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Visualiser et mesurer les échanges à l’âge du Fer

En 1995, Olivier Buchsenschutz sollicitait quatre chercheurs pour réfléchir avec lui sur le rapport entre l’Histoire et les données archéologiques, dans un article d’Histoire et Mesures, intitulé “Histoire quantitative et archéologie protohistorique”1. On y faisait le point sur les outils utilisés pour reconstituer l’évolution économique à long terme des cultures protohistoriques. Les méthodologies proposées ont été pour certaines fondatrices de la discipline, notamment la mise en séquence et la question de la quantification des restes (habitats, amphores, faune, monnaies…). Depuis, de nombreuses études se sont poursuivies et des avancées ont vu le jour grâce aux normes établies alors. On constate toutefois des évolutions dans nos problématiques, concernant notamment la chrono-typologie de différents mobiliers ou la question de l’unicum, le rôle de certaines monnaies, mais aussi les limites de la quantification, autant de thèmes propres à alimenter le dossier de l’économie antique. Plusieurs des pistes de travail, alors suggérées, ont été largement exploitées et la multiplication exponentielle des données a fait que certaines questions restées sans réponse peuvent de nouveau être abordées. Quinze ans plus tard, alors que l’exploitation quantitative des données a fortement progressé et est devenue la norme, il nous est apparu intéressant de revenir sur ces problématiques. Nous nous sommes interrogés sur les mesures et les objets qui peuvent être sollicités pour reconstituer les échanges qui ont marqué l’histoire des rapports Europe tempérée-Méditerranée. Nous avons retenu, à titre d’exemple, les céramiques, les monnaies, les vaisselles métalliques et les amphores pour analyser les pratiques des chercheurs permettant de visualiser et de mesurer les échanges à l’âge du Fer, dans leur complexité. Nous verrons ainsi les points qui permettent d’aller plus loin, afin de réactualiser ces conclusions tout en rappelant les difficultés d’interprétation qui demeurent en l’absence de sources textuelles.

Les monnaies

Les orientations de la recherche numismatique, posées en 1995, restent d’actualité et elles ont profondément renouvelé l’image que l’on se faisait de l’économie protohistorique. Il y a encore une dizaine d’années, certains historiens considéraient toujours les monnaies celtiques comme des médailles. Les trouvailles monétaires en contexte archéologique se sont multipliées. Un gros effort sur la définition des séries monétaires et des classes à l’intérieur de celles-ci et, chaque fois que possible, sur les analyses de composition, a conduit à préciser des chronologies relatives internes par la reprise des catalogues de références des collections de musées, comme le catalogue de Lyon, de Rennes, les monographies de sites tels que Bibracte, Le Grand-Saint-Bernard, Lattes, ou de trésors, comme ceux de La Villeneuve-au-Châtelot, Liffré, Trébry, Jersey, Tayac, Le Mans – Les Sablons pour n’en citer que quelques-uns2. La prise en main par les archéologues de leur mobilier monétaire a réintégré celui-ci dans les faciès chrono-typologiques des sites. Les études des faciès monétaires en contexte archéologique montrent maintenant une monétarisation de l’économie celtique beaucoup plus précoce qu’on ne le supposait dans les années 19903. La notion de première mention d’une série monétaire dans des contextes archéologiques datés par d’autres matériels a mis en évidence une circulation monétaire précoce, difficilement perceptible auparavant4. Les données dendrochronologiques ont, par ailleurs, permis de ré-étalonner progressivement les contextes archéologiques de l’âge du Fer avec des datations en absolu. Il faut encore attendre la publication de grosses fouilles en cours d’étude pour avoir une meilleure image de la circulation monétaire à La Tène finale, mais ce n’est plus qu’une question de temps. Les cartographies générales dressées sur l’ensemble de la Gaule montrent dès à présent des différences régionales importantes dans les pratiques monétaires5. Les découvertes monétaires dans des contextes du IIIe et du début IIe s. restent beaucoup plus rares, et leurs interprétations sont donc soumises à une insuffisance statistique notoire. En revanche, plusieurs séries de potins apparaissent maintenant dans les fouilles dès La Tène C1-C2 et connaissent une diffusion supra-régionale qui ne recouvre pas des entités politiques clairement identifiées, mais plutôt des zones de circulation des biens et des personnes relativement homogènes… Les potins à la grosse tête et au bandeau lisse, identifiés précédemment au seul type BNF 5368, ont été subdivisés en 12 classes dont la cartographie montre à la fois des zones de concentration différentes et des aires de circulation qui se superposent partiellement, ce qui prouve à la fois que certaines classes sont utilisées préférentiellement sur un certain territoire (fig. 1) mais aussi qu’elles sont acceptées sur l’ensemble de leur zone de diffusion. Chronologiquement, leur début de circulation se succède dans le temps6 : les GTA1, les GTA4 se retrouvent dans des contextes plus anciens que les GTA9. Les GTA au bandeau lisse précèdent les GTB au bandeau décoré. Les faciès monétaires des sites confirment ces répartitions. D’autres séries supra-régionales comme les potins au sanglier ou au personnage courant, ou ceux à légende MA, apparaissent dès La Tène C2. Certaines émissions, au contraire, restent limitées à un site et à ses environs immédiats, démontrant des pratiques et des autorités monétaires de natures différentes7. Les monnayages de cités se caractérisent par leur circulation sur tout le territoire de la cité, leur conservation en trésor, leur référence à un étalon monétaire “statère” (monnayages armoricains), “drachme” (séries bituriges) ou “denier” (quinaires éduens ou allobroges) selon la nature de leurs liens avec le monde méditerranéen8. Ainsi, on voit des interférences multiples entre les monnaies, la société et l’économie gauloise, avec des particularismes régionaux qui tiennent à la fois aux liens différents avec le commerce méditerranéen mais aussi à l’implication progressive des élites dans l’économie, à la structuration régionale de la société, au rôle de l’armée et des sanctuaires9 dans ces évolutions10.

