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Une famille de bourgeois bazadais :
les Ladils (vers 1150-1315)


Paru dans : Les Cahiers du Bazadais, 140, 2003, 5-38.

La disparition des archives de notaires et celle des fonds familiaux rendent particulièrement malaisée toute recherche sur la bourgeoisie du Bazadais au Moyen Âge. Seules sont susceptibles de nous éclairer deux séries de documents : d’une part, les archives ecclésiastiques, mais uniquement celles du clergé régulier – abbayes et commanderies – car il ne nous reste pratiquement rien des archives de l’évêché, de l’autre les archives anglaises relatives à l’administration du duché aquitain, et celles de la chancellerie française. À l’occasion de la publication des œuvres de Pèir de Ladils nous vous proposons de découvrir la famille de Ladils depuis ses plus anciens représentants connus jusqu’en 1315, c’est-à-dire à l’époque de Pèir que nous avons déjà évoquée.

Nous avons recensé plus d’une trentaine de Ladils : certains n’apparaissent qu’une fois, ce qui donne parfois à notre évocation un caractère énumératif. En raison de la fréquence de certains prénoms comme celui de Bertrand, il est risqué de rapporter à un même personnage des faits qui se sont déroulés à des dates proches. Pour quelques-uns comme Bertrand qui vécut au milieu du XIIIe siècle, il est possible de reconstituer leur carrière politique. Le plus souvent aussi nous ne disposons que de rares informations sur leur filiation et ce n’est que pour Bertrand, ses enfants et ses petits-enfants que nous proposons un essai de généalogie. On trouve des seigneurs fonciers qui sont aussi des marchands, des chanoines, des curés, des clercs, mais pas d’évêque. Si certains appartiennent à l’aristocratie bourgeoise, d’autres doivent vivre à leur ombre et constituer probablement une clientèle. Bourgeois de Bazas, ils sont engagés dans la vie de la cité, participent activement aux troubles des années 1249-1255, puis passent au service du roi-duc qu’ils servent loyalement. Ils ont noué des alliances avec d’autres familles bourgeoises comme les Ayquem, les Marquès ou les Piis de La Réole. Mais, comme les Piis, les Ladils sont en fait autant Réolais que Bazadais. Comme cela était fréquent à l’époque, ils se comportent de manière parfois violente, réglant leurs querelles par l’épée : plusieurs d’entre eux sont impliqués dans trois meurtres : ceux de deux bourgeois de Bazas, Rossinhol Carbonel, et Arnaud Carbonel, tué en même temps qu’un sergent du roi de France et un clerc et celui d’un noble, Arnaud Bernard de Tresarrieu.

Le premier Ladils connu est Raimond Guillem, témoin entre 1155 et 1182, avec trois autres Bazadais, d’une donation à La Sauve. Qualifiés de bourgeois de Bazas – c’est la plus ancienne mention connue –, ces témoins appartiennent à des familles que l’on retrouve tout au long du XIIIe siècle, parfois alliées aux Ladils, les Ayquem, les Cabouzits et les Niac. La qualité des parties, le fait que R. G. de Ladils soit le premier des témoins cités témoignent de la place qu’occupait ce personnage dans la cité1.

Il est significatif que ce soit un chanoine de Bazas Pierre de Ladils qui apparaisse ensuite à trois reprises : en 1163, il est témoin avec plusieurs de ses confrères du chapitre, de la donation de l’église Saint-Hilaire de Siorac à Pierre, abbé de La Sauve, puis, en 1174, de l’accord entre Garsias, évêque de Bazas et Géraud, abbé de Sainte-Croix de Bordeaux, à propos de l’oratoire de Saint-Remi, à Saint-Pierre-de-Mons2. En 1177, archidiacre de Bazas, il est témoin d’un règlement fait par l’évêque Garcias sur le droit de présentation à certaines cures par le prieur de Saint-Pierre de La Réole3. D’autres membres de la famille ont été associés à ce collège qui a joué un rôle essentiel dans l’histoire de la ville, en tant que coseigneur de la cité et de son détroit. Ainsi les Ladils apparaissent d’emblée comme l’une des principales familles de la ville.

Quant à la première mention que nous ayons retrouvée de l’implication d’un Ladils dans les affaires du duché, elle remonte à 1195 : Guillaume Arnaud de Ladils est présent à Mont-de-Marsan lors de la conclusion d’un accord entre les coseigneurs de Lesparre d’une part, l’archevêque de Bordeaux et l’abbé de Sainte-Croix, de l’autre, sur les revenus des salines de Soulac. Cet accord fut conclu en présence de Geoffroy de Celles, sénéchal de Poitou et Gascogne4.

I – L’engagement politique (1250-1274)

Les Ladils au cours de la crise des années 1249-1255

Les événements qui vont agiter la vie de la cité de 1249 à 1255 nous font découvrir l’engagement politique des Ladils5. Nous sommes sous le règne d’Henri III (1216-1272). Violences, insécurité, abus de toutes sortes sont devenus le lot quotidien des habitants. Dans les villes des clans s’opposent tandis que des réseaux d’alliance se créent d’une ville à l’autre. Dans les campagnes, les nobles règlent leurs différends par les armes au plus grand dommage des populations rurales. Afin de mettre un terme à une telle situation Henri III confia pour sept ans à son beau-frère Simon de Montfort, comte de Leicester, le gouvernement de son duché (mai 1248)6.

À Bazas, deux familles dominent alors la vie politique, celle des Markès et celle des Ladils. Les Markès ou Marquès dont le principal représentant est Markès, sans aucun prénom, jouissent de la confiance du roi-duc. La situation est plus complexe chez les Ladils. Le chef du clan, de 1250 à 1260, est Bertrand, associé à Arnaud. On trouve aussi à leurs côtés, Pierre et Gaillard. Mais un autre Ladils, Guillaume Arnaud, associé à Menaud Guitarin est le chef de file d’une autre faction. Les raisons de ces antagonismes nous échappent. Autour des uns et des autres gravitent d’autres familles avec lesquelles ils sont probablement alliés : Ayquem, Cabozidz, Cogutmont, Cozin, Dax, Flus, Forquer, Espagne, Navans et Piis, apparentés à ceux de La Réole. Des liens existent aussi entre ces familles et les chefs de clan bordelais : Guillaume Arnaud de Ladils et Menaud Guitarin sont de connivence avec les Colom, Bertrand et Arnaud avec les Soler.

Si rien de notable ne se produisit en 1248, par contre, à la suite de la nuit des barricades qui opposa à Bordeaux les Colom aux Soler (28-29 juin 1249), en raison des liens unissant les clans bordelais à ceux de La Réole et Bazas, les querelles intestines que connaissaient ces deux villes furent ranimées. Simon de Montfort ayant pris le parti des Colom, les opposants se regroupèrent derrière Gaillard del Soler. À Bazas, poussé par G. R. Colom, Simon prit sous sa protection Guillaume Arnaud de Ladils et Menaud Guitarin. Bertrand et Arnaud de Ladils se retrouvèrent dans l’opposition au lieutenant du roi, sans qu’on sache s’ils avaient alors des griefs particuliers contre lui.

Simon, probablement avec des arrière-pensées financières, demanda à des Bazadais que les Colom lui désignèrent de se rendre comme otages à Bordeaux. Devant leur refus, le comte vint à Bazas, mais Bertrand et Arnaud de Ladils se réfugièrent dans une église – Notre-Dame du Mercadil ? – et le comte n’osa pas violer le droit d’asile attaché aux édifices religieux. Furieux, les hommes du clan des Guitarin s’en prirent à tous ceux qui étaient soupçonnés de sympathie pour le camp adverse. Ils coururent la ville marchande, rouant de coups des prud’hommes, en blessant un certain nombre, tuant l’un d’entre eux, ainsi qu’un gentilhomme et surtout Pierre de Ladils qualifié de magnus vir. Bien sûr, il convient de prendre avec prudence le récit des faits tel qu’il nous est donné par Marquès et Arnaud Ayquem. Il n’en reste pas moins qu’un climat de violence s’était installé dans la ville.

Ces excès entraînèrent, semble-t-il, une réaction de la majorité des Bazadais, les populares, probablement les gens des métiers, qui, excédés, chassèrent les Guitarin, Guillaume Arnaud de Ladils et leurs comparses de la ville, tandis que la municipalité engageait un procès contre eux. On peut situer au mois de mai 1250 un nouvel incident entre le comte et les Ladils. Ne pouvant les atteindre à Bazas, Simon, de retour après un voyage en Angleterre, s’empara des biens que Gaillard et Pierre de Ladils, son frère, des prud’hommes (qui sunt probi magni homines) possédaient à Cocumont depuis plus de quatre-vingts ans et en aurait retiré 150 livres bordelaises. Sur plainte des Ladils qui n’avaient pas l’intention de se laisser faire et étaient décidés à ne pas se faire extorquer de l’argent, Simon aurait accepté que l’affaire fût réglée par un duel judiciaire, mais, face à l’attitude ferme des Ladils, il préféra s’en remettre à l’arbitrage de l’évêque de Bazas. Par la suite, alors que l’évêque tenait le bien contesté dans sa main, Simon ne respecta pas sa promesse et, constatant une nouvelle fois qu’il ne pourrait tirer profit de la situation, il occupa de nouveau la terre de Cocumont dont il aurait tiré 200 marcs de plus7.

Au mois d’octobre 1251 se produisit un soulèvement contre Simon de Montfort, conduit cette fois par la noblesse du duché, le vicomte de Béarn, le sire d’Albret, Bernard de Bouville, les vicomtes de Castillon et de Fronsac, Ar. Bernard de Lados, G. Arn. de Tontoulon, suivis de Gaillard del Soler et de bourgeois de La Réole. On aurait dû retrouver Bertrand et Arnaud de Ladils parmi les révoltés ; or ils n’apparaissent à aucun moment au cours de l’année 1251, en particulier lors des négociations qui aboutirent au règlement partiel de cette crise. La municipalité de Bazas est une nouvelle fois restée en retrait et joue les arbitres : ainsi, le maire, Bidau de Cabozidz participe aux discussions qui se déroulent dans la salle de l’évêque, en présence des commissaires royaux et de l’archevêque de Bordeaux. Gaston de Béarn accusa plus tard Simon de Montfort d’avoir, au printemps 1251, incendié et détruit le château de Lados. Simon répliqua en disant que le fils d’Arnaud Bernard de Lados et ses gens avaient blessé Menaud Guitarin et chassé Bertrand de Ladils, inconnu jusque-là, mais appartenant manifestement au clan de Guillaume Arnaud. Peut-être Simon avait-il installé ses partisans à Lados, ce qui expliquerait son expédition punitive, à la suite de la reprise du château par les Lados.

Henri III, cédant aux demandes des Gascons, envoya au début de 1252 deux nouveaux commissaires et convoqua à Londres nobles et représentants des villes pour y présenter leurs doléances. Leur mission faillit échouer en raison de graves événements qui se déroulaient à La Réole où les partisans de Simon de Monfort étaient assiégés dans le château par les Réolais, assistés cette fois de Bazadais. Les commissaires conclurent des trêves avec le vicomte de Béarn, le sire d’Albret, les Réolais et le maire de Bazas. Le 9 mai 1252, Markès et Arnaud Ayquem, représentants de la communauté de Bazas, se présentaient ainsi devant le parlement pour exposer leurs doléances contre Simon de Montfort et faisaient à cette occasion un récit des événements qui s’étaient déroulés à Bazas depuis 1249. Mais, à aucun moment au cours de l’année 1252, n’apparaît le nom d’un Ladils. Impressionné, semble-t-il, par les plaintes des Gascons, Henri III, après avoir renouvelé la donation de la Gascogne à son fils, le prince Édouard (8 juin 1252), décida de venir lui-même en Gascogne tandis que Simon de Montfort renonçait à sa lieutenance.

Lorsque, le 15 août 1253, Henri III débarqua à Bordeaux, la situation avait évolué différemment à La Réole et à Bazas. À La Réole, les habitants avaient fini par s’emparer du château. Les Bazadais, par contre, comme ils l’avaient déjà fait en 1251, se cantonnaient maintenant avec leur maire, Markès dans une prudente expectative. Dès le 8 septembre, alors qu’il se trouvait devant La Réole dont il faisait le siège, Henri III mandait à son sénéchal de Gascogne, Jean de Grey de faire en sorte qu’il ne soit pas porté atteinte aux biens des Bazadais fidèles au roi encore exilés (homines feiditi de Vasato qui sunt ad fidelitatem regis) – il doit s’agir de membres du clan des Guitarin. En même temps il lui demandait d’agir au mieux dans l’intérêt du roi-duc en ce qui concerne les rebelles et les hommes du roi8. Henri III, nous allons le voir, prit des mesures sévères à l’encontre de Bertrand de Ladils et de ses complices, leur personne et leurs biens. Mais ses décisions manquent pour le moins de cohérence : ainsi, il dispose à deux reprises des biens de Bertrand de Ladils, ou bien il ordonne la destruction de ses maisons et peu de temps après en fait don. Ainsi, le 11 septembre, cédant sans doute à la demande de l’évêque, Raimond de Castillon, Henri III lui concédait les terres, vignes et revenus de ses ennemis, sans préciser lesquels9.

Apparemment le roi-duc n’avait pas été encore informé de l’identité de ses ennemis, car ce n’est que le 16 septembre qu’il ordonne à son connétable de Bazas de s’emparer, s’il pouvait les trouver, d’Arnaud Bertrand de Ladils – mais il ne peut s’agir que d’Arnaud et de Bertrand –, considérés comme les meneurs, et de leurs complices, les frères Garcie et Amanieu de Sescars, seigneurs d’Illon, Arnaud de Pinsac et Arn. Raimond de La Mota, probablement un des seigneurs de Roquetaillade. Il devait aussi saisir leurs biens, en particulier leurs vignes et leur bétail10. Puis, le 21 septembre, de Saint-Macaire, il lui ordonnait de faire sur-le-champ démolir les maisons que Bertrand possédait à Bazas et de faire remettre la pierre en provenant à la fabrique de la cathédrale, par don du roi11. Le 8 octobre, enfin, en considération de ses mérites, il faisait don à Richard de Grey et à ses héritiers des maisons, terres et biens-fonds que Bertrand avait tenus dans la cité de Bazas et en dehors. Il demanda à cette occasion à l’évêque et au chapitre auxquels il avait concédé ces biens une première fois, le 11 septembre, d’y donner leur accord12. Il est clair que les biens des Ladils constituaient une aubaine pour le roi désargenté : après avoir, probablement dans un moment de colère, ordonné la destruction des maisons de Bertrand, il se ravisa. Mieux valait-il les utiliser pour remercier ceux qui lui avaient été fidèles ou l’avaient bien servi. En revanche, même s’ils avaient pu réapparaître dans la ville au gré des événements, les Ladils et leurs complices avaient maintenant pris le maquis et Bertrand ne fut apparemment jamais arrêté. Cependant, dans des circonstances que nous ignorons, le roi put s’emparer de l’un de ses fils Arnaud qu’il envoya à Bordeaux et dont il confia la garde à Pierre Chaceporc (18 novembre)13. Henri III prit des mesures identiques à l’encontre des complices de Bertrand : confiscation de leurs biens, destruction de leurs résidences. Ainsi, au mois de novembre, le sénéchal reçut-il l’ordre de faire démolir les châteaux de Lados et d’Illon (castrum Arnaldi Garsie de Sestas) et ceux des ennemis du roi aux environs de Bazas (10 nov.)14. Celui d’Illon fut renversé par les hommes de R. le Bigot, comte de Norfolk avec le concours d’un contingent bazadais15.

