran et Bussac qu’elle légua à Bérard Ier d’Albret, seigneur de Vayres. Il s’en suivit avec les autres représentants de la famille une série de procès qui durèrent jusqu’en 1356. Bérard II de Vayres céda alors Tiran et Bussac à son cousin de la branche aînée Bernard Aiz V. À partir de cette date la succession des seigneurs de Tiran n’a pas encore été établie. Ils se disent désormais seigneurs de Tiran et du Tilh et appartiennent à plusieurs familles de l’aristocratie locale : Bouil, Calhau, Montferrand, Angevin et Makanan.
La maison forte du Tilh se trouve à 400 m environ en aval du Poujau de La Chapelle, dans une ancienne île de la Jalle dont le bras sud a été comblé. C’est une construction du XIVe siècle de plan carré à plusieurs étages, naguère entourée de fossés. Vers le nord-ouest se trouvait une chapelle, en aval un moulin.
Bibliographie
- A.M.Bx, Fond Drouyn, Ms 289, Notes historiques et archéologiques, p. 241 (Castillon), Ms 290, p. 160 (Saint-Genès-de-Meyre à Avensan), p. 161 (Romefort à Avensan), p. 362 (Cussac), p. 369 (Poujau de la Chapelle), p. 434 (Cantemerle), Ms, 291, p. 114 (Carcans), p. 119 (Talais).
- Léo Drouyn, La Guienne militaire, 1865, t. I, p. XXI (Romefort), p. XXX-XXXII (Saint-Genès-de-Meyre), p. XXXV-XXXVII (Castillon), p. XXXIX (Cantemerle), p. XLIII-XLV (Poujau de la chapelle), p. LIX-LXI (Cussac).
- Société archéologique de Bordeaux, t. I, 1874.
- Jean Bernard Marquette, Les Albert, t. 2, p. 122 (Cussac) ; Une seigneurie médocaine à la fin du XIIIe siècle : Tiran, dans Revue historique de Bordeaux, janv.-mars 1974, p. 18-27 (Poujau de la Chapelle).
- Didier Peyrelongue, Les sites fortifiés de la juridiction de Blanquefort. Approche archéologique et historique, T.E.R. sous la dir. de J-B Marquette, Bordeaux III, 1992 (Cantemerle, Romefort et Saint-Genès-de-Meyre).