 Carte des aires de circulation des classes de potins à la Grosse Tête, au bandeau lisse : on trouvera plus de GTA1, GTA2 chez les Helvètes, plutôt des GTA8 chez les Sequanes ou encore des GTA9 chez les Éduens (Geiser et al. 2009).
Fig. 1. Carte des aires de circulation des classes de potins à la Grosse Tête, au bandeau lisse : on trouvera plus de GTA1, GTA2 chez les Helvètes, plutôt des GTA8 chez les Sequanes ou encore des GTA9 chez les Éduens (Geiser et al. 2009).

À une vision relativement simpliste de la circulation monétaire, se limitant à des monnayages de cités, aux économies ouverte ou fermée11, on substitue actuellement une structuration des monnayages visiblement associés à des pouvoirs émetteurs différents, induisant des pratiques monétaires spécifiques que l’on commence tout juste à percevoir. Comme au Moyen Âge où coexistent monnaies d’État, monnaies des Princes, monnaies ecclésiastiques, monnaies de guildes…, les usages monétaires à l’âge du Fer induisent des autorités émettrices, des circulations et des modes de conservation différents que les outils méthodologiques actuels permettent d’appréhender.

Les céramiques

La céramique, matériau par excellence de la Protohistoire en raison de son omniprésence, fait l’objet de traitements quantitatifs et statistiques qui abordent de très nombreux champs, allant de l’établissement de typo-chronologies12 aux analyses fonctionnelles inter et intra-sites13. Contenant de produits ou objets directs de l’échange, les récipients peuvent également témoigner de contacts ou de flux que les approches quantitatives permettent de mieux caractériser.

Au sein des différents corpus régionaux, la mise en évidence d’éléments exogènes s’avère relativement banale, même si leur fréquence semble très inégalement répartie. De ce point de vue, toutes les périodes de l’âge du Fer ne se valent pas. À partir du IIe s. a.C., et à mesure que l’on s’approche puis dépasse la Conquête, les récipients importés se font de plus en plus fréquents, soulignant, à l’instar des amphores, l’intensité des contacts avec le monde méditerranéen. De fait, la présence et la part des importations dans les corpus d’habitat soulignent leur insertion dans des réseaux d’échanges dont les axes préférentiels se déduisent de la répartition des découvertes. Partant de là, les proportions d’importations constituent un argument parmi d’autres dans la discussion sur le statut même du site, en partie conditionné par sa position dans les réseaux d’échange. Pour une période plus lointaine, le cas des céramiques grecques retrouvées en grande quantité dans les habitats hallstattiens de Bourges constitue un exemple emblématique du phénomène. Pour La Tène finale, lato sensu, il convient de noter que les importations ne se limitent pas aux formes venues des bords de la Méditerranée, mais qu’elles documentent aussi largement l’importance des échanges à l’intérieur du complexe celtique. Le phénomène est sans doute plus ancien mais sa mise en évidence se trouve facilitée ici par une relative standardisation des productions et l’importance des études menées depuis 20 ans dans ce domaine. La masse de données disponibles permet même parfois de dépasser la simple restitution de réseaux d’échange en proposant une lecture plus anthropologique. Ainsi, une récente étude sur la céramique de la cité carnute révèle des différences flagrantes de fréquence de céramiques exogènes entre sites de statut et de chronologie équivalents14. L’accueil de récipients étrangers, puis leur déclinaison parmi les vaisseliers locaux, révèlent alors des comportements opposés vis-à-vis des modèles extérieurs acceptés là, alors qu’ils semblent rejetés ici. On atteint ainsi une finesse de lecture des phénomènes d’acculturation qui, comme le soulignent les ethnologues, ne sont ni homogènes, ni linéaires et sont en grande partie conditionnés par des logiques indigènes15.