Après s’être emparé du château de Benauges, le roi se rendit à Bazas, le 19 novembre ; il devait y résider jusqu’au 26 février 1254. Quelques jours avant son arrivée, afin d’éviter que des troubles n’éclatent dans la ville, il ordonna à R. le Bigot, maréchal d’Angleterre, d’empêcher le retour à Bazas et dans sa juridiction sans mandement exprès du roi et l’accord des prud’hommes de la ville, de ceux qui s’étaient compromis dans des guerres privées, aussi longtemps que leur cas n’aurait pas été jugé par la cour du roi et que tous ceux qui s’y trouveraient soient expulsés sans délai16. Cette décision est tout à fait révélatrice de la situation à Bazas. Depuis l’arrivée du roi en Gascogne, à la différence des Réolais, du sire d’Albret ou du vicomte de Benauges, les Bazadais ont joué la carte de la légalité. Ils ont chassé de la ville les membres du clan des Ladils, peut-être aussi dans un premier temps ceux du clan des Guitarin. Le roi leur sait gré de cette attitude, d’où l’accord des prud’hommes et le choix de Bazas par Henri III pour en faire sa résidence. Ainsi, c’est de Bazas que, le 21 décembre 1253, faisant référence à une lettre du pape Innocent IV datée d’Assise, le 30 juillet précédent, le doyen de Saint-André de Bordeaux demandait à l’évêque d’Aire de proclamer dans son diocèse l’excommunication de Gaston de Béarn, des vicomtes de Fronsac et de Castillon, de Guillaume, prieur du Mas, de Bertrand de Ladils, des maire et jurats de La Réole et de Bernard de Bouville17.

Les Bazadais et leur maire, Markès, firent en sorte que le séjour d’Henri III fût aussi agréable que possible : ils lui avancèrent quelques centaines de livres et prirent en charge les frais de la garnison après le départ du roi. Le 22 avril 1254, les pourparlers avec le roi de Castille Alphonse X aboutirent : le roi de Castille demandait aux Gascons de se soumettre, tandis que le prince Édouard devait épouser une des sœurs d’Alphonse. Les Réolais finirent par capituler et, le 18 août 1254, ·la paix fut proclamée sur toute la Gascogne : elle allait durer quarante années, jusqu’au déclenchement de la guerre de Gascogne en 129418. Les séquelles du conflit se firent néanmoins sentir plusieurs années durant. À la demande du roi de Castille et dans le cadre des négociations de paix, Henri III avait, le 5 août 1254, accordé son pardon aux Réolais et à tous ses sujets de Gascogne, ceux des Landes, de Sainte-Bazeille, de Gensac et Pellegrue, et tout particulièrement à Bertrand de Ladils et à tous les siens, sous réserve cependant de se présenter devant la cour de Gascogne19.

La liquidation de la crise (1255-1256)

Après le retour d’Henri III en Angleterre en novembre 1254, il appartenait au prince Édouard de régler les problèmes encore en instance, en particulier celui du retour des Ladils. Le 10 décembre, de passage à Bazas, Édouard prit des otages “pour le bien de la paix et la sécurité de toute sa terre de Gascogne et la tranquillité de la cité de Bazas”, mais nous en ignorons l’identité20.

Au cours de l’année 1255, alors que Menaud Guitarin est devenu maire de la ville, juste récompense pour celui qui avait été un fidèle de Simon de Monfort, Raimond Guillaume de Ladils, inconnu jusque-là, fut l’objet de la part du prince Édouard de mesures qu’il est difficile de qualifier car nous en ignorons les raisons. Le 9 septembre, le prince ordonne au maire de Bazas de prendre dans sa main, en son nom, les terres et possessions qu’Arnaud de Pins et Raimond Guillaume de Ladils ont à Bazas, aussi bien en leur nom propre qu’en celui de leurs épouses, biens dont il répondra. Il agissait en vertu d’une décision qui remontait à fin 1253 ou début 1254 – on était alors en pleine crise21. Puis, le 10 octobre, avant son départ pour l’Angleterre, il charge le maire de convoquer plusieurs Bazadais devant lui à Bordeaux, le vendredi 15, toutes affaires cessantes. Était-ce pour admonester ceux qui s’étaient montrés sinon toujours hostiles du moins réservés face à Simon de Montfort ? On y retrouve des Ladils, Raimond Guillaume et son fils aîné Jean, accompagnés d’Arnaud de La Rius, fils de Gaillard, Raymond Markès le jeune, fils de Jean Markès, Markès de Markès l’aîné, Markès fils de Jean Markès, Pierre du Puch et Raimond Morian, fils aîné de Vital de Cabozis. Le 26 octobre, le Prince Édouard repartait enfin pour l’Angeterre22.

Il restait à régler le cas de Bertrand et de ses complices. Au terme probablement de négociations dont nous ignorons le déroulement et muni d’un sauf-conduit, Bertrand se rendit en Angleterre en même temps que Doat de Pins de La Réole et Gaillard del Soler pour y rencontrer le prince Édouard. Il s’agit des principaux chefs de clans bourgeois de Bazas, La Réole et Bordeaux, opposés naguère à Simon de Montfort23. À Lambeth, le 9 septembre 1256, Bertrand, bourgeois de Bazas, promet bonne foi et fidélité, honneur dû et service fidèle au prince Édouard et prête serment sur les Évangiles. Il s’engage à lui apporter aide et conseil, oblige sa personne et ses biens en garantie de son serment et se reconnaît justiciable de la cour de Gascogne. Il promet aussi de donner dans la quinzaine de Toussaint des fidéjusseurs à Étienne Longuespée, sénéchal de Gascogne, pour une somme de 1000 marcs de bons et loyaux sterlings s’il ne remplissait pas ses engagements et était cité devant la cour de Gascogne. Enfin, au cas où il ne donnerait pas ces fidéjusseurs, il s’engageait à se rendre en Angleterre avant Noël. Cet engagement est en forme de lettres patentes, scellées du sceau de Bertrand24. La désignation des fidéjusseurs eut lieu le 27 novembre suivant à Bordeaux. Bertrand renouvelle son serment et les engagements pris en Angleterre. Au nombre de huit, ces fidéjusseurs se portent chacun caution pour 100 marcs sterling. Il s’agit de quatre nobles bazadais, Elie de Blanhac, Arnaud Garcie de Sescars, coseigneur d’Illon, Pons de Pommiers, W. Mota et autant de bourgeois, P. de Pins, G. de Pins, Vital Duran et Gaillard Duran25. Il semblerait que Géraud ou Gaillard de Mota, seigneur de Roquetaillade se soit aussi porté caution26. Le 10 novembre, Arnaud qui avait dû, lui aussi, prêter serment de fidélité au prince Édouard en Angleterre, le renouvelle dans les mêmes termes que Bertrand et fournit ses cautions : Viennent en premier cinq bourgeois bazadais pour 100 marcs chacun : Arnaud de Ladils fils de Bomot, Brunet de Ladils, Arnaud Ayquem, R. Marquès, l’aîné, Raimond Guillaume Marquès et Marquès, et dix autres pour 50 marcs : Menaud d’Ax, Elie de Laroque, Arn. de Montagut, R. W. de Orta, Mathieu de Montagut, R. de Cazin, P. de Bernes et P. Chambre27[27]. Arnaud avait été témoin, le 4 novembre, d’un engagement identique de Doat de Pins, bourgeois de La Réole28.

Nous retrouvons Bertrand en Angleterre, le 19 novembre 1259, témoin de la promesse faite par Gaillard del Soler au prince Édouard d’observer fidèlement les conditions autrefois arrêtées sur le fait de la mairie de Bordeaux. Bertrand de Ladils, comme l’avait fait Gaillard del Soler, oblige sa personne et ses biens, prête à son tour serment sur les Évangiles et appose son sceau. La présence, une nouvelle fois, de Bertrand de Ladils auprès de Gaillard del Soler mérite d’être soulignée : elle prouve la solidité des liens existants entre les deux clans bazadais et bordelais. Gaillard del Soler s’était en effet rendu en Angleterre pour se disculper d’un prétendu complot dénoncé par les Colom29. Le même jour, Gaillard et Bertrand furent aussi témoins de la confirmation par le prince Édouard de la donation faite le 25 février 1254 par Henri III à Markès, alors maire de Bazas, des biens qu’il possédait dans les tènements (tenenciae) d’Ensenhag, Baguzan et del Pugs30. À l’automne 1261, le prince Édouard fit un bref passage à Bordeaux au cours duquel il promulgua les nouveaux statuts municipaux en 18 articles : C’est désormais le prince qui choisira le maire. Cette nouvelle constitution municipale consacrait d’une certaine manière le triomphe des Soler sur les Colom dont les principaux représentants avaient été emprisonnés et les biens confisqués au cours de l’été précédent. Mais, le 4 novembre, Gaillard del Soler et Bertrand de Ladils, rendant compte à Henri III de l’exécution de ses ordres, lui firent part de leur crainte de voir les Colom obtenir du prince, moyennant finance, leur libération et la restitution de leurs biens. Cette tentative demeura sans résultat31.

Lors de la promulgation de la sentence d’excommunication prononcée contre les ennemis du roi à l’automne 1253, Bertrand de Ladils fut le seul bourgeois à être nommément cité aux côtés du maire et des jurats de La Réole, de trois vicomtes, d’un coseigneur de Langon et du prieur du Mas. Cela suffirait à illustrer la place qu’il occupait alors sur l’échiquier politique aquitain. Mais il en existe bien d’autres témoignages, plus significatifs car moins liés à la conjoncture. Ainsi, sa présence à deux reprises en Angleterre puis à Bordeaux aux côtés de Gaillard del Soler, chef du clan bordelais qui va retrouver les faveurs royales ou bien encore le montant de la caution de 1000 marcs sterlings exigée de Bertrand et Arnaud en cas de manquement au serment de fidélité prêté au prince Édouard. Même si ce montant n’est probablement que la moitié de celui qui avait été demandé à Gaillard del Soler, il permet de situer les Ladils au sommet de l’échelle sociale de la bourgeoisie régionale. Il est manifeste aussi que les Ladils entretenaient des relations particulièrement étroites avec la noblesse locale : les Sescars, Garcie et Amanieu, seigneurs d’Illon et Arn. Raimond de La Mota coseigneur de Roquetaillade sont manifestement les complices de Bertrand en 1253-1254. On ne s’étonnera donc pas de retrouver deux ans plus tard Arn. Garcie de Sescars comme caution de Bertrand avec quatre autres nobles appartenant aux familles de Blaignac et Pomiers dans le nord du diocèse et de Mota, dont le château se trouvait à Romestaing. Ces relations avec la noblesse avaient d’ailleurs un caractère institutionnel : ainsi, les Recogniciones de 1274 nous font connaître celles qui liaient les Ladils aux Bouville, coseigneurs de Langon. Guillaume de Bouville, rappelle le partage que firent Roger de Gabarret, son aïeul paternel et Pierre de Gabarret, son frère : s’agissant des milicia, c’est-à-dire de fiefs chargés d’un service militaire, Pierre comme aîné eut celles d’Amanieu d’Albret, de P. de Mota, de G. Arnaud de Pomiers et de Vigier de Monbrun, Roger seulement celles de Bertrand de Ladils et d’Arnaud de Ladils32.

Le retour des Soler dans la faveur du prince bénéficia aux Ladils. Le 29 juillet 1270, Roger de Leyburn, alors sénéchal d’Aquitaine, nomme Arnaud de Buch, chanoine de Saint-Seurin et Bertrand de Ladils, citoyen de Bazas, pour accomplir en son nom et en celui du prince le paréage décidé entre Édouard et le monastère de Saint-Sever. Le 31 juillet, Bertrand appose son sceau au bas du contrat. Mais est-ce l’opposant à Simon de Monfort, ami de Gaillard del Soler ?33 Fut-il aussi témoin, le 30 juin 1272, de la reconnaissance faite par Arnaud de Gabaston et son épouse Clarmonde d’un prêt de 20 000 sous morlans (1 000 livres) consenti par le sénéchal de Gascogne ? La chose n’aurait rien d’invraisemblable. Certes, Bertrand est dit fils de Guillaume Arnaud de Ladils, probablement décédé. Or le seul Ladils ainsi prénommé que nous ayons rencontré jusqu’ici était, on s’en souvient, membre du clan des Guitarin, et opposé à Bertrand de Ladils. Si notre témoin et commissaire est bien l’ancien chef du clan opposé, dans ce cas son père, Guillaume Arnaud, ne saurait être le complice des Guitarin. Il s’agirait donc d’un homonyme, cas fréquent dans cette famille34.

II – Regards sur la famille

Filiations et liens de parenté

Nous avons jusqu’ici croisé près de vingt représentants de la famille : au XIIe siècle deux bourgeois, Raimond Guillem (1155) et Guillaume Arnaud (1195) et un chanoine, Pierre (1163-1177). Au milieu du siècle suivant les Ladils appartiennent, on vient de le voir, à deux clans : l’un, opposé à Simon de Montfort puis au roi, a pour chefs de file Bertrand et Arnaud et regroupe Gaillard et Pierre, des magnats, ainsi que Raimond Guillaume, et Arnaud fils de Bomot et Brunet qui cautionnent leur parent Arnaud ; l’autre, dirigé par Menaud Guitarin, compte parmi ses membres Guillaume Arnaud et un autre Bertrand. Mais l’identification de Bertrand, fils de Guillaume Arnaud pose un problème.

