Presque vingt ans se sont écoulés depuis la découverte du grand temple périptère aréostyle1 de 35,50 m sur 21,90 m dans le secteur septentrional de la ville étrusque de Marzabotto (Région I, îlot 5) (fig. 1, 1). Elle a été présentée et illustrée pour la première fois dans les Mélanges de l’École Française de Rome en 1994 par les responsables des prospections géophysiques2. Les anomalies enregistrées permirent d’identifier un édifice d’environ 36 m sur 23 m, immédiatement interprété comme un temple périptère et pour lequel plusieurs éléments de comparaison en Étrurie méridionale et dans le Latium étaient évoqués (fig. 1, 2). L’ensemble des données fournies par la prospection et par les fouilles anciennes ont conduit les auteurs à envisager l’existence d’un vaste quartier de sanctuaires dans la partie nord de la ville étrusque, à l’intérieur duquel le grand temple périptère occupait une place centrale3.
À partir de 1999, cet édifice a été l’objet de nombreuses opérations de fouille de la part du Département d’Archéologie de l’Université de Bologne, qui a réalisé les premiers sondages et ensuite la fouille intégrale des structures apparues au cours de la prospection géophysique. En 2003, un colloque organisé à Bologne, intitulé “Culti, forma urbana e artigianato a Marzabotto. Nuove prospettive di ricerca”, faisait le point sur les différentes recherches menées à Marzabotto par l’Université de Bologne et la Surintendance Archéologique de l’Émilie-Romagne. Parmi les nombreux sujets présentés à cette occasion, le temple dont on venait de dégager les vestiges fut au centre de l’attention des spécialistes présents. Une première synthèse des données acquises pendant ces quatre années de recherches fut présentée. Ces conclusions ont été ensuite avalisées, et parmi elles l’idée que le temple de Tina4, daté de la fin du VIe-début du Ve s. a.C., devait être mis en rapport étroit avec la première fondation de la ville5.
Malgré l’édition très partielle des données de fouille et une carence importante de la documentation cartographique publiée, je voudrais essayer de proposer quelques réflexions sur des points discutables, insister sur des éléments documentaires qui ont été sous-évalués tandis que d’autres ont été passés sous silence, et enfin formuler des hypothèses complémentaires ou alternatives.
Les données de fouille
Le plan des structures et des murs découverts à l’occasion de la fouille de l’îlot 5 (région I) montre une vaste aire rectangulaire (les fondations du temple) excentrée, décalée vers l’ouest par rapport à l’axe Nord-Sud de l’îlot (fig. 1, 5). L’ensemble est délimité à l’ouest par la voie A (platèia A) et au sud par la voie B (platèia B).
Une série de pièces de plan plus ou moins quadrangulaire, séparées de la façade est du temple par une cour rectangulaire, occupe le côté oriental de l’îlot. Ces pièces se développent jusqu’à la limite méridionale de l’îlot, qui est fermée par un mur assez important se superposant en partie, semble-t-il, à la bordure septentrionale de la grande voie Est-Ouest (platèia B). Ce même mur s’interrompt sur quelques mètres, exactement dans le prolongement de l’axe longitudinal du temple. L’interruption comme le temple sont donc excentrés par rapport à l’axe longitudinal de l’îlot. Cette discontinuité (fig. 1, 4) a été interprétée comme l’entrée principale du sanctuaire (téménos) et, il n’y a aucune raison pour douter que celle-ci ait été réellement sa fonction ancienne6.
À l’extrémité opposée de l’îlot, un mur bordé à l’extérieur par un caniveau, large d’1 m, semble marquer la limite septentrionale du téménos7. L’aire sacrée à l’intérieur de laquelle se trouve le temple de Tina est donc considérée comme “racchiusa da un muro che almeno su tre lati coincide coi limiti dell’isolato urbano all’interno del quale viene a trovarsi”8.
Les auteurs de la fouille fixent ainsi la limite occidentale de l’aire sacrée sur la bordure orientale de la voie A, le grand axe cardinal nord-sud de la ville étrusque. Je propose, quant à moi, de la déplacer vers l’ouest, pour les raisons suivantes.
La série de murs conservée sur la voie A9 n’a pas reçu, jusqu’à maintenant, d’explication satisfaisante, malgré leur visibilité au sol et comme l’indique la photographie aérienne de ce secteur (fig. 2, 4) ; ils sont également parfaitement visibles sur les relevés réalisés par la Surintendance Archéologique d’Émilie-Romagne (fig. 1, 5). Ces vestiges identifiés sur le côté occidental de la voie A, “semblent postérieurs à sa création”10 mais leur datation précise n’est pas connue11 (fig. 2, 4). Malgré cela, et en dépit des lacunes, la situation stratigraphique et topographique de ces murs, bien réels, demande une explication qui ne se limite pas à ce qualificatif de “tardifs”. Tardif, certainement ! Mais par rapport à quoi ? L’autre question qui se pose regarde leur fonction. Le tracé de ces murs, orientés suivant un axe est-ouest pour la plupart et nord-sud pour les plus longs, semble délimiter des pièces quadrangulaires qui correspondraient à peu près à celles qui ont été mis en évidence à l’est du temple. Si, maintenant, nous considérons ces deux séries de murs trouvés en vis-à-vis, nous voyons de façon assez inattendue se dessiner la centralité du temple par rapport à l’aire du téménos qui l’entoure (fig. 3, 3). C’est bien évidemment une hypothèse de travail, mais qui pourrait ouvrir de nouvelles pistes, concernant, par exemple, la datation relative du temple et, plus généralement, de ce projet édilitaire.