Pour des époques plus anciennes, ou des zones géographiques moins favorisées par le nombre, les importations se résument à de rares individus qui paraissent bien isolés. Leur interprétation, qui ne peut s’appuyer sur les ressources de la statistique ou des raisonnements quantitatifs, s’avère bien plus problématique. Un détour par les sépultures permettra d’illustrer ces difficultés. Tout au long de l’âge du Fer, il arrive que des céramiques exogènes intègrent le dépôt funéraire. Les interprétations proposées pour ce phénomène varient de manière notable selon les périodes où il s’observe. Ainsi, une céramique grecque retrouvée dans une sépulture hallstattienne sera interprétée comme le témoignage d’une insertion de l’individu dans des réseaux d’échange ou d’hospitalité à très longue distance, soulignant ainsi son statut exceptionnel. Des vases étrusques déposés dans une sépulture de guerrier du Bassin Parisien du IIIe s. a.C. seront, quant à eux, considérés comme le témoignage du déplacement de l’individu en Méditerranée et mis en relation avec le mercenariat celtique16. Pour leur part, les balsamaires présents dans les tombes trévires du Ier s. a.C. seront mis au crédit d’un processus irréversible de romanisation17. Ces quelques exemples révèlent bien les multiples interprétations issues de faits similaires : la sélection de récipients exogènes dans la constitution du mobilier funéraire. À tort ou à raison, l’interprétation est ici clairement orientée par l’idée même que l’on se fait a priori du contexte. Par rapport aux habitats, les sépultures présentent l’avantage de contenir un mobilier volontairement sélectionné et d’offrir des bases de comparaison relativement homogènes. En effet, le mobilier funéraire constitue un ensemble cohérent qui permet la comparaison entre sépultures contemporaines. En contexte d’habitat, la question de l’interprétation des éléments rares est encore compliquée par les aléas de la composition des données. Il s’agit de corpus constitués de rejets inégalement fouillés d’un site à l’autre. Si la restitution du corpus initial demeure un “graal” inaccessible, on peut au moins tenter de mettre en place des méthodes de pondération pour comparer les sites entre eux. Ici, la céramique – matériau le plus fréquent et peu soumis aux aléas de la conservation différentielle ­– peut jouer un rôle important, comme cela avait été suggéré dans l’article de 1995. La quantité de récipients par phase (estimée en poids et en nombre) fournit une valeur approchée de l’importance de l’activité globale du site et de la quantité de rejets observée. Elle permet de lisser quelque peu les biais d’une documentation nécessairement hétérogène. Par ailleurs, les taux de fragmentation évalués par le rapport poids/nombre apportent d’utiles précisions sur les modalités de constitution des assemblages. Sommes-nous confrontés à des rejets massifs et directs, ou au contraire à d’ultimes restes qui ont connu une longue errance avant leur enfouissement ? Selon les cas, il paraît évident que la présence, pour ne pas dire les quantités, d’éléments rares n’a sans doute pas la même valeur. D’autres facteurs de pondération peuvent être envisagés et mériteraient d’être expérimentés. Le rapport entre les quantités observées et les volumes effectivement fouillés est sans doute une piste à creuser, dans un contexte où les types de structures, leur densité, les surfaces explorées et leur représentativité par rapport à l’ensemble du site varient considérablement d’un site à l’autre. Ce n’est qu’au prix d’une réflexion méthodologique en perpétuel chantier que l’on pourra affiner les comparaisons entre faciès de site ou de phase et, de là, en proposer des interprétations mieux assurées.

Les vaisselles métalliques

Dans le domaine du métal, les données quantitatives sont désormais largement utilisées en tant que données primaires des inventaires et des études. Les méthodes de quantification se rejoignent globalement dans leur mise en œuvre, par le dénombrement des fragments puis l’estimation du NMI18, et dans leur objectif, à savoir approcher le nombre d’objets présents dans un ensemble ou un site, puis essayer d’en proposer une analyse quantifiée. Les tentatives d’application en ont été multiples, et l’on peut citer les études réalisées sur les “petits objets” en fonction des matériaux ou des séries dans une perspective diachronique19, ou bien les travaux basés sur l’analyse comparative de la composition fonctionnelle des assemblages métalliques et de leur évolution20.