Essai de généalogie de la branche de Bertrand Ier de Ladils.

En l’absence de documents de caractère privé, tels que contrats de mariage ou testaments, seuls susceptibles par ailleurs de nous faire connaître les épouses et les filles, il est impossible d’y voir clair au sein d’une famille divisée en plusieurs branches dont les membres utilisent un nombre réduit de prénoms. Mais, grâce à quatre actes, échelonnés de 1272 à 1308, retrouvés au XIXe siècle dans un fonds privé35, nous avons pu reconstituer sur trois générations la famille de Bertrand, qui, nous l’avons vu, occupe au milieu du XIIIe siècle une place de premier plan sur la scène politique. Bertrand Ier eut de son épouse, Yzold, au moins quatre fils : Arnaud attesté en 1253, mort jeune, Bernard, Guillaume Arnaud et Bertrand II et probablement une fille Marie, épouse d’un Noalhan36. Le 25 avril 1272, Bertrand Ier fit don au prince Édouard de plusieurs biens qu’il possédait en alleu. Deux jours plus tard, Édouard donnait ces biens en fief à son fils, Bernard. Compte tenu des clauses concernant la dévolution de ces biens au cas où Bernard décéderait sans enfant, nous savons qu’il était alors l’aîné de la famille et que son cadet était Guillaume Arnaud. Bernard n’eut pas d’enfant de son mariage avec Guillaume Gondaumer et sans doute cette situation était-elle considérée comme définitive lorsque, le 18 mai 1277, Bernard s’entendit avec ses frères sur la manière dont serait partagé son héritage. Guillaume Arnaud, conformément aux clauses contenues dans la donation faite par le prince Édouard en 1272, devait hériter des fiefs concédés par le prince dont le principal était, on le verra, celui de la Tour de Lavison. En septembre 1283, Guillaume Arnaud fit son testament et partagea ses biens entre ses quatre filles, alors vivantes, que lui avait données son épouse, Assaride de Laroque : Yzold qui porte le même prénom que son aïeule, Marqueza, Lugan et Manleta ou Mansete. Il était décédé le 10 juillet 1287, date à laquelle son frère Bertrand II est tuteur de la seconde de ses filles Lugan, dont la sœur aînée devait être elle aussi décédée à cette date37. Vingt-cinq ans plus tard la situation avait profondément changé. Les trois frères étaient maintenant décédés : Bernard, comme prévu, sans enfant, Guillaume Arnaud en ne laissant qu’une fille, sa plus jeune, Mansete, épouse de Raimond de Fargues et Bertrand II, un garçon, Guillaume Raimond.

Les documents familiaux que nous venons d’évoquer nous éclairent aussi sur les alliances de la famille et sur la place que celle-ci occupait au sein de la société. Si Guillaume Gondaumer, l’épouse de Bernard appartenait à une famille bourgeoise, ce fut probablement aussi le cas de sa belle-mère Yzold, l’épouse de Bertrand Ier. À cela rien d’étonnant car, s’il était exceptionnel qu’un bourgeois épousât une fille de la noblesse, en revanche, en cette fin du XIIIe siècle, les mariages entre nobles et filles de la grande bourgeoisie sont fréquents : c’est bien le cas de Mansete épouse de Raimond de Fargues, mais aussi celui de Marie, la mère d’Amanieu de Noalhan. Par le jeu de la dotation des filles qui permet d’éviter le partage du patrimoine foncier, les bourgeois recueillent lors de leur mariage des apports financiers qui leur permettront à leur tour de bien doter leurs filles. Celles-ci trouvent alors aisément un époux dans une noblesse à court d’argent38.

Le patrimoine des Ladils

Lorsque les Ladils commencent à apparaître dans les textes ils sont déjà à la tête d’un patrimoine conséquent, mais nous ignorons quelles en sont les origines de même que les modalités de son accroissement.

Constitué pour une large part de biens fonciers, terres et maisons, il était situé pour l’essentiel en Bazadais, à Bazas même, comme en témoigne la donation faite par le roi à la fabrique de la cathédrale puis à John de Grey des biens de Bertrand de Ladils ; mais il devait en être de même pour celui des autres branches de la famille. Autant dire qu’une partie de la ville devait être entre leurs mains. Il convient, cependant, de rappeler qu’il existe alors pour un même bien deux types de propriété : la propriété éminente du seigneur, la propriété utile du tenancier. Or, à Bazas, l’évêque et le chapitre, seigneurs hauts justiciers de la ville et de sa juridiction, devaient en être aussi seigneurs fonciers : ainsi tous les bourgeois de Bazas devaient-ils être tenanciers des seigneurs ecclésiastiques. Mais les Ladils étaient eux-mêmes seigneurs dans le reste du Bazadais et, comme cela était encore fréquent dans ce diocèse, ils ne tenaient pas ces biens en fief du roi-duc, mais, comme l’évêque et le chapitre à Bazas, en alleu, c’est-à-dire en pleine propriété. On le voit bien dès 1272 puis, à l’occasion de l’enquête à laquelle Édouard, devenu roi, fit procéder en 1274 afin de mieux connaître la nature de ses droits dans le duché.

Le Bazadais au début du XIVe siècle :
1. cathédrale ; 2. prieuré ; 3. masion-forte ;
4. château ; 5. bourg castral.
Possessions des Ladils  : 6. fief ; 7. tenures ; 8. péage ;
9. alleu-seigneurie.

Bertrand Ier ne tenait apparemment aucun fief du roi-duc, et, mis à part les tenures situées à Bazas, possédait tous ses biens en alleu. Une telle situation n’avait rien d’exceptionnel en Gascogne, mais sans que l’on sache si ce fut à l’initiative de Bertrand ou de celle des conseillers du prince Édouard, une partie des alleux de Bertrand fut en 1272 transformée en fief de reprise. Dans un premier temps, le 25 avril, à Grandmont, près de Saint-Émilion, Bertrand fit don à Édouard pour lui et ses héritiers d’un ensemble de bien-fonds assez considérable ; deux jours plus tard, à Guîtres, le prince le rétrocéda en fief à son fils aîné Bernard39. On peut s’interroger sur les raisons de la transformation d’une partie du patrimoine de Bertrand en fief de reprise en faveur de son fils, car c’était en principe le donateur qui en était ensuite bénéficiaire. Le prince obligea-t-il Bertrand à faire une avance d’hoirie à son fils ? On peut le penser, car le prince ne pouvait que s’attirer les bonnes grâces du fils en même temps qu’il disposait désormais d’un moyen juridique pour s’assurer de la fidélité des Ladils.

Bertrand avait cédé tout ce qu’il avait et tenait paroisse Sainte-Marie de Lerm, au lieu appelé à Taves, paroisse de Saint-André de Lucmau (Luc Maur), paroisse d’Artiguevieille au lieu-dit Al Sauboar, paroisse de Saint-Michel près de Bazas, aux lieux appelés A Melenat et A Calon, paroisse de Sainte-Marie de Saco, aux lieux dits Donalan et Guro, enfin la tour de Lavison et ses dépendances dans un périmètre délimité d’une part par le Drot et le ruisseau de Martalab, de l’autre par le pont de Labarthe sur le Drot et l’hôpital de Roquebrune40. Il s’agissait d’eaux, de moulins et de molinars, c’est-à-dire d’emplacements pour édifier des moulins, de landes, bois et herbages, de cens portant sur des tenures. En fait, cette énumération n’est qu’un formulaire comme le prouve la suite de l’énumération : questes, tailles et aubergades, autres droits corporels et dominium. Si l’on met à part la mention d’hommes de Lavison (homini Lavison) dans la charte apocryphe de fondation du prieuré de La Réole, Lavison apparaît pour la première fois dans un texte à l’occasion de la donation de Bertrand de Ladils. Seul un censier permettrait d’apprécier l’importance de ce patrimoine, la localisation par lieux-dits pouvant être trompeuse : il peut s’agir aussi bien d’un quartier que d’un habitat isolé. Notons, cependant, que le quartier de Taves dans Lerm couvre encore aujourd’hui plusieurs centaines d’hectares. Il en était de même pour le territoire délimité autour de Lavison. Ces biens, désormais tenus du roi-duc, ne constituaient qu’une partie du patrimoine de Bertrand. De même importance certainement du point de vue des revenus qu’il produisait était le péage de La Réole. Il s’agissait d’un droit perçu sur chaque tonneau passant sur la Garonne devant La Réole, à la montée et à la descente “en puyada e en debarada”41. Il s’y ajoutait, des biens à La Réole, à Bazas, Langon, Castets-en-Dorthe, Preignac42, dans la paroisse de Bernos et dans la seigneurie de Cazeneuve43. À Bazas, Bertrand était tenancier de l’évêque et du chapitre, à La Réole du prieur ; à Cazeneuve, il tenait, probablement d’autres biens en fief du sire d’Albret, mais ailleurs il était certainement encore alleutier.

Mais, d’autres Ladils possédaient eux aussi en alleu dans les paroisses proches de Bazas des biens qu’ils avaient cédés en tenures. Ainsi un certain nombre d’hommes francs du roi de Bernos déclarent tenir des biens d’autres seigneurs que le roi ; parmi ces seigneurs figurent de nombreux Ladils44. Ces alleux-seigneuries se trouvent paroisses de Bernos et de Taleyson – aujourd’hui dans Bernos. À Bernos, les Ladils possèdent ainsi le casal de la Serre et ses dépendances, probablement une assez grande exploitation (Recogniciones feodorum, n° 246 [20]), des parcelles en divers lieux, en particulier à la correge de Ladils : il s’agit d’un ensemble de parcelles contiguës de surface variable – 12 journaux (4 ha environ), un journal (environ 0,33 ha) (Rec. feod., n° 246 [24-2 et 4]), 10 règes (Rec. feod., 246 [20]), 3 estirons (Rec. feod., n° 246 [24-3]). Les Ladils reçoivent de leurs tenanciers des cens en argent de quelques deniers dont la modestie prouve l’ancienneté des tenures. La Serre est un lieu habité, porté sur la carte de Belleyme, au nord de la commune de Bernos. Il est probable que la correge se trouvait entre ce casal et le Ciron, car il existe encore au XVIIIe siècle un moulin de Ladils, devenu celui de Chauler.

À l’origine, la correge de Ladils – une grande parcelle de terre de forme allongée – a probablement appartenu à un seul Ladils ou tout au plus à une fratrie. Or en 1274, nous y trouvons trois groupes de seigneurs : Pierre et Arnaud de Ladils (Rec. feod., n° 246 [20]), Bertrand de Ladils et ses parçonniers, c’est-à-dire des membres de sa parenté, frères, oncles ou cousins (Rec. feod., n° 246, [24-2]), enfin deux frères, Gaillard et Arnaud (n° 246 [24-3]). D’autres Ladils ont des tenanciers ailleurs dans la paroisse : Pierre au lieu-dit Al Sazailhan (Rec. feod., n° 246 [24-4]), Arnaud et Amanieu de Noalhan, non loin de là, à Taleyson (Rec. feod., n° 247). On ne peut, cependant, à partir d’une documentation de cette nature, avoir la moindre idée du patrimoine de chacune de ces familles. Nous avons vu que d’autres Ladils possédaient des biens relativement importants dans la paroisse de Cocumont45. On remarquera au passage qu’à l’exception de celui de Gaillard, les noms des Ladils cités dans les Recogniciones sont apparus auparavant dans les actes de la chancellerie anglaise. Parmi ceux qui font hommage aux sires d’Albret, Amanieu VII, à raison de la seigneurie de Cazeneuve nous trouvons Guillaume Arnaud à deux reprises, en 1303 et 1330, Guillaume Raimond en avril 1308 et Arnaud, en 1318. Il s’agit bien d’hommages comme le prouve la lance d’esporle que doit remettre Guillaume Raimond. Guillaume Arnaud n’est pas le second des fils de Bertrand Ier, car il était décédé à cette date. Par contre Guillaume Raimond pourrait bien être son neveu, fils de Bertrand II46.

Pour un certain nombre de Ladils les revenus tirés de leur patrimoine foncier, fruit d’héritages, d’alliances et d’investissements, étaient complétés par ceux que leur procuraient leurs activités commerciales. Nous ne pensons pas, en effet, que les Ladils étaient devenus exclusivement des rentiers du sol. Les quelques témoignages que nous avons recueillis révèlent qu’ils étaient associés dans leurs entreprises commerciales, probablement internationales, soit à d’autres Bazadais, soit à des bourgeois de Bordeaux. Ainsi, en 1285, Bertrand II et Bernard de Ladils, frères – il s’agit très probablement de deux des fils de Bertrand Ier – et Arnaud Monadey ont-ils été obligés d’hypothéquer leurs revenus et biens auprès d’un autre marchand bordelais Arnaud de la Naude, soit en garantie d’un prêt, soit pour éponger des dettes. Bien que les intéressés se fussent mis d’accord par-devant notaire et sous le couvert du sceau de Gascogne, faisant suite à une requête d’Arnaud, le roi demanda à ses officiers ducaux de veiller à ce que les clauses du contrat fussent respectées47.

Le roi prit aussi sous sa protection Guillaume Arnaud de Talayson et Bertrand de Ladils, fils de feu R. G. de Ladils. Du Ponthieu, sur le chemin du retour en Angleterre, il manda, le 2 août 1289, à tous ses justiciers, viguiers et baillis de protéger et défendre les deux bourgeois de Bazas, leurs marchands et leurs marchandises. Bertrand et son associé étaient en effet disposés à payer péages et coutumes accoutumés. Il ordonne aussi de leur apporter, sauve la justice, tout le concours possible pour qu’ils recouvrent les dettes qui leur seront légitimement dues dans ses terres et donne à ses officiers tout pouvoir en la matière, les présentes lettres étant valables 5 ans48.

Partages successoraux

En Bazadais, selon l’article 70 des coutumes, lors d’une succession, le partage des biens se faisait également entre frères et sœurs, qu’il s’agisse de nobles ou de roturiers, l’avantage que le père pouvait constituer en faveur de l’un de ses enfants ne pouvant être supérieur à la douzième partie de ses biens (art. 68). Toutefois, au-dessus de cinq livres de rente, le fils aîné recevait à titre d’avantage la principale demeure (lo cap de l’ostau). D’autre part, en se mariant les filles dotées renonçaient à l’héritage de leurs parents (art. 129). Le risque d’émiettement des patrimoines était donc, en principe, réel, mais en fonction de divers facteurs – stérilité d’un couple, forte mortalité infantile, constitution de dots –, la situation pouvait évoluer de toute autre façon49. En voici deux exemples.