Pour défendre les hypothèses de travail et les conclusions qui en découlent, il est indispensable de partir des données stratigraphiques – base essentielle du raisonnement archéologique – qui seules nous permettent de comprendre les rapports entre les différentes US12. Du point de vue stratigraphique, les murs dont nous venons de parler sont bâtis au-dessus du sol de circulation de la voie A ; ils couvrent le dallage de ce dernier et sont donc postérieurs à l’aménagement de ce grand axe urbain (fig. 2, 4). La question qui se pose est la suivante : de combien sont-ils plus récents ? Ils ne peuvent pas remonter à la phase d’abandon de la ville, lorsque ce secteur est utilisé comme espace funéraire par les groupes de Celtes qui s’y étaient installés (au IVe et IIIe s. a.C.). Ils sont donc antérieurs à l’arrivée des Celtes et ont “coexisté” avec le temple voisin de Tina13. Il serait intéressant de connaître les corrélations altimétriques entre les sols de circulation des deux voies et ceux aménagés à l’intérieur du téménos, conservés par lambeaux (par exemple, au-dessous de la couche d’effondrement de la toiture14) et dont la restitution est probable. L’appartenance de la partie orientale de la voie A au temple de Tina15 pourrait être enfin confirmée par la découverte en 1964, à environ 35 m au nord du carrefour AB, sur une surface de 8 m (est-ouest) sur 15 m (nord-sud), de nombreux fragments de tuiles sur la chaussée. C’est cette couche qui a livré une petite tête d’antéfixe et diverses pièces de décoration architecturale ornées de palmettes, et d’éléments de dimensions remarquables qui, selon G .A. Mansuelli, proviendraient d’un temple situé à l’intérieur de la ville16. Ce temple, dont Mansuelli pressentait l’existence mais dont il ignorait encore la position exacte, est celui de Tina, dont le pan occidental de la toiture serait tombée sur le tiers oriental de la chaussée de la voie A. L’hypothèse que nous proposons ici, implique une diminution notable du sol de circulation de la voie A, réduite au tiers de sa largeur initiale (5 m au lieu des 15 m à l’origine)17. Cela implique également une diminution de l’importance de cet axe urbain (avec désormais une largeur équivalente à celle d’un stenopòs et, probablement, un changement de fonction) et, au contraire, une valorisation très forte de l’accès principal au temple par la voie B.
À l’époque du temple de Tina, cette dernière apparaît comme l’artère la plus importante de la ville antique par sa proximité avec les lieux de culte : c’est ici que s’ouvre l’accès monumental au sanctuaire, du sud vers le nord (fig. 1, 4), c’est aussi par cette voie que le sanctuaire s’ouvre sur la ville artisanale et économique des six régions délimitées par les voies A, B, C, D, c’est enfin la voie B qui marque la limite entre les aires cultuelles et publiques, au nord, et le reste de la ville, au sud3.
Un autre élément, infirmant la reconstruction proposée par les archéologues bolognais, est à verser au dossier. Il s’agit du long mur, d’environ 2 m d’épaisseur, qui délimite la partie méridionale de l’enclos du sanctuaire et qui, dans son développement occidental, se poursuit encore sur plusieurs mètres au-delà de la limite de l’enclos (fig. 1, 6 ; fig. 2, 4 et 5). Ce mur envahit au moins le tiers de la largeur de la voie A. Par conséquent, il est bien difficile de ne pas mettre en relation ce tronçon de mur, long d’environ 5 m, avec la partie orientale qui borde la voie B et coïncide avec la limite méridionale du sanctuaire. Si l’on admet que le mur de façade du sanctuaire continue sur la chaussée de la voie A, il faut admettre aussi l’existence probable d’un lien stratigraphique avec les segments de murs discutés précédemment, bien qu’ils soient considérés comme étant “récents”.
Ce mur, dégagé par le propriétaire du terrain en 1865, était construit en galets de rivière qualifiés d’“énormes”, autrement dit d’une taille supérieure à celle des blocs habituellement employés dans la construction des murs de la ville de Marzabotto. En raison de cette différence significative, il fut alors interprété comme le mur d’enceinte de la ville18.
Sa structure actuelle n’est malheureusement pas très bien définie. À partir de la documentation photographique et de la publication des résultats des fouilles les plus récentes qui font état d’un large trottoir19, nous pouvons conclure que ce mur recouvrait aussi le sol de circulation des voies B (et A)20.
Ce qui, aujourd’hui, est interprété comme un trottoir serait donc une des premières assises du mur de Brizio, un mur désormais disparu, qui constituait, par sa taille importante, la limite du téménos au contact de la voie B, avec une interruption pour l’accès au sanctuaire. La taille remarquable des pierres pourrait être justifiée par un habillage de blocs architecturaux en travertin… même si, en réalité, aucun élément ne permet en l’état actuel de corroborer cette dernière hypothèse.
Ces observations permettent enfin de souligner le fait que le temple de Tina et son téménos (l’enclos et les séries de pièces aménagées sur les côtés) ont été précédés par des structures plus anciennes (les chaussées des voies) auxquelles nous devons ajouter certains murs tout aussi imposants mis en évidence par les dernières fouilles21. Ces murs, relativement profonds, paraissent alignés sur les murs du temple qui les recouvrent22. Ils pourraient correspondre à un temple plus ancien, contemporain de la première phase urbaine de la ville étrusque.
Le mur sous-jacent aux murs de la cella – “le fondazioni del muro della cella”23 (fig. 2, 2) – qui n’est sûrement pas un mur de fondation de cette dernière, faisait donc partie d’une structure plus ancienne, assez importante si l’on considère ses dimensions (au moins 18 m de long). De par leur position stratigraphique, ces murs plus profonds, en dépit de l’avis de G. Sassatelli, ne peuvent donc pas être attribués à l’état connu du temple de Tina, mais doivent bien plus probablement être mis en relation avec des structures antérieures dont nous ne connaissons pour le moment ni le plan d’ensemble, ni la datation. Il est également probable que le temple de Tina ait repris le tracé de certains murs de ces constructions antérieures. Si la nature de ces constructions anciennes ne nous est pas connue, il est tentant de voir là les restes d’un autre édifice cultuel, hypothèse qui reste bien évidemment à démontrer.