Dans le cas particulier des vaisselles métalliques dites “tardo-républicaines”, le “colloque de Lattes” avait établi un inventaire exhaustif des pièces attestées alors et proposé une synthèse très complète – technologie, typologie, chronologie, fonction, rôle dans les relations culturelles et économiques avec l’Italie21. Depuis, de nouvelles découvertes et la publication d’ensembles de référence ont augmenté sensiblement le corpus, notamment grâce aux fouilles des grands sites d’habitat gaulois. Dans le même temps, les réflexions sur les vaisselles en contexte celtique étaient largement menées sous les angles culturel et aristocratique, dans le cas des pratiques funéraires22 ou du banquet23. Si l’on est encore loin de disposer des analyses qualitatives et quantitatives effectuées sur les amphores ou les céramiques à vernis noir, les vaisselles métalliques méritent pourtant pleinement d’être intégrées à l’analyse du commerce entre l’Italie et la Gaule aux IIe-Ier s. a.C. À titre d’exemple, la carte générale des effectifs en nombre de pièces pointe les inégalités de représentation et de répartition de l’échantillon (fig. 2). La plus forte concentration se trouve en Transalpine, particulièrement dans les sépultures de la basse vallée du Rhône, mais aussi dans les oppida de Provence occidentale et du Languedoc, à Toulouse et en territoire allobroge. Plusieurs autres secteurs sont bien documentés, ce qui est étroitement lié aux recherches de terrain et aux publications ; il en est ainsi dans les territoires arverne et ségusiave, dans la vallée de la Saône et les territoires éduen, mandubien, lingon, séquane, chez les Bituriges Cubi, en territoire rème dans la vallée de l’Aisne, chez les Leuques et Médiomatriques, ou encore en territoire trévire. Cette répartition, cristallisée sur certains secteurs et/ou sites, est donc avant tout liée à l’histoire des recherches sur l’âge du Fer et fournit relativement peu d’éléments de réflexion pour une analyse fine du phénomène, si ce n’est peut-être dans le cas de la zone du denier. De nombreux aspects, depuis la production jusqu’à la fin d’utilisation des vaisselles métalliques, doivent d’abord être développés et affinés : la typologie, la chronologie, les zones de production, les cargaisons des épaves, les circuits de distribution, les situations régionales et les contextes de consommation24.

 Carte de répartition des vaisselles métalliques : elle repose sur 710 pièces incluant des vaisselles complètes, des éléments isolés et des fragments, pour un NMI provisoire de 610 individus. Les vaisselles sont inégalement réparties selon les régions et selon les contextes ; elles sont attestées principalement dans les habitats (oppida surtout, plus rarement habitats ouverts et établissements ruraux), dans une moindre mesure dans les tombes et les sanctuaires (Girard 2010, 330 et fig. 312)
Fig. 2. Carte de répartition des vaisselles métalliques : elle repose sur 710 pièces incluant des vaisselles complètes, des éléments isolés et des fragments, pour un NMI provisoire de 610 individus. Les vaisselles sont inégalement réparties selon les régions et selon les contextes ; elles sont attestées principalement dans les habitats (oppida surtout, plus rarement habitats ouverts et établissements ruraux), dans une moindre mesure dans les tombes et les sanctuaires (Girard 2010, 330 et fig. 312)

La typologie est le premier point fondamental, nonobstant la fragmentation en contexte d’habitat. L’observation empirique des vaisselles conduit à constater, en effet, l’existence d’une grande variabilité de séries, types et variantes, à l’exemple des simpula25. Le retour à l’objet, le croisement de tous les critères (morphologie, morphométrie, technologie, critères esthétiques) et le recours à un protocole précis et systématique de description et d’enregistrement forment une voie possible pour progresser dans ce domaine. La caractérisation des productions et donc des provenances, la distinction entre les réelles pièces d’importation, les copies, les réparations et les productions originales locales ou régionales, la chronologie sont autant d’aspects qui en dépendent.

L’identification des zones de production italiennes (Étrurie, Campanie, Italie du Nord) ou des zones de production locales (Alpes) repose sur la reconnaissance des productions plus anciennes, la typologie, le style des figurations sur certaines formes, enfin la répartition de telle ou telle forme. En dépit d’indices encore trop ponctuels, comme la courte série de passoires d’Orbetello26 ou l’inscription mentionnant un Χαλκευς/Chalceus (bronzier) sur la propriété des Domitii Ahenobarbi dans l’ager Cosanus27, les ateliers italiens demeurent inconnus. C’est une recherche à développer, afin d’appréhender les modalités de production et approfondir la caractérisation des vaisselles produites.

Des lacunes tout aussi importantes concernent la circulation maritime. À ce jour, 32 pièces seulement sont attestées sur le littoral de Gaule méditerranéenne dans une dizaine d’épaves parmi les 200 épaves d’amphores vinaires Dressel 1, localisées la plupart sur la Côte d’Azur28. La Méditerranée occidentale compte peu d’occurrences, un simpulum dans l’épave de Spargi29 et l’ensemble de l’épave de Mahdia, qui répond en fait au circuit commercial depuis l’Orient30. Si l’on passe outre le fait qu’une partie des pièces mentionnées demeure inédite, les quantités documentées sont limitées et trop inégales pour être représentatives, en dehors peut-être du cas de la cargaison exceptionnelle de Fourmigue C31. Il reste donc difficile de déterminer si elles appartenaient au matériel de bord ou aux cargaisons et, si l’on admet la seconde position, la documentation nous autorise seulement des conjectures sur la logique de leur distribution.