Le premier, celui de la succession de Bertrand Ier, illustre parfaitement le processus de démantèlement puis de reconstruction d’un patrimoine en l’espace de trois générations50. À la mort de Bertrand Ier, ses biens furent partagés entre ses trois fils survivants, Bernard, Guillaume Arnaud et Bertrand II. Bernard, en tant qu’aîné, eut probablement une part supérieure à celle de ses frères : il reçut les terres tenues en fief du roi, dont il avait été investi, on s’en souvient, du vivant de son père – à Lavison, Saint-Michel de Bazas, Taves à Lerm et Lucmau ainsi que de droits sur le péage de La Réole, valant respectivement, on va le voir, 3000 et 1250 sous de rente, mais probablement aussi d’autres biens fonciers en Bazadais. Guillaume Arnaud avait pour sa part hérité d’une maison située à La Réole, dans la grande rue, près des bancs de boucherie et d’autres biens situés à Bazas ou aux environs51. Nous sommes moins bien renseigné sur le lot échu au plus jeune, Bertrand II, lot qui comportait notamment, nous le verrons, des droits sur les bancs de boucherie de La Réole et des biens à Bazas et aux environs, en particulier à Cazeneuve52. Il est certain qu’en compensation du fief de Lavison Guillaume Arnaud et Bertrand II s’étaient partagé les biens fonciers de La Réole et de Bazas. Le péage de La Réole dont les revenus devaient être substantiels fut peut-être aussi l’objet d’un partage entre les trois frères53.

De leur vivant, les trois frères étaient convenus par acte passé à Bazas le 18 mai 1277 qu’en cas de décès de Bernard sans enfant Guillaume Arnaud recevrait le fief donné par le roi d’Angleterre tandis que Bertrand II obtiendrait la part du péage de La Réole détenue par Bernard. Il est clair qu’à cette date Bernard estimait qu’il n’aurait pas d’enfant. En 1308, les trois frères étaient décédés, ne laissant que deux héritiers, Mansete, fille de Guillaume Arnaud et Guillaume Raimond, fils de Bertrand II. Les deux cousins procédèrent alors au règlement définitif de la succession de leur oncle, conformément à l’accord qu’il avait conclu avec ses frères. Mansete avait hérité du fief concédé par le roi-duc estimé valoir 3000 sous (150 livres) bordelais de rente, Guillaume Raimond de la part du péage de La Réole, estimé valoir 1250 sous (62 livres 10 sous) bordelais de rente. Ce que nous ignorons par contre c’est de quelle manière, lors du décès de Bernard survenu entre 1277 et 1287, ses deux frères appliquèrent les termes de l’accord de 1277, car l’acte de 1308 met manifestement un terme à un contentieux ancien. Afin que leurs parts soient égales les deux cousins procédèrent à des compensations. Guillaume Raimond céda à Mansete 10 livres de rente sur la maison des bancs de la boucherie à La Réole (maison de l’s bancs carnaceis), les ateliers (obredius) et le terrain par-derrière, le bourdieu (bordil) de l’Cugeir, le sol appelé de Ladils près de la place (plasse) de Bazas, les vignes du Pugh et de Falgas. Pour sa part, Mansete, en compensation de 1500 sous (75 livres) de rente représentant la moitié des revenus du fief ducal, rétrocéda à Guillaume Raimond les biens que celui-ci venait de lui donner (62 livres 10 sous) et pour les 250 sous restants – 12 livres 10 sous – elle lui donna, pour un montant de 6 livres 10 sous de rente, les droits qu’elle avait en divers lieux : sur les prés de na Saride, d’Arrebiu et de R. de Malavat, 12 deniers morlans de cens sur la maison de Caladantz, sur la Bulede et les quartz e quartaneyres, entre le ruisseau du Beuve (Beuver) et Bazas, qui avaient appartenu à Bernard de Ladils, au-delà des fiefs des hommes de Malavat. Quant aux autres 6 livres, elle promit de les payer sur les revenus du péage de La Réole jusqu’à ce qu’elle les établisse sur d’autres fonds suffisants à l’appréciation d’amis communs. D’autre part et bien que la tour de Lavison reste dans la part de Mansete, conformément à la lettre de concession d’Édouard Ier à Bernard de Ladils en 1274, la moitié des bois de ce domaine revenait à Guillaume Arnaud qui avait deux ans pour les enlever. Mansete s’engageait aussi à payer sur la part du péage de La Réole échue à son père 30 livres de rente annuelle à sa tante, Guillaume Gondaumer, veuve de Bernard de Ladils, trente autres livres étant à la charge de Guillaume Raimond. Restaient momentanément en indivis entre les deux cousins les biens que Bernard avait possédés à Langon et dans sa juridiction, à Castets-en-Dorthe (Castel Andorte) et Preignac, jusqu’au règlement d’une somme de 225 livres dues à G. Gondaumer.

Le second exemple croise le précédent puisqu’il s’agit de la succession de Guillaume Arnaud, dont quatre filles étaient vivantes lorsqu’il fit son testament le 16 septembre 1283. L’aînée Yzeld reçut la moitié des droits de péage que son père percevait à La Réole, ainsi qu’une maison située dans la grande rue de cette ville. Guillaume Arnaud laissa en parts égales à ses trois autres filles, Marqueza, Lugan et Manleta devenue Mansete l’autre moitié du péage et de ses autres biens. Il n’est pas possible de savoir dans quelle mesure l’aînée fut avantagée. L’émiettement du patrimoine semblait assuré ; or vingt-cinq ans plus tard Mansete était seule héritière. Avec son cousin Guillaume Raimond ils étaient les seuls héritiers de la fortune de Bertrand Ier54.

Dispositions testamentaires

Grâce au testament de Guillaume Arnaud, nous savons de quelle manière un bourgeois de Bazas de la fin du XIIIe siècle préparait son passage dans l’autre monde. Le plus souvent ses contemporains confiaient leur âme à un intercesseur, la Vierge ou un saint patron afin qu’il la conduise au paradis. Arnaud ne s’est soucié que de son corps : il souhaite être enseveli dans le chapitre du couvent des Franciscains (menuds) de La Réole, sous la verrière, au pied du crucifix, dans un caveau (tomba volta) édifié à ses frais. Ce choix est tout à fait conforme aux usages de l’époque aussi bien chez les nobles des grands lignages que dans la haute bourgeoisie, mais le choix de La Réole doit être mis en relation avec la résidence du testateur. Les dons qu’il fait à plusieurs églises témoignent du double attachement de Guillaume Arnaud à Bazas, berceau de sa famille et à La Réole où peut-être son mariage, la situation de son patrimoine, probablement ses affaires l’avaient conduit. Les couvents de Mineurs des deux villes ont bénéficié de ses largesses, celui de La Réole d’abord, richement doté car il doit accueillir sa dépouille ; il reçoit 500 sous (25 livres) pour las obras de las clautras (les bâtiments du couvent), 20 sous pour l’œuvre de l’église et 25 autres livres pour l’achat d’un vêtement liturgique complet avec tunique et dalmatique et celui d’un calice d’argent avec patène. Si le couvent de Bazas doit se contenter de vingt sous pour ses besoins quotidiens (obs de pitansa), les églises de la cité ne sont pas oubliées : 100 sous à l’œuvre de Saint-Jean – la cathédrale –, 5 sous au luminaire de Sainte-Marie (Notre-Dame du Mercadil), et autant à celui de Saint-Martin. À La Réole, l’œuvre du prieuré Saint-Pierre reçut 100 sous, celle de Saint-Michel, 20 sous. Guillaume Arnaud légua aussi 12 livres pour acheter une rente de 12 sous pour l’église de Saint-Michel de Bazas et 20 livres à Notre-Dame du Puy pour acquérir une rente de 20 sous – soit un intérêt attendu de 5 %. Il laissait en outre 25 livres à un certain Guilheuminou pour faire un pèlerinage en Terre sainte. Enfin, il prenait sur ses biens une somme de 100 livres pour indemniser ceux auxquels il aurait pu faire des torts et payer ses créanciers, en particulier Gaillard de Langon, qui, avec son frère Pierre, figure parmi les témoins. Il n’oubliait pas ses amis et faisait don de 25 livres bordelaises à Guiraud de Serres “son compahon”, probablement un associé, et de 10 livres aux filles de Pierre del Miralh ou, si elles décédaient, à leur père. Cette générosité pour être fort répandue était rarement à la mesure des liquidités dont disposait le testateur. Guillaume Arnaud avait des dettes et nous verrons qu’il avait oublié d’assigner à sa mère les rentes qui lui revenaient suite à son veuvage. En fait sa situation financière n’était pas brillante car il avait été obligé de mettre en gage les bijoux de son épouse, Assarida. Il demanda à ses exécuteurs de rembourser le prêt “de ses biens” – formule vague, faut-il comprendre “en vendant une part de ses biens” –, et à frère Pierre de Pons, un menud, de se faire remettre ces bijoux “des mains de ceux qui les avaient” qui ne sont pas désignés mais que le frère devait connaître. Guillaume Arnaud fit don à ce frère de ses propres bijoux (arretengua la suas joyes) et lui demanda de remettre à Assaride, son épouse, ceux qui lui appartenaient55.

Les veuves et les orphelines

La plupart des femmes mariées devenaient un jour veuves en raison des différences d’âge entre les époux. Ceux-ci veillaient dans leurs dispositions testamentaires à leur assurer des moyens de subsister. Ainsi Bertrand Ier avait reçu de son épouse Yzeld une dot de 6000 sous, soit 300 livres. Dans son testament, il lui assigna en plus 100 livres de rente. À la génération suivante, Bernard, son fils aîné, légua aussi à son épouse Guillaume Gondaumer pour “oscle” – l’équivalent d’un douaire –, 60 livres de rente sa vie durant. Et Guillaume Raimond, son frère, laissa à la sienne, Assaride de Laroque, l’usufruit de tous ses biens si elle restait avec ses filles, 30 livres de rente dans le cas contraire, rien si elle se remariait. Il lui abandonnait néanmoins les dépenses faites pour l’amélioration de ses biens propres, ce qui laisse supposer qu’Assaride avait hérité de biens de ses parents. Mais il arrivait souvent que les dispositions testamentaires ne fussent pas respectées par les héritiers. Ainsi, Guillaume Arnaud, le second des fils de Bertrand Ier reconnaît-il dans son testament de 1283 qu’il doit à sa mère 100 livres – le tiers de sa dot – et qu’il a omis de lui assigner 33 livres, 6 sous et 8 deniers de rente, c’est-à-dire le tiers des 100 livres de rente promises par son père à Yzeld, les deux autres tiers étant à la charge de ses frères. Nous ignorons depuis combien de temps Yzeld était veuve, lorsque Guillaume Arnaud testa en 1283, mais il est significatif qu’il ait attendu ce moment pour songer à régler la succession de son père pour la part. Il demande donc à ses filles d’allouer la rente à leur aïeule. Quant aux 100 livres de la dot, dans l’incapacité où il était de les rembourser à sa mère, il lui assignait en attendant une rente annuelle de 6 livres 13 sous 4 deniers, ce qui représente des intérêts de 6,66 %. Il n’est pas certain, d’ailleurs, que Guillaume Arnaud soit décédé peu après qu’il eut établi son testament et rien ne prouve dans ce cas qu’il en ait profité pour régler la succession de son père. Après son décès, ses filles, en admettant que leur aïeule fût toujours vivante, lui manifestèrent-elles plus de respect ? On peut en douter si l’on en juge par la manière dont fut réglée la succession de leur oncle, Bernard. Lors du partage de ses biens entre ses deux neveux, Mansete et Guillaume Raimond, ceux-ci se partagèrent le paiement de la rente de 60 livres que Bernard avait allouée à son épouse. Mais celle-ci était créancière d’une somme de 225 livres en raison d’arrérages – correspondant probablement à des annuités de sa rente restées impayées. Mansete, suite à un accord conclu avec son cousin, le tenait quitte de la moitié de cette somme constituant sa part56.

Mansete, on s’en souvient, était la plus jeune des quatre filles de Guillaume Arnaud. De ses trois sœurs décédées encore adolescentes car on ne leur connaît ni alliance ni descendance, Lugan, la troisième, est la seule sur laquelle nous disposions d’informations. En 1287, elle était, on l’a vu, sous la tutelle de son oncle Bertrand II. Or paradoxalement celui-ci exerce ses droits de tuteur de concert avec Amanieu de Noalhan, probablement son propre neveu. Cela se produisit à deux reprises au moins, le 10 juillet 1287, puis le 28 juin 1289, à l’occasion de baux à ferme d’un droit de péage sur la Garonne à La Réole. Le fermier est chaque fois Raimond Furt de Lados, un chevalier. Dans le premier contrat qui porte sur la perception d’une demi-maille par tonneau, ce sont Amanieu de Noalhan, damoiseau et Bertrand de Ladils, tuteur de sa nièce, qui procèdent au bail. Il est bien précisé que ce droit appartient à Lugan, fille de Guilhem Arnaud. Dans le second, il est rappelé que Bertrand II de Ladils ayant accepté (suffert) qu’Amanieu de Noalhan, fils de Maria de Ladils, baille à ferme à R. F. de Lados la maille de péage que Guillaume Arnaud possédait de son vivant, Amanieu, entre-temps devenu chevalier, avec l’accord de Bertrand II, renouvelle ce bail. On notera que, dans le second contrat, il n’est plus question de Lugan. Peut-être était-elle entre-temps décédée, mais, dans ce cas il aurait dû être fait mention de Mansete, la dernière des filles de Guilhem Arnaud. En fait, tout se passe comme si Bertrand II avait renoncé à exercer son droit de tutelle sur ses nièces au profit d’un neveu qui, fort de sa qualité de noble, aurait pris en main les affaires de ses cousines. Nous ne pouvons savoir si ce fut à leur profit ou au sien car on pourrait imaginer qu’Amanieu était redevable de quelques services à R. Furt de Lados, à moins qu’il n’ait voulu se l’attacher57.