En conclusion, si le téménos de Tina s’est bien développé sur une partie de la chaussée de la voie A, comme nous le pensons, l’hypothèse d’une réalisation récente (second quart ou milieu du Ve s. a.C.) est parfaitement admissible ; elle marquerait la cohérence d’un projet, réalisé à un moment avancé de l’histoire de la ville, qui impliquait la centralité du temple par rapport aux annexes distribuées sur les côtés longitudinaux.
Si le temple de Tina a bien été réalisé durant cette période, il est postérieur d’au-moins un demi-siècle à la première phase d’urbanisation (avec son plan orthogonal régulier) et aux édifices sous-jacents sur lesquels aurait été édifié le nouveau sanctuaire de type grec.
Une datation “basse” pour le temple de Tina, avait été proposée dès 2003 par G. Colonna, qui s’appuyait, non pas tant sur l’analyse stratigraphique stricto sensu, que sur une réflexion générale concernant le problème de la datation et de l’évolution du temple périptère24. L’hypothèse très suggestive de G. Colonna était basée sur ses connaissances approfondies des problématiques concernant les sanctuaires étrusques et leur architecture ; cette question posée sans a priori ni présupposé ne paraît pas avoir rencontré d’écho auprès des fouilleurs25.
Un élément de datation de poids est enfin donné par le mobilier archéologique récupéré à l’intérieur de la couche appelée “riempimento del podio del tempio”, c’est-à-dire la terre de colmatage de la partie interne du périmètre rectangulaire de la plateforme, au centre de laquelle se dresse la cella du temple. Le mobilier céramique récupéré dans ce remplissage serait constitué uniquement et exclusivement de tessons à pâte grossière “antérieurs aux débuts du Ve s. a.C.”26. Si le mobilier céramique est d’époque archaïque, il est évident que les couches de terrain utilisées pour le colmatage de la plateforme du temple datent de cette même époque : le remplissage et la céramique associée offrent donc un terminus post quem pour le temple, qui ne peut être que postérieur au début du Ve s. a.C. En l’absence de couches supérieures scellant la plateforme (où l’on aurait pu trouver les mobiliers les plus récents), nous ne pouvons pas davantage préciser la chronologie de l’édifice. La datation, postérieure au début du Ve s. a.C., qui offre déjà une bonne indication, est compatible avec la proposition de G. Colonna27. Nous sommes donc d’accord avec lui pour affirmer que le temple de Tina ne naît pas avec la première ville étrusque, mais appartient à une phase plus récente que ne le prétendent ses éditeurs. Ce temple était encore en activité pendant la deuxième moitié du Ve s., comme le montre l’inscription de dédicace TINS, version récente de la forme plus ancienne TIN28.
Un temple sur podium ?
Ce temple urbain a un plan rectangulaire de 35,50 m sur 21,92 m. Une colonnade distribuée sur les quatre côtés entoure la cella unique (six colonnes sur les longs côtés, cinq à l’arrière et quatre sur l’avant). L’asymétrie des façades antérieure et postérieure s’explique par la volonté de privilégier la frontalité de la cella, ce que n’aurait pas permis la présence d’une colonne axiale au milieu de l’entrée.
Une autre question, évoquée par quelques-uns des intervenants présents au colloque de Bologne, restée depuis sans réponse, concerne la partie frontale des murs de la cella et la présence possible, ou non, d’une colonne ou d’une demi-colonne29. On note, en effet, sur le plan général du temple, la présence de deux aménagements subcirculaires de galets de rivière – avec une meilleure conservation sur le côté oriental, tandis que l’aménagement occidental paraît couvrir un bloc de travertin placé à l’extrémité de la paroi latérale ouest (anta) de la cella30 – semblables par l’aspect et les dimensions aux autres amas qui sont interprétés comme des fondations de bases de colonne. Si nous avions deux fondations de colonne, elles seraient parfaitement alignées sur les deux colonnes centrales de la façade du temple et les équidistances correspondraient aux standards des modules du temple31 (fig. 2, 6, 7).
Habitués à l’idée que le temple étrusque canonique repose sur une haute plateforme (podium) supportant les colonnes et la cella (ou les cellae) des divinités et qu’il soit aussi précédé par un escalier conséquent pour accéder au plan de circulation de la cella, les fouilleurs ont proposé pour la restitution un modèle d’édifice toscan, avec un podium de 1,20 m de hauteur, précédé sur l’avant d’un escalier de même hauteur (fig. 3, 1).
Cette proposition initiale, restée inchangée malgré la poursuite des fouilles32, se heurte selon nous à des problèmes d’ordre structurel et statique, qui suggèrent des reconstitutions différentes. L’absence de coupes longitudinales et transversales rend toutefois l’exercice périlleux. Cependant, nous pouvons nous appuyer sur quelques éléments concrets, comme la présence de la presque totalité des structures de fondation des bases de colonnes, situées à l’intérieur du rectangle, préalablement construit, qui délimite l’emprise du temple. Ces fondations circulaires d’1,75 m de diamètre33 sont formées d’une couche de galets de rivière relativement plats, disposés de manière radiale sur le périmètre et sans ordre à l’intérieur.
Les sondages effectués en correspondance de quelques-unes des six fondations du côté occidental, ont montré que ces structures étaient très inégales et d’aspects différents34.