Les réseaux, les volumes et les modalités de la commercialisation des vaisselles métalliques en Gaule sont sans doute les aspects les plus difficiles à appréhender. La Transalpine fut bien sûr une région réceptrice, consommatrice et redistributrice à l’échelle régionale et vers la Gaule indépendante. À l’heure actuelle, si la circulation vers l’isthme Aude-Garonne transparaît nettement, de même que le rôle de la vallée de l’Hérault en direction du territoire rutène, tel n’est pas le cas des voies au-delà vers le nord. Les sites les mieux documentés sont situés sur le littoral et dans la basse vallée du Rhône, et témoignent essentiellement d’une commercialisation régionale directe. La moyenne vallée du Rhône reste vide et les sites de l’arrière-pays encore mal documentés, même si l’on peut attendre de nouvelles perspectives des recherches en cours, notamment dans la vallée du Gardon. De nouveaux questionnements apparaissent également : ainsi, l’hypothèse que la Provincia fut aussi une région productrice, exportant des vaisselles vers la Gaule interne, qui demeure difficile à argumenter à ce stade du travail. En Gaule interne, il est clair que les quantités de vaisselle attestées ne permettent pas pour l’instant d’approfondir l’examen des grands circuits de distribution, en dehors du schéma traditionnel vallée du Rhône/vallée de la Saône/zone du denier, éventuellement du cas des Alpes. L’analyse fine des vaisselles métalliques apportera toutefois un complément important en parallèle à l’examen de l’ensemble des produits italiques. On espère également beaucoup de la mise en évidence de faciès régionaux en termes de diffusion et de composition, au-delà de la simple dichotomie “zone de la passoire – zone du simpulum” entre Gaule interne et Gaule méditerranéenne. L’examen des situations régionales et locales constitue d’ailleurs un objectif supplémentaire, de même que la question de la redistribution des arrivages, de l’oppidum aux agglomérations ouvertes et aux établissements ruraux. La compréhension de l’impact social et culturel de l’usage des services à vin tardo-républicains en contexte gaulois passe dorénavant par la prise en compte de la totalité des contextes de découverte et de leurs spécificités, et non plus seulement de leur présence dans les sépultures dites aristocratiques. Encore faudrait-il pouvoir mesurer les données obtenues par rapport aux assemblages métalliques “complets”, d’une part, par rapport aux volumes globaux de denrées importées durant une période donnée sur chaque site, d’autre part.

L’oppidum de Bibracte a livré à ce jour le plus important ensemble de pièces de vaisselle métallique en Gaule chevelue32. La quantité, la composition, la variété de formes et de qualité, les indices de productions locales et de réparations, enfin la diversité des contextes de découverte pointent, en terme de consommation, une situation complexe que ne reflète résolument plus l’association classique entre aristocratie et service à vin métallique. Par ailleurs, le rôle central joué par l’agglomération à la fin de l’âge du Fer dans les circuits de distribution du vin romain en territoire éduen et, plus largement, vers les régions de la zone du denier33, a probablement concerné également les autres produits italiens, en particulier les vaisselles métalliques, associées traditionnellement à la consommation du vin quelle que fusse la logique commerciale dans laquelle elles intervenaient (compléments aux amphores vinaires, commandes spécifiques ou vaisselles commercialisées pour elles-mêmes). Il constitue ainsi un laboratoire privilégié pour l’étude des vaisselles métalliques en Gaule interne.

Appréhender et mesurer la forme et l’ampleur du phénomène commercial et culturel que représentent les vaisselles métalliques – entamé bien avant les deux derniers siècles a.C., si l’on envisage le cas des vaisselles méditerranéennes de la fin du Premier âge du Fer, mais qui connaît un véritable essor, en l’état actuel des données, à partir de la fin du IIe s. a.C., en parallèle à celui des amphores vinaires -, doit s’appuyer sur une recherche à long terme, prenant en compte l’ensemble des outils et des facteurs d’analyse.

