Parmi les exemples destinés à illustrer son propos, P. V. a choisi celui de Sarapis et, accessoirement, d’Isis, la seule déesse pour laquelle des théoxénies sont connues. Souvent, à propos de ces banquets où Sarapis est l’invité et non l’invitant, les modernes ont oscillé entre deux perceptions opposées : celle d’un acte rituel, religieux (P. Roussel) ou celle d’un repas festif où l’on est surtout soucieux de bonne chère (J. G. Milne). En fait, les deux conceptions sont certainement valables et synchrones. Les contextes déterminent les réalités et de pieux repas devant un lectisterne de Sarapis ont dû à l’occasion dévier vers une ambiance plus profane du fait de l’exaltation de certains convives, quand bien même ils avaient lieu dans le restaurant du sanctuaire.
À l’inverse, ces banquets ont pu être aussi un bon moyen de rehausser un simple dîner grâce aux solennités de la religion, l’hôte plaçant sur une klinè une image du dieu ou de la déesse (cf. le P. Fouad I, 76 mentionnant un hiérôma d’Isis devant lequel se tiennent les convives). Dans l’analyse de ce type de manifestation, il faut tenir compte de la psychologie religieuse des individus et admettre que l’imagination créatrice, en matière religieuse, est socialisée et que la forme religieuse revêt souvent des relations évidemment sociales.