Si les photographies des premières fouilles montrent la face supérieure des fondations circulaires de colonne plus ou moins enfoncées dans le substrat, suivant les conditions altimétriques du sol, ce sont les photographies publiées quelques années plus tard qui nous renseignent sur l’épaisseur et la profondeur de ces fondations, décrites comme assez imposantes, mais difficilement perceptibles à partir de la documentation disponible35.
La profondeur de la première assise des fondations circulaires de colonne dépendait davantage de la profondeur de la couche la plus compacte du substrat sur lequel elle prenait appui, que des matériaux de remplissage, moins solides. La même situation devait se vérifier pour le niveau d’appui des murs du périmètre de la plateforme ainsi que pour ceux de la cella.
Dans la mesure où les bases de colonnes devaient pouvoir supporter un poids très important, il est évident qu’elles devaient toutes avoir les caractéristiques structurelles et statiques indispensables pour rester stables et maintenir le niveau et la position qui leur avaient été imposées dès l’origine. Aucune faiblesse de la colonnade n’était permise ; si l’on pouvait réparer le toit ou certaines parties du décor architectural, il aurait été autrement plus délicat de remplacer une ou plusieurs colonnes36.
L’hypothèse d’un podium haut de 1,20 m, proposée par les fouilleurs, implique donc que les bases circulaires en galets, visibles sur les clichés photographiques, aient été constituées d’un empilement de plusieurs couches de galets, jusqu’à atteindre l’épaisseur de 1,20 m (soit l’équivalent de sept à huit rangées).
On imagine volontiers la fragilité de ces constructions qui ceinturent le bâtiment : une sorte de pièce montée composée de galets de rivière menaçant à tout moment de s’affaisser vers l’extérieur, dans la mesure où le remplissage du podium, qui n’était pas en opus caementicium, n’exerçait aucune retenue37. Dans ces conditions, ne vaut-il pas mieux rechercher des solutions alternatives plus appropriées ?
Il nous faut revenir ici sur le choix des arguments avancés pour fixer à 1,20 m la hauteur du podium (et par conséquent l’altitude supérieure des fondations pour les bases de colonnes). Le point de départ du raisonnement repose sur la profondeur de l’avant-corps correspondant à l’escalier qui donne accès au plan de circulation du podium ; la profondeur de l’escalier, évaluée à 3,86 m38, a conduit les fouilleurs à estimer le nombre de marches – suivant un module de 30 cm de profondeur et 15 à 20 cm de hauteur – entre six (pour une hauteur de 20 cm) et huit (pour une hauteur de 15 cm.).
Toutefois, ces marches profondes de 30 cm n’auraient pas occupé la totalité de l’avant-corps long de 3,86 m (à peine 2,40 m pour huit marches et seulement 1,80 m pour six marches)39. La reconstitution qui est proposée, du point de vue métrique tout au moins, ne tient pas compte de la profondeur totale de l’escalier. Pour la couvrir dans son entier, 12 à 13 marches seraient nécessaires, ce qui implique pour le podium une hauteur bien plus élevée, comprise entre 1,80 / 1,95 m (avec des marches hautes de 15 cm) et 2,40 / 2,60 m (avec des marches hautes de 20 cm). Il est évidemment impossible qu’une telle hauteur ait été atteinte par les fondations des bases de colonne.
La solution la plus simple et la plus efficace était celle de bases de colonne en travertin installées directement sur les fondations de galets, qui devaient servir uniquement pour l’équilibrage et le calage de chacune des bases de colonnes ; l’altitude du plan d’élévation de ces bases devait évidemment être le même sur toute l’extension de la plateforme. La question est donc de déterminer les indices permettant de fixer le niveau de ce plan de pose qui correspondait, à peu près, au sol de circulation du portique et probablement de la cella elle-même.
La couche de galets étalée entre les bases de colonne le long du côté occidental du temple40 pourrait être un bon indice pour établir ce niveau de sol. Si les bâtisseurs du temple avaient voulu réaliser un podium élevé, ils auraient eu recours à une autre technique, qu’ils connaissaient très bien pour l’avoir déjà expérimentée à Marzabotto, comme on peut le voir avec les murs entrelacés, liés et croisés entre eux, du temple C de l’acropole41. C’est en relation avec les murs dont la fonction porteuse et statique est la mieux assurée, et en adéquation avec l’élévation du podium, qu’ils auraient pu placer les bases de colonnes nécessaires à la construction42.
Pour ces raisons, la restitution de l’élévation du temple de Tina qui a été proposée ne nous paraît guère plausible. Nous retenons plus probable l’hypothèse d’une crépis relativement basse, avec une hauteur correspondant à peu près à celle du plan d’installation des bases de colonnes du côté occidental du temple43.
En restituant, sur la base du temple A de l’acropole, la hauteur des blocs isodomes de travertin employés dans la construction de la plateforme, nous pourrions envisager pour le sol de circulation interne du temple de Tina une élévation d’environ 40 à 50 cm par rapport aux niveaux de sols environnants. Évidemment, tout cela devra être étayé par un examen détaillé de la planimétrie et une analyse critique des données.
À l’inverse, aucun élément ne vient prouver l’emploi de blocs de travertin moulurés pour le revêtement externe de la plateforme, comme l’affirment les auteurs de la fouille ; ce qui n’est qu’une hypothèse dans la présentation de 2003 devient une certitude cinq ans plus tard44.