Les amphores

Les amphores ont fait l’objet ces trente dernières années d’avancées très significatives dans le domaine de leur évaluation, qu’elle soit quantitative ou qualitative. Nous sommes désormais en mesure de manier des données chiffrées qui expriment des flux ou des reflux d’importations ou des productions locales dans diverses parties de la Gaule et au-delà. En effet, les rencontres entre chercheurs européens se sont multipliées et ont entraîné une homogénéisation des modalités d’approches (comptages, NMI, méthodologie, épigraphie), notamment grâce au GDR “Les denrées en Gaule romaine : Production, Consommation, Échanges. Le témoignage des emballages”34. De fait, on observe un meilleur rendu des résultats qui, pour certains, deviennent comparables. Car, et c’est à notre sens toute la substance de l’apport des amphores à l’histoire économique et sociétale, on ne peut pas tout comparer sans prendre un certain nombre de précautions. Il y a 30 ans, la question était “compter pour quoi faire ?” et, sur ce point, les travaux de F. Laubenheimer sur la méthodologie de la quantification nous ont montré combien il était important de “savoir compter”, dans le sens le plus simple, essentiel, du terme. Ses multiples études sur des sites importants ont conduit à proposer une méthode rigoureuse et normative35 qui a été appliquée à de nombreux endroits36. On peut maintenant lire, à travers études et graphiques, des tendances sur plusieurs siècles qui regardent à l’échelle la plus large les fluctuations des différents produits transportés en amphores : le remplacement des vins italiens par les vins gaulois, ou bien de l’huile espagnole par les huiles africaines, ou autant d’autres phénomènes qui ont eu lieu à des échelles très différentes, même parfois très réduites, comme les énigmatiques productions d’amphores en Normandie. S’il est clair que ces études ont permis de démêler un certain nombre de points, notamment de proposer des grandes lignes sur l’économie et ses acteurs au Haut-Empire, on remarque toutefois que d’autres sont encore mal ou peu abordés. Ainsi, deux domaines méritent que l’on développe encore des efforts : la typologie et les aspects qualitatifs des produits sous un angle sociétal.

La typologie reste à la base de toute étude, aussi bien pour les amphores que pour le reste du mobilier archéologique. Il aura fallu des décennies de réflexions et d’approches méthodologiques pour venir à bout des différentes productions37. Malgré cela, certaines catégories souffrent encore de lacunes importantes. En effet, depuis H. Dressel qui avait alors magistralement brossé un tableau de près de 45 catégories d’amphores à partir du seul mobilier de la caserne des Prétoriens à Rome38, les études sont bien sûr très nombreuses, mais irrégulières quant à leurs objectifs, et peu de types sont traités sous tous leurs aspects : typologie, épigraphie et étude des argiles, ce qui est pourtant l’élément essentiel qui caractérise intrinsèquement la production. Par exemple, c’est cet élément qui a permis de distinguer, au sein des Dressel 1B, les productions catalanes des productions italiques39. C’est également l’un des critères qui permet de distinguer toutes les productions de Dressel 2/4 les unes des autres, depuis la zone égéenne jusqu’à la Narbonnaise, voire même des productions britanniques40. C’est encore l’étude des pâtes qui a permis de distinguer les Dressel 20 similis (ou Gauloise 14) qui imitent au plus près les amphores globulaires andalouses destinées à l’exportation en masse de l’huile d’olive hispanique41, et qui permet d’envisager une production particulière encore bien mystérieuse, originaire toutefois de Germanie supérieure42. Pour la toute fin de l’âge du Fer, et selon les observations faites à partir de quelques séries de timbres sur Dressel 1, F. Laubenheimer concluait : “ Il apparaît donc que divers circuits sur la route d’Aquitaine et dans le couloir séquano-rhodanien sont comparables, alimentés par des emballages de même origine. Tout se passe comme si des vignobles et peut-être les mêmes fournisseurs alimentaient ces multiples marchés”43. L’introduction d’une méthode d’observation simple des argiles44, accessible à l’archéologue, permet de réfuter ce constat et de rendre au contraire très perceptible des voies distinctes qui organisent assez drastiquement les différents marchés en Gaule. Ainsi, grâce aux études typologiques des amphores des fouilles récentes de Bibracte couplées à l’étude des argiles et aux données épigraphiques, on sait maintenant que l’oppidum des Eduens recevait des vins depuis la zone de l’ager Cosanus pour près de 60 % des volumes, et d’une multitude d’autres zones de l’Italie tyrrénienne dans une moindre mesure33. Nous sommes donc capable d’observer, grâce à ce “groupe dominant”, un marché privilégié pour les vins d’Etrurie méridionale qui s’étend à la “zone du denier” mais concerne aussi l’Auvergne, soit une sorte de grand croissant traversant la Gaule, depuis le Languedoc jusqu’au Luxembourg et, peut-être, la Grande-Bretagne. Ce qui se passe dans l’isthme Aude-Garonne est similaire : un groupe dominant, qui semble concerner cette fois plutôt des vins du Latium, associé à de multiples zones satellites, les vins de l’Étrurie pesant ici pour moins de 10 % des flux45. Les fameux vins de Campanie, que chacun croit reconnaître grâce aux minéraux noirs parsemant les pâtes (dites “Eumachi” et “pseudo-Eumachi”), sont quant à eux fréquents mais en assez faible quantité, sans doute en raison de leur qualité, et donc de leur coût ou bien de leur contenu ! Nous pouvons donc, grâce aux diverses approches (typologique, épigraphique et une pétrographie “light”), nuancer les hypothèses sur les diffusions et proposer à des zones de production des zones de consommation bien tangibles. Des nouveaux résultats sont donc concrètement visibles grâce à de nouvelles approches méthodologiques pluridisciplinaires et qui nous permettent d’affiner les observations et nos conclusions sur les diffusions des amphores dans l’Antiquité, plus particulièrement pour la fin du Second âge du Fer, une époque où les dynamiques commerciales sont déjà très structurées.