III – Les Ladils dans la cité (1274-1315)

De l’avènement d’Édouard Ier (1274) à la conclusion du paréage (1283)

Le 25 mars 1274, Bertrand – probablement Bertrand Ier – avait fait partie de la délégation qui avait reconnu les obligations auxquelles était tenue la communauté de Bazas envers le roi-duc. Il était accompagné de Doat de Piis, Arnaud Guitarin, Gaillard du Puy, Bernard de Cocumont, R. Cosin et R. Marquès. La présence au sein de cette délégation de représentants des Ladils, des Guitarin et des Marquès pourrait laisser croire que les esprits s’étaient quelque peu calmés58. En fait, les querelles entre familles bazadaises n’avaient pas totalement disparu, mais elles étaient désormais en partie occultées par un débat d’une tout autre importance, celui qui opposait les seigneurs ecclésiastiques de la cité au roi-duc ; il ne dura pas moins de neuf ans et trouva son épilogue dans le contrat de paréage du 16 juillet 1283.

Le meurtre de Rossinhol Carbonel

Il semblerait que certains Bazadais aient profité de cette situation, comme le suggère l’affaire dans laquelle furent impliqués trois bourgeois, les plus en vue de la ville, R. Markès, R. de Cosyn et Bernard de Ladils, fils aîné de Bertrand Ier selon toute probabilité. Sans doute à la fin de l’année 1279, ils avaient été condamnés par le tribunal de l’évêque et du chapitre pour le meurtre d’un Bazadais, Rossinhol Carbonel. Considérant ce jugement comme faux et inique, les condamnés firent appel non pas devant l’évêque, alors Hugues de Rochefort, comme ils auraient dû le faire selon les termes d’un accord conclu en 1278 entre le roi-duc et l’évêque, mais directement devant le sénéchal. C’est ce que l’on peut supposer d’après le contenu d’une lettre adressée le 4 mars 1280 par l’évêque et le chapitre à Édouard Ier : les seigneurs ecclésiastiques remettaient dans les mains du roi tous les droits qu’ils avaient sur la personne et les biens des condamnés, déclaraient considérer comme nul l’appel fait au roi-duc, mais le désignaient comme arbitre. Confrontés à une situation inédite dans un contexte qui ne leur était pas favorable, l’évêque et le chapitre préférèrent donc s’en remettre au roi-duc dont ils espéraient peut-être qu’il rejetterait l’appel. Or il n’en fut rien : en réponse à la supplique que lui avaient adressée les trois appelants, le 29 mai 1280, il ordonna à son sénéchal de Gascogne, Jean de Grailly, de veiller à ce que, durant l’appel, rien ne fût fait contre eux et de révoquer ce qui aurait pu être fait59. Il n’est pas impossible qu’il y ait eu un lien entre cette affaire et l’ordre donné par le roi-duc à Jean de Grailly de placer sous protection royale, Bertrand de Ladils, chanoine de Bazas et recteur de l’église de La Réole, sa personne, ses biens et bénéfices60. Nous ignorons ce que fut l’épilogue de cette affaire, mais l’état des relations entre Jean de Grailly et l’évêque et son chapitre était alors au plus bas. Au mois de février 1281, le roi-duc fit rouvrir les négociations avec l’évêque en raison de l’obscurité de certains articles de la sentence arbitrale de 1278. Il y a donc tout lieu de penser que le sénéchal prit le parti des bourgeois. D’ailleurs, une affaire chassant l’autre, à moins que ce ne fût la même, nous retrouvons nos trois bourgeois, partie dans un compromis dont nous ignorons le contenu : d’un côté Doat de Pins, de l’autre, R. Marquès et Bernard de Ladils. Passé sous le sceau de la cour de Gascogne, un tel accord impliquait d’une certaine manière le roi-duc. Or il fallut que le contenu lui parût discutable pour qu’à trois reprises, il ait mis des enquêteurs sur cette affaire : Une première fois Me Bonet de Saint-Quentin et Pierre Odon, puis Me R. de Ferrières et Pons Amat, enfin, le 18 janvier 1281, Béraud de Got, archidiacre d’Agen et Adam de Norfolk. La mission des deux derniers enquêteurs est définie avec précision : ils doivent faire une enquête judiciaire, en convoquant les personnes qu’ils souhaiteraient, non de manière publique ni sous forme d’enquête habituelle, mais par le ministère de leur sollicitude et envoyer “ce qu’ils auraient trouvé” au prochain parlement de Pâques61.

Les Ladils, sujets directs du roi-duc (1283-1294)

Au service du roi-duc

À la suite de la conclusion du paréage, le 16 juillet 1283, le roi-duc était devenu l’un des coseigneurs de la cité aux côtés de l’évêque et du chapitre. Il se trouvait désormais plus proche des Bazadais qu’il ne l’avait été jusque-là. D’autre part, Édouard Ier revint en France au printemps 1286 et ne regagna l’Angleterre qu’au mois d’août 1289. Plusieurs raisons, l’avaient décidé à entreprendre ce voyage. Il souhaitait recevoir les hommages de l’Agenais qu’il avait recouvré en 1279, mais aussi obtenir du roi d’Aragon, Alphonse III, la libération de son jeune cousin, Charles le Boiteux, fils de Charles d’Anjou, fait prisonnier le 23 juin 1284 par l’amiral Roger de Lauria62. Après avoir fait hommage à Philippe IV à Paris, Édouard Ier conclut une trêve avec le roi de France au nom du roi d’Aragon. À la suite de pourparlers qui eurent lieu à Bordeaux au mois de janvier 1287 entre les ambassadeurs de Philippe IV, d’Alphonse III d’Aragon et de Sanche IV de Castille, Édouard Ier rencontra Alphonse III à Oloron (été 1287) et conclut le traité de Canfranc (29 octobre 1288). Édouard Ier accepta de fournir les sûretés exigées comme conditions préliminaires de la libération de Charles et à payer de ses deniers la rançon de 30000 marcs. Il en manquait 7000, aussi Édouard dut-il envoyer comme otages à Barcelone les vassaux les plus importants du duché jusqu’au jour où ils seraient remplacés par des vassaux provençaux. Parmi ces otages, on trouve un certain nombre de bourgeois dont Pierre de Ladils. La somme ayant pu être rapidement réunie, les otages furent libérés dès le 9 mars 128963.

Édouard fit aussi appel aux services des Markès et des Ladils, devenus ses sujets directs, en particulier à Bertrand de Ladils dont on ne saurait dire s’il s’agit de Bertrand II ou, plus vraisemblablement, d’un homonyme. En juin 1287, Bertrand, qualifié de clerc, est témoin d’une reconnaissance de dette au roi-duc64. Est-ce le même que celui qui, en avril 1289, est sénéchal de Bigorre65 ? L’année suivante, Bertrand de Ladils, bourgeois de Bazas – probablement le même –, est assistant de Bernard Martin, juge ordinaire d’Agenais. Le 19 juin, de Bordeaux, le sénéchal de Gascogne J. de Havering les chargeait de le remplacer dans les affaires judiciaires prévues pour le lendemain66. Il semblerait que le sénéchal ait retenu Bertrand à son service de manière permanente et, à ce titre, il lui fit concéder en 1289 un fief-rente de 80 livres annuelles dont l’intéressé n’avait encore reçu le moindre denier le 15 juin 129167. La veille, le roi avait ordonné à son connétable de lui payer 20 sous tournois noirs par jour de mission hors de Bordeaux, sur son ordre ou celui du sénéchal68. Bertrand dut décéder quelques mois plus tard, car le roi demanda, le 12 avril 1292, au connétable de Bordeaux de payer aux héritiers de Bertrand de Ladils “récemment décédé” ce qu’on lui devait de ses gages et de son feudum, allusion sans doute au fief-rente de 80 livres69.

Le meurtre d’Arnaud Bernard de Tresarrieu

D’autres membres de la famille furent une nouvelle fois impliqués dans une affaire de meurtre qui n’est pas sans rappeler celui de Rossinhol Carbonel. La victime Arnaud Bernard de Tresarrieu (Arnaldus Bernardi de Tribus Aquis) est, cette fois, un noble. Pas moins de neuf personnes, toutes qualifiées de citoyens de Bazas furent poursuivies : Arnaud de Ladils, Arnaud Carbonel et Pierre de Ladils, ses frères naturels, c’est-à-dire bâtards, Arnaud Ayquem, Pierre et Jean de Silva, frères, Guillaume de Silva, Bernard Couat le jeune, et Raimond de Galhart70. Les faits s’étaient produits à Bazas à une époque où le roi-duc détenait la justice de la ville et de la juridiction confisquée à l’évêque, c’est-à-dire avant juin 1283. En effet, le 1er juin 1289 Édouard Ier ordonne à J. de Havering, sénéchal de Gascogne et au connétable de Bordeaux, de donner à l’évêque et au chapitre la part qui, selon les termes de l’accord, leur revient des biens confisqués d’Arnaud de Ladils et de ses complices, de payer ce qui leur est dû et de le porter sur le compte de la connétablie71. Un article de l’ordonnance d’avril-mai 1289 sur l’organisation administrative et judiciaire du duché d’Aquitaine concerne d’ailleurs cette affaire. Elle stipule que le prévôt de Bazadais et d’Uzeste, châtelain de Tontoulon, garde des terres de Lados et de Berthez ainsi que des biens confisqués à Arnaud de Ladils et ses complices tiendra tout cela en commende aux gages de 100 l. bord, par an “jusqu’à ce que les terres incultes de la prévôté soient données à cens annuel”72.

Pour des raisons inconnues, l’affaire avait donc traîné en longueur. Afin d’échapper à la justice ducale les inculpés avaient d’ailleurs fait appel au roi de France qui les avait placés sous sa protection et ordonné au sénéchal de Périgord d’ouvrir une enquête. Le roi-duc, à juste titre inquiet de voir cette affaire portée devant le parlement, désigna le 13 juin trois commissaires pour la suivre. Il les chargeait de protester et faire ce qui leur apparaîtrait devoir être fait, à propos des choses qu’Arnaud et ses complices ou d’autres en leur nom suggéreront ou exposeront contre lui en cour de France ainsi que sur tous les autres articles contenus dans la commission faite au sénéchal de Périgord73. Mais, le 1er juillet, les prévenus adoptèrent une autre voie, s’orientant vers une procédure qui rappelle celle qui avait mis fin à l’inculpation de Bernard de Ladils, R. Markès et R. Cosyn. Ils décidèrent en effet de se soumettre à la volonté et à la décision de certains amis de la victime. Aussi le roi-duc qui en avait été informé, afin de reprendre la main, demanda au sénéchal de son hôtel, à celui de Gascogne, à Thomas de Sandwich et à Me Jean de Lascy, un clerc, auditeur des causes, d’entendre et recevoir cette proposition et de la faire confirmer par-devant eux par les inculpés, leur donnant tout pouvoir en la matière74.

L’affaire dut connaître son épilogue quelques semaines plus tard : Arnaud de Ladils et ses complices, qui avaient dû depuis pas mal de temps vivre dans une semi-clandestinité revinrent à Bazas. Leur comparution devant le prévôt de Bazas, R. G. de Sauviac et plusieurs notables, chargés probablement de présider au compromise – Bertrand de Ladils, Doat de Pins, Raimond et Arnaud Guillaume Marquès, citoyens de Bazas –, leur occasionna des dépenses extraordinaires dont ils furent indemnisés. Le 30 juillet, le roi mandait à son connétable de Bordeaux, Itier d’Angoulême, avec l’avis du sénéchal, de les dédommager des dépenses qu’ils avaient faites ou feraient, en plus de celles qui étaient normalement retenues (statutum consuetum), à l’occasion de la venue à Bazas d’Arnaud de Ladils et de ses complices75. Le meurtre d’Arnaud Bernard de Trésarrieu et celui de Rossinhol Carbonel ne sont pas les seuls à avoir défrayé la chronique bazadaise des années 1280. Élie de La Roque avait assassiné Vital Carbonel, probablement un parent de Rossinhol. Comme dans l’affaire que nous venons d’évoquer Elie de La Roque s’en remit au jugement de trois personnes : au côté d’un cousin du défunt, Amanieu de Noaillan et de son frère, Bertrand Carbonel, siégeait Pierre de Ladils dit de Bruna, qui statuèrent dans un esprit de paix76.

De la guerre de Gascogne à la guerre de Cent ans (1294-1337)

À la suite de la saisie du duché par Philippe le Bel au mois d’avril 1294 Bazas fut occupé par les Français dix années durant, des années pendant lesquelles nous ignorons à peu près tout de ce qui s’est passé dans la ville. En effet, nous ne disposons plus des sources de la chancellerie anglaise et les sources françaises ne concernent que des opérations militaires dans lesquelles les Bazadais ne sont pas impliqués. La paix revenue – elle devait durer vingt ans – nous retrouvons les Ladils au service du roi-duc en la personne de Bernard Aiz, membre du conseil du roi en Aquitaine, la plus haute fonction qu’un membre de la famille ait assumée. Il y siège aux côtés de Me R. Arn. d’Arram ou de La Rame, archidiacre de Bazas et de Raimond Marquès77. Le 6 juillet 1313 il fut chargé avec Me Thomas de Gray, juge des appels au sénéchal de Gascogne, de faire une enquête sur les droits de haute justice que Bertrand de Sauviac seigneur de Tontoulon et de Lados, prétendait avoir sur la paroisse de Tontoulon78. Il s’agit probablement du même personnage que celui qui bénéficia de la sollicitude de Clément V. Ainsi, en 1310, le souverain pontife confirma son privilège de clergie à Bernard Aiz de Ladils, qualifié de clerc marié de Bazas, bien qu’il intervienne comme juge dans des affaires criminelles79. Le même jour, il l’autorisa à faire aménager un lieu de sépulture pour lui, ses frères, leurs épouses et leurs enfants à l’intérieur de l’église Saint-Martin, là où se trouvait celle de son père ou à proximité, mais à l’extérieur de l’autel, un usage apparemment interdit désormais dans la province d’Auch80. L’année suivante, l’abbé de Saint-Florent de Saumur pour remercier Bernard Aiz de Ladils, citoyen de Bazas, de services rendus, lui concéda sa vie durant une pension de 100 livres tournois assignée sur le prieuré de Saint-Vivien qui dépendait de cette abbaye81. Bien que cette fois-ci Bernard Aiz ne soit plus qualifié de clerc nous pensons qu’il s’agit du même personnage. Probablement en raison de ses fonctions mais aussi afin de gérer ses affaires, Bernard Aiz avait pris un pied-à-terre à Bordeaux en association avec son frère, Raimond Bernard. Ils tiennent ensemble du roi-duc pour 12 d. d’esporle et 5 sous de cens annuel à Noël, “une maison ou certaines maisons à côté de l’Ombrière, à savoir une grande maison avec une maison haute appelée Lapen”. Seules des activités commerciales importantes pouvaient justifier la possession d’un tel immeuble à proximité de la Garonne82. Qualifié de citoyen de Bazas, Raimond Bernard apparaît aussi en 1314 avec son cousin et protégé, Guillaume Arnaud de Ladils destiné au canonicat83. Bertrand de Ladils devait pour sa part pour divers fiefs à Bordeaux 6 sous, 6 d. sterlings de cens84. Était-ce lui ou un homonyme qui tenait une terre à Lucmau moyennant un épervier de la valeur d’un demi-marc sterling, soit 36 s. 8 d.85 ? Il est probable que c’est pour les besoins de leurs affaires que les Ladils s’étaient installés à Bordeaux. Dès le milieu du XIIIe siècle, sinon plus tôt ils ont noué, on s’en souvient, des liens avec des familles bordelaises, mais cette descente dans la capitale du duché traduit probablement des modifications dans l’organisation du commerce qui se sédentarise.