Pour la reconstitution de l’élévation du temple (fig. 3, 1), les fouilleurs se réfèrent au De Architectura de Vitruve (depuis le rapport longueur/largeur fixé à 4/3, jusqu’au module de la colonne)45. Le diamètre des colonnes est-il identique à celui des fondations ou inférieur et, dans ce cas, de combien ?46 Aucun élément architectural n’ayant été trouvé sur place, ni base, ni tambour de colonne, il a donc fallu procéder par hypothèses qui, une nouvelle fois, se sont rapidement transformées en certitudes. Selon Vitruve, la hauteur des colonnes du temple toscan correspond au 1/3 de sa largeur, soit 7,30 m pour une façade longue de 21,90 m. Toujours selon Vitruve, le diamètre de la colonne est égal au septième de sa hauteur, soit dans le cas présent un diamètre de 1,05 m. La base de la colonne, correspondant à 1,5 fois son diamètre, devait donc mesurer 1,56 m. Cette dernière mesure, obtenue par des calculs théoriques, peut effectivement se concilier avec le diamètre moyen des fondations circulaires décrites précédemment (environ 1,75 m)47.
Cette reconstitution pourrait fonctionner si nous avions la certitude que, pour ce temple, les bâtisseurs avaient cherché à appliquer les rapports modulaires indiqués par Vitruve. Il suffirait de penser à des colonnes d’un diamètre légèrement plus petit (par exemple de 3 pieds, soit env. 90 cm) sur une base de 1,35 m de diamètre et toute la construction théorique s’en trouverait modifiée (la hauteur des colonnes ne serait plus que de 6,30 m). Quelle certitude avons-nous pour établir un rapport effectif d’un tiers entre la hauteur des colonnes et la largeur du temple ? De quel matériau, enfin, étaient-elles faites (bois, travertin, etc.) ?
En conclusion, malgré les incertitudes qui entourent la restitution de la hauteur originelle de ce temple périptère, nous pouvons tout de même proposer pour le podium une plateforme n’excédant pas un pied ou deux de hauteur, précédée d’un escalier équipé de marches très larges.
Fonctions et physionomie de l’aire septentrionale de la ville étrusque de Marzabotto
Les travaux d’E. Lippolis sur la physionomie du secteur situé à l’est de la voie A, dans la région I, livrent des éléments importants pour la compréhension du rôle de ce secteur de la ville étrusque, confirmant amplement l’hypothèse d’un quartier réservé “aux sanctuaires (et autres espaces publics)” proposée par St. Verger48. Il constate la présence d’un axe nord-sud plus large que d’habitude entre le téménos de Tina et l’espace contigu sur le côté oriental, où il envisage l’existence d’un second sanctuaire (fig. 1, 2). Dans cette aire, ont été mis au jour les restes d’un nouvel édifice monumental occupant une surface de 464 m2 (19 m sur 24,45 m) ouvrant sur une vaste cour vide de construction de 37 m sur 34 m, probablement utilisée pour l’organisation de cérémonies à caractère public et certainement aussi religieux49. Il est évident que seule une fouille systématique pourra valider ces hypothèses. Toutefois, la diversité des modalités d’organisation des structures50, la fonction sacrée parfaitement avérée de certaines d’entre elles (le temple de Tina, le sanctuaire des sources au nord-est, les nouvelles découvertes de P. De Santis et L. Malnati à la limite nord-orientale du plateau de Misano51) sont autant d’indices qui témoignent de la fonction religieuse et politique dévolue à ce secteur de la ville, qui se développe au nord de la cité économique, productive et politique. L’interprétation de la voie B comme voie sacrée (hierà odos), longeant au sud le quartier des sanctuaires et reliant la ville basse aux temples de l’acropole, paraît pleinement justifiée52.
Conclusions
Si légitime soit-elle, l‘utilisation des sources littéraires pour les reconstitutions archéologiques ne peut être menée sans précaution (non seulement Vitruve n’a jamais visité Marzabotto, mais, à son époque, le plateau de Misano était occupé par une ferme romaine)53. La documentation disponible, en dépit des manques et des incertitudes, permet de replacer le temple périptère de Tina au centre d’un téménos bordé latéralement et du côté de l’entrée d’annexes liées au fonctionnement de l’aire sacrée. Le temple n’a ni podium haut (tuscanico more), ni revêtement externe constitué de blocs moulurés54, de type analogue au podium D de l’acropole. On n’y accède pas davantage par un escalier monumental haut de 1,20 m. Rien ne justifie donc la restitution de tels éléments – le podium et l’escalier monumental nettement surélevés – qui sont par ailleurs, à juste titre, considérés comme une exception pour les temples étrusco-italiques de type périptère avec crépis (par exemple, le temple B de Pyrgi)55. Le temple de Tina n’est donc pas un temple grec étrusquisé, mais tout simplement un temple de type grec56.
L’hypothèse d’une création nouvelle dans le second quart du Ve s. a.C., succédant à un temple plus ancien, correspondrait à une période de croissance significative en direction du monde grec. La ville étrusque de Marzabotto se signale, à partir de ce moment, par un accroissement important du volume des importations de céramique attique, qui augmente au cours de la deuxième moitié du Ve s. a.C. et reste à un niveau élevé jusqu’au début du IVe s. Ce développement des importations s’explique par le succès du commerce grec en Adriatique et le rôle important alors dévolu à Spina57.
L’observation de Giovanni Colonna (cf. supra) – “il y a au fond une idée préconçue, l’idée que la chronologie du temple soit la même que celle du plan urbain orthogonal, laquelle, à son tour, n’a pas été déterminée avec certitude…”58 – montre qu’il ne suffit pas d’affirmer des choses, encore faut-il pouvoir les prouver.
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- Sassatelli, G. (2011) : “Città etrusca di Marzabotto. Una fornace per il tempio di Tina”, in : Bartoloni et al. 2011, 150-158.
- Sassatelli G. et A. Donati, dir. (2005) : Storia di Bologna. 1- Bologna nell’antichità, Bologne.
- Sassatelli, G. et E. Govi, dir. (2005) : Culti, forma urbana e artigianato a Marzabotto. Nuove prospettive di ricerca, Atti del Convegno di Studi, Bologna, S. Giovanni in Monte 3-4 giugno 2003, Ante Quem, Studi e Scavi nuova serie 11, Bologne.