Parallèlement, ces nouvelles approches nous permettent de mieux percevoir la qualité des produits et d’aborder les aspects sociétaux des consommations.

Le dynamisme économique des oppida se traduit par les volumes de produits importés, notamment en ce qui concerne les amphores provenant de la sphère méridionale, et il est notoire que l’huile, le vin et les sauces de poisson en sont les trois produits phares – soit les 2/3 de la “triade méditerranéenne” que sont le blé, le vin et l’huile. Mais on observe qu’à l’inverse de ce que nous présentent les sources historiques, prolixes de noms de cépages, de vignobles, de crus et de terroirs, tout en donnant des informations sur la qualité et les goûts, notre approche de ces produits reste assez basique. Nous sommes confrontés à une information très abondante qui est finalement traitée de façon simpliste : du vin, de l’huile et des sauces de poissons. Mais pouvons-nous distinguer une huile exceptionnelle de celle qui était destinée à l’éclairage ? Ou différencier un grand cru d’un vin très médiocre ? Repérer des poissons en saumures ou des sauces liquides ? C’est ce qu’ambitionne cette approche, associant typologie, épigraphie, analyse des argiles et des contenus, pour affiner la recherche de produits exogènes dans la société gauloise. Toutes les amphores vinaires ne sont pas identiques, et nous avons vu qu’elles provenaient de zones de production différentes, traduisant donc des qualités et des goûts distincts. Mais savons-nous distinguer les consommateurs et proposer un essai de hiérarchie sociale à travers ces consommations ? C’est l’exercice le plus difficile ; toutefois, des signes de plus en plus évidents témoignent de différences de qualités. Par exemple, à la Maison 1 du Parc-aux-Chevaux de Bibracte (PC1), un habitat de statut supérieur, le faciès d’amphores n’est pas très varié puisque les Dressel 1 sont très largement majoritaires (95% du total) ; mais d’autres catégories apparaissent ponctuellement46. Ce sont elles qui nous livrent le goût des habitants de PC1 pour le defrutum, un vin cuit, épicé et aux olives, ou bien le vin liquoreux de Cos (variété de vini salsi), le vin de Rhodes ou encore l’extraordinaire vin du Lauro, contenu probablement dans certaines des amphores en provenance de Tarraconaise (Pascual 1 ou Oberaden 74). Parallèlement, on compte quelques amphores andalouses qui ont transporté des poissons en saumure ou en sauce de type garum, hallex, muria, liquamen… peut-être même des coquillages, autant de produits à haute teneur exotique qui ont pu apparaître sur les tables des riches éduens de PC1. Si la villa n’a pas encore livré de témoignage de la célèbre huile du Vénafre (ce qui est pourtant le cas sur d’autres lieux de fouilles à Bibracte, comme La Pâture du Couvent), quelques amphores de la région des Pouilles (Brindisi) ou d’Andalousie (Séville) soulignent un attrait certain pour les huiles d’olive d’origine diverses, et donc de goûts différents. Au bout du compte, toutes ces denrées sont très proches de celles consommées en Italie, comme le mentionne cette recette de cuisine dédiée à de la murène pochée “[dont] la sauce a été faite avec les ingrédients que voici : de l’huile sortie la première du pressoir à Vénafre, du garum fait avec le suc du poisson d’Espagne, un vin de cinq ans (…) et après la cuisson le vin de Chios convient plus qu’aucun autre, du poivre blanc”47, qui aurait pu être adaptée au brochet du Morvan ? Concernant les vins italiens nous pouvons également proposer une hiérarchie des crus qui tendent à hiérarchiser les consommateurs, car il n’y a pas la même élégance à boire du vieux falerne qu’un mauvais vin d’Etrurie méridionale. Nous sommes convaincue que les habitants de Bibracte savaient ce qui parvenait jusqu’à leur oppidum, sans doute même avaient-ils le choix des approvisionnements, car sans cela, comment concevoir un éventail de produits aussi large ? On soupçonne même la consommation de très grands crus, de vins qui ont vieilli et qui sont devenus exceptionnels, à l’instar du lot de gréco-italiques qui rebouchait un cellier abandonné à proximité du bâtiment basilical à la Pâture du Couvent, repéré encore une fois grâce aux argiles et témoignant pour la première fois d’une profonde acculturation aux nouvelles habitudes de l’élite romaine repérée à travers les échanges48.