Les actes de la chancellerie anglaise nous livrent au cours de la décennie les noms d’autres membres de la famille qui n’apparaissent souvent qu’une fois et que nous nous contenterons de citer : Bernard de Ladils fait partie d’un groupe de seigneurs du Bazadais convoqués en 1311-1312 à Saint-Macaire par Yves de Loigny, commissaire du roi de France, probablement à l’occasion du conflit qui opposa le roi de France au sénéchal de Gascogne Jean Ferrers. Ils devaient “porter témoignage sur certains articles concernant le roi”86. Vers 1310, nous trouvons parmi les officiers du duché en Bazadais, aux côtés de Fort Aner de Batz et de Bertrand de Sauviac qui fut prévôt de Bazas, Gaillard de Ladils dont nous ignorons quelles fonctions il assuma87.

Il ne semble pas que les graves événements qui s’étaient produits au tournant du siècle aient apporté des changements dans les comportements des Bazadais, prompts on l’a vu à tirer l’épée : en 1309, nous retrouvons ainsi pour la troisième fois en moins de trente ans plusieurs Ladils impliqués dans un guet-apens ou une rixe qui ne fit pas moins de trois morts et non des moindres : les victimes sont Arnaud Carbonel, citoyen de Bazas – on notera que c’est la seconde victime de cette famille – un sergent du roi de France et un clerc, tués à proximité de l’abbaye de Fontguilhem. Les inculpés sont au nombre de dix, cinq Pins et cinq Ladils. Il s’agit de Guillaume de Pins et Doat, son fils, Guilhaumassa de Pins, Doat de Pins, fils de Doat décédé, Gaillard, Bernard Aiz de Ladils, Bonacauza, Bertrand et Vital de Ladils, tous frères d’Arnaud de Ladils. Le 11 juillet 1309, le roi-duc demandait à son sénéchal d’instruire sans délai cette affaire selon les fors et coutumes du Bazadais, s’agissant en particulier de l’élargissement des inculpés alors incarcérés et de la confiscation de leurs biens, saufs en toutes choses les droits du roi. Nous ignorons quelle suite y fut donnée88.

Le dépouillement des rôles gascons pour les sept années qui nous séparent de la prise de Bazas par les Français à l’occasion de la guerre de Saint-Sardos permettra de compléter cette liste déjà longue de représentants des Ladils, mais la moisson risque d’être mince. Puis, de 1324 à 1345, sauf une brève interruption de 1326 à 1328, le roi de France contrôla la ville et nos informations sur les notables bazadais deviennent plus rares. Nous avons évoqué à propos de Pèir de Ladils, celles que nous avons pu recueillir sur les autres représentants de la famille, costumeys et clercs, présents en 1340, lors de l’accord entre l’évêque et le chapitre et la communauté de Bazas. La principale question qui se pose pour les Ladils, comme pour les autres familles bourgeoises de Bazas ou de La Réole dont on peut suivre au moins les apparitions publiques depuis le milieu du XIIIe siècle jusqu’au milieu du XIVe siècle, c’est celle de leur éventuelle disparition faute de descendance masculine ou bien à la suite des épidémies de la seconde moitié du XIVe siècle. Nous essaierons d’y répondre un jour.

Autres familles de Ladils

Nous avons recensé d’autres familles de Ladils, deux dans la partie orientale du Bazadais, une autre en Bazadais ou Bordelais. Dans les deux premiers cas, il s’agit probablement d’homonymes. Dans le dernier, selon toute vraisemblance, d’une branche des Ladils de Bazas.

1167-1169 (Cartulaires de Cours et Romestaing, n° 47)

Bernart de Nadils ou Ladils

Bernard est témoin de la donation faite par Thibaud de Labarthe au Temple de sa personne et de Guillaume Arnaud d’Arrangas et de sa descendance, du fief que celui-ci tient et de la maison qu’il lui a donnée ainsi que de la terre de Franc Vesper, culte et inculte et de la vigne. Thibaud fait ce don avec l’accord de ses nepotes (neveux ou petits-fils ?), Bernard Ez de Labartha, Amanieu de Labartha, Arsieu de Castet et ses frères, Gaillard de Tantalon et Bernard de Ladils. Il existe, selon les exemplaires du cartulaire, deux graphies Nadils ou Ladils. Les Labarthe sont une famille de gros alleutiers de la paroisse de Romestaing. Gaillard de Tantalon appartient probablement à celle des Tontoulon, aux portes de Bazas Bernart de Ladils appartient au groupe des gros alleutiers, mais nous ignorons s’il a un lien de parenté avec les Ladils de Bazas.

1274, 21 mars (Recogniciones feodorum, n° 364, p. 118, 2e colonne) :

Petrus de Ladils

Pierre de Ladils reconnaît tenir du roi-duc des terres, des vignes et des oublies, un sol et une maison à Bouglon.

1255, 1er mars (Rôles gascons, Suppl. au tome I, n° 4384) :

na Honors, n’Assalida, na Mirable, filiae Guillelmi Arnaldi de Ladils, (sorores) Guillelmi Arnaldi de Ladils.

1255, 22 avril (Ibid., n° 4435)

Honor, filia Guillelmus Arnaldi de Ladils (soror) Bertrandi et Guillemus Arnaldi.

Guillaume Arnaud de Ladils, décédé avant le 1er mars 1255, avait eu cinq enfants, deux garçons, Bertrand et Guillaume Arnaud, et trois filles, Honor, Assalide et Mirable. Le prince Édouard que son père Henri III avait fait duc d’Aquitaine intervient, sans aucun doute à la demande des intéressés, pour régler des problèmes successoraux au sein de cette famille. La première fois, le 1er mars, il investit les trois sœurs de la terre que possédait leur frère Guillaume Arnaud, puis, le 22 avril, de La Réole, il demande à son sénéchal de faire en sorte que Honor puisse jouir sa vie durant de 20 livres de rente sur le péage de Saint-Macaire que son père et ses deux frères lui ont donné par acte notarié.

Cette branche des Ladils semble établie dans la vallée de la Garonne, peut-être même à Bordeaux. Elle appartient à la grande bourgeoisie comme en témoigne la concession d’un péage, le qualificatif de “na” (domina = madame) que portent les trois sœurs. Honor est probablement veuve, mais ses deux sœurs sont mariées, Mirable à Garcie Aiquem – il y avait une famille Ayquem à Bazas –, Assalide à Colomb de Bourg, un des premiers citoyens de Bordeaux : en juin 1256, en tant que procureur de la commune de Bordeaux, il se rend en Angleterre pour régler la question des sommes dues par le roi à plusieurs marchands de Bordeaux, suite à des réquisitions de vin et autres marchandises faites lors du séjour d’Henri III en Gascogne (Rôles gascons, Suppl. au tome I, p. CXXV). Les deux frères n’eurent apparemment pas de descendance, car on ne trouve plus trace de cette branche.

Sources

Manuscrites

  • Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, E 14, E 191, E 370.

Imprimées

  • Cartulaire de l’abbaye Sainte-Croix de Bordeaux, édité par Ducaunnes-Duval, Archives Historiques de la Gironde, t. XXVII, Bordeaux, 1892.
  • Grand cartulaire de La Sauve Majeure, publié par Charles Higounet et Arlette Higounet-Nadal, avec la collaboration de Nicole de Peña, Fédération historique du Sud-Ouest, Bordeaux, 1996, 2 tomes.
  • Historiae monasterii Sancti Severi libri X. Auctore D. Petro Daniele Du Buisson O. S. B. congreg. S. Mauri. Vicojulii ad Aturem, ex typis L. Dehez, 1876.
  • La Gascogne dans les registres du Trésor des Chartes, par C. Samaran, Collection de documents inédits sur l’histoire de France, série in-8°, vol. 4., Paris, Bibliothèque nationale, 1966.
  • Archives historiques du département de la Gironde, Bordeaux, t. II, IV, VII.

Collection de documents inédits sur l’histoire de France

Rôles gascons,

  •       transcrits et publiés par Francisque-Michel, Tome premier, 1242-1254, Paris, Imprimerie nationale, 1885 ;
  •       transcrits et publiés par Charles Bémont, Suppl. au tome I, 1254-1255, Paris, Imprimerie nationale ;
  •       transcrits et publiés par Charles Bémont, t. II, 1273-1290, Paris, Imprimerie nationale, 1900 ;
  •       transcrits et publiés par Charles Bémont, t. III, 1290-1307, Paris, Imprimerie nationale, 1906 ;
  •       publiés par Yves Renouard, sous la direction de Robert Fawtier, t. IV, 1307-1317, Paris, Imprimerie nationale, 1962.

Un rôle de lettres closes expédiées par la chancellerie du prince Édouard, fils aîné du roi d’Angleterre, Henri III (1254-1255) par M. C. Bémont. Paris, Imprimerie nationale, 1916 [extrait du Bulletin philologique et historique (jusqu’à 1715)], 1915.

Actes gascons dispersés d’Édouard Ier, 1286-1289, éd. par J.-P. Trabut-Cussac, Bulletin philologique et historique du Comité des travaux scientifiques, 1962.

Recueil d’actes relatifs à l’administration des rois d’Angleterre en Guyenne au XIIIe siècle (Recogniciones feodorum in Aquitania), transcrits et publiés par Charles Bémont, Paris, Imprimerie nationale, 1914.

Gascon Register A (series of 1318-1319), ed. from British Museum, Cottonian MS. Julius E. i by G. P. Cuttino with the collaboration of J.-P. Trabut-Cussac, London, published for the British Academy by Oxford university press, 1975, 3 vol.