- Sassatelli, G. et E. Govi (2005) : “Il tempio di Tina in area urbana”, in : Sassatelli & Govi, dir. 2005, 9-62.
- Verger, S. et A. Kermorvant (1994) : “Nouvelles données et hypothèses sur la topographie de la ville étrusque de Marzabotto”, MEFRA, 106-2, 1077-1094.
- Vitali, D., A. Brizzolara et E. Lippolis (2001) : L’acropoli della città etrusca di Marzabotto, Bologne.
- Vitali, D. (2001) : “La scoperta e i primi scavi dell’acropoli”, in : Vitali et al. 2001, 11-92.
Notes
- Mot technique du lexique de Vitruve (3.3.5) employé pour la première fois par G. Colonna pour ce temple ; Colonna 2005, 317.
- Verger & Kermorvant 1994, 1079-1082.
- Verger & Kermorvant 1994, 1093-1094.
- Nom d’une divinité majeure du panthéon étrusque, connu par divers graffiti découverts sur des céramiques provenant de l’enceinte du temple. Tina serait donc la divinité tutélaire du nouveau temple.
- Sassatelli 2009 ; Sassatelli 2011.
- Nous n’entrons pas ici dans la discussion concernant certains détails de forme ou même la chronologie relative de cette installation. C’est ce mur méridional qui, comme nous le verrons, nous permettra d’avancer dans la réflexion.
- Sassatelli & Govi, dir. 2005, fig. 7.
- Sassatelli 2009, 325-326.
- Les premières fouilles qui ont permis de reconnaître la platèia A remontent au xixe s. Elles ont été effectuées par le propriétaire M. Aria. Elles sont poursuivies dans les années 1952-1954 par P. E. Arias, qui mis au jour, dans la partie septentrionale, sur la voie, des ouvrages interprétés comme des “structures plus tardives” sans autres précisions chronologiques ; Arias 1952 et 1954. Ces structures n’apparaissent pas sur le plan des anomalies géophysiques publié par St. Verger et A. Kermorvant qui débute quelques mètres à l’est : Verger & Kermorvant 1994, fig. 1.
- Verger & Kermorvant 1994, 1087.
- Ils ont subi des dommages suite aux nombreux travaux d’entretien ou de nettoyages ou même de fouilles ou encore des passages répétés des touristes, et ont été coupés par les mêmes tranchées de vigne qui traversent le temple de Tina. Saronio 1965, 387.
- On regrettera l’absence dans les publications de coupes longitudinales ou transversales, ou encore des rapports altimétriques entre les sommets des murs, les sols intérieurs à l’aire du téménos, du temple, ainsi que ceux limitrophes, in primis les voies A et B. Les segments de coupes, dissociées du plan général, indiqués sans échelle et avec des points de référence altimétrique différents, sont d’aucune utilité ; Sassatelli & Govi 2005, fig. 13-15. Pour les questions de stratigraphie voir également le commentaire de L. Malnati : Malnati 2005, 328.
- Ce réseau de murs correspond à celui mise en évidence par les fouilles de la Surintendance Archéologique de l’Émilie-Romagne à l’extrémité méridionale de la même platéia A, en liaison avec l’atelier métallurgique, “ambienti contigui nel marciapiede est e affacciati sulla carreggiata stradale centrale” ; voir Locatelli 2005, 218.
- Sassatelli & Govi 2205, 18, fig. 9.
- Verger & Kermorvant 1994, 1083-1084.
- Mansuelli 1972, 132.
- Même constat concernant l’extrémité opposée de la platéia A. Voir note précédente.
- Un segment d’une soixantaine de mètres fut mis au jour, même si dans le plan dressé par E. Brizio, il apparaît bien plus court ; Brizio, plan. lettre E (voir fig. 1, 3). Le mur présente une interruption de quelques mètres, la partie ouest étant deux fois plus longue que la partie est. Presqu’un quart de siècle sépare le relevé de Brizio de la fouille de 1865. Après avoir été cartographié pour être inséré dans le plan général de la ville ce mur fut remblayé “per non intralciare i lavori agricoli” (“pour ne pas entraver les travaux agricoles”) ; Brizio 1889, 253, 280-281, plan. lettre E. Au XIXe s. un pavé de galets aurait difficilement été confondu avec un mur, tout comme il est improbable que de gros blocs de pierres et de galets l’aient pu l’être avec le revêtement d’un trottoir. Brizio 1889, 252-253, 281.
- Sassatelli 2009, 331.
- Le mur large de 2 m, mentionné par Brizio et connu comme tel dans la bibliographie courante, devient ici le mur formant la limite méridionale de l’îlot, large de 50/70 cm, constitué d’au-moins trois assises de galets de rivière “cui si accosta un piano di grossi ciottoli che non è un muro, essendo costituito da una sola assisa, ma un marciapiede che si raccorda alla superficie stradale della platéia B, priva pertanto di canaletta laterale ….” ; Sassatelli 2009, 331.
- Sassatelli 2009, 329-330.
- Sassatelli 2009, 329-330. Interprétées comme “strutture estranee al tempio, intendendo con questo termine le strutture che pur trovandosi nella stessa area del tempio o nelle sue immediate vicinanze ne sono comunque separate o distinte (figg. 3 e 8). …robusti muri trasversali alla cella ma ad un livello inferiore, uno…largo 80 cm. e lungo oltre 18 metri…costituito da 4 filari di ciottoli…si prolunga almeno 3 metri oltre i muri della cella, arrestandosi all’incirca all’altezza del margine esterno di una base di colonna ; il secondo di eguale consistenza e larghezza ma lungo soltanto 5 metri” interprété comme élément de raccordement du mur du podium avec celui de la cella. Le premier mur… “per la lunghezza e …per il fatto di essere disassato rispetto ai muri di ingresso della cella sembrerebbe invece riferibile a una strutura precedente, solo in parte utilizzata come piano di appoggio per i successivi e più alti (?) muri della cella…”. En parlant de murs démantelés appartenant à un hypothétique édifice précédent (“che pone naturalmente una serie ulteriore di problemi legati alla cronologia e alle funzioni di questo ipotetico edificio precedente”) Sassatelli s’approche de l’hypothèse que nous défendons ici, pour finalement la repousser et soutenir celle de murs de soutènement (“l’ipotesi di muri di rinforzo sottostanti… come la più probabile” ; Sassatelli 2009, 330.