L’archéologie protohistorique, en se réorganisant régulièrement autour de nouvelles approches méthodologiques49, promet de nouveaux résultats complétant ainsi le portrait d’une société en mutation. En effet, ce qui ressort de ces quinze années de recherche est le dynamisme de la société celtique, son ingéniosité, sa capacité à évoluer. On est loin de cette image de barbares attendant la civilisation des Méditerranéens. Le monde celtique, au IIe s. a.C., est, pour reprendre une image moderne, “un pays émergent”: il allie vitalité démographique, artisanat et agriculture en pleine expansion, il s’appuie sur une aristocratie qui se réinvestit dans l’économie à l’heure où le mercenariat décline.

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Notes

  1. Buchsenschutz et al. 1995.
  2. Gruel & Pion 2009.
  3. Gruel 2009.
  4. Gruel & Popovitch 2007 ; Gruel et al. 2008.
  5. Batardy et al. 2009 ; Gruel & Haselgrove 2007.
  6. Geiser et al. 2009.
  7. Gruel & Lallemand 2009.
  8. Gruel 2006.
  9. Gruel 2012.
  10. Gruel & Haselgrove 2006.
  11. Gruel 1989.
  12. Pion 1996 ; Marion 2004.
  13. Malrain et al. 2002 ; Saurel 2002.
  14. Riquier 2008, 279.
  15. Sahlins 2007.
  16. Ginoux 2009.
  17. Kaurin 2009, 209.
  18. Py 1997 ; Guillaumet 2003.
  19. Feugère 1990 ; Raux 1999.
  20. Bataille 2008 ; Dubreucq 2007 ; Nillesse 2009.
  21. Feugère & Rolley 1991.
  22. Ferdière & Villard 1993 ; Metzler et al. 1991 ; Perrin & Schönfelder 2003.
  23. Poux 2004.
  24. Girard à paraître.
  25. Girard 2010.
  26. Ciampoltrini 1994.
  27. Manacorda 1981, 46.
  28. Parker 1992.
  29. Lamboglia 1961.
  30. Hellenkemper Salies et al. 1994.
  31. Baudoin et al. 1994.
  32. Girard et al. 2008.
  33. Olmer 2003.
  34. Ou encore Olmer, dir. à paraître.
  35. NR, NMI mini, NMI maxi ; Laubenheimer 1998.
  36. Par exemple Laubenheimer & Humbert 1992 ; Laubenheimer & Meffre 2003 ; en dernier lieu, Laubenheimer & Marlière 2010.
  37. voir en dernier lieu le travail d’Emmanuel Botte sur les Dressel 21-22 : Botte 2010.
  38. Dressel 1899.
  39. Tchernia & Zevi 1972.
  40. Sealey 1985, 128.
  41. Baudoux 1996, 106-112.
  42. Ehmig 2002.
  43. Buchsenschutz et al. 1995, 250.
  44. Thierrin-Michael 2003.
  45. Benquet 2002 ; Benquet à paraître.
  46. Schöpfer 2004, 272-275.
  47. Horace, 2.4.42-50.
  48. Olmer 1998.
  49. Barral & Fichtl 2012. Cet ouvrage récent montre le dynamisme de la recherche dans ce domaine et l’impact de ces nouvelles approches.
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Chapitre de livre
EAN html : 9782356134929
ISBN html : 978-2-35613-492-9
ISBN pdf : 978-2-35613-493-6
Volume : 1
ISSN : 2827-1912
Posté le 08/05/2024
Publié initialement le 01/02/2013
11 p.
Code CLIL : 4117 ; 3385
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Licence ouverte Etalab

Comment citer

Gruel, Katherine, Olmer, Fabienne, Marion, Stéphane, Girard, Benjamin, “Visualiser et mesurer les échanges à l’âge du Fer”, in : Krausz, Sophie, Colin, Anne, Gruel, Katherine, Ralston, Ian, Dechezleprêtre, Thierry, dir., L’âge du Fer en Europe. Mélanges offerts à Olivier Buchsenschutz, Pessac, Ausonius éditions, collection B@sic 1, 2024, 109-120, [en ligne] https://una-editions.fr/visualiser-et-mesurer-les-echanges-a-lage-du-fer [consulté le 08/05/2024].
doi.org/10.46608/basic1.9782356134929.12
Illustration de couverture • D'après la couverture originale de l'ouvrage édité dans la collection Mémoires aux éditions Ausonius (murus gallicus, Bibracte ; mise en lumière SVG).
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