Notes

  1. Grand cartulaire de La Sauve Majeure,n° 675 : de burgensibus, Raimundus Guillelmi de Ladils. Les autres témoins sont Bonet Aiquem, Vital de Cabusiz (la paroisse de Saint-Vincent de Cabouzits se trouvait à l’ouest de la ville) et Raimond de Niac. La donation est passée devant le portail de la cathédrale de Bazas. Le donateur est Amanieu (IV ou V) d’Albret, le bénéficiaire Pierre, deuxième abbé de La Sauve. Le sire d’Albret fait don au prieuré de Niac, paroisse de Cazats, d’un pré et d’une prise d’eau en vue de l’alimentation d’un moulin. Le lieu-dit Niac existe toujours, commune de Cazats. Nous avons fait suivre chaque référence du nom et de la qualité de la personne citée dans le texte. Le répertoire des sources imprimées se trouve à la fin de l’article.
  2. Grand cartulaire de La Sauve Majeure,n° 1155 (1163) : Petrus de Ladilx ; Cartulaire de Sainte-Croix,n° 11 (1174) : Petrus de Ladiul, canonicus ecclesie Vasatensis. Dans le premier acte la qualité des huit autres témoins, à l’exception d’un archidiacre (Lombard) et du sacriste (Vital), n’est pas précisée, mais, en 1174, on retrouve le sacriste (Vital Gargonnel) et l’un des témoins, Vital de Langon, qualifiés, avec Pierre de Ladils, de chanoines de l’église de Bazas.
  3. Arch. hist. de la Gironde,t. II, n° CCXXVII, p. 347.
  4. Arch. hist. de la Gironde,t. IV, n° VIII, p. 1 : Willelmus Arnaldi de Ladils.
  5. Pour plus de détails sur la situation politique à Bazas jusqu’en 1274 on voudra bien se reporter à J. B. Marquette, Notes sur l’histoire de la ville de Bazas au XIIIe siècle, dans les Cahiers du Bazadais,n° 65, 2° trim. 1984.
  6. Notre principale source sur les événements qui se déroulèrent alors à Bazas s’intitule Querimonie Marquisii et Arnaldi Ayquilini (sans doute pour Ayquelmi), civium Vasatensium (British Museum, Add. charters, n° 3300, éd. C. Bémont, Simon de Monfort, comte de Leicester, sa vie (120?-1265), son rôle politique en France et en Angleterre, Paris, 1884, pièce justificative n° XXIII, p. 309-312). Il s’agit, nous le verrons, des plaintes présentées par les Bazadais ; la réponse de Simon de Monfort est malheureusement perdue. Elle nous aurait permis d’y voir plus clair dans une présentation certainement partiale et parfois obscure des événements dont la chronologie n’est pas toujours assurée.
  7. C. Bémont, op. cit. Pierre pourrait bien être le même personnage que celui qui avait été assassiné l’année précédente.
  8. Rôles gascons,t. I, n° 2649. Le roi se trouve in castris,hors de La Réole, qu’il assiège.
  9. Rôles gascons,t. I, n° 2656. In castris, extra Regulam.
  10. Rôles gascons,t. I, n° 2667. Le roi se trouve in castris,à Gironde : bona… Arnaldi Bertrandi de Ladils.
  11. Rôles gascons,t. I, n° 2675 : Bertrandus de Ladil. Pinsac est peut-être une mauvaise lecture pour Preissac, nom des seigneurs de La Trau ou La Trave à Préchac.
  12. Rôles gascons,t. I, n° 2726. In castris,devant le château de Benauges : Bertrandus de Ladils.
  13. Rôles gascons, t. I, n° 2812. De Saint-Macaire : Arnaldus, filius Bertrami de Ladils.
  14. Rôles gascons,t. I, n° 2803. De Saint-Macaire. Illon, com. d’Uzeste, en bordure du Ciron.
  15. Rôles gascons,t. I, n° 2807 (16 nov.) De Saint-Macaire.
  16. Rôles gascons,t. I, n° 2804.
  17. Cette lettre est publiée dans Gascon register A, n° 89 : Bertrandus de Ladie ou Ladys. La lettre du pape était adressée à l’évêque de Bath et Wells et au doyen de Bordeaux. Le pape rappelait que le roi d’Angleterre ayant pris la croix pour aller en Terre Sainte, il importait que sa personne et sa terre fussent placées sous protection apostolique. Il demandait donc d’excommunier les personnes qui oseraient envahir la terre du roi et de mettre l’interdit sur leurs terres. Après avoir excommunié Gaston de Béarn et ses complices dans les diocèses de Bordeaux et de Bazas, le doyen demande que les excommuniés soient dénoncés dans le diocèse d’Aire.
  18. Rôles gascons, Suppl. au tome I,p. LXVIII-LXX. Le soutien apporté par Alphonse X aux révoltés et tout particulièrement à Gaston VII de Béarn est lié à un contentieux entre Castille et Angleterre. Henri III repartit en Angleterre le 28 octobre. Il avait, dès 1249, transmis la Gascogne au prince Édouard.
  19. Rôles gascons,t. I, n° 4281, in castris,à Gironde : Bertrandus de Ladils. Ce pardon concernait aussi Pons de Pomiers, Geoffroy de Frabriciis,Pierre et Elie Vigier, Fortan de Castod et Gérard de Montremblant.
  20. Rôles gascons, Suppl. au tome I, n° 4329. De Bazas. Édouard ne veut pas qu’à l’occasion de cette prise d’otages, il soit porté atteinte aux droits et libertés de l’évêque, qui était alors, avec le chapitre, le seul seigneur temporel de la cité. De fin septembre à la mi-novembre, le prince Édouard était en Castille pour recevoir l’ordre de la chevalerie et se marier. Parti de Vitoria le 11 novembre, par Bayonne, Dax et Saint-Sever, il est à Bazas le 10 décembre. Il y revint du 6 au 13 mars, puis le 28 avril et du 7 au 10 juin 1255. Il quitta la Gascogne à la fin du mois d’octobre (Ibid., p. XXX-XXXI).
  21. Un rôle de lettres closes,n° 86. De Saint-Emilion : Raimondus Willelmi de Ladils. Le 7 octobre, le Prince ordonnait au maire de restituer à Gaylarde, épouse d’Arnaud de Pins, ses biens et les revenus qu’il aurait pu en percevoir. Ces terres lui avaient été déjà restituées par jugement de l’évêque d’Hereford qui accompagnait Henri III en Gascogne (Ibid.,n° 96).
  22. Un rôle de lettres closes,n° 121 : Reymondus Willelmi de Ladils, Johannes, filius suus primogenitus. Le document est endommagé. La Rius est peut-être une mauvaise lecture pour Ladils car, à notre connaissance, il n’y avait pas de famille de La Rius à Bazas.
  23. Cf.C. Bémont, Rôles gascons,Suppl. au tome I,p. XCVII-XCVIII.
  24. Gascon register A, n° 199 : Bertrandus de La Dys, burgensis Vasatensis. Ibid.,n° 1 (49) : analyse. Cet acte a été rédigé par la chancellerie du prince, mais il se présente comme un engagement personnel de Bertrand de Ladils : “À tous les fidèles du Christ qui verront ou entendront le présent écrit, Bertrand de Ladils, bourgeois de Bazas, salut”. Le marc est une unité de poids ; le mieux connu est le marc de Troyes valant 244,752 g d’argent métal. Il existait une partition anglaise : le marc valait 8 onces ou 160 esterlins. Cet acte a été aussi publié dans Arch. Hist. de la Gironde,t. VI, n° CXXVII, p. 346-348.
  25. Recogniciones feodorum,n° 425 : Bertrandus de Ladilhs. R. Marques est témoin. Cf. GRA, n° 42 (53) : una carta Bertrandi de la Dieus. De fidelitate illesa, honore debito, et servicio fideli prestita. D’après l’engagement du 10 septembre, il aurait dû y avoir dix fidéjusseurs.
  26. GRA,n°42 (54) : una littera sigillata sigillo Geraldi de Mota, domini de Roquetaylade, super facto Bertrandi de la Diels. Mais l’acte ne figure pas dans les Recogniciones.
  27. Rec. Jeodorum,n° 426 : Arnaldus de Ladillis, burgensis de Vasato ; Arnaldus de Ladilhs, filius Bomoti ; Brunetus de Ladilhs. Cf. Gascon register A,n° 42 (55) : una carta Arnaldi de la Dieus super consimili promissione.
  28. Rec. feodorum,n° 427 : Arnaldus de Ladilhs.
  29. Gascon register A,n° 202, Wy in Kent : Bertrandus de La Dis. Gaillard del Soler s’engageait, en outre, à ne pas faire la paix avec ses ennemis de Bordeaux et de Gascogne – c’est-à-dire les Colom et leurs complices –, s’agissant en particulier de son emprisonnement par J. Colom, alors maire de Bordeaux, et à ne pas conclure de mariage avec les Colom sans accord du prince. Par testament du 16 septembre 1283, G. Arn. de Ladils, fils de Bertrand, choisit Gaillard del Soler comme curateur de ses filles. Cf. infra.
  30. CfLettres patentes du prince Édouard, 1259-1260, n° 5, dans Rôles gascons,Suppl. au tome. I, p. LXXXVIII-LXXXIX : Bertrandus de Ladils. Ces lettres sont publiées dans Rôles gascons,t. I, n° 2608 et dans Arch. hist. de la Gironde,t. IV, p. 33. Nous n’avons pu identifier ces tènements.
  31. J. P. Trabut-Cussac, op. cit.,p. 22-23. Histoire de Bordeaux. Bordeaux sous les rois d’Angleterre,sous la dir. d’Yves Renouard, Bordeaux, 1965, p. 112-113. Parti d’Angleterre au début de novembre 1260, le prince est présent à Paris avec son père durant l’été 1261 et on le retrouve à Bordeaux d’octobre 1261 au début de 1262.
  32. Recogniciones feodorum, n° 270. 1274, 20 mars : Bertrandus de Ladils et Arnaldus de Ladils.
  33. Dom du Buisson, Historiae monasterii Sancti Severi, 1876, t. I, p. 246, 252, 253 : “en Bertrand de la Dins, ciptadans de Basas” ; p. 248 : Bertrandus de Ladinis. Recogniciones feodorum,n° 416 : “en Bertran de Ladius, ciptadan de Basatz”. Le 29 novembre 1269, Édouard avait établi Roger de Leyburn, son lieutenant en Gascogne pendant son voyage en Terre Sainte. Cf. J. P. Trabut-Cussac, op. cit., p. 38-39.
  34. Recogniciones feodorum,n° 470 : “En Bertrans de Ladilhs, filhs d’en W. Arn.” “En” désigne une personne d’une certaine notabilité. L’acte a été passé par-devant “N’Arn. d’Arbussan” (pour “en Arnaud”) et rédigé par Ramon de Latraue, clerc, escriuan jurat en l’offici del tabellionarii (!) de Lengon”. Dans Notes sur l’histoire de Bazas au XIIIe siècle (Cahiers du Bazadais,n° 66, 3e trim. 1984) nous avons par erreur (note 213), fait de Bertrand le fils de Guillaume Arnaud membre du clan des Guitarin.
  35. Il s’agit du testament de Guillaume Arnaud de Ladils, second fils de Bertrand Ier, daté du 16 septembre 1283 et du règlement de la succession de Bernard, fils aîné de Bertrand Ier, fait le 23 mai 1308 entre sa nièce, Mansete, fille de Guillaume Arnaud et son neveu, Guillaume Raimond, fils de Bertrand II. Cet acte fait explicitement référence à un accord successoral conclu en 1277 entre les trois fils de Bertrand Ier, Bernard, Guillaume Arnaud et Bertrand II. Pour le dernier acte, Cf.n. 39. Ces documents conservés alors au château de Mauvezin ont été publiés, par Jules Delpit dans les Arch. hist. de la Gironde,t. VII, n° CXL, CXLI et CXXIX.
  36. Le 10 juillet 1287, Amanieu de Noalhan, qualifié de damoiseau (donset) et Bertrand II de Ladils, tuteur de sa nièce Mansete, fille de Guillaume Arnaud, baillent à ferme un droit sur le péage de La Réole. Le 28 juin 1289 Amanieu de Noalhan “filh de la dona Maria de Ladilh”, devenu entre-temps chevalier (cavoir), en accord avec Bertrand II, renouvelle cette ferme. Nous reviendrons sur les raisons probables de l’intervention d’Amanieu de Noalhan que sa parenté avec les Ladils ne peut seule expliquer. Chevalier depuis moins de deux ans, Amanieu est en 1289 un homme mûr. Rien ne s’oppose à ce que sa mère soit une sœur de Bertrand II, mais cela reste bien sûr une hypothèse. Les deux actes que nous venons d’évoquer nous sont connus, en même temps que six autres, grâce à un vidimus de 1460 fait par-devant Odon de Lomagne, sénéchal d’Agenais. Ce vidimus nous a été transmis grâce à une copie authentique non datée transcrite sur un cahier de papier de 14 feuillets. Seuls deux actes concernent les Ladils, mais tous intéressent le Bazadais car il s’agit de “lettres servans au fait d’aucunes successions que demande monseigneur de Grignolz à Melhan sur Garonne et les occupe.” (Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, E 191).
  37. Cf.note précédente.
  38. Ainsi, Bernard III d’Escossan, seigneur de Langoiran, épouse Trencaleon Colom (4 nov. 1289), Bernard IV, son fils, Miramonde Calhau (12 nov. 1313). (Cf.J. B.Marquette, Le Trésor des chartes d’Albret,t. I, Les archives de Vayres,Paris, 1973, p. 16). On peut aussi citer le cas de Raimond Robert, vicomte de Tartas qui épouse Gensac Lambert (av. 1287). Le cas inverse est plus rare ; Gaillard del Soler, épouse Esclarmonde de Tartas. (Cf.Les Albret, t. 2, Les Cahiers du Bazadais,n° 34, 3e trim. 1984. Tableaux généalogiques). Les Lambert, Colom, Soler et Calhau appartiennent au groupe des principales familles de la grande bourgeoisie bordelaise.
  39. La donation est dans Recogniciones feodorum,n° 34 : Bertrandus de la Dieus. L’acte daté de Grandmont près Saint-Emilion est scellé du sceau de Bertrand. Sont témoins Antoine Bek, chancelier, Luc de Thanay, sénéchal de Gascogne, Amauvin de Barès, G. Arn. de Saubanhac, citoyen de Bayonne et W. Arn. Colomb de Bourg. Cf. Gascon register A,n° 42 (76) : una littera Bertrandi de la Dieus de dono facto regi de allodiis suis. La cession en fief par le prince Édouard a été publiée par Jules Delpit d’après une expédition sur parchemin conservée, comme les documents cités à la note 35, aux archives du château de Mauvezin, dans les Arch. hist. de la Gironde,t. VII, n° CXXIX. Nous ignorons si tous les alleux de Bertrand Ier furent concernés.
  40. Lavison se trouve dans la commune de Loubens, à 1,2 km au sud du Drot, sur la rive gauche et à 700 m au nord du ruisseau de Marquelot (Martalab)qui se jette dans le Drot 2,5 km en aval. Labarthe se trouve 1,2 km en aval de cette confluence, sur la rive droite du Drot, dans la commune de Camiran. Le chemin qui traversait le Drot sur le pont de Labarthe, reliait La Réole à Blaignac sur la Dordogne.
  41. Cf. supra,acte du 28 juin 1289 (n. 36).
  42. Cf. infra, Partages successoraux.
  43. Cf. Les Albret. Terres et hommes d’Albret (1240-1360), dans Les Cahiers du Bazadais, n° 45-46, 2e-3e trim. 1979, p. 715-716. Ces hommages nous sont connus grâce aux analyses qui figurent dans l’Ancien inventaire d’Albret (Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, E 14).
  44. Voici le contenu précis de ces reconnaissances :
    – 1274, 19 mars, Recogniciones Feodorum, n° 247 (5) (6) : Arnaldus de Ladils.
    – Guillaume de Mames, homme franc du roi de la prévôté de Bazas, reconnaît tenir du roi tout ce qu’il a dans les paroisses de Pompéjac et Taleyson sauf 12 journaux de terre qu’avec Arnaud de Mames ils tiennent d’Arnaud de Ladils et Amanieu de Noalhan, paroisse de Taleyson.
    – 1274, 19 mars (RF, 246 [20])
    Petrus de Ladils et Arnaldus de Ladils.