- Sassatelli 2009, fig. 8.
- G. Colonna affirmait malgré l’absence de “resti della decorazione architettonica, che ne avrebbero consentito una datazione attendibile…l’impressione è che esso (le temple) sia più recente del meglio databile tempio C e che di conseguenza scenda almeno nel secondo quarto, se non alla metà del v secolo” ; Colonna 2005, 318.
- La proposition de Colonna est récusée non pas sur la base d’arguments stratigraphiques mais sur la base de théories d’influences culturelles et de diffusion de modèles, du sud vers le nord ; Sassatelli & Govi 2005, 322. À ce point, on peut se demander à partir de quoi l’on date ces influences culturelles ?
- “Solo ed esclusivamente frammenti di impasto dall’aspetto notevolmente arcaico, a conferma che la cronologia dell’edificio non puo’ scenderre oltre gli inizi del v sec. a.C.” ; Sassatelli 2009, 330. Le même auteur affirme “Per quanto riguarda la cronologia io credo che obiettivamente non abbiamo molti elementi per sostenere una cronologia alta…” pour conclure quelques lignes plus loin “per ora non mi pare ci siano elementi per orientarci verso una cronologia cosi’ bassa anche perchè a tutto questo va aggiunto il quadro di riferimento cosi’ coerente per questa tipologia templare…che comporta una cronologia più che credibile proprio agli inizi del V secolo” ; Sassatelli & Govi 2005, 322.
- Voir supra. L’utilisation des fragments de statues en marbre et d’antefixes par G. Sassatelli (Sassatelli 2009, 327) pour étoffer l’argumentaire des indicateurs chronologiques est discutable dans la mesure où, comme l’a montré G. Colonna, la tête de Kouros en marbre utilisée comme jalon chronologique a été trouvée à plus de 100 m de distance de l’aire du temple ! Voir le commentaire de G. Colonna “il kouros di cui resta la testa, ammesso che venga dall’area del tempio, non è detto che sia contemporaneo all’edificio, puo’ essere un donario più antico, pertinente a una precedente fase dell’area sacra, coeva al santuario fontile…” ; Colonna 2005, 328.
- Colonna 2005.
- C’est B. D’Agostino qui soulève le problème, en parlant de demi-colonnes adossées au front des deux parois de la cella ; voir Sassatelli & Govi 2005, 22.
- “Resta incerta (?) all’estremità delle ante della cella la presenza di semicolonne che sembrerebbero indiziate dall’apprestamento di forma vagamente circolare di ciottoli affiancati ai blocchi di travertino terminali dell’anta occidentale. Se si accoglie questa ipotesi, gli unici termini di confronto sono ravvisabili a Poseidonia…mentre la presenza di pilastri (?) trova ben più ampia diffusione nell’architettura sacra magno-greca ed etrusca…” ; Sassatelli & Govi 2005, 22. Dans la reconstitution du temple qui nous est proposée les demi-colonnes (ou les deux piliers) ont disparu.
- L’entraxe est identique à celui des colonnes de la façade postérieure. La présence de deux colonnes adossées à l’extrémité des murs de la cella aurait également accru la solidité des connexions du poutrage des architraves pour la couverture du temple.
- Sassatelli 2009, 326.
- Sassatelli parle de “base di colonna” ; Sassatelli 2009, passim)
- Voir Sassatelli & Govi 2005, 20, fig. 15, “…le fondazioni del muro perimetrale del podio .. e delle basi di colonna.. che rimangono al livello più alto del terrapieno” ; et Sassatelli 2009, 328, “notevolmente diversificate, in conseguenza dei diversi livelli di conservazione e dei diversi livelli di terreno vergine su cui poggiano…esse sono notevolmente spesse e presentano fino a 4 assise di ciottoli, a dimostrazione che esse avevano fondazioni consistenti e profonde, previste già al momento della realizzazione del podio“.
- Sassatelli 2009, fig. 4.
- Les deux pans du toit, qui pouvaient couvrir une surface d’environ 1000 m2 et un poids d’au-moins 500 tonnes de tuiles et de terres cuites architecturales étaient soutenus par les murs de la cella et surtout le réseau de colonnes de la péristasis. Les colonnes, liées entre elles et avec les murs de la cella par un entrelacs de poutres et d’architraves en bois, ne pouvaient tolérer aucune faiblesse.
- Supposer que le mur externe ait pu jouer ce rôle et contenir les poussées exercées par la colonnade, qui supportait le poids énorme de la toiture, n’est guère crédible. “Il muro perimetrale del tempio urbano definisce uno spazio di 35,50 x 21,92 m. che è stato colmato con un terrapieno sterile di colore giallo intenso, assai ben marcato rispetto al terreno circostante, di colore bruno. In questo terreno di riporto sono state alloggiate le fondazioni circolari delle basi di colonne” ; Govi 2005, 20. Même conclusion dans Sassatelli 2009, 328.
- Les dimensions de l’avant-corps sont de 10,60 m sur 3,86 m. “L’altezza del podio, pari a circa 1,20, è stata invece ricostruita sulla base della profondità della scalinata di accesso al tempio, supponendo l’adozione di gradini con una pedata di 30 cm ed una altezza di 15/20 cm conservati negli altari dell’acropoli” ; Sassatelli & Govi 2005, 30 ; Sassatelli 2009, 329.
- La tentative de calculer la hauteur du podium à partir des marches de l’escalier renvoie à celle faite par G. Gozzadini pour déterminer la hauteur du tertre du podium D de l’acropole, qu’il interprétait comme une tombe monumentale. Dans l’avant-corps il y avait sans doute un escalier, mais il suffit de calculer des marches plus amples (profondes chacune de 1,20 m, par exemple) pour couvrir avec trois marches seulement tout l’avant-corps, pour une hauteur maximale n’excédant pas quarante à cinquante centimètres.
- Sassatelli & Govi 2005, 24, fig. 23.
- Vitali 2001, 40-41.
- Lippolis 2005, 143, note 16.
- Le côté oriental apparaît plus bas d’environ 0,5 m par rapport à son vis-à-vis occidental ; Sassatelli & Govi 2005, 18. Je ne sous-évaluerai pas la couche de tuiles et de terres cuites architecturales localisée près du côté occidental du temple (Sassatelli & Govi 2005, fig. 9) qui correspond à l’effondrement de la toiture sur un sol extérieur.
- Sassatelli & Govi 2005, 20, “…muro in opera quadrata con ogni probabilità foderato esternamente da un paramento modanato perduto…” ; Govi 2008, 139, “The building was on a podium which originally had a stone moulded revetment and monumental frontal steps”.
- Vitruve, De arch., 4, 7 et 3.3.10). Sassatelli & Govi 2005, 29, “in assenza di dati oggettivi restituiti dallo scavo ci si é avvalsi delle indicazioni fornite da Vitruvio, specie a proposito dell’altezza delle colonne, corrispondente a 1/3 della larghezza dell’edificio, che nel nostro caso restituisce la misura di 7,30 m”.
- Le diamètre des fondations est d’1,75 m ; Sassatelli & Govi 2005, 24-25.
- Voir le raisonnement curieux concernant une base circulaire de travertin sans provenance ; Sassatelli & Govi 2005, 26. Ses dimensions (avec un diamètre à la base d’1,20 m et de 0,66 m pour le fût) “excluraient une fonction funéraire”, mais rendraient plausible une utilisation “dans un grand bâtiment…probablement notre temple urbain (“forse proprio il nostro tempio urbano”). Selon l’A., il s’agirait moins d’une base de colonne que d’un élément de “chapiteau”. En excluant une fonction funéraire on oublie que cette base, trouvée à quelque 200 m de distance du temple, provient justement de la nécropole septentrionale. Si l’on tient compte de l’origine du bloc, la probabilité que ce dernier appartienne bien au temple de Tina et ait servi de chapiteau (à presque 7 m de hauteur) est quasi inexistante.
- On ne retrouve pas dans cette région le découpage habituel de l’espace par une série de voies mineures parallèles (stenopoi) qui caractérise le reste de la ville.
- Lippolis 2005, 148-150, fig. 3-4.
- Je rappelle qu’à l’occasion de travaux hydrauliques effectués dans le milieu des années 70 fut trouvé, près du musée, dans la partie comprise entre la clôture de la zone et les abords de l’aire archéologique, un pavement en plaques de travertin, relativement important, analogue à celui que l’on peut voir à l’emplacement du sanctuaire de source au nord. Ce pavement, qui je crois n’a jamais été ni signalé ni localisé, confirmerait l’existence au nord, toujours dans la région I, d’autres aménagements et constructions à vocation particulière.
- Malnati et al. 2005.
- Lippolis, 150.
- “One of the difficulties we encountered in virtual modeling were the walls, these haven’t survived at all, and we have reconstructed them on the basis of information drawn from literary sources” ; Sassatelli & Govi 2005, 29-30. “Clearly these products, which are the outcome of research on buildings and excavation records, represent not only a scientific asset which can be used in academic argumentation, but are also an effective and immediate way to advance and enhance to transfer of knowledge of this important archaeological heritage, which otherwise could not be appreciated and fully understood by the public” ; Govi 2008, 139. “Ricostruzione tridimensionale che reputo abbastanza sicura, al di là ovviamente di qualche piccolo dettaglio” ; Sassatelli 2009, 326. L’effort pour réaliser une documentation d’avant-garde dans le relevé des structures de cet îlot (Govi 2008, 139) ne s’appuie malheureusement pas sur rigoureuse analyse stratigraphique. L’archéologie virtuelle, si elle ne s’accompagne pas d’une critique sans a priori des données, peut s’avérer être un exercice périlleux dans la mesure où elle médiatise des images erronées.
- En dernier lieu Sassatelli 2009, 326, “inserendo un podio, probabilmente in blocchi modanati di travertino”.
- Ibid., 326. L’on pourrait critiquer aussi la surprenante insertion d’une toiture sur les côtés antérieur et postérieur du temple (fig. 3, 1 et 2), qui ne paraît justifiée par aucune donnée de fouille.
- Le modèle grec n’est donc pas intégré, “da specificità etrusche quale il podio e la scala monumentale”. La série de comparaisons mise en champ pour soutenir ce syncrétisme entre éléments grecs et de tradition ancestrale étrusque, ou de la réinterprétation du modèle grec en clef étrusque (Sassatelli 2009, 326) ne trouve aucune justification dans les données de terrain.
- Baldoni 2009, 244, 246-247, n°14.
- “C’è in fondo una idea preconcetta, l’idea che la cronologia del tempio sia la stessa dell’impianto ortogonale urbano. La quale a sua volta non è stata determinata con certezza, si è parlato dei primi decenni del v secolo…” ; Colonna 2005.