    – Arnaud de Cassenes, homme franc du roi de la paroisse de Bernos, doit 18 d. pour tout ce qu’il a et il tient du roi sauf le casal de La Serre avec ses dépendances qu’il tient de Pierre de Ladils et Arnaud de Ladils pour 18 d. bord. et sauf 10 règes de terre qui se trouvent infra corrigiam de Ladils pour 4 d. bord.
    – 1274, 19 mars (RF, n° 246 [24])
    Bertrandus de Ladils, Gaillardus et Arnaldus de Ladils, fratres, Petrus de Ladils.
    – Raimond de Cassenes, homme franc du roi de la paroisse de Bernos, doit 20 s. 7 d. une obole et Fort de Cassenes, 13 d. une obole. Ils tiennent en fief immédiat du roi-duc tout ce qu’ils ont sauf un journal de terre qui est à la correge de Ladils que Raimond et Fort tiennent de Bertrand de Ladils – il s’agit probablement de Bertrand Ier – et ses parçonniers avec 8 d. et sauf 3 estirons de terre qui sont au-dessus de la dite correge de Ladils que Raimond et Menaud, son cousin tiennent de Gaillard et Arnaud de Ladils, frères, avec 8 d. bord. et sauf un journal de terre que lesdits Raimond et Fort, frères et Menaud, leur cousin, tiennent de Pierre de Ladils au lieu-dit Al Sazalham avec 12 d. bord.).
  45. Cf. supra n. 7.
  46. On notera qu’à l’acte d’hommage de Guillaume Raimond de d’avril 1308 en était joint un autre du mois d’octobre 1240 de l’un de ses ancêtres. Guillaume Raimond est, selon toute probabilité, le fils de Bertrand II. Guillaume Arnaud qui fait hommage en 1303 appartient à une autre branche que celle de Guillaume Arnaud, second fils de Bertrand Ier, décédé avant 1287.
  47. Rôles gascons,t. II, n° 915 : Bertrandus et Bernardus de Ladils.
  48. Rôles gascons, t. II, n° 976, 2 août Gart-lès-Rue en Ponthieu (Somme, arr. Abbeville) : Bertrandus de Ladils, filius quondam Raymundi Guillelmi de Ladils, cives Vasatenses et eorum mercatore. Il s’agit d’un parent du précédent.
  49. Coutumes du Bazadais, dans Archives historiques de la Gironde, t. XV, p. 110-111. La formule “exeptat que si an V libras de renda” se rapporte-t-elle à la totalité de l’héritage ou à la part de chacun des héritiers ?
  50. Cette reconstitution est possible à partir de trois documents : la donation par Bertrand Ier au prince Édouard de certains de ses alleux et leur rétrocession en fief par le prince à Bernard, fils aîné de Bertrand Ier (cf.n. 39) ; le règlement de la succession de Bernard entre lui et ses deux frères, Guillaume Arnaud et Bertrand II ; le testament de Guillaume Arnaud du 16 septembre 1283 ; le règlement final de la succession de Bernard par son neveu et sa nièce en 1308 (cf.n. 35).
  51. Cf.règlement de 1308.
  52. Cf. règlement de 1308 et n. 43 et 46.
  53. Ce péage constituait un élément important du patrimoine des Ladils. En 1308, les experts estimèrent que la part de Bernard devait rapporter 1250 sous par an soit, une livre valant 20 sous, 62 livres et 10 sous. Nous savons d’autre part, grâce au bail à ferme des droits que percevait de son vivant son frère, Guillaume Arnaud, que le revenu estimé était au moins de 100 livres pour les années 1287 et 1289. La maille étant la moitié du denier, il fallait douze deniers ou 24 mailles pour faire un sou et 480 mailles pour faire une livre. Comme chaque tonneau payait une maille, on peut estimer qu’il passait quarante-huit mille tonneaux de vin devant La Réole ces années-là. Le chiffre ne saurait étonner. Au début du XIVe siècle plus de 100 000 tonneaux étaient exportés par le port de Bordeaux, mais près de la moitié provenaient du Haut-Pays, en amont de Saint-Macaire.
    Nous nous demandons, si, lors du règlement de la succession de Bertrand Ier, son fils Bernard en hérita en totalité. En effet Guillaume Arnaud détenait de son vivant un droit de péage qui fait, nous l’avons vu, l’objet des baux de 1287 et 1289, établis au nom de sa fille Lugan. On pourrait, certes, admettre que son père Guillaume Arnaud s’était emparé indûment du droit de péage revenant à son frère Bertrand II, mais comment l’expliquer alors qu’en 1308 lors de l’attribution à Guillaume Raimond, fils de Bertrand II, du péage ayant appartenu à Bertrand Ier, Mansete, la dernière des filles de Guillaume Arnaud assigne, on va le voir, 6 livres de rente sur le péage de La Réole. Son père Guillaume Raimond avait forcément hérité de Bertrand Ier des droits de péage.
  54. Cf.n. 35.
  55. Pour tout ceci, cf.note 35.
  56. Idem.
  57. Cf.n. 36.
  58. Recogniciones feodorum,n° 291 : Bertrandus de Ladil, civis de Vasato.
  59. Cf.JB. Marquette, art. cité, Les Cahiers du Bazadais,n° 66, note 242. Rôles gascons,t. II, n° 383. Westminster : Bernardus de Ladils.
  60. Rôles gascons,t. II, n° 264. 1279, 15 novembre, Westminster : Bertrandus de Ladils, canonicus Vasatensis ac rector ecclesie de Regula.
  61. Rôles gascons,t. II, n° 442 : Bernardus de Ladils.
  62. Édouard Ier et Charles le Boiteux étaient cousins germains par leurs mères Éléonore et Béatrice, filles de Raimond Bérenger IV de Provence. Depuis 1266, Charles d’Anjou, frère de Louis IX (Saint Louis) était roi de Sicile (Naples et la Sicile). Le 30 mars 1282, les habitants de Palerme se soulevèrent contre les Français (Vêpres siciliennes). Le roi d’Aragon, Pierre III, qui convoitait la Sicile, d’accord avec les marchands de Barcelone, débarqua à Palerme et se fit couronner roi (4 sept. 1282). Charles d’Anjou échoua dans la tentative qu’il fit pour reconquérir la Sicile : il fut battu et ses deux fils furent faits prisonniers (juin 1284). Le pape Martin IV, un Français, après avoir excommunié et déposé Pierre III, remit la couronne d’Aragon à Charles de Valois, fils cadet du roi de France Philippe III. Celui-ci se laissa convaincre d’intervenir en Aragon, mais échoua devant Gérone. Philippe III succomba d’ailleurs sur le chemin du retour (5 oct. 1285). Son fils Philippe IV le Bel refusa de reprendre la guerre. Pierre III, décédé depuis le mois de janvier 1285, avait partagé son royaume entre ses deux fils : Alphonse III eut l’Aragon, Jacques, la Sicile. C’est dans ce contexte qu’il convient de replacer l’intervention d’Édouard Ier. Charles d’Anjou s’était aussi éteint le 4 sept. 1288. Son fils, Charles le Boiteux, libéré, fut couronné roi de Sicile (Naples) par le pape le 28 mars 1289.
  63. Pierre de Ladils, citoyen de Bazas (Petrus de La Dyls, civis vasatensis)avec trois bourgeois de La Réole, Segnoron Gask et Sanche et Raimond de Miralh, 4 de Bordeaux, 5 de Bayonne, 3 de Dax et un de Saint-Sever. J. P. Trabut-Cussac, op. cit., p. 91.
  64. Gascon register A, n° 340, p. 704 : Bertran de Ladius, clerc.             Donat et Estold Conforti marchands de Florence doivent 250 l. au roi par acte du 13 mars 1285 (n. st.), reçu par Pierre de Bafoigne. L’autre témoin est Ramon Marques.
  65. J. P. Trabut-Cussac, op. cit.,p. 179, n. 304 : le 17 avril, d’après P. R. O. E 101/308/10. Il fut remplacé le 3 mai (Rôles gascons,t. II, n° 1641).
  66. Arch. dép. Pyr.-Atl., E 370, cité par J. P. Trabut-Cussac, op. cit.,p. 391-392, n. 23. Les deux commis devaient s’occuper de la procédure de Bigorre, rouverte par le sénéchal en juin 1289, continuée devant lui en janvier 1290, poursuivie en avril par-devant Me Bernard Teste. (Ibid.,p. 257, n. 21).
  67. Rôles gascons,t. III, n° 1913 : Bertrandus de Ladils, civis noster Burdegalensis. Le roi ordonnait que le règlement en soit effectué sans délai. Dans cet acte comme dans le suivant Bertrand est qualifié de bourgeois de Bordeaux, mais il s’agit probablement d’une erreur que J. P. Trabut-Cussac avait déjà corrigée, op. cit.,p. 238. Ce même auteur remarque qu’il y avait fort peu de laïcs parmi les clercs du roi et n’en cite que deux autres.
  68. Rôles gascons,t. III, n° 1911.
  69. Rôles gascons,t. III, n° 2015, Stebentheth : Bertrandus de Ladils.
  70. Rôles gascons,t. II, n° 1169. Melle Arnaldus de Ladils, Arnaldus Carbonelli, Petrus de Ladils, fratres naturales Arnaldi de Ladils… cives Vasatenses.
  71. Rôles gascons,t. II, n°1659. Condat. Arnaldus de Ladils et consorti sui.
  72. Cf.JP. Trabut-Cussac, op. cit.,p. 201. Actes gascons dispersés d’Édouard Ier 1286-1289, dans Bull. philologique et historique, 1962, n° 58 par. XVII.
  73. Rôles gascons,t. II, n° 1066. Condat. Ces commissaires étaient P. Assalhit, chevalier, Doat de Artugia,G. Géraud de Sora, clercs.
  74. Rôles gascons,t. II, n° 1169. Abbeville.
  75. Rôles gascons,t. II, n° 1238. Abbeville et n° 1830 (Abbeville, 10 août).
  76. Rôles gascons,t. II, n° 1233, 3 août 1289 : Petrus de Ladils, dictus de Bruna. Helie de La Roque fut condamné à partir outre-mer, en pèlerinage ou plutôt en exil jusqu’à ce que les arbitres en aient décidé autrement. Le roi demande à Maurice de Craon, son lieutenant et J. de Havering, son sénéchal, de faire ce qui leur paraîtra devoir être fait sur le retour d’Helie dans le diocèse et la cité.
  77. Cf. Rôles gascons,t. IV, p. XXIV. Raimond Marquès avait été trésorier d’Agenais. Le compte de Guitard et Albert Mège, receveurs de Guyenne pour la période qui va du 10-11 nov. 1311 au 6-10 février 1312 porte (p. 554) : Pour Bernard Aiz de Ladils (Bernadetus Ezii dictus de la Dils),conseiller de notre seigneur le roi pour ses gages jusqu’au 7 avril 1311 et pour ses dépenses, à 20 s. par jour à vaquer au service du roi hors de son domicile, à lui dus jusqu’au 29 sept. 1311, du temps d’Eymeric Frescobaldi, connétable de Bordeaux, ainsi qu’il le montra par lettres d’Ugolino Ugolini, facteur de la compagnie des Frescobaldi de Florence, 196 livres 17 s. 8 d. bord. Il convient de lire Bernard Aiz. Ce prénom fut avec celui d’Amanieu le seul porté par les sires d’Albret jusqu’au début du XVe siècle.
  78. Rôles gascons,t. IV, n° 951, note. Cette paroisse et le château (aujourd’hui, cne de Bazas) avaient été donnés par Édouard Ier à Bertrand de Sauviac, neveu de Clément V.
  79. Regestum Clementis Papae V,Rome 1888, n° 5493 (15 juillet 1310) : Bernardus Ezii de Ladils, clericus conjugatus Vasatensis. Qualifié de clericus uxoratus il était intervenu auprès de Clément V en 1306 lors de la concession par l’abbé de La Sauve des revenus du prieuré de Niac au cellerier du monastère (n° 1519, 20 décembre 1306).
  80. Ibidem,n° 5487, 5488 (15 juillet 1310) : Bernardus Ezii de Ladils, clericus conjugatus Vasatensis.
  81. Ibidem,n° 7441 (13 novembre 1311), 7442 (27 août 1311). C’est dans la maison de Bernard Aiz de Ladils qu’en 1333 fut exécuté le vidimus du testament d’Amanieu VII d’Albret (cf.Bazas au temps de Pèir de Ladils, Les Cahiers du Bazadais,n° 138-139, p. 96, n. 68).
  82. Gascon, register A, 13 (18), p. 112 : Bernardus de Ladils et Ramundus Bernardi, frater ejus. Rôle des cens annuels appartenant au château de Bordeaux. Cette maison était contiguë à la maison dite Marchande, d’une part, la place ou rivière qui est du côté de la mer ou Gironde, de l’autre, et s’étendait de la place de l’Ombrière (aujourd’hui place du Palais au bas du cours Alsace-Lorraine) en façade, jusqu’à l’estey à l’arrière (il s’agit du Peugue) avec la tour qui est à côté de l’estey, avec murs et dépendances. Il est aussi question de cette maison dans le compte de Jean Guitard et Albert Mège (10-11 nov. 1311-6-10 février 1312) publié dans Rôles gascons,t. IV, p. 548. On y apprend que Bernard Aiz de Ladils (Bernardus Ezii de la Dils)tenait avec son frère Raimond Bernard des maisons situées devant l’Ombrière, du côté oriental vers la Garonne. Elles avaient naguère appartenu à Menaud de Talerron (sans doute pour Talayson, nom d’une ancienne paroisse aujourd’hui incluse dans la commune de Bernos). Cette maison tenue par Bernard Aiz de Ladils (Vernardetus de Ladils)apparaît une autre fois en confront d’une maison appartenant à Guillaume Girard – était-ce la maison Marchande ? ; le précédent tenancier était Menaud de Talayson (Maynardus de Thaleyron). Gascon register A, 13 (18), p. 102.
  83. Regestum Clementis Papae V,n° 10223 : Raymundus Bernardi de Ladils, Guillelmus Arnaldi de Ladils.
  84. Gascon register A, 13 (18), 1310/1311, 11 février : Bertrandus de Ladils. Rôle des cens annuels appartenant au château de Bordeaux.Cens à la fête de l’Assomption.
  85. Gascon register A,n° 11 (2), 29 sept. 1306- sept. 1307. Revenus et rentes du domaine dans le duché : domaine du roi en Bazadais. Nous nous demandons si ce personnage ne serait pas le même que celui décédé en 1292, cf.n. 68-69. Compte tenu de la manière dont étaient tenus les censiers la chose n’aurait rien d’étonnant.
  86. Rôles gascons,t. IV, app. II, p. 562. Comptes de Guitard et Albert Mège, receveurs de Guyenne. Dépenses de messagers : Bernard de la Dils. Les seigneurs convoqués étaient “plus requis que cités”. Walter le Clerk, messager du roi, est allé porter des lettres du lieutenant du sénéchal et de Jean Gytard à J. Rossell, Gaillard de Mota de Roquetaillade, Augier Mota et Pierre de Gavarret. Sur les événements des années 1310-1313 en Gascogne, cfJ. B. Marquette, Les Albret,t. IV, p. 423-434. On notera que les Ladils sont placés sur le même plan que les nobles du Bazadais.
  87. Gascon register A,n° 36 (2) : Galhardus de la Dils.
  88. Rôles gascons,t. IV, n° 254 : Galhardus et Bernardus Ezii de la Dils, fratres Arnaldi de La Dils, Bona Cauza et Bertrandus et Vitalis de la Dils, fratres dicti Arnaldi.
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Pessac
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EAN html : 9782356135094
ISBN html : 978-2-35613-509-4
ISBN pdf : 978-2-35613-511-7
Volume : 4
ISSN : 2827-1912
Posté le 15/11/2025
27 p.
Code CLIL : 3385
licence CC by SA
Licence ouverte Etalab

Comment citer

Marquette, J. B., “Une famille de bourgeois bazadais : les Ladils (vers 1150-1315)”, in : Boutoulle, F., Tanneur, A., Vincent Guionneau, S., coord., Jean Bernard Marquette : historien de la Haute Lande, vol. 1, Pessac, Ausonius éditions, collection B@sic 4, 2025, 345-372, [URL] https://una-editions.fr/une-famille-de-bourgeois-bazadais-les-ladils
Illustration de couverture • d'après “Atlas de Trudaine pour la ‘Généralité de Bordeaux n° 6. Grande route de Bordeaux à Bayonne. Les douze premières cartes du plan de cette route. Cy 15 cartes’.
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